mercredi 12 décembre 2012

Le déménagement de Gérard

Depardieu dans Mammuth
Gérard Depardieu a déménagé ce week-end ! Je pense que c’est la 1ère fois que je parle de la vie des « people » sur ce blog, c’est dire si l’information est importante ! J’avoue qu’au départ, je ne voulais pas traiter cette nouvelle. Les people, ce n’est pas mon truc sauf quand je tombe accidentellement sur un Closer / Voici / France Dimanche / Public.

Il semblerait que le problème soit que notre Gégé national aie fuit pour payer moins d’impôt. Car oui, Depardieu n’a pas déménagé à Lyon  ou à Nantes, mais en Belgique (surement pour se rapprocher de la Hollande). L’info a fait la une de Libé, j’ai lu 8 billets de blog sur le sujet, un député socialiste a même pété les plombs en demandant la déchéance de nationalité pour les exilés fiscaux ! Pourquoi cette non-information fait-elle tant parler ?

C’est que le déménagement de Gégé en est la preuve ! Pour le Figaro et les opposants de droite, il est la preuve qu'ils ont raison. Pour Libé, les soutiens de gauche et les opposants de gauche, il est aussi la preuve qu'ils ont raison.
A droite, ils pensent avoir raison. La politique belliqueuse de François Hollande envers les riches porte ses fruits. Les riches fuient la France et son harcèlement fiscal.
A gauche, ils pensent avoir raison, la preuve que les riches sont tous des salauds, ils sont là pour se faire mousser lors de galas et soirées caritatives mais dès qu’on leur demande de mettre un peu la main à la patte et de participer à l’effort commun pour redresser les finances du pays, ils se cassent.

Seulement, ils ont aussi tous torts… Des Français qui partent vivre à l’étranger pour les avantages du pays d’accueil, ça existe depuis la nuit des temps. J’ai toujours grandit avec l’idée que nos tennismen plus ou moins bons vivaient tous de l’autre côté du Léman. Alain Delon a répété cette semaine que cela faisait longtemps qu’il vivait à l’étranger. D’autres Français ont quitté la France depuis plusieurs années car il leur semblait plus facile de créer une entreprise et de réussir dans d’autres pays (rêve américain, réveil de l’Asie, autres explications…). Il y en a eu quand Mitterrand est arrivé au pouvoir, il y en a eu alors que Chirac tenait les rênes de la France, il y a même eu des Français qui se sont expatriés sous Sarkozy et son bouclier fiscal. En septembre 2005, Le Point faisait justement un article sur « ces riches qui quittent la France ». On y parle de Halley (Promodès-Carrefour), Mallart (Novalliance), Jaffré (ancien PDG d'Elf), Noah, Aznavour, et de nombreux autres.

Le départ de Gérard Depardieu est donc un non événement, ou plutôt ce n’est qu’un nouvel argument en faveur d’une harmonisation fiscale européenne, que ce soit sur la fiscalité des personnes ou des entreprises. C’était d’ailleurs le sujet au sein de la Commission Européenne qui s’inquiète de « l’évasion fiscale au sein et en dehors de l’UE ». Et si la fuite de certains « gros » contribuables est dommageable, il faut aussi et surtout s’inquiéter des entreprises fraudeuses, car comme le rappelait Libération dans son édition du 11 décembre :
« Seule certitude, les principaux fraudeurs et évadés fiscaux ne sont pas des people ou des sportifs, mais des multinationales. Londres, peu féroce en la matière, vient d’en apporter la preuve, estimant son manque à gagner fiscal à près de 5 milliards d’euros en 2012 (25 milliards sur les dernières années). Visant Google, Starbucks et Amazon. »

mardi 11 décembre 2012

Le mariage pour tous, tous dans la rue le 16 décembre

C’est le sujet d’actualité à la mode en ce moment. Que ce soit entre amis, au boulot, sur nos blogs ou dans la rue, tout le monde parle du mariage pour tous. Le sujet arrive tellement à mobiliser qu’à Paris une manifestation des « antis » est prévue le 13 décembre alors que la manifestation des « pros » est programmée pour le dimanche 16 décembre.
 
