mardi 28 janvier 2014

La France a peur de la théorie du gender

Affiche de la Manif Pour Tous
« La France a peur tous les soirs à 20 heures » chantait Mickey 3D en faisant référence à la célèbre ouverture du JT de Roger Gicquel un soir de 1976. Aujourd’hui encore, on pourrait ouvrir sur « la France a peur … de la théorie du gender ».

Lundi 27 janvier, de nombreuses écoles maternelles et primaires un peu partout en France ont vu un taux anormal d’absentéisme chez leurs enfants scolarisés. A Meaux, dans le quartier de Beauval, 40% des élèves étaient absents. Sur toute la commune dirigée par Jean-François Copé, ce sont 20% des 3500 élèves des différentes ZUS de la ville qui étaient absents lundi. Sans donner d’ordres de grandeur, Ouest France annonce des absences d’enfants inhabituelles dans les écoles de Rennes. Dans les alentours de Montbéliard et dans le territoire de Belfort, certaines écoles ont eu 50 absences pour la seule journée de lundi. A Strasbourg, dans une zone d’éducation prioritaire, ce sont 86 enfants d’une école qui en compte 240 qui ne sont pas venus. La raison de ces absences ? Des messages  comme ceux ci-dessous envoyés aux parents (orthographe d’origine) :

"L’heure est grave. Après avoir appris à nos enfants que c’est normal d’avoir « un amoureux » ou « une amoureuse » où encore qu’un garçon à le droit d’aimer un autre garçon et qu’une fille à la droit d’aimer une autre fille, voila qu’ils s’interrogent sur le fait d’enseigner à nos enfants de 4 ANS « comment ce masturber !!!"
"Pour la region parisienne la JOurnée de Retrait de l'école pour l'interdiction de la théorie du genre! Ne mettez pas vos enfants LUNDI 27 Janvier 2014 pour protester. C'est très inquiétant et tres important! +infos sur le site: jre2014.fr
A faire circuler, merci"

Le deuxième message nous indique qui semble être à l’origine du boycott de l’école. Il s’agit de Farida Belghoul qui a déjà tapé dans l’œil de la bloggeuse Elooooody. Pour cette femme et son collectif proche du mouvement d’Alain Soral (extrême-droite, colistier de Dieudonné sur la liste anti-sioniste de ce dernier pour l’élection européenne de 2009), il faut enlever les enfants des écoles pour qu’ils ne subissent pas les affreux cours sur la théorie du genre et même pire puisqu’elle parle de cours de masturbation sur des enfants !

J’avais déjà évoqué le problème des rumeurs farfelues en octobre dernier quand on suggérait que la Seine-Saint-Denis payait des villes de province pour accueillir des familles noires… Nous passons un nouveau cap d’inélégance puisque tout porte à croire que cette fois-ci, ce sont les familles les plus défavorisées (ZUS de Meaux, ZEP de Strasbourg, etc.) qui sont visées en les incitant à priver leurs enfants d’un accès à l’éducation.

NON, des homosexuels ne vont pas venir dans les classes expliquer qu’il faut devenir homosexuel. En revanche, oui les professeurs vont expliquer qu’être homosexuel n’est pas honteux et qu’il ne faut pas insulter quelqu’un car il est différent (tout comme on apprend à l’école qu’il ne faut pas mettre à l’écart des personnes pour leur couleur de peau ou leur religion).

NON, les professeurs ne vont pas interdire aux garçons de jouer au foot dans la cour de récréation ni aux filles de jouer à l’élastique. En revanche, oui ces mêmes professeurs vont expliquer aux garçons qu’ils ont le droit de jouer à l’élastique s’ils veulent (y compris avec des filles même si « les filles c’est nul » comme disait mon petit cousin) et que les filles ont le droit de jouer au football si elles le veulent également.

NON, il ne sera pas interdit aux garçons de venir en pantalon et il ne sera pas interdit aux filles de venir en jupe. En revanche, il sera peut être conseillé aux filles de venir en pantalon pour la prochaine sortie en forêt et ainsi éviter de se retrouver avec des piqûres d’orties ou des griffures de ronces.

NON, l’Education Nationale n’a pas prévu de donner des cours de masturbation à des enfants de 4 ans, ni plus tard. D’ailleurs, il y a de fortes chances que ces enfants découvrent la chose bien assez tôt, surement plus tôt que ce que pense leurs parents.

On connaissait les hoax, ces canulars qui pourrissent les boîtes mails demandant de l’aide car Samantha a disparu et si on ne la retrouve pas, elle ne pourra jamais recevoir le rein qui l’attend dans le service d’urgence du Docteur JM Foudetoi ou propageant les légendes urbaines comme quoi des personnes déposent des punaises avec du sang contaminé sur les fauteuils des cinémas pour propager le virus du SIDA. Ces canulars sont presque inoffensifs et jouent soit sur la peur soit sur l’empathie des gens pour leur faire perdre un peu de leur temps. Aujourd’hui, on assiste à une dérive bien plus dangereuse où l’on profite de la crédulité de certains parents qui n’ont pas tous accès à l’information pour les empêcher d’envoyer leurs enfants en cours.

La théorie du genre ne fera jamais d’un enfant un « pédé » ou une « gouine ». En revanche la manipulation intellectuelle peut handicaper l’avenir des enfants si on les empêche de suivre un enseignement républicain, laïc et égalitaire.

Si tout ceci n’était pas aussi choquant, j’aurais pu rire des propos de Jean-François Copé, qui même s’il a été confronté directement au problème en tant que maire de Meaux, a déclaré :

"Je suis choqué par la théorie du genre et je comprends l'inquiétude des familles. La priorité de l'école doit rester les savoirs fondamentaux."
En déclarant ceci, le patron de l'UMP se met au même niveau que les pires décérébrés d'extrême-droite. Il cautionne le fait d'empêcher d'envoyer des enfants à l'école sous des prétextes qui mettent à mal le vivre ensemble républicain.

