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Article écrit après l'échec du Programme commun |
La semaine dernière Jean-Christophe Cambadélis, chef de file
des socialistes, avait sorti sa plus belle plume pour écrire une lettre ouverte à la Gauche et aux écologistes. En introduction, il effectuait ce constat amer
que tout le monde a remarqué depuis 2012 et qui va en s’amplifiant :
« La gauche est aujourd’hui fragmentée. Elle défend ses valeurs dans un monde tenaillé par l’identité, obsédé par le profit, dominé par le conservatisme. La gauche aborde en ordre dispersé les défis de son époque. La révolution de l’immatériel, les défis climatiques, les bouleversements géopolitiques, la droitisation de la société et l’extrémisation de la droite. »
« La gauche est aujourd’hui fragmentée. Elle défend ses valeurs dans un monde tenaillé par l’identité, obsédé par le profit, dominé par le conservatisme. La gauche aborde en ordre dispersé les défis de son époque. La révolution de l’immatériel, les défis climatiques, les bouleversements géopolitiques, la droitisation de la société et l’extrémisation de la droite. »
Cette lettre ouverte à la Gauche et aux écolos a pour
volonté de rouvrir des discussions pour trouver les conditions d’un socle à une
maison commune (terme également employé par Jean-Luc Bennahmias dans la
construction de la nouvelle UDE). Quand il écrit :
« Je ne mésestime pas nos débats économiques, sociaux voire européens. Il y a là des fractures qui pour importantes qu’elles soient, ne sont insurmontables. Aiguiser les divergences ne permet pas de les surmonter mais seulement de les faire durer. Dans les années 1970 ou bien 1936, les désaccords au sein de la gauche étaient plus graves puisqu’ils portaient sur le modèle de société. Et pourtant, la gauche s’est unie. »Cambadélis est conscient qu’il existe des points d’achoppement, d’ailleurs sans ces points la multiplication des partis à gauche n’aurait pas de sens, mais il doit être possible de se retrouver sur des ambitions et des projets communs.
Depuis cette lettre ouverte, un premier sondage est paru
prédisant une nette victoire du FN aux élections régionale dans le Nord – Pas de Calais – Picardie. Ce même sondage montre une bérézina pour la
gauche avec un PS troisième et un Front de Gauche (allié ou non aux écolos) récoltant
des poussières (potentiellement 6% quand une liste d’extrême-gauche en
récolterait 4).
De façon plus factuelle qu’un sondage, la ville de Noisy-Le-Grand
a fourni une illustration concrète des résultats d’une guerre sans merci entre
PS et Front de Gauche. Le 14 septembre, au soir du 1er tour de cette élection municipale rejouée, il y avait 102
voix d’écarts entre la candidate LR et le candidat PS. Le Front de Gauche, 3571
voix de moins que la liste PS, finissait 3ème avec 100 voix d’avance
sur le FN. Une semaine plus tard, le Front de Gauche est toujours en lice, n’ayant pas
voulu se désister. Il perdre 126 voix entre les deux tours et permettra à la
liste LR de ravir une ville historiquement à gauche pour 33 petites voix.
Dans sa lettre ouverte, Cambadélis avait prévenu :
« Chacun dans notre coin, nous croyons pouvoir tirer les marrons du feu de la grande confusion qui règne. L’anathème règne en maître à coup d’excommunications médiatiques sous le regard désabusé et incrédule d’un peuple de gauche ainsi démotivé. Nous pensons pouvoir nous doubler les uns les autres. Certains veulent même se dédoubler. D’autres pensent que le salut est dans l’alternative si radicale, qu’elle fait de l’autre l’ennemi. Ce n’est pas en installant partout la droite et l’extrême droite, que l’idéal à gauche sera mieux défendu. »Cette vraie gauche a encore frappée. Alors qu’elle dit combattre le FN, ses plus grandes victoires se trouvent dans les élections où elle obtient la défaite du PS, permettant ainsi à la droite de grappiller toujours un peu plus d’exécutifs.
Inlassable, Jean-Christophe Cambadélis repart au charbon ce
lundi en appelant à la mise en place d’un référendum citoyen pour demander l’avis
des sympathisants de Gauche sur la nécessité ou non de réussir l’union de la
Gauche dès les régionales de cet hiver. Excellente initiative qui arrive
pourtant trop tard pour ces régionales.
Excellente initiative car cette vraie Gauche qui dit parler
au nom du peuple, qui se dit porte-voix de la majorité silencieuse (tellement
silencieuse qu’on ne la retrouve jamais dans les urnes) pourrait ainsi
comprendre que les électeurs préféreraient une gauche unie au pouvoir plutôt que
la droite (sans même agiter le spectre du FN). Excellente initiative qui
permettrait aux candidats de gauche de taper librement sur leurs adversaires de
droite pendant la campagne des régionales et non à perdre du temps pour contrer
les tacles venant de leur gauche. Car comment espérer obtenir un minimum de
crédibilité auprès des électeurs quand on attaque un autre parti de gauche
durant toute la campagne du 1er tour puis se rallier à eux au second
tour pour espérer sauver quelques sièges ?
Initiative trop tardive car l’union de la gauche aux
élections doit se travailler. Il serait inutile de partir rassembler si ce
rassemblement n’est que de façade sans accord programmatique ou sans stratégie
commune. Ce genre de rassemblement de
façade ne peut amener qu’à l’état actuel de la Gauche, avec des francs tireurs mélenchonistes,
des écolos explosés et des socialistes qui peinent à s’unir eux-mêmes.
C’est peut-être là tout l’intérêt d’un référendum ouvert aux
sympathisants de gauche, aux syndicalistes, aux associatifs. Quand les
appareils ne se parlent pas et n’écoutent pas, alors c’est au peuple de gauche
de sonner le réveil en appelant de ses vœux (enfin je l’espère) à la
construction d’une union responsable.