jeudi 27 février 2014

Copé victime des attaques incessantes du Point


Ces unes du Point qui ont blessé Copé
Que devient notre presse hebdomadaire nationale ? Hier, je me réjouissais que l’Express reconnaisse que les meilleurs maires soient socialistes. Aujourd’hui, c’est le Point qui révèle que Jean-François Copé a payé à une petite société de communication des prestations bien au-delà des prix du marché. Suite à ces annonces, nombreux sont ceux qui se sont posés la question de qui pouvait provenir l’info ? Il faut dire que Le Point ne nous avait pas habitué au journalisme d’enquête (non les prix de l’immobilier, le classement des grandes écoles et les francs-maçons ne sont pas des dossiers d’enquête). Pour Jean-François Copé, il y a surement des coupables à l’UMP, il devrait d’ailleurs attaquer le député UMP Lionel Tardy sur ce sujet. Mais le véritable coupable aux yeux de Jeff, c’est Le Point et son ex-patron Franz-Olivier Giesbert.

Je crois toujours que j’ai tout entendu de la part de Jean-François Copé et il arrive toujours à m’étonner ! Cette fois-ci, il y va fort. Pour le patron auto-proclamé de l’UMP, FOG attaquerait depuis des mois Nicolas Sarkozy et lui-même pour les détruire ! Des mois, il suffit d’ailleurs de regarder les dernières unes de l’hebdomadaire pour se rendre compte du mauvais traitement que réserve Le Point, cet hebdomadaire gauchiste, à l’UMP. Sur la dernière année, soit 52 numéros, le Point a fait sa couverture :
  • 6 fois sur les parias de la France (immigration, fonctionnaires, assistés, etc.),
  • 8 fois sur la médecine ou les hôpitaux,
  • 13 fois sur le gouvernement (et jamais avec un titre positif).
Le Point a bien fait 3 unes sur la droite :
  • les néo-conservateurs, sans cité Copé sur la couverture (28 novembre 2013),
  • une interview de Cécilia Sarkozy (3 octobre 2013),
  • Fillon en sauveur de la droite (28 mars 2013).
Voila le résumé de 12 mois d’attaque contre Jean-François Copé, la plus dure étant une photo de François Fillon. Sinon il est possible que Jean-François Copé trouve insultant de ne pas avoir eu son portrait en une de l’hebdomadaire depuis le 13 décembre 2012, à moins qu’il soit jaloux de ne pas avoir eu son nom cité sur le numéro du 13 juin 2013 : « ces mafias qui pillent la France ».

Cher Jean-François, ne fait pas ta victime. Tu as pensé arnaquer l’état Français en gonflant les factures de la campagne UMP à l’élection présidentielle. Manque de bol, ton candidat a perdu, ses comptes ont été retoqués et du coup tout le monde les a observés avec un peu plus d’attention. Ce n’est pas parce qu’un des hebdos les plus constants à droite (juste après le Figaro Magazine et surement juste devant Valeurs Actuelles) a osé t’attaquer que ça fait de toi une victime. Tu as joué, tu as perdu. Arrête d’essayer d’attaquer tout le monde et utilise ton énergie pour essayer de te défendre en expliquant au choix  que :
  • tu es une buse qui n’a pas conscience des prix,
  • c’est un coup monté de Dominique de Villepin pour te nuire mais que tu le pendras à un croc de boucher,
  • tu avais compris que c’était pour un contrat qui devait courir jusqu’à la fin de ta campagne de 2017.
Les excuses sonneront toujours faux, mais au moins tu donneras peut-être l’impression, pour une fois, d’assumer tes actes.

mercredi 26 février 2014

Les meilleurs maires sont socialistes

Les meilleurs maires sont socialistes. Ce n'est pas Harlem Désir qui le dit pour encourager les électeurs indécis à venir voter pour les candidats socialistes les 23 et 30 mars prochain, mais c'est l'Express, repris par le Figaro ! Sur les 10 premiers maires du classement, 8 sont socialistes, les deux autres sont Alain Juppé (à la 1ère place du classement) et le maire du Havre (10ème du classement). Ce classement a été réalisé en classant les maires des 34 plus grandes villes de France sur 9 critères : rayonnement personnel, culture, développement durable, transports urbains, urbanisme, fiscalité, développement économique, sécurité et solidarité.

Au final, on obtient le top10 suivant :
  1. Alain Juppé (Bordeaux)
  2. Gérard Collomb (Lyon)
  3. Martine Aubry (Lille)
  4. Roland Ries (Strasbourg)
  5. Michel Destot (Grenoble)
  6. Patrick Rimbert (Nantes)
  7. Bertrand Delanoë (Paris)
  8. Pierre Cohen (Toulouse)
  9. Jean-Louis Fousseret (Besançon)
  10. Edouard Philippe (Le Havre).
En regardant les classements par thématique, les sympathisants de droite seront peut être surpris de voir sur le podium de la thématique "sécurité" accaparé par des maires socialistes. Sur les 5 premiers de la thématique, seul Alain Juppé représente la droite à la 5ème place, derrière les maires de Limoges, Dijon, Angers et Saint-Etienne. Pas de trace de Christian Estrosi, le maire vidéo-surveillant de Nice dans les premières places du classement sécuritaire mais on retrouve à la 2ème place François Rebsamen, souvent pressenti pour obtenir un jour le portefeuille de ministre de l'Intérieur.

Ce classement des maires des 34 premières villes françaises est encourageant pour les élections à venir quand on sait que sur les 8 socialistes du top 10, 5 sont candidats à leur succession. Pour les autres communes, quelle que soit leur taille, seul la conclusion de cette enquête est à retenir, les meilleures maires sont socialistes. Souvenons-nous en les 23 et 30 mars prochain !

