samedi 25 février 2012

La victoire en chantant

Cette semaine Nicolas Sarkozy et François Hollande ont présenté leur playlist de campagne. Avant de présenter ce qui serait ma playlist de campagne, regardons ce qu'écoutent ces deux candidats.

Playlist de François Hollande :
Jean Louis Aubert - Temps à Nouveau
Léo Ferré - Jolie Môme
Alex Beaupain - Pourquoi Battait Mon Cœur
Zaz - Je Veux
Yannick Noah - Angela
Adele - Rolling In The Deep
Benjamin Biolay - La Superbe
Olivia Ruiz -  Elle Panique
Nolwenn Leroy - Ohwo
Les Motivés -  Le Chant Des Partisans

Playlist de Nicolas Sarkozy :
Georges Brassens - Chanson pour l'auvergnat
Johnny Hallyday - Quelque Chose De Tennessee 
Enrico Macias - Les Gens Du Nord 
Didier Barbelivien - Oncle Georges
Elvis Presley - Love Me Tender
Julien Clerc - Si On Chantait 
Charles Aznavour - Ils Sont Tombés
Calogero - C'Est Dit 
Carla Bruni - L'amoureuse

Tout d'abord, on remarque une sélection beaucoup plus jeune à Gauche. 1 chanteur mort sur 10 interprète à Gauche contre 2 morts sur une liste de 9 artistes à droite. Pour les vivants, la moyenne d'âge est de 37,87 ans pour la playlist socialiste, soit 25 ans de moins que la moyenne d'âge des interprètes de la liste Sarkozy (62,85 ans de moyenne !).
Notons que chacun des candidats n'a choisi qu'un seul artiste étranger et que seul François Hollande a sélectionné un groupe.

Dans la liste sarkozyste, j'ai tout de même un coup de coeur ! La présence de Brassens et sa chanson de l'auvergnat. Je ne peux imaginer que cette chanson ne soit pas un clin d'oeil à la phrase d'Hortefeux qui aura valu à l'ancien ministre une condamnation en première instance pour injure raciste pour sa sortie "Quand il y a un ça va... C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes !" Si je ne suis pas trop surpris de la présence de Carla Bruni dans la liste du président sortant, je suis un peu déçu qu'il n'ait pas fait preuve du même humour qu'avec Brassens et qu'il n'ait pas choisi la chanson Raphaël... Sur Carla Bruni, heureusement qu'elle est là, il s'agit de la seule femme à figurer dans cette liste.

A présent, je vous présente la playlist que j'aurais constitué si j'étais candidat. Comme les deux ci-dessus, je fais la part belle à la chanson française, j'ai un chanteur mort et un groupe étranger. En revanche, je cite un peu plus de groupes et tente de proposer un peu plus de styles différents.


Ma playlist de campagne:
Noir Désir - Un jour en France



MAP  feat. Keny Arkana - Appelle moi camarade


Alain Bashung - Volontaire


Patti Smith - People have the power


Daniel Darc - C'est moi le printemps


No One Is Innocent - La peau


Zebda - Jaures


Diam's - Ma France à moi


Leningrad Cowboys - Happy together


Thomas Fersen - Bella Ciao


Et vous, quelle playlist pour une campagne électorale ?

jeudi 23 février 2012

La Syrie se meurt

Vue de Homs trouvée sur l'orient le jour
Mercredi 22 février, Homs, la 3ème ville de Syrie est sous les bombes de l'armée de Bachar Al Assad depuis 18 jours non stop. Ce mercredi, 24 civils sont morts à Homs sous ces bombardements. Deux journalistes, un français, Rémi Ochlik (28 ans), et une américaine, Marie Colvin (56 ans), sont morts également dans le bombardement du quartier de Baba Amr. Depuis le début du mois, ce sont des centaines de victimes que l'on dénombre dans ce quartier, centaines de victimes qui viennent s'ajouter aux milliers de morts depuis un an dans ce pays. Tous ne sont pas morts sous les bombes ou les balles du régime d'Al Assad. Les révolutionnaires sont eux aussi coupables d'atrocités envers les défenseurs du régime. La mort de Gilles Jacquier, reporter français tué à Homs le 11 janvier en est un exemple. Mais les atrocités d'un camp ne peuvent servir d'excuses pour les atrocités de l'autre camp.
Aujourd'hui il est parfaitement acquis que le gouvernement syrien a encerclé la ville d'Homs, qu'il la bombarde tous les jours. Si ce gouvernement se cache derrière la menace terroriste pour expliquer la répression lors des manifestations pacifistes, derrière quoi peut-il se cacher pour défendre le massacre de ses propres citoyens à Homs ?

