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dimanche 29 décembre 2013

L'abécédaire de 2013 - 2ème partie

La suite de la rétrospective de l'année 2013 va aujourd'hui de J comme Jérôme Cahuzac à R comme réforme. Rendez-vous demain pour le dernier épisode de l'abécédaire 2013.


J comme Jerôme Cahuzac : Il restera surement dans les annales de ce quinquennat comme la plus grosse trahison au socialisme. En moins d'un an de pouvoir, la République irréprochable voulue par François Hollande prenait un sacré coup par le ministre du budget empêtré dans ses mensonges et son évasion fiscale. S'il fallait décerner un prix du méchant de l'année, je le décernerais à Jérôme Cahuzac.

K comme Kalachnikov : Au delà du décès récent de son inventeur, c'est l'emblème de ce cycle de violences qui pourrissent la vie marseillaise. A quoi bon militer contre la vente libre d'armes aux USA et partout dans le monde si la moindre petite frappe marseillaise peut s'en fournir une et régler ses comptes avec. Politique de la ville, politiques de sécurité intérieure et politique des douanes sont à revoir pour que les rues de la cité phocéenne soient moins sanglantes en 2014.

L comme Lepaon : Après l'arrivée de Laurent Berger à la tête de la CFDT, c'est le deuxième grand changement en 2013 dans le paysage syndical. Après 14 années, Bernard Thibault laisse sa place de secrétaire général de la CGT à Thierry Lepaon. Entre la contestation de l'ANI et celle de la réforme des retraites, on peut dire qu'il est vite entré dans le bain. A première vue, ce n'est pas avec lui que la CGT va devenir plus flexible ou plus conciliante.

M comme Mariage Pour Tous : Le débat aura enflammé le début d'année 2013, le sujet aura permis à une droite décomplexée, souvent homophobe, toujours réactionnaire et rétrograde, de se retrouver quelques mois après la défaite de leur président. Les opposants au mariage pour tous nous ont promis une fin de civilisation que l'on ne voit toujours pas venir. En attendant, ce sont des milliers de couples de femmes et d'hommes qui ont eu l'honneur soit de se passer la bague au doigt soit de se poser légitimement la question. C'est tout autant de couples qui peuvent se poser la question sur leur volonté de fonder une famille et d'entreprendre les démarches pour pouvoir adopter en toute légalité et en toute sérénité. Le mariage pour tous aurait pu s'appeler l'égalité pour tous, et 2013 en a été le point de départ.

N comme Nelson Mandela : Comment ne pas citer un des pères de la construction de l'Afrique du Sud moderne ? Décédé en cette fin d'année, ses obsèques auront permis au monde entier de se souvenir des combats menés par cet homme pour que tous les sud africains soient égaux et puissent vivre ensemble. La nature n'aimant pas le vide, de nouveaux héros de lutte contre l'apartheid ou autres discriminations vont se révéler au grand public. Nelson Mandela, un autre symbole de cette égalité pour tous s'en est allé, nous ne l'oublierons pas de si tôt.

O comme Otages : 2013 aura eu le bonheur de voir la libération de Thierry Dol, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Legrand après 3 ans de captivité au Mali. Cette année aura également eu la tristesse de voir l'assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes de RFI pris en otage puis exécutés au Niger et de Philippe Verdon, également détenu dans la région. Enfin en cette fin d'année 2013, 7 Français sont toujours retenus en otage : 4 journalistes en Syrie Edouard Elias, Didier François, Nicolas Hénin et Pierre Torres, 3 autres hommes en Afrique Serge Lazarevic, Gilbert Rodriguès et le prêtre Georges Vandenbeusch.

P comme Poutine : Entre son fidèle soutien à Bachar el-Assad, l'enfermement des perturbateurs, qu'ils s'agissent de personnalités politiques ou de militants d'ONG, et son chef d'oeuvre de l'année avec ses lois homophobes, il est certains que Vladimir Poutine aura encore une fois marqué l'année de son empreinte.

