mercredi 30 septembre 2015

Céline Pina, une nouvelle voix

Céline Pina est venue faire un tour au Kremlin Bicêtre. Peut-être encouragée par l’épisode de buzz médiatique autour de DSK, elle aussi a voulu voir à quoi ressembler des blogueurs, pas tous de gouvernement, pas tous de gauche d’ailleurs, et parler des quelques sujets qui lui tiennent à cœur.

Mais qui est Céline Pina ? Une poignée de Franciliens la connaissent pour être une de leurs élues au sein du groupe socialiste à la Région Ile-de-France, mais pour une plus grande partie de la population, c’est l’élue qui est montée au créneau contre le salon de la femme musulmane à Pontoise, salon qui a eu le droit aux JT grâce à l’action des Femen. Sa première interview à FigaroVox sur le sujet fut un succès d’audience et une bonne approche pour apprendre à connaître la dame.

C’est donc tout naturellement que l’on a commencé la soirée par parler (ou plutôt l’écouter parler car c’est une bavarde qui a beaucoup de choses intelligentes et réfléchies à dire) de ce salon de Pontoise. Ce qui l’a marqué en premier lieu est la quantité d’affichage promotionnel pour cet événement et de fait, l’importance et la visibilité donnée à des prédicateurs et imams pas vraiment modéré. Par exemple, le premier nom visible sur l’affiche est Rachid Abou Houdeyfa. Il s’agit de l’imam de Brest, qui s’est fait remarqué dernièrement dans une vidéo où il expliquait aux enfants que la musique est une « créature du diable », ce qui a fait dire à l’imam de Bordeaux qu’il mériterait l’asile psychiatrique. Autres invités mis en valeur, Nader Abou Anas qui affirme que « la femme (...) ne sort de chez elle que par la permission de son mari », Hatim Abou Abdillah qui promet aux femmes coquettes et parfumées un "châtiment atroce" et Éric Younous pour qui les « juifs sont punis par Allah ».

Sur la tenue du salon, la conseillère régionale nous précise qu’après avoir alertée plusieurs fois le préfet, ce dernier a décidé d’enregistrer la totalité des débats. On a pu y entendre tout de même que "si la femme sort sans honneur, qu'elle ne s'étonne pas que les hommes abusent de cette femme-là" (par honneur comprendre le voile islamique).

Céline Pina m’a fait découvrir une ONG qui participait également à l’organisation du salon, BarakaCity. C’est de loin le stand qui attire le plus de monde (comme le précise un journaliste de Paris Match également présent au salon). Leur objectif, obtenir le plus de dons possibles, quitte à invoquer la colère divine si tu ne donnes pas. Tactile, sympathique, d’après la conseillère régionale, ils font tout pour te mettre en confiance puis ne plus te lâcher. En revanche, si tu as le malheur de les contredire, de mettre en doute leurs propos, alors l’énervement arrive vite et tu finis photographier (surement pour leur liste des persona non grata…). Voici un exemple de tweet du président de cette ONG :


Toute la soirée n’a pas tourné qu’autour de ce salon. Si je n’ai pas très bien compris si son combat personnel datait d’avant le salon ou non, elle nous a parlé de sa volonté de lutter contre l’islamisme et contre l’extrême-droite. Comme elle le résume assez justement « l’islamisme est l’idiot utile du FN et le FN est l’idiot utile de l’islamisme ». Le problème est quand des jeunes se retrouvent pris en étau entre ces deux blocs, difficile de trouver et d’entendre une voix médiane, une voix républicaine en quelques sortes. C’est donc son but, avec ses faibles moyens mais à première vue avec sa forte volonté. Résultat, et c’est surement la partie la plus intéressante de son discours, elle touche des jeunes femmes qui lui communiquent des remerciements pour leur montrer qu’une autre voie est possible. Elle nous a sorti un exemple magnifique de jeunes musulmanes qui se sont organisé un « réseau souterrain », caché du grand public, où elles peuvent discuter de ce qu’elles veulent dont le partage de vidéos d’interventions de notre conseillère régionale. L’une des filles l’a remercié pour ses interventions vidéos qu’elles trouvaient utiles et instructives et que c’était dans une de ces vidéos que cette jeune fille a découvert un nouveau mot qu’elle a dû chercher dans le dictionnaire : « émancipation ».

