Connaissez-vous Luzenac ? Difficile de placer sur une carte ce petit village de 551 habitants, connu jusque récemment uniquement par les industriels pour son extraction de talc dont le village a abrité une des plus grandes carrières de talc du monde. Pourtant depuis quelques mois, le Luzenac AP (pour Arriège Pyrennées, c'est bon vous situez un peu mieux ?) interpelle le monde du football.
Depuis 2009, la ville de Luzenac est la plus petite ville à jouer en National, la 3ème division de foot française. Lors de la saison 2013-2014, le LAP finit deuxième après une magnifique saison où il a toujours côtoyé la tête du championnat, synonyme de montée en Ligue 2 (2ème division de foot masculin française). C'est l'exploit pour un si petit club qui avait pris l'habitude de jouer ses matchs à Foix quand il évoluait en National, faute de places dans le petit stade communal de Luzenac. Mais l'exploit tourne au cauchemar puisque la Ligue de Football Professionnel (organisme qui gère les compétitions professionnelles) refuse sous différents prétextes la montée du club en Ligue 2.
Les instances du football français peuvent avoir honte de refuser administrativement ce que le club a gagné sportivement. Les dirigeants français essayent par tous les moyens de vendre leur sport. Ils sont les premiers à mettre en valeur les affiches de Coupe de France où régulièrement un petit Poucet (comme Calais) vient chatouiller les professionnels. Frédéric Thiriez disait également en 2011 qu'il voulait "rendre le foot aux vrais supporters". A première vue, il a oublié de préciser qu'il pensait uniquement aux vrais supporters de grands clubs riches.
Aux dernières nouvelles, Luzenac n'aurait pas le droit de jouer car il n'aurait pas de stade agréé. Pourtant le club s'était mis d'accord avec le club de rugby du Stade Toulousain pour jouer dans leur stade Ernest Wallon. Mais si ce stade est apte pour accueillir des milliers de supporters de rugby de France et d'Europe toutes les 2 semaines, il ne semble pas l'être pour le football professionnel. Pour la LFP, Luzenac est coupable de ne pas avoir eu un stade prêt à temps alors que c'est cette même LFP qui a fait plané le doute de mai à août sur la possibilité financière du club à évoluer en L2. En parallèle, la LFP a accepté que le RC Lens s'engage en L1 avec un stade non prêt et un accord avec la ville d'Amiens plus que tardif. Elle a également accepté que l'OM attende la dernière semaine avant le début du championnat pour choisir dans quel stade ils joueraient.
Mais à la LFP, les pauvres, on ne les aime pas. Luzenac n'est pas la propriété d'un riche Azéri, Qatari ou Russe, ce n'est pas non plus la propriété d'une riche veuve ou d'un richissime homme d'affaire et collectionneur d'art. Non Luzenac n'est qu'un club qui a réussit l'exploit sportif d'entrée dans le club très select des clubs professionnels de football sans l'appui des gros chèques en euros.
En 1998, la même LFP avait déjà joué un sale tour au Gazélec Ajaccio qui aurait du jouer en L2 après avoir gagné sa place sportivement. A l'époque, la LFP avait un point de son règlement qui interdisait à une ville de moins de 100 000 habitants d'avoir 2 clubs professionnels dans la même division et à l'époque l'AC Ajaccio avait déjà pris la place. La justice a depuis aboli ce point de règlement mais le Gazélec aura du attendre 2012 pour gagner de nouveau le droit de jouer en Ligue 2.
16 ans plus tard, la LFP n'a pas changé. Elle préfère découper ses journées de championnat pour gagner plus d'argent avec les chaînes télé que de respecter les "petits poucet" qui touchent du doigt leur rêve de jouer au milieu de clubs professionnels. S'il faut refuser la monter dans l'élite aux petits clubs autant les prévenir en début de saison que l'on ne compte pas leurs points. Ils joueront pour l'amour du sport, pendant que le conseil d'administration de la LFP continuera de travailler pour l'amour de leurs euros.
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