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mardi 31 janvier 2017

Exercer son droit de retrait, vraiment ?

https://www.cairn.info/loadimg.php?FILE=JDJ/JDJ_289/JDJ_289_0033/fullJDJ_idPAS_D_ISBN_pu2009-09s_sa06_art06_img001.jpgBenoît Hamon est sorti victorieux et assez largement d’ailleurs de la primaire citoyenne. Primaire qui fut elle-même une belle victoire avec plus de 2 millions de participants lors du second tour. Comme il fallait s’y attendre les déçus du scrutin commence à regarder ailleurs, vers cette ligne d’horizon ni de gauche ni de droite que représente Macron. Quand il s’agit d’électeurs, on peut les comprendre. On peut être sûr que si l’inverse s’était produit, une partie de l’électorat de Benoit Hamon se serait tournée vers les offres plus à gauche que Manuel Valls et le PS. Il est donc normal de voir un report d’une partie de l’électorat de Manuel Valls se dire intéressé par Emmanuel Macron.

En tant que militant socialiste, j’ai un peu plus de mal avec les élus PS qui annoncent haut et fort leur ralliement à Macron. Ils critiquent un programme non viable de Benoît Hamon pour rejoindre un candidat qui ne cesse de repousser la date de présentation de son propre programme. Si le programme arrive à respecter les souhaits des déçus de la primaire LR et de celle du PS tout en faisant rêver une majorité de Français, alors je ne pourrais que m’incliner devant le talent de cet homme (sans pour autant le soutenir, faut pas déconner non plus).

Mais aujourd’hui c’est avec ma casquette de syndicaliste que je bouillonne. Deux députés PS se sont offert une tribune dans Le Monde pour expliquer qu’ils revendiquent « haut et fort un droit de retrait de la campagne présidentielle car les conditions de notre soutien à la candidature de Benoît Hamon ne sont pas réunies. » Dans leur argumentation, ces deux députés considèrent qu’un soutien au projet de Benoît Hamon « serait contraire à la culture socialiste qui, historiquement, s’est construite autour de l’amélioration des conditions de travail et du temps du travailleur. »

Léger problème, si l’on s’appuie sur les conditions de travail et la culture socialiste, peut-être est-il nécessaire de faire attention aux mots qu’on emploie. Le « droit de retrait » n’est pas une expression comme une autre pouvant être utilisée à la légère. C’est un véritable droit défini par la loi :

Lorsqu’un salarié non mandaté exerce son droit de retrait, la loi lui demande seulement d’avoir « un motif raisonnable de penser » que la situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé. Elle n’exige pas une cause réelle de danger, l’apparence et la bonne foi suffisent. Ainsi le juge contrôle uniquement le caractère raisonnable du motif et non la réalité du danger.

Pour ces députés, il y aurait donc un danger grave et imminent pour leur santé ou pour leur vie. Il va falloir détailler un peu plus que ce qui est écrit dans la tribune pour faire comprendre aux Français dans la globalité (ou a minima aux militants socialistes) en quoi Benoît Hamon ou son programme représenterait une telle menace. 

mardi 20 septembre 2016

Sarkozy, adepte du placement produit

Une campagne politique coûte de l'argent, beaucoup d'argent. En plus, le financement d'une campagne politique est scruté par des organismes, des journalistes et même des juges d'instruction. On pourrait donc croire qu'il est de plus en plus compliqué de réussir à financer une campagne présidentielle. Heureusement, dans le triste et peu innovant microcosme politique français, il existe un homme jeune, dynamique et jamais à court d'idées pour arrondir ses fins de mois. Ce jeune homme, c'est Nicolas Sarkozy. Il est en passe de rentrer dans l'histoire comme étant le premier homme politique européen (mondial ?) à avoir intégrer le placement produit dans sa campagne électorale.

L'ancienne génération politique faisait du placement produit comme monsieur Jourdain faisait de la prose, sans le savoir. Ils se rendaient dans des usines, faisaient donc un peu de pub pour l'entreprise. Publicité surement négative quand on voit le destin tragique de nombre d'entreprises après la venue de candidats. Nicolas Sarkozy fut un de ces candidats en 2007 ou 2012. Une stèle à Gandrange est d'ailleurs là pour se souvenir de l'homme politique qu'était Sarkozy avant qu'il ne change. Même si je ne suis pas sur que Nicolas Sarkozy ait vraiment changé depuis tout se temps. Il a toujours été très innovant en matière de financement de campagne électorale. Rappelez-vous :
  • 1995, Nicolas Sarkozy trouve le moyen de financer la campagne d'Edouard Balladur grâce à la vente de t-shirt. Aujourd'hui encore, personne n'a réussi à reproduire cet exploit !
  • 2007, Nicolas Sarkozy se renouvelle et s'ouvre à l'international. Sa campagne sera financée par des légendes politiques étrangères telles que Mouammar Kadhafi. Quatre ans plus tard, Sarkozy est un peu à l'origine de la mort de son dealer de pétro-dollars. Les futurs investisseurs se retirent, il doit trouver une nouvelle source de financement.
  • 2012, Nicolas Sarkozy pense avoir une idée de génie. S'il veut être le président de tous les Français (enfin les vrais Français, pas les autres), il sera le candidat de l'UMP. Candidat de l'UMP a tel point que plus de 17 millions d'euros seront dépensés en douce par l'UMP pour la campagne du candidat Sarkozy.
On peut le comprendre, Nicolas Sarkozy en a un peu marre de voir des juges pour le financement de chacune des campagnes présidentielles auxquelles il a participé. Mais ça ne l'empêche pas d'être toujours à la pointe de l'innovation en matière de financement politique. C'est à ce moment là qu'il a cette idée révolutionnaire, adapté le financement hollywoodien à la politique française : mettre en place le placement produit. 

Au mois de mai 2016, il réussit sa première tentative avec brio. Il offre une exposition médiatique folle au Bon Coin. Une simple question naïve, "c'est quoi le Bon Coin ?", offre plus d'une semaine de buzz. Le Bon Coin connu de tous pour ses petites annonces et concurrent depuis quelques années de Pôle Emploi s'offre des pages de publicités gratuites dans tous les JT, mais aussi dans tous les réseaux sociaux. 
Cette semaine, rebelote ! En plein meeting, Nicolas Sarkozy explique que lui, le fils d'émigré hongrois, a été éduqué non pas avec l'histoire des ancêtres de ses parents mais de ses "ancêtres les Gaulois". Scandale et buzz garanti. Ce mardi, je n'ai vu que ça dans ma timeline Tweeter, je n'ai entendu parler que de ça sur la chaine FranceInfo:, de façon étonnante Libé n'en fera pas sa Une du mercredi, surement car ils ont eux aussi compris la grosse arnaque. Il s'agit encore d'un placement produit. Après la publicité pour une institution du web français, le voila en train de faire de la pub pour une institution parisienne, une table incontournable de l'Ile St Louis. Nicolas Sarkozy est d'autant plus fort qu'il prend son public à contre-courant de son image de "Président du Fouquet's". Ici, c'est une formule tout compris pour 40€, avec vin rouge à discrétion.

