mardi 31 janvier 2017

Un deuxième tour des primaires mobilisateur

Le 22 janvier, 2028 électeurs du 4ème arrondissement s'étaient déplacés pour le premier tour de la primaire citoyenne. Au soir du premier tour, Benoît Hamon était sorti en tête dans l'arrondissement avec 107 voix d'avance sur Manuel Valls. Ce 29 janvier, à l'image du comportement national, les habitants du 4ème se sont encore plus mobilisés pour participer à un second tour intéressant et motivant au vu des différences de programme et de personnalité des deux finalistes.

Voici les résultats globaux du 4ème arrondissement de Paris:
  • Nombre de votants : 2 375
  • Bulletins blancs ou nuls : 35 bulletins
  • Benoit Hamon : 53,85% (1 260 voix)
  • Manuel Valls : 46,15% (1 080 voix)
Certes la participation est bien inférieure à celle du second tour record de la primaire de la droite (4 328 votants) qui s'est déroulé à la fin de l'année dernière ou même de celui de la primaire de la gauche en 2011 (2 932 votants), mais on observe une hausse 17% entre les deux tours là où les précédents exercices de primaires ouvertes dans l'arrondissement avaient vu un taux de participation sensiblement stable entre les deux tours.
Si on joue aux différences avec les deux précédentes primaires, on peut souligner que pour la première fois l'écart est net entre le vainqueur et le dauphin et surtout que pour la première fois les électeurs de l'arrondissement ont voté dans le même sens qu'au niveau national.

Pour finir, voici les résultats par bureau de vote :

Bureau regroupant les bureaux n°2 (école élémentaire rue de Moussy), n°12 (école maternelle rue des Archives) et 13 (école élémentaire rue Renard) : 
  • Nombre de votants : 605
  • Bulletins blancs ou nuls : 8 bulletins
  • Benoit Hamon : 56,11% (335 voix)
  • Manuel Valls : 43,89% (262 voix)
 
Bureau regroupant les bureaux n°1 (mairie d'arrondissement place Beaudoyer),  4 (école maternelle rue du Fauconnier), 5 (école élémentaire rue de l'Ave Maria)
  • Nombre de votants : 475
  • Bulletins blancs ou nuls : 10 bulletins
  • Benoit Hamon : 55,48% (258 voix)
  • Manuel Valls : 44,52% (207 voix)
 
Bureau regroupant les bureaux n°11 et 14 (collège François Couperin)
  • Nombre de votants : 326
  • Bulletins blancs ou nuls : 7 bulletins
  • Benoit Hamon : 56,11% (179 voix)
  • Manuel Valls : 43,89% (140 voix)
 
Bureau regroupant les bureaux n°8 (Direction des affaires scolaires, rue de l'Arsenal), 9 (école maternelle rue Poulletier) et 10 (école élémentaire rue Saint Louis en l'ile)
  • Nombre de votants : 360
  • Bulletins blancs ou nuls : 3 bulletins
  • Manuel Valls : 50,70% (181 voix)
  • Benoit Hamon : 49.3% (176 voix)
 
Bureau regroupant les bureaux n°3 (école élémentaire rue des Hospitalières St Gervais), 6 (lycée professionnel Théophile Gautier), 7 (école élémentaire rue des Tournelles)
  • Nombre de votants : 609
  • Bulletins blancs ou nuls : 7 bulletins
  • Benoit Hamon : 51,83% (312 voix)
  • Manuel Valls : 48,17% (290 voix)

Exercer son droit de retrait, vraiment ?

https://www.cairn.info/loadimg.php?FILE=JDJ/JDJ_289/JDJ_289_0033/fullJDJ_idPAS_D_ISBN_pu2009-09s_sa06_art06_img001.jpgBenoît Hamon est sorti victorieux et assez largement d’ailleurs de la primaire citoyenne. Primaire qui fut elle-même une belle victoire avec plus de 2 millions de participants lors du second tour. Comme il fallait s’y attendre les déçus du scrutin commence à regarder ailleurs, vers cette ligne d’horizon ni de gauche ni de droite que représente Macron. Quand il s’agit d’électeurs, on peut les comprendre. On peut être sûr que si l’inverse s’était produit, une partie de l’électorat de Benoit Hamon se serait tournée vers les offres plus à gauche que Manuel Valls et le PS. Il est donc normal de voir un report d’une partie de l’électorat de Manuel Valls se dire intéressé par Emmanuel Macron.

