mercredi 31 décembre 2014

Si 2014 était résumé ?

L'année 2014 prend fin. Pour respecter une certaine forme de tradition, je vais me livrer à une rétrospective de cette année forte en actualité en essayant d'illustrer les moments qui m'ont plus particulièrement marqué.


Si 2014 était une couleur
Vert 
C'est la couleur de l’espoir, et de nombreux signes forts ont eu lieu cette année.
Dès le début de l'année, il y a eu le vote contre le cumul des mandats votée par les députés et ainsi l'espoir d'un renouveau de la vie politique avec l'arrivée de nouvelles têtes. C'est une bonne première étape même si le non cumul dans le temps doit aussi être mis en œuvre, et ceci dès les prochaines élections des exécutifs départementaux et régionaux.
En fin d'année, l'espoir de la fin de l'embargo sur Cuba. Raul Castro et Barack Obama, avec leurs déclarations simultanées, ont montré de sérieux signes d'apaisement entre les deux pays. La balle est à présent dans le camp du Congrès américain. C'est à lui de voter sur l'avenir du blocus. 2015 sera-t-elle l'année de la réconciliation diplomatique entre les derniers participants de la guerre froide ?


Si 2014 était un animal
La licorne
Il semblerait que le symbolisme de la licorne repose sur une dualité entre mâle et femelle. J'en fais donc mon symbole des fantasmes des réactionnaires de tout bord qui hurle à la théorie du genre. Ce symbole regroupe un large spectre de mouvances de la droite réactionnaire. En 2014, on aura eu le droit aux abrutis sans nom proches de la manif pour tous qui appellent à sortir les enfants du système éducatif de peur que l'on apprenne aux enfants de 3 ans à se masturber à l'école maternelle. On aura eu le droit à des ténors de l'UMP, à commencer par Jean-François Copé, qui ont eu des accès de pudibonderie et qui se sont pris à la littérature jeunesse (Tous à poil, ce nouveau livre diabolique) ou aux expositions (le Zizi sexuel expo hautement subversive qui a plus de 2 ans de succès auprès des enfants). Enfin, la licorne, animal chimérique tout aussi réel que l'arrivée de la GPA dans la loi française alors qu'au grand drame des associations LGBTI, rien avance sur le sujet.


Si 2014 était un plat
La soupe à la grimace
Difficile de digérer l'année 2014 sans avoir quelques haut-le-coeur sur la présence et l'évolution de l'extrême-droite en Europe. La quenelle de Dieudonné aura permis de mettre en pleine lumière les propos haineux de l'ancien comique Dieudonné. Dernière preuve en date, la création d'un parti politique avec Alain Soral, Réconciliation Nationale, preuve s'il en était besoin que l'humour a laissé sa place aux théories d'extrême-droite dans les propos de Dieudonné.
Il y a bien sur les scores des partis d'extrême-droite aux dernières élections européennes. Le parlement européen peut s'estimer heureux de la grande diversité de l'extrême-droite et de leur animosité envers tous et même leurs semblables des pays voisins, car les différents élus sont dispersés et ne constituent pas un groupe au Parlement Européen. Ils restent tout de même une voix qui ne peux pas être sous estimée en Europe. Souvenons nous aussi des scores du FN aux municipales et leurs premières conquêtes locales du XXIème siècle, après ce qui parait une éternité depuis leurs désastreux passages à Dreux ou à Vitrolles. 


Si 2014 était une chanson
Les étoiles de Paris, d'Emilie Simon
Une chanson de l'excellent dernier album d'Emilie Simon, Mue sorti lui aussi en 2014, pour illustrer la victoire d'Anne Hidalgo à Paris. Il y a fort à parier qu'Hidalgo devienne une nouvelle étoile politique comme la victoire en 2001 de Bertrand Delanoë a révélé une grande personnalité politique. Je salue donc l'arrivée de la successeure de Delanoë et je ne doute pas qu'elle trouvera de nombreux moyens innovants pour faire de Paris une capitale 5 étoiles.


Si 2014 était un film
La grosse magouille, de Robert Zemeckis
Plus qu'un film, la grosse magouille de l'UMP aura été la saga de l'année. Ca commence avec les premières annonces de fausses factures des meetings de Nicolas Sarkozy, puis on assiste au lynchage public de Jean-François Copé. La direction temporaire de l'UMP ouvre les placards et on s'aperçoit que tout est pourri rue de Vaugirard, des factures téléphoniques de Rachida Dati aux déplacements en hélicoptère de François Fillon en passant par les salaires des amis de Sarkozy. Comme si l'affaire Bygmallion ne suffisait pas, on découvre aussi les magouilles de Sarkozy et de son avocat, les deux se comportant comme de vulgaires délinquants avec leurs téléphones portables aux lignes ouvertes avec des pseudonyme. Délinquants qui se voient même trahis par leur entourage comme l'auront révélé les enregistrements de Patrick Buisson. Pour l'UMP, on s'approche plus du film catastrophe que de la saga familiale.


Si 2014 était un pays 
Allemagne
En juillet, l'équipe nationale de football masculin gagne sans trop de difficulté la Coupe du Monde au Brésil. Si l'équipe fait preuve d'un froid réalisme pour éliminer une intéressante équipe de France, elle effectue une véritable démonstration en humiliant le Brésil en demi-finale. En finale, la victoire contre l'Argentine est presque anecdotique après cette incroyable demi-finale.
L'Allemagne, pays de l'année 2014 également dans l'actualité politique. Si social-démocrate Martin Schultz n'a pas réussi à se faire élire à la tête de la Commission Européenne, les sociaux démocrates allemands entrent dans le gouvernement d'Angela Merkel dans une grande coalition CDU-SPD. Si Angela Merkel reste la chancelière du pays, la mise en place de cette singulière coalition pour nous Français permet aux Allemands de voir la mise en place du SMIC dans leur pays.