Dans ces deux exemples, c'est toujours tout bénéfice pour l'entreprise. Elle se voit un accès à tous les médias et tous les réseaux sociaux. Sans débourser le moindre euro à une régie publicitaire, toute la France (l'Europe ? le Monde ?) entend la marque et la grave dans sa mémoire. Toutes ces économies peuvent être reversées (toute ou partie) au candidat Sarkozy, directement ou avec un léger délai, histoire de passer plus facilement entre les gouttes du contrôle des règles de financement. Ainsi tout le monde est gagnant. Nicolas Sarkozy prouve qu'il est un jeune entrepreneur toujours sur la brèche pour trouver des méthodes de financement innovantes, pendant que les entreprises judicieusement sélectionnées profitent de conditions incroyables pour se faire connaître du grand public. 

Il reste une grande question, cette nouvelle méthode de financement va-t-elle enfin réussir ou, comme les tentatives précédentes, va-t-elle se finir elle aussi devant les juges ? Seul l'avenir nous le dira.

mardi 30 août 2016

Macron démissionne pour lancer la candidature de François Hollande

Ça faisait un bout de temps que ça couvait. Emmanuel Macron en a eu marre, marre de voir les premiers résultats de sa Loi Macron pas salués comme il se doit, marre de se voir appeler à démissionner par la gauche de la gauche, marre de se prendre la tête avec une droite parlementaire qui refuse de le suivre dans ses propositions de réformes faites pour trouver le consensus. Résultat Emmanuel Macron a démissionné ce mardi. 
Premier acte d'une candidature pour 2017 ou préparation pour une autre étape dans sa jeune carrière politique ? Ce soir le désormais ex ministre de l'économie a annoncé que le temps n'était pas à l'incarnation mais aux propositions. Est-ce le signe d'un ralliement ? Et si ...

Et si Emmanuel Macron avait démissionné pour rejoindre Alain Juppé (lire le précédent billet de ce blog) ? Et si Emmanuel Macron quittait le gouvernement pour préparer la candidature de François Hollande ?

Emmanuel Macron n'est pas un enfant de la politique. Il n'est pas socialiste, il n'est pas passé par un mouvement de jeunesse politique. Il a commencé par assister un philosophe, il a découvert le monde de l'entreprise et des patrons alors qu'il s'occupait de fusions-acquisitions pour les grandes entreprises chez Rothschild. Ensuite il a découvert la politique au quotidien de l'Elysée en tant que secrétaire général adjoint de François Hollande. Pour les connaisseurs de la série américaine "A la Maison Blanche" ("The west wing" en V.O.), être secrétaire général adjoint, c'est être dévoué corps et âme pour son Président, c'est prévoir les coups durs, c'est préparer les coups à porter le lendemain. Peu de temps après avoir quitté son poste à l'Elysée, François Hollande a fait preuve de courage et de convictions pour lancer ce jeune à un poste tant en vue (tout comme il a décidé de mettre en avant Myriam El Khomri et de mettre encore plus en avant Najat Vallaud-Belkacem).

Après la loi Macron et la loi Travail, l'homme est devenu un des chouchous des Français mais la bête noire de la gauche de la gauche, détrônant peut-être même Manuel Valls ! Pour François Hollande qui s'apprête à se lancer dans la longue et difficile bataille de sa réélection, la présence de Macron au gouvernement risquait d'être un frein au rassemblement de la famille de gauche. Pourtant Macron peut servir à gagner des voix au centre droit, surtout si Nicolas Sarkozy fait un gros score lors de la primaire à droite. Comment réussir à allier les deux ?

François Hollande est un homme de synthèse et un grand tacticien politique. Il a donc vu avec Emmanuel Macron sa sortie avec fracas du gouvernement. L'ancien ministre a ainsi le temps de s'occuper de son mouvement En Marche! Il continue son tour de France, ses porte-à-porte. Il continue sur sa lancée du meeting de la Mutualité en juillet dernier, c'est à dire à attirer autour de lui des jeunes, des moins jeunes, des entrepreneurs, des étudiants. Il laisse planer le doute sur son propre futur. Dans le même temps, il reprend un rôle de conseiller de l'ombre du Président de la République. La gauche du PS est satisfaite, François Hollande regagne des points sur sa gauche. Hollande arrive ainsi à convaincre des figures de la Gauche de le rallier et de le conseiller pour la future campagne présidentielle. Le moment venu, Emmanuel Macron sort du bois et se rallie à François Hollande, tout comme Benoit Hamon, François Hollande et Martine Aubry.

Le reste, c'est Emmanuel Macron qui l'a déjà prédit quand il s'est adressé au Président Hollande avec ces mots : "L'histoire vous rendra raison, un jour les gens vous comprendront." 

Macron démissionne pour rejoindre Juppé

Ça faisait un bout de temps que ça couvait. Emmanuel Macron en a eu marre, marre d'agir sans voir des résultats probants, marre de se voir appeler à démissionner par la gauche de la gauche, marre de se prendre la tête avec son Premier Ministre qui vise la même place de chouchou des Français. Résultat Emmanuel Macron a démissionné ce mardi. 
Premier acte d'une candidature pour 2017 ou préparation pour une autre étape dans sa jeune carrière politique ? Ce soir le désormais ex ministre de l'économie a annoncé que le temps n'était pas à l'incarnation mais aux propositions. Est-ce le signe d'un ralliement ? Et si ...

Et si Emmanuel Macron avait démissionné pour rejoindre Alain Juppé ?

On l'a remarqué lors des débats sur la Loi Macron ou sur la Loi Travail dont la première mouture avait été imaginée comme étant une Loi Macron II, plusieurs propositions ont reçu un accueil favorable dans les rangs des Républicains de l'UMP.
Lors de la création du mouvement En Marche! l'information n'avait pas tardé à fuiter, son mouvement est hébergé chez le directeur de l'Institut Montaigne, institut bien plus libéral et à droite que Terra Nova. De plus cela fait plusieurs mois que le leader du mouvement En Marche! dit qu'il est ni de gauche, ni de droite. Cet été, il le rappelait encore en disant qu'il n'était pas socialiste.
Bien sûr tous ces indices n'ont pas été semés par hasard. Cela fait plusieurs semaines que Macron sait qu'il va rejoindre Alain Juppé. Il voulait finir le job de sa loi Macron avant de partir l'esprit libre.