Heureusement que Vincent Peillon a rétabli quelques vérités un peu plus tard à l’Assemblée Nationale :

"Jamais nous ne renoncerons à l’enseignement de l’égalité, que nous inscrivons au fronton de toutes nos écoles. Nous continuerons de lutter contre toutes les discriminations, le racisme, les inégalités, mais je veux très solennellement rassurer tous les parents de France : n’écoutez pas ceux qui veulent semer la division et la haine dans les écoles. Ce que nous faisons, ce n’est pas la théorie du genre, que je refuse, nous voulons promouvoir les valeurs de la République et l’égalité entre les hommes et les femmes."

"La manifestation de l’échec", mon édito pour Mediavox

Tout Paris, et un peu du reste aussi, attendait avec une certaine impatience la rencontre des bonnets rouges et de la manif pour tous. Les deux principales organisations créées pour lutter contre François Hollande tentent le pari de la manifestation massive pour réclamer la démission du Président de la République. La rencontre était attendue avec un peu d’appréhension. On avait déjà déploré certains dérapages de la Manif pour Tous, notamment de leur frange la plus extrême le Printemps Français, tout comme on a pu déplorer les couteux saccages de portiques de la part des bonnets rouges.

Pourtant leur état d’esprit est facile à comprendre. Pour avoir vécu 10 longues années dans l’opposition, j’ai pu participer à de nombreuses mobilisations en espérant faire fléchir le gouvernement en place. Ca peut fonctionner, tout le monde se souvient des mobilisations contre le CPE, comme ça peut échouer, je pense particulièrement à la dizaine de défilés contre la réforme des retraites de Fillon / Woerth.

La principale différence entre les mobilisations de gauche et ces nouvelles mobilisations, le motif. Se rassembler pour réclamer une marche arrière du gouvernement sur des sujets, bien sur. Mais que signifie cette volonté de vouloir destituer le Président de la République ? A entendre les manifestants, j’ai l’impression de voir les militants ivoiriens de Laurent Gbagbo se battre contre le résultat de l’élection présidentielle qui a vu leur favori déchu. Les manifestants de dimanche ne sont pas des électeurs déçus de François Hollande. Jamais des royalistes n’ont voté pour le candidat du Parti Socialiste, idem pour les militants d’extrême-droite (de la dissoute Oeuvre Française, des Caryatides, ou des fans d’Alain Soral ou de Renaud Camus). De la même façon, difficile de croire que les bonnets rouges aient donné à un moment leur confiance à François Hollande quand on voit qu’ils n’ont jamais protesté contre la mise en place de ces portiques sous le précédent gouvernement.

Ces gens ont perdu l’élection présidentielle et ne l’admettent pas. Comme des enfants gâtés, ils ne veulent pas attendre 2017 pour faire revenir leur candidat. Ils sont donc prêts à tout pour forcer le calendrier, quitte à s’associer à la pire racaille de l’extrême-droite. S’il fallait une nouvelle preuve qu’ils se sont trompés d’alliés, même l’éditorialiste très à droite Ivan Rioufol critique le résultat de ce mélange des genres et finit par qualifier ce jour de colère de « face hideuse d’un France fascistoïde ».

Manif pour tous et bonnets rouges ont raté leur rendez-vous de la contestation. Ils avaient donné rendez-vous pour un rassemblement des opposants à la politique d’un gouvernement, ils ont offert  une fenêtre médiatique à des groupuscules racistes et xénophobes à qui même le Front National ne veut plus être associé.


Ce billet a été écrit et publié pour "l'édito des blogueurs" sur Mediavox.fr 

Christophe Girard pour un arrondissement innovant, rassembleur et citoyen

Christophe Girard, le candidat socialiste à la mairie du 4ème arrondissement de Paris, a publié ce lundi son programme pour l'arrondissement. Ce programme n'est pas un simple extrait du long programme d'Anne Hidalgo pour Paris mais un véritable programme pour tous les habitants du 4ème arrondissement. Le programme est présenté en suivant 8 axes :
  1. Des aménagements écologiques et durables
  2. Les familles et les générations
  3. Le civisme, la sécurité et la propreté
  4. La santé, la solidarité et le logement
  5. La vitalité économique et les commerces
  6. L'éducation et la culture
  7. La démocratie locale
  8. Un modèle d'administration encore plus efficace.
Au lieu de vous en faire un résumé, je vous laisse prendre connaissance des 12 pages. Je reviendrais surement sur certains points d'ici le 23 mars.

dimanche 26 janvier 2014

Le rassemblement nauséabond des #JourDeColère

La preuve qu'Hollande n'est pas un libéral
"Jour de colère" devait être un rassemblement de tous les mécontents du quinquennat de François Hollande. Bonnets rouges contre l'écotaxe (votée et mise en place par Nicolas Sarkozy), Manif pour tous et camping pour tous contre l'ouverture du mariage civil à tous les couples, Hommen contre le port de la chemise dans la rue, Civitas contre la perte de pouvoir de l'église catholique dans la société, Papas en colère contre le droit de garde des enfants accordé aux femmes et Nicolas Miguet contre les impôts en France étaient les principaux participants annoncés.

En me rendant au départ de la manifestation, j'ai rencontré de nombreuses autres manifestations dont les revendications vont bien plus loin que le simple mécontentement de la politique socialiste. J'y ai croisé ce que la France a de plus nauséabond. J'ai donc décidé de présenter qui sont ceux que j'ai vu manifester ce dimanche après avoir entendu des slogans chocs comme
  • "Francs-maçons pendaison"
  • "Français debouts, la France a besoin de vous"
  • et le traditionnel "Bleu Blanc Rouge, la France aux Français"
Entre les propos que j'ai moi-même entendu, ceux rapportés à différents endroits du cortège et les descriptions d'organisations participantes qui vont suivre, il va être difficile de défendre ce cortège de la honte. Aujourd'hui, des milliers de personnes ont défilé dans les rues parisiennes non pas contre la politique de François Hollande mais contre la République car ces gens sont autant contre la politique du PS que contre celle de l'UMP. Royalistes, fascistes, pétainistes, c'est pour la démission de la démocratie que ces manifestants ont défilé.


