Affichage des articles dont le libellé est économie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est économie. Afficher tous les articles

mardi 17 février 2015

Les bonnes surprises de la loi Macron

La loi Macron pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques aura permis au gouvernement de Manuel Valls de marcher sur les traces d'un de ses glorieux prédécesseurs, Michel Rocard, pour faire passer des réformes en force à l'Assemblée Nationale en utilisant le célèbre article 49-3. En cause, une majorité impossible à réunir à gauche et un soutien non assuré des centristes et d'une part de l'UMP.

Pourtant, il y a de belles choses dans ce projet de loi, souvent passées inaperçues tant on s'est focalisé sur le travail du dimanche ou le transport en autocars. Voici quelques points peu ou pas évoqués et qui sont pourtant des nouveautés intéressantes.

Accélérer l’obtention du permis de conduire
Cet article a été évoqué sous l’angle des manifestations des auto-écoles qui ne voient pas d’un bon œil cette réforme. La loi Macron veut réduire le temps et le coût pour passer son permis. Les auto-écoles ont principalement râlé sur la fin du forfait minimal de 20 heures de conduite avant d’avoir le droit de passer son permis. Mais la loi Macron ouvre aussi la possibilité à des organismes externes de faire passer les épreuves pratiques du permis poids lourd dans le cadre de diplômes professionnels. L’objectif de cette réforme est de libérer du temps aux inspecteurs pour être plus disponibles pour l’examen de passage du permis B. Aujourd’hui, il faut entre 3 mois et 5 mois pour avoir le droit de se présenter à nouveau à l’examen pratique. L’objectif est de réduire ce délai d’attente à une moyenne de 45 jours. La personne qui doit repasser son permis de conduire, en plus de gagner du temps gagnera aussi de l’argent puisqu’elle devra prendre moins de leçons avant le nouvel examen pour garder son niveau.

Accélérer le raccordement des immeubles la fibre optique
Pour simplifier et accélérer le raccordement des immeubles à la fibre optique, la loi Macron permet à l’assemblée générale de copropriété de donner mandat au syndic pour se prononcer sur toute proposition de raccorder l’immeuble à la fibre optique. Avant cette simplification, le syndic devait mettre le sujet à l’ordre de l’AG de la copro, ce qui pouvait porter le temps de décision à un an, le temps maximal pour réunir une AG de copro.

Garantir le maintien dans le giron français d’un acteur majeur des biotechnologies
Si la loi Macron s’est prononcée pour la privatisation de quelques entreprises, elle cherche également à maintenir dans le secteur public des entreprises de santé publique. Ainsi le Laboratoire Français du Fractionnement et des Biotechnologies et ses filiales sont reclassées au sein du secteur public et la loi exclue tout transfert vers le secteur privé. Si le LFB est un leader européen des biotechnologies, c’est aussi le laboratoire qui a l’exclusivité sur le fractionnement du plasma que l’EFS récolte auprès des particuliers.

Contrôler les retraites chapeau
Les organismes de retraites complémentaires vont devoir fournir à l‘INSEE et au gouvernement un rapport annuel sur les retraites versées. Pour lutter contre les dérives des retraites chapeau, l’IGF et l’IGAS auront pour mission de rapporter annuellement sur le fonctionnement et l’encadrement de ces régimes.

Autoriser les maires à se prononcer sur le travail dominical
A l’exception de certaines zones bien délimitées, les maires pourront accorder jusqu’à 12 ouvertures par en le dimanche au lieu de 5 actuellement. Au-delà de l’ancien palier des 5 dimanches, le maire devra avoir l’accord de l’intercommunalité. Premier bon point, on est loin de la généralisation du travail le dimanche comme certains aimeraient à nous le faire croire, surtout que 12 ouvertures par an, ça correspond à une ouverture lors de chaque dimanche des soldes. Deuxième bon point pour la démocratie, si des populations sont résolument contres des ouvertures 12 dimanches par an, elles pourront toujours se retourner contre leur maire ou leurs représentants à l’intercommunalité lors des prochaines élections municipales, à condition d’avoir dans le lot des opposants quelqu’un qui soit contre cette mesure bien entendu.

