dimanche 31 août 2014

A La Rochelle, #ViveLaGauche mais surtout #ViveLePS

Les ministres Axelle Lemaire et Fleur Pellerin à La Rochelle
Je reviens d'un week-end sous haute surveillance médiatique. Le camarade Bembelly m'avait même conseillé d'y aller avec un casque, en mode « reporter de guerre », tellement l'ambiance s'annonçait tendue. Ou du moins les journalistes l'espéraient... Pour avoir vécu diverses universités d'été socialistes dont celle qui lança le sombre congrès de Reims, je me sentais prêt pour les combats.

Au risque de tuer le suspens, j'annonce d'entrée, je n'y ai pas vu la moindre passe d'armes. Certes les députés « frondeurs » étaient en nombre et leurs soutiens semblent avoir rempli facilement un amphi de la fac de lettres voisine pour leur première rencontre mais l'université en elle-même n'a pas eu à souffrir des divergences idéologiques internes. Les ministres démissionnaires étaient présents, ils ont tous (ou presque) tenu leur place dans les ateliers auxquels ils étaient conviés (à ma connaissance, seule Aurélie Filipetti a laissé la place à sa successeure Fleur Pellerin lors d'une plénière sur le numérique) et ont eu droit à des salves d'applaudissements. Le reste du gouvernement était largement représenté (à l'exception d'Emmanuel Macron et de Ségolène Royal) et tous ont aussi eu droit à de nombreuses standing ovations, particulièrement pour les deux stars du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem et Christiane Taubira.

Pourtant j'ai bien cru samedi que j'allais assister à des scènes de combat. Dès la première heure l'espace Encan et l'aquarium voisin étaient sous la haute surveillance de nombreux CRS. Les accès verrouillés et contrôlés bien avant le parvis réservé par l'université socialiste. Jean-Christophe Cambadélis et Bernard Cazeneuve avaient-ils peur de la violence des futurs débats ? Non, ils ont pris la sage décision de préserver le calme et la sécurité de tous les militants et intervenants car les sauvages étaient dans la rue. La CGT, dans un élan de finesse qui n'a d'égal que son sens du respect d'autrui, a décidé de tenter de pourrir le militant de base. Large banderole « TRAITRES » tenue à bout de bras, énormes pétards, tentative de mise en place d'un « couloir de la honte » et partout pluie d'insultes envers toutes les personnes entrant ou sortant du périmètre de l'université (à 95 % des militants sans mandat national). Ces génies de la CGT faisaient fi du fait qu'au moment même une de leur secrétaire confédérale, Agnès Le Bot, était en train de discuter paisiblement avec les militants les plus matinaux ou que de nombreux militants ont aussi une activité syndicale dont une partie non négligeable à la CGT ou à SUD-Solidaires. Dire que pendant ce temps-là Jean-Louis Malys, secrétaire national CFDT, espérait à voix haute que l'on arrête de considérer les syndicats comme des « brûleurs de pneus ». A côté de ces sauvages qui ont confondu le militant socialiste avec un patron voyou, les 10 bonnets rouges venus en voisin ont fait figure d'enfants de choeur.

Parce qu'il n'y a pas que le militantisme dans la vie, je n'ai pas pu assister aux discours de clôture de Jean-Christophe Cambadélis et surtout de Manuel Valls. Je me souviens simplement que lors des deux précédentes éditions, ce dernier fut l'un des ministres les plus applaudis à chacune de ses apparitions. Le premier s'est plu à rappeler le samedi que la gauche a la division dans son ADN et cela depuis 1905 et les débats entre gauche radicale et gauche gouvernementale. A l'image de ses députés, le militant socialiste aime qu'on lui laisse la liberté de débattre avec son voisin ou ses dirigeants. Le militant aime avoir la liberté de dire ce qu'il pense et qu'on lui réponde. A travers les différents ateliers auxquels j'ai participé, j'ai l'impression que cette édition de l'université d'été du PS a une nouvelle fois tenu ses engagements. J'ai pu voir des militants exprimer leurs regrets sur le droit de vote des étrangers et en même temps réfléchir ensemble à ce qui pourrait être fait pour faire avancer la cause. J'ai vu des militants obtenir des réponses sérieuses sur leurs interrogations sur la mise en place d'une Licence Globale. J'ai vu des ministres, des parlementaires et des militants heureux d'échanger sur les progrès depuis 2012 dans la quête de l'égalité réelle telle que discutée en 2009 lors d'une grande convention socialiste sur le sujet.