Q comme Quenelle : C'est le genre de gestes que l'on aimerait pas avoir à apprendre l'existence. Jusqu'à présent, je vivais assez bien mon quotidien en évitant d'écouter les blagues douteuses, les provocations à deux balles et les attaques antisémites de Dieudonné. Mais en 2013, l'infecte quenelle ( à ne pas confondre avec la délicieuse spécialité lyonnaise) a pullulé comme un sale virus, comme une course stupide à qui réussira à faire faire des saluts nazis déguisés aux plus d'ignorants possibles ou en guise d'insultes devant des lieux publics souvent symboliques. Ce geste ne peut être considéré comme de l'humour, d'ailleurs son inventeur, à trop collaborer avec Alain Soral et consort ne peut plus être considéré comme humoriste non plus.

R comme Réforme : Réforme des rythmes scolaires, réforme des retraites, comme souvent, il n'est pas facile de faire passer des réformes. Signe d'un changement de comportement au sommet de l'Etat, la première réforme ne se fait pas en force et a laissé aux communes le choix et le temps pour la mise en place. Certes tout n'est pas parfait du premier coup mais quand on voit que 83 % des maires ayant franchi le pas en sont satisfaits, c'est encourageant pour la suite, surtout que la généralisation de cette réforme pour la prochaine rentrée bénéficiera du retour d'expérience de ces mairies. La seconde réforme, celle des retraites, est dans la même veine que l'ANI. Elle est le fruit de la discussion entres partenaires sociaux avant d'être soumise aux deux assemblées. Tout comme l'ANI, le résultat ne peut satisfaire tout le monde mais comporte quelques belles avancées dont ce précieux compteur temps pour la prise en compte de la pénibilité au travail.

mercredi 28 août 2013

Retraites, quand Ayrault écoute Aubry

Je me souviens de l'année 2010, quand je passais plusieurs journées par mois à arpenter le pavé parisien pour défendre une autre réforme des retraites. A cette époque, on se félicitait de voir toute la gauche réunie pour combattre la réforme du gouvernement, du NPA au PS en passant par Europe Ecologie – Les Verts, tous les partis politiques de gauche étaient présents aux côtés des syndicats SUD, CGT, FO, CFTC, CFDT et d'autres. A l'époque, le PS n'était pourtant pas le bienvenu par tous les syndicats et des critiques assez dures étaient déjà émises par Sud ou la CGT.

En 2010, Martine Aubry et le PS défilaient non pas pour dire qu'il était opposé à toute réforme des retraites mais pour montrer qu'une autre réforme était possible. Cette réforme proposait :
  • une mise à contribution des revenus du capital,
  • une hausse modérée et progressive des cotisations sociales et patronales,
  • la prise en compte de l'allongement de l'espérance de vie avec une règle simple, pour chaque année d'espérance de vie supplémentaire, 6 mois de cotisation en plus et 6 mois de retraite en plus,
  • une mise en place de bonus pour inciter ceux qui le souhaitent à partir plus tard,
  • un plan pour l'emploi des seniors,
  • le maintien de l'âge légal de départ à 60 ans.

Trois ans plus tard, le PS est au pouvoir. Après être revenu dès les premiers jours sur l'âge légal de départ à la retraite et après avoir mis en place des premières mesures pour l'emploi des seniors (principalement grâce au contrat de générations), il était temps d'entrer dans le vif du sujet avec la mise en place d'une véritable réforme des retraites. Jean-MarcAyrault a donc annoncé ce soir les principales mesures de cette réforme tant attendue.

Sans trop de surprise, il va être demandé de travailler plus longtemps. En revanche finies les réformes qui impactent ceux qui sont les plus proches de la retraites. Les personnes nées avant 1973 ne travailleront pas un trimestre de plus que ce qui a été prévue lors de la réforme de 2010. En revanche, ensuite il faudra cotiser 43 années pour avoir le droit à une retraite pleine. Autre mesure annoncée, l'augmentation des cotisations. Elles augmenteront de 0,15 point l'année prochaine puis de 0,05 point jusqu'à la fin du quinquennat.
Ces deux mesures vont surement être les plus emblématiques et les plus contestées. Elles sont pourtant dans le programme du PS depuis 2010 et étaient donc quasi inéluctables.