Considérer le travail en soirée comme le travail de nuit
La loi Macron veut faciliter le travail en soirée, soit entre 21h et minuit. Comme pour le travail de nuit, il faudra un accord écrit de l’employé pour travailler en soirée. Cet employé ne pourra pas être licencié au motif de son refus de travailler en soirée ou si il change d’avis après avoir accepté. Toutes les heures travaillées après 21h doivent être payées double. De la même façon que pour le travail de nuit, l’employeur devra mettre à disposition un moyen de transport pris en charge par l’employeur qui doit permettre à l’employé de regagner son domicile. Il devra également mettre en place des mesures de compensations liées aux charges relatives à la garde d’enfants en soirée.

Lutter contre le dumping social dans les transports routiers.
Le dernier point de cette liste est considéré comme une révolution par la CGT. Pour lutter contre la concurrence déloyale des transporteurs étrangers, tous les chauffeurs routiers étrangers travaillant en France doivent être payés au moins au SMIC français. Cela signifie qu’un chauffeur étranger qui profite d’un passage en France pour faire quelques transports locaux (ce qu’on appelle opération de cabotage) devra à présent bénéficier des règles sociales françaises et du salaire minimum français. On peut voir dans cette mesure une mise en cohérence avec une loi récemment passée en Allemagne, nouvel exemple du couple franco-allemand retrouvé.

Je trouve également l'opposition catégorique des députés socialistes sur ce texte. Par exemple, Benoit Hamon, ancien ministre et nouveau député à la tête de la fronde contre ce projet, n'a signé que 6 amendements (dont un fut accepté) pour modifier un texte contenant plus de 100 articles. Je me demande si ces députés ne font pas payer à Emmanuel Macron son péché originel, c'est à dire son passé de banquier d'affaires...

lundi 2 février 2015

Une semaine dans le rétro : Macron le marathonien

La dernière semaine de janvier retrouve un peu de normalité. Alors que l'assassinat de Charlie Hebdo et les meurtres antisémites sont toujours dans les mémoires, le Président de la République participe aux commémorations de la libération du camp d'Auschwitz Birkenau au coeur de Paris, au Mémorial de la Shoah, et en Pologne, au coeur du cap d'extermination.

A Paris, au sein de l'Assemblée Nationale, Emmanuel Macron commence son marathon parlementaire. A partir du lundi 26 janvier, le projet de loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques est débattu. Le rythme s'annonce soutenu, l'intégralité du projet doit être examinée, amendée et votée le 10 février 2015. En deux semaines, ce sont 106 articles qui seront discutés par les députés. 106 articles en deux semaines ! Emmanuel Macron soumets les députés à rude épreuve. Il n'encourage pas non plus les blogueurs à expliquer le contenu d'une loi qui regroupe des sujets divers et variés.

Cette semaine, les députés ont planché du lundi au vendredi sur le premier chapitre du premier titre du projet de loi, soit la partie "Mobilité" du titre "Libérer l'activité". Sur les 106 articles, 96 restent à voir dans la semaine qui débute. Pour autant, lundi et mardi, nos députés ont donc débattu sur une des mesures phares du projet de loi, la libéralisation des transports en autocar. L'initiative du ministre est bonne. Aujourd'hui, plusieurs trajets sont impossibles à réaliser en train ou prennent un temps incroyable comparé à la distance à parcourir, principalement à cause de l'accumulation des correspondances. D'un point de vue économique, transport en car n'est pas aussi avantageux que le transport en train. La vitesse des deux moyens de transports n'est pas comparable, ni la capacité de personnes à transporter. Pourtant en milieu rural, de nombreuses gares ont fermé depuis plus de 30 ans. Certaines villes ou petites bourgades ne sont plus accessibles aujourd'hui en train et ne compte que sur leur desserte par autocars soit pour maintenir une activité commerciale soit pour faire venir de nouveaux habitants. D'un point de vue écologique, si l'autocar est plus polluant que le train, il est nettement moins que la voiture individuelle. Le développement des transports en car n'est pas une lubie d'Emmanuel Macron. C'est aussi ce qui est fait depuis 10 ans par la Région Ile-de-France par exemple pour désenclaver les villages et villes trop loin des lignes de RER.

Une fois n'est pas coutume, sur ces discussions à l'Assemblée Nationale, les attaques sont principalement venues de la part de la gauche (écologistes, frondeurs socialistes, communistes) alors que les encouragements sont venus de la droite, principalement Hervé Mariton et Frédéric Lefebvre ! De tels contestataires et surtout de tels soutiens peuvent rendre sceptique la proposition. Lors des débats, la plus grande crainte sur ce fameux article 2  est que cette libéralisation des transports en autocar risque de mettre en danger certaines lignes de trains régionales. Mais ces lignes sont déjà mises à mal par la SNCF et sa recherche de profits au détriment des usagers. Dans certaines petites villes de région, il est quasi impossible de trouver un TER en dehors du créneau 6h - 8h et 18h - 20h. On peut imaginer une cohabitation facile entre trains et autocars, les premiers prenant les relais des seconds durant les heures moins fréquentées.