Cette université d'été socialiste n'est pas un congrès. Elle n'a donc pas vu la définition d'une orientation globale pour le PS puisque ce n'était pas son objectif. En revanche quel que soit l'état d'esprit de chacun des militants qui y a participé, je suis persuadé qu'il en est sorti revigoré, rassuré de voir qu'il n'était pas seul dans son cas. Au risque de décevoir les vautours qui tournaient autour de La Rochelle ce week-end, le PS n'a pas explosé et n'est pas près de le faire. Il a discuté, il a débattu, j'espère qu'il a convaincu certains, bref le PS est bien vivant et ce n'est pas près de changer.

jeudi 28 août 2014

Réformer les 35h, le travail du dimanche et plus si affinités

Le Point a eu le nez creux en réalisant une interview d’Emmanuel Macron ex-conseiller de François Hollande à l’Elysée et en la publiant deux jours après alors qu’Emmanuel Macron est devenu ministre de l’Economie. Quand Macron n’était qu’ex-conseiller, il croyait bon de vouloir revenir sur les 35h. Quand on se souvient que Jean-Marc Ayrault dans un passé pas si lointain s’autorisait lui aussi à y réfléchir, il est difficile de trouver dans cette pensée la preuve absolue qu’Emmanuel Macron n’est autre que le fils du diable descendu sur terre pour imposer une politique de droite dans un gouvernement de social-traitres. 

La veille Manuel Valls disait qu’il aimait les entreprises. Gérard Filoche a surement failli pleurer une nouvelle fois en entendant ces propos. Il est vrai que ça aurait eu plus de classe qu’un ministre PS déclare que son ennemi était les entreprises privées et qu’il réfléchissait à toutes les nationaliser. En disant cela, il n’aurait pas respecté la déclaration de principes du PS qui annonce dans son article 6 :

« Les socialistes sont partisans d’une économie sociale et écologique de marché, une économie de marché régulée par la puissance publique, ainsi que par les partenaires sociaux qui a pour finalité la satisfaction des besoins sociaux essentiels. Le système voulu par les socialistes est une économie mixte, combinant un secteur privé dynamique, un secteur public efficace, des services publics de qualité accessibles à tous, un tiers secteur d’économie sociale et solidaire. »

Mais imaginons, ce gouvernement est de droite. En tant que blogueur de gouvernement, je me transforme donc en un affreux blogueur de droite. Je commence donc par poursuivre la pensée de l’actuel ministre de l’économie et de celle de l’ancien premier ministre en réfléchissant à l'avenir des 35h. Les 35h n’ont rien de figé. C’est une des plus belles mises en place du gouvernement Jospin et la mémoire collective retient plus les 35 heures que les nombreuses privatisations d’entreprises mais ce ne doit pas être l’alpha et l’omega du temps de travail hebdomadaire.
Michel Rocard a imaginé il y a quelques années une autre façon d’aborder la réduction du temps de travail. On fixe une base hebdomadaire par défaut, nos 35 heures actuelles. Les entreprises demandant à leurs employés de travailler 35 heures payent 100 %  de leurs cotisations sociales. Si une entreprise, en accord avec ses représentants du personnel, veut que le temps de travail hebdomadaire soit supérieur à 35, alors elle payera un surplus de cotisations sociales, disons 3% de plus par heure hebdo supplémentaire. Pour des semaines à 40h, l’entreprise paierait 115% de ses cotisations sociales. En revanche, les entreprises jouant le jeu de la réduction du temps de travail verrait une baisse de leur cotisation sociale, 5% par heure en moins par exemple. Une entreprise qui passerait à la semaine de 4 jours (32h) ne paierait que 85% de ses cotisations sociales.
Ce principe est aussi une marque de compréhension envers ces entreprises qui ne veulent pas embaucher mais récompense celles qui osent.