Encadrer les stages pour aider la jeunesse

Génération Précaire va devoir trouver un vrai slogan
La mode des stages n'est pas prête de prendre fin, ce n'est d'ailleurs pas l'objectif de la loi tendant au développement, à l'encadrement des stages et à l'amélioration du statut des stagiaires votée dans la nuit de lundi à mardi à l'Assemblée Nationale. Pourtant cette loi est porteuse de nombreuses avancées qui seront utiles aux futurs stagiaires et aussi aux chercheurs d'emploi. En effet, les stages sont utiles et bénéfiques à de nombreux jeunes, c'est pourquoi toutes les écoles supérieures et les universités demandent à leurs étudiants de réaliser différentes périodes de stages durant leur cursus. 

Si une entreprise est légalement obligée à payer tout stagiaire qui effectue un "stage dans un même organisme d'accueil de plus de 2 mois, consécutifs ou non, au cours de la même année scolaire ou universitaire", elle a le droit de ne payer ce stagiaire qu'en respectant un minimum de 12,5% du plafond horaire de la Sécurité Sociale. Une entreprise peut donc payer un stagiaire 436,05€ pour un mois de travail à temps plein, soit 3 fois moins qu'un smicard ! Il est donc nécessaire d'encadrer toujours un peu plus l'utilisation des stages en entreprises pour empêcher des entreprises de remplacer de véritables emplois par des stages. Il est donc heureux de lire dans la nouvelle loi :
Art. L. 124-7. – Aucune convention de stage ne peut être conclue pour exécuter une tâche régulière correspondant à un poste de travail permanent, pour faire face à un accroissement temporaire de l’activité de l’organisme d’accueil, pour occuper un emploi saisonnier ou pour remplacer un salarié en cas d’absence ou de suspension de son contrat de travail.
Art. L. 124-8. – Le nombre de stagiaires dont la convention de stage est en cours sur une même semaine civile dans l’organisme d’accueil ne peut pas être supérieur à un nombre fixé par décret en Conseil d’État.

La nouvelle loi cherche également à mieux encadrer les stagiaires par des représentants de leur établissement scolaire. Depuis la précédente réforme su statut du stagiaire datant de 2006, une convention de stage est obligatoire pour obtenir un stage afin d'interdire les stages hors cursus universitaire. Pour palier cette contrainte, certaines "écoles" (qui n'ont d'école que le terme inscrit sur une plaque) proposent la vente de conventions de stage, comme par exemple à la "Central Business Langage Education (CBLE)" située dans le 4ème arrondissement de Paris qui propose des sésames pour 580€. C'est assez cher payé, surtout si l'on est payé 436€ par mois... Pour essayer de contrer cette pratique (je dis bien essayé car il y aura toujours des personnes pour se faire de l'argent sur la précarité), la loi précise : 
Art. L. 124-2. – L’établissement d’enseignement est chargé :
1° D’appuyer et d’accompagner les élèves ou les étudiants dans leur recherche de périodes de formation en milieu professionnel ou de stages correspondant à leur cursus et à leurs aspirations et de favoriser un égal accès des élèves et des étudiants, respectivement aux périodes de formation en milieu professionnel et aux stages ;
2° De définir dans la convention, en lien avec l’organisme d’accueil et le stagiaire, les compétences à acquérir ou à développer au cours de la période de formation en milieu professionnel ou du stage et la manière dont ce temps s’inscrit dans le cursus de formation ;
3° De désigner un enseignant référent au sein des équipes pédagogiques de l’établissement qui s’assure du bon déroulé de la période de formation en milieu professionnel ou du stage et du respect des stipulations de la convention mentionnées à l’article L. 124-1. Le nombre de stagiaires suivis simultanément par un même enseignant référent et les modalités de ce suivi régulier sont fixés par décret
;
Le stagiaire devra donc être suivi par un enseignant référent qui ne pourra suivre qu'un nombre restreint de stagiaires. Ceux qui ont été stagiaires savent que s'ils voient leur référent une fois durant leur stage, c'est déjà beaucoup. On peut espérer que le suivi sera meilleur ainsi. Au moins, si le stage se passe mal, ce qui peut mettre en difficulté le stagiaire dans la recherche d'un emploi futur, le stagiaire pourra se retourner vers son enseignant référent. Il aura la loi avec lui. Mais le plus important pour le stagiaire, c'est d'être bien encadré dans l'entreprise où il est plus que d'être suivi par un enseignant. Il y a aussi un article de loi pour ça:
Art. L. 124-10. – Un tuteur de stage ne peut pas être désigné si, à la date de la conclusion de la convention, il est par ailleurs désigné en cette qualité dans un nombre de conventions prenant fin au delà de la semaine civile en cours supérieur à un nombre fixé par décret en Conseil d’État.

Dans le cadre de son stage, le stagiaire, s'il ne doit pas remplir une mission correspondant à un véritable emploi. Pourtant il aura le droit, dès que son stage dépasse les 2 mois, à une protection similaire aux employés, dont la principale mesure est liée à la parentalité:
Art. L. 124-13. – En cas de grossesse, de paternité ou d’adoption, le stagiaire bénéficie de congés et d’autorisations d’absence d’une durée équivalente à celles prévues pour les salariés aux articles L. 1225-16 à L. 1225-28, L. 1225-35, L. 1225-37 et L. 1225-46 du code du travail
Mais également, il ne doit pas effectuer un stage dangereux pour sa santé :
« Il est interdit de confier au stagiaire des tâches dangereuses pour sa santé ou sa sécurité.

