C'est la crise, tout le monde la ressent. Cette crise touche tout le monde au plus profond de chacun, dans leur logement, dans leur santé, dans leur emploi, dans leur vie quotidienne. C'est pour cette raison, et assez à juste titre que la campagne et les projets des candidats mettent particulièrement en avant des propositions sur l'économie et la finance. Si ce sens des priorités est juste, il ne faut pas mettre aux oubliettes les questions sociétales. Il y a 2 sujets qui ont été particulièrement mal traités durant ce quinquennat, la vie familiale de tous les couples et le traitement des étrangers.
Sur le premier sujet, aucune avancée pour les couples homosexuels n'a eu lieu depuis 5 ans, que ce soit sur le mariage homosexuel (proposition de loi rejetée à l'Assemblée Nationale en juin 2011) ou sur l'adoption. Pire les dérapages homophobes sont venus de partout à l'UMP, que ce soit à l'Assemblée Nationale avec Christian Vanneste ou au gouvernement avec David Douillet. Provocation ultime, même le premier ministre se permet sur le plateau de France2 de dire qu'il est contre le mariage gay car "l’institution du mariage a un objectif, celui de la sécurisation des enfants". François Fillon ne confond-il pas homosexualité et pédophilie ?
Sur les étrangers, ce quinquennat ressemble à une galerie des horreurs. De la création de l'éphémère Ministère de l'Identité Nationale et de l'Immigration en 2007 à la circulaire du 31 mai 2011 sur les diplômés étrangers en passant par le tristement célèbre discours de Grenoble, Nicolas Sarkozy, ses ministres de l'immigration et ceux de l'intérieur ont mis du coeur à monter les Français les uns contre les autres et à ternir notre image de Pays des Droits de l'Homme à l'étranger. Un des derniers exemples en date, le 27 janvier, le député Philippe Meunier (membre de la Droite Populaire) écrit sur son blog qu'il n'est pas nécessaire d'avoir des étrangers travaillant en France. Il explique que "l'immigration qualifiée est donc un frein à la croissance pour l'ensemble des économies puisqu'elle entrave le développement des pays "d'origine" et donc limite de facto nos exportations. Elle est aussi une injustice vis à vis de nos nombreux compatriotes avec une qualification professionnelle, au chômage en période de crise". Il considère que les étudiants étrangers "sont les meilleurs représentants du savoir-faire français, à condition de retourner dans leur pays d'origine une fois leurs études et leurs stages terminés". Enfin, il détaille sa théorie comme quoi si les emplois non qualifiés sont mal payés c'est à cause des étrangers. Sans eux, les entreprises françaises pourraient recruter des chômeurs français et les payeraient plus dignement…
Sa conclusion est sans appel "si cette politique n'est pas menée à bien avec la mise en place d'un certain nombre de mesures, la France devra faire face à moyen terme à de très fortes tensions ethniques et communautaristes qui pourraient remettre en cause la paix civile".
Suite à ce billet d'un élu UMP qui vient de voir sa candidature pour une nouvelle législature confirmée, comment être surpris d'entendre un ministre de l'Intérieur, lors d'un discours au congrès d'un syndicat étudiant fortement à droite (voire flirtant avec l'extrême), dire "Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique. En tout état de cause, nous devons protéger notre civilisation". Comment être surpris quand on se souvient des précédentes sorties de ce même Claude Guéant depuis son arrivée au gouvernement ? Ces propos me rappellent le discours de Dakar où le monde apprenait que le "drame de l'Afrique" venait du fait que "l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire". Toujours cette histoire de "supériorité" de la France sur ses voisins "attardés".
Si Nicolas Sarkozy n'est toujours pas en campagne (c'est une histoire de jours, voire d'heures), on voit déjà les effets de cette politique et de ces discours. Dans un sondage publié par le Journal Du Dimanche, si Marine Le Pen n'arrivait pas à obtenir les 500 signatures pour se présenter à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy verrait son score du premier tour augmenter de 8,5%. Hélas pour le président-pas-encore-candidat, cette hypothèse me paraît peu probable. Toute cette stratégie pour attirer l'électeur frontiste risque d'être vaine (au moins pour le 1er tour), et risque même de lui être néfaste. Combien d'électeurs xénophobes vont préférés voter pour le FN original? Combien d'électeurs se sentant plus proche de ce que l'on appelait la Droite Gaulliste vont préférer rejoindre un Dominique de Villepin ou un François Bayrou plutôt que de voter pour cet homme qui ne respecte personne ? Il faudra surement attendre le 22 avril pour avoir un élément de réponse, en attendant il ne faudra pas se laisser embarquer dans le numéro d'homme changé, plus sobre, plus respectueux, plus apte à relever le pays alors que c'est cet homme qui a mis le pays dans l'état où il est et c'est cet homme qui n'a eu cesse de cliver les Français entre eux en essayant de créer des Français de seconde zone...
bon biyé.
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