lundi 30 juillet 2012

Vive les voitures françaises !

Peugeot électrique avec le couple Michu
We need you ! Pour aider au redressement productif de la France, Jegoun demande à ce que des blogueurs assure la promotion de voitures françaises via des flashs publicitaires. Malgré l'été et l'actualité assez calme, il semble que je sois le premier à répondre à l'appel devant Laurent, Louis, Guillaume, Marco, Captain Haka et Styven. Etant un "éminent expert" en voiture, je me lance avec plaisir dans l'exercice.

Pour relancer la vente de voiture, je suppose qu'il faut un spot qui change du tout au tout. Ça fait des dizaines et des dizaines d'années que des publicitaires vantent les bienfaits de leurs voitures préférées sans plus de succès que ça. Il faut donc tout d'abord se poser la question de ce qu'attend le couple Michu (oui, le couple de Français moyen, monsieur et madame Michu).

Monsieur Michu a envie d'une voiture rapide qui peut monter jusque 250 km/h pour frimer devant ses collègues de bureau. Mais monsieur Michu aimerait bien garder ses 3 derniers points sur son permis. Il faut donc insister sur le détecteur de radar qui bippe et qui fait ralentir automatiquement la voiture.

Madame Michu veut frimer avec son coupé sport cabriolet. Mais madame Michu ne veut pas partir avec une caravane accrochée à l'arrière pour transporter les 3 enfants et toutes les affaires. Il faut donc insister sur le design innovant qui réussi à allier l'allure sportive et le côté pratique du véhicule.

Madame Michu veut son indépendance énergétique et donc ne pas dépenser 400€ par mois chez Total. Mais madame Michu n'a pas envie de devoir s'arrêter tous les 80 km pour recharger la batterie de sa voiture électrique. Il faut donc mettre en avant les supers moteurs hybrides qui se rechargent en roulant et qui ne consomment que 1 litre aux 100 km.

Monsieur Michu veut frimer avec une voiture que personne n'a sur le parking du Carrefour Planet. Mais monsieur Michu ne veut pas dépenser plus de 10 000 € dans une nouvelle voiture. Il faut donc marteler le prix très abordable de ce véhicule obtenu grâce à l'utilisation de matériaux innovants et aux coûts de production incroyablement bas.

Je pense que quelque soit le spot de pub, si le véhicule prend en compte toutes ces considérations, il se vendra. L'Etat n'aura plus qu'à inciter les Français à changer de voitures pour cette nouvelle pépite. Le problème est que ce modèle n'existe pas pour le moment. Monsieur Varin et vos collègues chefs d'entreprise, au lieu de faire du chantage à l'emploi contre le coût de production, peut peut-être devriez-vous assumer votre rôle de Grand Patron payé une fortune pour récompenser votre prise de risque, votre responsabilité et votre vision stratégique. Faites de votre constructeur une marque de voiture innovante, écologique, économique et vous verrez tous les couples Michu de France et d'Europe venir vers vous... sauf s'ils ont trouvé la même chose chez des concurrents étrangers bien plus tôt comme cela semble être le cas aujourd'hui. Combien de véhicules Peugeot proposent une conduite écologique dans une voiture innovante par rapport aux nombre de Lexus et de Toyota ?

"Carnets de Homs" de Jonathan Littell

Jonathan Littell, connu pour son prix Goncourt pour Les Bienveillantes en 2006, est parti 10 jours à Homs au début de l'année 2012 pour Le Monde. De son séjour, en plus des articles publiés dans le quotidien, en est sorti un carnet de voyage un peu spécial puisque carnet d'un reporter de guerre .

Au cours des 233 pages, Littell nous explique comment il a quitté Tripoli au Liban dans la clandestinité pour rejoindre la ville d'Al Qusayr avant de rejoindre Homs après 3 jours de voyage. Il a décidé d'entrer clandestinement pour ne pas suivre le conflit avec l'accompagnement du ministère de l'information syrienne. Il vivra deux semaines en plein coeur de Homs, dans les différents quartiers de la ville rebelle comme Baba Amr, Khaldiye, Bayada ou Safsafi.
Le début des carnets est assez calme, même si son trajet Tripoli - Homs est nettement moins simple que celui que j'ai effectué il y a 3 ans. Mais dès qu'il est au contact des Homsis, le récit devient poignant. Chaque jour, Littell se rendra dans des hôpitaux d'urgence créés de toutes pièces par des médecins rebelles. Il essaiera tant que possible de se rendre aux mosquées ou aux cimetières pour voir de lui même qui sont les morts du siège de Homs et essayer d'avoir une idée de leur nombre. Au cours de son récit, on apprend que les médecins et chirurgiens des hopitaux nationaux ont l'interdiction de soigner des rebelles ou des habitants des quartiers rebelles (comme Baba Amr) sous peine de se voir emprisonner / torturer. D'ailleurs plusieurs récits de torture de la part de rebelles emprisonnés ou de témoins comme des médecins et des militaires qui ont déserté pour rejoindre l'Armée Syrienne Libre (ASL).
Les carnets deviennent durs à lire quand on y lit la vie quotidienne des Homsis sous le feux des snipers du gouvernement qui n'hésitent pas à tirer sur les civils de tout âge. Ils sont tout autant difficile quand on lit l'impuissance des médecins qui ne peuvent presque rien faire devant les blessés qui arrivent.