En tant que militant socialiste, j’ai un peu plus de mal avec les élus PS qui annoncent haut et fort leur ralliement à Macron. Ils critiquent un programme non viable de Benoît Hamon pour rejoindre un candidat qui ne cesse de repousser la date de présentation de son propre programme. Si le programme arrive à respecter les souhaits des déçus de la primaire LR et de celle du PS tout en faisant rêver une majorité de Français, alors je ne pourrais que m’incliner devant le talent de cet homme (sans pour autant le soutenir, faut pas déconner non plus).

Mais aujourd’hui c’est avec ma casquette de syndicaliste que je bouillonne. Deux députés PS se sont offert une tribune dans Le Monde pour expliquer qu’ils revendiquent « haut et fort un droit de retrait de la campagne présidentielle car les conditions de notre soutien à la candidature de Benoît Hamon ne sont pas réunies. » Dans leur argumentation, ces deux députés considèrent qu’un soutien au projet de Benoît Hamon « serait contraire à la culture socialiste qui, historiquement, s’est construite autour de l’amélioration des conditions de travail et du temps du travailleur. »

Léger problème, si l’on s’appuie sur les conditions de travail et la culture socialiste, peut-être est-il nécessaire de faire attention aux mots qu’on emploie. Le « droit de retrait » n’est pas une expression comme une autre pouvant être utilisée à la légère. C’est un véritable droit défini par la loi :

Lorsqu’un salarié non mandaté exerce son droit de retrait, la loi lui demande seulement d’avoir « un motif raisonnable de penser » que la situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé. Elle n’exige pas une cause réelle de danger, l’apparence et la bonne foi suffisent. Ainsi le juge contrôle uniquement le caractère raisonnable du motif et non la réalité du danger.

Pour ces députés, il y aurait donc un danger grave et imminent pour leur santé ou pour leur vie. Il va falloir détailler un peu plus que ce qui est écrit dans la tribune pour faire comprendre aux Français dans la globalité (ou a minima aux militants socialistes) en quoi Benoît Hamon ou son programme représenterait une telle menace. 

mercredi 25 janvier 2017

Les véritables chiffres de la primaire citoyenne

Voici les véritables chiffres du premier tour de la primaire de la gauche dans le 4ème arrondissement de Paris. Ceux de la ville de Paris, bureau de vote de primaire par bureau de vote de primaire sont disponible sur le site de la fédération de Paris. Les chiffres cumulés et définitifs à l'échelon national devraient être mis à disposition, je l'espère, prochainement.

Globalement, au niveau du 4ème arrondissement, les résultats se déclinent ainsi :
  • Nombre de votants : 2028
  • Bulletins blancs ou nuls : 23 bulletins
  • Benoit Hamon : 36,76% (737 voix)
  • Manuel Valls : 31,42% (630 voix)
  • Vincent Peillon : 12,32% (247 voix)
  • Arnaud Montebourg : 10,97% (220 voix)
  • François de Rugy : 6,18% (124 voix)
  • Sylvia Pinel : 1,35% (27 voix)
  • Jean-Luc Bennahmias : 1 % (20 voix)
On remarque une belle baisse de fréquentation par rapport à la primaire de 2011 où 2934 habitants du 4ème arrondissement s'étaient déplacés pour voter. Cette baisse de fréquentation était attendue puisque la situation du pays est nettement différente de 2011. Cette fois-ci, hors de question de choisir le meilleur candidat qui mettra fin à 10 années de droite et 5 années de sarkozysme. L'attente est nettement moins forte dans la population (au moins dans mon entourage), pourtant l'hypothèse d'une élection de François Fillon ou de Marine Le Pen aurait pu mobiliser les foules pour choisir le meilleur adversaire possible. Malgré cette forte baisse, reconnaissons une belle participation pour une primaire annoncée comme un fiasco générale. On remarquera que presque l'ensemble du 4ème arrondissement a préféré se mobiliser pour Benoît Hamon (ce qui conforte mon choix de me rallier à sa candidature pour le second tour) mais que contrairement au reste de la France, Vincent Peillon a fini à la 3ème place, ce qui est un beau résultat pour Patrick Bloche, son directeur de campagne (et candidat aux législatives en 2017 dans la circonscription englobant le 4ème arrondissement).