Le NON au changement de peuple et de civilisation

Pour ces gens, nous sommes en danger puisque l'état essaye de changer la population française en organisant une immigration massive. Voici quelques extraits du discours de son fondateur, Renaud Camus:
Le Grand Remplacement, ce n’est pas un concept, c’est la réalité de tous les jours. Sur un territoire il y avait un peuple, formé par des siècles d’histoire commune ; et en l’espace d’une génération à peine il y en a un ou plusieurs autres. Il suffit pour s’en convaincre de descendre dans la rue, dans le métro, dans les cours d’école, dans la vie réelle. Il suffit d’ouvrir les yeux. Il suffit d’en croire ses yeux, surtout, d’oser voir ce que l’on voit, d’oser penser ce que l’on pense, d’oser nommer ce que l’on ressent, ce que l’on vit, ce que l’on souffre.  
Certes il est nombreux, cet adversaire, et même de plus en plus nombreux avec chaque année qui passe et ses contingents infinis de nouveaux arrivants, d’une part, ses naissances innombrables d’autre part, qui font dire aux démographes aveugles, ou traitres, ou les deux, inconscients, que la démographie en France se porte à merveille alors qu’elle ne fait qu’accentuer jour après jour le changement de peuple, et donc, nécessairement, de civilisation : car c’est une conception bien basse de l’homme, et bien basse des peuples, que de considérer qu’avec d’autres hommes, d’autres femmes, d’autres peuples, nourris d’autres cultures, d’autres religions, d’autres langues, on pourrait continuer d’avoir la même histoire, d’être la même nation, jouissant de la même civilisation. La France peut intégrer des individus, elle l’a toujours fait. Elle ne peut pas, en restant elle-même, intégrer des peuples.
Certes il existe déjà le Front national et le Rassemblement Bleu Marine. Nous ne ferons jamais rien pour les gêner et nous les soutiendrons toujours là où nous ne pourrons pas nous-mêmes être présents. Mais le refus de l’asservissement de la patrie, et d’ailleurs du continent tout entier, ne peut pas être le fait d’un seul parti, qui d’ailleurs paraît avoir, quelquefois, d’autres chats à fouetter. Il aura toujours besoin d’un allié. Nous nous proposons d’être celui-là, avec tous ceux qui sont ici et bien d’autres, avec Christine Tasin et Résistance républicaine, avec Riposte laïque et Pierre Cassen, avec tous ceux qui ne veulent pas du changement de peuple et de civilisation.
C'est un groupuscule de militantes nationalistes qui veulent "se battre avec féminité". Elles semblent très proche de l'Oeuvre Française, mouvement nationaliste interdit après le meurtre de Clément Méric. Voici comment elles se présentent :
Nous nous appuyons dans ce combat, sur la richesse que constitue la différence hommes / femmes, loin du discours subversif des féministes qui cherchent à effacer cette différence. Nous savons que l’homme et la femme loins d’être égaux, sont complémentaires. Cela est pris en compte dans la doctrine nationaliste : pour constituer une famille, il faut un père, une mère, un travail. Et l’ensemble des familles forme la communauté nationale. Tout cela est résumé dans la devise : Travail, Famille, Patrie! Ainsi nous devons contribuer aux cotés des militants nationalistes à la REVOLUTION NATIONALE.
Ils sont une jeune association qui aux idées pas si innovantes puisqu'eux aussi prônent le replis sur soi et la haine de l'autre. Voici deux points de leur programme : 
  • Combattre sans relâche toute religion qui tenterait de soumettre les Européens à des idées et des mœurs incompatibles avec les fondements mêmes de notre civilisation. 
  • Stopper l’immigration humaine et culturelle qui tend à transformer l’Europe en une société multiethnique, multiraciale, et donc multiraciste. L’Europe, de Brest à Vladivostok, est une terre historiquement de culture celte, slave et gréco-romaine.

J'avoue que je ne les ai pas vu au moment où j'ai regardé passer le cortège de la haine mais comme leur programme est dans la même lignée que ceux cités précédemment, je pense qu'il serait dommage de les oublier. Tout d'abord, ils partent d'un constat simple :
Reconquête républicaine a fait le constat que la France est entrée dans une période révolutionnaire depuis le printemps dernier. Nous assistons à une convergence de toute une nation contre un régime illégitime et honni.
C'est pourquoi ils proposent:
  • la sortie de l’euro,
  • la sortie de l’UE, construction a-démocratique inspirée par Jean Monnet, agent des Américains
  • la sortie de l’Otan et une alliance stratégique avec la Russie qui combat l’offensive islamique,
  • l'arrêt de l’immigration de peuplement et mise en place d’une re-migration pour les colons qui ne veulent pas s’assimiler,
  • l'interdiction de l’islam qui n’est ni un culte ni une Eglise au sens où nous l’entendons et qui par conséquent ne peut prétendre bénéficier des largesses «concordataires» de la Loi de 1905,
  • l'abolition de la Loi Taubira (mariage homo) symbole de l’aliénation «sociétale» et des principales lois dites «mémorielles».

A côté de ces organisations, j'ai aussi eu la chance d'entendre des jeunes cagoulés vouloir s'en prendre aux journalistes. J'ai pu voir des royalistes brandissant fièrement leur vierge Marie ou leurs drapeaux frappés du coeur vendéen.

A la fin de la manifestation, Béatrice Bourges, présidente de la Manif pour tous, a pris la parole non pas pour s'excuser de s'être montrée aux côtés de toutes ces organisations nationalistes mais pour annoncer qu'elle se lançait dans une grève de la faim tant que les parlementaires ne lanceraient pas une procédure de destitution du Président de la République. Cette femme devrait faire attention pour sa santé, car ce n'est pas avec les quelques députés d'extrême-droite siégeant à l'Assemblée Nationale qu'elle arrivera à renverser la République.

Quand on lit qu'un quart des Français seraient prêts à voter Front National pour les prochaines européennes, cela signifie qu'ils sont prêts à ce que ces mêmes dangereux nationalistes prennent en main le destin de l'Europe, alors on peut s'inquiéter de notre avenir. Si la déception des politiques qui nous gouverne peut se comprendre, en revanche comment peut-on en arriver à cautionner de tels programmes et de tels propos ?

Bruno Le Maire et le cumul des mandats

Bruno Le Maire a publié en janvier 2013 "Jours de pouvoirs", un livre sur les coulisses de son passage dans le gouvernement Sarkozy, ou plutôt un journal de bord. Ses propos sont souvent intéressants mêlant pensées politiques et récits de la vie quotidienne. Voici ce qu'il écrit en conclusion de sa journée du vendredi 4 mars 2011 : 
"Un jour, une majorité nouvelle supprimera le cumul des mandats. Chacun verra que cette pratique avait trop duré et que sa suppression était une mesure de salut public. Pour beaucoup ce sera une délivrance."

