mardi 27 mai 2014

Non, Jeff, t'es pas tout seul



En ces moments difficiles pour Jean-François Copé, une petite pensée en chanson:

Non, Jeff, t’es pas tout seul
Mais arrête de pleurer
Comme ça devant tout l’monde
Parce qu’un libanais
Parce qu’un faux ami
T’a relaissé tomber.
Non, Jeff, t’es pas tout seul
Mais tu sais qu’tu fais honte
A t’faire pincer comme ça
Bêtement devant tout l’monde
Parce qu’un président nain
T’a claqué dans les mains.
Non, Jeff, t’es pas tout seul
Mais tu fais honte à voir
La France se paie ta tête
Foutons l’camp de c’foutoir
Viens, Jeff, viens, viens, viens !

{Refrain:}
Viens, il me reste trois sous
On va aller s’les boire
Chez l’père Myard
Viens, Jeff, viens
Viens, il me reste trois sous
Et si c’est pas assez
Ben il m’restera la caiss’noire
Puis on ira manger
Du pain et puis du chocolat
Du chocolat et puis du pain
Et du Yop groseille
Et si t’es encore triste
On ira voir les filles
Chez Ziad Takiedinne
Paraît qu’y en a d’nouvelles
On arnaquera comme avant
On s’ra bien tous les deux
Comme quand on était jeunes
Comme quand c’était le temps
Que t’avais d’l’argent

Non, Jeff, t’es pas tout seul
Mais arrête tes grimaces
Soulève tes vieux lingots
Fais bouger ta carcasse
Je sais qut’as le cœur gros
Mais il faut le soulever, Jeff
Non Jeff t’es pas tout seul
Mais arrête de sangloter
Arrête de te répandre
Arrête de répéter
Qu’ils veulent tous ta peau
Qu’ils veulent tout te prendre
Non, Jeff, t’es pas tout seul
Mais c’est plus un parloir
Ca d’vient un cinéma
Où les gens viennent te voir
Viens, Jeff, allez viens, viens !

{Refrain:}

Viens, il me reste un soutien
Je l’contacterai pour toi
Et on s’ra patrac
Jeff, viens, viens
Comme quand on était mômes,
Même que j’aimais pas ça
T’imiteras l’Chirac
Jeff,
Puis on s’trouvera un banc
On parlera d’la Santé
Où c’est qu’on va aller, tu sais
Quand on verra les flics
Jeff, viens
Et si t’es encore triste
Ou rien qu’si t’en as l’air
J’te raconterai comment
Tu reviendras maire
On s’ra bien tous les deux
On r’chantera comme avant
Comme quand on était chéris
Jeff
Comme quand c’était l’temps
D’avant qu’on soit pourris

Allez viens Jeff, viens
Ouais ! Ouais, Jeff, ouais, viens !

lundi 26 mai 2014

Le FN premier parti de France ?

Le FN premier parti de France, c'est le rêve de Marine Le Pen. C'est la crainte de nombreux démocrates de droite comme de gauche. C'est aussi la grande question de ce lendemain d'élections européennes. Le Monde s'est même fendu d'un long article de décryptage sur le thème "Peut-on relativiser le score du FN ?"
Infographie issue de Liberation.fr

On peut se cacher derrière le taux d'abstention à l'échelle national. On peut essayer de se dédouaner à gauche en accusant qui de la gauche radicale, qui de la gauche de gouvernement. Il reste une carte de France métropolitaine qui reste largement de couleur bleu marine. Pire encore, si on zoome sur cet hexagone bleu marine, on s'aperçoit que dans certains départements, il n'y a même pas 5 communes où la gauche (de l'extrême-gauche aux écologistes) est arrivée en tête ! Je suis même extrêmement attristé de voir que 3 départements n'ont pas la moindre commune où un parti de gauche est majoritaire, surtout que j'ai un lien personnel fort avec deux départements d'entre eux.

Nord 0
Oise 0
Loiret 0
Pas de Calais 1
Eure 1
Rhône 1
Eure et Loir 2
Marne 2
Haut Rhin 2
Haute Savoie 2
Alpes maritime 2
Var 2
Bouches du Rhône 2
Val d'Oise 2
Mayenne 2
Somme 3
Cher 3
Loir et Cher 3
Sarthe 4
Vendée 4
Aube 4

Cette liste indique, pour les 21 départements le plus à droite, le nombre de communes où une liste de gauche a fini en tête. Ce n'est pas visible dans ce tableau, mais dans tous ces départements, le FN est arrivé en tête dans une majorité de communes, à l'exception du département de la Mayenne où c'est l'UDI qui est arrivé en tête dans 90% des communes.