Je me suis déjà exprimé à plusieurs reprises sur mon blog, et j’ai l’impression de tourner un peu en rond. La droite réclame un véritable débat mais je n’arrive pas à entendre de critiques valables (à mon avis) pour réaliser un débat sérieux.

La contestation médiatique a commencé par les religions : que ce soit avec les responsables catholiques français, les responsables du Conseil Français du Culte Musulman ou le Grand Rabbin de France. Pour chacune de ces religions, l’opposition s’appuie sur les textes sacrés et sur une vision traditionnelle et religieuse de la famille. S’il est important que ces religions s’expriment car elles sont là pour guider leurs fidèles, je ne suis pas sur de leur pertinence dans le débat public. Prenons l’exemple des chrétiens catholiques puisqu’ils sont majoritaires en France.
D’après une étude du CSA en 2009, 51% des Français se déclaraient catholiques mais seuls 27% se disent réellement croyants (sans même descendre dans l’analyse de la pratique), les autres 24% ayant des doutes ou ne croyant pas à l’existence de Dieu). Eloignons-nous de la proportion de croyants pour regarder les chiffres du mariage puisque c’est le sujet qui nous intéresse plus précisément et que beaucoup de monde connaît des jeunes mariés qui vont à l’église pour le folklore. En 1990, l’église catholique française comptabilisait 147 146 mariages catholiques alors que 287 000 mariages civils étaient célébrés en mairie, soit 51% des mariages se déroulaient à l’église. En 2009, la proportion descendait en dessous des 31% (77 664 mariages religieux pour 251 478 mariages civils). Je ne chercherai pas ici les causes de cette chute, mais elle est un des exemples de l’éloignement progressif et régulier des Français de l’institution catholique.
Etant donné cet éloignement, le caractère laïc de notre état et la fait que le projet de loi ne va concerner que les mariages civils, devons-nous vraiment prendre en compte les remarques des institutions religieuses ?

Ensuite, la droite parlementaire a pris le relais de la contestation du projet de loi. Pour le moment, j’ai entendu trois types d’arguments (parfois repris ou du moins en accord avec les arguments religieux) :
  • Les arguments sur la prochaine arrivée de mariages zoophiles, polygames et autres. C’est sur le blog d’Elooooody que j’y ai vu le débat le plus intense alors que l’explication initiale de la blogueuse est clair et simple. Si une pratique est illégale, il est impossible de légiférer sur un mariage approuvant cette pratique.
    Prenons l’exemple de la polygamie (mais on peut appliquer ça aux autres types de mariages craints). Celle-ci est interdite par la loi. Par conséquent, un mariage polygame sera toujours interdit tant que la pratique sera illégale. Le jour où cette pratique sera rendue légale, cela n’impliquera pas que le mariage sera ouvert aux polygames. Pour exemple de l’homosexualité, aucun mariage entre homosexuels n’était possible avant les années 80 puisque leur cas était considéré comme maladie mentale. Maintenant que l’homosexualité est considérée comme normale (hélas, pas par tous), rien ne devrait empêcher à ces couples normaux d’avoir accès à un mariage normal. 
  •  Les arguments sur la mise à mort des rôles de père et mère avec leur suppression du Code Civil et pire encore, leur suppression du sacro-saint livret de famille. Cette crainte pouvait potentiellement être valable avant la présentation du projet de loi en conseil des ministres. Depuis, il est officiel que les termes « père » et « mère » ne disparaîtront pas des textes législatifs. Ils seront parfois remplacés du Code Civil pour que les dispositions soient applicables à tous les couples. La future loi n’aura pas non plus le droit de modifier les libellés du Livret de Famille. L’argument des « parent A et parent B » ne peut donc plus être tenu. 
  •  Les arguments  sur le bien-être de l’enfant, de l’importance de la filiation et du besoin d’un enfant d’être entouré d’un homme et d’une femme. C’est peut être l’argument qui mérite le plus d’être débattu. Si importance de la filiation il y a, il faut surement remettre en cause l’adoption, non pas par des couples du même sexe, mais l’adoption en général. La nécessité pour un enfant d’avoir un père et une mère impose de remettre en cause le divorce, quoique dans ce cas l’enfant aurait encore ses 2 parents mais ne serait pas éduqués par les deux en même temps. Quid des enfants ayant eu le malheur de perdre un de leur parent ? Faut-il interdire au parent restant de s’occuper de son enfant ? Faut obliger une parité parfaite dans les orphelinats pour s’occuper des enfants ?