Céline Pina est en train de vivre quelque chose de fort. Elle est contactée par de nombreuses jeunes femmes comme celle-ci-dessus. Elle doit en profiter et se faire la porte-parole de ces personnes de l’ombre, sans voix. Céline Pina peut être la voix des jeunes musulmanes tout en étant une nouvelle voix pour lutter contre les extrémismes tant de droite que religieux. J’espère que l’on entendra encore sa voix longtemps après que l’histoire du salon de Pontoise soit oubliée.

lundi 28 septembre 2015

Des radios françaises pour des playlists étriquées

Depuis 1996, les radios françaises doivent diffuser 40% de chansons d’expression française (c'est-à-dire chantées en Français ou dans une langue régionale française), dont la moitié doit provenir de nouveaux talents ou de nouvelles productions. L’objectif de cette loi est de garantir une certaine exposition médiatique aux artistes chantant en français face à la production massive de tubes d’artistes anglophones et également pour encourager les artistes français à s’exprimer dans leur langue maternelle.

Il y a une dizaine de jour, le gouvernement, en commission des lois, a accepté un amendement forçant les radios à diversifier leur programmation. L’objectif du législateur est d’empêcher les radios de remplir leurs quotas en ne passant que 10 artistes chantant en français. En gros, pour éviter d’écouter en boucle Johnny Hallyday, Mylène Farmer, Renaud, Pascal Obispo (on me souffle que je suis dépassé et que les artistes les plus diffusés en 2014 sont Black M et Maitre Gims) et laisser plus de place aux nouveaux artistes (ou aux plus anciens en phase d’oubli).

Cette volonté d’ingérence dans la programmation a énervé une bonne partie des grandes radios privées. La semaine dernière, tout en finesse, les radios ont diffusé des annonces appelant les auditeurs à appeler le standard de Matignon pour manifester leur mécontentement avec pour message « à la radio, j’écoute ce que je veux ». Ces mêmes radios se sont fait un beau coup de pub en faisant croire qu’elles passeraient bientôt à l’antenne le numéro de portable de Manuel Valls pour mieux faire passer le message. Pour ces radios, il serait scandaleux que le gouvernement essaye de faire passer ce genre d’amendement de nuit, « en catimini ».

Tout d’abord c’est un amendement en commission des lois, il est donc loin de faire office de loi puisqu’il doit être, comme l’intégralité du texte, débattu à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Il aurait pu passer « en catimini » si les parlementaires l’avaient poussé dans un texte peu à propos dans le cadre d’une discussion à l’Assemblée Nationale. Ici, c’est un amendement dans un texte relatif à la création culturelle, on a vu pire comme cheval de Troie.

Ensuite, la méthode est ridicule. Appeler ses auditeurs à se plaindre au près de Matignon pour un texte discuté en commission des affaires culturelles, ça n’a aucun sens. Se plaindre à la ministre de la Culture serait déjà plus sensé. Faire du lobbying au près des députés aurait beaucoup plus de poids. Harceler la standardiste du Premier Ministre ne sert strictement à rien.

Ont-ils eu un éclair de lucidité durant le week-end, ces radios ont décidé de boycotter le principe même des quotas pendant 24 heures. Les auditeurs qui ont râlé pour avoir le droit d’écouter en boucle Johnny et Maître Gims toute la journée vont pouvoir être content, pendant 24 heures, ils auront le droit à Rihanna et Pharell Williams.