Si 2014 était une ville
Grenoble
En mars 2014, les municipales donnent une carte majoritairement bleue, avec quelques tâches brunes. Pendant ce temps là Grenoble devenait la première ville de plus de 100 000 habitants gérée par Europe Ecologie - Les Verts. Si les municipales 2014 semblent marquer le début de la fin de ce qu'on appelait le "communisme municipal", Grenoble pourrait bien devenir un exemple de "l'écologie municipale". Premier acte fort et visible du nouvel exécutif local, la fin du contrat avec JCDecaux sur l'affichage publicitaire. La ville va faire découvrir à ses habitants une vie sans grande campagne publicitaire, ce qui fera plus de places pour les communications associatives et culturelles.
 

Si 2014 était résumé en 3 lettres
ZAD
C’est l’acronyme en vogue pour l’extrême-gauche qui voit dans chaque projet d’aménagement du territoire un peu contesté un nouveau bastion de contestation. Le chantier de l'aéroport de Notre Dame des Landes a fait beaucoup parlé de lui depuis plus d'un an. Cette année, c'est le chantier d'un barrage à Sivens qui aura eu le droit à une tragique exposition. Rémi Fraisse, un militant écologiste est mort sur la ZAD de Sivens suite à des affrontements avec les forces de police. D'après l'Obs, on dénombre une douzaine de ZAD en France, allant de la lutte contre la création d'un nouveau stade à Lyon à l'opposition de la mise en place de ligne de train à grande vitesse.


Si 2014 était une personne
Les anciens otages français
Pour la première fois depuis longtemps, il n'y a pas de pensée à avoir pour des Français, qu'ils soient journalistes, randonneurs ou travailleurs, retenus en otages quelque part dans le monde. Le 9 décembre, c'est Serge Lazarevic qui retrouve la liberté après 3 années de captivité. Plus tôt dans l'année, c'étaient Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres qui quittés la Syrie après un an d'enfermement
Une pensée aussi pour ceux qui n'auront pas pu être libérés et qui sont morts cette année en captivité : Michel Germaneau tué par AQMI en juillet, Hervé Gourdel tué par des proches de Daesh et Gilberto Rodrigues Leal tué par des jihadistes au Mali.


Et 2015 par rapport à 2014 ?
L'avenir nous le dira. J'espère que la gauche retrouvera une unité pour les élections départementales et régionales afin de ne pas laisser le champ libre à la droite et à l'extrême-droite. J'attends que le PS retrouve une dynamique pour être plus audible dans son soutien au gouvernement et aussi plus inventif et innovant pour les prochaines échéances électorales. Le PS organise son congrès en juin, il y aura du sport, faisons tous en sorte qu'il ne soit pas aussi tragique que le Congrès de Rennes de 1990 ou celui de Reims en 2008.
2015 devra être vert, vert d'écologie et non plus d'espoir. La transition énergétique devrait commencer à être mise en oeuvre, Fessenheim devra commencer à montrer des signes tangibles de fermeture. Le point d'orgue sera la grande conférence internationale CAP21 qui se tiendra à Paris.
Début janvier 2014, j'écrivais sur ce que l'on pouvait attendre de 2014. Mes prévisions furent désastreuses, je vais donc m'arrêter là et me préparer à commenter une année 2015 qui s'annonce tout aussi haletante que l'année qui se termine.

jeudi 18 décembre 2014

L'inscription sur les listes, c'est pas automatique

Il y a des marronniers dont l'utilité peut être remise en question. A quoi bon rappeler aux familles que c'est le jour de la rentrée des classes (ils l'ont bien compris en amenant les progénitures en larmes à l'école le matin même) et que les cartables sont bien trop lourds pour les pauvres petits bambins, qu'une fois encore les commerçants espèrent du monde pour la période des soldes, que les autoroutes seront chargés pour les départs en vacances mais que les automobilistes prennent ça avec compréhension, ou que c'est la canicule en été et qu'il fait très froid l'hiver ?

Il y a d'autres marronniers qui méritent d'être remis sur le tapis tous les ans, comme l'inscription sur les listes électorales. Comme tous les ans, l'inscription sur les listes électorales n'est pas automatique (sauf pour les jeunes qui fêtent leurs 18 ans). Cela signifie que si quelqu'un a déménagé, à l'autre bout de la France ou la maison située trois rues plus loin (voire l'appartement voisin), il est nécessaire de s'inscrire de nouveau sur les listes électorales avant le 31 décembre 2014

Le rappel est d'autant plus utile que l'année prochaine (2015 donc) verra se tenir 2 élections, les départementales (ou ex cantonales) et les régionales. Voisin parisien, tu n'es concerné que par les régionales et c'est là où c'est le plus fourbe. Si on commence à entendre parler des départementales, de la constitution des binômes qui brigueront un mandat au printemps prochain, les régionales ne sont prévues qu'à la fin de l'année 2015. Du coup, voisin parisien, même si tu n'as pas encore entendu parler d'élection, il est important de bien être inscrit sur les listes si tu veux participer à la désignation du futur exécutif régional. D'une manière générale, il vaut mieux s'inscrire dès l'emménagement, même si aucune élection n'est prévue l'année suivante, on n'est jamais à l'abri d'une élection anticipée (pour cause de décès, démission, dissolution, etc.).