Je vous laisse chercher ce qu'à voter le même Bruno Le Maire le 22 janvier dernier quand les députés eurent à voter sur l'interdiction du cumul des fonctions exécutives locales avec un mandat de député ou de sénateur.

jeudi 23 janvier 2014

Mobilisation pour l'emploi, le projet de loi

Sans faire de bruit, Michel Sapin, le ministre du travail, continue son petit bonhomme de chemin et continue à réformer le monde du travail. Un premier gros dossier avait occupé le ministre en début d'année dernière avec l'Accord Nationale Inter-entreprise qui a fait couler beaucoup d'encre et qui est toujours longuement débattu entre tenants de la "vraie gauche" et les réformistes sociaux démocrates (même si la frontière n'est pas si nette que ça). Hier en conseil des ministres, un nouveau gros dossier a été présenté : le projet de loi relatif à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale. Ce projet de loi s'attaque prioritairement à la formation tout au long de la carrière mais embarque également une réforme de la représentativité syndicale et une réforme des inspecteurs du travail.

Principale nouveauté, l'essor de la formation continue tout au long de la vie. En créant un Compte Personnel de Formation (CPF), le gouvernement donne à tous les travailleurs dès leur entrée dans la vies active (donc potentiellement dès 16 ans, même un peu plus tôt pour les jeunes en apprentissage) un compte d'heures dédié à la formation. Principale nouveauté de ce compte, il va suivre son titulaire durant toute sa vie active. Que la personne change d'entreprise ou qu'elle se retrouve au chômage, elle pourra utiliser son compte d'heures pour se former et s'ouvrir de nouveaux horizons. Rappelons qu'à l'heure actuelle, les employés ont un DIF qui a la même finalité à la différence près que ce compte est remis à zéro dès la sortie de l'entreprise. Ce compte sera crédité tous les ans avec une limite à 150h en 9 ans.

Autre nouveauté dans le cadre de la formation professionnelle, son financement sera simplifiée avec une contribution unique par palier selon la taille de l'entreprise. Une partie de ce financement sera mutualisée pour aider les petites entreprises à fournir des offres de formations à leurs employés.

Ces deux nouveautés sont importantes pour garantir la maintenabilité dans l'emploi. On le sait depuis plusieurs années, une personne qui rentre dans la vie active dans une entreprise d'un certains domaine aura très peu de chance de faire toute sa carrière dans cette même entreprise et elle risque fort de finir sa carrière dans un autre secteur. Le monde change, les emplois changent, la seule façon pour les travailleurs de s'adapter à ces changements, c'est de pouvoir avoir un accès continu à une offre de formation sérieuse et réaliste afin de les accompagner au mieux dans les soubresauts de leur vie active.

Deuxième axe du projet de loi, la démocratie sociale. Tout d'abord il y aura enfin une mise en place d'une mesure de la représentativité des organisations patronales à l'instar de ce qui a été mis en place pour les organisations syndicales. Contrairement aux syndicats, les organisations patronales auront un poids selon leur nombre d'adhérents et non le résultat d'élection. Mais le principe reste globalement identique puisqu'une organisation sera représentative si ses adhérents représente au moins 8% des entreprises adhérentes à une organisation patronale.

Dans les phases de négociations, rappelons qu'aujourd'hui un accord est considéré comme conclu si le ou les organisations syndicales signataires représentent plus de 30% des salariés et si les opposants représentent moins de 50% des salariés. Demain, avec le nouveau projet de loi, il faudra également que les organisations patronales contre l'accord ne représentent pas 50% des entreprises pour que l'accord soit valide.

La principale conséquence de cette nouveauté va être une redistribution des cartes patronales et le MEDEF ne sera plus l'organisation toute puissante. Il va tout de même falloir attendre que les décomptes soient réalisés pour connaître le nouveau rapport de force entre le MEDEF et la CGPME par exemple.

Enfin, dernier axe du projet de loi, l'inspection du travail. L'organisation générale du contrôle du travail va être repensée. Des unités de contrôles vont être créées pour couvrir un territoire donné et vont accueillir de 8 à 12 inspecteurs. De plus des unités régionales spécialisées sur le travail illégal vont être créées. En revanche, les pouvoirs des agents ne seront pas modifiés, ils seront même mieux protégés puisque leur supérieur ne pourra plus les dessaisir d'un dossier.

De plus, les inspecteurs du travail pourront infliger des amendes aux entreprises via un principe de sanctions administratives quand aujourd'hui ils sont obligés de passer par la voie pénale.

Je pense que le contenu de ce billet le montre (et encore, j'ai zappé certains points), Michel Sapin se lance dans une nouveau grand chantier de modernisation et de clarification du monde du travail. Les employés seront mieux préparer à affronter l'avenir grâce à une meilleure approche de la formation continue, les syndicats et organisations patronales continuent à évoluer pour plus de transparence et pour une meilleure représentativité et enfin les contrôles sont confirmés et réorganisés pour essayer d'améliorer leur efficacité. Prochaine étape dans moins d'un mois à présent pour les débats à l'Assemblée Nationale.

mercredi 22 janvier 2014

Députés 3 - sénateurs 0

Le non cumul des mandats est enfin voté ! Il aura fallu défaire à deux reprises le texte amendé par les sénateurs pour y arriver. Il aura fallu attendre la lecture définitive à l'Assemblée Nationale pour y arriver. Aujourd'hui, nous y sommes !

La route fut longue. Nous aurons attendu de nombreuses années avant de débattre du sujet. François Hollande en avait fait la promesse, les députés l'ont suivi dès le premier passage du texte à l'Assemblée Nationale puisque le 9 juillet 2013, 300 députés avaient voté pour l'interdiction du cumul des mandats contre 228 qui avaient exprimé leur désaccord. Quand la parole fut donnée aux sénateurs, ils en ont profité pour redéfinir l'interdiction du cumul des mandats. En effet, selon eux les députés n'auraient pas le droit de cumuler avec un autre mandat d'exécutif local mais les sénateurs n'auraient quant à eux pas le droits de cumuler avec deux (et plus) autres mandats d'exécutif local !