Ces radios se tirent une balle dans le pied en refusant l’aménagement de quotas pour plus de diversité musicale francophone. Elles sont un vecteur primordial pour la diffusion de la culture française et sa diversification. On ne peut pas se limiter à diffuser tous les ans le nouveau titre des Enfoirés et faire la promo des derniers gagnants de la Nouvelle Star et autres émissions du genre. Le directeur de Virgin Radio se vantait dernièrement d’être le « découvreur » de Christine & the Queens qui ne passait avant que sur France Inter… Justement, ne serait-il pas le rôle de stations musicales de jouer le rôle de dénicheur de talent plutôt que d’être à la traine des radios publiques, qui elles, jouent pleinement leur rôle ?

dimanche 27 septembre 2015

Paris, Journée sans voiture (ou presque)

Ce dimanche 27 septembre, Paris s'est essayé à la journée sans voiture. Comment peut-on empêcher les voitures de circuler dans Paris entre 10h et 18h, c'était ma principale interrogation. Et bien, on ne peut pas (ou on n'a pas voulu). Pour rendre l'opération intéressante, des quartiers ont été rendu fermés à la circulation, ou presque. Par exemple, le centre de Paris était annoncé entièrement sans voiture. Sur la carte de l'opération, cela signifie tout de même un axe Place de la Bastille - Concorde - Champs Élysées. Mais quand on regarde voies qui font exception, on retrouve : 

Périmètre central (1er, 2e, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 10e et 11e arrondissements)

Place de la  Concorde, rue Royale, boulevard de la Madeleine, boulevard des Capucines, boulevard des Italiens, boulevard Montmartre, boulevard Poissonnière, boulevard de Bonne Nouvelle, boulevard Saint-Denis, boulevard Saint-Martin, place de la République entre le boulevard Saint-Martin et le boulevard Magenta, boulevard Magenta, rue Lucien Sampaix, rue des Recollets, rue du Faubourg Saint-Martin, avenue de Verdun, rue du Faubourg Saint-Martin, rue du Terrage, rue Robert Blache, rue Emile Varlin, rue du Faubourg Saint-Martin, rue La Fayette, quai de Jemmapes, rue Louis Blanc, place du Colonel Fabien, rue de la Grange aux Belles, rue Bichat, avenue Richerand, quai de Valmy, boulevard Jules Ferry, boulevard Richard Lenoir, boulevard Voltaire, place Léon Blum, rue de la Roquette, avenue Ledru Rollin, rue du Faubourg Saint-Antoine, place de la Bastille, boulevard Henri IV, pont de Sully, boulevard Saint-Germain, pont de la Concorde.
L’interdiction de circulation ne s’applique pas aux voies précitées délimitant le périmètre ci-dessus.

C'est dommage, surtout que l'opération en elle-même est agréable. Marcher sur des grands axes parisiens sans entendre klaxons, bruits de démarrage, bruits de moteur, c'est très apaisant. A lire le descriptif de la journée, je voyais déjà les rues de Paris livrées aux Parisiens, qu'ils soient en baskets, en rollers, à vélo ou qu'il souhaitent organiser des animations en extérieur. En réalité, comme les bus et les taxis ont le droit de circuler partout (sauf sur les Champs Élysées), les voies parisiennes sont surtout offertes aux vélos et peu aux piétons. J'ai vu quelques exceptions notables, sur les quais hauts rive droite où taxis et bus étaient cantonnés à la voie de bus laissant ainsi libre le reste de la chaussée pour les vélos et les piétons, et sur les Champs Élysées, entièrement rendus aux piétons et cyclistes, au plus grand bonheur des participants. C'est d'ailleurs là où j'ai vu le plus de monde et le plus de jolies scènes comme ce couple de jeunes mariés en train de faire leurs photos de mariage au milieu de la plus belle avenue du monde ou ces parents mitraillant leurs deux enfants en train de jouer au Puissance4 assis au milieu de l'avenue.