François Hollande n'aurait rien vu venir ? Dans le livre de Karim Rissouli et d'Antonin André, c'est écrit noir sur blanc. François Hollande se méfie bien plus de Nicolas Sarkozy que d'Alain Juppé. Il n'a donc pas vu qu'à l'Elysée était en train de se former un comité de soutien au maire de Bordeaux. Tout a commencé en douceur, par ce léger bruit dans le landernau politique mais qui n'a pas fait la une des grands journaux. Un community manager de l'Elysée quitte l'équipe de François Hollande à l'été 2014 pour rejoindre l'équipe de campagne d'Alain Juppé. Dans la même période, Emmanuel Macron est secrétaire général adjoint de l'Elysée. Coïncidence ?

Peut-être que les frondeurs qui demandaient sa démission dès le jour de sa nomination ont eu du flair et qu'il ne fallait pas faire confiance en ce jeune pas assez politique pour être digne de confiance par le microcosme politique... Mais dans ce cas, pourquoi hurlent aujourd'hui à la désertion ? Surement car ils sont eux aussi déçu de voir partir ce jeune réformiste progressiste qui, s'ils aimaient le combattre, représentait surement le renouveau et l'espoir d'une victoire de la gauche en 2017.

Bien sûr tout ceci n'est que conjoncture et une autre histoire est possible. A suivre dans dans un autre billet...

lundi 29 août 2016

Hollande est candidat à sa réélection

Je viens de lire le dernier ouvrage en date sur le Président Hollande avec de vrais morceaux de François Hollande dedans, "Conversations privées avec le Président" d'Antonin André et de Karim Rissouli. Autant le dire d'entrée, on a à faire à un bon, voire très bon, bouquin pour débuter ce qui est surement le plus difficile dans une campagne électorale, la défense de son propre bilan.

Pendant toute la première moitié du livre, la plus intéressante à mes yeux, les deux journalistes reviennent sur les principales "crises" du quinquennat : Cahuzac, Léonarda, Closer, les remaniements ministériels, le pacte de responsabilité ou encore la déchéance de nationalité. Le mode d'écriture et de construction est bien trouvé et efficace. Les journalistes introduisent chaque fait portant à discussion dans un chapitre qui rappelle ce qu'il s'est passé et le contexte. S'en suit un chapitre plus "brut", sans commentaire ni analyse, où les mots de François Hollande semblent être livrés tel quel, sans coupure.
Au fil des pages, François Hollande, mais aussi parfois Manuel Valls, Thomas Hollande et d'autres reviennent, commentent, expliquent comment les faits se sont déroulés, ce qu'ils en pensent et pourquoi ça s'est passé ainsi. L'ouvrage revient sur les débuts difficiles du quinquennat et sur les accélérations voulues. La méthode Hollande est décortiquée et analyser par les journalistes et par le principal intéressé.

Sur l'arrivée à Matignon de Manuel Valls, on apprend que le départ de Jean-Marc Ayrault était acté dans l'esprit du Président depuis l'automne 2013 mais que jusqu'au jour même du remaniement, Ayrault croit en ses chances de se maintenir au poste de Premier Ministre. On lit également que la première mission de Manuel Valls était de réunir et de consolider la majorité présidentielle. Pour cela, il a proposé à Cécile Duflot "un grand ministère allant des transports à l'énergie, avec un rang protocolaire élevé dans la hiérarchie gouvernementale". En total désaccord avec Valls depuis sa sortie sur la capacité à s'intégrer des Roms, elle refuse et force le reste des écologistes à quitter avec elle le gouvernement. Les frondeurs, le 49-3 et les départs simultanés de Benoît Hamon et d'Arnaud Montebourg rappellent l'échec de la première mission donnée à l'actuel Premier Ministre.
Remaniement toujours, François Hollande explique ses choix qui ont mené à l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Economie. Il en profite aussi pour insister sur sa volonté de "donner la possibilité à la nouvelle génération de se révéler" d'où la nomination de Najat Vallaud-Belkacem à l'Education Nationale et Myriam El Khomri au Travail.

Là où le livre semble être spécialement taillé pour lancer la campagne de François Hollande pour sa réélection, c'est sur l'aspect international et la carrure acquise aux fils des décisions prises. L'évolution de son image à l'internationale est expliquée, du petit nouveau au G8 qui se fait chambrer par Obama peu de temps après son élection à celui un an plus tard qui est une figure incontestée de la guerre contre le terrorisme islamiste. Le livre revient sur l'élan de sympathie qu'on voulut montrer les nombreux dirigeants de pays étrangers en venant à la manifestation du 11 janvier suite aux attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher de même que les lettres de noblesse acquises suite à l'intervention française au Mali.
Pan plus discret de son bilan jusqu'à présent, un chapitre entier est consacré à l'aide que la France a fournie à Alexis Tsipras lors des négociations européennes. On lit que "François Hollande coache littéralement Tsipras pour éviter une sortie de la Grèce de la zone euro." On découvre aussi que "sur instruction du président, la représentation française à Bruxelles s'est mise à la disposition de Tsipras pour préparer le Conseil européen de la dernière chance." La proximité entre les deux pays était telle que le conseiller Europe de l'Elysée et le directeur du Trésor ont aidé le service de la présidence grecque pour rédiger le plan de réforme.

L'ouvrage est très intéressant et je ne peux que le recommander. On peut s'interroger sur sa date de sortie. Pourquoi à la rentrée 2016 et non au printemps 2017 en pleine élection présidentielle ? François Hollande aura reçu à l'Elysée les deux journalistes de mai 2013 à la fin mai 2016. Cet arrêt des rencontres est-il dû au début d'une nouvelle époque, celle de la candidature ? Je ne peux que le penser tant ce livre est un excellent plaidoyer pour son action (même si seuls les côtés les plus négatifs y sont analysés et décryptés) et est un excellent rappel de sa stature internationale (et de facto de celle de la France).

La rentrée politique 2016 est entièrement sous le signe de la présidentielle 2017. François Hollande n'a pas encore sorti son programme mais on peut déjà lire sa volonté dans ce livre témoignage : 
Il faut trouver du neuf. Et ça vaut surtout pour moi parce que je suis en position de sortant. Si c'est pour dire : "On a bien travaillé pendant cinq ans et on va faire la même chose cinq ans de plus", ça ne marchera pas. Les gens n'en voudront pas. Ils veulent un nouveau temps, une nouvelle période, un nouveau thème.

lundi 22 août 2016

Tout pour la France, rien pour les Français ?