On peut aussi jouer à revenir sur le travail du dimanche. Toutes les entreprises pourraient avoir le droit de travailler le dimanche, mais ce travail dominical ne doit pas empiéter sur la santé ni sur la vie de famille. Pour cela, nous pourrions imaginer que la loi impose aux entreprises fonctionnant le dimanche (et pour lesquelles il n’y a pas déjà aujourd’hui une exception comme les industries produisant en continue, les hôpitaux, les services de police ou de pompiers, etc.) que leurs employés ne puissent pas travailler les vendredis et samedis. Ainsi travailler le dimanche n’empêcherait pas le salarié de profiter de ses deux jours de repos et ceux-ci se chevaucheraient avec les autres membres du foyer. Ces deux jours seraient d’autant plus compatibles avec ceux des autres membres du foyer si la majorité des entreprises passait à la semaine des 4 jours pour profiter de l’encouragement sur les cotisations sociales.  

Osons même la réévaluation de la TVA (mais pas 2 fois sous un même quinquennat, il ne faut pas abuser non plus). En augmentant la liste des produits de 1ère nécessité, en créant une nouvelle tranche pour les produits de « 2ème nécessité » comme le téléphone, l’ordinateur, les affaires scolaires, les vêtements, on pourrait commencer à envisager la possibilité d’augmenter la TVA pour tous les produits non nécessaires. Pourquoi un artisan qui fabrique des chaussures serait soumis à une TVA plus importante qu’une chaine de restauration rapide alors qu’à mon avis il est beaucoup plus important d’avoir des chaussures non trouées que de pouvoir manger une saucisse aligot.

On peut espérer que Hollande réussisse une réforme d’envergure telle le RMI ou les 35 heures, on peut aussi se dire que dans ce contexte, il est interdit de s’interdire de réformer, du moment que le cadre « la satisfaction des besoins sociaux essentiels » comme le dit la déclaration de principe socialiste.  

Luzenac, l'encombrant petit club

Connaissez-vous Luzenac ? Difficile de placer sur une carte ce petit village de 551 habitants, connu jusque récemment uniquement par les industriels pour son extraction de talc dont le village a abrité une des plus grandes carrières de talc du monde. Pourtant depuis quelques mois, le Luzenac AP (pour Arriège Pyrennées, c'est bon vous situez un peu mieux ?) interpelle le monde du football

Depuis 2009, la ville de Luzenac est la plus petite ville à jouer en National, la 3ème division de foot française. Lors de la saison 2013-2014, le LAP finit deuxième après une magnifique saison où il a toujours côtoyé la tête du championnat, synonyme de montée en Ligue 2 (2ème division de foot masculin française). C'est l'exploit pour un si petit club qui avait pris l'habitude de jouer ses matchs à Foix quand il évoluait en National, faute de places dans le petit stade communal de Luzenac. Mais l'exploit tourne au cauchemar puisque la Ligue de Football Professionnel (organisme qui gère les compétitions professionnelles) refuse sous différents prétextes la montée du club en Ligue 2.

Les instances du football français peuvent avoir honte de refuser administrativement ce que le club a gagné sportivement. Les dirigeants français essayent par tous les moyens de vendre leur sport. Ils sont les premiers à mettre en valeur les affiches de Coupe de France où régulièrement un petit Poucet (comme Calais) vient chatouiller les professionnels. Frédéric Thiriez disait également en 2011 qu'il voulait "rendre le foot aux vrais supporters". A première vue, il a oublié de préciser qu'il pensait uniquement aux vrais supporters de grands clubs riches.

Aux dernières nouvelles, Luzenac n'aurait pas le droit de jouer car il n'aurait pas de stade agréé. Pourtant le club s'était mis d'accord avec le club de rugby du Stade Toulousain pour jouer dans leur stade Ernest Wallon. Mais si ce stade est apte pour accueillir des milliers de supporters de rugby de France et d'Europe toutes les 2 semaines, il ne semble pas l'être pour le football professionnel. Pour la LFP, Luzenac est coupable de ne pas avoir eu un stade prêt à temps alors que c'est cette même LFP qui a fait plané le doute de mai à août sur la possibilité financière du club à évoluer en L2. En parallèle, la LFP a accepté que le RC Lens s'engage en L1 avec un stade non prêt et un accord avec la ville d'Amiens plus que tardif. Elle a également accepté que l'OM attende la dernière semaine avant le début du championnat pour choisir dans quel stade ils joueraient.