Il est bien d'essayer de protéger le stagiaire contre les abus, mais qu'est-il prévu pour dissuader réellement l'entreprise de ne pas mal employer ses stagiaires ? Elle risque des amendes dont le montant est quatre fois plus élevé que la rémunération d'un stagiaire. 
Art. L. 124-17. – La méconnaissance des articles L. 124-8 et L. 124-14 est constatée par les agents de contrôle de l’inspection du travail mentionnés aux articles L. 8112-1 et L. 8112-5 du code du travail.
Les manquements sont passibles d’une amende administrative prononcée par l’autorité administrative.
Le montant de l’amende est d’au plus 2 000 € par stagiaire concerné par le manquement et d’au plus 4 000 € en cas de réitération dans un délai d’un an à compter du jour de la notification de la première amende.
Le délai de prescription de l’action de l’administration pour la sanction du manquement par une amende administrative est de deux années révolues à compter du jour où le manquement a été commis.
L’amende est recouvrée comme les créances de l’État étrangères à l’impôt et au domaine
.
Et si un employé souhaite contester devant les prudhommes la qualification de son stage pour le requalifier en contrat de travail, alors les prudhommes auront un mois maximum pour statuer sur le sujet :
Art. L. 1454-5. – Lorsque le conseil de prudhommes est saisi d’une demande de requalification en contrat de travail d’une période de formation en milieu professionnel ou d’un stage mentionnés à l’article L. 124-1 du code de l’éducation, l’affaire est directement portée devant le bureau de jugement qui statue au fond dans un délai d’un mois suivant sa saisine.
 
Dans son engagement n°39 de campagne présidentielle, François Hollande voulait créer une allocation d'étude et de formation (c'est fait), donner une impulsions aux échanges entre universités françaises et étrangères (c'est fait avec la loi Fioraso), abroger la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers (c'est fait aussi), encadrer les stages pour éviter les abus, c'est enfin fait grâce à cette nouvelle loi.

mardi 25 février 2014

Ce remaniement qui vient

Ça fera plus d’un an que de nombreux médias ou partis le réclament. A force de prédire qu’il va arriver, un jour où l’autre il sera. L’Opinion l’annonce pour les jours à venir, avant le 1er tour des municipales. Libération croit savoir qu’il ne faudra pas attendre le verdict des européennes. Jean-François Copé l’appelle de ses vœux toutes les semaines et a réitéré sa demande suite à la manifestation de Nantes. Quand ce tant attendu remaniement va-t-il arriver ? Et surtout que va-t-il nous réserver comme surprise ?

Sans être Madame Irma, il me semble difficile d’imaginer un remaniement avant le moindre résultat électoral. François Hollande est confiant du cap qu’il suit. Un remaniement au début du mois de mars n’aurait pour signification que la reconnaissance de sa nécessité mais qu’il serait arrivé trop tard. La seule explication d’une telle urgence pourrait être la sortie précipitée d’un groupe politique du gouvernement. Ce sur quoi Jean-François Copé montre son inculture. Pourquoi le gouvernement éclaterait sur le sujet de Notre-Dame-Des-Landes ? Le sujet est connu et fait parti des désaccord dans l’accord législatif signé entre Europe Ecologie-Les Verts et le PS, au même titre que l’EPR de Flamanville. Les leaders d’Europe Ecologie-Les Verts sont dans leur droit et ils en usent avec tact.

Un remaniement entre les élections municipales et les élections européennes serait plus probable. Il serait être peut-être même indispensable si le PS subissait une grande défaite le soir du 2ème tour des municipales. Il serait un signe aux électeurs que François Hollande a compris une partie de leurs attentes. Juste avant les élections européennes, François Hollande donnerait un coup de pouce au PS en insufflant du dynamisme et un nouvel angle d’observation politique.

Enfin, un remaniement pourrait avoir lieu après les européennes, aussi bien en juin qu’en septembre ou en 2015. Ce n’est pas tant la période du remaniement qui compte que le sens que l’on veut lui donner. En choisissant un remaniement post-électoral, il sera nécessaire de prendre en compte les attentes des électeurs. Ça pourrait signifier l’entrée de composantes du Front de Gauche au gouvernement si la gauche du PS réalise un gros score. Ou une alliance avec le centre et peut-être la confirmation de l’aile sociale-démocrate. On s’orienterait alors vers une confirmation de la politique menée depuis le début du quinquennat qui sans me déplaire, ne ravira probablement pas les Français qui se détournent de François Hollande mois après mois dans les sondages de popularité.

Je pense que l’heure du remaniement approche. J’aime l’idée d’un remaniement entre les deux échéances électorales, cela donnerait un coup de fouet à l’élection européenne et pourrait éviter une défaite. Ce remaniement ne doit pas être une conséquence électorale mais un nouveau départ après 2 ans de gouvernement. 

François Hollande a engagé la confiance de son gouvernement dans la réalisation de son pacte de responsabilité. Pour le deuxième acte du quinquennat, le Président doit partir sur une équipe resserrée et centrée sur les ténors de l’ancien. Manuel Valls, Christiane Taubira, Najat Vallaud-Belkacem, Michel Sapin et Pierre Moscovici doivent être de la nouvelle équipe ministérielle.
Valls et Taubira pour poursuivre leur politique et mener à bien la grande réforme pénale tant attendue par l’électorat de gauche. Les trois autres s’adapteraient à tous les principaux postes. Pourquoi pas Pierre Moscovici aux Affaires Etrangères ? Sapin poursuivrait son excellent travail de dialogue social mis en place depuis 2012 au ministère du travail tout en prenant les rennes de Bercy ou de Matignon. L’important, c’est que l’ensemble du gouvernement soit pleinement impliqué dans 3 grandes réformes : la réforme fiscale avec la fusion de l’impôt sur le revenu avec la CSG, la réforme pénale avec la fin des peines planchers et de la politique du tout carcéral, la réforme de la famille avec le statut des beaux-parents et, si le conseil de l’éthique va dans ce sens, la PMA pour les couples de femmes lesbiennes.

Il ne sert à rien de demander un remaniement juste pour le remaniement. La politique restera celle de François Hollande. Une politique sociale-démocrate qui ne satisfera pas le Front de Gauche. Une politique qui restera toujours progressiste et humaniste et qui donnera toujours des boutons aux réactionnaires de l’UMP. Si en plus l’OCDE nous dit enfin que la courbe du chômage s’est bien inversée lors du dernier trimestre 2013, alors seul un remaniement esthétique ne sera à prévoir, au grand dam des éditorialistes du Point, du Figaro et consorts.


