mardi 27 mars 2012

Toulouse: trop de questions pour en faire un axe de campagne

Extrait du Laboratoire Civil de Sécurité
Pour la dernière fois je l'espère sur ce blog je reviens sur les assassinats de Toulouse et de Montauban. Alors que les chiffres du chômage sont en hausse pour le 10ème mois consécutif, le candidat Sarkozy minimise l'importance de cette annonce (pour sa gouverne, une baisse tendancielle de l'augmentation reste une augmentation) et se concentre sur le problème non pas moins important mais sûrement moins urgent qui est la sécurité. Surtout qu'encore une fois, Nicolas Sarkozy ne se concentre pas sur le coeur du problème.
Un acte terroriste réalisé par un musulman, la solution proposée par le candidat UMP arrive naturellement et immédiatement. Il souhaite punir pénalement la consultation de sites Internet faisant l'apologie du terrorisme ou le fait de se rendre à l'étranger pour y suivre des cours "d'endoctrinement à des idéologues conduisant au terrorisme". Cela signifie-t-il qu'il va mettre en place un flicage généralisé des sites visités par tous les Français ? Va-t-il surveiller les faits et gestes des Français à l'étranger ? Pourquoi ne pas faire interdire ces sites terroristes comme l'on fait fermer les sites néo-nazis ou piratant des films (je m'excuse du rapprochement des deux sujets).

Par quels moyens va-t-il faire réaliser ces nouvelles missions ? N'est-ce pas ce président qui a supprimé 12 469 postes de policiers et gendarmes en 5 ans ? N'est-ce pas ce président qui, après avoir fusionné la DST et les RG pour former la DCRI, a vu sa création se mettre en grève le 16 mars dernier pour protester contre "la gestion des ressources humaines" ? Les officiers en grève réclamaient une meilleure "valorisation du travail" et de "réelles perspectives de carrière". Pire, n'est ce pas à Toulouse que Nicolas Sarkozy a fustigé les policiers pour leurs méthodes de prévention ? Pour leur proximité avec les jeunes du quartier ? Le journaliste Paul Moreira a réalisé un documentaire sur la cité du Mirail à Toulouse justement et dit n'y avoir vu que la BAC pour représentants de l'état. Le quartier a même fini par créer sa propre entreprise de sécurité privée pour faire respecter l'ordre dans la cité.

Pourquoi sortir une nouvelle loi sécuritaire ? Les 42 précédentes votées entre 2002 et 2011 ne sont pas assez utiles ? assez efficaces ? peut être pas assez réfléchies ? Cibler l'étranger comme source de terrorisme est-ce vraiment utile ? Nos lois actuelles ne sont réellement pas à la hauteur ? Depuis 1995 et les attentats attribués au GIA (Groupe Islamique Armé) algérien, aucun attentat n'a été commis par un étranger sur le sol français. En revanche en 2009, 50 attentats ont été commis en France, 41 attribués à des Corses, 6 à des Basques et 3 à des Occitans. En 2010, 53 attentats ont été réalisés en France, 48 ont été attribués aux Corses, 4 aux Basques et 1 aux Occitans. Ces terroristes vont-ils être plus inquiétés par ces nouvelles mesures ?

Pourquoi se féliciter que tout se soit bien passé et refuser l'ouverture d'une enquête parlementaire pour s'assurer qu'aucune faille n'a eu lieue dans le processus de l'enquête (comme l'a évoqué Alain Juppé) ? Cette enquête parlementaire pourrait aussi s'assurer que le comportement du RAID durant les 30 heures de siège a bien été le plus approprié ?

La semaine dernière a vu la fin d'un épisode tragique et difficile. Suite à cette épisode, il est nécessaire de se poser des questions et surtout de prendre le temps de réfléchir et de comprendre tout ce qui s'est passé. Ce n'est qu'ensuite que l'on pourra réellement agir. Je ne crois pas que la sécurité des Français soit plus ou moins assurée aujourd'hui plutôt qu'hier. En revanche, il est fort probable que cette sécurité ira en diminuant si l'on suit cette pente de l'appauvrissement du système scolaire, de la diminution de la présence des services de l'état sur tout le territoire français, de l'affaiblissement de la croyance en la Justice ou de la détérioration des relations entre toutes les personnes vivant sur le territoire français.

