Depuis sa création, Terra Nova a beaucoup réfléchi sur la mise en place de primaires à gauche pour les élections présidentielles. La primaire de 2011 organisée par le PS et le PRG fut un succès et une bonne partie de son organisation fut débattue sur la base du travail du think tank. Du coup, quand Terra Nova sort une nouvelle note sur le futur des primaires à gauche, elle attire l'intérêt. Surtout quand on sait que certains à gauche continuent d'espérer une primaire avant 2017 pour relancer la gauche. Terra Nova publie quatre propositions allant du périmètre des candidats possibles aux conditions de ces tenues.
Des primaires de toute la gauche
Je l'espérais en 2011 mais le PS ne fut accompagné que du PRG. Pourtant alors que les radicaux s'engageaient formellement avec les socialistes pour la présidentielle, les écologistes négociaient avec les socialistes un accord de législature avec un nombre de circonscriptions protégées pour leur garantir une place non négligeable à l'Assemblée Nationale. Je suis donc enthousiaste quand je lis que Terra Nova propose que ces primaires soient élargies le plus possible et que leurs résultats servent de "base de négociation des investitures". Le poids des différents partis de gauche, voire des différents courants, dépendrait de leur représentativité future. Lier primaire présidentielle et législative, ou primaire municipale et composition du conseil municipal donnerait encore plus de poids aux votes reçus par chaque candidat et éviterait l'écueil d'accords électoraux négociés dans le secret des QG politiques et souvent incompris des électeurs et même des militants.
Un nouveau type scrutin, préférentiel
La primaire citoyenne de 2011 était organisée sur un mode classique, le scrutin uninominal à deux tours, même mode de scrutin que l'élection présidentiel. Ce mode de scrutin avait pour principale qualité d'être bien connu des électeurs français, confrontés lors des primaires à un nouveau type d'élection. Comme lors de l'élection présidentiel, le vote ne pouvant se porter que sur une seule personne, il y a un risque qu'une candidature appréciée ne reçoive pas l'intégralité des suffrages de ses supporters car ces derniers peuvent préférer le choix du vote utile vers une candidature qui parait plus à même de gagner l'élection finale. Par exemple en 2011, certains sympathisants de Manuel Valls ou de Jean-Michel Baylet ont surement préféré voter pour François Hollande ou Martine Aubry pour leur capacité à gagner contre le candidat Sarkozy. Leur score se retrouve faussé et leur influence mal-estimée.
Pour éviter cela, Terra Nova propose un scrutin au "jugement majoritaire". Les électeurs donnent leur jugement sur l'ensemble des candidats. Chaque candidat, chaque courant, pourrait ainsi avoir une estimation de leur influence chez les électeurs participant à la primaire, c'est-à-dire la population des sympathisants de gauche. Ce jugement majoritaire n'empêchera surement pas de placer en tête de son jugement celui que l'on juge le plus à même de gagner l'élection (avec le potentiel vote utile) mais permet de nuancer son choix en précisant qui sont les autres candidatures qui nous ont convaincu.
Des primaires pour toute élection
Le PS avec succès le test de la primaire citoyenne préparatoire à l'élection présidentielle. Pour les municipales, une poignée de communes ont tenté l'expérience, avec plus ou moins de succès, comme à La Rochelle où tous les participants n'ont pas joué le jeu et se sont présentés malgré le résultat de la primaire. Terra Nova propose qu'une primaire soit possible à tous les échelons des élections sous réserve que la demande d'organisation soit acceptée par les conseils nationaux des partis participants. Des primaires locales, en respectant les deux propositions ci-dessus, permettraient de définir la composition d'un conseil municipal ou d'un conseil régional. Une primaire largement ouverte pour les futures échéances régionales doivent permettre de départager les querelles d'égo entre deux sortants (question qui doit surement se poser avec les dernières fusions de régions) mais aussi de mieux comprendre l'influence des écologistes, des communistes et des socialistes régionalement. Les électeurs sympathisants de gauche pouvant s'exprimer librement pour indiquer leurs préférences et donner leurs faveurs à des candidats bien implantés localement.
La primaire pour la présidentielle, c'est pas automatique
A gauche, certains veulent une primaire pour l'élection 2017 avec l'espoir qu'elle donne un nouveau souffle à la gauche et fasse émerger un successeur à François Hollande. Encore une fois, je suis d'accord avec Terra Nova. Cette primaire doit être systématique quand la gauche est dans l'opposition mais ne doit se tenir quand elle est au pouvoir que si le président sortant le décide. Si je n'imagine pas un président en activité se prêter à l'exercice d'une primaire interne, l'organisation d'une primaire ne peut se tenir qu'avec l'accord de ce dernier. Seul intérêt à une primaire incluant François Hollande avant l'échéance de 2017 serait une "primaire de coalition" (pour reprendre l'expression de Terra Nova) avec toutes les autres forces de gouvernement. Cette primaire permettrait d'éviter la dispersion des voix de gauche lors du premier tour de l'élection présidentiel et donc donnerait toutes les chances au candidat de gauche pour se qualifier pour le second tour de l'élection présidentielle.
De ces propositions, je retiens qu'une primaire à gauche n'a du sens que si elle s'ouvre au plus grand nombre de formations de gauche. C'était déjà mon souhait en 2011, ça devient de plus en plus primordial quand on voit qu'aux dernières départementales, la gauche s'est trop souvent retrouvée exclue du second tour laissant la place à des duels UMP-FN. Ces primaires ouvertes doivent être la base des accords électoraux et éviter de donner l'impression à une sur-représentation de certains partis partenaires du PS. Enfin, un scrutin au jugement majoritaire doit permettre de trouver une tête de liste qui plait au plus grand nombre et garantir normalement le plus large rassemblement lors de la campagne officielle.