mercredi 12 septembre 2018

Linky, le compteur qui compte




Cette dépêche est une belle image pour illustrer une lutte sans fondement mais répondant à de nombreuses peurs sur l'arrivée des compteurs Linky. On sent sous cette décision la volonté de satisfaire un soit-disante indépendance de la propriété privée. Le compteur Linky, espion à la solde du grand capital de la distribution d'éléctricité (c'est-à-dire Enedis), intrus dans nos logis, source des pires maux de la société, n'a pas le droit de compter.
Quelle est l'offense de ce petit boitier vert ? Compter la puissance consommée par heure pour chaque foyer.
Quelle différence avec le petit boitier bleu existant ? Aucune, tous les 2 comptent la même puissance consommée par heure et par foyer.

Quand le tribunal administratif de Toulouse donne raison à un maire qui n'essaye que de satisfaire la peur de ses administrés, il n'aide pas le bien commun. Aucun de ces administrés ne s'est offusqué de la présence d'un boitier comptant l'électricité consommée (aussi peu évolué soit-il) au sein de son logement quand il a emménagé. Le même administré a surement trouvé illogique et peu productif de devoir patienter à domicile au moins une demie-journée la venue d'un technicien pour pouvoir profiter d'une nouvelle offre tarifaire mise en place par EDF. Pour rappel jusqu'à présent, il est presque obligatoire de changer son compteur pour profiter d'une offre innovante.
Aussi pourquoi s'offusquer que le propriétaire du dit boitier (Enedis donc) ne vienne le changer pour en mettre un plus moderne, un qui mette fin à la sacro-sainte attente qu'un technicien vienne (au choix) relever le compteur, adapter le compteur/le disjoncteur au nouveau forfait/nouveau fournisseur choisi ?

Que risque une ville à ne pas vouloir du remplacement des compteurs électriques existants par les nouveaux compteurs Linky ? En dehors d'un cadre juridique plus que flou (les jugements diffèrent autant qu'il y a de départements), le principale risque est de ne pas bénéficier du gain de réactivité que pourrait avoir Enedis pour rétablir le courant en cas de panne généralisée. Oui Linky est un espion mais c'est un espion qui permet d'avoir principalement une information basique de qui est alimenté en électricité ou ne l'est plus).
Le consommateur d'électricité se retrouvera, quant à lui, coincé sur son forfait actuel ou un équivalent (le ofrfait heure pleine/heure creuse d'EDF ou de Direct Energie va se baser sur les mêmes heures à défaut de pouvoir réaliser une programmation adaptée sur le compteur pas encore intelligent).
Le consommateur éclairé (oui, j'ose le jeu de mot) s'interdit de suivre sa consommation au fil de la journée, ce qui lui permettrait de détecter ses consommations abusives, voire inutiles, d'électricité. On s'autorise bien à le faire en regardant les applications ou les périodes consommatrices de batterie et de données sur son smartphone, pourquoi ne pas le faire avec sa consommation domestique d'électricité ?
Image associée

Linky serait un espion à la solde du grand capital. Mais Linky est soumis à la CNIL et l'entreprise publique qui gère ce compteur est bien plus respectueuse de ce contrat que d'autres sites comme Facebook ou Google (pour ne citer que les principaux utilisateurs et revendeurs de données personnelles).
En parallèle, Linky est un véritable outil pour aider à la transition énergétique. Des milliers de personnes ont manifesté le week-end dernier pour que le gouvernement et que chacun agisse pour cette planète qui est irremplaçable. Une des actions qui peut être mise en place avec peu d'effort est de suivre sa consommation heure par heure et de détecter (par soi même) les pics de consommation d'électricité injustifiée (équipement consommant trop, chauffage ou chauffe eau ne se mettant pas en route assez tôt ou fonctionnant anormalement trop longtemps). Les compteurs Linky sont aussi une aide à lisser les futures consommations excessives. C'est pour les foyers et les activités modernes que le contrat heure pleine / heure creuse a été inventé (avec ce déclenchement ultra intrusif de la mise en marche du ballon d'eau chaude). Demain, il faudra savoir gérer les pics de consommation d'électricité à cause des ballons d'eau chaude, à cause des climatiseurs mis à fond les après-midis d'été ou par exemple les voitures électriques mises à charger dès 19h dans le garage.
Autant mettre dès à présent l'équipement permettant une consommation responsable plutôt que d'attendre qu'il ne soit trop tard, surtout quand on sait que la mise en place des compteurs Linky doit prendre 5 années à minima pour être installés sur tout le territoire. Que dirions nous si en 2020 la voiture électrique se développait mais que les pouvoirs publiques n'aient pas anticipé leur diffusion dans les foyers français ?