Cette situation ne peut pas être relativisée. Elle est d'autant plus inquiétante si on compare ces résultats départementaux avec la couleur politique de leur conseil général puisque nombre d'entre aux ont un président de conseil général de gauche (comme le Nord par exemple). 

Cette situation montre bien l'échec de toute la Gauche. Europe Ecologie-Les Verts qui avait eu le droit à une belle victoire pour sa première campagne européenne n'a pas confirmé pour sa seconde campagne. Leur départ du gouvernement ne les aura pas sauvé. Le Front de Gauche n'a pas évolué depuis 2009. Jean-Luc Mélenchon voulait que son parti soit le pire ennemi du FN. Depuis la présidentielle de 2012 et pour tous les scrutins suivants, c'est lui qui s'est incliné face au FN. Pourtant Mélenchon ne change toujours pas de registre, continue à parler de système UMPS (comme les Le Pen), et continue à taper uniquement sur le gouvernement. Le Parti Socialiste n'est pas exempt de tout reproche. A voir le nombre de départements largement FN au sein de la circonscription du Nord-Ouest, on peut se poser des questions sur la stratégie d'avoir Gilles Pargneaux en tête de liste une nouvelle fois. Surtout qu'en face de lui, à l'UMP, il avait Jérôme Lavrilleux, un des principaux visés dans l'affaire Bygmalion. 

Il est peut être temps de se demander s'il n'est pas temps d'enterrer la hache de guerre à gauche. Si le gouvernement mettait un peu d'eau dans son vin de rigueur et si le Front de Gauche se comportait de façon plus productive et moins assassine, nous pourrions imaginer une nouvelle alliance des gauches, surement la seule façon de faire barrage au FN et à une UMP toujours plus droitière pour les prochaines échéances électorales.

A trop se mater le nombril, on finit par perdre pied

Résultats issus du Monde.fr
Cette soirée électorale est triste. Elle est triste car il n'y a pas eu cette surprise de dernière minute qui aurait pousser les abstentionnistes à se décider de venir voter pour faire barrage contre les idées anti-européennes véhiculées par le FN. Cette soirée est triste car ce n'est pas la France qui loupe le virage progressiste européen mais une très large partie de l'Europe. Cette soirée est triste car il est difficile de trouver une lueur d'espoir dans ce fracas électoral.

Au niveau national, on ne peut pas sous estimer la défaite de l'ensemble de la gauche. Le Parti Socialiste réussit à faire un peu moins bien qu'en 2009, ce qui prouve qu'il est nécessaire de renouveler ses listes. En reprenant la plupart des têtes de listes de 2009, comment espérer créer un enthousiasme qui fut cruellement absent lors de la précédente campagne ? Une jeune génération d'européens convaincus existe au PS, c'est à Solférino de les mettre en avant régulièrement dans les 5 années à venir pour qu'ils soient connus et crédibles pour l'échéance de 2019. En 2009, la Gauche pouvait se cacher derrière le bon score des écologistes. Cette année, ni eux, ni l'opposition Mélenchoniste n'a réussi à faire recette sur la déception du début du quinquennat de François Hollande.
Si la Gauche a perdu, la droite également. Elle réussit à perdre plusieurs points alors qu'elle est dans l'opposition cette fois-ci. Preuve pour l'UMP que faire campagne uniquement sur le refus de François Hollande ne paye pas dans une élection européenne. Dommage que leur seule analyse ce soir reste qu'il s'agit d'une défaite du Président de la République. Ce sont tous les partis qui doivent se poser des questions sur comment faire pour provoquer de nouveau l'adhésion sur leurs idées.

Au niveau européen, la France semble être partie pour être LA mauvaise élève en étant le pays où l'extrême-droite est le plus en force et finit en tête. On est talonné de près par le Danemark, avec la principale différence que le Danemark apporte 13 députés au Parlement Européen alors que la France en amène 74. Le Royaume Uni devrait apporter aussi son lot de députés eurosceptiques et racistes avec le bon score de l'UKIP. Seul espoir dans cette montée du populisme et de l'euroscepticisme, tous ces partis européens ne sont pas fichus de s'entendre et devraient être dans des groupes parlementaires distincts, s'ils arrivent à fonder des groupes parlementaires. Il n'empêche que toutes ces voix fantômes ne seront surement pas suffisantes pour faire régresser l'Union Européenne mais devraient être un sacré frein pour les idées progressistes dont l'Union Européenne a besoin pour toucher de nouveau les citoyens européens.