mardi 20 mars 2012

Quand Sarkozy abuse de la Peur

On connaissait Sarkozy qui joue sur la peur de l'autre, de celui qui ne vit pas vraiment comme nous, de celui né dans un pays différent de la France, de celui qui ne suit pas la même religion ou qui n'a pas le même mode de vie. Le problème quand on travaille la Peur au quotidien, c'est que parfois on n'oublie a qui l'on s'adresse...
Aujourd'hui, le Président était dans un collège du 4ème arrondissement pour célébrer la minute de silence. Voici une partie de son discours devant des enfants âgés de 11 à 15 ans :


Retranscription partielle de la vidéo:
"Ça s'est passé à Toulouse (...) mais ça aurait pu se passer ici. Il y aurait pu avoir le même assassin. Ces enfants sont exactement comme vous. La victime n'y ait pour rien. (...) Ces enfants avaient 3 ans, 6 ans et 8 ans. Et l'assassin s'est acharné sur une petite fille. Il faut réfléchir à ça. Et c'est un sujet grave, et tellement grave que c'est toute la République qui doit être concernée, vos professeurs, vos familles et vous mêmes, et vous mêmes."

Je ne suis pas parent d'élèves, je ne suis pas psychologue. Pourtant, j'ai l'impression que les parents vont avoir du boulot pour expliquer à leurs enfants que non ils ne sont pour rien dans l'assassinat de 3 enfants toulousains.

Oui, ce qu'il vient de se passer est tragique. Pourquoi pas faire une minute de silence et/ou avoir une discussion avec les élèves pour leur expliquer ce qu'il se passe, répondre à leurs questions, leurs angoisses. Non en revanche pour en créer de nouvelles. Pour leur faire porter ce poids sur leurs épaules. 
Rappelons que Nicolas Sarkozy n'est pas à sa première tentative pour traumatiser les enfants français. Début 2008, il souhaiter faire parrainer à chaque enfant de CM2 un enfant juif déporté durant la seconde guerre mondiale. A l'époque, Simone Veil s'était insurgée.

Dans cette élection présidentielle, il y aura la problématique économique à prendre en compte, mais ce ne doit pas être la seule question. La Crise n'est ni le mal, ni l'excuse à tout. Durant 5 ans, ce pays a manqué d'humanité, de vivre ensemble, de justice, d'égalité. Tous ces points doivent être également pris en compte au moment du choix du candidat. Je ne vois aucun de ces points dans le comportement du président Sarkozy.




lundi 19 mars 2012

Campagne endeuillée

Une de Libé du 20 mars 2012
Ce lundi matin fut un choc pour tous. Après l'assassinat de 3 militaires ces derniers jours, ce matin 3 enfants et un adulte ont été tués dans un collège de Toulouse. Réaction unanime des candidats à la présidence de la République, chacun a arrêté ou fortement modifié son agenda de campagne.
Donc aujourd'hui pas de billet militant mais une compilation des déclarations des 10 candidats officiels dans l'ordre défini par le Conseil Constitutionnel:

Eva Joly (EELV) : 
Je suis particulièrement choquée par l’attentat terrible commis ce matin à Toulouse. Je pense en premier lieu aux victimes et à la brutalité de la peine qui touche leurs familles et leurs proches.
Aujourd’hui, ce sont tous les citoyens qui sont touchés. Dans la douleur, nous devons nous rassembler et être unis pour apporter aux familles notre soutien.Il faut permettre à la police et à la justice de bien faire leur travail. Je condamne d’avance toute récupération de cet acte ignoble.

Marine Le Pen (FN) : 
Marine LE PEN condamne la fusillade criminelle qui a frappé une école privée juive à Toulouse ce matin.
A ce stade des informations dont dispose le grand public, il semble que le mode opératoire soit le même que celui utilisé à Montauban à l’encontre de nos militaires.
Nous présentons nos sincères condoléances aux familles et demandons aux pouvoirs publics de tout mettre en œuvre pour empêcher un nouveau drame.

Face à la tragédie nationale que nous vivons, je suspends ma participation à la campagne présidentielle au moins jusqu'à mercredi.

Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) : 
Ce matin la fête est finie, déjà. L’idée de nos pauvres petits assassinés et de ce criminel qui court nous déchire le ventre. En une seconde, sitôt qu’on sait, on s’identifie. Nous sommes tous les parents foudroyés, ce sont nos petits qui nous ont été arrachés ! De toute part on m’assaille pour que je fasse je ne sais quoi. J’écris. C’est le mieux. Un communiqué. Rien ne serait plus obscène, selon ma manière d’être, que d’imposer le fracas et les bousculades de la campagne présidentielle aux familles et aux enfants qui vivent cette horreur... (lire la suite)

Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste) :
Le NPA est horrifié par la tuerie qui a fait ce matin 4 morts, un professeur de religion et ses trois enfants, devant l’école juive de Toulouse, Ozar Hatorah. Comble de l’horreeur, le tueur s’est acharné, poursuivant ses victimes jusqu’à l’intérieur de l’école.
C’est un acte ignoble et barbare qui suscite indignation et révolte.
Sans préjuger de ce que dira l’enquête, ce geste est d’autant plus monstrueux qu’il a un caractère raciste, antisémite. Il vient rappeler de façon dramatique à quel point il est criminel de flatter de quelque façon que ce soit les préjugés racistes quels qu’ils soient.
Il est essentiel d’exprimer notre solidarité pleine et entière aux familles et aux proches des victimes.
C’est le message que veut faire entendre le NPA.

Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) :
«C’est complètement barbare, je n’ai pas d’autre réaction», a déclaré à 20 Minutes la candidate de Lutte ouvrière à la présidentielle. Contrairement à Nicolas Sarkozy et François Hollande, Nathalie Arthaud ne se rendra pas sur place, car «instrumentaliser, ce n’est pas mon genre.» Selon elle, le déplacement de ses deux adversaires à l'élection, «c’est du cirque électoral, ce n’est pas eux qui vont arrêter le meurtrier.» (lu sur 20minutes.fr car rien n'a été publié sur son site de campagne)

Jacques Cheminade (Solidarité & Progrès), 
D’autres candidats ont décidé de suspendre leur campagne en raison des crimes commis à Toulouse. Je pense au contraire que le meilleur hommage que l’on puisse rendre aux victimes est de continuer à se battre à chaque instant pour que les questions fondamentales concernant notre pays puissent être posées et résolues. En particulier qu’il soit mis fin aux conditions qui ont pu conduire à ces dérives criminelles. Il ne faut en aucun cas que ces événements fassent l’objet d’exploitation politique comme cela a déjà été le cas, dans d’autres circonstances.
Je fais confiance à nos autorités judiciaires et de sécurité publique pour que cette affaire puisse être résolue sans interférence d’aucune sorte.

François Bayrou (MoDem) :
"C'est une horreur préméditée qui est survenue ce matin, dont on voit les intentions perverses et haïssables", a estimé le député des Pyrénées-Atlantiques. "Le fait que ce sont des enfants qui en sont les victimes ne fait que renforcer le caractère insupportable de cette tuerie antisémite. On a absolument besoin, face à cet acte, des gestes les plus forts d'unité nationale.
Tous les Français sont atteints et blessés par cette folie meurtrière qui prend des visages différents. On a l'impression qu'elle ne s'arrêtera jamais. Il nous faut aussi réfléchir, je ne dis pas aux causes, car probablement la folie n'a pas de causes directes, mais il y a toujours des causes indirectes."

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) :
J'ai appris ce matin comme tous les Français la terrible fusillade de Toulouse qui a coûté la vie à 4 personnes, dont 3 jeunes enfants d'un collège-lycée juif de Toulouse.
La France est aujourd'hui endeuillée par cette terrible nouvelle et je veux exprimer mes plus sincères condoléances aux familles ainsi qu'aux proches touchés par ce drame : rien n’est plus douloureux que la perte de son enfant dans des circonstances aussi atroces.
Après les meurtres de militaires à Toulouse et Montauban, je souhaite que les pouvoirs publics mettent en œuvre tous les moyens nécessaires afin de retrouver l'auteur de ce qui semble être une série de meurtres odieux. J'ai toute confiance dans les forces de l'ordre pour mettre la main au plus vite sur l'assassin et connaître ses motifs.
Je serai jeudi à Toulouse et je rendrai hommage aux victimes de ce crime ignoble.

