J'aime l'affaire du bijoutier niçois assassin. Pour de nombreuses raisons, j'aime cette affaire. Premièrement parce qu'on a affaire ici à un joli spécimen de personne qui décide de vivre en dehors de son temps. Pour l'époque j'hésite encore. Ce Niçois se pensait-il au Moyen-Age, avant que Colbert et Louis XIV ne définissent le rôle de la police : « La police consiste à assurer le repos du public et des particuliers, à
protéger la ville de ce qui peut causer des désordres. » Ou peut-être n'est-il pas encore entré dans l'ère moderne et ne savait pas qu'il existe des moyens rapides et moderne de prévenir la police ? A moins qu'il n'ait aucune confiance dans l'important système de vidéo surveillance de Christian Estrosi, premier élu de la ville (1 caméra pour 500 habitants).
La deuxième raison est typique de ce type d'affaire, la récupération politique. Comme lors de l'affaire de "Papy René", un septuagénaire qui avait tiré sur deux adolescentes qui tentaient de cambrioler sa maison en 2010, comme à Grignan en 2010 également, quand un agriculteur a tué une personne qui essayait de lui voler ses truffes ou comme à Chaumont en 2012 quand un octogénaire tuait la personne qui tentait de lui voler une caisse de champagne dans sa cave, on retrouve aux premières lignes le Front National et toute la clique des groupuscules d'extrême-droite. Pour eux, chaque fait divers montre l'inutilité des forces publiques, le besoin d'instaurer des milices privées et d'autoriser le port d'arme, le tout en ayant un seul but, le remplacement d'une Justice professionnelle et impartiale par le droit de se faire justice soi même. Bien sur la récupération politique ne se fait pas qu'à l'extrême droite, et nombreux suiveurs de l'UMP s'empressent de réagir de la même façon, renforçant le sentiment que l'état ne sert à rien. Entendre certains pontes de l'UMP défendre l'anarchie, ça m'amuse toujours.
La troisième raison est la réaction des gens, d'autant plus quand celle ci est mise en exergue via Facebook. Dans notre affaire du bijoutier niçois, dès le lendemain du meurtre, des centaines de milliers de personnes ont afflué sur une page de soutien au pauvre bijoutier victime d'un cambriolage, victime, mais bien vivant, lui... Surement qu'une partie de ces gens là ne sont pas électeurs du Front National (je l'espère vu que j'ai quelques "amis" qui ont rejoint cette page de soutiens), pourtant ils n'hésitent pas à propager certaines de leurs idées nauséabondes et populistes. Aujourd'hui, ils défendent l'assassinat d'une personne car elle a attaqué le gagne pain de l'assassin, à d'autres reprises, ils n'hésiteront pas à défendre l'assassinat de quelqu'un qui aura essayé de faire du mal à un membre de leur famille. Chers tous (oui toi qui a rejoint la page facebook de soutien, ou toi qui n'est pas choqué qu'un de tes amis aient rejoint cette page), la peine de mort est abolie depuis 1981. Cela signifie que l'on considère, à juste titre, que l'on ne peut pas rendre justice en prenant la vie d'une personne. Pour les nostalgiques d'avant 1981, sachez, que même avant l'abolition de la peine de mort, on ne tuait pas les personnes coupables de vol. Excuser ce comportement, c'est accepter des principes tels que couper la main d'un voleur ou de mutiler physiquement un condamné. C'est aussi excuser le fait de se rendre justice par soi même, de se faire vengeance...
La dernière raison a commencé à être évoquée dans le point précédent, c'est l'importance de Facebook. Cette page de soutien a été mentionnée par une grande partie des journaux télévisés et par une grande partie des articles évoquant ce sujet. Manque de chance, il semblerait aujourd'hui que les auteurs de cette page de soutien ait eu les yeux plus gros que le ventre et soient tombés l'arnaque facile en achetant de faux soutiens. Seb Musset nous signale sur son blog qu'environ un million des soutiens du braqueur niçois viendraient de l'étranger. Ca nous laisse toujours de trop nombreuses personnes soutenant réellement le bijoutier meurtrier mais ça relativise nettement l'importance donnée à ces pages Facebook.