Ces carnets se déroulent du 16 janvier au 2 février, c'est à dire quelques jours après la mort du journaliste Gilles Jacquier et peu de temps avant la mort des journalistes Marie Colvin et Rémi Ochlik. D'ailleurs la conclusion est à glacer le sang. Les premières lignes sont d'ailleurs :
"C'est seulement après que j'ai écrit tout ça, et que j'ai quitté la Syrie, que le choses à Homs ont vraiment commencé à partir en vrille. Moi, je pensais que ce que j'avais vu était assez violent, et je croyais savoir ce que violent veut dire. Mais je me suis trompé. Car le pire ne faisait que commencer..."

Lire ce livre m'a beaucoup éclairé sur le quotidien d'une ville que j'ai eu la chance de visiter à plusieurs reprises quand elle était encore calme et paisible. Mais il est tout à fait accessible à toute personne qui souhaite en savoir plus sur ce conflit même sans connaissance du pays. Tout y est expliqué, la géographie du pays et un plan de la ville sont présents pour aider le lecteur à s'y retrouver. Alors que l'on entre dans ce qui devrait être une trêve olympique, les combats se sont intensifier à Alep, la 2ème ville du pays. C'est encore une fois grâce au Monde que l'on peut suivre ce conflit de l'intérieur grâce à Florence Aubenas et Laurent Van Der Stock.

Pour conclure, je me joins à Ju et relaie l'appel de Médecin du Monde pour que les civils soient réellement protégés, pour les médecins ne soient plus emprisonnés et torturés pour avoir soigner un tel ou un autre, pour que les hôpitaux ne soient plus ni des cibles, ni des lieux de tortures.

vendredi 27 juillet 2012

Des Jeux Olympiques paritaires ?

Le duo sud-coréen Lee Hyojung et Lee Yongdae, champions de badminton
C’est parti pour la grande quinzaine de l’olympisme. Du 27 juillet au 12 août, le monde entier aura le regard tourné vers Londres et ses 10 500 sportifs. C’est l’occasion de faire le point sur l’égalité femme – homme dans ces Jeux Olympiques.

La grande nouveauté de ces jeux est la parité respectée dans le programme de la quinzaine. Pour chacun des 26 disciplines olympiques, il y aura des compétitions féminines et des compétitions masculines. Jusqu’à cet année, il existait un décalage du à la boxe qui ne proposait que des épreuves masculines. Cet « oubli » est donc réparé. Pour la petite anecdote, les boxeuses ont du se battre pour ne pas être obligée de porter une jupe pour combattre sur le ring. L’explication initiale était pour mieux différencier les boxeuses des boxeurs. Avaient-ils peur de voir des hommes se tromper de ring et perdre contre une femme ?

De plus, sur la longue route vers la parité, une nouvelle compétition mixte fait son entrée au programme des Jeux, le double mixte au tennis. C’est la 8ème épreuve mixte, elle rejoint le badminton (double mixte également) et les 6 épreuves de sports équestres, seul sport intégralement mixte.
En revanche, la parité n’est toujours pas atteinte dans le nombre d’épreuves proposées aux femmes (et donc au nombre de médailles remises). En dehors des 8 épreuves mixtes, les femmes concourront dans 132 épreuves alors que les hommes participeront à 163 épreuves. Les disciplines les plus inégalitaires sont la boxe (10 épreuves contre 3), le canoë-kayak (12 contre 5) et la lutte (14 épreuves masculines contre 4 féminines). A noter pour être complet sur les disparités femmes – hommes, 4 épreuves sont exclusivement féminines : 2 de gymnastique rythmique et 2 de natation synchronisée.
Enfin, dernière grande nouveauté dans la parité femme – homme, tous les pays participants aux Jeux Olympiques de Londres auront dans leur délégation au moins une sportive. Les trois derniers mauvais élèves (Qatar, Bruneï et Arabie Saoudite) ont finalement accepté d’envoyer des femmes. Le Qatar poussant le geste historique jusqu’au bout puisque c’est une femme qui aura l’honneur d’être porte-drapeau. Pour arriver à ce résultat, le Comité d’Organisation aura fait une entorse à son règlement en autorisant les femmes voilées à participer aux épreuves alors que normalement aucun signe politique ou religieux n’est autorisé durant les épreuves. Vu que ça permet à ces femmes d’avoir le droit de sortir de leur pays et de pouvoir exercer leur sport aux J.O., j’espère que les féministes ne se plaindront pas trop de cette dérogation. 

C’est parti pour quinze jours de sports intensifs, bonne chance à toutes les sportives et tous les sportifs et plus spécialement à nos Françaises et Français !

mercredi 25 juillet 2012

La hasard fait-il bien les choses ?

Dans le cadre du #dicoDesBlogueurs, Lolobobo a eu l'idée saugrenue de proposer le mot hasard. L'idée a rebondi chez Jegoun qui interpelle Thierry, Homer, Elmone, MHF, Princesse, CC et moi-même pour savoir comment nous choisissons un sujet (plus ou moins au hasard) quand on a furieusement envie de faire un billet.

Quand je me suis vu tagué, je me suis tout de suite demandé si j'étais un blogueur "normal". Comme je ne cherche pas à écrire tous les jours, ni à publier à heure fixe (car je sais bien que j'en suis incapable), j'en appelle donc très rarement, voire jamais, sur un sujet au hasard. J'ai une furieuse envie de faire un billet quand j'ai vu / lu / entendu quelque chose qui me donne envie de réagir. C'est cette même raison qui m'a motivé à ouvrir ce blog en novembre 2009. Donc le hasard fait souvent bien les choses puisqu'il me dépose devant les yeux ou dans les oreilles mon sujet du soir.
En regardant l'historique de mon blog, je n'ai retrouvé qu'un seul billet écrit avec une furieuse envie d'écrire mais sans sujet en tête au moment d'écrire. Au final, j'ai trouvé une idée sur un site d'info sportive au sujet de la pseudo candidature de Cantona à l'élection présidentielle. La mascarade a été annoncée dès le lendemain matin, ce qui m'a obligé d'ajouter un commentaire en cours de matinée. Au final, ce billet est celui qui a reçu le moins de visite depuis le début de l'année.
J'en tire donc la conclusion suivante, je ne suis pas fait pour écrire sur un sujet au hasard. Je vais donc continuer d'écrire à mon rythme.