Pour ceux qui ont déménagé et qui ne se sont pas inscrit suite à leur déménagement (que celui-ci ait eu lieu en 2014 ou 1994, ça ne change rien), il existe 3 possibilités :

1/ Aller dans sa mairie (sa mairie d'arrondissement pour les parisiens) avec :
    • une photocopie de votre pièce d'identité (carte d'identité, passeport ou permis de conduire accompagné d'un justificatif de nationalité)
    • un justificatif de domicile (facture d'électricité, de gaz ou de téléphone fixe à votre nom et datant de moins de 3 mois)
C'est ma solution préférée car elle permet d'avoir une personne compétente devant vous qui vous assurera que les pièces sont prises en compte et que votre dossier est bien

2/ Remplir son dossier sur internet. Il sera demander les mêmes pièces que citées dans le point ci-dessus. Il faut juste faire attention à ce que le scan des documents soit bien lisibles.
Cette solution est pratique pour ceux qui ne pensent jamais à faire leurs démarches aux heures d'ouvertures des bureaux (même si les mairies sont ouvertes du lundi au samedi pour gérer les inscriptions).

3/ Envoyer un courrier à la mairie avec l'intégralité du dossier, c'est-à-dire avoir télécharger et imprimer le formulaire officiel et le retourner avec toutes les pièces du dossier.
ATTENTION, il faut que la demande d'inscription sur les listes électorales soit parvenu à la mairie avant le 31 décembre, cela signifie qu'il faut que le courrier soit posté plusieurs jours avant afin d'être sur qu'il soit remis dans les temps.

Pour les Parisiennes et Parisiens qui ont un doute sur leur inscription sur les listes électorales, ils peuvent vérifier leur présence sur les listes parisiennes. C'est aussi valable pour les habitants de Lyon, Grenoble, Nantes, Besançon, Marseille (liste non exhaustive).

mercredi 17 décembre 2014

Cuba, avant dernière étape avant la fin de la Guerre Froide

« Todos somos americanos » a déclaré dans le texte Barack Obama. Cette phrase peut résumer à elle seule la journée historique du 17 décembre 2014. Aujourd’hui, le régime castriste cubain a libérer le prisonnier américain Alan Gross, prisonnier depuis 2009 pour espionnage à Cuba. Cuba a également libéré 53 prisonniers politiques. Ces gestes ne sont que les prémices d’une révolution diplomatique. En parallèle, Gerardo Hernandez, Ramon Labañino et Antonio Guerrero, les trois derniers cubains du groupe des 5, emprisonnés aux USA depuis 1998 ont été libérés par les Américains et renvoyés sur le sol Cubain. Ces 3 prisonniers restant étaient la principale revendication cubaine visible dans toutes les villes et villages de Cuba et à l’ambassade cubaine à Paris. C’était aussi un des mots d’ordres récurrents des communistes français, notamment lors des Fêtes de l’Huma.

A 18h, Raul Castro s’est exprimé. A 18h, Barack Obama s’est exprimé. Le premier a confirmé le retour des trois cubains libérés mais surtout a confirmé cette folle rumeur d’un rétablissement des relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Le second a lui aussi annoncé le renouveau des relations entre Etats-Unis et Cuba. Une ambassade américaine va ouvrir ses portes à La Havane, une première depuis 53 ans ! Obama a considéré que la rigidité de la diplomatie américaine envers Cuba n’avait porté aucun résultat. Du coup, c’est plus qu’un dégel qui s’annonce. Les Américains pourront plus facilement fouler le sol cubain (même si environ 100 000 Américains visitent l’île tous les ans), les transferts de fonds vers l’île vont être autorisés et cerise sur le gâteau, Cuba sort de la liste américaine des pays soutenant le terrorisme.

Si le gouvernement cubain issu de la révolution menée par Fidel Castro est reconnu par les USA dès 1959, l’entente se terminera un an plus tard quand Eisenhower décide de tout faire pour renverser le gouvernement cubain. Le 7 février 1962, les Américains mettent en place un embargo économique, commercial et financier contre Cuba. Il ne sera que légèrement atténué sous l’administration Clinton après que Bush père ait tenté de durcir l’embargo pour faire plier un Cuba en extrême difficulté. En 2010, lors de mon passage sur l’île cubaine, les magasins cubains étaient encore loin d’être largement fourni et l’on pouvait y voir clairement plus les conséquences de l’embargo que de la politique castriste. Le réchauffement des relations americano-cubaines avait été salué lors des obsèques de Nelson Mandela (un soutien historique de Fidel Castro) quand Barack Obama et Raul Castro se sont chaudement salué. Il semblerait que le reste du travail fut fait en sous main avec l’aide du Canada et du Vatican sous l’impulsion du Pape François.

Même si aujourd’hui est un jour historique pour la diplomatie mondiale, ce ne sera pas la dernière étape à franchir. Malgré toutes les bonnes nouvelles annoncées, Barack Obama n’a toujours pas levé cet embargo condamné à plusieurs reprises par l’ONU. Lueur d’espoir, le président américain va soumettre au Congrès l’avenir de l’embargo cubain. Les démocrates n’étant plus majoritaires au Congrès, le résultat est encore loin d’être acquis.