Ce soir, c'est l'Union Européenne qui a perdu. Trop coupée de ses concitoyens, les messages d'exaspérations sont venus de presque tous les pays. Au final, c'est le PPE qui fini en tête, le même parti qui était majoritaire les 10 précédentes années. Jean-Claude Juncker, l'homme qui a donné un autre sens à la finance luxembourgeoise, l'un des principaux de la troika qui a mis la Grèce au sol, devrait prendre la présidence de la Commission Européenne et difficile de croire qu'il soit plus intéressant que son prédécesseur José Manuel Barroso.

Les européennes dans le 4ème arrondissement de Paris

Dernier meeting socialiste aux Blancs Manteaux
Si la soirée électorale est loin d'être réjouissante, les chiffres de mon 4ème arrondissement son séduisants. Tout d'abord grâce à une participation de 55,77%, bien au dessus de la moyenne nationale.

Voici les résultats de l'arrondissement et l'évolution par rapport à 2009) :
  1. PS et PRG : 22,5% (+ 7 points)
  2. UMP : 21,98% (-6,7 points)
  3. EELV : 14,15% (-17,3 points)
  4. UDI-Modem : 13,13% (+4,7 points - par rapport à la liste Modem)
  5. FN : 8,34% (+6, 15 points)
  6. FdG : 4,53% (+0,4 point)
Ces chiffres sont étonnants. En 2009, l'élection européenne s'était tenu un an après une large victoire de Dominique Bertinotti aux municipales. Le catastrophique Congrès de Reims et la bonne campagne des jeunes Europe Ecologie-Les Verts avaient placé le PS loin derrière les 2 premiers. Cette année, quelques semaines après la courte victoire de Christophe Girard aux municipales, le PS retrouve sa place de 1er parti de l'arrondissement.

Ces résultats sont encourageants pour la suite de l'aventure politique dans cet arrondissement à gauche depuis 2001. La gauche reste bien implantée, même dans une élection réputée difficile pour les partis au pouvoir.

vendredi 23 mai 2014

Relançons l'Europe ! la vidéo

L'an dernier, j'ai eu la chance de participer à Lyon à une rencontre initiée par le groupe "Socialistes & Démocrates" au Parlement Européen : Relançons l'Europe. J'y ai eu l'honneur de m'entretenir personnellement avec Hannes Swoboda (président du groupe parlementaire) et Sylvie Guillaume (vice-présidente du groupe). A Lyon, nous avions discuté et échangé sur l'intégration et l'immigration, sur les moyens d'actions des parlementaires européens sur le sujet et des différents problèmes mais aussi des différentes solutions selon les pays. Ce fut l'occasion pour les participants d'être particulièrement touchés par l'expérience de Cécile Kyenge, pas encore ministre italienne issue de l'immigration.

Hannes Swoboda avait pour objectif de réaliser ce grand voyage à travers les 28 pays européens pour discuter d'une thématique différente à chaque rencontre. Il aura bouclé son périple en presque deux ans. Deux années résumées en 10 minutes de vidéo qui résument les idées et les propositions abordées. Excellente vidéo puisque l'on m'y aperçoit, tout comme Sylvie Guillaume (de nouveau candidate dans le Sud-Est), et que l'on y entend Cécile Kyenge.

Il est possible de relancer l'Europe, pour cela il faut encourager une vision alternative de l'Union Européenne, plus humaine, plus équitable. Pour encourager cette vision de l'Europe, rien de plus simple. Il faut se déplacer ce dimanche dans son bureau de vote et glisser dans l'urne le bulletin du Parti Socialiste et du Parti Socialiste Européen, pour que le groupe "Socialistes & Démocrates" soit le premier groupe de parlementaires pour les cinq ans à venir.


Pour relire mon compte-rendu de cette excellente soirée de débat : http://www.jepense-jecris.fr/2013/04/relancons-leurope.html

jeudi 22 mai 2014

3 visions de l'Europe

La ligne d'arrivée de la course à l'Europe se rapproche à grande vitesse. Le samedi 24, les ultra-marins vont se rendre aux urnes. Le dimanche 25, ce sont les métropolitains qui seront appelés à se déplacer pour choisir leurs députés européens. Mais devant l'avalanche de candidatures et avec tout ce que l'on peut entendre pour l'Europe, pourquoi et surtout pour qui se déplacer ? Trois grandes visions de l'Europe s'opposent dans cette campagne.