En revanche, par curiosité, je vais tagguer Yann, Juan, Politeek et Rosaelle pour savoir leurs secrets pour réussir à écrire des billets si régulièrement et je suppose donc même quand ils n'ont pas d'idées...

lundi 23 juillet 2012

Agenda du changement non respecté pour le logement !

Slogan des Jeunes Socialistes en campagne
François Hollande ne respecte pas son agenda du changement ! Durant la campagne présidentielle, le candidat Hollande a mis en ligne un agenda de sa première année de mandat. Son agenda était décomposé en 3 périodes, une première avant les élections législatives (du 6 mai au 29 juin), une seconde pour la session parlementaire extraordinaire (du 3 juillet au 2 août) et enfin une dernière période pour les 270 jours restants.

Dans la première période, l'opposition a bien pointé du doigt que le gouvernement n'a pas eu le courage de bloquer les prix du carburant alors que ces derniers baissaient. Tous les autres points ont été respectés (sauf peut être la circulaire luttant contre les délits de faciès qui doit être encore en cours d'élaboration en concertation avec les syndicats policiers).

On pouvait donc penser que François Hollande avait réfléchi à son programme et à l'agenda de son application. Et catastrophe, le samedi 21 juillet, le gouvernement fait une sortie de route. Samedi dernier est paru au Journal Officiel le décret n° 2012-894 du 20 juillet 2012 relatif à l'évolution de certains loyers, pris en application de l'article 18 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989. Surprenant, l'opposition n'a presque pas enragé (peut être trop occupée à l'organisation de son congrès), mais pourtant le calendrier n'est pas suivi ! Ce point était le 5ème évoqué dans la rubrique "Répondre aux préoccupations quotidiennes des Français" pour la période d'août 2012 à juin 2013. Le gouvernement ne suit pas le calendrier pour lequel les Français ont élu François Hollande !

En dehors de ce petit raté dans l'agenda, en quoi consiste cet encadrement des loyers? Dans la presse, on a pu lire qu'étaient concernées 38 agglomérations de métropole et d'outre-mer dont les loyers ont été jugés trop élevés. Mais en lisant l'annexe du décret, j'ai eu l'agréable surprise d'y trouver 18 pages de communes qui seront soumises à ce décret pendant l'année à venir. Par exemple, l'agglomération parisienne regroupe une grande partie des communes d'Ile-de-France (de Versailles à Villiers le Bel et de Roissy à Orly).

Certains propriétaires risquent de lancer des appels de détresse, mais les locataires (11,7 millions de foyers en 2007) vont pouvoir (un peu) respirer. Pendant un an, les loyers, que ce soit à la relocation ou lors d'un renouvellement de bail, seront encadrés. Leur augmentation devra suivre soit le cours d'un indice de hausse des prix soit un seuil maximal en cas d'importants travaux. Les propriétaires, qui ne sont pas tous des dangereux spéculateurs, ne vont pas voir leur source de revenu diminuer. Ils la verront stagner ou augmenter au même rythme que la hausse des prix. Ce qui veut dire qu'ils ne perdront pas de pouvoir d'achat. En revanche, les locataires, qui ne sont pas tous d'affreux squatteurs, pourront continuer à vivre dans leur commune sans s'inquiéter d'une hausse insoutenable de leur loyer mensuel.

Tout compte fait, c'est peut être pas plus mal que ce décret soit arrivé un peu plus tôt que prévu. Par exemple, les nouveaux étudiants pourront en profiter quand ils chercheront un logement pour la prochaine rentrée scolaire.

mercredi 18 juillet 2012

Quand les députés de droite boycottent un président démocratiquement élu

Moncef Marzouki devant l'absentéisme de droite
Je suis déçu, pour ne pas dire choqué du comportement scandaleux d'un nombre important de députés de droite. Hier l'opposition parlementaire s'est illustrée par son machisme primaire en huant une ministre de la République pour sa tenue. Aujourd'hui, ils se sont fait remarquer par leur absence. Il n'y aurait rien d'exceptionnel à cela si à l'agenda de la séance de ce mercredi n'était pas inscrit un ordre du jour exceptionnel, le discours du président tunisien Moncef Marzouki.

En effet cette semaine, le nouveau président tunisien, est en visite officielle en France. Hier, il était reçu à l'Elysée par François Hollande. Que de changement depuis avril 2008, quand Nicolas Sarkozy s'était rendu en visite officielle en Tunisie pour rencontrer le dictateur Ben Ali (même s'il n'en était pas si fier en 2011).

Ce mercredi, le président tunisien était donc invité à s'exprimer à l'Assemblée Nationale. C'est un bel honneur que lui fait Claude Bartolone, le président de l'Assemblée Nationale, puisque seuls 16 dirigeants étrangers ont été invités à s'exprimer au Palais Bourbon depuis le début de la Vème République (dont Kofi Annan en tant que secrétaire général de l'ONU ou le roi d'Espagne Juan Carlos). Pour célébrer la venue de ce premier président issu du Printemps Arabe, je m'attendais à voir les bancs de l'Assemblée Nationale noirs de monde. Ce ne fut le cas que pour la moitié gauche de l'hémicycle puisque nous avons assisté à un boycott du discours du président tunisien à droite. D'après le twittos @Mathieu_M, seuls 55 des 196 députés UMP étaient présents !

