mercredi 27 juillet 2011

Histoire autour d'une règle d'or

Nicolas S. est un homme comme de nombreux français, il est plein de bonnes volontés et enchaîne les boulots. En avril 2004, il débute un nouveau job, dans l'économie et les finances après avoir été expert en sécurité intérieure et en libertés locales. Il annonce ses objectifs : réduire la dette et faire des économies. Pour cela, il veut gérer les "affaires de l’État comme les géreraient un père de famille". A première vue, il ne doit pas vraiment faire l'affaire à son poste puisqu'il est démis de ses fonctions au bout de 8 mois. Il arrivera à rebondir quelques mois plus tard dans son domaine de prédilection, la sécurité intérieure. En avril 2007, il postule au poste de Président. Durant l'un de ses entretiens d'embauche, il aborde les sujets de la dette et des économies (après tout il a un peu d'expériences dans ce domaine à présent). Il souhaite "mettre en place une approche totalement différente des finances publiques". Un peu vantard, il annonce qu'il n'est "pas forcément le candidat qui parle de la dette le plus fort, mais [est] incontestablement le seul à la réduire." Heureux, il obtient sa promotion. Après 4 ans à ce poste, et pour respecter ses engagements de toujours, il décide de changer les règles du jeu pour imposer (à ses successeurs mais à lui même aussi) une véritable limitation de l'endettement.

Hélas, la bonne volonté, les bonnes paroles, c'est bien pour les entretiens d'embauche, mais ça marche moins bien pour les entretiens d'évaluation. A ce moment là, les performances sont analysées et comparées avec ses prédécesseurs. C'est Le Monde qui nous propose une évaluation :

Echec_Sarkozy_2007-2010.gif

Le plus flagrant est bien sur la bonne gestion des gouvernements de gauche et plus précisément de celui de Lionel Jospin (1997 - 2002), mais ce n'est pas le point de ce billet. On s'aperçoit que depuis 2007, rien ne va plus. Le 1er graphique nous apprend que le rapport de la dette publique / PIB augmente depuis 2007 mais ce rapport n'intéresse quasiment que la France. En revanche, le second graphique nous montre l'explosion du déficit public. Celui-ci est plus embêtant. On s'est déjà engagé à le maintenir en dessous des 3% dans le cadre des accords sur la monnaie unique. Cet accord n'est plus respecté depuis 2008 (soit la 1ère année de Nicolas à son dernier poste). Aujourd'hui, Nicolas veut imposer sa règle d'or, qui n'est rien d'autre que la règle qu'il ne respecte pas depuis 3 ans. Imposer une règle qu'il n'a même pas tenter de respecter la première année?  Je trouve cette façon d'agir un peu osée...

Nicolas S. avait pourtant raison sur un point en 2004, c'est un bon père de famille. Seulement, comme tout père un peu trop papa poule, il n'a pas réussi à s'empêcher de faire des cadeaux à ses enfants préférés et à leurs petits copains. La seule différence avec une vraie famille, c'est que dans cette histoire, les cadeaux, ne sont pas des dépenses réalisées par le père de famille, mais des rentrées d'argent qui n'ont jamais eu lieu. Quand la famille rentre dans une période difficile, une baisse des revenus, ça se paye cash...

lundi 25 juillet 2011

Primaires et débats

Primaires Circle 
Les primaires avancent, l'organisation continue de se mettre en place. On a appris aujourd'hui que la campagne des primaires comportera au moins 2 temps forts. Le 1er rendez-vous est fixé pour le week end du 26 au 28 août à La Rochelle pendant les Universités d'été du PS. Chaque candidat participera à une table ronde où il répondra aux questions des militants présents. Les thèmes proposés sont "Printemps arabe", "Europe", "Croissance durable", "Société indignée et précarisée", "Revaloriser le travail", et "Respecter les travailleurs". Comme il y a 6 thèmes, je suppose (et espère) que Jean-Michel Baylet (le candidat du PRG) sera présent car c'est justement un des candidats qui aura besoin d'une grande exposition pour rattraper son déficit de notoriété auprès du grand public. Le 2ème grand moment est en cours d'élaboration. Il s'agira de débats entre les différents candidats retransmis à la télé et/ou à la radio. Pour le moment, la radio RTL tient la corde. Les modalités sont en cours de discussion et nous en saurons plus à la fin août.

Un moment privilégié avec les militants avant de s'expliquer devant tous les Français, cette configuration me plait. Maintenant, il reste aux candidats de respecter les règles établies de longues
dates, spécialement sur le respect des autres candidats. La charte éthique des Primaires stipule
clairement que :
  • La campagne doit être constructive et loyale, centrée sur les idées et les propositions.
  • Toute action ou déclaration dénigrant les autres candidat-es ou les partis co-organisateurs est interdite.
Je ne suis pas sur que les critiques de Manuel Valls sur la démondialisation, sujet porté par Arnaud Montebourg, respectent ces 2 points. Que ce soit lors des tables rondes, des débats ou de toute interview , il est absolument nécessaire que les candidats aient une communication propre et irréprochable. Le PS ne peut se permettre de montrer une image de désaccords entre les candidats alors que ceux-ci sont amenés à faire campagne commune des le mois de novembre. Pour ne pas perdre du temps à l'avenir à expliquer que l'on est tous uni derrière le candidat élu, autant ne pas tendre dès à présent le baton en s'affrontant brutalement. Il est facile et plus productif d'argumenter sur ses idées ses différences et ses atouts plutôt que de critiquer les idées du voisin.