Comme l’a dit le Président Obama, c’est une page d’une vision dépassée de la politique qui se tourne aujourd’hui. C’est un des derniers vestiges de la Guerre Froide qui s’écroule, c’est aussi une source d’espoir pour tous les cubains qui voient la politique intérieure s’adoucir et les relations avec un de leurs plus proches voisins s’améliorer également. Reste au Congrès américain de rentrer lui aussi dans l’histoire en mettant enfin un terme à l’embargo.

mardi 16 décembre 2014

Alain Juppé à la traine mais à la Une

Alain Juppé serait-il le candidat favori de 2017. Non, je ne change pas de camp et n’abandonne ni François Hollande et Manuel Valls qui ont encore (au moins pour le 1er) 28 mois de boulot avant de se présenter devant les Français. Non, je n’ai pas des contacts avec des mediums qui arrivent à me pronostiquer le résultat de la future élection présidentielle, le futur vainqueur du championnat de France de L1 (même si j’ai ma petite idée) ou les 6 bons numéros du Loto pour la prochaine super cagnotte. Je ne fais que lire la presse et certains détails m’interpellent.

Avez-vous déjà vu un article sportif faire l’éloge du 4ème d’une course sans citer le vainqueur ? Avez-vous déjà vu des titres mettant en valeur uniquement le 5ème d’un classement ? C’est pourtant ce à quoi on assiste de plus en plus depuis les prémices du retour de Nicolas Sarkozy. Prenons quelques exemples qui donnent à penser que Juppé est le favori des médias.

Quand le journal Sud Ouest reprend les résultats d’un sondage Metronews-CLAI-LCI réalisé par OpinionWay sur la personnalité politique qui a marqué les Français en 2014, le quotidien titre : « Sondage : Marine Le Pen personnalité politique de l'année, Alain Juppé 5e ». Si l’on s’attarde un peu sur le résultat du sondage, on s’aperçoit que Manuel Valls est second, Nicolas Sarkozy troisième et François Hollande quatrième, mais le quotidien a préféré s’attarder sur le cinquième du classement.

Si l’on accorde à Sud Ouest la possibilité d’avoir une préférence régionale pour le maire de Bordeaux, le titre de 20 minutes sur les politiques et Twitter est pas mal non plus dans son genre : « Alain Juppé, quatrième maire le plus suivi sur Twitter ». Peu importe qu’Anne Hidalgo soit la maire avec le plus de followers ou que Bayrou et Copé soit bien devant Alain Juppé, c’est l’ancien Premier Ministre qui a les honneurs des gros titres. Le 3 octobre, 20 minutes avait déjà fait le coup avec Juppé sur France2 devant Rising Star (mais en omettant que la plus grosse audience était une nouvelle fois réalisée par TF1).

L’avantage pour Alain Juppé est indéniable. A l’heure de la diffusion généralisée des articles sur les réseaux sociaux, le titre est bien plus lu que le contenu des articles. Le public prend l’habitude de voir passer régulièrement le nom d’Alain Juppé à toutes les sauces. Peu importe que tous les titres le positionnent en Poulidor des classements, puisqu’on ne cite pas ses devanciers, il reste le seul nom à accrocher les mémoires.

Est-ce un pari des médias qui se décident dès 2014 à miser sur Juppé comme ils l’avaient fait avec DSK, Ségolène Royal ou Edouard Balladur (avec le succès qu’on leur connait) ? Ou est-ce une vulgaire stratégie commerciale, le nom Alain Juppé serait potentiellement plus fédérateur de clics qu’un François Fillon ou un François Hollande ? C’est un peu l’idée derrière ce billet qui joue le même jeu en positionnant Alain Juppé dans le titre sans n’avoir rien à dire sur son compte. J’attends de voir si ce billet a plus de succès que lorsque je parle de Lionel Jospin ou du Front Démocrate… Si tel est le cas, j’essayerai de ne pas tomber dans la facilité avec des titres tels que « Alain Juppé et les réformes Macron » ou « les grands moments de 2014 avec Alain Juppé ».

lundi 15 décembre 2014

Le Front Démocrate se prépare à monter au front

Résumé du jour par Un dessin par jour
Samedi, à bord de la péniche "Les Calanques", le Front Démocrate a commencé à construire un fleuve qui ne s'annonce pas si tranquille que ça. Jean-Luc Bennhamias présidait le premier conseil national du Front Démocrate, dernière formation politique en date pour rassembler les courants de pensées progressistes, humanistes et écologistes. C'est avec un certain intérêt que je me suis rendu en tant qu'observateur des discussions qui devaient s'y tenir. En effet, le Front Démocrate reprend un thème qui m'est cher, le rassemblement des forces progressistes, où comment réussir à mettre en place une union de la gauche allant du Parti Communiste Français, jusqu'à la branche du Modem qui refuse toute alliance avec une UMP de plus en plus réactionnaire en passant par le Parti Socialiste, le Parti Radical de Gauche et Europe Ecologie - Les Verts.

Samedi matin, c'était une sympathique réunion de famille qui avait lieue à Boulogne. Jean-Luc Bennhamias et Christophe Madrolle semblent connaitre personnellement la cinquantaine de participants venus de toute la France et chacun des participants est amical et jovial avec ses voisins. On est loin des traditionnelles interrogations sur qui est ce nouveau ? De quel courant est-il proche ? On sent pour le moment une ambiance volontaire et ouverte pour la mise en place d'un nouveau courant politique. Car c'est bien de ce qu'il s'agit aujourd'hui, mettre en place un nouveau mouvement politique. Dans les rangées de la péniche "Les Calanques", on rencontre des anciens et anciennes du Modem, des ex Europe Ecologie - Les Verts, quelques proches du PRG et des anciens (et actuels ?) du PS.

