Céline Pina est venue faire un tour au Kremlin Bicêtre.
Peut-être encouragée par l’épisode de buzz médiatique autour de DSK, elle aussi
a voulu voir à quoi ressembler des blogueurs, pas tous de gouvernement, pas
tous de gauche d’ailleurs, et parler des quelques sujets qui lui tiennent à
cœur.
Mais qui est Céline Pina ? Une poignée de Franciliens
la connaissent pour être une de leurs élues au sein du groupe socialiste à la
Région Ile-de-France, mais pour une plus grande partie de la population, c’est
l’élue qui est montée au créneau contre le salon de la femme musulmane à
Pontoise, salon qui a eu le droit aux JT grâce à l’action des Femen. Sa
première interview à FigaroVox
sur le sujet fut un succès d’audience et une bonne approche pour apprendre à
connaître la dame.
C’est donc tout naturellement que l’on a commencé la soirée
par parler (ou plutôt l’écouter parler car c’est une bavarde qui a beaucoup de
choses intelligentes et réfléchies à dire) de ce salon de Pontoise. Ce qui l’a
marqué en premier lieu est la quantité d’affichage promotionnel pour cet
événement et de fait, l’importance et la visibilité donnée à des prédicateurs
et imams pas vraiment modéré. Par exemple, le premier nom visible sur l’affiche
est Rachid Abou Houdeyfa. Il s’agit de l’imam de Brest, qui s’est fait remarqué
dernièrement dans une vidéo où il expliquait aux enfants que la musique est une
« créature du diable », ce qui a fait dire à l’imam de Bordeaux qu’il
mériterait l’asile psychiatrique. Autres invités
mis en valeur, Nader Abou Anas qui affirme que « la femme (...) ne sort de
chez elle que par la permission de son mari », Hatim Abou Abdillah qui
promet aux femmes coquettes et parfumées un "châtiment atroce" et
Éric Younous pour qui les « juifs sont punis par Allah ».
Sur la tenue du salon, la conseillère régionale nous précise
qu’après avoir alertée plusieurs fois le préfet, ce dernier a décidé
d’enregistrer la totalité des débats. On a pu y entendre tout de même que "si
la femme sort sans honneur, qu'elle ne s'étonne pas que les hommes abusent de
cette femme-là" (par honneur comprendre le voile islamique).
Céline Pina m’a fait découvrir une ONG qui participait
également à l’organisation du salon, BarakaCity. C’est de loin le stand qui attire le plus de monde (comme le précise
un journaliste de Paris Match également présent au salon). Leur objectif, obtenir le plus de dons possibles, quitte
à invoquer la colère divine si tu ne donnes pas. Tactile, sympathique, d’après
la conseillère régionale, ils font tout pour te mettre en confiance puis ne
plus te lâcher. En revanche, si tu as le malheur de les contredire, de mettre
en doute leurs propos, alors l’énervement arrive vite et tu finis photographier
(surement pour leur liste des persona non grata…). Voici un exemple de tweet du président de cette ONG :
Je pense que la musique peut être dangereuse, la polygamie une alternative contre l'adultère et le voile un signe de pudeur.
Suis-je fou ?
— Sihamedi Idriss م (@IdrissSihamedi) 29 Septembre 2015
Toute la soirée n’a pas tourné qu’autour de ce salon. Si je
n’ai pas très bien compris si son combat personnel datait d’avant le salon ou
non, elle nous a parlé de sa volonté de lutter contre l’islamisme et contre
l’extrême-droite. Comme elle le résume assez justement « l’islamisme est
l’idiot utile du FN et le FN est l’idiot utile de l’islamisme ». Le
problème est quand des jeunes se retrouvent pris en étau entre ces deux blocs,
difficile de trouver et d’entendre une voix médiane, une voix républicaine en
quelques sortes. C’est donc son but, avec ses faibles moyens mais à première
vue avec sa forte volonté. Résultat, et c’est surement la partie la plus
intéressante de son discours, elle touche des jeunes femmes qui lui
communiquent des remerciements pour leur montrer qu’une autre voie est
possible. Elle nous a sorti un exemple magnifique de jeunes musulmanes qui se
sont organisé un « réseau souterrain », caché du grand public, où
elles peuvent discuter de ce qu’elles veulent dont le partage de vidéos
d’interventions de notre conseillère régionale. L’une des filles l’a remercié
pour ses interventions vidéos qu’elles trouvaient utiles et instructives et que
c’était dans une de ces vidéos que cette jeune fille a découvert un nouveau mot
qu’elle a dû chercher dans le dictionnaire : « émancipation ».
Céline Pina est en train de vivre quelque chose de fort.
Elle est contactée par de nombreuses jeunes femmes comme celle-ci-dessus. Elle
doit en profiter et se faire la porte-parole de ces personnes de l’ombre, sans
voix. Céline Pina peut être la voix des jeunes musulmanes tout en étant une
nouvelle voix pour lutter contre les extrémismes tant de droite que religieux.
J’espère que l’on entendra encore sa voix longtemps après que l’histoire du
salon de Pontoise soit oubliée.