La 1ère est une vision mortelle de l'Union Européenne. Pour eux, l'Europe ne serait qu'un continent et où la France aurait des pays voisins. Comme dans une grande ville, ces voisins seraient des inconnus dont il faudrait se méfier comme de la peste puisque la plupart d'entre seraient au choix : pauvres, voleurs, roublards, et tous, simplement différents. Pour les défenseurs de cette vision nationaliste, il est impossible et inenvisageable de vivre, travailler, légiférer avec ces étrangers. Dans un monde ouvert, où la communication entre Brest et Bucarest est aussi simple et rapide qu'un coup de fil à sa grand-mère, ils ont choisi de faire campagne sur le repli sur soi, sur l'ignorance et surtout sur la peur de son voisin. Leur vision est tellement archaïque qu'elle est révolue depuis la fin du XIXème siècle. Le plus inquiétant est que cette vision serait en phase de remporter la majorité des suffrages exprimés. Heureusement que cette majorité exprimée est encore loin d'être la majorité des Français.

La seconde vision est une vision purement intéressée de l'Union Européenne. Pour eux l'Europe est synonyme de bénéfices, de parts de marché. La droite européenne veut une Europe libre et progressive. Le problème est qu'ils ne veulent la liberté que pour les patrons d'entreprises. A eux la liberté de choisir où ils veulent produire, où ils veulent vendre et avec les règles qu'ils veulent. Pour eux le progrès ne vaut que s'il est acheté par tous. En revanche, ne leur parler pas de droits sociaux ou humains. La contraception ou l'avortement peut être remis en cause, les frontières peuvent être fermées aux hommes, du moment qu'ils ont la garantie qu'ils pourront toujours faire affaire avec leur voisin, tout va bien. Ce n'est pas un projet européen qu'ils défendent mais une vision conservatrice de l'Europe. Ils ne sont toujours pas entré dans l'Union Européenne mais veulent défendre le Communauté Economique Européenne. Ils sont bloqués à la fin du XXème siècle. Peu importe les droits fondamentaux, les programmes d'échanges étudiant ou la lutte contre les discriminations, tout ceci n'est que de l'argent dépensé sans impact immédiat sur leur PIB, c'est donc de l'argent de perdu.

Enfin la troisième est dernière vision de l'Union Européenne, une vision économique, humaniste, progressiste et pacifiste. Les Socialistes européens veulent faire avancer l'Europe pour que toute personne y vivant ait les mêmes droits, les mêmes avantages et les mêmes devoirs que leurs voisins.
Tout européen qui travaille a le droit à un salaire minimum décent, non pas un salaire minimum identique à tous les pays européens mais un salaire adapté au niveau de vie de son pays, soit 60% du salaire médian du pays. La garantie d'un salaire minimum partout en Europe serait un progrès humain pour tous les travailleurs mais aussi un progrès économique pour toutes les entreprises. Finie la concurrence déloyale où certaines entreprises auraient le droit d'embaucher des salariés à 3€ de l'heure alors que 100 km plus loin l'entreprise concurrente aurait à payer 9,30€ de l'heure ses salariés pour le même boulot.
Toute européenne doit avoir le même droit de disposer de son corps. Il est anormal que l'Irlande et Malte interdisent toujours l'avortement, tout comme il est anormal que l'Espagne puisse revenir sur sa législation sur l'IVG sans être inquiétée par l'Union Européenne. D'une manière générale, l'Union Européenne doit avoir un réel pouvoir contraignant et pénalisant contre les pays qui ne traiteraient pas correctement tous leurs résidents, quelle que soit leur citoyenneté, leur genre ou leur sexualité.
Cette vision, portée par le Parti Socialiste en France et par l'ensemble des partis composant le Parti Socialiste Européen (PSE), est une vision économique, humaine et solidaire. C'est la vision européenne du XXIème siècle.