Pourquoi ce boycott ? 
Est-ce pour montrer qu'à l'UMP, on préfère encore aujourd'hui l'époque Ben Ali, période que Michèle Alliot-Marie a essayé de sauver à tout prix. 
Peut-être que ces députés savaient déjà ce qu'aller dire le président tunisien qui a tenu à remercier toute une frange de la population qui dérange à droite ? "La partie essentielle de la France, celle des partis et des syndicats, des organisations de la société civile, la France des médias, des intellectuels et des simples citoyens, la France qui m'a donné asile, ne nous a jamais fait défaut et nous a soutenus autant qu'elle le pouvait." (extrait lu sur le Parisien)
Ou les députés de droite ont-ils voulu sanctionner l'élection démocratique de députés d'Ennahda, un parti islamique (dont monsieur Marzouki ne fait pas parti) ?

Quelles qu'aient été leurs motivations, je trouve ce comportement inadmissible. Il paraît que la droite française est aujourd'hui en "résistance", j'espère que ses prochains actes de résistance seront plus intelligents et plus respectueux de la démocratie...

lundi 16 juillet 2012

Il y a 70 ans, le Vel D'Hiv

Il y a 70 ans, plus de 13 000 juifs étaient regroupés au Vélodrome d'Hiver par la police française afin de les déporter vers Auschwitz. Ce matin je me suis réveillé en entendant à la radio ce sondage incroyable : 60% des jeunes de 18 à 24 ans ne savent pas ce qu'est la rafle du Vel d'Hiv !
Quel chiffre ! La question n'était même pas une question piège puisque l'institut CSA débutait son questionnaire par la question "Avez-vous déjà entendu parler de la rafle du Vel d’Hiv ?". C'est donc à cette question que 60% des jeunes adultes, mais aussi 67% des 15 à 17 ans et 57% des 25 à 34 ans ont répondu par la négative.
Photos de juifs morts en déportation au Mémorial de la Shoah à Jeruslaem
Ma première réaction a été immédiate, c'est la faute aux différentes réformes scolaires. L'épreuve écrite d'histoire-géo a été avancée à l'année de 1ère pour les séries scientifiques. En ce qui concerne certaines séries technologies l'épreuve d'histoire-géo n'est qu'une épreuve orale de coefficient 1 (ce qui la rend à peine plus importante qu'une matière facultative).
En agissant comme si l'histoire et la géographie étaient des matières de secondes zones, comment réussir à faire passer le message de l'importance de certains faits qui ont marqué notre histoire ? 
En y réfléchissant, ce n'est bien sur pas cette réforme du baccalauréat qui est la cause des résultats des du sondage, la réforme étant bien trop récente. En revanche, on peut s'inquiéter du résultat du même sondage dans une dizaine d'années si l'on continue dans cette direction...

Ma deuxième pensée a été pour Christiane Taubira (qui, au passage, a rendu hommage ce lundi à Jacques Chirac et à son discours historique reconnaissant la responsabilité de l'Etat français dans cette rafle). En 2001, elle a fait passé une loi mémorielle reconnaissant les traites et les esclavages comme crime contre l'humanité. Le 2ème article de cette loi précise que "les programmes scolaires et les programmes de recherche en histoire et en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l'esclavage la place conséquente qu'ils méritent". Un des objectifs de cet article est clairement que ce pan de l'histoire de France ne puisse plus être ignoré par les jeunes générations. Dans son livre "Mes météores", Christiane Taubira explique son attachement à cet article et fait le lien avec les exactions des autorités allemandes et françaises durant la seconde guerre mondiale. Hélas, quand je vois aujourd'hui le résultat de l'enseignement de la seconde guerre mondiale et sa place conséquente dans les programmes scolaires, je m'inquiète du résultat à venir sur l'esclavage...

Mais comment faire pour sensibiliser plus la population ? Ou faut-il faire en sorte que la population soit plus sensibiliser à son histoire ? La majeure partie des Français savent ce qu'il s'est passé durant la seconde guerre mondiale, cela suffit peut-être...
Bien sur je ne suis pas d'accord avec les deux dernières hypothèses. On ne peut pas continuer à laisser croire à l'unique culpabilité des Allemands dans la déportation et la mort des Juifs. On doit aussi reconnaître les phases les plus sombres de notre histoire et la commémoration de la rafle du Vél d'Hiv, celle de la traite et de l'esclavage, ou notre passé de puissance colonisatrice en font parties. Mais comment arriver à ce résultat ? Là, je suis preneur d'idée. L'importance médiatique donnée à cette journée et j'espère l'importance qui sera donnée à la journée de dimanche (journée officielle de commémoration de la Rafle) doivent permettre à améliorer la connaissance de cette histoire. Peut être que l'Etat français peut aussi aider au financement de films grands public sur ces sujets pour toucher le plus grand nombre (en espérant toucher autant de personnes qu'"Indigènes" et plus que "La loi et l'ordre"). 
Si vous avez d'autres idées pour améliorer la connaissance historique de la plus grande partie des Français, n'hésitez pas, la boîte à commentaires est là pour ça...

dimanche 15 juillet 2012

Sous le soleil de Palestine (10) : conclusion

En ce dernier jour de vacances, voici donc le dixième et dernier billet sur mon séjour en Israël et en Palestine.
C'est l'occasion pour remercier ma petite soeur qui m'a hébergé à Ramallah et m'a donné beaucoup de renseignements sur la situation locale.