C'est avec une énorme surprise que j'ai appris cet après-midi que Nicolas Sarkozy se déclarait candidat à la primaire de la droite. La principale surprise est que Nicolas Sarkozy n'était pas encore candidat. J'étais persuadé qu'il avait fait acte de candidature depuis longtemps, sinon comment expliquez ces annonces de soutiens que l'on peut lire ou entendre dans tous les médias ? Voici quelques exemples :

L'autre grande surprise, Nicolas Sarkozy aurait écrit un livre "lui-même" comme le précise l'article du Point qui semble avoir du mal à y croire également. J'imagine que ce livre est nettement plus rythmé et passionnant que la Princesse de Clèves. Surtout que maintenant il doit avoir pris la main. C'est tout de même son deuxième livre depuis le début de l'année, après "la France pour la vie". Ce dernier semblait déjà être une véritable pépite littéraire et surtout politique. A l'occasion de sa sortie, Libération avait dénombré et démontré 12 intox dont une magnifique soi-disant campagne entre George W. Bush et Barack Obama qui n'a bien sur jamais eu lieu.

Cette fois-ci, Nicolas Sarkozy veut éviter tout mal entendu. Vu qu'il était surement persuadé d'être en campagne depuis plus de 6 mois, il a préféré mettre les points sur les i en rappelant :
J'ai décidé d'être candidat à l'élection présidentielle de 2017. La France exige qu'on lui donne tout. 
La suite du livre semble être un grand classique du Sarkozysme si on en croit les grandes lignes présentées par Le Point:
  • Abrogation de l'ISF, proposition qui ravira toutes les familles de classe moyenne
  • Suppression des 35 heures, un classique peut être un peu trop vu et entendu pour être crédible
  • Réduction des RTT, là j'avoue être perplexe mais il faudrait lire le passage dans le livre car je ne comprends pas comment ces RTT arriveraient à survivre à la fin des 35 heures
  • Réforme du droit du sol avec l'invention d'une "présomption de nationalité française". C'est surement ma proposition préférée. Nicolas Sarkozy n'arrête pas de dire qu'il a changé mais son fond de commerce n'a pas bougé depuis 2007. La lutte contre l'étranger sera toujours au coeur de sa politique.
  • Privatisation de la fonction du maintien de l'ordre en autorisant les sociétés autoroutières d'appliquer le Code de la route ou en privatisant le gardiennage des lieux publics.
  • Abrogation de Schengen, comme il l'expliquait déjà lors de la campagne de 2012.

La bonne nouvelle de cette annonce, elle est à chercher du côté de Mediapart qui a déjà ressorti ces meilleurs dossiers :

Pour finir, vous vous demandez pourquoi un 't' rouge sur le titre de "Tout pour la France" ? C'est un hommage à une pochette rouge de France Gall, son 33 tours de "Tout pour la musique". 33 tours qui avait d'ailleurs en face B : "Resiste". Vas-y Nicolas, prouve que tu existes !

Montebourg candidat et grand nettoyeur du quinquennat

Il y a deux ans, à Frangy, Arnaud Montebourg sortait du gouvernement et emmenait avec lui Benoît Hamon. A l'époque le dernier était invité par le premier à la traditionnelle Fête de la Rose locale. Les deux ne trouvaient plus leur place dans ce gouvernement qui ne les écoutaient pas assez d'après eux. Cette semaine, les deux sont sortis du bois pour s'annoncer candidats à la présidence de la République.

J'ai lu le discours de candidature d'Arnaud Montebourg. Sa candidature en 2011 m'avait intrigué. Son programme accès sur le patriotisme économique était intéressant même si je ne comprenais pas à l'époque comment ce projet pouvait s'intégrer dans une Union Européenne qui m'est chère. François Hollande ne s'est pas trompé en l'appelant dans un Bercy peut être trop chargé en ministres pour qu'il défende le "made in France".

Ma première surprise dans son discours de candidature est qu'à première vue Montebourg est devenu beaucoup plus modeste qu'il n'y paraissait il y a encore deux ans. Pour l'ancien ministre, tout serait à jeter depuis 2012 :
"Pour moi comme pour vous peut-être, le bilan de ce quinquennat n’est pas défendable. Des erreurs ont été commises sur le chemin qui nous a mené là et j’en prends ma juste part."

Puisque rien n'est défendable, ma deuxième surprise est un peu plus atténuée mais est néanmoins notable. Jamais dans le texte de son discours Arnaud Montebourg ne nomme François Hollande. Résultat, quand il s'adresse à lui "librement et fraternellement", c'est pour lui demander ne pas briguer un deuxième mandat. La question qui se pose est dans quel cadre l'ancien ministre voit sa candidature. La voit-il dans le cadre de la primaire que souhaite organiser Parti Socialiste ou est-ce une candidature personnelle ? Car s'il s'agit d'une candidature dans le cadre d'une primaire, il sait, lui qui fut l'un des principaux demandeurs de la primaire de 2011, que le perdant s'engage à soutenir le candidat vainqueur. Pourtant aujourd'hui, le nouveau candidat ne semble pas prêt à un quelconque ralliement, et surtout pas envers le Président dont on ne dit pas le nom :
"Voilà pourquoi j’aurais aimé avec vous aujourd’hui pouvoir appeler à ce soutien.
Mais en vérité, cela n’est pas possible, cela n’est pas souhaitable.
"

Passé ces surprises, qu'y a-t-il dans ce projet pour la France qui aurait été écrit suite à de nombreuses consultations ?

Bien sur le premier point est le "redécollage de l'économie française". Pour cela, il y a aura plus de formations pour les chômeurs. Est-ce comme ce que François Hollande essaye de mettre en place depuis 4 ans ? Ou prend-il exemple sur lui-même ? Car comme il le précise :
il y a deux ans jour pour jour, j’ai fait le choix de retourner parmi les Français. Je me suis formé, comme le font des millions de Français en transition professionnelle.
Sa formation a duré 4 semaines et aurait couté 34 500€. Le budget de la formation professionnel va avoir besoin d'un sacré coup de pouce !

Le principal point de cette partie de son programme n'est pas la formation mais le patriotisme économique. Sur ce sujet, le candidat a plusieurs propositions dont le favoritisme dans l'attribution des marchés publics. Je salue l'honnêteté d'Arnaud Montebourg sur le sujet quand il annonce
Bien entendu, la Commission européenne s’opposera à certaines de ces décisions au nom du dogme de la concurrence libre et non faussée. Mais il s’agit là pourtant de mesures réparatrice des dégâts créés par les plans d’austérité européens que l’Union Européenne aurait été bien inspirée de corriger par elle-même. En tout état de cause, si la Commission européenne prend des mesures de sanction contre la France, nous paierons les amendes, nous assumerons les sanctions, car je préfère payer des amendes plutôt que laisser mourir l’économie française.
Si le volontarisme de Montebourg me plait, son mépris de l'Union Européenne me déplaît au plus haut point. Certes l'Union Européenne aujourd'hui n'est pas celle rêvée mais comment appeler à la désobéissance nationale et essayer ensuite de faire respecter par les autres pays le "nouveau traité de Rome" qu'il souhaite mettre en place ?