La volonté politique du mouvement est de se positionner au delà des clivages de la gauche et du centre pour réfléchir et réunir. D'ailleurs une bonne partie du Conseil National a été réservée à Jean-Luc Bennhamias pour raconter ses différentes interventions dans les universités d'été d'Europe Ecologie - Les Verts, et celles du PS ou lors des congrès du PRG, de Cap21 et de Génération Ecologie. Le principal fait de gloire de la jeune formation est d'être régulièrement reçue par François Hollande et Manuel Valls et d'avoir des discussions franches et ouvertes avec Jean-Christophe Cambadélis. Car grand point positif du Front Démocrate, ils se positionnent comme soutiens de la présidence Hollande et du gouvernement Valls. Par exemple Jean-Luc Bennhamias a été un des premiers à soutenir publiquement le projet de loi Macron tout en rappelant que la réforme du nombre de dimanche ouverts par an n'est qu'une bagatelle dans l'imposant projet de loi.

Point positif dans le discours des dirigeants du mouvement, il n'y a pas de sectarisme. Le discours n'est pas à la conquête de voix sur le potentiel réservoir des voix des électeurs de gauche mais plutôt à l'apport d'idées nouvelles ou alternatives pour compléter l'offre politique actuelle. Du coup, quand le Front Démocrate réfléchit à la mise en place de commissions thématiques, ce n'est pas tant pour encourager la réflexion entre soi que pour encourager le partage et la diffusion de papiers et tribunes proches de leurs idées. Il est également demandé aux futurs coordinateurs de ces commissions (avec la volonté d'avoir des une coordination paritaire menée par une femme et un homme à chaque fois) de créer des liens avec les partis politiques "amis", les associations et les organisations syndicales. Comme le dit Jean-Luc Bennhamias, "le monde syndical est extrêmement important en France et en Europe et ne doit pas être ignoré", car "le respect de la démocratie sociale avec syndicats salariés et patronaux est important pour le Front Démocrate".

Samedi dernier, il était très intéressant d'assister à la naissance d'un nouveau mouvement politique. Les bonnes volontés sont nombreuses, les désirs d'indépendances sont impérieux même si dès à présent des alliances avec le PS s'organisent pour les prochaines échéances électorales. En discutant avec une poignée de militants, on peut ressentir la déception de voir le Modem repartir vers une droite combattue depuis de nombreuses années. On peut également y voir une réelle volonté de mener à bien la deuxième moitié du quinquennat de François Hollande en encourageant les réformes mises en places et en étant force de propositions pour les 28 prochains mois (et surement même plus). Il est surprenant de voir que ce jeune mouvement est d'ors et déjà composé de militants issus de différents partis et surtout de différentes régions de France. Si la fédération d'Ile de France est probablement la première créée, l'inauguration de la Fédération du Nord-Pas-de-Calais a été saluée par Martine Aubry et celle de la fédération du Rhônes-Alpes s'est concrétisée par les rencontres avec Gérard Collomb et Jean-Jack Queyranne. Sont à venir la création de fédérations au Midi-Pyrénées, en Aquitaine, dans le Centre, et en Bretagne.

A mes yeux, la création du Front Démocrate peut être utile comme nouvelle brique de l'Union de la Gauche, union nécessaire et utile pour les échéances de 2017. La ligne directrice du mouvement s'intègre parfaitement avec la nouvelle Charte des Socialistes rédigées après les 4 mois du processus des Etats Généraux du PS. Le Front Démocrate peut même être très utile au PS pour les prochaines échéances électorales nationales. En effet, si le PS arrive à rassembler une grande partie de la gauche traditionnelle sur son nom, le Front Démocrate peut être l'apport nécessaire des voix du centre gauche, totalement indépendant des sirènes de la droite, pour une victoire du camp progressiste face au camp réactionnaire. 

Robert Hue, avec son mouvement des Progressistes, écrivait que les partis politiques étaient morts mais ils ne le savaient pas encore. Il développait alors son principe de mouvement politique à l'organisation différente d'un parti traditionnel. C'est exactement le même état d'esprit qui semble être dans la tête du triumvirat à la tête du Front Démocrate (même si j'ai des doutes que cette vision soit partagée par l'ensemble des premiers militants). D'ailleurs le mouvement des Progressistes et le Front Démocrates ont ce même objectif de rassembler le centre et la gauche progressiste et humaniste pour faire avancer la France. Assistons-nous à l'éclosion d'un nouveau modèle politique plus proche des attentes des Français ? La réponse ne peut pas être donnée aujourd'hui mais l'envie exprimée dans ce conseil national va dans le bon sens. Aucun pourcentage de victoire n'a été donné pour les prochaines élections locales, pas d'envies présidentielles n'ont été exprimées et aucun objectif à horizon 2020 n'a été fixé. Pourtant ce Front Démocrate a une réelle volonté de s'imposer dans le débat d'idées et pour cela cherche le dialogue avec les principaux représentants des citoyens et avec les principales formations politiques. 

Le Front Démocrate part doucement avec pour objectif la diffusion d'idées et le débat. Redonner du sens politique à la parole politique, voila surement la solution pour donner plus de poids à l'action politique menée par le gouvernement Hollande mais aussi et surtout pour réussir à redonner confiance dans l'action politique. Ce Front Démocrate semble être une nouvelle pousse intéressante à suivre. S'ils continuent à ouvrir leurs espaces de débats aux blogueurs, je me ferais un plaisir de suivre leur évolution.

mardi 9 décembre 2014

Lionel Jospin au Conseil Constitutionnel

Lionel Jospin aurait pu être membre de droit du Conseil Constitutionnel depuis 2007 ou 2012 s'il n'avait pas eu un malheureux accident de parcours un soir d'avril 2002. Au final, ce n'est que partie remise puisque l'ancien Premier Ministre a été nommé par Claude Bartolone pour remplacer Jacques Barrot. Lionel Jospin ne siègera que 5 ans au lieu des 9 années habituelles puisqu'il n'est nommé que jusqu'à la fin du mandat initial de Jacques Barrot.