Ici s’est produit un terrible drame, horrible – quatre morts, trois enfants, un blessé grave. C’est une ignominie, et je devais être là pour exprimer à ces familles meurtries, mais aussi à cette école juive – car c’est une école juive qui a été visée, l’antisémitisme s’ajoutant à l’abjection –, je devais être là aussi pour exprimer ma solidarité à l’égard de la ville de Toulouse. Et dire que ce n’est pas une école, des Juifs, une ville qui ont été touchés. C’est la France tout entière.
Et c’est donc la République, dans ce qu’elle a de plus grand, de plus fort, son unité, qui doit répondre face à cette barbarie. L’assassin devra être retrouvé. Le plus tôt sera le mieux, car c’est un danger majeur. Et puis, il y a la demande de protection et de sécurité qu’expriment des familles, qu’expriment aussi des communautés religieuses qui sont touchées parce qu’elles sont, justement, objet de haine. 
La République, c’est la laïcité – et donc c’est la liberté de la religion. Et c’est la protection de tous ceux qui croient, comme d’ailleurs de ceux qui ne croient pas.
Je suis ici, dans cette école, auprès des familles, auprès des enseignants, pour dire aussi que nous n’oublierons rien : rien de ces enfants tombés dans des conditions atroces, rien de ce directeur d’école qui a vu sa fille assassinée lâchement. Nous n’oublierons rien, pour que la République à chaque fois soit plus grande et plus forte. Parce que la démocratie et la République seront toujours capables défaire la barbarie.
Voilà les mots que je voulais dire ici même, à l’endroit exact où s’est produit le drame. Il y a des moments où nous devons être tous rassemblés, tous unis autour d’une cause qui nous dépasse chacun d’entre nous, chacune d’entre nous, parce que c’est la cause de l’unité nationale, parce que c’est la cause de la République. 
Voilà le message que j’ai adressé aux familles, aux parents et aussi aux enseignants.
Voilà le message qui doit être porté partout en France : celui de l’unité et celui de la force de la République face à l’ignominie.


samedi 17 mars 2012

Le 4ème en action pour François Hollande

Aujourd'hui partout en France les sections socialistes se mobilisaient sur le terrain pour présenter le programme de François Hollande au près d'un maximum de Françaises et Français. Pour l'occasion, le 4ème arrondissement n'est pas resté les bras croisés. De 8h à 17h des militants étaient sur le pont pour aller à la rencontre des parisiens. Au programme, opération portes ouvertes au local de section, tractage sur le terre-plain St Paul avec la présence d'élus (dont Dominique Bertinotti, maire du 4ème, Patrick Bloche, député-maire du 11ème et candidat à sa succession dans la 7ème circonscription et Rémi Feraud, maire du 10ème et secrétaire PS fédéral) et porte-à-porte sur près de 150 appartements. Toutes ces actions ont permis à de nombreux habitants du quartier mais aussi à beaucoup de citoyens de passage de se renseigner sur le projet socialiste et de nous faire part de leurs espoirs mais aussi de leurs inquiétudes.

Pour l'occasion, une équipe de France 3 Ile-de-France nous a suivi une bonne partie de la journée, voici le sujet diffusé au 19/20 Paris Ile-de-France du 17 mars 2012 :

mercredi 14 mars 2012

Pourquoi Depardieu soutient-il Sarkozy ?

Illustration vue sur lepacide.com
Dimanche, Gérard Depardieu était à la tribune du grand meeting sarkosyste à Villepinte. Les Inrocks se posaient la question "Comment pouvait-on en une vie d’acteur passer des Valseuses à Villepinte ?"
Ce soir, un tweet de Jean-Michel Aphatie annonçait un scoop du Canard Enchainé, à lire en page 2 de l'édition de cette semaine, en voici le contenu :

Gérard Depardieu avait de bonnes raisons d'annoncer, à la tribune de Villepinte dimanche, son soutien au candidat Sarkozy. Il les avait détaillées, récemment, lors d'un déjeuner dans son restaurant parisien.
"A chaque fois que j'ai demandé quelque chose à Sarko, il a répondu présent, a expliqué l'acteur. Quand j'ai eu récemment des problèmes avec l'une de mes affaires à l'étranger, il s'est mis en quatre et m'a réglé le problème tout de suite. Son conseiller diplomatique m'a même appelé, il a été très gentil avec moi."
Et Depardieu d'ajouter:
"Lorsque je l'appelle, il me rappelle dans le quart d'heure. Lui, c'est le président de la République ; moi, je ne suis qu'un acteur, et il me rappelle tout de suite. C'est extraordinaire."
Conclusion de Depardieu :
"J'aurais perdu beaucoup d'argent s'il ne m'avait pas aidé pour ce problème. Tout ce qu'il me demandera, je le ferai."
A quoi ça tient, un soutien...

Les soutiens ne valent pas un programme mais sont des symboles de ce que représente un candidat. J'en avais déjà parlé en évoquant les étonnants soutiens de François Hollande, cet exemple n'est pour moi qu'une confirmation que Sarkozy est le candidat des idoles du peuple et non le candidat du peuple.

mardi 13 mars 2012

Quel avenir pour l'enseignement supérieur et la recherche ?