En plus de ce massacre qui n'est même pas voilé, le gouvernement continue d'enfermer des défenseurs des libertés. J'ai déjà évoqué sur ce blog la première arrestation de la blogueuse Razan Ghazzawi en décembre 2011. Le 16 février, son entreprise a été prise d'assaut par les forces de sécurité de l'armée de l'air (Air Force security branch). Razan et tous ses collègues ont été arrêtés. Elle et ses deux collègues femmes ont été relâchées 3 jours plus tard. Ses 8 collègues hommes sont toujours en détention. D'après Razan, qui hélas commence à avoir une certaine expérience dans la détention syrienne, il s'agit des plus longues heures de sa vie, sans aucun rapport avec sa précédente détention.

Pendant que l'armée exécute, Bachar Al Assad organise un fantôme de démocratie pour faire plaisir à ces amis russes et chinois, tous deux grands démocrates devant l'Eternel... Il est temps que la communauté internationale agisse. Il semble tragiquement évident que si personne n'agit, Bachar Al Assad va rayer de la carte des pans entiers de son pays : Homs est bombardée quotidiennement, les chars ont encerclé la ville de Palmyre dans le désert syrien, combien de villes devront tomber avant que quelqu'un n'agisse ?

mercredi 22 février 2012

Les étonnants soutiens de François Hollande

Carte des soutiens sur toushollande.fr
Pour reconnaître un bon candidat, et donc un président en puissance capable de rassembler autour de son nom, il y a deux points à regarder : son programme et ses soutiens. Coté programme, j'ai déjà évoqué ici les ambitions d'Hollande pour la Justice ou présenté rapidement ce principe d'égalité que porte la réforme du quotient familial (expliqué plus en détail ici).
Les soutiens d'un candidat, s'ils ne représentent pas la façon dont gouvernera le candidat une fois élu, sont d'une part le reflet des idées soutenus par le candidat et d'autre part une représentation du spectre d'ouverture du candidat dans la société. On se souvient  des soutiens de Sarkozy place de la Concorde le soir de son élection (Mireille Matthieu, Enrique Macias, Faudel ou Christian Clavier) ou ceux du Fouquet's le même soir (Bernard Arnault - 7ème fortune mondiale, Martin Bouygues, Serge Dassault, Vincent Bolloré).

Cette année, alors que la campagne n'est réellement commencée que depuis peu, on voit certaines annonces de soutiens originales, voire même étonnantes.
Dans les premiers soutiens affichés il y a Pape Diouf, ancien président de l'Olympique de Marseille, ou Pierre Lescure, ancien président de Canal+, qui étaient tous deux présents au meeting du Bourget.
Hollande attire aussi des personnes plus surprenantes comme Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture sous Jacques Chirac qui annonce sur Radio Classique : "Le pays a besoin d'air frais. Hollande fera un très bon président !" (le 19 février dans l'émission de Guillaume Durand).
Plus anonyme mais plus emblématique également, Dominique Antoine, qui fut le conseiller de Nicolas Sarkozy à l'éducation, à la culture et à la jeunesse et aux sports de 2007 à 2009, a également annoncé qu'il soutenait François Hollande. Sa tribune dans Le Monde est un bel exemple de ces gens charmés par l'énergie du candidat Sarkozy en 2007 et déçus des actions et du bilan des 5 années suivantes.

"Dans le domaine éducatif, que retiendra-t-on de ce quinquennat ? 80 000 suppressions d'emplois, la fin de l'année initiale de formation des maîtres, la semaine de quatre jours à l'école primaire. Même si l'on place, dans l'autre plateau, les évaluations généralisées des compétences des élèves, le bilan est maigre."

Enfin, il y a des soutiens indirects dont on ne s'y attend pas, encore moins en pleine campagne présidentielle. L'exemple tout frais nous est fourni par Nicolas Dupont-Aignan. Alors qu'il se fait piégé au téléphone par Gérald Dahan, il dit : "François Hollande, c'est un mec bien au fond. Le pansement Hollande est bien mieux que le pansement Sarkozy."