Il ne retrouvera pas Jacques Chirac avec qui il a cohabité durant 5 ans puisque ce dernier ne siège plus au Conseil Constitutionnel depuis mars 2011. Il n'y trouvera pas non plus Nicolas Sarkozy qui n'y siège plus depuis le mois de janvier 2013.

Pour l'anecdote, Lionel Jospin va se retrouver en fin de tablée jusqu'en 2016. En effet, la règle veut que les membres se positionnent alternativement à droite puis à gauche du Président du Conseil Constitutionnel avec pour ordre leur ancienneté au Conseil puis, en cas d'égalité, le rang protocolaire de la personne qui l'a nommé.

Autre anecdote sur ce sujet passionnant, Lionel Jospin est le deuxième Premier Ministre à être nommé au Conseil Constitutionnel mais le premier à l'être après son passage à Matignon. Avant lui, Georges Pompidou avait été nommé par Charles de Gaulle mais avait démissionné du Conseil Constitutionnel lors de sa nomination au poste de Premier Ministre du même Charles de Gaulle.

Souhaitons bon courage à Lionel Jospin dans ces nouvelles attributions.

mardi 2 décembre 2014

Les députés appelés à reconnaitre la Palestine

Ce mardi les députés sont appelés à voter une résolution invitant la France à reconnaitre l'Etat de Palestine aux côtés de celui d'Israël. François Hollande, Laurent Fabius et la diplomatie française ont déjà agit pour la reconnaissance d'un état palestinien. Il y a deux ans presque jour pour jour, la France, avec 137 autres pays, a voté pour que la Palestine devienne un état observateur non-membre à l'ONU, alors que la Canada, les USA, la République Tchèque et 9 autres pays avaient voté contre et 41 pays dont douze de l'Union Européenne se sont abstenus. Quel que soit le résultat du vote, il n'engagera en rien le gouvernement. Le parlement montrera juste la voie, comme l'ont fait les parlementaires britanniques ou espagnols il y a quelques temps. Demain, la France ne rejoindra donc pas la Suède comme pays européen reconnaissant officiellement la Palestine.

Les opposants à la reconnaissance israélienne, à commencer par l'ambassadeur israélien, argumente que ce genre de reconnaissance va à l'encontre du processus de paix. Il est vrai que c'est un peu forcer la main des deux parties en leur mettant sous le nez une seule et unique solution possible. Mais quelles autres alternatives s'offrent à nous quand en 1947, les Nations Unies demandent à ce que « les États indépendants arabe et juif (…) commenceront d’exister (…) le 1er octobre 1948 au plus tard », ou quand en 1974, l’Assemblée générale des Nations Unies a réaffirmé les droits inaliénables du peuple palestinien, y compris le droit à l’autodétermination sans ingérence extérieure, le droit à l’indépendance et à la souveraineté nationales et le droit des Palestiniens de retourner dans leurs foyers et vers leurs biens.

On peut imaginer que la solution de deux états indépendants ne soit pas la solution, qu'une solution à un seul état regroupant Israéliens et Palestiniens soit réalisable. Mais comment imaginer un instant que la liberté de tous sera protégée ? Peut-on espérer que les Palestiniens soient des citoyens à 100% dans un état unique quand le gouvernement israélien approuve un projet de loi qui renforce le caractère juif d'Israël, projet de loi allant à l'encontre des droits des arabes israéliens habitant le pays (heureusement devant la pression populaire Netanyahu a renoncé de soumettre le projet au vote des députés). C'est ce projet de loi accepté par la majorité du gouvernement Netanyahu qui met en danger le processus de paix et non les agissements de parlementaires européens. 
Enfin, si le choix d'un état unique israélo-palestinien, la démocratie israélienne risquerait de ressembler à la démocratie libanaise, où les partis confessionnels auraient la main forte. Un risque n'est pas une certitude mais rien n'est encourageant dans cette voie.

Voila pourquoi je suis plus que favorable au vote de cette proposition de résolution. Je suis heureux de voir 274 députés socialistes signer ensemble ce projet de résolution, ce qui est de bon augure pour le vote de mardi. Je ne pense pas que cette résolution de l'Assemblée Nationale sera d'une grande aide dans la résolution du conflit au Moyen-Orient, mais elle ne sera encore moins un frein dans le processus de paix. 

Pour conclure, je vais reprendre les mots de Bruno Le Roux lors de son discours à l'Assemblée Nationale pour présenter cette proposition de résolution car je suis entièrement en phase avec lui :
Je le répète, cette proposition de résolution exprime une seule chose : deux peuples, qui aujourd’hui vivent dos à dos, doivent apprendre à vivre côte à côte. La reconnaissance d’un État palestinien doit permettre de nous placer dans cette perspective.

Je souhaite qu’à l’issue de notre vote, mes chers collègues, le Gouvernement s’engage rapidement, au moment qu’il jugera le plus opportun, dans un processus de reconnaissance de l’État de Palestine. Je souhaite qu’en Europe beaucoup de parlements et de gouvernements s’engagent à leur tour dans cette voie.

Je proposerai d’ailleurs que, sur le fondement du vote de mardi, nous puissions rencontrer la Haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères afin de pousser l’Union à s’engager plus encore en faveur de la paix.

mardi 18 novembre 2014

Triangle dans la ville ?

Ce mardi soir, dans la mairie du 4ème arrondissement se tiendra une réunion publique sur l'avenir de la Place de la Bastille. Pour des raisons professionnelles, je ne pourrais pas me rendre à cette réunion sur un sujet qui m'intéresse personnellement, mais vu l'ampleur du sujet, je suis sur que plusieurs billets viendront pour discuter du projet. Au delà de l'avenir de la Place de la Bastille, un grand projet urbain d'Anne Hidalgo vient de prendre un sérieux coup dans l'aile, la Tour Triangle.