Le programme esquissé du candidat veut aussi rénover la Ve République. Par exemple le candidat souhaite revenir au septennat mais non renouvelable afin d'arrêter la campagne présidentielle permanente. Sauf qu'avec des législative tous les cinq ans et un électorat français fort porté sur l'alternance, on s'oriente vers une cohabitation régulière et donc une dissolution de l'Assemblée Nationale toute aussi régulière.
Montebourg veut aussi diminuer le nombre de parlementaires: diminuer le nombre de députés et réserver une part à la proportionnelle intégrale et diminuer le nombre de sénateurs et supprimer l'élection sénatoriale pour avoir à la place une moitié des places réservées au tirage au sort des citoyens. Si je suis ni pour ni contre la diminution du nombre d'élus, je ne comprends pas cette drôle de nomination du Sénat. Avant de laisser un pouvoir de contrôle au niveau national au hasard, ne devrait-on pas faire des expériences locales ou régionales ? Que nous garantit que 100 personnes nommées au hasard seront plus motivées et plus impartiales que 100 personnalités politiques élues ?
Autre proposition pour rénover nos institutions, modifier le Conseil Constitutionnel :
Le Conseil Constitutionnel sera dépolitisé dans sa composition et ne pourra plus être saisi que par les citoyens et non plus par les parlementaires.
Aujourd'hui le Conseil Constitutionnel est composé par d'anciens politiques mais aussi par de nombreux juristes et même parfois par des universitaires ou autres professions, d'ailleurs je conseille de lire l'excellent livre de Dominique Schnapper, Une sociologue au Conseil Constitutionnel. Dans ce livre, on y comprend mieux les rouages de cette discrète institution. Si l'on peut discuter de l'intérêt d'avoir les anciens présidents nommés comme membres d'honneur, je ne pense pas que le reste de la composition du Conseil ait besoin d'une toilette. Je suis aussi convaincu qu'il est important de laisser le droit aux parlementaires de saisir le Conseil. Ce sont eux qui sont au plus proche de la fabrication de la loi. Si on laisse cette possibilité aux citoyens, comme souvent avec les QPC, les réserves seront principalement soulevées lors d'affaires impliquant des personnes assez puissantes pour avoir connaissances des rouages et accès aux bons avocats. Entre temps d'autres citoyens lambda auront largement eu le temps de payer les pots cassés d'une loi inconstitutionnelle.

Je ne crois pas que Montebourg parte sur la bonne direction. Il annonce un programme socialiste mais pas uniquement car également écologiste et "gaulliste social". Pourtant il veut remettre en cause toutes les institutions imaginées par de Gaulle, illustre président mais qui n'est pas vraiment au panthéon de la gauche. Il se veut écologiste mais prend soin de ne pas évoquer le cas du nucléaire français, pourtant pan non négligeable de l'industrie française. Il ne veut rien assumer du bilan de François Hollande alors que de nombreux points sont positifs comme l'éducation (qui mérite dans son discours un paragraphe creux et sans proposition), la justice (pas un mot dans son discours) ou la lutte contre les inégalités.

Je vous invite bien sur à lire son discours pour y trouver de nombreuses informations passées ici sous silence et vous faire votre propre idée mais pour le moment, je n'ai pas l'impression que ce discours arrive ni à rassembler les militants de gauche, ni à convaincre une majeure partie de l'électorat français. Arnaud Montebourg reste néanmoins une affaire à suivre et surtout quel sera son avenir aux côtés de Benoit Hamon.

mardi 17 mai 2016

Montebourg candidat mais pas trop

Mitterrand allait à la Roche de Solutré tous les lundis de Pentecôte. Depuis une dizaine d'année, Arnaud Montebourg fait de même une centaine de kilomètres plus au sud en randonnant vers le sommet du Mont Beuvray. Cette année cette ascension était annoncée comme exceptionnelle. Moins d'un an avant l'élection présidentielle, Arnaud Montebourg bat le rappel médiatique (et militant), il a quelque chose d'important à annoncer aux Français.

En haut de son Mont Beuvray, Arnaud n'a pas annoncé sa candidature, mais c'est tout comme. Ce lundi, le candidat Montebourg faisait surement son entrée en campagne en présentant un appel à projets. Cet appel est destiné 
"aux économistes, aux entrepreneurs et aux syndicalistes, aux innovateurs, aux chercheurs et aux créateurs, aux scientifiques et aux artistes, aux citoyens engagés et tout simplement aux Français qui souhaitent peser sur le destin de notre Nation et de notre continent"

Ce projet à écrire devra respecter 3 caractéristiques, assez générales et floues pour encourager tout le monde à participer :
1- Il devra affronter et traiter les problèmes que la classe dirigeante de droite et de gauche esquive depuis des décennies ; et apporter des solutions nouvelles. De ce point de vue, ce projet devra être innovant et fera appel à tous les innovateurs de France.
2- Ce projet devra tenter de réconcilier, réunifier les deux France : la France qui va bien et la France qui va mal. La France qui va mal, c’est celle des territoires désindustrialisés, des agriculteurs appauvris et des ouvriers sans porte voix, des PME laissées pour compte et des Services Publics délaissés. La France qui va bien c’est celle des start-up, des Fonds d’investissement et des métropoles.
Chacune de ces deux France devra être entendue mais aucune des deux ne devra éviter des concessions à l’autre. Il s’agit de construire des compromis gagnants pour tous. De ce point de vue, ce projet sera Républicain et fera appel à toutes les bonnes volontés de France.
3- Ce projet devra s’inspirer de certaines valeurs. Il ne niera certainement pas ce que nous sommes. Mais qui sommes-nous ? Des hommes et des femmes de gauche. Je suis un homme de gauche. Mais qu’est-ce que cela veut dire « être de gauche » dans ce moment où les repères ont disparu ?