Ces différents exemples de soutiens (liste loin d'être exhaustive) montrent de manière assez légère que le programme de François Hollande est porteur d'espoir. Après ce quinquennat, de nombreuses personnes, connues ou non, sont pour un véritable changement, sont pour que les actions suivent les paroles et surtout que l'on arrête d'oublier des Français sur le bord de la route car ils n'arrivent pas à suivre.

jeudi 9 février 2012

Fantasmes, délires et réalité

Affiche pour le référendum sur l'élection du
président de la République au suffrage universel direct, en 1962.

Crédits photo : -/AFP
Fantasmes, délires ou réalité ? C'est la question qui me vient en tête à chaque fois que l'on parle de fuites sur l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy. Preuves de l'impatience qu'aura réussi à provoquer le président-toujours-pas-candidat-mais-qu'est-ce-qu'il-attend en retardant son entrée officielle en campagne.

Mercredi, c'était le lieu de son premier meeting de campagne qui résonnait un peu partout. Le président et son ego voudraient s'offrir une entrée en campagne qui reléguerait le Bourget de François Hollande et ses 25 000 participants en 2ème division des meetings. Le bruit courait même qu'il souhaitait battre les 40 000 soutiens de Ségolène Royal réunis à Charlety pour l'entre-deux tours. Si la première hypothèse semble plausible, la seconde relève du fantasme, ne serait ce qu'à cause de la météo actuelle. Réunir plus de 40 000 personnes, cela signifie remplir un Parc des Princes, un Stade Vélodrome ou un Stade de France, sous -10°C... Bon courage...

Ce jeudi, ce sont des fuites du programme présidentiel qui occupent les discussions. Le candidat prévoirait, s'il est élu, d'organiser des référendums, un sur l'allocation chômage, le second sur le droits des étrangers. D'après les informateurs, le premier demanderait aux Français s'ils sont d'accord  pour retirer l'allocation chômage aux demandeurs d'emploi refusant des postes. Ne cherchez pas, il s'agit déjà d'une loi passée sous le quinquennat Sarkozy. Le second référendum a pour but de modifier la législation et les procédures d'expulsion des étrangers. Par modification, comprenons nous bien, il s'agira de simplification pour permettre d'atteindre encore plus facilement les 30 000 reconduites à la frontière, voire même battre ces records sans être embêtés par la Justice... Pour plus de détails sur ces référendums, je vous invite chaudement à lire Intox2007 qui a très bien décortiqué ces deux points.
Reste qu'il ne s'agit que de fuites, de projet supposés. Comme l'a fait Sarkozy a maintes reprises durant son mandat, il peut très bien s'agir uniquement de pistes pour tester l'opinion, si levée de boucliers il y a, il a encore le temps de supprimer ces passages de son projet. Autre point positif pour le futur candidat, on parle de ses idées sans qu'il ait besoin de le faire. Alors qu'il n'est pas encore candidat, que son projet n'est pas encore présenté, même pas dans les grandes lignes, qu'il est déjà débattu. 
Il faut avouer que l'idée d'un référendum n'est pas bête. Le candidat Sarkozy pourrait se présenter devant les électeurs en disant "Il semble que vous n'aimez pas ma politique envers les étrangers ou ma politique envers les chômeurs... Ce n'est pas grave, votez pour moi, vous pourrez directement influencer ces politiques plus tard par référendums!". Les promesses n'engagent que ceux qui y croient, surtout que depuis 2007, il y avait des raisons de faire un référendum sur les modifications de la Constitution, sur le Traité de Lisbonne, sur la réforme des retraites, sur le nucléaire...
Durant les deux prochaines semaines, ce phénomène risque de s'accentuer, il ne faudra pas se laisser prendre au piège de la diversion et continuer à suivre notre propre feuille de route. C'est pourquoi sur ces référendums, alors que je trouve en avoir déjà trop parlé, je n'ajouterai qu'une chose, le meilleur référendum aura lieu les 22 avril et 6 mai. Lors de ces deux tours les Français pourront exprimer un NON clair et massif pour refuser ces idées, ces méthodes, cette façon de faire la politique.