Sur ce sujet, je tourne volontairement à l’excès les cas de figure, mais il existe aujourd’hui de nombreux enfants élevés par deux personnes du même sexe. Ces enfants s’épanouissent autant que leurs petits camarades élevés par des parents hétérosexuels vivant ensemble ou non.

Jeudi 13 décembre, l’UMP appelle à manifester et rêve de retrouver l’affluence des manifestations de 1984 pour la sauvegarde de l’enseignement privé. Peut-être que ce jour là, nous aurons le droit à de nouveaux arguments ou à plus d’explications sur leurs arguments actuels. Dans ce cas, le débat continuera ici dans de nouveaux billets.

En ce qui me concerne, je participerai à la manifestation du dimanche 16 décembre pour le mariage pour tous. J’ai au moins 3 raisons de sortir dans le froid pour défendre ce projet et cet engagement présidentiel :
  1. J’y accompagnerai de nombreux amis qui attendent avec impatience d’être considéré comme des couples normaux ayant les mêmes droits que le couple qui partage leur palier.
  2. En tant que militant et élu CFDT dans mon entreprise, je me joindrai à mon syndicat pour qui « cet engagement sur l'égalité des droits est un combat constant dans l’histoire de notre organisation ».
  3. Enfin en tant que militant socialiste, je défilerai pour soutenir mon gouvernement et mes parlementaires, pour leur assurer que la direction prise est la bonne.

Pour cela, et quelles que soient les températures, dimanche 16 décembre, je marcherai de Bastille à Opéra avec tous les Parisiens et Franciliens qui sont attachés à ce projet de loi.


dimanche 9 décembre 2012

Des primaires parisiennes à gauche en 2013

Ce dimanche dans le Journal Du Dimanche, Rémi Féraud, maire du 10ème arrondissement et patron des socialistes parisiens, a lancé de manière presque officielle les primaires citoyennes pour déterminer le ou la candidate de gauche pour les prochaines municipales parisiennes. Lancement quasi officiel puisque, pour le moment, seule Anne Hidalgo est officiellement en liste, et on ne sait pas encore qui ou quel autre parti participera à cette aventure. Dans son interview, Rémi Féraud presse Jean-Marie Le Guen d'annoncer si oui ou non, il briguera lui aussi l'Hôtel de Ville de Paris. Une réponse négative serait tout de même vraiment surprenante…

Bertrand Delanoë ayant décidé de ne pas se présenter une 3ème fois devant les Parisiens, sa succession est ouverte. Dans l'état actuel des choses, on s'orienterait vers une primaire dans la même configuration que celle pour l'élection présidentielle de l'automne 2011, c'est à dire une primaire organisée par le Parti Socialiste, le Parti Radical de Gauche et le Mouvement Républicain et Citoyen. D'ailleurs, ce matin Fabrice Moulin, porte-parole du PRG parisien et élu du 12ème arrondissement, se déclarait satisfait de la mise en route du processus des primaires à Paris.