Pendant que certains à droite ou plus à droite rivalisent de propositions pour retrouver une France forte dans ses propres frontières, d'autres cherchent des solutions pour élever le niveau de cette même France sur son territoire et dans son image à l'étranger. Un des axes est de réfléchir au rôle et surtout au fonctionnement de l'Université, de l'enseignement supérieur dans sa globalité et de la recherche.
Une des réformes majeures du quinquennat finissant aura été la loi LRU (Libertés et Responsabilités des Universités). Si l'accès à l'autonomie des universités françaises ne peut être que profitable, les moyens déployés et le premier bilan sont loin d'être acceptables.
En novembre 2011, 8 universités étaient placées sous tutelle pour être en déficit deux années consécutives. Pour d'autres universités, ce sont des plans d'austérité qui sont annoncés avec, comme pour les pays européens, gel de la masse salariale, diminution du nombre d'heures de cours dispensées, dans le but de satisfaire les exigences gouvernementales. Autonomes mais pas trop… La source du problème est claire, sur les 9 milliards d'euros promis sur 5 ans, seuls 4 milliards ont été distribués par l'état. En 2007, Nicolas Sarkozy promettait que 3% du PIB serait alloué aux dépenses de recherche. En 2010, seul 2,21% l'était…
Le Grand Emprunt devait débloquer 22 milliards d'euros pour l'enseignement supérieur et la recherche, à peine la moitié aura été versée. Dans ce domaine aussi le transfert de responsabilité n'aura pas été accompagné du transfert financier nécessaire, obligatoire et surtout prévu.
Autre résultante de la loi LRU, la création d'une compétition entre les universités françaises avec une partie du financement par appel à projet. Il est demandé aux chercheurs de sortir de leurs labos et de leurs amphis pour se vendre aux mécènes tout en essayant d'érafler l'image de son collègue d'université voisine.
Le blocage de la masse salariale dans les universités poussent aussi les universités à recruter plus de vacataires et autres CDD plutôt que d'ouvrir de véritables postes pérennes.


Autre point noir au tableau, la réussite des étudiants. En 2007 était lancé le Plan pour la Réussite en Licence. 730 millions d'euros sur 5 ans pour que les universités aient les moyens d'accompagner les jeunes étudiants et ainsi diminuer de moitié le taux d'échec en première année et rendre possible l'accession à un diplôme reconnu après 3 ans d'études.
En février 2012, la Cour des Comptes constate que « le supplément de dotation -allouée aux universités- a sans doute permis de consolider les efforts engagés par les universités (…) Mais celles ci n’ont pas assuré un suivi suffisant, la direction générale pour l’enseignement supérieur s’étant montrée trop peu regardante sur son usage ». 
De plus comment réussir dans ses études si les étudiants ont du mal à avoir un niveau de vie décent avec un accès au logement et aux soins ? Le Passeport Logement Etudiant que le gouvernement a essayé de mettre en place en 2011 ne concerne que des aides à l'accès au logement en essayant de résoudre 2 problèmes, la caution solidaire pour les parents ne pouvant se porter caution et un prêt étudiant pour le dépôt de garantie. Mais ce plan oublie la plus grosse difficultés qui est l'offre de logements !  A quoi peut servir une caution solidaire si l'étudiant ne trouve pas de loyers accessibles ?
L'état actuel sur l'accès aux soins chez les étudiants devient alarmant. D'après la LMDE (La Mutuelle Des Etudiants), 19% des étudiants (1 sur 5) n'est pas adhérent à une complémentaire santé pour raison financière. Si en 2008, 59% des étudiants bénéficiaient d'une visite médicale gratuite, seuls 32% ont eu le droit à une visite médicale gratuite durant l'année universitaire 2010-2011 ! 

Face à ce terrible constat, quelles sont les propositions de François Hollande ?

Affectation de 5 000 des 60 000 postes prévus pour l'éducation nationale à un plan de recrutement et de résorption de la précarité, et ces postes devront être affectés prioritairement au premier cycle.

Ouverture de pré-recrutements, en particulier pour ceux qui se destineront aux carrières de l'enseignement à travers les Ecoles supérieures du Professorat et de l'éducation qui seront créés dans le cadre des Universités.

➢ Lancement d'un programme de 40 000 nouveaux logements étudiants sur cinq ans, financés dans le cadre de la politique du logement.

Améliorer le service d’orientation, pour que les jeunes, quelque soit le niveau, puissent être orientés là ou l’économie en a le plus besoin, et là où ces jeunes pourront trouver un emploi.

➢ Création d'un service public de l'orientation, unifié du secondaire jusqu'au supérieur.

➢ La première année universitaire sera revue car c'est à son niveau que se joue la majorité des décrochages universitaires.

➢ Réaffirmer la place de l'unité mixte de recherche comme élément structurant de la recherche universitaire, en rééquilibrant les soutiens de base, les crédits récurrents, et les crédits sur projets.