Tout ce billet pour dire quoi ? Il est important et utile d'imposer un changement radical à marche forcée quand on veut révolutionner une façon de faire. On peut rapprocher (dans une comparaison qui vaut ce qu'elle vaut) la mise en place des 35 heures à la mise place des compteurs Linky. La révolution de la répartition du temps de travail et l'arrivée des RTT n'a pu prendre dans la population active que parce que les entreprises ont été forcées d'agir vite pour suivre le cadre légal. L'exemple, dans un autre domaine, de la loi d'accessibilité des lieux publics aux handicapés a montré que sans pression, rien ne se fait à grande échelle sur l'unique base de la bonne volonté du plus grand nombre. Pour Linky, c'est le même problème, pour se donner les moyens d'agir pour une meilleure consommation d'énergie (et donc une production mieux maitrisée), le compteur Linky est utile. Si ses fonctionnalités ne sont pas toutes utilisées à 100% aujourd'hui, elles seront disponibles quand les fournisseurs d'électricité voudront les mettre en place. En attendant, CNIL, Agence de sécurité des systèmes d'informations et autres sont sur le qui vive pour que tous les usages (actuels et futurs) du compteurs Linky soit respectueux des règles et lois en vigueur. C'est une contrainte rassurante que de nombreuses sociétés feraient bien de prendre en compte avant d'être épinglées.

mercredi 2 mai 2018

Mon cortège du 1er mai

Le 1er mai, quand je suis en France, je vais manifester. J’ai beau être adhérent à la CFDT, je préfère passer mon après-midi du 1er mai dans la rue plutôt que dans une salle de cinéma, surtout qu’il fait souvent beau le 1er mai après-midi. Cette année donc, c’était manif du 1er mai et pour la première fois, c’était manif en famille avec la poussette. Poussette qui est, au passage, un support idéal pour les autocollants des différentes organisations (et mention spéciale à LO qui en distribue énormément).

N’ayant pas de point d’ancrage syndical cette année, on cherche à rejoindre le point fixe du PS sur le boulevard de la Bastille (boulevard qui est la première voie prise par le cortège). Il est 14h30, je fais un aller/retour sur le boulevard car le cortège n’est pas encore parti mais le PS n’est pas clairement visible. Lors de cet aller/retour, on se dirige presque inconsciemment vers le grand drapeau de la Catalogne indépendante. C’est un classique du 1er mai, des représentants de nombreux peuples se joignent au cortège pour porter leurs revendications. Les Catalans sont à côté du stand de la LDH mais nous n’allons pas prendre le temps de chercher des visages connus. Sur le large trottoir derrière les Catalans, des centaines de jeunes en noir sont en train de s’habiller, de se préparer avec masques, capuches et protections. Plus que leur tenue, c’est leur nombre qui impressionne. Ni une, ni deux, on les traverse avec la poussette avec pour seul objectif, rejoindre la chaussée puis rejoindre une intersection avec une autre rue, histoire d’avoir une échappatoire quand ces gens vont se mettre en route car aucun doute possible, ça va bastonner, reste à savoir où, sur qui ou sur quoi.

Le reste du boulevard est calme comme un début de manif. Ça sent le barbecue, les organisations non syndicales se montrent en bord de rue et énormément de monde, des jeunes, des familles, des retraités (ou des personnes qui ont suffisamment de cheveux gris ou de rides pour se faire passer comme tel), bref le monde de gauche dans sa diversité et pas que des syndiqués. Je retrouve même le PS ! Heureusement que j’avais l’adresse du point de rendez-vous car sans drapeau, sans banderole, sans tract, pas de signes distinctifs si ce n’est 3 caméras devant Olivier Faure et quelques pin’s au revers de la veste d’une poignée de militants. C’est bien beau d’être présent dans les manifs mais si c’est de façon cachée, ça ne sert à rien. Je suis sûr que dans le cortège d’hier, personne n’a su que le PS était présent. Ce qui signifie que dans l’inconscient des manifestants, si le PS est absent de ces grands rendez-vous, c’est qu’il abandonne les travailleurs, les revendications.  