Vu la réaction sur Twitter toujours de Ian Brossat, président du groupe Front de Gauche au Conseil de Paris, le PCF ne semble partager l'enthousiasme des radicaux de gauche.
Premièrement, si l'élection municipale de 2014 n'est pas la priorité immédiate des Parisiens, il est tout de même du devoir des partis politiques de préparer l'avenir et non d'essayer uniquement de répondre aux problèmes au jour le jour. La problématique du logement est a été, et est toujours, un axe fort de la politique municipale de Bertrand Delanoë. En revanche il n'est pas du ressort de la majorité municipale plurielle mais de leurs partis de préparer l'organisation des élections futures. Si les Parisiens et Parisiennes qu'a rencontrés Ian Brossat aujourd'hui sont préoccupés principalement par le logement, ils seront surement à l'aube des municipales préoccupés par la personne qui sera amené à les représenter par la suite. Il est donc nécessaire de se préparer le plus tôt possible pour être prêt le moment venu.
De plus, et comme l'a souligné Fabrice Moulin, une primaire citoyenne pour choisir le candidat de gauche aux municipales est la garantie d'un vrai débat entre personnalités de gauche. Ce débat permettra aux Parisiens de choisir leur vision de Paris pour les 6 années à venir et d'avoir ainsi un candidat et une ligne programmatique claire pour battre la droite en 2014. Création de tours mélangeant bureaux et habitats, évolution des transports publics, place de Paris dans le Grand Paris, relation entre les arrondissements, dialogue avec les Parisiens, tant de sujets où il existe plusieurs visions de gauche et dont il est préférable de débattre entre nous avant d'en débattre face à la droite.

Puisque la primaire pour la présidentielle a été un franc succès en 2011 ( 200 000 Parisiens sont venus voter alors que la Fédération de Paris ne comptait à l'époque que 9 000 militants), et puisqu'elle a surement été une des clefs du succès de François Hollande en mai 2012, c'est le même schéma qui devrait être reconduit. C'est à dire que toute personne inscrite sur les listes électorales au 31 décembre 2012 pourra participer au choix du candidat. Cela signifie donc que pour tous les sympathisants de gauche nouvellement installés à Paris, ou ayant déménagé en 2012, il est important de s'inscrire dans leur nouvelle mairie d'arrondissement avant la fin de l'année 2012 !

Rémi Féraud annonce un calendrier serré avec une élection se déroulant avant l'été 2013 afin que tout soit en ordre de marche dès l'automne 2013. On retrouve le même calendrier que pour la primaire citoyenne de 2011 mais aussi de la primaire interne au PS pour les municipales de 2001. Rappelons qu'en 2001 pour la première élection de Bertrand Delanoë, une primaire interne avait été organisée avec un dépôt des candidatures au début de l'an 2000. Bertrand Delanoë était à l'époque candidat à la candidature face à Jack Lang. A la sortie de cette primaire (où Jack Lang a fini par se désister), Delanoë a conduit une liste qui rassemblait PS, PCF, PRG et MRC (MDC à l'époque) dès le 1er tour.

Le processus pour une primaire municipale est donc lancé à Paris. L'appel est fait suffisament tôt pour permettre aux différents partis intéressés de se joindre à l'organisation et aux débats. En 2014, ce sera la bataille pour garder l'Hôtel de Ville, lieu géré depuis 2001 par les socialistes, les communistes et les écologistes. Comme le bilan est commun, autant avoir une candidature commune pour le défendre et proposer de nouveaux projet pour la capitale.

vendredi 7 décembre 2012

Paris, des municipales en rose ?

La campagne des municipales à Paris n’a pas encore commencé (l’élection aura lieu en 2014) mais d’ors et déjà des candidats et surtout des candidates préparent le terrain pour une future candidature. 
 

Aujourd’hui, RachidaDati, maire du très chic 7ème arrondissement et soutien de Jean-François Copé, a confirmé qu’elle serait candidate à la primaire UMP. En plein psychodrame interne, cette annonce est manifestement un nouveau coup à destination du candidat presque élu à la présidence de l’UMP. Surtout qu’il y a un passif entre Rachida Dati et François Fillon. En juin dernier, c’est ce dernier qui lui a barré la route de l’Assemblée Nationale. 

En début de semaine, c’est ChantalJouanno, sénatrice parisienne, ex-UMP et nouvelle UDI, qui a annoncé son désir de briguer l’Hôtel de Ville de Paris. L’UDI est encore en phase de rodage, donc la sénatrice élue sur la liste UMP précise tout de même qu’elle ne le sera que « si tout le monde est en ordre de marche pour gagner ». Devra-t-elle passer par la case primaire interne ? Y a-t-il d’autres prétendants au sein de l’union du centre ? Il est encore tôt pour le savoir mais une candidature de Chantal Jouanno fera surement grincer des dents à l’UMP…

Chez Europe Ecologie – Les Verts, on peut supposer que Cécile Duflot ne se soit pas installée dans la 6ème circonscription uniquement pour briguer un siège de député. La ministre du logement est donc une candidate probable à la Mairie de Paris. J’espère personnellement que si Cécile Duflot est candidate, elle acceptera de participer à une primaire citoyenne commune avec le Parti Socialiste pour présenter une liste d’union de la gauche. 