Dès le début de la semaine prochaine, une nouvelle grosse partie du projet de loi Macron va être débattue à l'Assemblée Nationale, les professions réglementées. Au programme, principes de fixation des tarifs réglementées aux prestations des commissaires-priseurs, huissiers de justice et notaires ainsi que la libéralisation de leur installation. Nos députés vont-ils arriver aux articles 80 et suivants sur le travail dominical et la réforme de la justice prud'homale ? Pour cela il faudra avoir un rythme plus soutenu qu'en première semaine...

La semaine prochaine, nos députés continueront de travailler avec Emmanuel Macron, François Hollande recevra ceux qui auront fait l'actu de la semaine dernière, les handballeurs français puis Alexis Tsipras, et tous les amoureux de "digue républicaine" auront les yeux tournés vers le Doubs afin de savoir si le premier candidat de l'UMP non qualifié au second tour d'une législative partielle depuis 2012 va appeler à voter PS ou FN.

Vivement la semaine prochaine !

vendredi 16 mai 2014

L'agonie de TINA

La méthode TINA (There Is No Alternative) vient de prendre un sérieux coup de massue. Depuis 2012, les gouvernements socialistes de Jean-Marc Ayrault et de Manuel Valls ont continué une politique de hausse des impôts entamée il y a 6 ans par François Fillon et Nicolas Sarkozy. Au final, c'est une hausse des impôts de 30 milliards d'euros sous Sarkozy et autant sous François Hollande qui a été réalisée, même si les personnes ciblées ne sont pas vraiment les mêmes.

François Fillon avait gelé le barème de l'impôt sur le revenu, Jean-Marc Ayrault avait prolongé cette mesure. A côté de cette mesure surement la moins « sociale », le gouvernement Ayrault avait contribué à augmenter les impôts sur le revenu en créant un nouveau taux à 45 % pour les revenus annuels au delà de 150 000€ et en abaissant le plafonnement du quotient familial. En avril 2013, Le Monde rappelait qu'entre 2008 et 2012 (sous Sarkozy donc), un célibataire payé un peu plus que le SMIC avait vu ses impôts sur le revenu augmenter de 40 % !

Manuel Valls l'avait annoncé récemment dans une interview télévisée, il souhaitait faire un geste fort envers les foyers les plus modestes. Une véritable politique socialiste donc en épargnant volontairement les foyers les moins favorisés afin de ne pas les accabler sous les impôts. L'Etat décide donc de se priver d'1 milliard d'euros de revenus via les impôts en mettant en place des rabais pour 3 millions de ménages, visant autant les catégories actives que les retraités, puisque les fins de mois difficiles ne font pas de distinguo entre les catégories de Français.

Qu'est ce qu'un Français modeste ? La base a été fixée pour un célibataire à un revenu fiscal de 14 000€. Cette base est adaptée ensuite selon la configuration familiale. Pour tous les foyers gagnant sous ce seuil, c'est une réduction de 350€ pour un célibataire et une réduction de 700€ pour les couples qui sera mise en place.

Si on prend 3 exemples concrets, le célibataire au SMIC, le couple avec deux enfants et le couple de retraités, que va-il se passer ?
  • Le célibataire touchant le SMIC ne payera pas d'impôts. Il devrait même en gagner grâce à la prime pour l'emploi.
  • Le couple qui gagne 3 600€ par mois paye actuellement 700€ environ. Ce couple également ne payera pas d'impôts grâce à la réduction de 700€.
  • Enfin, le couple de retraités qui touche environ 2 400€ de pension payera 300€ au lieu des 1000€ actuellement.

Par ces décisions, Manuel Valls montre son écoute de la contestation de la gauche qui réclamait depuis longtemps une autre politique fiscale. Le gouvernement montre qu'il sait revenir sur ses décisions et qu'il ne reste pas braqué sur son idée initiale. Rappelons tout de même qu'avec ces mesures, le gouvernement ne met pas fin à la hausse des impôts mais qu'il inverse la courbe de l'impôt pour les moins favorisés. Il n'y a pas qu'une politique socialiste, il y a des alternatives à gauche pour mettre en place une politique de solidarité. Il faut du courage pour savoir revenir sur ces choix, il en faut aussi pour oser mettre fin à la méthode TINA. Chapeau bas.

jeudi 24 avril 2014

Nous sommes tous des classes moyennes ... ou pas



Hier Juan de SarkoFrance a posté un graphique très intéressant issu de l’Observatoire des Inégalités sur le niveau de vie selon les types de familles. Ce graphique, mis en forme à partir des données publiées en février par l’INSEE, permet à chacun de se repérer de façon simple par rapport à cette fameuse et nébuleuse classe moyenne.