La Tour Triangle, c'est un projet de construction d'une grande tour, osons même le nom de gratte-ciel au sud de Paris, prévu au niveau du Parc des Expositions. L'idée du projet est une tour de 180 mètres de haut (50 étages) mélangeant équipements publics, bureaux et logements "entassés" verticalement. Pour une fois, soyons francs, j'ai du mal à me faire une opinion sur le sujet. Voici donc mes arguments pour et contre le projet et laissons aux commentaires (fraichement ouverts à tous) l'espace du débat.

Le principe d'Immeubles de Grande Hauteur existe déjà aux alentours de Paris, principalement dans le quartier d'affaires de La Défense. Amoureux depuis mon plus jeune âge de la "skyline" de Manhattan, je ne cesse d'admirer la Défense, magnifique ilôt futuriste quand on l'observe depuis Paris intra-muros et centre constitué de magnifiques constructions défiant l'échelle humaine pour cotoyer les cieux souvent bas de l'Ile-De-France. A contrario, la Tour Montparnasse n'est surement pas mon immeuble préféré au sein de la ville de Paris, idem pour la tour de l'université de Jussieu. 

A voir vieillir certaines constructions parisiennes ou franciliennes, le scepticisme est de rigueur sur tout nouveau projet urbain. Pourtant, la majorité des gens entendus durant la campagne des municipales ne voulaient pas que Paris deviennent une ville musée. Cela pourrait donc impliquer l'accord de principe pour l'innovation architecturale au coeur de Paris. Car le problème semble se poser dans ces termes : êtes-vous pour ou contre la construction de tours au coeur de Paris. La banlieue, même proche, a déjà ses hauts immeubles, plus ou moins (souvent moins) réussis. Je vois quotidiennement les tours "nuages" de Le Corbusier à Nanterre, j'espère que leur construction avait l'aval des progressistes de l'époque car aujourd'hui elles ont, avouons-le, mal vieilli. Pas de problème pour la ville de Paris, si on fait un rapide sondage, la majorité ne pensera qu'à la Tour Montparnasse comme tour au delà des 100 mètres de hauteur. C'est oublié un peu rapidement l'hôtel Hyatt au dessus du Palais des Congrès de la Porte Maillot, la Tour Prélude (123 mètres de haut dans le 19ème), la tour Super-Italie (112 mètres de haut dans le 13ème), ainsi que toutes les tours du quartier des Olympiades (14 tours de 103 ou 104 mètres de haut dans le 13ème arrondissement).

Pourtant l'idée d'une nouvelle tour est séduisante pour la ville de Paris. Paris est en manque de logements. De nombreux salariés travaillant à Paris sont obligés de prendre leur voiture ou combiner véhicule individuel et transport en commun pour accéder à leur lieu de travail. En développant la verticalité au sein de Paris, on évite l'étalage horizontal qui force les "villes nouvelles" à manger du terrain aux dépens de l'espace naturel ou cultivable. En évitant cet étalement, on offre une nouvelle possibilité à des salariés de se rapprocher de leur emploi et ainsi économiser annuellement des kilogrammes de CO2 et surtout du temps de transports. De plus la Mairie de Paris sous la direction d'Anne Hidalgo cherche à verdir la production et la consommation d'énergie au sein de Paris en utilisant la puissance informatique pour chauffer des immeubles ou pour inciter à l'utilisation d'autres moyens innovants de production d'énergie.

Reste l'aspect humain, et ce n'est pas le moindre. De nombreuses familles choisissent volontairement la vie en lointaine banlieue pour un meilleur cadre de vie au détriment de nombreuses heures de transports quotidiennes. Ces familles ne souhaiteront pas investir des logements à 120 mètres de hauts, même si la fenêtre de leur salon leur offre une magnifique vue sur le sud ouest de Paris. 

Pour autant, peut-on légitimement demander que seuls les départements d'Ile de France (à l'exception de Paris) prennent en charge l'évolution démographique de la Région ? Peut-on vouloir à haute voix que les départements de la petite couronne aient le monopole des immeubles de grande hauteur, permettant ainsi aux Parisiens de jouir d'une "skyline" hausmanienne quand la banlieue aurait le droit à une "skyline" édentée ? La question de fond, dans cette période de construction du Grand Paris, est aussi de savoir si l'on veut un Grand Paris à l'image de Londres, où les habitations sont exclues du centre ville ? Pourtant à Londres le centre est doté de gratte-ciels récents, construits non pas sur le modèle de la Tour Triangle mais sur le modèle des dernières tours de la Défense, c'est à dire exclusivement réservées à un usage professionnel.

Ainsi exposé, j'aurais tendance à vouloir de cette Tour Triangle au sein de Paris, pour qu'ainsi la ville-département arrête de se défausser intégralement sur ses voisines de la petite couronne. Pour qu'ainsi on permette un peu de répit aux terres agricoles d'Ile de France. Mais sans avis ferme et définitif pour le moment, je suis vraiment curieux de vous lire. D'ailleurs, comment cela se passe-t-il à Lille, Lyon, Marseille, Bordeaux et autres grandes villes françaises ?

jeudi 13 novembre 2014

A Elne, on préfère le Canigou à Olympe de Gouges

Suite aux élections municipales de mars dernier et la victoire du FN dans plusieurs municipalités, plusieurs personnes, associations, blogueurs, journalistes ont décidé de suivre avec attention les mesures prises par les élus FN dans ces villes considérées comme nouveaux laboratoires du FN. Mais depuis de nombreuses années, on devrait commencer à comprendre que les plus grandes victoires du FN ne sont pas lors de campagnes électorales mais dans "l'entrisme" idéologique au sein de la population et plus précisément dans l'idéologie d'une certaine droite dite républicaine.