Retour sur l'évaluation, et donc sur le fonctionnement de l'Agence d'Evaluation de la Recherche et de l'Enseignement supérieur

Valoriser nettement, dans les carrières des enseignants-chercheurs, les tâches et l'implication pédagogiques.

➢ Concertation pour l'extension du chèque santé que certains départements ont déjà mis en place (par exemple la Région Ile de France donne un chèque santé de 100€ aux étudiants boursiers)

➢ Création d'une allocation d'études supérieures et de formation sous condition de ressources, dont la montée en puissance devra conduire, par la remise à plat des aides existantes, à construire un parcours d'autonomie permettant aux étudiants issus de milieux modestes de se consacrer à leurs études dans le cadre d'un contrat de réussite qui les engagera

➢ Sur l'autonomie des universités, le principe de compensation devra être respecté : à transfert de charges, transfert de moyens. Il s'agit de donner les moyens à l'Université autonome d'élaborer sa politique scientifique et sa stratégie par la mise en cohérence des différents partenaires : écoles, organismes de recherche, acteurs socio-économiques, sur la base de contrats d'objectifs et de moyens négociés.

➢ Le doctorat doit rester un diplôme national et unique ; la place des écoles doctorales doit être réaffirmée et confortée ; mais surtout nous devons nous fixer comme objectif que tout doctorant doit avoir une thèse financée avec un contrat de travail, donc une protection sociale, et que cela doit compter pour ses annuités de retraite.

jeudi 8 mars 2012

L'égalité c'est maintenant !

81,5% des emplois partiels sont occupés par des femmes, ce qui signifie que 1 femme sur 3 qui a un emploi est à temps partiel.

Les femmes gagnent 10% de moins que les hommes, à poste et expérience équivalents

Les femmes touchent une retraite inférieure d’environ 40% à celle des hommes. La moitié des retraitées reçoivent une pension inférieure à 900€.

Les femmes représentent 18,5% des députés et 22% des ministres du gouvernement.
4 départements sur 101 et 2 régions sur 22 sont dirigées par des femmes.

Plus de 100 centres IVG ont fermé depuis 2000.
5 000 femmes partent chaque année à l’étranger pour avorter du fait du dépassement du délai légal français.

75 000 femmes par an sont victimes d'un viol.
57% des lesbiennes déclarent être victimes de lesbophobie.

L'an dernier, 18% des experts invités dans les médias étaient des femmes.
26% des diplômes d'ingénieurs sont délivrés à des femmes.

Nous sommes en 2012 et ceci se passe en France.
Merci à Osez le féminisme et leur site égalité2012.fr pour tous ces chiffres.

Pour tous ces chiffres et pour toutes les autres détails de la vie quotidienne, il est nécessaire de célébrer tous les ans au 8 mars la Journée internationale des droits des femmes, au moins pour pouvoir faire un point sur la situation nationale.

Nous sommes en période électorale, on peut donc espérer une meilleure politique pour les droits des femmes. On espère d'autant plus quand on regarde les propositions de François Hollande.

Sur l'égalité salariale : Les grandes entreprises auront un délai d'un an pour se mettre en conformité avec la loi sur l'égalité salariale sous peine de se voir supprimer les exonération de cotisations salariales.
Sur la parité en politique : Suppression des dotations de l'Etat aux partis politiques qui ne respectent pas la loi sur la parité et création d'un ministère des droits des femmes.
Sur les violences : Développer les cours de sensibilisation à l'école pour changer les mentalités dès le plus jeune âge pour réduire les violences faites aux femmes.
Augmenter le nombre de centres d'hébergement d'urgence pour les femmes victimes de violence.
Sur l'avortement : Garantir un centre IVG par établissement hospitalier.

J'ajouterai qu'il faut revoir les subventions au Planning Familial pour leur permettre d'être présent sur tout le territoire pour être le plus proche et le plus disponible pour celles qui en ont besoin.
Il faut aussi plus aider l'accès à la contraception en garantissant le remboursement des différents moyens de contraception.

Et bien sur, il faut continuer à soutenir les organisations féministes (même si je ne suis pas d'accord sur tous leurs combats). C'est en combattant les détails de la vie quotidienne comme la case mademoiselle dans les formulaires administratifs, comme la représentativité des femmes dans les émissions de télévision ou leurs rôles au cinéma, que l'on peut faire avancer notre société.

Pour finir, n'hésitez pas à suivre les différents liens présents dans ce blog. Vous pourrez lire les blogueuses que je lis quotidiennement. Dans ce domaine également, la parité est loin d'être la règle.