Il est 15h30 quand la tête du cortège passe devant moi. Pour qu’il n’y est pas d’ambiguïté, je parle de la tête officielle, celle qui marque le début de la manifestation organisée par les syndicats et qui donne le rythme au reste de la manif. Impossible de se tromper, les premiers rangs sont les gros bras du service d’ordre de la CGT, suivis par d’autres gros bras de la CGT qui entourent Philippe Martinez et des représentants de Solidaires, de la FSU (et surement de FO). Ici aucun risque d'avoir des casseurs, lee service d'ordre est important et bien organisé. Je les laisse passer et ma petite famille et moi nous nous insérons dans le cortège. Encore une fois, je remarque qu’au milieu des CGTistes qui sont là avec leurs banderoles et leurs mégaphones, il y a du monde, toujours beaucoup de familles qui s’insèrent, doublent, bref qui sont impatientes de marcher vers Place d’Italie.

Un peu avant 16h, nous avons avancé de 400m et sommes sur le Pont d’Austerlitz. Le cortège stationne. On voulait doubler la tête du cortège pour rejoindre des amis de l’autre côté du pont, mais il y a beaucoup trop de monde pour doubler facilement avec la poussette. De toute façon, il fait beau, on est là pour manifester, autant patienter un peu.

Il est environ 16h15. Ça fait plus de 15 minutes que nous sommes à l’arrêt. Le temps est long. Certes les quelques feux d’artifice tirés en l’air au niveau de la gare d’Austerlitz m’amusent, mais le temps est long tout de même.  Famille moderne, on en profite pour prendre des nouvelles de la manifestation à laquelle on participe en regardant ce qu’il s’en dit sur Twitter. Ça commence à déchanter, nos rencontres du début d’après-midi sont passées à l’action et ont détruit un McDo ! On est toujours au milieu du pont, on voit par moment de la fumée s’élever devant nous. Mais aucune information sur le pont à part notre Twitter (en même temps qui aurait pu donner une info ? sur la base de quoi à part des « on dit » des réseaux sociaux ?). On avance donc, on double par les trottoirs la tête du cortège, à la recherche de nos amis à l’avant.



A 16h30 nous sommes au carrefour devant le jardin des plantes. Fumée noire (voiture en feu surement) devant nous et sur les quais haut à notre droite un gros mouvement de CRS. On se regarde avec d’autres familles autour de nous, tous avec nos poussettes. On s’avance vers la descente sur les quais bas au cas ça tourne au vinaigre. On ne va pas attendre du tout au final. Les CRS sont nombreux et prêts à intervenir. D’autres sont sur la rampe d’accès aux quais bas et filtrent pour ne laisser qu’une personne à la fois descendre. On espère tous (car nous sommes nombreux à fuir la future bataille d’Austerlitz) que ça ne va pas dégénérer trop vite sinon tout le monde ne pourra pas accéder sur les berges de Seine. 

Des bords de Seine, nous verront les mouvements de recul du cortège sur le pont. Nous partons de ces berges quand nous voyons un camion à eau de la police se positionner à notre niveau, face à la rue longeant l’autre côté du Jardin des Plantes. On avance jusqu’au Pont de Sully et on voit des mouvements de foule sur le Pont d’Austerlitz. Est-ce des CRS ? Est-ce des anars qui se font refoulés ? On n’en saura pas plus. Pendant ce temps là, un nouveau cortège s'est formé sur le quai St Bernard, surement des gens qui ont fui le pont d'Austerlitz par l'avant. Je m'inquiète un peu pour eux. Seuls 3 policiers sont présents pour surveiller le carrefour qui est bien sur ouvert à la circulation. Ce contre cortège créé sur la tas n'a pas de service d'ordre, pas d'itinéraire, juste une envie de continuer à marcher dans le calme tout en évitant les affrontements en cours.