Il n'y a point besoin d'un Patrick Buisson pour faire infléchir une politique de droite vers son coté le plus extrême. Le dernier exemple en date nous vient de la petite ville d'Elne, cité d'Arts et de Culture en Terre Catalane d'après le site de la ville. En mars dernier, les Illibériens (ou les électeurs d'Elne) ont choisi une liste divers-droite d'union aux dépens de la liste d'union PCF-PS et aux dépens de la liste du candidat de l'Union pour une Majorité Populaire. Au soir du second tour, Yves Barniol bat le maire sortant communiste de 243 voix.

En février 2014, le conseil municipal dirigé à l'époque par Nicolas Garcia avait adopté à l'unanimité moins une voix une liste de noms de rues pour le nouveau quartier d'Elne. Toutes les rues doivent prendre le nom d'une femme célèbre qui s'est battue pour les autres, soit des résistantes, des figures des luttes pour les droits civiques, des figures du féminisme et même une femme de religion (comme quoi les communistes ne sont pas tous réfractaires aux religieux). Saluons ce choix unanime où tous les courants politiques se sont retrouvés sans polémiquer pour donner plus de places aux femmes quand on sait qu'à peine 6% des rues françaises portent un nom de femme.

Hélas en mars 2014, Yves Barniol remplace Nicolas Garcia. Lors du conseil municipal du 2 octobre, le nouveau maire a fait voter, contre l'avis de 6 des 7 élus de l'opposition, que les rues du nouveau quartier d'Elne soient débaptisées au profit de noms du relief pyrénéen. Pour l'équipe divers droite, s'il n'y a pas de soucis à revenir sur une décision prise unanimement huit mois plus tôt, il n'y en a encore moins à rayer d'un simple trait la mémoire de 8 femmes. Pour cet élu d'une droite diverse et variée, la mémoire de résistantes n'a pas lieu d'être dans sa ville. Il semble favorable de remettre à plus tard, pour une nouvelle zone d'aménagement, la potentialité de piquer des noms dans cette liste même si d'après lui le précédent maire "a oublié des centaines de gens méritants". Il ajoute même que "les choix des noms seront toujours remis en causes par les pensées de chacun" (cf. les délibérations du conseil du 2 octobre). Sauf qu'aucun de ces 8 noms n'avait été remis en cause en février 2014.

Le maire précise bien que ces modifications relèvent d'un souhait personnel. Ce souhait personnel résulte-il d'une contestation de la célébration de la mémoire de femmes résistantes qui se sont battues contre l'extrême-droite française et allemande ? Est-ce plutôt une forme de machisme primaire qui lui fait préférer le pic du Canigou à Olympe de Gouges ? Difficile de savoir ce qu'il se passe dans la tête de cet élu d'une droite sans étiquette officielle, mais dont la couleur tend à pencher vers le bleu foncé.

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Liste des 8 anciens noms de rues et rapide description des personnes telle que publiée dans le compte-rendu du conseil municipal de la ville d'Elne :
Madeleine FILLOLSSage-femme qui de 1939 à 1944, au côté d’Elisabeth EIDENBENZ a aidé à l’accouchement des femmes enceintes de la Maternité Suisse d’Elne, assurant ainsi la survie de nombreux enfants juifs et espagnols en particulier.
Geneviève de GAULLE-ANTHONIOZ1920-2002
Résistante de la 2 ème guerre mondiale. Auteur de la « Traversée de la nuit » livre qui raconte sa vie en camp de concentration et l’entraide entre femmes. Nommée en 1988 au Conseil Economique et social, elle s’est battue pour la loi d’orientation contre la grande pauvreté votée en 1998.
Lucie AUBRAC1912 - 2007
Résistante française à l’occupation allemande et au régime de Vichy pendant la seconde guerre mondiale. Elle est l’épouse de Raymond AUBRAC. Elle reçut la distinction de grand officier de la légion d’honneur.
Rosa PARKS1913 - 2005
Couturière devenue célèbre en 1955 en refusant de céder sa place à un passager blanc dans un autobus, en Alabama. Elle devint une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats Unis, ce qui lui vaut le surnom de mère du mouvement des droits civiques de la part du Congrès américain.
Martha DESRUMAUX1897 - 1982
Militante française de la Confédération générale du travail, résistante dans le Nord, déportée au camp de concentration de Ravensbrück puis élue députée en 1945. Elle est la seule femme pr ésente lors des accords de Matignon en 1936.
Lise LONDON1916 - 2012
Militante communiste, résistante française, déportée aux camps de concentration de Ravensbrück et de Buchenwald. Elle a reçu le titre d’Officier de la Légion d’honneur.
Olympe de GOUGES1748 - 1793
Femme de lettres française, devenue femme politique et polémiste. Elle est considérée comme une des pionnières du féminisme. Auteur de la « déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ». Elle fut guillotinée à 45 ans.
Mère TERESA1910 - 1997
Religieuse catholique albanaise, de nationalité indienne, connue pour son action personnelle caritative et la fondation d’une congrégation de religieuses, les Missionnaires de la Charité qui l’accompagnent et suivent son exe mple. Elle consacra plus de 40 ans de sa vie aux pauvres, aux malades, aux laissés pour compte et aux mourants. Elle a été béatifiée le 19 octobre 2003 à Rome par le pape Jean Paul II.