Pour ceux qui souhaitent voyager en Palestine, il faut avouer que peu de guides de voyages sont complets sur la région. Je ne peux que conseiller l'excellent guide de voyage Palestine & Palestiniens qui met à l'honneur les villes palestiniennes mais aussi explique avec beaucoup de clarté la situation politique, l'histoire et l'économie de la région.

En guise de conclusion, pas de billet à thème aujourd'hui mais un récapitulatif en photos de mon séjour en Israël et en Palestine :


Si vous avez raté le début de ce carnet de voyage, le sommaire :
2 - Hébron

Enfin, pour garder le contact avec l'actualité palestinienne, je recommande la lecture régulière de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, du blog Guerre ou Paix hébergé par LeMonde.fr et surtout le blog du journaliste de France 2 Charles Enderlin.

vendredi 13 juillet 2012

Sous le soleil de Palestine (9) : l'aéroport

Un voyage en Palestine est une expérience fabuleuse et une aventure qui débute dès l'aéroport. Avant le départ, le voyageur est immédiatement mis dans l'ambiance avant même de s'être enregistré.

A mon arrivée à Roissy Charles-de-Gaulle, la zone d'enregistrement d'El Al, la compagnie d'aviation nationale israélienne, est protégée par des militaires français en arme qui nous demande de présenter la preuve de notre réservation. Ensuite, une file d'attente se forme devant des petits comptoirs, non pas pour enregistrer les passagers mais pour les passer par la phase interrogatoire.
Après les questions habituelles, "Voyagez-vous avec des armes, des explosifs ?", "Une tierce personne a-t-elle participé à l'élaboration de vos bagages ?", "Ces bagages ont-ils toujours été sous surveillance ?", nous avons le droit à des questions plus originales. On a le droit à des questions sur notre voyage "Pourquoi allez-vous en Israël ?", "Combien de fois êtes-vous venus dans le pays ?", "Qu'allez-vous y faire ?", "Allez-vous rencontrer des gens sur place ?", des questions d'ordres personnelles, voire très personnelles (je voyageais avec ma compagne) "Quel est le lien entre vous ?", "Comment vous êtes vous rencontré ?", "Depuis combien de temps êtes-vous ensemble ?". Toutes ces questions se font pendant que la personne vérifie que l'on est bien sur sa liste, vérifie nos passeports, contrôle mon passeport avec ma carte d'identité (mon aspect musulman d'apparence salafiste comme certains le prétendent ne doit pas m'aider). En fonction de nos réponses, une étiquette avec une lettre est apposée sur nos bagages et dans notre passeport en vue des futurs contrôles sur le sol israélien.
Cette démarche est unique à ma connaissance et peu scrupuleuse de la vie privée des voyageurs à un tel point que le Danemark refuse que ces contrôles de sécurité soient réalisés sur son territoire par du personnel de sécurité israélien (aussi bien pour le compte de la compagnie El Al que pour toute autre compagnie ayant pour destination Israël).

A mon arrivée sur le territoire israélien, je suppose que mes précédentes réponses ont suffit pour me faire passer pour le bon touriste qui ne veut pas d'histoire puisque je n'ai pas eu d'autres contrôles. Ce n'est pas le cas pour tout le monde. L'histoire d'un ami de ma soeur, déjà relaté sur ce blog en janvier 2011 me laisse toujours sans voix. L'histoire de ce citoyen anglais interdit d'entrée en Israël pendant 7 ans car il se rendait trop régulièrement en Cisjordanie se lit dans ce billet.

Dans le sens du retour, la situation est encore plus incroyable. Durant deux semaines, je logeais à Ramallah. Je réserve donc un taxi pour me conduire du centre de Ramallah à l'aéroport de Tel Aviv. Première chose, impossible de faire appel à un taxi de Ramallah, les chauffeurs ayant le droit de sortir de Palestine sont rares et ceux qui le peuvent ont l'interdiction d'entrer dans l'enceinte de l'aéroport !!! Je suis donc obliger de faire appel à un taxi de Jerusalem.
Dans le taxi, à l'approche de l'aéroport, j'ai le droit au briefing de mon chauffeur. Les militaires israéliens me poseront des questions au checkpoint à l'entrée de l'aéroport (ou plus exactement à la sortie de l'autoroute). Je vais devoir leur mentir et leur dire que j'ai pris mon taxi à Jerusalem. Si ils veulent plus de précisions, je dois dire qu'il m'a pris à l'entrée de la vieille ville, à Jaffa Gate (malin, ce n'est pas l'entrée qui donne sur Jerusalem Est). Je ne dois pas prononcer le mot de Ramallah sous peine d'avoir des contrôles bien plus poussés. Je suis réellement touriste, le chauffeur de taxi est heureux, je ne devrais pas mentir sur ce point. Lors de ce contrôle, on me demandera également de vérifier avec un militaire le contenu du coffre du taxi pour prouver qu'il ne s'y trouve que mes bagages ! Le matin même, une journaliste danoise amie de ma soeur a refusé de mentir et à donc dit qu'elle venait de Ramallah. Elle et son taxi auront été immobilisé durant 40 minutes...