Mais à la LFP, les pauvres, on ne les aime pas. Luzenac n'est pas la propriété d'un riche Azéri, Qatari ou Russe, ce n'est pas non plus la propriété d'une riche veuve ou d'un richissime homme d'affaire et collectionneur d'art. Non Luzenac n'est qu'un club qui a réussit l'exploit sportif d'entrée dans le club très select des clubs professionnels de football sans l'appui des gros chèques en euros. 

En 1998, la même LFP avait déjà joué un sale tour au Gazélec Ajaccio qui aurait du jouer en L2 après avoir gagné sa place sportivement. A l'époque, la LFP avait un point de son règlement qui interdisait à une ville de moins de 100 000 habitants d'avoir 2 clubs professionnels dans la même division et à l'époque l'AC Ajaccio avait déjà pris la place. La justice a depuis aboli ce point de règlement mais le Gazélec aura du attendre 2012 pour gagner de nouveau le droit de jouer en Ligue 2.

16 ans plus tard, la LFP n'a pas changé. Elle préfère découper ses journées de championnat pour gagner plus d'argent avec les chaînes télé que de respecter les "petits poucet" qui touchent du doigt leur rêve de jouer au milieu de clubs professionnels. S'il faut refuser la monter dans l'élite aux petits clubs autant les prévenir en début de saison que l'on ne compte pas leurs points. Ils joueront pour l'amour du sport, pendant que le conseil d'administration de la LFP continuera de travailler pour l'amour de leurs euros.

mercredi 27 août 2014

Et si la Belgique se trouvait en pénurie d'électricité ?

Depuis le mois de mars 2014, deux des sept réacteurs des centrales nucléaires belges sont fermés suite à de graves anomalies de fonctionnement. Ces deux réacteurs avaient déjà été fermés entre juin 2012 et juin 2013 après la découverte de milliers de microfissures. La condition de leur réouverture était soumise au passage avec succès de nombreux tests. Un de ceci a retourné des résultats inattendus et toujours inexpliqués. Les deux réacteurs arrêtés étant les plus récents, la Belgique voit sa production d’énergie issue du nucléaire diminuée d’un tiers ! Comme un incident n'arrive jamais seul, un 3ème réacteur est arrêté pour raison technique jusqu'à la fin 2014. 

Le gouverneur de Liège, Michel Fouret, a présenté à quoi ressemblerait un jour de grand froid cet hiver avec ces trois réacteurs à l’arrêt. Le plan de réduction forcée de la consommation d’énergie électrique concernerait une grande partie de la province du Luxembourg, le centre du Brabant wallon, l’extrême ouest du Hainaut, la province d’Anvers et des zones de la Flandre orientale sauf les villes de 50 000 habitants. Le résultat est impressionnant : 1,8 millions de personnes touchées, feux de circulation à l’arrêt, passages à niveau et tunnels fermés (plus de ventilation ni d’éclairage), trafic fluvial arrêté car les écluses ne fonctionnent plus, trains immobilisés, personnes bloquées dans les ascenseurs, plus de chauffage électrique, arrêt des industries, etc.

Cette situation extrême est d’autant plus impressionnante qu’en temps normal, les centrales nucléaires belges ne couvrent que 55% de la production d’électricité du pays. Cela montre qu’en France, il y a une urgence de transition énergétique pour ne plus dépendre à 75% du nucléaire, sinon je vous laisse imaginer la situation si 1/3 de notre capacité de production est à l’arrêt. Il y a aussi urgence à ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier. En Belgique, ce sont les deux réacteurs les plus récents qui sont à l’arrêt forcé, ce qui a poussé les autorités belges à prolonger des vieilles centrales alors que leur arrêt était déjà planifié. Comment ferions-nous en France si notre futur EPR souffrait d’une mise à l’arrêt forcée ?

Le projet de loi présenté fin juillet par Ségolène Royal relatif à la transition énergétique cumule réduction de consommation d’énergie et renouvellement de l’offre de production. L’exemple belge nous conforte dans cette direction. Il faut réussir à moins consommer d’énergie pour avoir plus de marge en cas d’incidents. Il faut diversifier notre production pour avoir plusieurs roues de secours valables au moment de l’incident, enfin et surtout il faut que la production d’énergie non issue du nucléaire augmente de façon conséquente pour pallier à la baisse de nucléaire. Question timing, l’exemple belge nous incite à ne pas attendre la fermeture de Fessenheim ni l’ouverture de l’EPR pour augmenter notre part de production non issue du nucléaire afin d’avoir cette marge nécessaire.