Ce billet a été écrit et publié pour "l'édito des blogueurs" sur Mediavox.fr 

dimanche 23 février 2014

La "vraie gauche" : la nostalgie de l'URSS et la peur d'Israel

Il y a des sujets plus difficiles à traiter que d'autres, surtout lorsqu'on écrit depuis son canapé en France. L'Ukraine en est un tout particulier. Il est donc intéressant de lire le traitement de ce sujet dans la presse et chez les blogueurs, surtout chez certains qui ont l'habitude de traiter de la politique étrangère. Ce week-end, j'ai bien peur d'y avoir découvert de bien tristes choses.

Le billet qui m'a marqué, pour ne pas dire choqué, est le billet de Bab-el-Ouest. Ce blogueur du Front de Gauche publie "Ukraine : Israël, ce grand absent... si présent ! (Eva R-sistons)". En se basant sur un billet d'une soit-disante journaliste indépendante (je dis soit-disant car j'ai du mal à donner de la crédibilité à une personne qui se dit journaliste mais emploie le mot "meRdia" à longueur de phrases), le camarade Bab se dit convaincu qu'Israël est "bien présent dans l'entreprise de déstabilisation de l'Ukraine" !

J'ai de l'amitié pour Bab et souvent ses billets pour la défense de la cause palestinienne sont bons. Hélas, ce week-end j'ai bien peur qu'il n'ait traversé une sérieuse ligne rouge. Est-ce parce que les manifestants Ukrainiens ont osé se mobiliser contre l'asservissement à la Russie et réclamer une politique plus orientée vers l'Union Européenne que Bab ou d'autres ont décidé de faire bloc autour du président Ianoukovitch ? Est-ce à cause d'un réflexe et d'une nostalgie de la grande URSS que nos camarades de cette "vraie gauche" intègre et gardienne de la vraie idéologie de gauche mondiale refuse de voir que c'est bien le gouvernement ukrainien qui a ordonné l'envoi de chars dans le centre-ville de Kiev ou de Lviv ? Par simple nostalgie de cette URSS disparue, ces blogueurs préfèrent défendre un président violent, probablement corrompu, qui s'obstine à vouloir échanger uniquement avec la Russie et refuse de s'ouvrir à l'ouest.

Mais ce n'est pas la défense de Ianoukovitch, ni une supposée nostalgie de l'URSS qui fait qu'un blogueur Front de Gauche franchisse la ligne rouge, c'est en partant dans un délire complet sur le nouveau complot mondial ourdi par Israël. Notre blogueur, mis sur la piste par cette pseudo journaliste, croit savoir que c'est Israël qui est à l'origine des manifestations ukrainiennes. Ianoukovitch est un président aimé de l'intégralité de son peuple mais le Mossad (services secrets israéliens) et Tsahal (armée israélienne) se sont arrangés pour envoyer un ancien (?) agent secret israélien pour déstabiliser ce grand pays qu'est l'Ukraine. Il semblerait que ce soit la télé ukrainienne qui ait sorti l'info. Mais les extraits proposés ne montrent pas d'images ukrainiennes mais un extrait du journal télé mis en ligne par presstv.ir. Ce site à l'extension ".ir" n'est pas irlandais, il ne semble pas être ukrainien non plus. Non ce site d'information est iranien. Comme les Iraniens ne sont pas à leur coup d'essai pour essayer d'impliquer Israël dans tous les travers du monde, difficile de donner beaucoup de crédits à cette information. Et même si... L'extrait vidéo évoque un agent israélien accompagné de 20 personnes. Avez-vous vu les images du centre ville de Kiev ? Avez-vous vu le nombre de manifestants tués sous les balles de l'armée ukrainienne ? Pensez-vous réellement que tous ces ukrainiens se seraient battus durant 3 mois simplement sous l'influence d'un agent israélien et de ses 20 personnes sous ses ordres ?

Les événements de ce week-end mettent fin à 3 mois de mobilisation et de violence dans les 2 principales villes d'Ukraine. Dans ces manifestations, il y a eu des ultra-nationalistes, il y a peut-être eu un Israélien, il y a surtout eu des milliers d'Ukrainiens dont au moins une centaine sont morts pour avoir dit non au système politique de Ianoukovitch. Quand on veut donner la place au peuple, difficile de comprendre cette défense du pouvoir. Il est encore plus difficile à comprendre ces attaques proches, trop proches de l'antisémitisme. J'espère que ce que j'ai lu ce week-end n'est pas le véritable visage de cette "vraie gauche" donneuse de leçon même si en lisant ces lignes, je comprends un peu mieux comment des Farida Belghoul ou des Alain Soral ont pu avoir leur place à gauche de la gauche avant de retrouver leur véritable famille, celle de l'extrême-droite.

vendredi 21 février 2014

Une loi sur le logement qui a de l'ALUR

Avec la loi ALUR (ALUR pour Accès au Logement et un Urbanisme Rénové), c'est une sacrée loi qui vient d'être votée par l'Assemblée Nationale. Tout d'abord sacrée loi pour l'importance de son contenu, avec 88 articles de loi qui couvrent 10 points concernant aussi bien les locataires ou les futurs locataires, les propriétaires et les agences immobilières. C'est aussi une sacrée loi au niveau symbolique puisque si cette nouvelle loi n'a pas pour but de révolutionner le monde de l'immobilier, elle a tout de même vocation de devenir une pierre angulaire dans la facilitation de l'accès au logement pour de nombreux Français.

Dans les grandes lignes, que va permettre ALUR ? 
  • Les loyers qui vont être encadrés par la loi, là où ils l'étaient par décret depuis l'élection de François Hollande. 
  • La création d'une garantie universelle des loyers qui va protéger les propriétaires des impayés et qui va accompagner les locataires en difficultés financières.
  • C'est plus de transparence. Plus de transparence dans les honoraires des syndics mais aussi plus de transparence dans l'obtention de logements sociaux. De plus pour les logements sociaux, la procédure va être simplifiée avec la création d'un dossier unique.
  • Les marchands de listes seront plus encadrés pour mettre fin à la pratique bien trop courante de vente de listes ne contenant que des logements déjà loués.
  • Une meilleure protection de l'environnement en donnant plus de pouvoirs aux intercommunalités pour la constitution de Plan Locaux d'Urbanisme avec pour objectif de limiter l'étalement urbain.
  • La création d'un véritable statut de la colocation

Pour plus d'infos sur le sujet, il y a le dossier de presse mis en ligne sur le site du ministère de l'égalité des territoires et du logement et surtout cette belle et complète infographie mise en ligne par les services de Cécile Duflot :

jeudi 20 février 2014

Entre ici, grandes Femmes !