Le point le plus négatif reste pour moi la Place de la Bastille, si souvent piétonne quand il y a des grandes manifestations et cette fois-ci encombrée de voitures comme tout autre dimanche.

Paris sans voiture reste une belle expérience qui mérite d'être renouvelée en allant bien sur plus loin. Je salue tout de même l'initiative de faire ceci un dimanche de septembre et non en plein mois d'août. Cela permet à la majorité des Parisiens d'en profiter. En allant plus loin les années suivantes, la Mairie de Paris permettra à tous les Parisiens de s'approprier le temps d'un dimanche les rues de leur quartier, et non uniquement les rues du centre et des quartiers touristiques (Montmartre, Luxembourg), surtout que ces quartiers sont majoritairement piétons les autres dimanche de l'année. J'ai entendu plusieurs personnes s'étonner de la présence des bus et des taxis. Mais quand on fait attention, on s'aperçoit que les rues sont tout de même beaucoup plus calmes quand il n'y a que taxis et bus et pas de véhicules particuliers.

Je ne sais pas si c'est un aperçu d'un Paris soumis à un péage urbain mais ce qui est sur, c'est qu'un Paris sans voiture, une fois de temps en temps, c'est une bouffée d'air frais et aussi un petit air de liberté qui n'est pas négligeable.

vendredi 25 septembre 2015

Discours de vérité du FN, ou quand la vérité est ailleurs


Jeudi soir au Grand Journal, Maitena Biraben, qui m'avait habitué à des interviews de qualité dans son Supplément politique, a provoqué la surprise, pour ne pas dire la colère, en insistant sur un soit-disant discours de vérité que tiendrait le FN à la différence des autres principaux partis. Hélas, la présentatrice n'a pas donné d'indices permettant d'identifier quels étaient les éléments de vérité du discours FN. Certes, le FN cherche à se donner l'image d'un parti qui "parle vrai", comprendre par là qu'il ne parle pas le langage technocratique des élites de l'ENA mais qu'il parle un langage qui serait celui du "vrai peuple". Mais entre "parler vrai" et "discours de vérité", il y a un fossé plus qu'une nuance, surtout au FN.


Commençons par la une de l'actualité, la question des migrants et des demandeurs d'asile en Europe. Sur ce sujet, le discours du FN est simple : "Il faut mettre en place une politique dissuasive d’immigration, couper toutes les pompes aspirantes, faire ce que fait l’Australie, le Danemark, c’est-à-dire lancer un signal : nous ne vous accueillerons pas." Il est pourtant loin de la vérité, ce qui permet aux dirigeants du FN de se faire régulièrement épinglés par la rubrique Désintox de Libé.



L'Australie aurait coupé toutes les pompes aspirantes? Le pays est le 3eme à accueillir le plus de migrants par rapport à sa population. En 2013, ils ont acueillis autant de migrants que la France pour une population 3 fois plus petite (et c'est en France que l'on va vous parler de théorie du grand remplacement...).



Pour Marine Le Pen, les réfugiés seraient à 99% des hommes et seraient plus des migrants économiques que de véritables réfugiés ? Sur le sexe des migrants, ils seraient environ 60% à être des hommes, le reste étant donc femmes et enfants. De plus, près de 2/3 des arrivants sont considérés de faits comme des réfugiés car ils proviennent de Syrie ou d'Afghanistan. La vérité du FN est loin, très loin de la réalité du terrain.



La présidente du FN accuse aussi la commission européenne d'organiser l'accueil de 50 millions d'immigrés d'ici 2060. Si la commission européenne n'a pas un tel pouvoir, elle a simplement estimé que l'Union Européenne aurait sa population active qui aurait diminué de tant. Au FN, le discours de vérité s'apparente souvent à de simples et grossiers raccourcis. 
Dans la même veine des raccourcis grossiers, Florian Philippot accuse le gouvernement de mettre à disposition 77 000 logements sociaux aux migrants nouvellement arrivés alors que des milliers de Français sont sur liste d'attente. La réalité est bien ailleurs ! La présidente du Haut comité au logement des personnes défavorisés a juste proposé "de mobiliser une partie du parc social laissé vacant pour loger les réfugiés. […] 77 310 logements sociaux sont aujourd’hui en attente de locataires, notamment dans les secteurs où la demande est faible".