Pendant ce temps, loin des fantasmes et des délires, François Hollande, de plein pied dans la réalité, continue de présenter les grands thèmes de son projet présidentiel. Aujourd'hui, il parlait Éducation. Tout comme la Justice dont je parlais hier, beaucoup de choses sont à faire ou à refaire dans ce domaine abîmé par 10 ans de politique de Droite. A Orléans, alors qu'il honore la mémoire de Jean Zay (ministre de l'éducation durant le Front Populaire), il rappellera et détaillera surement ces principales propositions pour l'Education:
  • Créer 60 000 poste dans l’Éducation Nationale en 5 ans
  • Favoriser l'accueil des plus jeunes (moins de 3 ans en maternelle)
  • Diviser par 2 le nombre de jeunes sans qualification à leur sortie du système scolaire d'ici 2017
  • Affecter en priorité les nouveaux postes dans le primaire
  • Réformer les cycles supérieurs pour avoir plus de passerelles entre les filières (notamment entre université et grandes écoles)
  • Abrogation de la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers
  • Simplifier le financement de la Recherche pour que les chercheurs puissent se consacrer pleinement à leurs tâches.

Manifeste pour la Justice

Lundi soir, j'ai assisté à une soirée du club DJS au théâtre Dejazet, DJS pour Droits, Justice et Sécurités. Cette soirée, animée par Edwy Plenel de Mediapart, avait pour objectif de présenter les grandes lignes du Manifeste pour la Justice, manifeste collectif présentant des axes de réformes pour une meilleure justice en France. Pour chaque domaine présent dans le manifeste, un ou plusieurs intervenants spécialistes du sujet (universitaires, avocats, magistrats) sont venus à la tribune pour nous présenter une partie de leur travail. Nous avons donc pu entendre entre autre des constats et des propositions sur des thèmes comme
  • la Justice des mineurs (présentée par Pierre Joxe reconverti avocat spécialiste des mineurs) qui demande de l'écoute, des peines aménagées selon les cas, et surtout qui demande de ne pas considérer un enfant comme un adulte,
  • la Justice sociale (qui m'était totalement inconnue) sur les contentieux avec les services sociaux,
  • le besoin de nouveaux droits, par exemple la possibilité de réaliser des actions de groupe
  • la bonne exécution et l'efficacité des peines. C'est à dire des peines qui retrouvent tout leur sens en étant exécutées peu de temps après les faits et le jugement (aujourd'hui 100 000 peines ne sont pas appliquées faute de moyen humain et financier). En revanche, il n'est pas nécessaire de tout axer sur l'emprisonnement, d'autres solutions existent.
  • une justice proche et accessible. Plus proche car plus un tribunal est éloigné des plaignants, plus l'accès à la Justice est difficile, particulièrement pour les plus modestes. Plus accessible car l'accès à l'aide juridictionnelle est soumise au revenu et n'est possible que pour ceux dont le revenu est inférieur à 1 200€ par mois.
 A la fin des différentes interventions, François Hollande est intervenu durant une vingtaine de minutes pour présenter ces propositions sur la Justice et la Sécurité. Ce discours aura surement satisfait de nombreux intervenants vu les points repris par le candidat socialiste. François Hollande est parti du même constat que les intervenants, la Justice dans son ensemble a été mise à mal depuis 2002, avec l'accumulation de lois après chaque faits divers, avec un président depuis 2007 qui a continué à être 1er flic de France au lieu d'être le garant des différentes institutions.
François Hollande a donc commencé la présentation de ce pan de programme en rappelant que la Justice serait un des 3 secteurs prioritaires en terme de création de postes. Ensuite il a exposé ses 3 grands principes:
  1. La Justice doit être accessible à tous.
    Pour rendre l'accès à la justice plus simple et plus compréhensible, il veut créer un guichet unique de greffe, comme déjà testée dans certaines villes. Il cherchera aussi à améliorer l'aide juridictionnelle, que ce soit pour qu'elle soit accessible plus de personnes mais aussi pour qu'elle soit plus valorisante pour ses acteurs.
    François Hollande a énoncé 5 réformes:
    • Unifier les différentes justices sociales (comme le proposait Frédérique Cassereau)
    • Instaurer les actions de groupe (comme souhaité plus tôt par Thomas Clay)
    • Augmenter les pouvoir de l'Autorité de la concurrence
    • Assurer la protection des sources des journalistes
    • Instaurer un habeas corpus numérique pour garantir les droits et les libertés face à la présence de plus en plus massives des nouvelles technologies dans la vie quotidienne.
  2. La Justice doit être efficace.
    L'objectif est de ne plus reproduire l'erreur dans la justice pénale avec la promulgations de 30 lois votées en moins de 10 ans.  Ces principales réformes:
    • Revenir sur les peines planchers qui n'évitent pas la récidive. Il faudra trouver des peines adaptées et pleinement exécutables.
    • Conforter la justice des mineurs en ayant des sanctions rapides et proportionnées et surtout accompagnées de mesures éducatives. D'où le doublement du nombre de centres éducatifs fermés, sans oublier d'autres solutions en milieu ouvert.
    • Donner les moyens nécessaires à la Protection Judiciaire de la Jeunesse pour assurer le suivi et l'accompagnement des jeunes purgeant des peines en milieu ouvert pour les aider à ne pas récidiver.
    • Développer des peines alternatives à la prison pour en finir avec la stratégie du tout emprisonnement.
  3. La Justice doit être indépendante.
    Il est nécessaire que la République renoue avec ses valeurs morales pour montrer que personne n'est au dessus de la Justice. L'exemple de la lutte pour préserver les juges d'instruction est le symbole de ce quinquennat de la lutte du pouvoir judiciaire pour garder son indépendance. Donc pour garantir cette indépendance, il sera nécessaire de
    • Réformer le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) qui sera composé de magistrats et non magistrats nommés par le parlement et avec des pouvoirs élargis
    • Tous les magistrats du Parquet seront nommés par le CSM, ce dernier ne pourra donc plus être soumis à l'influence du gouvernement
    • La Cour de Justice de la République, seule à être autorisée à juger ministres et anciens ministres, sera supprimée. Tous seront soumis au droit commun.
    • Le statut pénal du Président de la République sera revu pour que lui aussi ne soit pas au dessus des lois durant son mandat, pouvant échapper ainsi à la Justice pendant plus de 10 ans.
    • Enfin, la Justice Européenne est aussi évoquée pour pouvoir lutter efficacement contre le blanchiment d'argent. En accord avec les pays européens, plus de pouvoirs seront donnés pour réaliser des enquêtes transfrontalières.
Je m'excuse pour l'aspect catalogue de ce billet mais devant le nombre de propositions faites par les intervenants et quasi intégralement reprises par François Hollande, je ne me voyais pas sélectionner seulement une partie d'entre elles.
Le nombre de propositions montre dans quel état est la Justice après 10 années de droite au pouvoir. Entre les améliorations annoncées jamais réalisées (comme les actions de groupe), les constats de dysfonctionnement de l'appareil judiciaire (par exemple l'affaire Bettencourt / Woerth et le juge Courroye), les retours en arrières essentiels (sur les peines plancher et la rétention de sureté, sévèrement critiqués par les associations de défense des Droits de l'Homme), que de choses à entreprendre. La bonne nouvelle est que nombreuses sont les propositions citées qui ne demandent pas tant de frais que ça et sont donc réalisables même en attendant la sortie de la crise actuelle. 
Cette soirée fut extrêmement enrichissante. Je ne peux que conseiller à ceux que le sujet intéresse de lire le Manifeste pour la Justice édité aux éditions du Cherche-midi.