Trois visions de l'Europe radicalement différentes, de nombreux partis souvent politiquement non identifiés, parfois nationalistes, rarement unis autour d'une vision commune et globale de l'Europe, cela fait de nombreuses raisons pour trouver son compte dans l'offre proposée dans cette élection. Le 25 mai, pour que notre Europe ne soit plus celle des 10 dernières années, pour qu'elle ne soit plus l'Europe unie des conservateurs, pour qu'elle ne soit plus celle rêvée par Barroso et Juncker, une seule solution, le Parti Socialiste et le Parti Radical de Gauche de Pervenche Berès, de Guillaume Balas, de Sylvie Guillaume, d'Edouard Martin, de Catherine Trautmann, d'Isabelle Thomas, d'Emmanuel Maurel, de Gilles Pargneaux, de Virginie Rozière, de Jean-Paul Denanot, de Philippe Le Constant, de Marie-Claude Tjibaou et de Martin Schulz.

mardi 20 mai 2014

Guaino la Justice

Si j'étais à l'UMP, certains jours je me dirais que c'est trop gros, que certaines personnes essayent de saboter notre campagne électorale en sortant des affaires invraisemblables. Comment oser penser que des personnes sensées puissent dépenser 20 millions d'euros dont une bonne partie dans l'organisation d'événements fictifs ou d'une envergure bien moindre que ne le laisserait penser le coût de l'organisation ? Il y a d'autres jours, comme aujourd'hui, où je me dirais que vu les bras cassés qui ont accompagné au plus près le précédent président, il est encore incroyable que ce parti arrive encore à convaincre des électeurs.

Comment qualifier l'acte de bravoure du député Henri Guaino qui demande lui-même à l'Assemblée Nationale de l'empêcher d'être inquiété par la Justice ? Ce député est accusé d'avoir "cherché à jeter le discrédit sur un acte ou une décision juridictionnelle, dans des conditions de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice ou à son indépendance". En effet, alors que le juge Gentil mettait en examen Nicolas Sarkozy, Henri Guaino a ouvertement critiqué une décision d'un juge mais mis en doute le travail de ce juge. Petit florilège du 22 mars 2013:
  • "Est-ce qu’on pouvait imaginer qualification plus grotesque, accusation plus insupportable."
  • "Je trouve que cette décision est irresponsable parce qu’elle n’a pas tenu compte des conséquences qu’elle pouvait avoir sur l’image du pays."
  • "je conteste la façon dont il a fait son travail, je la trouve indigne, voilà je le dis, il a déshonoré un homme, il a déshonoré des institutions, il a aussi déshonoré la justice".
Rebelote le 25 mars 2013:
  • "Cette accusation est honteuse, je le répète."
  • "Je l’ai dit, je trouve que le juge dans cette affaire a déshonoré la justice"
  •  "Mais pourquoi l’a-t-on fait ? Parce qu’on n’avait rien d’autre ? C’est une salissure."

Ce député réclame donc la suspension des poursuites pour outrages à magistrat. Sa résolution déposée à l'Assemblée Nationale est fournie et détaille longuement pourquoi il demande cette faveur. Il rappelle, à juste titre, que cette procédure a déjà été utilisée sous le 3ème, 4ème et 5ème République. Pour l'actuelle république, il rappelle même les précédents :
"En 1963, la première a été déposée par André Bord pour le député Raymond Schmittlein poursuivi pour un délit de presse.

En 1980, la deuxième demande a été déposée par Gaston Defferre pour huit députés socialistes, dont Jean Auroux, Claude Evin, Laurent Fabius, François Mitterrand, poursuivis, pour six d’entre eux, pour avoir enfreint la loi en participant à des émissions sur des radios libres et, pour les deux autres, pour avoir participé à des manifestations ayant entravé la circulation des trains.

La même année, Robert Ballanger a demandé la suspension des poursuites engagées contre Maurice Nilès, député communiste, également pour sa participation à des émissions sur des radios libres.
"

La majeure partie de ces demandes de suspension de poursuite concerne des poursuites liées à une participation à des radios libres, certes interdites à l'époque, mais autorisées dès 1982 par le gouvernement socialiste, composé de nombreuses personnes impliquées dans la demande de suspension déposée par Gaston Deferre. Je n'ai pas trop de difficultés à considérer qu'il est moins grave pour les libertés individuelles et collectives de participer à une émission de radio que de mettre ouvertement en doute le travail de le justice. Ne serait-ce qu'au niveau de l'exemplarité de la fonction d'élu, comment peut-on être appelé à légiférer sur des projets de loi ayant traits à la Justice (notamment dans les semaines à venir) quand on ne respecte pas la fonction de juge dès que ce dernier agit contre vos propres intérêts.