Le FN ne découvre pas le mensonge avec cet épisode d'afflux massif de migrants. Florian Philippot a déjà été corrigé il y a quelques mois par un chercheur en gouvernance mondiale des migrations. Le résumé en 9 points et autant de mensonges (http://m.leplus.nouvelobs.com/contribution/961301-florian-philippot-a-slt-les-9-mensonges-du-fn-sur-l-immigration-enfin-devoiles.html) :
1. Les immigrés "nous envahissent" ? Faux, ils sont nécessaires à notre démographie et juste en nombre suffisant. Ils étaient 267.000 en 2011 pour 200.000 Français qui quittent notre territoire chaque année.
2. Les immigrés n’ont "jamais été aussi nombreux" ? Faux, ils étaient 7% de la population en 1981, ils ne sont plus que 6% aujourd’hui.
3. Les expulsions "ont ralenti" sous François Hollande ? Faux, il y a eu 38.000 reconduites à la frontière en 2012 avec Manuel Valls et 8000 chaque année seulement sous François Mitterrand.
4. Les immigrés "servent le grand patronat" ? Faux, les immigrés économiques ne représentent que 10% de l’ensemble et ne pèsent pas sur les salaires.
5. Les "salaires baissent" à cause des immigrés ? Faux, ils augmentent de +0,27% grâce à eux.
6. La prochaine immigration sera "asiatique" ? Faux, d’une part parce que les frontières de ces pays sont fermées au Nord et au Sud, d’autre part parce que les Asiatiques n’ont pas les moyens d’immigrer.
7. La France "championne d’Europe" de l’immigration légale ? Faux, le Royaume-Uni a accueilli en 2011 550.000 immigrés, l’Allemagne 500.000, l’Italie 385.000 et la France, 267.000.
8. Les immigrés "prennent le travail des Français" ? Faux, 60.000 sont des étudiants, 90.000 sont des épouses ou des enfants qui viennent dans le cadre du regroupement familial, 20.000 sont des réfugiés humanitaires et 20.000 des réfugiés économiques.
9. Peut-on ramener le nombre des immigrés de 200.000 à 10.000 comme le prétend le FN ? Impossible, il faudrait que la France sorte de l’Europe et rompe tous les accords internationaux. Dans ce cas, la France serait tellement isolée que les Français non plus ne pourraient plus émigrer.



Le FN ne limite pas son discours au refus de voir des étrangers vivre en France. Il a tout un pan de programme pseudo-économique avec pour axe central, la sortie de l'euro. Sur ce point aussi, mensonges et approximations sont légions. 
Par exemple, le FN veut revenir au Franc et avoir le contrôle de sa monnaie pour pouvoir la dévaluer et rendre les entreprises françaises plus compétitives. Preuve par les faits du mensonge, quand en mars 2015, l'euro a perdu 20% de sa valeur sur un an face au dollar, l'économie française n'est pas repartie sur les chapeaux de roue. Coupable aussi de mensonge par omission, le FN ne prend jamais en compte dans son discours les réactions des autres pays européens en cas de sortie de la France de la zone euro. Des analystes estiment que si l'on arriverait à être plus compétitif par rapport à l'Allemagne, on serait mis en difficultés par l'Italie ou l'Espagne... Ces économistes rappellent également "qu’une dépréciation du taux de change est toujours une taxe sur les consommateurs (qui paient plus cher les produits importés) et une subvention aux entreprises exportatrices et qu’elle se traduit donc par une baisse des salaires réels des travailleurs". La vie rêvée des Français déjà en difficulté économiquement parlant.