lundi 6 février 2012

En 2012, hausse des impots pour tous...

... et plus encore pour les plus pauvres (vu sur leparisien.fr) :




Le clivage pour stratégie de campagne

C'est la crise, tout le monde la ressent. Cette crise touche tout le monde au plus profond de chacun, dans leur logement, dans leur santé, dans leur emploi, dans leur vie quotidienne. C'est pour cette raison, et assez à juste titre que la campagne et les projets des candidats mettent particulièrement en avant des propositions sur l'économie et la finance. Si ce sens des priorités est juste, il ne faut pas mettre aux oubliettes les questions sociétales. Il y a 2 sujets qui ont été particulièrement mal traités durant ce quinquennat, la vie familiale de tous les couples et le traitement des étrangers.

Sur le premier sujet, aucune avancée pour les couples homosexuels n'a eu lieu depuis 5 ans, que ce soit sur le mariage homosexuel (proposition de loi rejetée à l'Assemblée Nationale en juin 2011) ou sur l'adoption. Pire les dérapages homophobes sont venus de partout à l'UMP, que ce soit à l'Assemblée Nationale avec Christian Vanneste ou au gouvernement avec David Douillet. Provocation ultime, même le premier ministre se permet sur le plateau de France2 de dire qu'il est contre le mariage gay car "l’institution du mariage a un objectif, celui de la sécurisation des enfants". François Fillon ne confond-il pas homosexualité et pédophilie ?