Gouvernement Valls 2, continuité et progrès

Le suspens aura été plus court qu'après la démission du gouvernement Ayrault. Sans surprise le nouveau gouvernement déçoit. Il déçoit à droite, surtout dans la frange la plus dure. Christiane Taubira est toujours ministre de la Justice. Les manifs pour tous pensaient réussir à la chasser de la Chancellerie avant le vote de la loi autorisant le mariage pour tous, au final ce sont les veilleurs qui ont abandonné les pavés de la Place Vendôme. Les éditorialistes de droite la prédisait en dehors du premier gouvernement Valls, elle y était et a mené à bien la réforme pénale. Jamais 2 sans 3, cette droite est encore surprise de la retrouver toujours en poste aujourd'hui. Pire cette même droite vient de voir la promotion de leur deuxième égérie du mal puisque Najat Vallaud-Belkacem abandonne son ministère des droits des femmes à Pascale Boistard pour aller au ministère de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. Pour les désespérés de la manif pour tous, on peut résumer son poste en ministre du Genre soumise aux lobbies et lubies LGBTI.

A la gauche de la gauche, même colère mais pas les mêmes cibles. Manuel Valls est toujours Premier Ministre, il aurait pu choisir n'importe quels ministres, le remaniement aurait été un échec. Autre provocation présidentielle, le remplaçant d'Arnaud Montebourg est Emmanuel Macron, ancien conseiller économique de Hollande à l'Elysée (et aussi lors de la rédaction du programme présidentiel avec Michel Sapin). L'ancien ministre est parti car pas sur la même longueur d'onde que Hollande et Valls, il est donc ainsi normal de voir arriver quelqu'un de plus proche des idées du Président de la République. Extrême provocation, Macron est un ancien de la banque Rotschild, cette ligne du CV ont de quoi faire hurler l'extrême-gauche, si prompte à réclamer des ministres ayant une expérience du monde ouvrier pour parler travail ou une expérience de l'enseignement pour parler éducation mais première à cracher quand un professionnel de l'économie est choisi pour parler ... d'économie.

A gauche, ils auraient voulu un Alexis Corbière à l'économie, une Martine Billard à l'environnement ou toute autre personne qui aurait pu avoir un rôle à jouer si leur champion et leur parti n'avait pas fait un tel score aux différentes élections passées.
A droite, ils réclamaient non pas un remaniement mais une dissolution puisque leur problème n'est pas un problème de politique mais de personne. Personne a leurs yeux ne peut avoir la légitimité de gouverner s'il ne provient pas de leur famille politique.

Personnellement, ce remaniement me convient. François Hollande a affirmé un cap en mai 2012. Depuis, il met en oeuvre ses solutions pour atteindre ses objectifs. Depuis mars 2014, il a choisi Manuel Valls pour apporter de la fermeté à la tête de son gouvernement. Il est donc normal que des têtes tombent après ce que je qualifie de tentative de putsch de la part d'Arnaud Montebourg. L'arrivée d'Emmanuel Macron va faire en sorte que l'on devrait avoir un trio Président - Premier Ministre - Ministre de l'Economie sur la même longueur d'onde. 
A côté de ce trio qui cristallise les analyses et les critiques, il faut saluer l'arrivée de Najat Vallaud-Belkacem au ministère de l'Education Nationale. Après avoir fait un boulot remarquable au ministère des droits des femmes, la voici première femme à diriger un des ministères clefs du gouvernement Hollande, l'Education Nationale. Rappelons que François Hollande a toujours demandé lors de sa campagne d'être jugé sur la situation des jeunes Françaises et Français. L'Education Nationale et l'Enseignement Supérieur ont logiquement une grande part à jouer. On peut aussi espérer qu'avec une telle ministre, l'enseignement du respect de tous ne sera pas une option négligeable des programmes scolaires.
Je salue aussi la nomination de Fleur Pellerin à la Culture. Elle aura fort à faire aux côtés de François Rebsamen sur le sujet des intermittents du spectacle et elle aura aussi beaucoup à faire sur la culture numérique, la propriété intellectuelle et les nouvelles façons de partager la culture et le savoir. Ses connaissances en numérique et son passage à l'économie numérique seront un atout indéniable.