Autre mensonge, repris par Maitena Biraben jeudi soir, le FN serait le 1er parti de France depuis les départementales du début d'année (http://www.liberation.fr/politiques/2015/03/23/departementales-le-festival-d-intox-du-front-national_1226931). Certes, le FN l'a clamé haut et fort, mais ça n'en fait pas une réalité pour autant. Oui en se basant sur les résultats des binômes composés à 100% de FN, de PS ou d'UMP, le FN arrive en tête. Mais c'est oublié que dans nombres de cantons, les candidats UMP se sont associés à l'UDI ou à d'autres divers droite et les candidats PS se sont présentés aux côtés de candidats d'autres partis de gauche. Les chiffres utilisés par le FN sont donc vrais mais leur interprétation est une nouvelle fois mensongère.



Ceci n'est qu'un aperçu collecté rapidement pour voir avec de nombreux exemples que le FN ne tient pas de discours de vérité au Français et qu'au contraire, il leur ment éhontément. Pour mieux comprendre leur façon d'agir, le politologue Thomas Guénolé a classé en 7 catégories les techniques de mensonges du FN :

  1. manipuler les chiffres
  2. confondre une corrélation avec une causalité
  3. l'amalgame
  4. le sous-entendu
  5. l'usurpation de la rhétorique républicaine
  6. prétendre ne plus être d'extrême droite
  7. la frappe ciblée.


Certes, le FN n'est pas le seul parti qui ment à ses électeurs ni le seul parti qui ne tient pas toutes ses promesses une fois élu, mais ce n'est pas une raison pour le dediaboliser à outrance et le faire passer pour le chevalier blanc de la politique. 



Au FN, la vérité est ailleurs, loin de leurs discours ou de leur programme. En reprenant leurs éléments de langage, Maitena Biraben a commis une faute grossière qui montre à quel point le FN est en phase de réussir sa première phase de conquête du pouvoir : ancrer son discours dans le subconcient des Français. 


mardi 22 septembre 2015

Baisse des inégalités, des résultats visibles de l’action gouvernementale

Depuis 2012, le gouvernement se force à mettre en place sa « boite à outils » pour remettre sur pied la France et surtout pour que le quotidien des Français victimes de la crise de 2008 s’améliore. Depuis les premiers mois du quinquennat de François Hollande, je ne cesse d’écrire sur ce blog qu’il faut du temps pour que les résultats soient visibles. Dès 2012 certains un peu trop pressés à gauche comme à droite hurlaient à l’immobilisme ou à l’inutilité des actions du gouvernement. Pourtant sans relâche, il faut continuer à expliquer que le gouvernement DE GAUCHE agit pour les Français et principalement pour les plus défavorisés mais que ça prend du temps avant de voir des résultats concrets. Surement un peu exaspéré de devoir répéter toujours la même chose, Jean-Marie Le Guen disait la semaine dernière sur LCI/Radio Classique : « Il n'a pas une baguette magique ! Vous n'avez pas élu Merlin l'enchanteur ! »

Et stupeur ce matin en voyant la Une de Libé : « Inégalités, la courbe s’inverse » ! On regardait tous désespérément la courbe du chômage, et voila que c’est sa voisine qui s’agite. Surtout que la courbe s’inverse en 2013, où quand le temps long de l’action politique se fait dépassé par le temps long de l’analyse statistique. Que nous dit l’INSEE ?