Pour les citoyens du 4ème arrondissement et pour tous ceux qui suivent son actualité (ou qui aiment les chiffres), voici la répartition par bureau de vote des primaires (j'espère ne pas m'être trompé dans les répartitions des bureaux de votes classiques, donc n'hésitez pas à signaler toute erreur) :

Bureau regroupant les bureaux n°2 (école élémentaire rue de Moussy), n°12 (école maternelle rue des Archives) et 13 (école élémentaire rue Renard) : 
  • Nombre de votants : 521
  • Bulletins blancs ou nuls : 4 bulletins
  • Benoit Hamon : 36,94% (191 voix)
  • Manuel Valls : 31,33% (162 voix)
  • Arnaud Montebourg : 12,77% (66 voix)
  • Vincent Peillon : 11,99% (62 voix)
  • François de Rugy : 6,00% (31 voix)
  • Sylvia Pinel : 0,58% (3 voix)
  • Jean-Luc Bennahmias : 0,39 % (2 voix)
Bureau regroupant les bureaux n°1 (mairie d'arrondissement place Beaudoyer),  4 (école maternelle rue du Fauconnier), 5 (école élémentaire rue de l'Ave Maria)
  • Nombre de votants : 387
  • Bulletins blancs ou nuls : 4 bulletins
  • Benoit Hamon : 36,29% (139 voix)
  • Manuel Valls : 31,33% (120 voix)
  • Vincent Peillon : 14,10% (54 voix)
  • Arnaud Montebourg : 11,23% (43 voix)
  • François de Rugy : 4,96% (19 voix)
  • Sylvia Pinel : 1,31% (3 voix)
  • Jean-Luc Bennahmias : 0,78 % (3 voix)

Bureau regroupant les bureaux n°11 et 14 (collège François Couperin)
  • Nombre de votants : 260
  • Bulletins blancs ou nuls : 3 bulletins
  • Benoit Hamon : 44,36% (114 voix)
  • Manuel Valls : 22,57% (58 voix)
  • Vincent Peillon : 14,79% (38 voix)
  • François de Rugy : 7,39% (19 voix)
  • Arnaud Montebourg : 7,00% (18 voix)
  • Jean-Luc Bennahmias : 2,72 % (7 voix)
  • Sylvia Pinel : 1,17% (3 voix)

Bureau regroupant les bureaux n°3 (école élémentaire rue des Hospitalières St Gervais), 6 (lycée professionnel Théophile Gautier), 7 (école élémentaire rue des Tournelles)

  • Nombre de votants : 538
  • Bulletins blancs ou nuls : 11 bulletins
  • Benoit Hamon : 37% (195 voix)
  • Manuel Valls : 34,72% (183 voix)
  • Vincent Peillon : 11,76% (62 voix)
  • Arnaud Montebourg : 8,73% (46 voix)
  • François de Rugy : 5,50% (29 voix)
  • Sylvia Pinel : 1,52% (8 voix)
  • Jean-Luc Bennahmias : 0,76 % (4 voix)

Bureau regroupant les bureaux n°8 (Direction des affaires scolaires, rue de l'Arsenal), 9 (école maternelle rue Poulletier) et 10 (école élémentaire rue Saint Louis en l'ile)
  • Nombre de votants : 321
  • Bulletins blancs ou nuls : 1 bulletins
  • Manuel Valls : 33,33% (107 voix)
  • Benoit Hamon : 30,53% (98 voix)
  • Arnaud Montebourg : 14,64% (47 voix)
  • Vincent Peillon : 9,66% (31 voix)
  • François de Rugy : 8,10% (26 voix)
  • Sylvia Pinel : 2,49% (8 voix)
  • Jean-Luc Bennahmias : 1,25 % (4 voix)

mardi 24 janvier 2017

Hamon président ?