Il y a bientôt 50 ans, en décembre 1964, André Malraux prononçait ces mots en l'honneur du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon:
Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi — et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé. Avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses. Avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle — nos frères dans l'ordre de la Nuit…
Comme le disait Malraux, Jean Moulin entrait au Panthéon pour son action mais aussi pour que vive la mémoire de tous les résistants et les déportés victimes des nazis. En entrant au Panthéon, il rejoignait ces grands Hommes dont la Patrie est reconnaissante.

50 ans plus tard, ce vendredi, François Hollande devrait annoncer l'arrivée de 4 nouveaux "grands Hommes", tous ont eu à faire aux nazis ou à leurs alliés: Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay. 

Depuis quelques mois, de nombreuses associations féministes (mais pas uniquement) menaient un combat pour faire entrer plus de femmes au Panthéon. Leur collectif pour des femmes au Panthéon propose une liste de grandes Femmes où l'on retrouve Louise Michel, Olympe de Gouges, Simone de Beauvoir et aussi Germaine Tillion. On peut penser que leur lobby a porté ses fruits puisqu'avec ces nouvelles entrées, le nombre de femmes au Panthéon va doubler ! Autre grande nouveauté, les deux femmes qui entreront, entreront seules, sans leur époux, contrairement aux deux précédentes femmes, Marie Curie et Sophie Berthelot.

Je ne pense pas qu'il faille chercher à tout prix à atteindre une parité sous le dôme et dans la crypte du Panthéon, surtout que les premiers à y être entrés (Voltaire et Rousseau), l'ont fait respectivement en 1791 et 1794. Cela fait un sacré retard à rattraper. En revanche, j'aime l'idée que Bruno Nassim Aboudrar, professeur d'université, a développé dans une tribune pour Libération en janvier dernier. Pour ce professeur, il n'est pas obligatoire de chercher une "Grande Femme" à faire entrer au Panthéon mais une de ces femmes anonymes qui se sont battues pour leur pays. L'auteur de la tribune souligne que nombreux des 70 locataires du Panthéon sont d'illustres inconnus alors pourquoi ne pas rendre hommage à femmes dont le nom ne sont pas connus de la majorité des Français :
Jugées à l’aune de la majorité des hôtes de la sépulture, ce n’est pas Tillion ou Joséphine Baker qu’il y faudrait faire rentrer, mais telle infirmière dévouée, telle financière avisée (elle tiendrait compagnie à Jean-Frédéric Perregaux, directeur de la Banque de France), une magistrate. Mais, quand il suffit à un homme d’avoir été «grand», et souvent très petitement grand, il faut à une femme avoir été immense pour que sa dépouille prétende à la reconnaissance de la patrie.

A défaut de suivre ces conseils, soulignons le choix de François Hollande de vouloir faire entrer 2 grandes Femmes. Nous ne sommes pas obligés de faire du nombre en transférant de nombreuses femmes pour corriger les choix du passé. En revanche, il est un symbole de vouloir faire entrer à présent soit que des femmes, soit un nombre égal de femmes et d'hommes. Ainsi la mère Patrie pourra être reconnaissante de ses fils comme de ses filles.

mercredi 19 février 2014

Est-on obligé de regarder Arte ?

Pour ce mercredi soir, Arte a programmé à 20h50 le très beau film Tomboy de Céline Sciamma. Tomboy, c'est l'histoire d'une petite fille d'une dizaine d'années, Laure, qui vient d'emménager dans une nouvelle ville. La petite fille profite de ne connaitre personne pour se faire passer pour un garçon de son âge et prend le prénom de Mickaël. Durant les 80 minutes que dure le film, on verra évoluer cet enfant au sein de son nouveau groupe d'amis et dans sa famille. Vous voyez le genre ?

A l'instar d'une Christine Boutin qui se plaignait l'an dernier que "la mode c'est les gays" et qu'avec le film "La vie d'Adèle", on était "envahis par les gays" (à qui je souhaite bon courage dans 10 jours avec la cérémonie des Césars), c'est au tour de Civitas, entre autres, de s'en prendre au film Tomboy. Cela fait plusieurs mois que ce film fait polémique dans les milieux religieux extrémistes traditionnels pour être diffusé dans le cadre scolaire via un partenariat avec le CNC au même titre que d'autres excellents films comme "This is England" de Shane Meadows, "Persepolis" de Marjane Satrapi ou "Joue la comme Beckham" de Gurinder Chadha. La nouveauté est que l'association de catholiques modérés Civitas a décidé de s'en prendre au Service Public et plus précisément d'harceler Arte car ils ont osé programmé Tomboy à 20h50 ! En quoi ce film devrait-il être interdit de diffusion dans les écoles ou à la télévision à 20h50 ? Comme vous pouvez le voir sur l'illustration de ce billet, même nos voisins britanniques l'ont classé "U", c'est à dire regardable par des enfants, soit dans la même catégorie que "Turbo l'escargot" ou "Les Schtroumfs 2".

Chers catholiques traditionnels et réactionnaires, au risque de vous surprendre, cela fait de nombreuses années que les possesseurs d'un téléviseur ont le choix entre plusieurs chaines. Cela fera d'ailleurs 50 ans ce 25 juillet qu'une 2ème chaine de télévision est proposée en France. Aujourd'hui, vous avez le choix entre 24 chaines gratuites. Et vous vous attaquez à Arte et ses 2% de part de marché car ils osent programmer un film qui vous déplait ? Dans ce cas là, pourquoi n'harcelez vous pas M6 quand ils programment "Mon curé chez les nudistes" de Robert Thomas, ou France3 quand ils programment "La cage aux folles" d'Edouard Molinaro ? Surtout comment osez-vous laisser vos tendres ouailles regarder "Allo Nabilla" sur NRJ12 ou "Le grans splash" sur TF1 ?