Une fois dans l'aéroport, nouveau contrôle avec les mêmes questions qu'à l'aller à Paris. Ensuite, nos bagages destinés à la soute sont passés aux rayons X. Si nos réponses, le résultat des rayons X ou simplement notre profil ne leur convient pas, alors on peut nous demander d'ouvrir nos sacs. Cette année, tout s'est bien passé. Lors de ma précédente venue, j'avais du ouvrir mon sac. Ils avaient sorti plusieurs affaires, passer leur chiffon détecteur de poudres explosives tout en continuant à me poser des questions. Ambiance assez tendue... Dans certains cas, on peut vous interdire d'embarquer avec des bagages à main et donc de les enregistrer avec le reste des bagages. Dans le pire des cas, tous ces contrôles peuvent vous faire rater votre vol (j'étais venu avec 4h d'avance). Dans ce cas, on vous prévoit gentiment une place dans le prochain vol de la compagnie que vous deviez emprunter... quelque soit sa destination. Des personnes quittant Ramallah pour Paris se sont ainsi retrouvées à Istanbul, le reste de leur trajet étant à leur charge...

Voyager vers ou depuis l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv est donc toujours une aventure. Il aurait pu être plus simple de choir la solution Palestinienne est d’atterrir à l'aéroport de Jerusalem Est. Mais cet aéroport est fermé depuis longtemps (1967 ?). Aujourd'hui, le Mur de Séparation le traverse. On peut encore voir la tour de contrôle d'un coté et le tarmac de l'autre.

jeudi 12 juillet 2012

Sous le soleil de Palestine (8) : les colonies

Ma'ale Adumim vu d'une route palestinienne
Exceptionnellement, ce billet ne va décrire un endroit que je n'ai pas visité durant mon séjour en Israël et en Cisjordanie mais qui fait hélas partie prenante du paysage palestinien, les colonies illégales israéliennes. Elles sont au moins 150 dans toute la Cisjordanie et à Jerusalem Est, donc où que l'on soit en Cisjordanie, on est à proximité d'une de ces colonies.

Ces colonies sont toutes établies dans la plus totale illégalité. La Cour internationale de Justice a confirmé l'illégalité de ces colonies, qui violent l'art. 49,6 de la IVe Convention de Genève : « La Puissance occupante ne pourra pas procéder à la déportation ou au transfert d'une partie de sa propre population civile sur le territoire occupé par elle. »

Sur la route de Ramallah à Béthleem, on croise de nombreuses colonies, certaines qui ne semblent pas contenir plus d'une vingtaine d'habitations mais d'autres qui paraissent gigantesques comme celle de Ma'ale Adumim (vérification faite, cette colonie est véritablement énorme puisqu'elle accueille 35 000 colons dans 50 km²). Elles sont faciles à repérer. Les habitations sont souvent toutes identiques (murs blancs, toit de tuiles rouges), ce qui donne une impression d'uniformité contrastant avec le joyeux et habituel bazar ambiant propre aux anciennes villes. Pour les situer, il est rare de devoir les chercher dans une vallée. Elles monopolisent de nombreux sommets de collines, leur permettant de surplombé la région et donc d'éviter toute possible attaque plongeante. Car ces colonies, si elles sont totalement illégales, sont largement protégées par l'armée israélienne. Pour y entrer, il faut montrer patte blanche aux militaires en faction à chaque entrée. Impossible d'y pénétrer illégalement, les colonies sont barricadées derrière des grillages ou des murs. Les militaires ont parfois des miradors pour mieux surveiller les alentours. 

Colonie sur une colline palestinienne
La colonie est donc une véritable enclave militarisée dans un territoire qui ne leur appartient pas. On peut donc se poser la question de la circulation de ses habitants. Sont-ils cloîtrés dans leur village ? Loin de là ! L'état israélien prend soin de développer le réseau routier en Cisjordanie, surtout quand il s'agit de relier les différentes colonies entre elles et surtout avec le reste de l'état hébreux. C'est ainsi, par exemple, que l'on peut relier si facilement Jerusalem à la Mer Morte. Jusqu'à peu ces routes étaient même interdites aux Palestiniens ayant une voiture immatriculée avec une plaque blanche et écriture verte. Depuis un ou deux ans, l'accès à ces routes sur le territoire palestinien a été ouvert à tous les Palestiniens mais de nombreux checkpoints (fixes ou mobiles) sont sur ces routes, spécialement à l'approche des dites colonies.
De plus, j'ai pu voir à l'orée de la ville de Naplouse de singuliers abris bus. Ils sont protégés par de gros blocs de béton (contre les attaques à la voiture bélier j'imagine) et des militaires dans un mirador. Pourquoi tout ce déploiement de moyens ? Car quelques centaines de mètres plus haut de situe une colonie israélienne et qu'il faut bien protéger ces colons des activistes de Naplouse...
Toujours pour garantir la "sécurité" ces colonies, les colons sont fortement armés et n'hésitent pas à faire usage de la force contre tout arabe approchant de trop près de chez eux. Le résultat rend par exemple impossible à des Palestiniens de prendre soin de leur culture d'oliviers et donc de récolter les olives la saison venue. D'autres vidéos ont tournés sur le web récemment montrant la violence dont était capable les colons sur les Palestiniens sous le regard impassible des militaires présents.

Qui sont ces colons ? Ils ont des profils divers. J'en ferais 3 catégories.
La première, les colons religieux. A la différence de certains ultra orthodoxes anti-sionnistes ne voulant pas d'un état d'Israël avant l'arrivée du Messie, ces colons religieux veulent reconstituer l'Israël biblique. Pour cela, ils veulent donc retrouver la possession de la Judée et la Samarie, 2 régions formant la majeure partie (si ce n'est l'intégralité) de la Cisjordanie.
La seconde catégorie sont les laïcs nationalistes. Assez proches de la première catégorie, la religion en moins. Ils veulent un Grand Etat hébreux qui engloberait toute la Cisjordanie ainsi que le Golan.
La troisième catégorie contient tous ceux qui profitent du système. Le gouvernement israélien aide financièrement les colons à s'installer dans ces territoires. D'ailleurs l'an dernier, après les manifestations des indignés israéliens contre la vie chère et le difficile accès au logement, Benjamin Netanyahu annonçait la construction de 1 100 nouveaux logements dans des colonies de Jerusalem-Est...