mardi 19 juillet 2011

De retour des Vieilles Charrues

Près de 3 semaines de black out et surtout après 4 jours de festival de Vieilles Charrues, me voici de retour. Vu l'avalanche d'informations durant ces jours, je vais livrer ici mon petit récapitulatif, loin d'être aussi complet que l'excellent billet hebdomadaire de SarkoFrance.

jm-baylet-primaires.jpgMercredi 13 juillet, le dépôt des candidatures pour les primaires de la Gauche a été bouclé. Les primaires de la Gauche et non du PS grâce à l'arrivée Jean-Michel Baylet.Le président du Parti Radical de Gauche a décidé de jouer le jeu en s'engageant dans ses primaires plutôt que de risquer l'éparpillement des voix au 1er tour de l'élection présidentielle. Le PRG était déjà partiellement représenté avant son arrivée puisque Christiane Taubira a
rejoint depuis longtemps l'équipe d'Arnaud Montebourg. Je trouve dommage que d'autres comme Jean-Pierre Chevènement n'ait pas profité de cette occasion pour avancer ses idées et les confronter à celles des 6 autres candidats en lice (Martine Aubry, Jean-Michel Baylet, François Hollande, Arnaud Montebourg, Ségolène Royal et Manuel Valls).

eva_joly_14_juillet.jpgJeudi, Eva Joly, à peine élue candidate pour Europe Ecologie - Les Verts, propose de supprimer le défilé militaire du 14 juillet. Réflexion pas si bête que ça. La France doit être l'un des derniers états non totalitaires qui montre ses gros muscles tous les ans (d'après wikipedia, il s'agit de la parade "la plus ancienne et la plus imposante au monde après la parade annuelle de l'Armée russe sur la place Rouge"). Alors que l'on tente toujours d'instaurer un système de défense européen (le projet socialiste plaide pour une "avancée pratique vers une véritable Europe de la défense" en gras dans le texte), un défilé national semble aller à contre-courant. De plus la suppression du défilé martial serait un joli symbole dans "le combat pour une communauté internationale pacifique" (article 10 de la déclaration de principe du PS). Ca supprimera une occasion de recevoir en grande pompe des dictateurs comme avec Bachar Al-Assad et Hosni Moubarak en 2008.
Alors qu'aujourd'hui des obsèques nationales étaient organisées pour la mort de 7 militaires français le 13 juillet dernier (en dehors de la question du pourquoi eux et pas des 63 militaires français décédés en Afghanistan avant eux), on pourrait imaginer une cérémonie pour fêter le retour des milliers de militaires français coincés en Afghanistan depuis 10 ans dans une "guerre contre le terrorisme" qui part définition ne pourra jamais prendre fin.

Vendredi, François Fillon réagit à la déclaration d'Eva Joly en déclarant "que cette dame n’a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l’histoire française." Attaquer la double nationalité d'Eva Joly plutôt que de défendre en argumentant en faveur du défilé du 14 juillet, montre encore une fois que le gouvernement sortant a prévu une campagne faite d'attaques à basse altitude au lieu de jouer sur le terrain des idées.

SegoleneRoyal-Bleu-Blanc-RougeLundi, Ségolène Royal annonce à Solférino qu'elle souhaite, si elle sort victorieuse des primaires de la Gauche, être la candidate qui rassemblera "les écologistes, l'extrême-gauche, mais aussi les centristes humanistes, mais aussi la droite gaulliste". Ce qui signifie qu'elle souhaite pouvoir jouer l'ouverture avec des Jean-Louis Borloo et Hervé Morin (centristes humanistes ayant passé 4 ans au gouvernement de Nicolas Sarkozy) ou des gaullistes comme François Fillon, Xavier Bertrand ou Dominique de Villepin. Passée la surprise d'entendre la candidate socialiste
vouloir s'allier avec des membres du gouvernement sortant, je me demande sur quel programme arrivera-t-elle à mettre d'accord les trotskistes du NPA avec des personnes comme Michèle Alliot-Marie ou les écologistes avec le ministre qui a préparé l'arrivée du gaz de chiste (Borloo). Si je suis d'accord pour dire qu'il faut savoir rassembler au delà des partis pour gagner au 2nd tour de l'élection présidentielle, il faut que cela se fasse avec les citoyens et non les hommes politiques. Il faudra savoir mettre en avant des idées progressistes, de gauche et attirantes pour une majorité des Français. Je ne pense pas qu'il soit judicieux de tendre la main à des personnes qui ont voté tous les budgets du gouvernement pendant 4 ans, aggravant année par année la dette de la France, qui ont voté contre les propositions progressistes des forces de gauche (mariage homosexuel, ouverture de salles de shoot), et qui ont voté pour des lois absurdes comme LOPPSI 2 ou HADOPI.

Finissons ce récapitulatif par une note plus récréative, malgré la fraicheur et la pluie, la 20ème édition des Vieilles Charrues fut un réel succès. J'ai eu le plaisir d'assister à la magnifique reformation de Pulp pleine d'énergie et d'humour, j'ai eu l'agréable surprise de découvrir la brit pop de Miles Kane, dans la lignée d'Oasis, et le show déjanté des gascons de The Inspector Cluzo. Mention spéciale à Pierre Perret qui arrive à faire chanter les 20 000 ou 30 000 personnes de tout âge, à Lou Reed qui a su faire revivre l'ambiance underground du New York des années 70 et à l'ambiance étonnament intimiste de PJ Harvey sur une scène si grande.

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=AtauopmeCYQ]