Certes en harcelant le standard téléphonique d'Arte, vous êtes moins dangereux qu'il y a deux ans quand vous usiez de la violence pour interrompre une représentation au Théâtre de la Ville. Vous démontrez tout de même une singulière vision de la liberté d'expression. Si les forces de l'ordre vous interpelle, vous hurlez à la "dictature socialiste" mais vous n'hésitez pas à faire pression pour censurer les oeuvres littéraires, cinématographiques ou théâtrales qui vous déplaisent. 

Standardistes d'Arte, je vous souhaite bien du courage pour supporter les appels de ces fanatiques. J'espère simplement que la pub que fait Civitas pour ce film serve enfin et que mercredi soir Arte réalise une de ses plus belles audiences. Ce serait mérité pour cet excellent film qui mérite vraiment d'être vu.

mardi 18 février 2014

François Hollande face à la critique bête et méchante

Stop bashing !, le site qui fait du bien aux citoyens
Dans trois mois François Hollande va fêter son 2ème anniversaire à l'Elysée. Sa côte de popularité est au plus bas et il semble difficile de penser la voir baisser encore plus. Depuis 2 ans, l'opposition de droite fait son boulot et tire à boulets rouges sur l'action gouvernementale, quitte à se dédire... Le précédent gouvernement met en place les portiques écotaxe ? Les mêmes soutiendront les Bonnets Rouges dans leur combat contre les portiques. Le précédent gouvernement redéfinit les attributions de l'Education Nationale en précisant dans la loi que le ministre « contribue à la définition et à la mise en œuvre de la politique du Gouvernement en matière d'égalité des chances et de lutte contre les discriminations ». Dans ce cadre, l'UMP écrit en 2011 dans sa définition du pacte républicain qu' « il faut aider les filles et les garçons à percevoir positivement leur genre et celui du sexe opposé ». Deux ans et demi plus tard, d'anciens ministres comme Bruno Lemaire annonce que l'école primaire n'est là que pour apprendre à lire, écrire et compter et que le reste n'est que du ressort des parents... De la même façon Rachida Dati n'hésite pas à critiquer publiquement Christiane Taubira pour une application d'une loi judiciaire mise en place en 2009 par elle-même.

Si seule l'opposition de droite se ridiculisait en revenant sur ses propres lois, François Hollande serait bien plus haut dans les sondages. Mais il manque une union à gauche. On s'attendait à voir un Jean-Luc Mélenchon donner de la voix. Il le faisait déjà durant le campagne présidentielle contre le candidat Hollande, il continue sur le même registre après l'élection. En tapant de manière irréfléchie contre la politique de François Hollande, il ne fait pas le jeu de sa formation politique mais pousse les Français à se dire que la gauche au pouvoir est un échec.
On s'attendait un peu moins à voir une minorité de membres influents du Parti Socialiste se joindre au flot de critiques ambiantes. Bien sur qu'ils ont en partie raison et que d'autres politiques sont possibles. Mais en critiquant ouvertement le gouvernement, eux aussi font le jeu de l'opposition. Surtout que cette opposition de principe ne respecte en rien le choix des Français qui furent plus de 3 millions à venir voter lors de la primaire citoyenne et faire ressortir assez largement François Hollande (et non l'aile gauche du PS). Ils ne respectent pas non plus le choix des militants socialistes qui ne furent que 13 % à voter pour la motion portée par l'aile gauche du PS.

Avec toutes ces critiques venant de partout, on en oublie que le gouvernement a à son actif de belles réalisations. Commençons pas la réalisation la moins remarquée, la politique d'immigration de Manuel Valls. Depuis 2012, le ministre de l'Intérieur a abolit la circulaire Guéant qui empêchait les étudiants étrangers qui obtenaient un diplôme en France d'entrer dans la vie active dans ce pays. Il a également respecté la promesse électorale de François Hollande en assouplissant les critères de naturalisation, résultats, en 2013 les indicateurs sont à la hausse (+ 6 % de visas étudiants ; + 13 % de naturalisations).
Autre grand marqueur socialiste, l'action de Michel Sapin au Ministère du Travail où il réalise un boulot monstre pour redonner un sens au dialogue social. Depuis 2 ans, aucun projet de loi impactant le monde du travail n'est réalisé sans un accord avec les partenaires sociaux. On est loin du mépris sarkoziste envers ces mêmes syndicats.
Dernier exemple, la lutte contre le chômage. Bien sur la courbe générale du chômage n'a pas pu être inversée avant la fin de l'année 2013 même si elle a vu sa première baisse depuis avril 2011. En revanche il y a moins de chômeurs de moins de 25 ans en décembre 2013 qu'il y en avait en janvier 2013.

Il est l'heure de se ressaisir. Après 10 années de critiques de gouvernements de droite, la gauche et surtout le PS doit savoir arrêter sa critique à tout va pour insister sur les réussites du gouvernement. La côte de popularité du président de la République et surtout les succès aux futures échéances électorales sont en jeu. Il est temps d'arrêter le bashing gouvernemental. Le gouvernement aura besoin de soutiens pour faire passer la future réforme pénale, pour continuer sa campagne pour plus de créations d'emplois, pour continuer le redressement du pays.



Ce billet a été écrit et publié pour "l'édito des blogueurs" sur Mediavox.fr 

jeudi 13 février 2014

Quand le FN surfe sur les rumeurs racistes

En octobre dernier je décidais d'aborder avec humour une étrange rumeur voulant que le département de Seine-Saint-Denis paye des villes de province pour accueillir des familles noires. A l'époque, j'avais pris le parti de l'humour puisque je ne pouvais imaginer d'autres réactions à une histoire si insensée. Cette rumeur allait pourtant déjà trop loin puisque la maire de la ville de Niort finit par craquer et déposa plainte après que cette rumeur l'accusa de s'être mariée en cachette à un Noir. 