Sans les chiffres, tout le monde se croit dans la classe moyenne. Même si on connaît des voisins / amis / collègues qui sont plus ou moins bien rémunérés que nous, la sociologie des groupes fait que l’on a tendance à se retrouver entre personnes ayant le même niveau de vie, ce qui nous donne une impression de vivre toujours dans la moyenne, qui n’est rien d’autre que la moyenne de nos connaissances.

La présente étude permet d’avoir une définition simple et factuelle des différentes « classes » de la population et surtout de se retrouver dans une classe selon sa situation familiale. Le niveau de vie d'un célibataire moyen n'est pas celui d'un couple avec 2 enfants. Alors, quand est-on sous le seuil de pauvreté ? Quand est-on au-dessus du seuil de richesse? Et surtout quand est-on dans cette si fameuse classe moyenne ?

Sont considérés comme pauvres les ménages ayant un revenu inférieur à la moitié du revenu médian, soit 729€ par mois pour une personne célibataire ou 1 921€ par mois pour un couple avec deux enfants à charge. Un peu moins de 10% des ménages, quel que soit leur type, vivent donc sous le seuil de pauvreté. Plus inquiétant, le revenu disponible de ces ménages a diminué de 3,5% depuis 2008.
La classe moyenne représente 50% des Français (au sens statistique, ceux qui sont compris entre les déciles 3 et 8), ceux dont le revenu est supérieur à celui des 30% des Français les plus pauvres (donc supérieur à 3 122€ pour un couple avec 2 enfants) mais inférieur à celui des 20% les plus aisés (donc inférieur 5 567€ pour notre couple avec 2 enfants).
Enfin l’INSEE considère le seuil de richesse comme l’opposé du seuil de pauvreté, soit les ménages dont les revenus sont le double du revenu médian. Notre célibataire est donc riche s’il gagne plus de 2 917€ par mois et notre couple avec deux enfants est considéré comme riche avec un revenu mensuel supérieur à 7 683€ par mois.

Voici le tableau récapitulant les situations pour chaque type de ménage :
Les frontières des niveaux de vie
Limite des niveaux de vie mensuel selon le type de famille
Unité : euros

Seuil de pauvreté : 50 % du revenu médian


< D1
Limite entre les catégories populaires (30 % inférieurs) et moyennes

= D3
Revenu médian (seuil de 50 %)


= D5
Limite entre les catégories moyennes et aisées (20 % supérieurs)

= D8
Seuil de richesse : double du revenu médian

>  D9
Personnes seules
729
1 183
1 458
2 177
2 917
Familles monoparentales
990
1 589
1 980
2 987
3 960
Couples sans enfants
1 423
2 251
2 847
4 280
5 693
Couples avec un enfant
1 710
2 773
3 421
4 890
6 842
Couples avec deux enfants
1 921
3 122
3 842
5 567
7 683
Couples avec trois enfants et +
1 884
3 001
3 768
5 621
7 535

Ensemble
1 209
1 698
2 418
4 057
4 835

Source : Insee. Données après impôts et prestations sociales. - 2011


Le tableau rappelle également les données sur l’ensemble de la population, tous types de ménages confondus. Le seuil de fin des classes moyennes sur l’ensemble des Français est à 4 057€ par mois et le seuil de richesse est à 4 835€. On est dans l’ordre de grandeur évoqué par François Hollande dès 2007 quand il déclarait qu’il considérait être riche en gagnant 4 000€ par mois. En revanche, on est loin du député Guaino qui se plaignait des conditions de rémunérations des députés et leurs 5 148€ net mensuel.

mardi 15 avril 2014

Edouard Balladur sort de ces corps

La sortie de Pascal Lamy sur le SMIC il y a 2 semaines ne m’a pas affolé plus que cela. A vrai dire, je l’ai même trouvé un peu mou sur cette histoire. Je m’attendais de l’ancien patron de l’OMC un peu plus de cran, de toupet. Quand on a dirigé une organisation mondiale prônant le libre-échange sans jamais vraiment se soucier des conditions de travail pendant 8 ans, on ne peut qu’être déçu de n’entendre une volonté que d’un SMIC au rabais alors qu’il aurait pu réclamer un l’abrogation pur et simple du SMIC.
Pour Pascal Lamy, il faudrait « aller davantage vers de la flexibilité et vers des boulots qui ne sont pas forcément payés au Smic ». Heureusement qu’il a précisé qu’il était esseulé dans sa famille socialiste sur cette question.