Pendant ce temps là, par téléphone, des personnes toujours sur le boulevard de la Bastille nous disent qu’ils sentent les gaz lacrymo de là où ils sont ! Après coup, il semblerait que les forces de l’ordre n’aient pas que gazé les casseurs mais aussi l’autre extrémité de la manifestation pour la faire partir…

On prend notre temps avant de rentrer chez nous, on profite des voies sur berges piétonnes pour flâner encore un peu et donner le goûter au bébé manifestant. Quand on arrive à 200m de chez nous, des jeunes nous demandent de ne plus avancer, nous prévienne que ça gaze partout à Bastille (étonnant je pensais que les cagoules noires étaient de l’autre côté de la Seine). On continue d’avancer vers chez nous et 100m plus loin des jeunes (pas des Black Blocks) lancent des insultent, d’autres nous crient de ne plus avancer avec la poussette. En fait des CRS sont dans notre rue, presque devant chez nous, en train de reculer face à une poignée d’adolescents les insultant et appelant à imiter les manifestants arméniens. Je n’ai aucune idée de ce qu’il s’est passé sur ces lieux avant mon arrivée. Deux minutes plus tard ma rue aura retrouvé son calme habituel. Les CRS auront retrouvé leurs camarades et les jeunes les leurs.

Quel est le but de ce récit ?
Rappeler que la manifestation du 1er mai avait tout pour être un véritable succès. Les gens étaient présents et je ne sais pas comment le décompte a pu être (que ce soit par la police ou la CGT) puisque le cortège n’a pas pu se lancer entièrement puisque bloqué beaucoup trop tôt par la violence anarchiste.
Rappeler que manifester n’est pas synonyme ni de violence, ni de soutien sans faille à la CGT. Manifester le 1er mai, c’est soutenir les salariés en lutte (cheminots, employés de Carrefour mais aussi ouvriers de PSA, salariés sans papier, personnels des hôpitaux). C’est soutenir le fait qu’une autre politique du travail existe, que le dialogue social ne peut pas être que parler dans le vent face aux représentants du gouvernement. C’est aussi rappeler que d’autres peuples souffrent et luttent pendant que notre gouvernement attaque les travailleurs et les immigrants.
Enfin, c’est aussi rappeler que même si des actions ultra-violentes ont lieu à Austerlitz sur la rive gauche de la Seine, ça ne veut pas dire que les forces de l’ordre ont le droit de maltraiter des personnes qui attendent de pouvoir manifester rive droite. Ce n’est pas parce qu’il y a de la casse à Austerlitz à 16h qu’il doit y avoir du tabassage en règle dans le Quartier Latin à 19h.

mardi 31 janvier 2017

Un deuxième tour des primaires mobilisateur

Le 22 janvier, 2028 électeurs du 4ème arrondissement s'étaient déplacés pour le premier tour de la primaire citoyenne. Au soir du premier tour, Benoît Hamon était sorti en tête dans l'arrondissement avec 107 voix d'avance sur Manuel Valls. Ce 29 janvier, à l'image du comportement national, les habitants du 4ème se sont encore plus mobilisés pour participer à un second tour intéressant et motivant au vu des différences de programme et de personnalité des deux finalistes.

Voici les résultats globaux du 4ème arrondissement de Paris:
  • Nombre de votants : 2 375
  • Bulletins blancs ou nuls : 35 bulletins
  • Benoit Hamon : 53,85% (1 260 voix)
  • Manuel Valls : 46,15% (1 080 voix)
Certes la participation est bien inférieure à celle du second tour record de la primaire de la droite (4 328 votants) qui s'est déroulé à la fin de l'année dernière ou même de celui de la primaire de la gauche en 2011 (2 932 votants), mais on observe une hausse 17% entre les deux tours là où les précédents exercices de primaires ouvertes dans l'arrondissement avaient vu un taux de participation sensiblement stable entre les deux tours.
Si on joue aux différences avec les deux précédentes primaires, on peut souligner que pour la première fois l'écart est net entre le vainqueur et le dauphin et surtout que pour la première fois les électeurs de l'arrondissement ont voté dans le même sens qu'au niveau national.

Pour finir, voici les résultats par bureau de vote :

Bureau regroupant les bureaux n°2 (école élémentaire rue de Moussy), n°12 (école maternelle rue des Archives) et 13 (école élémentaire rue Renard) : 
  • Nombre de votants : 605
  • Bulletins blancs ou nuls : 8 bulletins
  • Benoit Hamon : 56,11% (335 voix)
  • Manuel Valls : 43,89% (262 voix)
 
Bureau regroupant les bureaux n°1 (mairie d'arrondissement place Beaudoyer),  4 (école maternelle rue du Fauconnier), 5 (école élémentaire rue de l'Ave Maria)
  • Nombre de votants : 475
  • Bulletins blancs ou nuls : 10 bulletins
  • Benoit Hamon : 55,48% (258 voix)
  • Manuel Valls : 44,52% (207 voix)
 