Pour continuer le combat pour l'égalité, je vous invite à venir manifester ce jeudi 8 mars dans le cortège parisien qui reliera Nation à Bastille.
Puisque l'IVG est un droit constamment remis en cause par l'extrême droite et les catholiques intégristes, je vous donne également rendez-vous samedi 10 mars devant l'hôpital Tenon pour une nouvelle contre-manifestation contre les intégristes de SOS-tout-petit qui prie dans la rue pour la refermeture du centre IVG.

mardi 6 mars 2012

Hypothèses de campagne

Indégivrables de Xavier Gorce du 05/02/12
A mon réveil lundi matin, j'ai entendu sur France Culture un fragment d'analyse qui m'a fait cogiter une bonne partie de mon trajet matinal. Une personne exprimait une hypothèse surprenante (surtout au réveil) sur le 21 avril à l'envers. Si depuis plusieurs mois on parle de l'hypothèse d'un 21 avril à l'envers pour représenter un duel PS - FN au second tour de l'élection présidentiel, l'intervenant voyait un 22 avril sans candidat FN présent au premier tour. Si Marine Le Pen n'avait pas ses 500 signatures dans 10 jours, que se passerait-il ?

J'imagine qu'à Gauche, on assisterait à un affaiblissement du vote utile. S'il ne faut plus faire barrage à l'extrême droite pour ne pas reproduire ce cauchemar d'avril 2002, les candidats d'Europe Ecologie - Les Verts et du Front de Gauche verrait sûrement leur score augmenter. Mais nous assisterions probablement au même phénomène à droite. Sans la menace FN, certains électeurs annoncés de Nicolas Sarkozy pourrait très bien se permettre de voter pour un candidat de droite moins clivant, plus nuancé, et donc donner leur voix à François Bayrou.
Nous aurions donc un premier tour sûrement beaucoup plus serré que ne semble l'annoncer les sondages actuellement. Rien n'empêcherait par exemple de voir Bayrou dépasser Sarkozy dans la dernière ligne droite ou Eva Joly rattraper son retard sur Jean-Luc Mélenchon.
 
Que l'on considère ou non qu'il ne serait pas démocratique de ne pas avoir d'extrême-droite au premier tour, les résultats du premier tour aurait en revanche une tout autre valeur. Nous aurions un véritable rapport de force entre partis de gouvernement (je m'excuse auprès des soutiens des 2 partis d'extrême gauche mais je ne les vois pas jouer les troubles fêtes de façon significatives). Les scores ne seraient pas faussés par ce soupçon de vote utile et le président élu pourrait composer un gouvernement sans sous estimer le poids de ses partenaires.

En vérité, je ne crois pas à l'absence de Marine Le Pen dans cette élection présidentielle. En revanche, je crois effectivement que le premier tour n'est pas joué d'avance. La campagne officielle n'est pas encore lancée et tous les candidats n'ont pas la même exposition médiatique (ni dans l'importance des émissions où ils sont invités ou ni dans leur temps de parole). Les médias se concentrent plus actuellement sur les petites phrases vouées à polluer le débat plutôt qu'à la comparaison des programmes. Sur ce point, ils ne sont pas les seuls fautifs puisque certains, comme le président sortant, n'ont toujours pas présenté leur projet en intégralité.
De plus si cette campagne garde le même rythme et le même niveau, je suis prêt à parier sur une baisse de l'UMP au profit du Modem, pour les mêmes raisons que celles exposées dans l'hypothèse de l'absence de Marine Le Pen. Dans ce cas, la progression de Bayrou serait encore plus remarquable et pourrait être la surprise de ce premier tour…

Quelque soit le cas de figure, il reste encore beaucoup d'incertitude et rien n'est encore acquis. Il ne va pas falloir s'endormir sur ses lauriers. Si François Hollande est toujours en tête dans les sondages, s'il est soutenu par de plus en plus de nombre (l'interview d'Emmanuel Todd dans le Nouvel Obs en est un bel exemple), beaucoup de Français sont indécis ou non convaincu par ce qu'ils ont entendu jusqu'à présent. Il reste donc encore 7 semaines pour convaincre les indécis de venir voter et motiver le plus de monde à venir voter pour Hollande dès le 22 avril. Et pour ça, une seule solution, diffuser le projet de François Hollande (accessoirement disponible gratuitement en livre numérique pour les amateurs).

dimanche 4 mars 2012

75%, tout un symbole

Plus de justice fiscale sur toushollande.fr
Ça va faire une semaine que François Hollande a présenté sa 61ème proposition de son projet présidentiel, la création d'un taux d'imposition à 75% pour les revenus supérieurs à 1 millions d'euros. Ça va donc faire une semaine que tout le monde ne parle que de cette proposition, preuve en est au moins que le candidat socialiste est écouté et que ses propositions font réagir.