Pascal Lamy peut être rassuré, il n’est pas seul. Intrigué par ce concept hallucinant de proposer plus de misère à ceux qui y sont déjà, François Hollande a déjeuné avec 3 autres économistes qui veulent libérer « la France prisonnière d'un vieux logiciel de pensée ». C’est Seb Musset qui se « réjouit » de la nouvelle (et il a bien raison). Rassurons-nous en se disant que si François Hollande est un homme de synthèse, il n’est pas encore une éponge qui fait sienne toutes les idées à la con qu’il peut entendre dans les diners. N’ayant pas lu l’ouvrage des ces 3 économistes qui ne connaissent surement du SMIC que les déductions de cotisations qu’il offre à une entreprise et non les difficultés qu’il procure à ceux qui en sont bénéficiaire pour vivre correctement au quotidien avec, je me dis qu’ils ont surement d’autres idées et pourquoi pas une ou deux intéressantes. Ou pas…

Pour compléter le Club des 5, notre cher Pierre Gattaz a décidé de les rejoindre aujourd’hui aussi. Il est pour l’instauration d’un SMIC réduit pour les jeunes afin de les aider à trouver un travail. Son explication est belle : "Il vaut mieux quelqu'un qui travaille dans l'entreprise avec un salaire un peu moins élevé que le Smic, de façon temporaire et transitoire, plutôt que de le laisser au chômage." Mais oui Pierre, un jeune, c’est frais, c’est con, c’est malléable, offrons lui des salaires au rabais ! Ce jeune a été éduqué à coup de contrats pro, d’alternances, de stages, que des jobs sous-payés pour effectuer une charge de travail proche d’un véritable emploi. Alors ces jeunes ne pourront qu’être heureux de trouver un nouveau job, légèrement mieux payé que leur précédent stage ou leur dernier contrat pro, même si la rémunération n’atteint toujours pas le SMIC.
« Jeune et con » n’est qu’une chanson, pas une réalité. Le Jeune n’a pour envie que d’entrer de plein pied dans la vie active, avoir un logement, sortir entre amis, fonder une famille, avoir une voiture, partir en voyage, que sais-je encore. Le Jeune n’a pas envie d’attendre 67 ans et son départ en retraite pour profiter de sa jeunesse. Pour relancer l’économie, il vaut mieux protéger les jeunes plutôt que les appauvrir. Il vaut mieux leur permettre de rentrer de plein pied dans la vie active plutôt que de les considérer de plus en plus longtemps comme des sous-travailleurs qui sont aptes à travailler comme leurs collègues mais qui ne méritent pas le même salaire.

C’est Edouard Balladur qui doit être heureux. Qui aurait cru que le SMIC Jeune reviendrait à la mode pour le 20ème anniversaire de sa mort (suspendu le 30 mars 1994 et abrogé le 8 août de la même année) ? Je pensais que seul Sarkozy avait survécu au Balladurisme. A première vue, il commence à voir des héritiers apparaître. Je ne me souviens que de deux idées d’Edouard Balladur, le SMIC jeune et le financement de sa campagne présidentielle à coup de vente de t-shirts. Les héritiers de Balladur, c’est ça votre prochaine idée pour relancer l’économie française ?

lundi 14 avril 2014

APL, AME : qui veut économiser sur la solidarité ?

En ces temps de rigueur, il est bon de rappeler un principe essentiel, légèrement couteux certes mais essentiel, la solidarité et l’entraide. François Hollande a décidé de trouver 50 milliards d’économie. La Cour des Comptes, jamais la dernière en termes d’idées d’économie, a justement un axe d’économie qu’elle met en avant depuis 2007, la suppression (ou la restriction) des APL (Aides Personnalisées au Logement). La Cour des Comptes a déjà tenté des approches avec Christine Boutin en 2008 et avec François Baroin en juillet 2010. Ceci n’est qu’une piste évoquée par la Cour des Comptes et non pas un projet de loi du gouvernement.