Sur les étrangers, ce quinquennat ressemble à une galerie des horreurs. De la création de l'éphémère Ministère de l'Identité Nationale et de l'Immigration en 2007 à la circulaire du 31 mai 2011 sur les diplômés étrangers en passant par le tristement célèbre discours de Grenoble, Nicolas Sarkozy, ses ministres de l'immigration et ceux de l'intérieur ont mis du coeur à monter les Français les uns contre les autres et à ternir notre image de Pays des Droits de l'Homme à l'étranger. Un des derniers exemples en date, le 27 janvier, le député Philippe Meunier (membre de la Droite Populaire) écrit sur son blog qu'il n'est pas nécessaire d'avoir des étrangers travaillant en France. Il explique que "l'immigration qualifiée est donc un frein à la croissance pour l'ensemble des économies puisqu'elle entrave le développement des pays "d'origine" et donc limite de facto nos exportations. Elle est aussi une injustice vis à vis de nos nombreux compatriotes avec une qualification professionnelle, au chômage en période de crise". Il considère que les étudiants étrangers "sont les meilleurs représentants du savoir-faire français, à condition de retourner dans leur pays d'origine une fois leurs études et leurs stages terminés". Enfin, il détaille sa théorie comme quoi si les emplois non qualifiés sont mal payés c'est à cause des étrangers. Sans eux, les entreprises françaises pourraient recruter des chômeurs français et les payeraient plus dignement…
Sa conclusion est sans appel "si cette politique n'est pas menée à bien avec la mise en place d'un certain nombre de mesures, la France devra faire face à moyen terme à de très fortes tensions ethniques et communautaristes qui pourraient remettre en cause la paix civile".

Suite à ce billet d'un élu UMP qui vient de voir sa candidature pour une nouvelle législature confirmée, comment être surpris d'entendre un ministre de l'Intérieur, lors d'un discours au congrès d'un syndicat étudiant fortement à droite (voire flirtant avec l'extrême), dire "Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique. En tout état de cause, nous devons protéger notre civilisation". Comment être surpris quand on se souvient des précédentes sorties de ce même Claude Guéant depuis son arrivée au gouvernement ? Ces propos me rappellent le discours de Dakar où le monde apprenait que le "drame de l'Afrique" venait du fait que "l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire". Toujours cette histoire de "supériorité" de la France sur ses voisins "attardés".

Si Nicolas Sarkozy n'est toujours pas en campagne (c'est une histoire de jours, voire d'heures), on voit déjà les effets de cette politique et de ces discours. Dans un sondage publié par le Journal Du Dimanche, si Marine Le Pen n'arrivait pas à obtenir les 500 signatures pour se présenter à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy verrait son score du premier tour augmenter de 8,5%. Hélas pour le président-pas-encore-candidat, cette hypothèse me paraît peu probable. Toute cette stratégie pour attirer l'électeur frontiste risque d'être vaine (au moins pour le 1er tour), et risque même de lui être néfaste. Combien d'électeurs xénophobes vont préférés voter pour le FN original? Combien d'électeurs se sentant plus proche de ce que l'on appelait la Droite Gaulliste vont préférer rejoindre un Dominique de Villepin ou un François Bayrou plutôt que de voter pour cet homme qui ne respecte personne ? Il faudra surement attendre le 22 avril pour avoir un élément de réponse, en attendant il ne faudra pas se laisser embarquer dans le numéro d'homme changé, plus sobre, plus respectueux, plus apte à relever le pays alors que c'est cet homme qui a mis le pays dans l'état où il est et c'est cet homme qui n'a eu cesse de cliver les Français entre eux en essayant de créer des Français de seconde zone...

jeudi 2 février 2012

Salut Albert !

Albert Sernissi dans Histoires, un film de Françoise Marie et Didier Saco
Albert Sernissi était un Personnage du Parti Socialiste. Surement un des plus vieux militants socialistes parisiens puisqu'il a rejoint la SFIO en 1940 à l'âge de 16 ans. Albert était aussi un Personnage du 4ème arrondissement, à l'âge de 20 ans, en août 44, il a libéré la Mairie du 4ème arrondissement arme à la main. Albert fut une des premières personnes à me parler quand je suis arrivé en 2008 à la section du 4ème arrondissement. Quand je le croisais en section le samedi matin, il ne fallait pas trop le pousser pour qu'il me parle de sa jeunesse, de son entrée en Résistance dans le réseau Libé Nord ou de son départ de la SFIO durant la Guerre d'Algérie pour créer le PSA (Parti Socialiste Autonome) avec Savary et Rocard. En AG de section, chacun pouvait s'apercevoir, au cours de ses interventions, de son engagement, de sa passion, de son énergie. Je n'avais que 26 ans et cet homme de 85 ans était fascinant !
Lundi soir, la triste nouvelle est tombée, Albert Sernissi nous a quitté après 88 ans sur cette planète, dont 72 de militantisme… Bon vent Albert !