Par sa demande de suspension, Henri Guaino montre qu'il ne se considère pas comme un simple citoyen mais comme un citoyen au dessus des lois, pouvant publiquement dénigrer la volonté de travailler d'un juge. Henri Guaino est accusé car il a exprimé sa volonté qu'un Président de la République ne puisse pas être jugé durant son mandat mais ne puisse pas non plus être jugé après son mandat, pour des faits datant d'avant son élection. 

Si je comprends bien monsieur Guaino, les députés ne seraient pas soumis à la Justice française au même titre que les autres citoyens. Mieux encore, d'après lui, une fois élu, un Président de la République gagnerait une immunité à vie pour toutes ses actions, afin de ne pas entacher l'image de la France. Les républiques bananières n'ont pas leur image entachée par leur président intouchable ? Les monarchies n'ont pas leur image entachée par leur famille royale intouchable ? Monsieur Guaino devrait réfléchir. C'est en faisant respecter le droit que l'on redore l'image d'un pays, pas en demandant publiquement des passe-droits. 

Au final, ce n'est même pas la peine d'en faire tout un plat parce qu'Henri Guaino n'a trouvé personne osant appuyer sa résolution de suspension. Sa demande, qu'elle soit déposée par lui ou par Jean-François Copé, est assez éloquente pour ne pas en rajouter.

lundi 19 mai 2014

Carton rouge pour Jean-François Copé

Jean-François Copé est un homme profondément choqué et ça commence à se voir. Heureusement, Jean-François n'est pas toujours choqué au plus profond de lui-même, surtout quand son parti gagne des élections. Ces jours là, la joie l'envahit comme un Franck Leboeuf en demi-finale de Coupe du Monde.

A chaque élection, Jean-François Copé appelle ses électeurs à donner un carton rouge au gouvernement. En décembre 2012, après quelques victoires en législatives partielles, l'UMP publie sur son site que cette victoire est "presque un carton rouge envoyé à Paris et au couple exécutif Hollande-Ayrault". Entre les deux-tours des municipales, Jean-François voit la victoire de l'UMP se concrétiser, du coup il annonce aux militants que "la mobilisation doit s'amplifier et passer du carton jaune adressé au premier tour au carton rouge à l'occasion du second tour". Du coup, pour les élections européennes, Copé remet sa casquette d'entraineur sportif et propose dès le mois d'avril pour les européennes : "Après le carton jaune des élections municipales, il faut donc lui adresser un carton rouge lors des élections européennes du 25 mai prochain en votant pour les candidats de l'UMP". Il récidive en meeting ce lundi à Marseille en demandant aux Français d'infliger "un deuxième carton rouge" à François Hollande, après celui des municipales, en votant "utile" à l'occasion des élections européennes.

Tout d'abord, il est nécessaire de rappeler les règles de bases du sport. Dans le sport, le vainqueur est souvent un vainqueur à la loyale, après un match ou un combat respectant les règles du jeu. Quand un compétiteur ne respecte pas les règles du jeu, l'arbitre peut le sanctionner d'un carton rouge, empêchant le compétiteur de poursuivre le match. Jean-François Copé semble donc considérer que ce ne sont pas ses idées ou son programme qui convainc les électeurs mais plutôt qu'il gagne suite à la disqualification de ses adversaires socialistes.

Supposons que Jean-François a un certains sens du fair play et qu'il souhaite gagner à la loyale, sans que son candidat soit exclu prématurément. Dans ce cas, cela signifie que le président de l'UMP pense pouvoir exclure l'exécutif à chaque défaite électorale. Si la moindre législative partielle perdue par la majorité équivaut à une exclusion de l'exécutif national, autant organiser une présidentielle après chaque scrutin.

Comme Jean-François Copé est un adepte du carton rouge, je vais aussi lui donner mes cartons. 
Un carton rouge pour sa gestion de l'UMP. Libération annonce que l'UMP aurait dépensé plus de 20 millions d'euros pour organiser des conférences, dont certaines très probablement fantômes. L'état subventionnant largement (et logiquement) l'UMP sur l'argent public, Jean-François Copé devrait être exclu du jeu pour mauvaise gérance d'argent public. 
Quand par la suite, on apprend que le patron de Bygmalion, l'entreprise spécialisée dans les conférences fictives, subventionne le candidat FN à Villeneuve-Sur-Lot (la ville de Cahuzac comme par hasard), j'ai bien envie de donner un carton jaune à Jean-François Copé, suspect de financement indirect d'opposants frontistes.
Carton rouge également pour la préparation de ces élections européennes. Jean-François Copé réussit l'exploit de faire une campagne entière pour élire des eurodéputés, c'est-à-dire qui siègeront au Parlement Européen et qui voteront des textes écrits et débattus à Bruxelles, avec pour programme le vote sanction contre François Hollande. Jamais l'UMP n'a proposé quoique ce soit dans cette campagne, sauf en évoquant la sortie provisoire de la France de l'Accord Schengen. Et encore, quand ils évoquent ce sujet, une partie de l'UMP évoque la possibilité de voter pour un autre parti que le leur !