Enfin, au Parti Socialiste, Anne Hidalgo, actuelle 1ère adjointe de Bertrand Delanoë, est candidate depuis plusieurs mois à la candidature. Pour élaborer son projet, elle a lancé l’association « Oser Paris » afin de débattre avec les Parisiens et les Franciliens et de recueillir leurs expertises. La candidature d’Anne Hidalgo est soutenue par Bertrand Delanoë qui a annoncé depuis le début qu’il ne briguerait pas de 3ème mandat. Ce soutien pourrait se révélait comme un sérieux avantage pour les primaires à venir car Anne Hidalgo ne sera surement pas la seule socialiste candidate.

A 18 mois du scrutin municipal, la campagne parisienne s’annonce donc fortement féminine et d’un niveau assez relevé puisque 3 d’entre elles sont ou ont été ministres et la quatrième participe déjà activement à la gestion de la cité parisienne. 

jeudi 6 décembre 2012

RIP Oscar Niemeyer

Oscar Niemeyer est décédé cette nuit à l'âge de 104 ans. Grand architecte brésilien, sympathisant communiste, Niemeyer a eu une carrière bien remplie (Wikipedia liste plus de 50 réalisations) principalement au Brésil mais aussi en France (Paris, Le Havre) et à travers le monde (il a participé avec Le Corbusier au siège de l'ONU à New York). Voici quelques exemples de ses projets :
Cathédrale, Brasilia

Siège du PCF, place du Colonel Fabien, Paris

Edificio Copan, Sao Paulo

Musée d'art contemporain, Niterói

L'UMP a-t-elle perdu sa cellule argumentaire ?

Affiche de l'UMP contre le mariage et l'adoption pour tous
Les premières conséquences de la guerre interne à l'UMP commencent à se faire sentir. Il semblerait que le responsable de la cellule riposte et argumentaire soit un supporter de François Fillon. Résultat ? Une campagne contre le mariage et l'adoption pour les couples du même sexe qui démarre mal.

Premier indice de ce mauvais démarrage, l'argumentaire officiel mis à disposition sur la page d'accueil du site de l'UMP. Regardons leurs 6 arguments :
 1. "A l’UMP, nous combattons toutes les formes de discrimination ou de racisme."
 Oui, il faut toujours commencer par rassurer son lectorat. Ce premier argument n'est pas sans rappeler les célèbres arguments "je ne suis pas raciste, j'ai une amie plus noire qu'une arabe" (Nadine Morano, 21 juin 2012). Nous voila donc prévenu, les 5 arguments qui suivent risquent de choquer. 

2. "Nous respectons les choix de chacun, mais nous ne sommes pas favorables au projet de loi sur le mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels porté par François Hollande. Le mariage est une institution, fondée sur la complémentarité homme/femme, qui organise la filiation. Notre intime conviction est que l’intérêt d’un enfant, c’est d’avoir un père et une mère."
On continue dans le mode on vous respecte mais pas tant que ça. L'intérêt de l'enfant à l'UMP, c'est d'avoir un père et une mère, et non d'avoir 2 parents qui s'aiment et qui aiment leur enfant. Je suppose que l'intérêt de l'enfant est d'avoir un père et une mère ensemble, et donc l'UMP est contre le divorce. En revanche, je suis entièrement d'accord avec l'UMP pour que le mariage soit une institution qui organise la filiation. C'est pour ça que les volets mariage et adoption ne doivent pas être disjoints. C'est aussi pour ça que je ne comprends pas pourquoi la Procréation Médicalement Assistée puisse être refusée aux futur-e-s marié-e-s.