Et à Arnaud Montebourg de se lancer dans l'exercice toujours difficile d'expliquer ce qu'est "être de gauche", en douze point, et chaque point illustré par 2 personnalités. Sont invoqués, sans trop de surprises car déjà vus dans les discours du presque candidat, Roosevelt, Mitterrand, Mendès-France. De nouveaux exemples plus récents sont aussi appelés : Naomi Klein en icône de la justice qui protège le plus faible, Florence Aubenas qui en décrivant le quotidien des Français représente les soutiens à "ceux qui se sentent abandonnés par la société". 
Enfin des personnalités plus étonnantes se retrouvent citées en personnalités de gauche. 
  • Jean-Pierre Chevènement fut de gauche (j'ai des doutes aujourd'hui), Arnaud Montebourg le cite dans son paragraphe sur le patriotisme économique. Je me demande s'il partage sa vision de gauche de la construction européenne...
  • Le Pape François est cité dans le paragraphe sur le respect de tous, car être de gauche "c’est aimer notre culture et nos valeurs sans vouloir en faire des armes d’exclusion massive." Arnaud Montebourg pense bien sur ici aux migrants, je me rappellerais des propos du Cardinal Barbarin et du peu d'action du pape, si prolixe en d'autres contextes, sur le mariage pour les couples du même sexe.
  • Simone Veil serait de gauche car "être de gauche, c’est vouloir poursuivre et parachever l’œuvre d’égalité des droits, des chances et des opportunités entre les hommes et les femmes." Simone Veil fut tout de même ministre sous Giscard puis sous Balladur et fut élue au Parlement Européen avec l'étiquette UDF. 
J'imagine qu'avec ces exemples pas tous issus de la "vraie gauche officielle", Arnaud Montebourg montre ainsi que personne n'a le monopole de la pensée de gauche et qu'il faut savoir s'ouvrir à toutes les bonnes volontés. Mais n'est-ce pas là la même pensée qui anime Emmanuel Macron quand il se dit ni de droite, ni de gauche ? 

La volonté d'Arnaud Montebourg est louable. A un an de l'élection présidentielle, à un peu plus de 6 mois du début de la campagne électorale, son initiative de construction de projet peut-être salutaire pour la gauche. Je ne l'imagine pas oser se présenter contre François Hollande. Cette initiative serait malheureuse, difficile à expliquer et destructrice pour la gauche. En revanche, en construisant ce projet, tout comme en présentant son projet lors de la primaire de 2011, il pèsera un poids certains dans la préparation du prochain programme du candidat socialiste.

Pour mesurer ce point, il ne serait pas étonnant de voir Arnaud Montebourg se présenter officiellement comme candidat à l'élection présidentielle. Ça lui ouvrira les portes de plusieurs médias, ça permettra de voir sa personnalité et ses idées confrontées aux autres par les instituts de sondages. La prochaine étape devrait être fin août à Frangy-en-Bresse lors de la Fête de la Rose, autre grand raout Montebourgeois traditionnel qui avait été il y a 2 ans le signal de son départ du gouvernement. 


Le texte complet de l'Appel du Mont Beuvray : http://www.arnaudmontebourg.fr/lappel-du-mont-beuvray/

mardi 12 janvier 2016

Une primaire pour les rassembler tous ?

L’initiative a été lancée hier dans Libé. Des hommes et femmes de différents horizons appellent à l’organisation d’une grande primaire de la gauche pour désigner le candidat unique de la gauche à l’élection présidentielle de 2017. Il faut lire leur argumentaire, il est très bien. Je le trouve juste dans les constats sur la nécessité de revivifier la politique, de permettre l’émergence de nouvelles idées et de nouveaux visages. En plus étant un grand partisan de la primaire de 2011, où déjà à l’époque je regrettais que les camarades écolos et communistes ne veuillent pas se joindre à nous, je serais mal placé pour ne pas saluer l’initiative, mais… car oui, il y a plein demais.

Mais la situation n’est pas la même qu’en 2011. En 2011, la France a un président de droite depuis 1995 (ce qui signifie que les plus jeunes électeurs n’ont pas de souvenir d’un président de gauche). En 2011, ça faisait 9 ans (depuis 2002) que la gauche n’avait pas été aux manettes d’un gouvernement. A l’époque, il était nécessaire d’ouvrir le plus possible le mode de désignation du candidat de façon à obtenir un candidat (ou une candidate) fédérant le plus sur son nom pour battre Nicolas Sarkozy ou tout autre prétendant à sa succession. L’opération fut un énorme succès tant l’attente était forte. A présent, nous avons un président en place, certes contesté, mais en place et au boulot jusque mi 2017. Déjà que l’on voit venir les critiques sur sa façon de concilier son action de président et de candidat pendant la campagne de 2017 (pas la peine de faire les surpris, on a fait le même coup à Sarkozy en 2012), on ne va pas ajouter une année de campagne supplémentaire au candidat Hollande.

Mais le calendrier est trop juste. La primaire de 2011 fut un succès car elle a commencé a être préparée bien en amont. Ce n’est pas en janvier 2011 que le PS a commencé à réfléchir aux modalités du scrutin. Ici, on ne connait rien des modalités, des conditions de candidatures, des conditions de scrutin. Tout devrait être organisé en quelques mois et au moindre faux pas c’est le fiasco pour ces primaires, la campagne présidentielle commencerait très mal et l’image serait ternie pour des prochaines tentatives. Bref, c’est la cata assurée pour de nombreuses élections.

Mais la volonté de faire émerger de nouveaux visages est déjà foutue. Dans le Libé d’hier, un tour d’horizon des prétendants est brossé. On retrouve Cécile Duflot pour Europe Ecologie – Les Verts, Pierre Laurent pour le Parti Communiste, la question se pose pour Jean-Luc Mélenchon, puis quelques socialistes ouvertement en désaccord avec la ligne présidentielle Benoit Hamon et Arnaud Montebourg. C’est ça l’éclosion de nouvelles personnalités ? La possibilité d’une candidature issue de la société civile ou du monde associatif est évoquée pour donner plus de consistance à une primaire vraiment ouverte. Qui va croire que cette personnalité aura assez de crédit pour gagner les voix d’une majorité de Français le soir du 1er tour de l’élection présidentielle, quand ces mêmes Français restent convaincus que Ségolène Royal n’avait pas la « carrure » d’une présidente de la République ou que Jean-Michel Baylet en 2011 a porté une candidature atypique mais pas vraiment sérieuse ?

Pourtant il faut faire quelque chose pour donner un élan et du contenu à la future campagne de François Hollande. On pourrait imaginer cette primaire sans François Hollande mais avec un porte-parole, son futur directeur de campagne par exemple, qui participerait au débat et se ferait le porte-voix d’un président trop occupé à sa tâche que les Français lui ont confié pour 5 années et non 3,5. Cette possibilité ne résout en rien la contestation sur le calendrier et les modalités d’organisation alors mettons là de côté.

Autre possibilité, ne pas organiser une grande primaire de la gauche et des écologistes mais un grande consultation nationale de la gauche et des écologistes pour construire un programme commun visant à alimenter le programme du candidat Hollande (ou le candidat de la gauche et des écologistes s’il ne se présente pas au final). Si on veut redonner de la consistance au débat politique, alors concentrons-le sur les idées et non sur les personnes. Si on veut pouvoir piocher dans les idées issues des Français, du monde associatif ou syndical, alors construisons un programme qui reprend certaines de leurs propositions. Bien sur, on m’objectera qu’à quoi bon construire un programme si celui-ci n’est pas suivi. La réponse est simple, quel que soit le candidat désigné, il y a peu de chance qu’il suive 100% de son programme. De plus, on peut critiquer certains choix de Hollande sur les questions sécuritaires qui n’étaient pas dans son programme mais une très large majorité de ses 60 propositions ont été mises en œuvre. 
L'avantage de cette grande consultation nationale serait aussi d'ouvrir un débat à gauche dans la même période que les primaires à droite (qui eux ont bien besoin d'une consultation pour définir un chef de file). Ainsi les chaînes d'infos ne seraient pas trop embêtées et pourraient essayer de respecter les temps de paroles des différents partis, tout en offrant des débats et des conférences idéologiques et programmatiques et pas uniquement des querelles d'égos. 