Bureau regroupant les bureaux n°11 et 14 (collège François Couperin)
  • Nombre de votants : 326
  • Bulletins blancs ou nuls : 7 bulletins
  • Benoit Hamon : 56,11% (179 voix)
  • Manuel Valls : 43,89% (140 voix)
 
Bureau regroupant les bureaux n°8 (Direction des affaires scolaires, rue de l'Arsenal), 9 (école maternelle rue Poulletier) et 10 (école élémentaire rue Saint Louis en l'ile)
  • Nombre de votants : 360
  • Bulletins blancs ou nuls : 3 bulletins
  • Manuel Valls : 50,70% (181 voix)
  • Benoit Hamon : 49.3% (176 voix)
 
Bureau regroupant les bureaux n°3 (école élémentaire rue des Hospitalières St Gervais), 6 (lycée professionnel Théophile Gautier), 7 (école élémentaire rue des Tournelles)
  • Nombre de votants : 609
  • Bulletins blancs ou nuls : 7 bulletins
  • Benoit Hamon : 51,83% (312 voix)
  • Manuel Valls : 48,17% (290 voix)

Exercer son droit de retrait, vraiment ?

https://www.cairn.info/loadimg.php?FILE=JDJ/JDJ_289/JDJ_289_0033/fullJDJ_idPAS_D_ISBN_pu2009-09s_sa06_art06_img001.jpgBenoît Hamon est sorti victorieux et assez largement d’ailleurs de la primaire citoyenne. Primaire qui fut elle-même une belle victoire avec plus de 2 millions de participants lors du second tour. Comme il fallait s’y attendre les déçus du scrutin commence à regarder ailleurs, vers cette ligne d’horizon ni de gauche ni de droite que représente Macron. Quand il s’agit d’électeurs, on peut les comprendre. On peut être sûr que si l’inverse s’était produit, une partie de l’électorat de Benoit Hamon se serait tournée vers les offres plus à gauche que Manuel Valls et le PS. Il est donc normal de voir un report d’une partie de l’électorat de Manuel Valls se dire intéressé par Emmanuel Macron.

En tant que militant socialiste, j’ai un peu plus de mal avec les élus PS qui annoncent haut et fort leur ralliement à Macron. Ils critiquent un programme non viable de Benoît Hamon pour rejoindre un candidat qui ne cesse de repousser la date de présentation de son propre programme. Si le programme arrive à respecter les souhaits des déçus de la primaire LR et de celle du PS tout en faisant rêver une majorité de Français, alors je ne pourrais que m’incliner devant le talent de cet homme (sans pour autant le soutenir, faut pas déconner non plus).

Mais aujourd’hui c’est avec ma casquette de syndicaliste que je bouillonne. Deux députés PS se sont offert une tribune dans Le Monde pour expliquer qu’ils revendiquent « haut et fort un droit de retrait de la campagne présidentielle car les conditions de notre soutien à la candidature de Benoît Hamon ne sont pas réunies. » Dans leur argumentation, ces deux députés considèrent qu’un soutien au projet de Benoît Hamon « serait contraire à la culture socialiste qui, historiquement, s’est construite autour de l’amélioration des conditions de travail et du temps du travailleur. »

Léger problème, si l’on s’appuie sur les conditions de travail et la culture socialiste, peut-être est-il nécessaire de faire attention aux mots qu’on emploie. Le « droit de retrait » n’est pas une expression comme une autre pouvant être utilisée à la légère. C’est un véritable droit défini par la loi :

Lorsqu’un salarié non mandaté exerce son droit de retrait, la loi lui demande seulement d’avoir « un motif raisonnable de penser » que la situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé. Elle n’exige pas une cause réelle de danger, l’apparence et la bonne foi suffisent. Ainsi le juge contrôle uniquement le caractère raisonnable du motif et non la réalité du danger.

Pour ces députés, il y aurait donc un danger grave et imminent pour leur santé ou pour leur vie. Il va falloir détailler un peu plus que ce qui est écrit dans la tribune pour faire comprendre aux Français dans la globalité (ou a minima aux militants socialistes) en quoi Benoît Hamon ou son programme représenterait une telle menace.