3. "Bien sûr, il existe des situations d’enfants qui sont élevés par des couples homosexuels. Mais notre droit actuel permet déjà d’accompagner ces familles, comme toutes les autres familles, et l’adoption n’apportera aucun progrès."
L'adoption apportera un progrès, la garantie que l'enfant vivra au sein de sa famille même quand les aléas de la vie s'abattent sur l'enfant ou sa famille. Mais je vais laisser Cycee qui en parle mieux que moi :
"il nous semble important que notre enfant ait deux parents reconnus par la loi. Pour des choses simples comme "l'heure des mamans" à l'école maternelle, ou pour pouvoir emmener aux urgences le petit qui se serait cassé le bras. Ou pour des choses plus graves, comme la mort de la mère biologique. Je n'ai pas envie que mon petit se retrouve à la DASS s'il a une autre mère qui peut s'en occuper... "

4. "Au contraire, la loi sur le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe, aura pour effet direct de bouleverser l’ensemble de notre Code civil en y gommant les mots « père » et « mère ». C’est une transformation profonde du code civil. On remet en cause la présomption de paternité, la filiation et l’ensemble du droit de la famille. On ne peut briser ainsi des repères essentiels pour notre société."
Pour le responsable argumentaire de l'UMP, le projet de loi est disponible depuis le 7 novembre 2012. Jamais il n'est dit que les termes "père" et "mère" seront supprimés du Code Civil... Libération l'explique aussi pour ceux qui sont allergiques aux textes de loi, jamais il n'est question de supprimer les termes "père" et "mère", ni de les remplacer par "parents 1 - 2 ou A - B". Le mot "parents" remplacera "père" et "mère" et le mot "époux" remplacera "mari et femme" dans certains passages pour évoquer des dispositions applicables à tous les couples.

5. "Malheureusement sur ce sujet majeur, qui mérite un grand débat parce qu’il concerne tous les Français, la gauche refuse un débat national et tente de passer en force."
Le sujet sera débattu à l'Assemblée Nationale en janvier. D'ici là la ministre de la famille Dominique Bertinotti et la ministre de la Justice Christiane Taubira ne chôment pas puisqu'elles font la tournée des émissions, des débats et des rédactions pour expliquer le projet. 
De plus, depuis le 8 novembre l'Assemblée Nationale gère le débat parlementaire puisqu'une une commission parlementaire organise des auditions d'associations, de responsables de culte et autres personnalités de référence sur le sujet.
Enfin, pour avoir un débat public digne de ce nom, il faut que plusieurs ingrédients soient réunis, dont une volonté de débattre avec des arguments clairs et posés et non sur de fausses rumeurs (cf. point 4) et des inepties homophobes (comme ces liens honteux entre inceste et homosexualité). Il faut aussi que les principaux cadres des partis opposés soient disponibles pour débattre sur le sujet au lieu de débattre sur la nécessité d'un nouveau vote pour l'élection de leur chef à eux seuls.

6. "Le Président de l’UMP, Jean-François Copé, a appelé à un débat national, il a demandé en vain au gouvernement d’organiser des Etats Généraux de la Famille. Si le gouvernement persiste à refuser toute discussion sérieuse sur le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, l’UMP prendra ses responsabilités et organisera elle-même le débat sur cette question pour rendre la parole aux Français."
Le 6ème argument est légèrement redondant avec le 5ème argument. Je propose donc la même réponse que ci-dessus. En prime, je suis curieux de voir la teneur des propos employés dans ce débat organisé (et donc forcément bien géré) par l'UMP. Juste un conseil, il faut peut être éviter de faire voter les militants sur l'orientation que doit prendre l'UMP sur le sujet, il y a tout de même de nombreux Français qui attendent l'application de cette loi.