Réclamer un changement de politique après 150 jours de gouvernement Valls sous le fallacieux prétexte d'une absence de résultat visible n'avait pas de sens. Il est donc logique et sans surprise que Manuel Valls et François Hollande compose un nouveau gouvernement sans trop de changement mais théoriquement uni autour des axes forts définis par le Président de la République. Depuis mai 2012, le Président de la République tente de suivre sa route, sa vision et sa parole donnée aux électeurs. Nous avons toujours un gouvernement parfaitement paritaire, nous avons toujours une personne en charge des droits des femmes, nous avons toujours l'écologie et l'éducation en haut de l'ordre protocolaire ministériel. Bon courage à ce nouveau gouvernement !

jeudi 21 août 2014

Cécile Duflot, seule contre le gouvernement ?

Cécile Duflot fait sa rentrée littéraire. Impossible de la louper, en tapant sur François Hollande et surtout sur Manuel Valls, elle était sure de recueillir les bravos de l’opposition de gauche dont le Premier Ministre est l’ennemi numéro 1. Saluons l’initiative, les mémoires de ministres sont souvent intéressants (comme par exemple le journal de Bruno Le Maire sorti l’an dernier). Je trouve cependant dommage que Cécile Duflot suive le chemin classique des écologistes de gouvernement.

Le procédé est toujours le même. D’abord, on organise une alliance pré-électorale afin de garantir un certains poids aux élus verts. Ensuite, après la victoire les écolos rentrent au gouvernement, font le boulot (très souvent du bon boulot d’ailleurs), sont solidaires, bref pas d’ombre au tableau. Enfin les écolos sortent du gouvernement (remaniement 2014 par exemple) ou se présentent contre leurs alliés d’hier (présidentielle 2002 entre autres) et tapent à boulets rouges sur la façon de gouverner des socialistes. Soit les dirigeants verts sont amnésiques (ou ont une mémoire de poisson rouge eux aussi), soit ils aiment se faire mal, mais cette façon de procéder commence à lasser.

D’ailleurs, il n’y a pas que moi, simple militant socialiste, qui s’agace du comportement de l’ancienne tête de proue écologiste au gouvernement, plusieurs de ses camarades se sont exprimés sur le sujet.

Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV : « J’écoute les commentaires, les petites phrases, c’est très habituel des Verts. Maintenant il faut se mettre au travail. » «Il faut élever le débat.» «Ce que les Français attendent des écologistes, ce sont des réponses concrètes.»

Dominique Voynet, ancienne ministre: « Nous n'avons de comptes à régler avec personne. » « Les écologistes doivent mûrir. » « Il faut veiller à ne pas se contenter de dénoncer et de manifester »

Denis Baupin, député : « Je ne suis pas persuadé de l'intérêt de l'exercice ». Il précise (et je suis d’accord avec lui) que l'ouvrage «pose la question du rapport des écologistes avec le pouvoir.»

Jean-Vincent Placé, sénateur : « C’est un jugement extrêmement sévère. » «Nous avons concouru à faire élire François Hollande en 2012, nous avons participé au gouvernement pendant quelques mois... Nous sommes aussi comptables de ce bilan-là.» «Ce n’est pas la période pour stigmatiser la majorité »

François de Rugy demande à ce qu’on ne regarde le livre « dans sa globalité et ne pas en retenir que les petites phrases ». Il réaffirme sa position vis-à-vis du gouvernement : « Nous avons été élu députés de la majorité ».

mercredi 20 août 2014

Juppé attaque pour contrer Sarkozy

La prochaine élection présidentielle se déroulera dans un peu moins de trois ans. François Hollande n’a pas encore atteint la moitié de son quinquennat. L’UMP est en train de préparer une élection interne pour choisir son futur dirigeant après la démission de Jean-François Copé. Toutes ces questions temporelles ne semblent pas embarrasser Alain Juppé puisqu’il a décidé que le moment était choisi de déclarer sa candidature à la future primaire UMP pour désigner le futur candidat UMP à l’élection présidentielle.