Navette traditionnelle, le texte revient à l'Assemblée Nationale et les députés reviennent au texte d'origine. Le 20 novembre 2013, ils sont cette fois-ci 302 députés a voter pour l'interdiction du cumul de mandats alors qu'ils ne sont plus que 225 à vouloir continuer le cumul des casquettes. On s'en souvient, la semaine dernière le Sénat a persisté dans son refus de faire progresser le fonctionnement démocratique de nos institutions et a de nouveau voté pour que les sénateurs aient toujours le droit de cumuler avec au maximum un autre mandat d'exécutif local.

Il aura donc fallu la lecture définitive et un dernier vote à l'Assemblée Nationale pour adopter l'interdiction du cumul des mandats pour les députés, les députés européens et même les sénateurs. Aujourd'hui, on peut remercier les 313 députés qui ont voté pour l'interdiction. On pourra regretter que cette loi ne soit pas mise en place pour les élections municipales de cette année mais l'important est là, le cumul des mandats vit ses derniers jours.

Je tiens à saluer le courage du député communiste Patrice Carvalho (député de la circonscription qui m'a vu grandir). Après avoir voté contre le mariage pour tous, il a tenu bon et a voté contre le non-cumul. Il rejoint donc les 183 députés UMP (dont Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Copé, Patrick Balkany, Christian Estrosi, Jean-Pierre Decool, Marc Lefur).

A partir de 2017, aucun député, sénateur ou député européen ne pourra exercer une des fonctions suivante :
  • maire, maire d’arrondissement, maire délégué et d’adjoint au maire
  • président et vice-président d’un établissement public de coopération intercommunale
  • président et de vice-président de conseil départemental
  • président et de vice-président de conseil régional
  • président et de vice-président d’un syndicat mixte
  • président, de membre du conseil exécutif de Corse et de président de l’assemblée de Corse
  • président et de vice-président de l’assemblée de Guyane ou de l’assemblée de Martinique
  • président et de membre du conseil exécutif de Martinique
  • président, de vice-président et de membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
  • président et de vice-président du congrès de la Nouvelle-Calédonie
  • président et de vice-président d’une assemblée de province de la Nouvelle-Calédonie
  • président, de vice-président et de membre du gouvernement de la Polynésie française 
  • président et de vice-président de l’assemblée de la Polynésie française
  • président et de vice-président de l’assemblée territoriale des îles Wallis et Futuna
  • président et de vice-président du conseil territorial de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin, de Saint-Pierre-et-Miquelon
  • membre du conseil exécutif de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin, de Saint-Pierre-et-Miquelon
  • président et de vice-président de l’organe délibérant de toute autre collectivité territoriale créée par la loi
  • président de l’Assemblée des Français de l’étranger, de membre du Bureau de l’Assemblée des Français de l’étranger et de vice-président de conseil consulaire.

Bientôt nous pourrons oublier l'expression "député-maire". En attendant, ayons une pensée pour tous les députés et sénateurs qui se consacrent déjà uniquement à leur mandat, car aujourd'hui ils savent que 225 de leurs collègues pensent qu'ils sont des "sous-élus" sans lien réel avec leur circonscription. Pour celles et ceux qui sont opposés à l'interdiction du cumul des mandats, qu'ils se rassurent. L'UMP a déjà promis qu'ils abrogeraient cette loi dès 2017, tout comme ils promettent depuis 2000 d'abroger les 35 heures ou comme ils promettent de revenir sur le mariage pour tous...

mardi 21 janvier 2014

Pour que les femmes et les hommes naissent égaux en droits et le restent

Un gouvernement de gauche se distingue par rapport à un gouvernement de droite dans sa façon d’aborder les sujets économiques mais aussi dans sa façon d’aborder les sujets de société. D’ailleurs quand certains progrès sociétaux comme le droit à l’avortement sont acquis sous la droite, ce sont tout de même des sympathisants de droite qui descendent dans la rue 40 ans plus tard pour revenir sur ces avancées devenues entre temps des acquis.

Dans le gouvernement actuel, la loi sur le mariage pour tous les couples restera un moment fort du quinquennat et nul doute que dans 40 ans, on se souviendra encore de cette année 2013 comme on se souvient encore aujourd’hui de 1975 pour la loi Veil, de 1981 pour l’abolition de la peine de mort ou de 1999 (mais plus pour longtemps) pour le PACS. A coté de ces coups d’éclats, il y a aussi le travail de l’ombre, ces petits pas qui font de grandes avancées dont les résultats sont visibles à long termes sans que l’on se souvienne avec exactitude ce qui a permis d’en arriver là. C’est ce qu’est en train de préparer avec minutie, pas à pas, Najat Valaud-Belkacem. En ce moment est discuté à l’Assemblée Nationale un « grand » projet de loi sur l’égalité femmes-hommes. Ce projet de loi n’a pas pour but d’être révolutionnaire ni d’être le nouveau départ de la lutte pour l’égalité entre tous les citoyens quel que soit leur sexe. Ce projet est là pour continuer ce qui a été amorcé dans le passé afin d’essayer de faire avancer les choses un peu plus loin que ce que les lois actuelles le permettent.
Par cette loi, la ministre des droits des femmes souhaite s’attaquer à toutes les inégalités subies par les femmes sans avoir besoin de les prioriser. C’est pourquoi ce projet de loi traite des 8 points suivants :
  • De la violence faite aux femmes et de l’atteinte à leur dignité,
  • De la lutte contre les stéréotypes sexistes,
  • Du libre accès à la contraception et à l’IVG,
  • De la lutte contre la précarité des femmes,
  • De l’égalité professionnelle et salariale mais aussi de la mixité dans les métiers,
  • De l’équilibre dans les responsabilités parentales,
  • De l’accès des femmes aux principales fonctions électives,
  • De l’égalité d’accès à la création et à la diffusion d’œuvres culturelles.