Cette fois-ci, je passe mon tour. Je ne soutiens pas l’initiative d’une primaire de toute la gauche pour désigner le candidat de 2017. En revanche je suis convaincu que les moyens exprimés pour ouvrir le débat doivent être mis en œuvre pour la construction du futur programme. Il faut aussi développer dès à présent ce concept pour que ce concept ne soit pas une idée en l’air mais que son principe soit bien ancré dans les esprits afin qu’une primaire ouverte à toute la gauche, aux écologistes, au monde associatif et au monde syndical puisse être possible en 2022 quand François Hollande ne pourra plus se représenter.

mercredi 6 mai 2015

6 mai 2012, 3 ans après l'enthousiasme tranquille

Joyeux anniversaire Président et gouvernement ! Joyeux anniversaire la gauche qui est au pouvoir depuis 3 ans. En 2013, pour le premier anniversaire, je me souvenais des bons souvenirs de cette soirée historique du 6 mai 2012. A l'époque je soulignais que si le gouvernement essayait d'agir pour tous les Français, une certaine droite continuait à vouloir opposer différentes catégories de Français, je remarque que deux ans après, c'est toujours le cas. 
En 2014, j'étais "toujours fier du 6 mai" : "Deux années après, je reste convaincu de mon vote le 6 mai 2012 pour François Hollande car je sais parfaitement que ce que nous promettait Nicolas Sarkozy était encore pire que ses 5 premières années.".

En 2015, mon soutien reste sans faille et je vis un enthousiasme tranquille à l'image d'une force qui animait un précédent quinquennat. Bien sur, comme le disait Julien Dray ce matin, le bilan "n'est pas bon au sens où il y a effectivement de la déception, au sens où un certain nombre de choses ne sont pas reparties au beau fixe comme on pouvait l'espérer au départ, ça prend plus de temps que prévu". Mais ce n'est pas parce que les résultats tardent que l'action est mauvaise. On peut saluer de nombreuses actions du gouvernement qui ont ou qui vont améliorer le quotidien de tous sans aucun impact direct sur le taux de chômage actuel :
  • La fin du cumul des mandats
  • La généralisation du tiers-payant
  • L'embauche de 500 policiers et gendarmes par an quand 12 000 postes ont été supprimés durant le précédent quinquennat
  • L'autorisation des actions de groupe
  • Le rétablissement de la retraite à 60 ans pour les carrières longues et mise en place d'un compte pénibilité
  • La diminution des dépenses de l’État et de l’Élysée.
Et surtout, le gouvernement respecte son plus gros engagement, celui en faveur de la jeunesse puisque l’Éducation Nationale est le premier budget de l’État, où 60 000 postes sont en cours de création, avec le retour d'une formation des professeurs avec les ESPE, la hausse de 25% de l'ARS (allocation de rentrée scolaire) et surtout un solde positif de 8914 créations de classes dans les écoles maternelles et primaires en 3 ans quand sous le précédent quinquennat ce solde était négatif avec la suppression de 9203 classes.

Si je suis déçu de voir certains camarades s'éloigner de la ligne de François Hollande, souvent car ils ont la confirmation que ce n'était pas leur ligne initiale (je pense à mes amis communistes et du front de gauche comme aux soutiens de Martine Aubry et d'Arnaud Montebourg lors de la primaire), je suis toujours ravi de me compter parmi les soutiens d'un François Hollande qui fait de son mieux pour rendre possible ce que nous souhaitons.

Et comme tous les ans, je ne peux que vous conseiller de revoir l'excellent document de Jérémy Sahel:

samedi 25 avril 2015

Des primaires à gauche, avec toute la gauche

Depuis sa création, Terra Nova a beaucoup réfléchi sur la mise en place de primaires à gauche pour les élections présidentielles. La primaire de 2011 organisée par le PS et le PRG fut un succès et une bonne partie de son organisation fut débattue sur la base du travail du think tank. Du coup, quand Terra Nova sort une nouvelle note sur le futur des primaires à gauche, elle attire l'intérêt. Surtout quand on sait que certains à gauche continuent d'espérer une primaire avant 2017 pour relancer la gauche. Terra Nova publie quatre propositions allant du périmètre des candidats possibles aux conditions de ces tenues.

Des primaires de toute la gauche
Je l'espérais en 2011 mais le PS ne fut accompagné que du PRG. Pourtant alors que les radicaux s'engageaient formellement avec les socialistes pour la présidentielle, les écologistes négociaient avec les socialistes un accord de législature avec un nombre de circonscriptions protégées pour leur garantir une place non négligeable à l'Assemblée Nationale. Je suis donc enthousiaste quand je lis que Terra Nova propose que ces primaires soient élargies le plus possible et que leurs résultats servent de "base de négociation des investitures". Le poids des différents partis de gauche, voire des différents courants, dépendrait de leur représentativité future. Lier primaire présidentielle et législative, ou primaire municipale et composition du conseil municipal donnerait encore plus de poids aux votes reçus par chaque candidat et éviterait l'écueil d'accords électoraux négociés dans le secret des QG politiques et souvent incompris des électeurs et même des militants.

Un nouveau type scrutin, préférentiel
La primaire citoyenne de 2011 était organisée sur un mode classique, le scrutin uninominal à deux tours, même mode de scrutin que l'élection présidentiel. Ce mode de scrutin avait pour principale qualité d'être bien connu des électeurs français, confrontés lors des primaires à un nouveau type d'élection. Comme lors de l'élection présidentiel, le vote ne pouvant se porter que sur une seule personne, il y a un risque qu'une candidature appréciée ne reçoive pas l'intégralité des suffrages de ses supporters car ces derniers peuvent préférer le choix du vote utile vers une candidature qui parait plus à même de gagner l'élection finale. Par exemple en 2011, certains sympathisants de Manuel Valls ou de Jean-Michel Baylet ont surement préféré voter pour François Hollande ou Martine Aubry pour leur capacité à gagner contre le candidat Sarkozy. Leur score se retrouve faussé et leur influence mal-estimée. 
Pour éviter cela, Terra Nova propose un scrutin au "jugement majoritaire". Les électeurs donnent leur jugement sur l'ensemble des candidats. Chaque candidat, chaque courant, pourrait ainsi avoir une estimation de leur influence chez les électeurs participant à la primaire, c'est-à-dire la population des sympathisants de gauche. Ce jugement majoritaire n'empêchera surement pas de placer en tête de son jugement celui que l'on juge le plus à même de gagner l'élection (avec le potentiel vote utile) mais permet de nuancer son choix en précisant qui sont les autres candidatures qui nous ont convaincu. 