Cette piste aura au moins le mérite de reconcentrer tout le monde sur des questions politiques et non plus uniquement sur la nomination d’un tel ou d’une telle au ministère ou à un secrétariat d’état. Les syndicats étudiants ont tout de suite, et à juste titre, annoncé leur opposition à cette potentielle réforme. Christian Estrosi, oubliant un peu vite les propositions de ses camarades Boutin et Baroin, est lui aussi monté au créneau. Pour lui, il est hors de question de toucher aux APL, qui reviennent principalement aux locataires français. En revanche, quitte à faire des économies, autant il ressort son cheval de bataille préférer, la lutte contre l’AME et ces « profiteurs d’étrangers ». Oh la belle grosse ficelle xénophobe ! L’Etat voudrait empêcher sa jeunesse d’étudier pour pouvoir dilapider plus d’argent au près des sans-papiers. Belle comparaison entre deux éléments qui n’ont aucun rapport entre eux.

Je vais tout de même profiter de la sortie du maire de Nice pour rappeler que cette aide aux étrangers n’est qu’une mesure de santé publique. Comme son nom l’indique, une mesure de santé publique bénéficie à l’ensemble de la sphère publique et non uniquement à une minorité. Quitte à surprendre monsieur Estrosi, la maladie n’a pas de frontière et les microbes ne demandent pas les papiers de leurs futures victimes. Si une famille arrivée clandestinement en France est touchée par la tuberculose (du fait à tout hasard de conditions de vie extrêmes), cette maladie sera transmissible à tous. Il est donc utile et nécessaire de prévenir toute épidémie en permettant à tous d’être soignés de façon efficaces. Le dicton « il vaut mieux prévenir que guérir » s’applique aussi au financement des frais de santé.

Devons-nous nous interdire de toucher aux APL ? Si des économies doivent être réalisées, on peut étudier une nouvelle utilisation de ces APL. Il est bien sur hors de question de les réserver aux seuls étudiants boursiers. Beaucoup trop d’étudiants se retrouveraient lésés et forcés de choisir leurs études supérieures (et donc une bonne partie de leur avenir) selon la situation géographique de leurs parents.
En revanche,  pourquoi ne pas étudier la prise en compte des revenus des parents dans l’attribution de l’APL. Cette aide pourrait être inversement proportionnelle au revenu de l’étudiant cumulé aux revenus des parents, tout en prenant en compte la situation des jeunes adultes en rupture avec leurs parents et donc non sujets à bénéficier d’une aide de leur part. Car si délimiter l’attribution de l’APL uniquement sur bénéfice d’une bourse est injuste, la même somme à 2 étudiants, l’un issu famille avec revenus médians et l’autre issu famille 20% les plus riches n’est pas juste non plus.

Dans le cadre de la recherche d’économies, il faut préférer les nouvelles solutions aux simples coupes budgétaires. On attend depuis 2012 une remise à plat de la fiscalité. On pourrait imaginer une remise à plat des systèmes d’aides pour éviter tout systématisme. L’Etat ferait ainsi un geste fort pour encourager sa jeunesse la moins favorisée à suivre les mêmes formations que sa jeunesse la plus aisée. Les économies seront surement moins grandes et satisferont donc moins la Cour des Comptes mais elles laisseront moins de Français sur le côté.
De la même façon, la recherche d’économie ne doit pas être un prétexte pour s’exempter de solidarité. Dans les propos de Christian Estrosi, j’ai retrouvé tout ce pourquoi j’ai milité pour un gouvernement socialiste et contre un gouvernement de droite. Dans ces propos, on retrouve la stigmatisation des étrangers, le refus de solidarité même sur des questions de santé publique. Dans ces propos, on entend encore l’écho des attaques contre les chômeurs, ce cancer de l’assistanat, ou contre les étudiants étrangers. Quoi qu’en dise les mauvaises langues, ce gouvernement est bien loin de ces propos. Une dernière preuve ? Quelques réactions sur ce sujet de restriction de l’APL aux étudiants boursiers :

Geneviève Fioraso : "S'agissant de la suppression des APL pour les non boursiers, ce n'est pas à l'ordre du jour. Il n'est pas question que l'on touche à la qualité de vie des étudiants car ça conditionne leur réussite"
Najat Vallaud-Belkacem : "La suppression des APL pour les non boursiers n'a jamais été envisagée. Notre gouvernement a pour priorité d'investir sur la jeunesse et sûrement pas de la précariser."