On s’aperçoit trop souvent que tout est lié. Si l’emploi féminin est moins précaire, une femme vivant en couple sera moins dépendante de son conjoint pour assurer son niveau de vie et pourra plus facilement, en cas de violences exercées à son égard, quitter le domicile conjugal. De la même façon, si un jeune père est autant impliqué que la jeune mère dans le soin quotidien apporté aux nouveaux nés, en s’absentant plusieurs mois de son emploi ou en adaptant ses horaires, les raisons de moins bien rémunérer les femmes à cause de leur probable maternité vont disparaître d’elles-mêmes. C’est aussi en arrêtant d’inculquer dès leur plus jeune âge que les garçons sont naturellement directifs et que les femmes sont naturellement réservées et en favorisant en parallèle la programmation d’œuvres artistiques réalisées par des femmes (à la télévision, dans les sélections de concours, dans les théâtres, etc.) ou en montrant plus souvent de femmes élues à la tête d’exécutifs locaux ou nationaux que l’on réussira à faire naitre les mêmes vocations aux enfants ou adolescents, quel que soit leur sexe.

Sur tous ces dispositifs, seuls ceux exerçant une pression financière auront des résultats visibles immédiatement avec une rentrée d’argent mesurable. En revanche peu de résultats seront visibles à l’échelle du quinquennat puisque ce projet de loi a pour but de réussir à changer les mentalités en montrant que d’autres alternatives sont possibles. Au final, montrer que d’autres alternatives sont possibles, c’est ça l’égalité. Rester au foyer pour s’occuper de sa famille, travailler et monter les échelons de sa société, s’impliquer fortement dans le monde politique ou associatif, aucun de ces choix ne devraient être l’exclusivité d’un sexe ou d’un autre. Tout comme la crainte de son intégrité physique ou mentale, la peur d’une parentalité non désirée ou au contraire non imposée ne doit pas être l’exclusivité d’un sexe ou d’un autre.

Avec ce projet de loi, Najat Valaud-Belkacem agit pour que les femmes et les hommes naissent libres et égaux en droits et surtout pour qu’ils le restent.


Ce billet a été écrit et publié pour "l'édito des blogueurs" sur Mediavox.fr 

dimanche 19 janvier 2014

IVG, pourquoi se mobiliser pour un droit acquis il y a 40 ans ?

Photo prise à Place d'Italie #manifProIVG
Ça en devient une vilaine habitude, en début d'année je descend dans la rue pour manifester contre des revendications régressives. Aujourd'hui, on aurait pu se croire en 1975 puisqu'il fallait être présent pour défendre le droit à l'avortement. Le combat semble d'un autre âge et donc à première vue entièrement inutile. Une poignée de réactionnaires rétrogrades qui n'a toujours pas accepté une loi passée sous Valérie Giscard d'Estaing ne devrait pas réussir à mobiliser des féministes à répéter leurs combats menés il y a 40 ans. Pourtant tout nous a poussé à nous retrouver à Place d'Italie ce dimanche après-midi pour défendre ce droit à l'avortement.

Tout d'abord il y a la situation européenne. Nos voisins espagnols, qui ont voté en masse pour un gouvernement conservateur afin de les sortir de la crise économique, ont redécouvert qu'un parti politique ne défend pas qu'une vision économique mais également une vision sociétale. Résultat les femmes espagnoles se voient presque toutes privées d'un droit à l'avortement alors qu'il y a peu, elles étaient surement les femmes européennes ayant le plus de temps pour pouvoir faire leur choix. Bien sur, nos amis réactionnaires se sont empressés de prendre l'Espagne en exemple dans leur cortège rétrograde, même si 78% des Espagnols se déclarent contre cette mesure.

Ensuite il y a la situation locale. En ce moment, le gouvernement socialiste décide d'améliorer la loi en supprimant l'expression "que son état place dans une situation de détresse" de la phrase qui entame l'article L2212-1 du code de santé publique afin qu'elle devienne : 
La femme enceinte qui ne veut pas poursuivre une grossesse peut demander à un médecin l'interruption de sa grossesse. Cette interruption ne peut être pratiquée qu'avant la fin de la douzième semaine de grossesse.
Telle une néfaste conséquence, 16 députés UMP parmi lesquels Jean-Frédéric Poisson, Marc Lefur ou encore Jean-Pierre Decool ont décidé de mener leur combat jusqu'au bout en déposant un amendement visant à supprimer le remboursement des IVG par la sécurité sociale. On retrouve ici un autre cheval de bataille de cette droite réactionnaire. Ils font croire qu'ils sont ouverts à l'avortement, mais ils sont prêt à tout pour mettre des bâtons dans les roues des femmes qui veulent avorter : diminution du nombre de centres d'IVG et refuser le remboursement de l'acte. En effet, d'après ces gens, les moyens de contraception sont nombreux et relativement facile d'accès. Cela signifie que si des femmes tombent enceinte, c'est qu'elles l'ont "bien cherché". Pourtant ce raisonnement ne tient pas la route de la réalité puisque sur les 220 000 femmes subissant une IVG chaque année, 140 000 d'entre elles utilisaient une méthode contraceptive !

Enfin, et c'est presque la moindre des raisons, il est impensable de laisser s'exprimer ces gens sans riposter. Ce n'est pas parce qu'ils se pensent dans leur bon droit, dans une sorte de "croisade divine" avec la bénédiction du charmant pape François pour qui l'avortement est un acte horrible. Notre présence est somme toute dérisoire surtout qu'ils arrivent très bien à se décrédibiliser eux-mêmes, par exemple quand ils brandissent des pancartes citant le tristement célèbre Josef Mengele. Dans la manifestation, tout le monde éprouvait le regret de devoir encore et toujours se mobiliser pour un droit acquis il y a 40 ans. Aucune personne présente dans ce rassemblement ne pensait que l'avortement est un moyen de contraception et tous étaient d'accord pour dire qu'il est nécessaire de continuer de diffuser des informations pour bien choisir son moyen de contraception, de diffuser des informations pour que les femmes ayant des craintes sur leur grossesse et leur avenir puissent choisir en toute légitimité d'avorter ou non.

vendredi 17 janvier 2014

Johnny Hallyday, Instragram et le FISC

On ne le répétera jamais assez, si les réseaux sociaux sont très populaires et que beaucoup de personnes y trouvent des côtés particulièrement pratiques, ils n'en restent pas moins d'excellents mouchards de votre vie privée.