Jean-François Copé mérite autant de cartons rouge qu'il souhaite en donner à François Hollande. Il est donc de bonne guerre que des blogueurs de gauche demandent que Jean-François Copé applique à lui-même les mêmes sanctions qu'il demande aux autres, la démission. Il est un peu plus inquiétant que des députés de son propre parti lui adressent un carton rouge, lui demandant ainsi sa démission.

vendredi 16 mai 2014

L'agonie de TINA

La méthode TINA (There Is No Alternative) vient de prendre un sérieux coup de massue. Depuis 2012, les gouvernements socialistes de Jean-Marc Ayrault et de Manuel Valls ont continué une politique de hausse des impôts entamée il y a 6 ans par François Fillon et Nicolas Sarkozy. Au final, c'est une hausse des impôts de 30 milliards d'euros sous Sarkozy et autant sous François Hollande qui a été réalisée, même si les personnes ciblées ne sont pas vraiment les mêmes.

François Fillon avait gelé le barème de l'impôt sur le revenu, Jean-Marc Ayrault avait prolongé cette mesure. A côté de cette mesure surement la moins « sociale », le gouvernement Ayrault avait contribué à augmenter les impôts sur le revenu en créant un nouveau taux à 45 % pour les revenus annuels au delà de 150 000€ et en abaissant le plafonnement du quotient familial. En avril 2013, Le Monde rappelait qu'entre 2008 et 2012 (sous Sarkozy donc), un célibataire payé un peu plus que le SMIC avait vu ses impôts sur le revenu augmenter de 40 % !

Manuel Valls l'avait annoncé récemment dans une interview télévisée, il souhaitait faire un geste fort envers les foyers les plus modestes. Une véritable politique socialiste donc en épargnant volontairement les foyers les moins favorisés afin de ne pas les accabler sous les impôts. L'Etat décide donc de se priver d'1 milliard d'euros de revenus via les impôts en mettant en place des rabais pour 3 millions de ménages, visant autant les catégories actives que les retraités, puisque les fins de mois difficiles ne font pas de distinguo entre les catégories de Français.

Qu'est ce qu'un Français modeste ? La base a été fixée pour un célibataire à un revenu fiscal de 14 000€. Cette base est adaptée ensuite selon la configuration familiale. Pour tous les foyers gagnant sous ce seuil, c'est une réduction de 350€ pour un célibataire et une réduction de 700€ pour les couples qui sera mise en place.

Si on prend 3 exemples concrets, le célibataire au SMIC, le couple avec deux enfants et le couple de retraités, que va-il se passer ?
  • Le célibataire touchant le SMIC ne payera pas d'impôts. Il devrait même en gagner grâce à la prime pour l'emploi.
  • Le couple qui gagne 3 600€ par mois paye actuellement 700€ environ. Ce couple également ne payera pas d'impôts grâce à la réduction de 700€.
  • Enfin, le couple de retraités qui touche environ 2 400€ de pension payera 300€ au lieu des 1000€ actuellement.

Par ces décisions, Manuel Valls montre son écoute de la contestation de la gauche qui réclamait depuis longtemps une autre politique fiscale. Le gouvernement montre qu'il sait revenir sur ses décisions et qu'il ne reste pas braqué sur son idée initiale. Rappelons tout de même qu'avec ces mesures, le gouvernement ne met pas fin à la hausse des impôts mais qu'il inverse la courbe de l'impôt pour les moins favorisés. Il n'y a pas qu'une politique socialiste, il y a des alternatives à gauche pour mettre en place une politique de solidarité. Il faut du courage pour savoir revenir sur ces choix, il en faut aussi pour oser mettre fin à la méthode TINA. Chapeau bas.

jeudi 15 mai 2014

Un bol d'air pur à Bastille ou au bord du lac d'Annecy ?