Il était nécessaire de prendre réellement en compte la pénibilité. Sur ce point, je ne sais pas si l'idée va fonctionner ou sera nécessaire mais le principe est intéressant. Chaque employé aura un « compte personnel de prévention de la pénibilité » sur lequel il pourra cumuler des points par trimestre d'exposition à une activité reconnue comme pénible. Ce compte permettra au salarié soit de financer une formation afin de changer d'activité soit de travailler à temps partiel sur la fin de sa carrière en utilisant ce compte pour financer l'écart de salaire. Le financement de ce compte devrait être réalisé par les entreprises.

Une des principales critiques du PS en 2010 et une des principales craintes cette année était le sort réservé aux femmes. Traditionnellement, ce sont elles qui souffrent le plus de chaque nouvelle réforme. Elles sont moins bien payées en moyenne que les hommes, elles sont largement majoritaires dans les postes à temps partiel et elles ont le plus souvent une maternité à gérer. Pour cela, le nombre d'heures nécessaires pour acquérir un trimestre va descendre de 200 à 150 heures. La maternité sera elle aussi mieux prises en compte.

Enfin, dans un soucis de simplification de l'information sur l'état des cotisations des employés, un compte retraite unique va être créé pour connaître l'état de ses cotisations sur toute sa carrière, quels que soient les secteurs d'activités (ceux qui ont vu Mammuth peuvent comprendre comment ce compte va être utile).

Tout ceci n'est bien sur qu'un projet de reforme. Il restera aux parlementaires de débattre et d'amender cette proposition. Personnellement, je trouve que le gouvernement respecte assez bien les propositions du PS de 2010. Je ne doute pas que ce sujet va revenir régulièrement dans ce blog dans les mois à venir, mon avis évoluera peut être sur le sujet mais à chaud, pour le moment, je suis sur la même longueur que la CFDT et heureux de voir qu'une autre réforme des retraites est possible.

mardi 18 juin 2013

"Réforme des retraites, au boulot !", mon edito pour Mediavox

Vendredi dernier, la remise du rapport Moreau a été le signal de départ d’une nouvelle phase importante de la politique du gouvernement : la nouvelle réforme des retraites. Tout le monde a en tête la dernière réforme des retraites. Pendant 6 mois tous les syndicats et les différents partis de gauche ont défilé côte à côte pour montrer leur opposition au projet annoncé puis voté. Pour avoir été de tous les défilés parisiens, je peux dire que l’attente est forte à gauche depuis l’automne 2010 pour revenir sur cette réforme. L’attente est d’autant plus forte que la prétendue réforme de 2010 est d’ors et déjà obsolète et les mesures prises ne pourront pas résorber les déficits à venir.

Pour rappel, en 2010, si toutes les forces de gauche (syndicales et politiques) étaient bras dessus – bras dessous en tête de cortège, leurs avis divergeaient sensiblement sur la réforme à mettre en place mais convergeaient pour refuser le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans, pour demander une véritable prise en charge de la pénibilité et des carrières longues.

A l’époque le Parti Socialiste proposait d’autres pistes, car contrairement à ce que l’on peut entendre en ce moment, le PS (ni les autres organisations) ne manifestait pas contre le fait de réformer les retraites mais contre la réforme proposée...


Vous pouvez lire la suite de ce billet sur Mediavox.fr

mardi 19 octobre 2010

Quand serons-nous écoutés?

Depuis le lancement du processus de reforme des retraites, le gouvernement ignore tous les syndicats (sauf 1, le MEDEF) et a dès le départ adopté une attitude volontairement provocatrice envers ses contradicteurs. Le gouvernement organise un simulacre de concertation avec un planning tellement serré qu'aucune discussion réelle n'était envisageable.