Pour la première fois depuis 2008, le niveau de vie des 10% des Français les plus pauvres s’est mis à augmenter. En parallèle, le niveau de vie des 10% des Français les plus riches retombe au niveau de 2008. L’INSEE nous apprend même que pour le top du top, les 5% des Français les plus aisés, alors que leur niveau de vie avait augmenté continuellement depuis 10 ans, faisant fi de toute crise, entre 2012 et 2013, il a chuté de 5% ! Conséquence, le rapport entre les extrémités de la population française se tasse, comme l’indique Libé : « l’écart entre la masse des niveaux de vie détenus par les 20 % les plus pauvres et les 20 % les plus riches diminue de 4,6 à 4,3. »

Une des explications est que le gouvernement de François Hollande s’est bien attaqué aux plus riches (et non aux plus pauvres comme essayent de faire croire certains à gauche de la gauche par pure intox électoraliste). La nouvelle tranche d’impôt à 45%, la réforme de la fiscalité du patrimoine et la baisse du plafond du quotient familial a eu un impact loin d’être négligeable sur les plus riches.

Autre explication, de l’autre côté du spectre, les personnes considérées sous le taux de pauvreté a légèrement diminué (passant de 14,3% à 14%) principalement car François Hollande a réussi à faire baisser dans la durée le chômage des moins de 25 ans et également parce que le RSA et l’allocation logement ont été revalorisés. François Hollande qui avait fait de la jeunesse sa priorité peut aussi avoir le sourire en voyant que le taux de pauvreté baisse le plus chez les moins de 18 ans.


Autre coup dur porté aux attaques de la droite cette fois-ci, la hausse du niveau de vie des plus modestes semble être principalement du à une hausse des heures travaillées dans l’année. Ceci en 2013, alors que François Hollande a effectivement supprimé la défiscalisation des heures supplémentaires.

Au final, toutes les tranches en dessous du niveau de vie médian ont progressé. Si l’on considère que la fameuse classe moyenne est représentée par les 20% des Français juste en dessous du niveau de vie médian et par les 20% des Français juste au dessus de ce niveau de vie médian, alors on remarque que cette classe moyenne n’a pas été la plus maltraitée et n’est pas celle qui paye pour les plus défavorisés.



 
Hier dans mon billet appelant à une union de la gauche, on me faisait remarquer que le PS était fautif car il n’envoyait pas de signaux forts envers ses partis théoriquement amis. En voila un de signal envers la gauche de la gauche. Oui le gouvernement agit pour les Français les plus défavorisés. Certes ce n’est pas encore le grand soir, mais ce sont des résultats probants saluant une année d’action complète du gouvernement. Rendez-vous dans un an pour voir si cette courbe des inégalités suit toujours la bonne direction.

lundi 21 septembre 2015

L'union de la gauche

Article écrit après l'échec
du Programme commun
La semaine dernière Jean-Christophe Cambadélis, chef de file des socialistes, avait sorti sa plus belle plume pour écrire une lettre ouverte à la Gauche et aux écologistes. En introduction, il effectuait ce constat amer que tout le monde a remarqué depuis 2012 et qui va en s’amplifiant : 
« La gauche est aujourd’hui fragmentée. Elle défend ses valeurs dans un monde tenaillé par l’identité, obsédé par le profit, dominé par le conservatisme. La gauche aborde en ordre dispersé les défis de son époque. La révolution de l’immatériel, les défis climatiques, les bouleversements géopolitiques, la droitisation de la société et l’extrémisation de la droite. »  


Cette lettre ouverte à la Gauche et aux écolos a pour volonté de rouvrir des discussions pour trouver les conditions d’un socle à une maison commune (terme également employé par Jean-Luc Bennahmias dans la construction de la nouvelle UDE). Quand il écrit :
« Je ne mésestime pas nos débats économiques, sociaux voire européens. Il y a là des fractures qui pour importantes qu’elles soient, ne sont insurmontables. Aiguiser les divergences ne permet pas de les surmonter mais seulement de les faire durer. Dans les années 1970 ou bien 1936, les désaccords au sein de la gauche étaient plus graves puisqu’ils portaient sur le modèle de société. Et pourtant, la gauche s’est unie. »
Cambadélis est conscient qu’il existe des points d’achoppement, d’ailleurs sans ces points la multiplication des partis à gauche n’aurait pas de sens, mais il doit être possible de se retrouver sur des ambitions et des projets communs.  