Des primaires pour toute élection
Le PS avec succès le test de la primaire citoyenne préparatoire à l'élection présidentielle. Pour les municipales, une poignée de communes ont tenté l'expérience, avec plus ou moins de succès, comme à La Rochelle où tous les participants n'ont pas joué le jeu et se sont présentés malgré le résultat de la primaire. Terra Nova propose qu'une primaire soit possible à tous les échelons des élections sous réserve que la demande d'organisation soit acceptée par les conseils nationaux des partis participants. Des primaires locales, en respectant les deux propositions ci-dessus, permettraient de définir la composition d'un conseil municipal ou d'un conseil régional. Une primaire largement ouverte pour les futures échéances régionales doivent permettre de départager les querelles d'égo entre deux sortants (question qui doit surement se poser avec les dernières fusions de régions) mais aussi de mieux comprendre l'influence des écologistes, des communistes et des socialistes régionalement. Les électeurs sympathisants de gauche pouvant s'exprimer librement pour indiquer leurs préférences et donner leurs faveurs à des candidats bien implantés localement.

La primaire pour la présidentielle, c'est pas automatique
A gauche, certains veulent une primaire pour l'élection 2017 avec l'espoir qu'elle donne un nouveau souffle à la gauche et fasse émerger un successeur à François Hollande. Encore une fois, je suis d'accord avec Terra Nova. Cette primaire doit être systématique quand la gauche est dans l'opposition mais ne doit se tenir quand elle est au pouvoir que si le président sortant le décide. Si je n'imagine pas un président en activité se prêter à l'exercice d'une primaire interne, l'organisation d'une primaire ne peut se tenir qu'avec l'accord de ce dernier. Seul intérêt à une primaire incluant François Hollande avant l'échéance de 2017 serait une "primaire de coalition" (pour reprendre l'expression de Terra Nova) avec toutes les autres forces de gouvernement. Cette primaire permettrait d'éviter la dispersion des voix de gauche lors du premier tour de l'élection présidentiel et donc donnerait toutes les chances au candidat de gauche pour se qualifier pour le second tour de l'élection présidentielle.

De ces propositions, je retiens qu'une primaire à gauche n'a du sens que si elle s'ouvre au plus grand nombre de formations de gauche. C'était déjà mon souhait en 2011, ça devient de plus en plus primordial quand on voit qu'aux dernières départementales, la gauche s'est trop souvent retrouvée exclue du second tour laissant la place à des duels UMP-FN. Ces primaires ouvertes doivent être la base des accords électoraux et éviter de donner l'impression à une sur-représentation de certains partis partenaires du PS. Enfin, un scrutin au jugement majoritaire doit permettre de trouver une tête de liste qui plait au plus grand nombre et garantir normalement le plus large rassemblement lors de la campagne officielle.


Note de Terra Nova écrite par Alain Bergounioux, Anne-Lorraine Bujon, Michel Balinski, Rida Laraki, Thierry Pech : http://www.tnova.fr/note/primaires-et-si-c-tait-refaire

jeudi 2 octobre 2014

Drame à l'UMP, une femme ne pense pas comme son mari

Image d'un couple moderne
Qu’arrive-t-il à l’UMP ? Tout le monde est désorienté. D’après les dernières informations, il y aurait un couple à l’UMP dont la femme ne pense pas comme son mari. Est-ce le début du déclin de la civilisation si longtemps professé par leurs amis de la manif pour tous ? L’égalité femme-homme profiterait-elle du trouble existant dans la formation UMP pour s’immiscer ?

Bref rappel des faits. Depuis 2006, Bernadette Chirac, femme de l’ancien président, soutient publiquement Nicolas Sarkozy. Elle l’a fait lors de ses deux campagnes présidentielles et le soutient de nouveau dans sa campagne pour accéder à la tête de l’UMP. En 2012, son mari a pourtant bien tenté de dire tout le mal qu’il pensait du candidat Sarkozy en annonçant qu’il voterait François Hollande mais Mme Chirac a préféré accuser son mari de début de folie. Aujourd’hui, Bernadette Chirac ne parle toujours pas avec bienveillance d’Alain Juppé, principal concurrent de son poulain :

«Qu'est-ce qu'Alain Juppé a à voir avec Nicolas Sarkozy ? Il peut courir avant de faire des succès comme ça, sur les planches.»

A l’UMP, et surtout dans le clan des soutiens de Sarkozy, cela valait pour parole d’évangile et soutien présidentiel. Mais le drame qui devait arriver arriva. Jacques Chirac sortit de sa réserve pour soutenir son fidèle compagnon de route, le « meilleur d’entre tous » prêt à payer pour les erreurs de ses chefs :

«J'ai toujours su qu'Alain Juppé serait au rendez-vous de son destin et de celui de la France. Peu de choses pouvaient me faire plus plaisir, pour moi-même, pour lui et surtout pour notre pays. Si j'en avais l'énergie, j'aurais déjà réservé ma place, même une petite, à son QG.»

Cette prise de position contradictoire sème la confusion des militants UMP. Le chef historique est Jacques Chirac, c’est lui l’homme, ce devrait donc être lui qu’il faut écouter. Mais en parallèle, la Première Dame donne un avis contraire. Son avis semblait être celui qui prévaut depuis 2006 et le début de la fatigue officiel de son mari. Certains pensaient surement que la parole de Mme Chirac n’était que la retranscription des propos du mari, propos émis dans l’intimité loin de l’agitation médiatique.

Une femme de président qui n’est pas du même avis que son mari, cela ne vous rappelle rien ? L’affaire du tweet de Trierweiler bien évidemment. A l’époque le militant de droite avait déjà expliqué en long et en large qu’il jugeait inconcevable qu’une femme de président puisse avoir une pensée propre, qui plus est différente de celle de son mari ou compagnon. L’histoire de ce tweet n’était qu’une preuve supplémentaire de la dégénérescence mentale de la gauche, cette idéologie qui pousse les femmes à l’indépendance et au libre-arbitre. Mais voici que cette dégénérescence est en train de frapper l’UMP. Les premiers préceptes de la théorie du genre sont en train d’arriver. Ca commence par une femme qui n’exprime pas les idées de son mari mais ça finit par une femme présidente, peut être même lesbienne ! Qui l’eut cru, l’UMP est en train d’entrer dans le XXIème siècle par le biais du couple Chirac qui restera un des couples emblématiques de la droite du XXème siècle, comme quoi tout arrive, même à droite.