Dès le mois de mars, les syndicats et les partis politique de Gauche descendent dans la rue pour se battre pour les retraites, pour réclamer d'être entendus et obtenir une véritable consultation.
L'été est arrivé, le projet du gouvernement est publié et la mobilisation ne faiblit pas (manifestations les 20 avril, 1er mai, 27 mai, 15 juin et 24 juin). Le projet reprend bien des thèmes importants portés par les syndicats et partis politiques (pénibilité, temps de travail, nouvelles sources de financement), mais tout est à l'opposé du bon sens. Les travailleurs devront prouver les effets de la pénibilité sur leur santé, tout le monde devra travailler au moins jusque 62 ans, au pire 67 ans.

Le texte est présenté tel quel à l'Assemblée Nationale pour la rentrée parlementaire, sans aucune influence des propositions des syndicats ou des partis politiques (ici un résumé des propositions socialistes). 3 millions de personnes descendent dans les rues le 7 septembre pour manifester leur mécontentement (soit une hausse continue depuis le début du printemps). Nous serons toujours aussi nombreux pour les autres manifestations de la rentrée (23 septembre, 2 octobre, 12 octobre, 16 octobre).
Octobre est le mois crucial. Alors que le gouvernement a plus la tête aux remaniements qui se préparent en coulisse, alors que le ministre chargé du projet est englué dans ses mensonges entre conflits d'intérêt et financement illicite d'un parti dans l'affaire Bettencourt, le texte est présenté au Sénat. L'exécutif, qui clame à tout bout de champs que la mobilisation s'essouffle en truquant les chiffres des manifestants (la préfecture de Paris a eu l'audace de publier les chiffres du cortège parisien 30 minutes avant que la tête ne se mette en marche), commence à douter et essaye le passage en force au Sénat. Plusieurs articles sont votés en urgence avant la journée du 12 octobre. Ils espèrent ainsi couper l'herbe sous le pied des manifestants et les dissuader de battre le pavé ce mardi 19 octobre.

Le gouvernement méprise et ignore les manifestants alors que des millions de personnes sont descendues 12 fois dans la rue depuis le printemps sous le prétexte qu'un gouvernement élu démocratiquement ne doit pas céder à la rue. Pourtant les images ne mentent pas, et le président de la République a même raillé Ségolène Royal durant le débat d'entre-deux tours de l'élection présidentielle sur le financement des retraites (2ème vidéo vue sur l'excellent blog intox2007).





Face à tant de mépris, le combat (pour reprendre un terme du vocabulaire martial, vocabulaire si cher à notre président) continue et se durcit. Des préavis de grèves reconductibles sont posés dans de nombreuses entreprises depuis la semaine dernière. Les lycéens et étudiants viennent nombreux dans les cortèges et bloquent lycées et universités. Des grévistes de différents secteurs d'activités viennent en aide aux grévistes de Total pour bloquer les dépôts de carburants. Les routiers ralentissent le pays.

Hélas certains dérapages ont lieu en marge des manifestations, soit du fait de casseurs totalement étrangers au mouvement, soit du fait des provocations policières (par exemple les actions des CRS à la Bastille mardi dernier ou le surnombre de CRS autour de lycées bloqués dans des cités sensibles comme à Nanterre). Mais face à un Etat pyromane qui ne cherche qu'à monter les Français les uns contre les autres ("Français de souche" vs immigré, gréviste vs travailleur).

Dernière minute: Alors que le gouvernement promet de ne pas céder un millimètre aux grévistes, quelques soient leurs actions, on vient d'apprendre que le statut des marins sera "écarté de la réforme en cours et de toute autre réforme des régimes spéciaux" suite aux 7 jours de blocage du port de Marseille. Ce qui confirme que la radicalisation du mouvement semble être la seule manière d'arriver à se faire entendre du gouvernement.