Quel est l'intérêt de toutes ces colonies ? Peser toujours plus dans le futur tracé des frontières entre Israël et la Palestine. De la même façon que le Mur de Séparation empiète déjà largement sur la frontière de 1967, le gouvernement israélien espère pouvoir faire entrer nombre de ses colonies à l'intérieur de ses futures frontières. Les réfugiés palestiniens qui attendent depuis 64 ans l'application de leur droit au retour voient donc de plus en plus de kilomètres carrés palestiniens passer sous le joug israélien, chaque installation de colons étant un geste de plus de déni contre l'existence d'un futur état palestinien indépendant.

lundi 9 juillet 2012

Sous le soleil de Palestine (7) : Naplouse

Dernière étape de mon voyage, la ville de Naplouse. Il s'agit d'une des plus importantes villes de Cisjordanie et c'est aussi l'une des plus actives dans la lutte contre l'occupant israélien. 
Dès l'entrée dans la ville de Naplouse, on est accueilli par des affiches, des posters, des plaques commémorant les martyrs palestiniens, c'est à dire ces palestiniens tués par l'armée israélienne. Au plus on approche de la vieille ville, au plus ces rappels sont visibles, peuplant les carrefours et les rond-points. La vieille ville est comme souvent dans les villes palestiniennes le coeur de la résistance. On y voit donc de nombreuses plaques de marbres en mémoire des martyrs, des plaques en l'honneur de familles entières.

Pourquoi tant de marques de commémoration à Naplouse ? Sans être un expert de la ville, il y a tout d'abord la raison mathématique. Naplouse abrite plus de 120 000 habitants. Statistiquement, il y a plus de chances d'y trouver des résistants actifs. De plus la ville est entourée de 3 importants camps de réfugiés palestiniens qui regroupent plus de 50 000 Palestiniens. L'histoire de ces camps est un terreau fertile pour la résistance. Le dénuement et la misère, l'absence d'espoir d'un avenir serein, l'oppression israélienne notamment durant les 2 intifadas sont quelques une de ces raisons.

En réponse à cette résistance, l'armée israélienne frappe fort. Si depuis les Accords d'Oslo, les villes de la zone A sont entièrement gérées par l'Autorité Palestinienne, il arrive encore très régulièrement que des militaires israéliens fassent irruption la nuit tombée en ville pour kidnapper des présumés terroristes. Durant la deuxième intifada, les militaires israéliens ont imposé un couvre-feu complet durant 70 jours, c'est à dire l'interdiction absolue aux habitants de sortir de leur logement. Dans les camps de réfugiés où les familles vivent les unes sur les autres, cette interdiction n'a fait qu'ajouter de l'huile sur le feu.
Autre technique de l'armée israélienne pour lutter contre les activistes palestiniens, la destruction pure et simple de l'immeuble les abritant, ceci sans se soucier de la présence ou non du reste de leur famille. Il est ainsi possible de voir dans la vieille ville des plaques avec des dizaines de noms, montrant ainsi que des familles entières étaient assassinées par l'armée israélienne dans leurs actions pour rétablir l'ordre et la justice...

S'il était impossible de parler de Naplouse sans évoquer ses martyrs tellement ils sont omniprésents dans la ville, je me dois tout de même de mentionner que la vieille ville de Naplouse est tout simplement incroyable. L'enchevêtrement de ruelles, de passages en escalier, de ruelles couvertes sous les arcs de vieux bâtiments en font un lieu où il est impossible de se repérer. C'est donc aussi un endroit idéal à découvrir en s'y perdant.

mercredi 4 juillet 2012

Sous le soleil de Palestine (6) : La Mer Morte

Les cailloux enrobés de sel
La Palestine n'est pas à un paradoxe près. Mon voyage m'a mené sur les bords de la Mer Morte, à 420 mètres sous le niveau de la mer (mais quelle mer doivent se poser les jeunes locaux).

Pour flotter sans effort dans cette mer ultra-salée, je me suis rendu à Ein Gedi, LA station balnéaire israélienne qui permet de s'y baigner gratuitement. Les Palestiniens de Cisjordanie n'ont pas cette chance. C'est l'armée israélienne qui contrôle la seule route longeant la Mer Morte et leur interdit donc tout accès aux différentes plages sur le littoral palestinien sauf une dont l'accès leur a été accordé il y a très peu de temps. Je suppose que la présence d'arabes sur les plages de Kalya ferait baisser la fréquentation touristique...
Mieux encore, pour me rendre à Ein Gedi, j'ai pris un bus à Jerusalem, à la gare centrale, dans la partie israélienne de la ville. Alors qu'aucune compagnie de location de voitures israélienne ne vous assurera pour circuler en Territoire Palestinien, la ligne de bus régulière traverse allègrement la Cisjordanie et longe l'intégralité du littoral palestinien de la Mer Morte. Les contrôles d'identités obligatoires pour toute voiture particulière ou pour les quelques bus palestiniens autorisés à traverser la frontière sont inexistants pour le bus de la compagnie israélienne. Il ne faudrait tout de même pas effrayer les gentils touristes à bord...