Alain Juppé, du haut de ses 69 ans, n’est pas un perdreau de l’année. Il sait très bien que cette annonce ne respecte pas un rythme naturel, qu’ainsi il se met en pleine lumière alors que ses silences et rares apparitions lui avaient procuré un statut de "sage" au près des sympathisants de droite. Mais à deux ans d’une hypothétique primaire et à trois ans de la date fatidique, le temps presse. Dans les deux semaines à venir, Nicolas Sarkozy va annoncer très officiellement son retour. La seule question qui se pose (et encore) est va-t-il daigner s’abaisser à se présenter pour prendre la tête de l’UMP ou va-t-il soutenir un sous fifre candidat qui aura la charge de préparer son retour pour 2017.

En se déclarant candidat à la primaire, il impose au futur patron de l’UMP l’organisation de cette primaire. Il empêche Nicolas Sarkozy de se présenter comme le seul recours possible de la droite pour sauver la France. En 2007, Juppé avait accepté de se coucher devant un Nicolas Sarkozy qui s’était rendu seul maitre à bord de l’UMP. Il ne veut pas se faire avoir dix ans plus tard. Avec cette candidature, Alain Juppé essaye de se positionner au dessus des querelles internes de partis. S’il a accepté de participer au triumvirat, c’est uniquement pour « remettre de l’ordre dans la maison UMP ». En revanche hors de question de jouer le chef de file de l’opposition pendant 3 ans.

Dans sa déclaration de candidature, Alain Juppé se montre sévère envers tous ses camarades qui sont restés sur la ligne Sarko-Buisson. Il souhaite une ouverture large vers le centre et l’abandon de l’idéologie de repli sur soi du FN. Son ouverture au centre est sa première condition à une victoire de la droite.
Sa deuxième condition est plus bancale. Il part du postulat que la situation de la France en 2017 sera la même qu’actuellement en août 2014. Pour cela il veut que la France renoue avec la croissance, tout comme le gouvernement actuel. D’après lui, le "facteur déclenchant sera le retour de la confiance des acteurs économiques, investisseurs et producteurs, consommateurs et exportateurs. Et la confiance se construit sur l’apaisement des tensions inutiles, sur la visibilité et la stabilité des politiques publiques, sur le dialogue dans le respect entre les partenaires". Il exprime ainsi l’exacte ligne du gouvernement Hollande-Valls : maintenir le cap politique actuel, travailler avec les partenaires sociaux pour réformer (ANI, formation professionnelle, les futurs seuils sociaux).

Alain Juppé a décidé de partir tôt pour avoir, au moins pour quelques jours, l’avantage sur Sarkozy, Wauquiez ou Fillon. Absence d’idées nouvelles ou peur de se faire piller son programme, l’annonce de Juppé n’est qu’une déclaration remplie de critiques mais sans contenu. Ses opposants, qu’ils soient de son parti ou de gauche, n’ont donc pour le moment que des arguments fallacieux comme son âge ou son passé judiciaire pour l’attaquer. Sur ce dernier point, il a payé pour ce qu’il a été condamné. C’est le but des peines et du principe de réinsertion. Une fois la peine purgée, on redevient un citoyen comme les autres. Critiquer son retour est un non sens, spécialement pour les sympathisants de gauche. Au même titre, je pense qu’on aurait tort de résumer Alain Juppé à un homme qui aura 72 ans en 2017 (et donc 77 ans à la fin du prochain quinquennat). Il me semble plus apte à diriger que de nombreux quinquas de l’UMP aux dents longues mais sans ligne directrice.

C’est justement de sa fidélité à sa pensée politique qu’il faudra se méfier du candidat Juppé. Il prône l’apaisement et le dialogue dans le respect alors qu’il a réussit à faire descendre plus d’un million de manifestants quand il était Premier Ministre. C’est cette politique libérale qu’il faudra suivre et contrer. Quand François Fillon parle ouvertement de réforme à la Thatcher, Alain Juppé se tait mais n’en pense pas moins.

Le duel Alain Juppé / Nicolas Sarkozy, n’est pas un conflit de génération mais deux visions distinctes de ce que doit être la droite française.