Ce vendredi 3 février, il rejoindra le Père Lachaise. Un dernier hommage lui sera rendu en Mairie du 4ème mercredi 8 février à 18h.

Le Pen et le FN n'ont pas changé

Gollnisch, Le Pen père et fille toujours actifs au FN
Il parait que le FN a changé. Il se serait "dédiabolisé". Le remplacement d'un vieux borgne par une jeune blonde suffirait à le rendre fréquentable ? Marine Le Pen le jure à tout vent, elle n'est pas comme son père ! Comprendre, elle n'est pas ouvertement antisémite comme l'était son père. Du coup, le parti doit aller à la chasse aux photos souvenir de Marine Le Pen avec des militants néo nazis, en manifestation les skinheads sont priés de cacher leurs vêtements trop connotés fascistes. Chasser le naturel, il revient au galop. En pleine campagne présidentielle, Le Pen père accompagne Le Pen fille à un bal de nostalgiques du IIIème Reich en Autriche. Mais tout ceci n'est que de l'image, de la comm'. Si la communication et les communicants font désormais partie prenante d'une campagne électorale, ils ne font pas tout. 

Le FN n'a pas changé, les cadres du parti sont toujours les mêmes. Sur les 8 membres du Bureau Exécutif, 3 sont au FN depuis sa création du parti, les 5 autres le sont depuis plus de 20 ans.

Le Front National a aussi un programme, et lui ne change pas, il est loin de se dédiaboliser. Par exemple, le FN a toujours une certaine vision de la France et de sa société:
  • Refus de la commémoration du 19 mars 1962, la date du cessez-le-feu de la Guerre d'Algérie.
  • Le libre choix pour les femmes doit pouvoir  être aussi celui de ne pas avorter (A voir la vidéo en fin de billet avec le n°2 du FN parlant d'IVG de complaisance)
  • Défendre la structure familiale : institution irremplaçable, la famille représente le caractère central de la société, la famille doit se fonder exclusivement sur l’union d’un homme et d’une femme et accueillir des enfants nés d’un père et d’une mère.

Le FN n'a pas changé non plus dans son rapport avec l'étranger:
  • Division par 20 des entrées annuelles sur le territoire en passant de 200 000 immigrés légaux par an à 10 000
  • Suppression du regroupement familial
  • Réduction drastique du nombre de demandeurs d'asile
  • Suppression, dans le droit français, de la possibilité de régulariser des clandestins.
  • Les manifestations de clandestins ou de soutien aux clandestins seront interdites.
  • Application de la priorité nationale. Les entreprises se verront inciter à prioriser l’emploi, à compétences égales, des personnes ayant la nationalité française.

Il n'y a aucun changement non plus dans sa vision de la Justice avec la persistance de son souhait de rétablir la peine de mort.

Pour finir, voici quelques exemples présents dans le programme frontiste que vous ne verrez dans aucun autre parti :
  • Création d'un ministère des Souverainetés pour renégocier tous les traités européens et restaurer la souveraineté des lois françaises.
  • Interdire le drapeau de l'Union Européenne dans les bâtiments publics !
  • Dans l'éducation supérieure, réorientation de la formation des jeunes en grandes écoles vers les métiers de l’entreprenariat et de l’industrie au détriment des métiers de la finance.
  • Ajout du sens du patriotisme dans les critères de recrutements de fonctionnaires.
  • Garantir l’indépendance et la neutralité de la Magistrature : suppression du droit d’être syndiqué (dans la Justice uniquement)
  • Plus aucune prestation sociale (aides, logements, RSA, etc.) ne doit être versée aux récidivistes délinquants ou criminels justiciables d’une peine de un an de prison ou plus.
Le FN n'a pas changé de ligne politique, ses dirigeants historiques sont encore présents, ce n'est pas parce que leur candidat a changé qu'il ne faut plus se méfier de leurs idées.


Louis Aliot, no 2 du FN, veut dérembourser les... par RichardTrois