La Mer Morte est réputée pour ses bienfaits. L'eau serait bonne pour soigner le psoriasis et les rhumatismes. Les compagnies de cosmétiques vantent aussi les bienfaits de la Mer Morte en commercialisant des crèmes et des masques de boue. Si certaines compagnies israéliennes semblent honnêtes et commercialisent des produits à partir d'éléments extraits depuis la partie israélienne de la Mer Morte, d'autres sont beaucoup moins fréquentables. Par exemple AHAVA vend des produits à base de boue extraite près de la colonie illégale de Kalya au nord de la Mer Morte. De plus, même le PDG d'AHAVA l'admet, l'entreprise a une importante activité dans la colonie toute aussi illégale de Mitzpe Shalem. Si je ne suis pas un supporter du boycott total des produits israéliens, je ne comprends pas comment des magasins français (comme Sephora par exemple) continuent à commercialiser des cosmétiques produits dans les colonies et donc dont le profit les encourage à persévérer dans l'exploitation et l'occupation d'une terre qui ne leur appartient pas. 

L'expérience d'une baignade dans la Mer Morte est tout de même incroyable, on y flotte réellement sans le moindre effort. Il faut même une sacrée volonté pour nager dans cette mer où il est conseillé de se rendre aux premiers secours si l'on avale de son eau ou si l'on s'en met dans les yeux ! Attention également aux coups de soleil car si la température de la mer doit être entre 25° et 30°, il faisait 44°C sur la plage quand je m'y suis rendu !

Pour finir, comme Yasser Arafat refait parler de lui dans l'actualité, voici une petite précision sur le pourquoi son cercueil est entouré d'eau à la Mouqata'a. Cela représente la situation temporaire qu'est la sienne puisque son souhait est d'être inhumé à Jerusalem. A la vue des dernières nouvelles, la situation du leader et martyr palestinien est loin d'être stable et il risque fort de faire encore quelques voyages avant d'avoir un véritable repos éternel...

lundi 2 juillet 2012

Sous le soleil de Palestine (5) : le Golan

Carte réalisée par la BBC
Pour la suite de ces récits de vacances, direction une autre région d'Israël à la propriété plus que controversée, le Golan.

Lors de la Guerre des 6 jours en 1967, l'armée israélienne repousse les frontières de 48 pour tripler sa superficie. En une semaine, Israël prit le contrôle de la Bande de Gaza et du Sinaï à l'Egypte, envahit la Cisjordanie et Jerusalem-Est à la Jordanie et le plateau du Golan à la Syrie. Si aujourd'hui la Bande de Gaza et la Cisjordanie forment les Territoires Palestiniens, le Sinaï est de nouveau égyptien, le cas du Golan est loin d'être résolu. Ce grand plateau qui forme la pointe Nord-Est de l'Etat d'Israël a été annexé par l'Etat hébreu le 14 décembre 1981, annexion condamnée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies !

J'imagine qu'en 1967, l'objectif de prendre ce plateau servait à sécuriser la région et notamment les villes de Galilée en contre bas du plateau. Mais aujourd'hui avoir la main sur le Golan permet à Israël d'avoir un avantage non négligeable sur une guerre beaucoup plus sournoise mais vitale pour avoir le contrôle de l'eau. Le Golan abrite les sources de nombreux affluents du Jourdain. Cette eau, en plus d'alimenter LE fleuve vital de la région, permet au plateau du Golan d'abriter de nombreux vergers et des vignobles. 
Durant mon passage, j'ai visité l'établissement vinicole "Golan Heights Winery" qui fabrique du vin à partir de raisins récoltés aux 4 coins du Golan, ce qui leur permet d'être surement le 1er producteur de vin israélien et d'exporter 20% de leur production. Tout ce raisin provient de terres que l'on peut surement considérer comme volées quand l'on sait que 150 000 habitants (très majoritairement arabes) ont fuit le Golan entre 1967 et 1973. Il ne reste que 18 000 druzes qui ont décidé de continuer à vivre sur leur terre tout en refusant des papiers israéliens. Au début des années 70, tout en gardant le contrôle de la majeure partie du plateau, les Israéliens ont appliqué la théorie de la terre brulée dans les principales villes du Golan. L'exemple ultime est la ville syrienne de Quneitra qui est passée de ville de 20 000 habitants au statut de ville fantôme au coeur de la zone démilitarisée qui sert de zone tampon aujourd'hui entre la Syrie et Israël.

Si la visite du Golan aujourd'hui est sure à 100% au point que l'on peut croire qu'il s'agit d'un endroit comme un autre en Israël, un coup d'oeil aux différents sommets de la région nous rappelle le contraire. Par exemple, la visite du mont Bental est réputée pour être un point de vue incroyable sur la Syrie et sur le plateau du Golan. Mais une fois à son sommet, c'est en fait un mémorial en l'honneur de l'armée israélienne qui a boutée les Syriens hors d'Israël. Les guides rappellent volontiers aux visiteurs que ce poste a permis de "sauver" l'Etat d'Israël mais semblent omettre de rappeler que l'ONU ne reconnaît toujours pas la possession de ce territoire.
Position militaire au sommet du Mt Bental
Si le Golan est occupé contre l'accord de l'ONU et si le sommet du Mt Bental est un mémorial à l'armée israélienne, ça n'empêche pas de faire preuve d'humour (aucun n'y verra de la provocation) : la cafeteria au sommet du mont est nommée "Coffee Annan" !

Le compteur des actions d'Israël réalisées contre le droit international et les résolutions de l'ONU et déjà présentées sur ce blog monte donc à 2 : l'édification du Mur de séparation et l'annexion du Golan. Il y a au moins un troisième cas, la construction de colonies illégales sur les Territoires Palestiniens, mais ceci est encore une autre histoire.