Depuis cette lettre ouverte, un premier sondage est paru prédisant une nette victoire du FN aux élections régionale dans le Nord – Pas de Calais – Picardie. Ce même sondage montre une bérézina pour la gauche avec un PS troisième et un Front de Gauche (allié ou non aux écolos) récoltant des poussières (potentiellement 6% quand une liste d’extrême-gauche en récolterait 4).

De façon plus factuelle qu’un sondage, la ville de Noisy-Le-Grand a fourni une illustration concrète des résultats d’une guerre sans merci entre PS et Front de Gauche. Le 14 septembre, au soir du 1er tour de cette élection municipale rejouée, il y avait 102 voix d’écarts entre la candidate LR et le candidat PS. Le Front de Gauche, 3571 voix de moins que la liste PS, finissait 3ème avec 100 voix d’avance sur le FN. Une semaine plus tard, le Front de Gauche est toujours en lice, n’ayant pas voulu se désister. Il perdre 126 voix entre les deux tours et permettra à la liste LR de ravir une ville historiquement à gauche pour 33 petites voix.


Dans sa lettre ouverte, Cambadélis avait prévenu : 
« Chacun dans notre coin, nous croyons pouvoir tirer les marrons du feu de la grande confusion qui règne. L’anathème règne en maître à coup d’excommunications médiatiques sous le regard désabusé et incrédule d’un peuple de gauche ainsi démotivé.  Nous pensons pouvoir nous doubler les uns les autres. Certains veulent même se dédoubler. D’autres pensent que le salut est dans l’alternative si radicale, qu’elle fait de l’autre l’ennemi. Ce n’est pas en installant partout la droite et l’extrême droite, que l’idéal à gauche sera mieux défendu. »
Cette vraie gauche a encore frappée. Alors qu’elle dit combattre le FN, ses plus grandes victoires se trouvent dans les élections où elle obtient la défaite du PS, permettant ainsi à la droite de grappiller toujours un peu plus d’exécutifs.


Inlassable, Jean-Christophe Cambadélis repart au charbon ce lundi en appelant à la mise en place d’un référendum citoyen pour demander l’avis des sympathisants de Gauche sur la nécessité ou non de réussir l’union de la Gauche dès les régionales de cet hiver. Excellente initiative qui arrive pourtant trop tard pour ces régionales.
Excellente initiative car cette vraie Gauche qui dit parler au nom du peuple, qui se dit porte-voix de la majorité silencieuse (tellement silencieuse qu’on ne la retrouve jamais dans les urnes) pourrait ainsi comprendre que les électeurs préféreraient une gauche unie au pouvoir plutôt que la droite (sans même agiter le spectre du FN). Excellente initiative qui permettrait aux candidats de gauche de taper librement sur leurs adversaires de droite pendant la campagne des régionales et non à perdre du temps pour contrer les tacles venant de leur gauche. Car comment espérer obtenir un minimum de crédibilité auprès des électeurs quand on attaque un autre parti de gauche durant toute la campagne du 1er tour puis se rallier à eux au second tour pour espérer sauver quelques sièges ?
Initiative trop tardive car l’union de la gauche aux élections doit se travailler. Il serait inutile de partir rassembler si ce rassemblement n’est que de façade sans accord programmatique ou sans stratégie commune.  Ce genre de rassemblement de façade ne peut amener qu’à l’état actuel de la Gauche, avec des francs tireurs mélenchonistes, des écolos explosés et des socialistes qui peinent à s’unir eux-mêmes.


C’est peut-être là tout l’intérêt d’un référendum ouvert aux sympathisants de gauche, aux syndicalistes, aux associatifs. Quand les appareils ne se parlent pas et n’écoutent pas, alors c’est au peuple de gauche de sonner le réveil en appelant de ses vœux (enfin je l’espère) à la construction d’une union responsable.