Je n'ai pas écrit sur le premier tour de la primaire de la gauche, un peu par manque de temps, aussi par manque d'envie après le forfait de François Hollande. J'aurais pu écrire pour vanter les mérites de mon candidat de substitution, Vincent Peillon, qui m'a convaincu dans sa capacité de rassembler le PS et au delà car bien moins clivant que ses adversaires issus du PS. Son projet de New Deal européen, de relance écologique via l'UE, était intéressant et méritait d'être débattu dans une primaire pré-présidentielle. Ni son programme, ni ses propos ne comportaient de verrues repoussantes du genre "l'existence de 2 gauches irréconciliables" (au contraire même), "49-3 citoyen", ou "non respect des traités européens". Son ton apaisant (mais doctoral) le plaçait dans la droite ligne de François Hollande et de sa présidence apaisée (qui ne le fut pas tant que ça, notamment sur la fin, mais pas tant de sa faute que de celle d'agitateurs professionnels). Il a fini avec 6% quand on aurait pu espérer qu'il dépasse la barre des 10 pour peser sur le programme final.

Et maintenant, que vais-je faire (comme dirait la chanson) ? Étonnement, le choix fut plus simple. J'ai toujours encouragé une large union de la gauche à chaque élection. Je fus heureux de voir les communistes parisiens rejoindre la liste menée par Anne Hidalgo dès le premier tour des municipales 2014. Je ne me vois donc pas soutenir un candidat qui prône deux gauches irréconciliables. Il y a aussi une question de cohérence. On ne peux pas brandir le 49-3 avant même le début du débat parlementaire puis promettre quelques mois plus tard d'y mettre fin. On ne peut pas vouloir rassembler la gauche en promettant de défiscaliser de nouveau les heures supplémentaires, une des mesures phares du sarkozysme. De plus en écoutant le discours de Manuel Valls hier soir, j'ai été surpris par la violence des propos augurant mal un rassemblement post primaire.

Mon choix se tourne donc vers Benoît Hamon. Sa mesure phare du revenu universel permet de déplacer le débat loin des questions sur l'identité française ou sur la sécurité. Dans sa longue interview accordée à Libération, il revient longuement sur cette mesure et sur sa vision pour une mise en place progressive. Comme tout bon candidat socialiste, il est pour donner le droit de vote aux citoyens étrangers résidant en France pour les élections locales ou pour limiter le nombre de mandats dans le temps. Son discours écologiste proche de Yannick Jadot, le candidat écologiste, peut aussi permettre un rapprochement, voire un contrat de gouvernement qui pourrait être plus adapté à la politique du candidat socialiste que celui signé en 2011 entre le PS et EELV. Il peut aussi convaincre une partie des électeurs de Jean-Luc Bennahmias ou de François de Rugy. Enfin dernier point qui ne peut que me conforter dans ce choix, Benoît Hamon est pour la reconnaissance de la Palestine, comme il le dit dans son programme, "la coexistence de deux États est la seule solution qui permettra d’assurer la sécurité et l’intégration de l’État d’Israël dans la région et de réouvrir le processus de paix." Cerise sur le gâteau, les goûts musicaux du candidat présentés dans Rolling Stone. Quand on dit avoir été fan de Saxon, Motörhead, Status Quo et avoir pogoté sur PiL en boîte de nuit, on marque automatiquement des points chez moi.

J'espère donc que la dynamique qui a porté Benoît Hamon en tête de ce premier tour des primaires citoyennes continuera cette semaine et le mènera à être désigné candidat du Parti Socialiste pour cette élection présidentielle.