Comment peut-on croire une telle rumeur ? Comment réussir à penser que si on a l'impression qu'il y a plus d'habitants noirs en ville qu'il y a quelques années, c'est uniquement parce que le Conseil Général de Seine-Saint-Denis loue (vend?) une partie de sa population noire ! Quel degré de racisme faut-il atteindre pour croire qu'un département puisse être propriétaire d'êtres humains et qu'il puisse choisir de les envoyer où bon lui semble ? La Seine-Saint-Denis peut-elle se comporter comme un maître esclavagiste et faire de la traite d'humains ? Comment a-t-on pu en arriver là ?

En octobre dernier, j'écrivais : "Je ne sais pas comment lutter contre ces inepties mais il va être important dans les mois qui viennent d’être vigilant pour ne pas les laisser prospérer, surtout quand elles fleurent bon le racisme et la xénophobie." Hélas, il s'avère nécessaire d'être vigilant. Récemment, un candidat aux municipales du Mans a repris cette rumeur en déclarant que "des cars entiers de Noirs étaient déversés au Mans". Ce candidat est Louis Noguès et se présente dans la Sarthe sous les couleurs du Front National. Cet homme est-il une nouvelle "erreur de casting" du Front National dans sa tentative dédiabolisation ? A première vue non et même loin de là ! 

Une personnalité de poids est venu le défendre puisque ses propos sont validés par la présidente du Front National, Marine Le Pen elle-même. Quand un journaliste l'interroge si elle croit cette incroyable "rumeur du 9-3", l'égérie de l'extrême-droite déclare "La question est "est-ce que c'est vrai" ? Moi je crois que c'est vrai, et je le dis sur toutes les antennes, et j'assume tout à fait. C'est vrai." Elle en fait même un devoir de révéler à la France entière ce terrible secret que les journalistes et la classe politique s'évertue à cacher aux Français.

En cautionnant de telles inepties, le FN continue de montrer son véritable visage, celui qui aurait du disparaître pour en faire un parti républicain que l'on empêche d'accéder au pouvoir. En réalité, et ces propos vont bien dans ce sens, le FN est un parti fondamentalement raciste. C'est un parti qui n'hésite pas à mentir pour alimenter des peurs irraisonnées chez des électeurs perdus alors qu'ils ont besoin d'être rassurés sur le monde dans lequel ils vivent. Faire d'une rumeur ignoble un argument de campagne, il fallait oser, le FN l'a fait ! Quel sera le prochain argument du FN ? Des homos musulmans vont aller dans les écoles primaires pour masturber des enfants ? Des francs-maçons sionistes organisent un détournement les dizièmes de centimes du montant des pleins d'essence pour construire une ville secrète qui leur servira d'abris pour la prochaine fin du monde ? Dans tous les cas, jamais je ne croirais cette rumeur disant que le FN a changé.

mardi 11 février 2014

Municipales 2014, attention de ne pas se tromper d’élection

Le premier tour des élections municipales se tiendra le 23 mars prochain, soit dans un mois et demi. Dans de nombreuses communes l’issue du scrutin est encore incertaine. Que ce soit dans des grandes villes comme à Marseille ou à Paris (même si la confiance ne semble pas étouffer la droite) ou dans de plus petites villes, on peut s’attendre à quelques alternances. Pourtant malgré cette incertitude, la droite semble d’ors et déjà s’attendre à une large victoire. Ce comportement semble assez logiques puisqu’ils ne s’attendent jamais à rien d’autres que la victoire. Pour eux, tout pouvoir perdu suite à une élection est un mandat perdu illégitimement.
 
Dans cette campagne pour les municipales, tous les opposants au Parti Socialiste tentent de surfer sur la mauvaise côte de popularité qui colle à la peau de François Hollande. A Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet préfère sortir des arguments de campagne tel que « voter Anne Hidalgo revient à voter François Hollande » plutôt que d’argumenter en quoi son projet pour Paris permettrait à la capitale d’être une ville toujours autant attractive et toujours aussi agréable à vivre dans 6 ans. L’argument de NKM est sympathique. Il rappelle d’une part que voter NKM, c’est un peu voter Sarkozy puisqu’elle fut la porte-parole de Nicolas Sarkozy durant sa très droitière campagne (pour ne pas dire sa campagne d’extrême-droite) de 2012. Elle montre également par cet argument qu’elle n’arrive pas à dissocier la politique locale de la politique nationale. Un maire d’une ville, même aussi importante que Paris, ne donne pas les mêmes prérogatives que diriger un état. Pour réussir à faire évoluer une ville, la rendre toujours plus attractive, il faut savoir innover, user d’autres leviers que les impôts ou les taxes pour faire venir les entreprises, pour financer la création artistique ou la construction de logements. A croire que Nathalie Kosciusko-Morizet ne voit dans cette élection parisienne qu’un marche-pied pour de futures responsabilités nationales.

Il n’y a pas que la droite qui tombe dans le piège du « Hollande-bashing ». Toujours à Paris, le Parti de Gauche ne fait campagne que contre la politique du gouvernement ! Contre l’austérité, contre la politique de l’emploi, mais rien pour Paris, rien pour les Parisiens, voilà le résumé du programme de la candidate qui agit localement comme Jean-Luc Mélenchon s’agite à l’échelle nationale, toujours des remises en causes mais jamais de propositions, et encore moins en respectant les moyens et les prérogatives existantes.
Je ne suis pas sûr que les électeurs soient dupes. Les 23 et 30 mars prochains, il ne s’agit pas d’un referendum pour ou contre la politique du gouvernement mais d’une élection sur l’avenir d’une localité. Quel que soit le résultat du vote le 30 mars au soir, Jean-Marc Ayrault sera toujours Premier Ministre (au moins pour quelques semaines) et François Hollande sera toujours président au moins jusqu’en mai 2017. En revanche, quel que soit le résultat, le ou la maire élu(e) le sera jusqu’en 2020. En 6 ans, il est possible de faire beaucoup de mal à une municipalité, comme peuvent s’en souvenir les habitants de Toulon, Vitrolles et Marignane qui ont connu les façons de gérer du Front National, mais comme peuvent s’en souvenir également les habitants d’Henin-Beaumont qui ont vu leurs impôts locaux augmenter de 88 % entre 2001 et 2009 (principalement à cause des malversations de l’ancien maire PS qui dirigea la ville jusqu’en 2008).

