l y a comme une odeur de brulé dans la maison écologiste,
ou du moins un dégagement de fumée inquiétant. Aux dernières départementales,
Europe Ecologie – Les Verts ont parfois fait liste commune avec Jean-Luc
Mélenchon contre le PS (à l’image d’une Cécile Duflot de plus en plus proche du
Front de Gauche), parfois liste commune avec le PS (à l’image d’un Jean-Vincent
Placé, toujours proche du gouvernement socialiste). Aux départementales, la
diversité des situations locales permet de nuancer les décisions d’alliances,
même si elles n’aident pas à la lisibilité du score écologiste. En revanche,
les dissensions au niveau national sont de plus en plus visibles.
En début de week-end, les écologistes d’Europe Ecologie –
Les Verts tendance soutien gouvernemental ont rencontré les écologistes qui ont
fait le choix de l’autonomie face au grand EELV, soit Génération Ecologie, le
Mouvement des écologistes indépendants, Cap 21 et également le petit dernier
des mouvements progressistes et écologistes, le Front Démocrate. Leur point
commun, se retrouver pour réfléchir à la construction d’une nouvelle maison
commune. A première vue moins associative que l’Europe Ecologie Les Verts à
leurs débuts, cette maison commune se veut rassembleuse de toutes les tendances
de l’écologie et s’annonce comme étant soutenue par de nombreuses ONG.
Les habitués du commentaire politique ont vite fait de
railler cette future maison comme le simple objet de l’ambition d’un
Jean-Vincent Placé soucieux d’accéder à un nouveau poste de pouvoir, lui qui en
moins de 20 ans est passé de conseiller municipal PRG à Caen à sénateur EELV de
l’Essonne. Pourtant cette maison commune est bien plus prometteuse que la
simple carrière d’un apparatchik. En claquant la porte du gouvernement en
réaction primaire à la nomination de Manuel Valls, ce avant même qu’il ait
esquissé la moindre politique qui sortirait du cap défini par François
Hollande, les Verts se sont tirés une balle dans le pied entrant dans une
opposition de soutien ou dans un soutien en opposition, idéal pour faire
tourner la tête de leurs électeurs. En quittant le gouvernement, ils n’ont pas
réussi à redorer leur blason de force de gauche indépendante, pire, ils ont
abandonné toute chance d’influer sur deux thèmes qui leurs sont chers, l’environnement
et le logement. La loi de transition énergétique se fait (et se défait au
Sénat) sans eux et ils laissent la place à une ministre peu adepte de l’écologie
punitive. La loi Duflot est elle remplacé par la loi Pinel avec effet
rétroactif, histoire de ne pas garder la moindre trace du passage de la cheffe
de file des écolos tendance « vrauche ».
En fuyant le navire gouvernemental, Europe Ecologie Les
Verts pensaient surement éviter un naufrage de la gauche de gouvernement et
rebondir avec une gauche plus radicale. Cette gauche n’arrivant pas à récupérer
les déçus du socialisme, une nouvelle union écologique plus progressiste que
gauchiste veut se mettre en place. Je ne peux que saluer leur tentative d’une
maison commune. J’appelle régulièrement à la réunion des écolos tendance vraie
gauche comme tendance centriste avec les socialistes et toutes les autres
composantes d’une gauche plus moderne. C’est ce qu’il se passe dans mon 4ème
arrondissement parisien où une élue en dissidence de l’UDI parisienne a rejoint
l’équipe socialiste, communiste et écologiste aux dernières municipales. C’est
également ce qu’espère Jean-Christophe Cambadélis quand il dit dans sa
contribution pour le futur congrès PS qu’ « il faut créer les conditions d’une fédération unitaire, regrouper
toutes celles et tous ceux qui militent pour l’unité de la gauche et des
écologistes et qui partagent le combat que nous menons. »
La fondation de cette maison commune peut être une des clefs
du succès de la gauche, pour mener à bien l’action du gouvernement pour les
deux dernières années, pour garder à gauche une majorité des régions à la fin
de l’année et surtout pour préparer au mieux les échéances de 2017.
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