Manifestation du 09/02/2014
Pour prendre un bon bol d’air, vaut-il mieux aller à la montagne, en bord de mer ou visiter les parcs de la Capitale ? Pour une vie quotidienne sans trop de pollution, vaut-il mieux vivre à Paris, à Lille, à Charleville-Mézières ou à Nice ? D’après l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui a publié au mois de mai ses dernières mesures de particules fines (PM2,5 et PM10) dans l'air en France (81 villes) et dans de nombreux points du globe, la réponse est assez étonnante.

D’après les chiffres de l’OMS, le top5 des villes les plus polluées de France est :

  1. Douai
  2. Annecy
  3. Martigues
  4. Annemasse
  5. Lille
Et le top 5 des meilleures villes est : 

  1. Saint Denis 
  2. Bayonne 
  3. Caen 
  4. Saint-Nazaire 
  5. La Rochelle


Dans ce même classement, j’ai eu l’heureuse surprise de voir que Paris est 35ème, soit dans la 1ère moitié même si son taux de particules fines est supérieur au seuil préconisé par l’OMS. Résultat, il semble préférable de vivre à Paris que dans les Alpes si l’on veut éviter la pollution. Si l’on veut vivre dans une grande ville, Paris est mieux classée que Marseille, Lyon et Lille. Dans les villes majeures, Bordeaux et Nantes offrent un meilleur air à leurs habitants que Paris.

De la même façon, si l’on compare Paris aux autres capitales européennes, la capitale française se situe exactement dans la moyenne des villes européennes, plus polluée que Londres mais moins que Bruxelles ou Berlin.
Country
City
PM 2.5
Estonia
Tallinn
6,69
Sweden
Stockholm
6,74
Finland
Helsinki
7,51
Ireland
Dublin
8,95
Spain
Madrid
11,50
Norway
Oslo
12,52
Luxembourg
Luxembourg
13,72
Portugal
Lisboa
14,09
United Kingdom
London
15,59
Lithuania
Vilnius
15,77
Latvia
Riga
15,83
Denmark
København
16,61
France
Paris
16,98
Netherlands
Amsterdam
17,86
Belgium
Bruxelles / Brussel
18,11
Switzerland
Genève
18,17
Czech Republic
Praha
18,62
Austria
Wien
18,78
Germany
Berlin
20,18
Italy
Roma
20,87
Greece
Lykovrisi (ndr : 10km d’Athènes)
22,00
Slovakia
Bratislava
22,81
Romania
Bucuresti
24,45
Slovenia
Ljubljana
24,57
Poland
Warszawa
26,21
Hungary
Budapest
26,75
Bulgaria
Sofia
44,64

Ces chiffres semblent encourageants si l’on cherche à se positionner en rapport à nos voisins européens. Mais ils sont en réalité inquiétants quand l’OMS recommande de ne pas dépasser 10 µg/m3 en moyenne annuelle. Pour la France, sur les 81 villes classées, seule la ville de St-Denis respecte cette moyenne !!! En Europe, seules 4 villes sont en dessous de ce seuil ! Ces chiffres datent de 2011, il faudra s’en souvenir et les comparer dans quelques années. On pourra voir ainsi les impacts de la politique de Bertrand Delanoë et d’Anne Hidalgo avec l’aménagement des voies sur berges, la réduction de la vitesse sur le périphérique ainsi que toute la politique de développement de l’offre de transports alternatifs (transports en commun, Vélib, Autolib, Scootlib, etc.).

Il semble plus que compliqué de vivre en France tout en étant à l’abris des méfaits de la pollution de l’air, à Paris comme en Région. Cela va dans le sens de la nécessité de trouver des solutions innovantes pour limiter le transport de marchandises par voies routières, pour transformer les habitudes de déplacements des personnes. C’est dans ce sens que je soutiens la mise en activité des portiques écotaxes comme je soutiendrais toutes autres solutions encourageant le développement du fret et autres modes de transports. Ces chiffres poussent aussi à encourager toute solution permettant d’aider ceux qui sont handicapés par la pollution de l’air. Ça tombe bien, 3 personnes ultra motivées mettent en place le projet Allergoo et ils cherchent des soutiens :
« Allairgoo™ est un projet qui consiste en un système d’alertes personnalisées sur Iphone/Android pour allergiques et asthmatiques mais aussi pour  les victimes ignorantes des épisodes de pollution de plus en plus fréquents dans les pays de l’OCDE (USA, UE…) et de l’Asie du sud- ouest, les principales villes chinoises … »