Je ne cherche bien évidemment pas à me désolidariser de mon gouvernement dont je reste persuadé qu’il agit de la bonne manière et qu’aucun autre candidat de 2012 n’aurait fait mieux. En mars prochain, il va falloir savoir faire la part des choses entre les actions à mener pour une ville et les actions menées au sommet de l’Etat. Ces élections municipales auront un résultat bien plus concret et bien plus rapide que toutes les actions gouvernementales mises en place. Les 23 et 30 mars prochain, il s’agira de voter pour une politique locale innovante comme celle qu’a pu mener Catherine Quignon le Tyrant à Montdidier en municipalisant l’eau ou la cantine pour réduire les coûts quotidiens des habitants. Il s’agira de voter pour une politique respectueuse du tissu associatif surtout que ces associations sont amenées à être de plus en plus importantes dans la vie locale avec la réforme des rythmes scolaires, réforme qui a besoin de fonctionner en intelligence avec les associations pour fonctionner comme l’a montré le maire socialiste de Narbonne, Jacques Bascou.

A la fin mars 2014, il sera important de ne pas se tromper d’élection et de voter pour un projet municipal et non contre une action gouvernementale. Et pour ceux qui veulent à tout prix donner une résonance nationale à leur vote, il y a toujours la vision à moyen terme et la future élection sénatoriale. Comme le rappelait un ami blogueur, voter pour une municipalité de gauche, c’est voter pour tout un conseil municipal mais c’est aussi la dernière chance « de mettre en oeuvre la réforme constitutionnelle qui permettrait aux étrangers de voter aux élections locales en France » puisque c’est « du nombre de conseillers municipaux de gauche qui seront élus [que] dépendra le nombre de postes de sénateurs qui basculeront à gauche. »

Futurs électeurs, ne faites pas la même erreur que ces opposants de droite comme de gauche. Ne vous trompez pas d’élection, les 23 et 30 mars prochains, vous allez être appelés à voter pour la future gouvernance de votre ville, non pas pour donner un carton jaune ou un carton rouge au gouvernement en place.


Ce billet a été écrit et publié pour "l'édito des blogueurs" sur Mediavox.fr 

La droite régressive

Jean-François Copé à poil
Ce n'est pas toujours facile d'être dans l'opposition. Bientôt 2 ans après leur éviction du pouvoir, certains ont encore du mal à se mettre au travail pour faire de leur parti une force de propositions alternatives contre le gouvernement socialiste. A la place, ils préfèrent succomber aux charmes d'une poignée de militants plus bruyant que les autres et surtout bien plus réactionnaires.

C'est comme ça qu'on en arrive à ce qu'un premier parti d'opposition préfère parler littérature jeunesse plutôt que de politique. Jean-François Copé s'est trouvé un nouveau cheval de bataille, le livre pour enfant "Tous à poil". Ce livre est bien trop subversif pour le président auto-proclamé de l'UMP qui s'insurge que l'on puisse expliquer aux enfants qu'il ne faut pas aller se baigner tout habiller...

Conséquence néfaste de cette attaque copéenne sortie de nul part, les jeunes réactionnaires du Printemps Français se sont crus adouber d'une légitimité présidentielle pour demander à certains maires le retrait des bibliothèques municipales de livres tels que "tous à poil" mais aussi d'ouvrages bien plus dangereux comme "Tango a deux papas" ou "Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi ?". Leur combat est tellement absurde que de nombreux maires difficilement suspectables de connivences avec la menace LGBTI (Versailles, St Germain en Lay) restent sans voix. Le maire du Chesnay (lui non plus ne semble pourtant pas proche du pouvoir dictatorial socialiste) se moque de ce combat : "Si il faut retirer tous les livres qui posent un problème de philosophie, je ne suis pas sûr qu’il reste beaucoup de livres dans les bibliothèques".

Ces derniers éléments sont inquiétants pour la droite. Si le combat du Printemps Français confirme l'idée que la Manif Pour Tous tend à devenir un "Tea Party" à la française, cette tendance semble se propager au sein de l'UMP. Cela se confirme quand on compare les axes de batailles des deux partis. Le Tea Party s'était fait remarquer, entre autre, pour vouloir réécrire les livres scolaires afin de les rendre plus proches de leur idéologie moyenâgeuse, c'est à dire en rendant obligatoire l'apprentissage du créationnisme dans les cours d'histoire. L'UMP aujourd'hui n'hésite pas à cautionner les appels au retrait des enfants de l'école pour leur éviter un supposé endoctrinement à la théorie du genre par des lobbyistes LGBTI.

Toute cette pudibonderie de la part de Jean-François Copé et d'autres me fait rappeler cet épisode qui m'avait bien fait rire à l'époque. Silvio Berlusconi avait fait voilé un sein nu sur une peinture qui servait de toile de fond dans la salle de presse où il intervenait. Le même Silvio Berlusconi qui n'hésite pas à organiser des soirées "bunga bunga" avec de nombreuses jeunes (parfois trop jeunes) femmes était gêné par une peinture datant du 18ème siècle ! 

Sarkozy voulait en finir avec l'héritage de mai 68, ses successeurs sont bien partis pour en finir avec le 20ème siècle et revenir à la douce époque du 19ème siècle, cette époque où les rouges se faisaient tuer à coups de canons et où l'on construisait des basiliques pour expier les péchés.