De nombreux exemples ont déjà été racontés sur des employés qui se sont fait licenciés pour avoir trop "parlé" sur Facebook, en disant du mal de leur entreprise ou en se faisant prendre loin du domicile en train de s'amuser alors que le congé officiel était un arrêt de travail. Ce problème est sérieux et même des sites comme Cadremploi en ont fait des articles.

La dernière nouveauté nous vient du réseau Instagram, ce site où l'on poste des photos agrémentées d'horribles filtres. Sur Instagram, il est possible de géolocaliser ses photos. Pratique, plus la peine de prendre le temps de préciser que le cliché de soleil couchant a été pris à St Barth et non à La Baule, tout le monde peut le voir dans les informations accompagnant la photo. Mais le problème est bien là, tout le monde peut voir ces informations. Du coup, si vous postez toutes les semaines des photos de vous à St Barth, difficile de faire croire que vous vivez en réalité dans un canton suisse plus de 6 mois par an...

C'est la mésaventure que vit actuellement le couple Hallyday. Des journalistes suisses ont trouvé étonnant le nombre de clichés postés par le couple sur le réseau Instragram pris loin des contrées helvétiques. Ils en ont donc fait une enquête qu'ils ont diffusé récemment sur la chaine RTS.

Les prudhommes ayant reconnu à plusieurs reprises la validité des preuves issues de réseaux sociaux, notre Johnny Hallyday national risque de nouveaux problèmes avec le fisc. La loi de programmation militaire récemment débattue inquiétait de nombreux internautes à cause de la possible intrusion de l'état dans la vie privée. Johnny nous montre une nouvelle fois que s'il est juste de s'inquiéter des risques d'atteinte à la vie privée, il est surtout important d'agir avec précaution lorsque l'on laisse des traces sur le net. Pas la peine d'enfreindre la sacro-sainte vie privée quand toute celle-ci est largement disponible à partir d'une simple requête sur google.

mercredi 15 janvier 2014

Julie Gayet étouffe la petite enfance

J'ai connu une époque où le think tank de gauche Terra Nova était un peu plus doué niveau communication qu'aujourd'hui. En effet comment peut-on espérer rendre visible la publication d'un rapport important sur la petite enfance si on le présente au public exactement à la même date et à la même heure que la conférence de presse présidentielle ?

C'est dommage car ce rapport aborde des points intéressants sur l'importance d'un bon démarrage dans la vie. François Hollande l'annonçait justement hier : "la jeunesse [est] notre engagement majeur sur le quinquennat." C'est pour elle que 100 000 emplois d'avenir ont été créés, c'est pour elle que le contrat de générations a été inventé, c'est également pour elle que 15% de jeunes supplémentaires ont été accueillis pour un service civique en 2013. C'est dans cette optique que Vincent Peillon a présenté aujourd'hui un plan pour l'éducation prioritaire, c'est à dire donner plus de chances aux élèves vivant dans les zones les moins favorisées afin d'aborder le mieux possible la vie active.

Le rapport de Terra Nova est assez pessimiste. D'après lui, tous les efforts du ministre de l'Education Nationale ne sont pas vains (heureusement) mais pourraient avoir de meilleurs résultats si l'attention était portée sur les enfants défavorisés dès leur plus jeune âge. D'après une étude américaine commencée il y a 40 ans, les personnes n'ayant pas suivi un programme intensif d'éveil à la crèche auront été moins nombreux à suivre des études supérieures ou à avoir un emploi qualifié que ceux ayant suivi des programmes d'éveil intensif.
En parallèle, Terra Nova pointe le fait que si l'on recense environ 20% d'enfants pauvres en France, seuls 8% d'enfants pauvres vont en crèche.

Leurs conclusions sont assez simples. Il est nécessaire d'augmenter le nombre d'enfants défavorisés en crèche afin de leur donner le plus de chance de réussite pour l'avenir. D'après ce rapport, un enfant de 4 ans pauvre aurait entendu 30 millions de mots de moins qu'un enfant du même âge vivant dans un milieu favorisé ! C'est pourquoi, en développant des crèches à hautes qualités éducatives et en permettant à toutes les familles, et surtout aux plus défavorisées, les enfants entreraient sur un pied d'égalité (ou presque) en CP pour apprendre à maitriser les bases de leur vie future.

mardi 14 janvier 2014

Le top 10 de la conférence de presse présidentielle

Coupons court à tout suspens, la conférence de presse du Président de la République m'a plu. J'avais publié hier mes prévisions et elles furent globalement juste. Je ne vais pas ce soir me lancer dans une analyse poussée des 2h30 de conférence de presse. En revanche, voici mon top 10 des propos présidentiels :

10- "J’ai un principe, c’est que les affaires privées se traitent en privé, dans une intimité respectueuse. Ce n’est ni le lieu ni le moment de le faire." 
Voici la réponse à la question autant attendue qu'inutile sur la vie privée du Président. Le journaliste du Figaro qui était en mission commandée et fut chargé, en tant que président de l'association de la presse présidentielle, d'ouvrir le bal des questions a montré un certains repenti sur son compte Twitter. Hélas, la réponse simple et claire n'aura pas empêché d'autres journalistes moins rigoureux de revenir sur le sujet (heureusement, ils ne furent pas nombreux). Seul point positif, je n'ai jamais vu une conférence de presse présidentielle intéresser tant mon entourage habituellement si peu intéressé par la chose politique. Si grâce à cette question ils peuvent entendre ce qu'est une lige politique social-démocrate, c'est toujours ça de gagné.

9- "Je ne réclame aucune modification de législation. Je suis contre les lois de circonstance."
Autre réponse à question sur les conséquences de la publication de Closer qui permet à François Hollande de faire un clin d'oeil à la politique sarkozyste du "1 fait divers, 1 loi". A ceux qui osent se poser la question, oui il y a bien une différence dans la façon de gouverner. On le verra encore dans les propos suivants.

8- "Nous, la France, nous n’interférons pas dans le choix des centrafricains. Nous, la France, nous veillerons à l’arrêt des exactions inter-religieuses. Nous travaillons avec l’ensemble des pays de la région pour que la Centrafrique ne soit pas mise sous tutelle. Ce qui nécessite des élections. Nous intervenons au nom d’un mandat de l’ONU. Ce que je veux, c'est sauver la population."
A propos de l'intervention Française en Centrafrique et après avoir rappelé que s'il y a 1600 soldats français, il y a également 4000 soldats africains sur place. La France n'est pas intervenue comme nouvelle force colonialiste. Elle est intervenue pour le bien de tous les Centrafricains et sous mandat de l'ONU. Elle partira quand sa mission aura réussi.