Tout d'abord pourquoi cette proposition sort-elle cette semaine ? Le 14 février, Proxinvest a publié ses derniers rapports sur les rémunérations des grands patrons français. Il en ressort que pour l'année 2010, la moyenne des augmentations des rémunérations des 40 dirigeants des entreprises cotées au CAC40 a été de 34%. Pas de jaloux chez les patrons des 80 autres entreprises du SBF 120 (les 120 plus grandes sociétés françaises cotées en bourse) puisque pour eux l'augmentation a été de 31%. On apprend également qu'en moyenne la rémunération des patrons du CAC40 est de 4,11 millions d'euros (230 années de SMIC) et que 3 d'entre eux dépassent les 9 millions de revenus annuels. C'est donc principalement suite à ces informations que François Hollande et son équipe de campagne ont décidé de créer une nouvelle tranche d'impôt sur le revenu.

Bien sur, ce ne sera pas 75% des revenus qui seront pris aux contribuables millionnaires mais uniquement la part des revenus supérieurs à 1 millions qui seront taxés à ce taux.
Actuellement le barème est celui-ci:
    Jusqu'à 5 963 euros : 0%
    de 5 964 euros à 11 896 euros : 5,50%
    de 11 897 euros à 26 420 euros : 14,00%
    de 26 421 euros à 70 830 euros : 30,00%
    au-delà de 70 830 euros : 41,00%

Dans ses 60 propositions pour la France, François Hollande propose déjà la création d'une nouvelle tranche taxant les revenus supérieurs à 150 000 euros à 45%. Ainsi, d'après mes calculs, une personne ayant 2 millions de revenus annuel devrait donc payer 1 180 641 euros, soit un taux d'imposition global de 59% (une personne gagnant 1,5 millions d'euros seraient imposée globalement à 53%). Il lui resterait donc après impôt la bagatelle de 820 000€.

Combien de personnes vont-elles être concernées par ce nouveau taux d'imposition ? Le député UMP Gilles Carrez estime que 30 000 contribuables seraient concernés (il avait envisagé un scénario avec une hausse des impôts pour ce même groupe de personnes). Si on se réfère au site revolution-fiscale.fr, seulement 6 060 Français ont un revenu mensuel supérieur à 83 333€ (soit 1 million net par an).

Vu le nombre de personnes concernées, cette mesure des 75% est surtout symbolique. Au même titre que la 47ème proposition de François Hollande sur la diminution de 30% de la rémunération du président de la République et des ministres, c'est surtout une question d'image et d'exemplarité.
Si la solidarité est l'affaire de tous, il me semble flagrant que l'effort demandé n'est pas le même à tous. Il est par exemple étonnant d'entendre parler de gel de salaires dans la fonction publique, de chômage partiel, d'accords compétitivité-emploi quand dans le même temps on entend que les 120 plus gros patrons d'entreprises françaises ont vu leur rémunération augmenter de 34% en 2010.

Je ne m'étendrais pas sur l'exemple de quelques uns de ces footballeurs menaçant d'une fuite vers l'étranger de nos meilleurs footballeurs. Ces footballeurs n'ont pas attendu François Hollande pour quitter le championnat de France. En 2010, ils étaient plus de 450 à jouer dans un pays étrangers, et ce ne doit pas être que pour le challenge sportif quand on voit qu'ils sont environ 40 au Luxembourg et autant en Suisse (autant qu'en Italie et en Espagne). Je préfère relire les déclarations de Rémy Garde (entraineur de l'Olympique Lyonnais), de Bafétimbi Gomis (joueur de l'OL) ou de Claude Onesta le génialissime entraîneur de l'Equipe de France de handball.

Je ne m'étendrais pas non plus sur le président sortant et son équipe de campagne qui ont hurlé à la folie pour avoir oser s'attaquer à leurs amis les millionnaires. Pour celui qui veut se montrer comme le candidat du Peuple ou qui aurait changé depuis le dîner du Fouquet's, le discours ne doit pas être facile à tenir… Je préfère voir que de l'autre coté de l'Atlantique, Barack Obama veut lui aussi taxer plus les millionnaires de son pays, suivant ainsi l'appel du richissime Warren Buffet.

Pour reprendre la conclusion de @CyCee, "Vivement que je puisse payer 75% d'impôts, tiens ! (Mais ce n'est pas demain la veille !)".