En plus de cet argumentaire un peu bancal, 6 arguments dont le 1er qui n'en est pas un et le dernier qui est le même que l'avant dernier, un autre indice est là pour tirer le signal d'alarme : l'affiche officielle de cette campagne. Est-ce un clin d’œil à Harlem Désir qui a su se faire élire à la tête du PS sans créer une bataille interne de plus de 3 semaines ou est-ce un manque d'imagination, toujours est-il que le graphisme et le slogan sont un hommage appuyé à SOS Racisme, association qui n'a pas toujours eu le droit aux hommages des principaux partis de droite. Je ne reviendrai pas sur le fait que le slogan se base sur le 4ème point de leur argumentaire, celui-là même qui est corrigé par tous les médias nationaux et régionaux.

mardi 4 décembre 2012

La 14ème législature sera religieuse ou ne sera pas

Militants du collectif "Urgence un toit"
André Malraux aurait dit “le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas”. S’il est un peu tôt pour savoir si cela se vérifiera, Jean-Marc Ayrault semble lui bien placé pour annoncer “la 14ème législature sera religieuse ou ne sera pas”.

Depuis plusieurs mois, l’église catholique s’émeut et mobilise ses fidèles pour lutter contre le projet de mariage pour tous et de famille pour tous. La droite extrémiste, accueillant une large part de catholiques traditionnels et n’ayant rien contre faire preuve d’un peu de violence envers la communauté homo, prend un malin plaisir à se joindre aux cortèges. De son côté, la droite républicaine s’occupe de se faire l’écho des craintes épiscopales dans les medias en attendant le début des débats à l’Assemblée Nationale prévus pour début 2013.

Lundi 03 décembre, dans le cadre de recherches de solutions d’hébergements d’urgence, Cécile Duflot, la ministre du logement, a demandé à archevêché de Paris de mettre à disposition des bâtiments "quasi vides" lui appartenant. L’église rechigne, trouvant qu’elle en fait déjà assez pour les pauvres (drôle de conception de la charité chrétienne au passage), et encore une fois, elle trouve un appui politique dans les rangs de la droite républicaine (j’emploie droite républicaine ne sachant pas si les députés défendant les intérêts de l’église catholique sont UMP ou R-UMP).

Si je peux comprendre l’opposition de principe de l’église catholique sur le mariage pour tous puisque cette église a toujours du mal à accepter que l’homosexualité soit normale, j’ai plus de mal à comprendre l’opposition franche sur le sujet de l’hébergement d’urgence, et encore plus de mal à comprendre le comportement des parlementaires de droite comme Bruno Lemaire. En effet, Cécile Duflot ne cherche pas à se dédouaner sur le dos de l’église catholique. Elle cherche des solutions pour faire face à la crise annuelle des hébergements d’urgence en hiver. D’après un article de La Tribune, chaque soir le SAMU Social parisien reçoit 1200 appels et est obligé d’en laisser 400 sans réponse. En juillet 2011, Xavier Emmanuelli avait démissionné de la présidence du SAMU Social puisqu’on ne lui donnait pas les moyens d’agir correctement.

Pour trouver des solutions, tout le monde est déjà mobilisé. Jean-Marc Ayrault a demandé à Cécile Duflot “un inventaire des bâtiments disponibles, qui seront souvent des bâtiments appartenant à des institutions, des administrations, des grandes entreprises". La Mairie de Paris a prévu dans son budget une hausse des aides sociales de 2,1 milliards d’euros pour, entre autre, augmenter de 150 les places d’hébergement et de logements accessibles aux sans-abris. L’archevêché de Paris répond à Cécile Duflot qu’ils ont “accueilli 120 personnes, entre trois jours et quatre mois”. Mais Cécile Duflot n’a jamais voulu dire que l’église ne faisait rien, elle n’a jamais dit non plus qu’elle voulait réquisitionner tous les bâtiments de l’église catholique, elle cherche juste de nouvelles solutions puisque cet hiver encore il y aura pénurie d’hébergements.

Pour l’hébergement d’urgence, le gouvernement recherche des solutions avec tout interlocuteur ayant des batiments semblant disponible pour permettre de proposer plus de solutions d’hébergements d’urgence. Pour le mariage pour tous, le gouvernement cherche à arriver à une situation plus égalitaire pour tous les couples, ceci sans jamais interférer dans le fonctionnement d’une institution religieuse. Hébergement d’urgence ou mariage pour tous, nous sommes donc bien loin d’une situation “catholiphobie” comme le dit Christine Boutin. En revanche, je reste perplexe sur la place que prend l’église catholique dans les débats actuellement...