7- "Je veux ici rassurer les frileux, notamment à la veille de ce Parlement européen qui va être renouvelé, il ne faut pas avoir peur de l’Europe, il faut plutôt craindre qu’elle ne s’affaiblisse et qu’elle ne finisse par disparaitre."
A de nombreuses reprises (on le verra dans la suite de ce billet), François Hollande a voulu se montrer rassurant, a voulu redonner de la confiance et de l'espoir en l'avenir. En insistant sur l'importance d'une Europe forte, il a donné le meilleur appui aux forces pro-européennes (quelles que soit leurs places sur l'échiquier politique) pour les élections européennes à venir. Ce n'est pas en nous isolant que l'on deviendra plus fort. C'était vrai il y a 100 ans à l'aube de la 1ère guerre mondiale, c'était vrai il y a 62 ans lors de la mise en place de la CECA et c'est toujours d'actualité aujourd'hui. Son annonce du jour d'une volonté de relancer une Europe de la Défense autour du couple Franco-Allemand.

6- "Quand on arrive au pouvoir après dix ans d’opposition, on préfère annoncer des bonnes nouvelles que des mauvaises. Or, en arrivant, je n’avais que de mauvaises nouvelles à annoncer. Dans cette situation, qu’est ce que j’ai fait ? J’ai hésité ? De la même manière, sur le mariage pour tous, ce n’était pas facile. J’aurais pu dire : "les réformes de société , on verra ça plus tard." Je n’ai pas hésité, je n’ai jamais hésité."
A sa façon, c'est en se défendant d'avoir une politique flou que François Hollande remercie Jean-Marc Ayrault et Christiane Taubira d'avoir su se battre jusqu'au bout pour le mariage pour tous. Il met cette grande réforme sociétale au même niveau que sa politique économique mise en place dès le début du quinquennat pour lutter contre la dette publique et contre le chômage, les deux principales mauvaises nouvelles à gérer après 10 années de politique de droite.

5- "Je pense au débat sur la question de la fin de vie. Encore quelques cas particulièrement douloureux sont apparus dans l’actualité. J’avais commandé aujourd’hui un rapport très tôt dès mon arrivée. Le Comité consultatif d’éthique me remettra ses conclusions dans les prochaines semaines. La ministre de la Santé fera les consultations nécessaires pour qu’un accord, un accord le plus large possible puisse être trouvé sur un texte de loi."
Cette phrase fera dire à Claude Bartolone que François Hollande est un "président même pas peur". Comme lors de la précédente citation, il ne veut pas attendre la fin des problèmes économiques pour s'attaquer aux problèmes sociétaux. La fin de vie dans la dignité était une promesse de campagne, mais c'est surtout un sujet important qui ne peut être traité rapidement ou avec légèreté. On risque fort d'en entendre parler très prochainement dans nos blogs aussi bien dans la réacosphère que dans la gauchosphère...

4- "Suis-je social-démocrate ? Oui. Je ne suis pas gagné par le libéralisme. C’est l’Etat qui prend l’initiative. Je suis profondément attaché au dialogue social."
François Hollande profite d'une question sur sa posture sociale-démocrate pour tacler l'opposition de gauche qui le voit comme un vil libéral depuis le 31 décembre. Il rappelle son attachement, déjà plusieurs fois exprimé depuis la primaire socialiste, au dialogue social pour réformer le monde du travail. On va le voir ensuite, ce point est toujours présent quand il décrit son pacte de responsabilité.

3- "Elles [les contreparties] doivent être définies au niveau national et déclinées par branches professionnelles. Elles porteront sur des objectifs chiffrés d’embauches, d’insertion des jeunes, de travail des séniors, de qualité de l’emploi, de formation, d’ouvertures de négociations sur les rémunérations et la modernisation du dialogue social."
C'est un peu ce que je demandais dans mon billet d'hier. Des avantages seront donnés aux entreprises à condition qu'elles jouent le jeu de l'emploi et de l'employabilité. Elles joueront évidemment le jeu de l'emploi en en créant de nouveau. Elles pourront aussi, surtout si leur activité ne leur permet pas d'embaucher, améliorer les conditions de travail, améliorer la formation de leurs employés afin de les rendre moins exposés au chômage.

Je l'ai dit, François Hollande a voulu tout au long de sa conférence de presse redonner foi en l'avenir. C'est le sens des deux dernières citations que j'ai sélectionnées :

2- "Il faut que nos compatriotes aient moins peur de l’avenir car on va y arriver. Ce qui nous distingue des autres pays d’Europe, c’est le peu de confiance que nous avons en nous-même, le pessimisme qui nous étreint, le climat de doute. Il nous faut remettre de la confiance."
Cette confiance reviendra aussi avec des signes d'avenirs plus rassurants. Une baisse continue du chômage des jeunes, un meilleur taux de diplômés par génération font partis des points qui vont redonner confiance en l'avenir. La relance de la consommation, la fin de la baisse du pouvoir d'achat sera un autre signe encourageant. Mais tous les signes ne serviront à rien si nous nous refusons d'y croire. Il y aura toujours des personnes pour voir le verre à moitié vide. Il faudra être vigilant et ne pas oublier de le dire haut et fort quand les indicateurs passeront un à un au vert.

1- "Qu’est-ce que nous serons dans 10 ans, c’est à nous d’en décider aujourd’hui. C’est maintenant que la France dans 10 ans se prépare. Ce que je veux qu’elle soit : forte dans son économie, sinon il n’y a pas de diplomatie possible, pas d’influence internationale ; harmonieuse dans sa société, sinon, c’est la dislocation, la distorsion, les inégalités, les affrontements, les communautés." 
Le gouvernement avait déjà réalisé sa rentrée à l'automne sous le signe de la France en 2025. François Hollande réitère sa volonté d'avoir une France forte à l'avenir. La route est longue mais c'est en se donnant des objectifs ambitieux et positifs que l'on peut motiver et rassembler.