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Justice aveugle et sourde à la pression |
Jean-Pierre Jouyet est un ami de François Hollande, il est surement ami de nombreux autres politiques qu'il a rencontré lors de ses études ou lors de son parcours professionnel ou politique.
François Fillon n'a pas d'amitié connue avec François Hollande, en revanche il a fait venir Jean-Pierre Jouyet dans son premier gouvernement pour une pige de 18 mois. Mais est-ce Fillon qui l'a choisi ou Nicolas Sarkozy, celui qui considère son Premier Ministre comme un simple collaborateur ? Ce qui est sur, François Fillon n'a pas d'amitié pour Nicolas Sarkozy.
Jean-Pierre Jouyet et François Fillon ont déjeuné ensemble. Ils ont parlé de choses et d'autres. D'après Jean-Pierre Jouyet et deux journalistes du Monde, François Fillon aurait demandé lors de ce déjeuner à ce que l'Elysée intervienne pour accélérer un peu les enquêtes en cours autour de Sarkozy. Nous sommes en juin, Fillon voit le retour de Sarkozy se rapprocher avec le départ de Jean-François Copé dans l'affaire des fausses factures de Bygmallion lors de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy. Il n'a pas envie de revivre en 2016 une primaire face au patron de l'UMP après son amère expérience contre Jean-François Copé en 2012.
Cette histoire est n'est pas si inintéressante qu'elle n'y parait. Elle permet de se recentrer sur la République exemplaire voulue par François Hollande. Par ce diner, on apprend que François Fillon soit a eu de mauvaises habitudes quand il était à Matignon, soit a vu des pratiques pas vraiment éthiques dans les coulisses du gouvernement et de l'Elysée. Ce n'est pas le premier qui signale ce genre de comportement. Rappelons nous les enregistrements de Patrick Buisson, le théoricien d'extrême-droite de la fin du quinquennat Sarkozy. Dans un de ces enregistrements, Buisson dit à propos du départ de Guéant de l'Elysée :
"L’avantage de Guéant, depuis trois mois, c’est qu’il connaissait un petit peu les dossiers, notamment pour les affaires auprès du parquet. Il se mouillait un petit peu."
Ou rappelons-nous du passage de Dati au ministère de la Justice. Christophe Régnard, le Président de l'Union Syndicale des Magistrats (le syndicat majoritaire, pas le célèbre Syndicat de la Magistrature), rappelait il y a quelques mois:
"Il n'y a plus de stigmatisation permanente des magistrats et moins de pressions au quotidien. Par rapport à Dati, Taubira intervient peu dans les dossiers."
Aujourd'hui, on a bien un François Fillon qui fait des appels du pied pour que le pouvoir socialiste l'aide dans son combat personnel contre Nicolas Sarkozy. Un peu ironiquement, il rappelle une bon mot un peu facile de François Hollande à un enfant : "Sarkozy ? Tu ne le verras plus." Mais on a surtout une équipe à l'Elysée qui tient à l'indépendance de la Justice. Jouyet n'a rien fait, Hollande n'a rien fait, et Christiane Taubira observe que tout se passe selon les règles. Personne ne fait de déclarations intempestives pour mettre la pression sur des juges ou pour les sanctionner (rappelons-nous Nicolas Sarkozy lors de l'affaire du meurtre de Laetitia). Tout le monde respecte le travail et le rythme des juges.
Merci à François Fillon et aux journalistes du Monde qui mettent en valeur le comportement de nos élus et nos dirigeants de gauche, même si, avouons-le entre nous, j'aimerais moi aussi qu'au moins une affaire aboutisse par une condamnation ferme de l'ancien président.