L'année 2014 prend fin. Pour respecter une certaine forme de tradition, je vais me livrer à une rétrospective de cette année forte en actualité en essayant d'illustrer les moments qui m'ont plus particulièrement marqué.
Si 2014 était une couleur
Vert
C'est la couleur de l’espoir, et de nombreux signes forts ont eu lieu cette année.
Dès le début de l'année, il y a eu le vote contre le cumul des mandats votée par les députés et ainsi l'espoir d'un renouveau de la vie politique avec l'arrivée de nouvelles têtes. C'est une bonne première étape même si le non cumul dans le temps doit aussi être mis en œuvre, et ceci dès les prochaines élections des exécutifs départementaux et régionaux.
En fin d'année, l'espoir de la fin de l'embargo sur Cuba. Raul Castro et Barack Obama, avec leurs déclarations simultanées, ont montré de sérieux signes d'apaisement entre les deux pays. La balle est à présent dans le camp du Congrès américain. C'est à lui de voter sur l'avenir du blocus. 2015 sera-t-elle l'année de la réconciliation diplomatique entre les derniers participants de la guerre froide ?
Si 2014 était un animal
La licorne
Il semblerait que le symbolisme de la licorne repose sur une dualité entre mâle et femelle. J'en fais donc mon symbole des fantasmes des réactionnaires de tout bord qui hurle à la théorie du genre. Ce symbole regroupe un large spectre de mouvances de la droite réactionnaire. En 2014, on aura eu le droit aux abrutis sans nom proches de la manif pour tous qui appellent à sortir les enfants du système éducatif de peur que l'on apprenne aux enfants de 3 ans à se masturber à l'école maternelle. On aura eu le droit à des ténors de l'UMP, à commencer par Jean-François Copé, qui ont eu des accès de pudibonderie et qui se sont pris à la littérature jeunesse (Tous à poil, ce nouveau livre diabolique) ou aux expositions (le Zizi sexuel expo hautement subversive qui a plus de 2 ans de succès auprès des enfants). Enfin, la licorne, animal chimérique tout aussi réel que l'arrivée de la GPA dans la loi française alors qu'au grand drame des associations LGBTI, rien avance sur le sujet.
Si 2014 était un plat
La soupe à la grimace
Difficile de digérer l'année 2014 sans avoir quelques haut-le-coeur sur la présence et l'évolution de l'extrême-droite en Europe. La quenelle de Dieudonné aura permis de mettre en pleine lumière les propos haineux de l'ancien comique Dieudonné. Dernière preuve en date, la création d'un parti politique avec Alain Soral, Réconciliation Nationale, preuve s'il en était besoin que l'humour a laissé sa place aux théories d'extrême-droite dans les propos de Dieudonné.
Il y a bien sur les scores des partis d'extrême-droite aux dernières élections européennes. Le parlement européen peut s'estimer heureux de la grande diversité de l'extrême-droite et de leur animosité envers tous et même leurs semblables des pays voisins, car les différents élus sont dispersés et ne constituent pas un groupe au Parlement Européen. Ils restent tout de même une voix qui ne peux pas être sous estimée en Europe. Souvenons nous aussi des scores du FN aux municipales et leurs premières conquêtes locales du XXIème siècle, après ce qui parait une éternité depuis leurs désastreux passages à Dreux ou à Vitrolles.
Si 2014 était une chanson
Les étoiles de Paris, d'Emilie Simon
Une chanson de l'excellent dernier album d'Emilie Simon, Mue sorti lui aussi en 2014, pour illustrer la victoire d'Anne Hidalgo à Paris. Il y a fort à parier qu'Hidalgo devienne une nouvelle étoile politique comme la victoire en 2001 de Bertrand Delanoë a révélé une grande personnalité politique. Je salue donc l'arrivée de la successeure de Delanoë et je ne doute pas qu'elle trouvera de nombreux moyens innovants pour faire de Paris une capitale 5 étoiles.
La grosse magouille, de Robert Zemeckis
Plus qu'un film, la grosse magouille de l'UMP aura été la saga de l'année. Ca commence avec les premières annonces de fausses factures des meetings de Nicolas Sarkozy, puis on assiste au lynchage public de Jean-François Copé. La direction temporaire de l'UMP ouvre les placards et on s'aperçoit que tout est pourri rue de Vaugirard, des factures téléphoniques de Rachida Dati aux déplacements en hélicoptère de François Fillon en passant par les salaires des amis de Sarkozy. Comme si l'affaire Bygmallion ne suffisait pas, on découvre aussi les magouilles de Sarkozy et de son avocat, les deux se comportant comme de vulgaires délinquants avec leurs téléphones portables aux lignes ouvertes avec des pseudonyme. Délinquants qui se voient même trahis par leur entourage comme l'auront révélé les enregistrements de Patrick Buisson. Pour l'UMP, on s'approche plus du film catastrophe que de la saga familiale.
Si 2014 était un pays
Allemagne
En juillet, l'équipe nationale de football masculin gagne sans trop de difficulté la Coupe du Monde au Brésil. Si l'équipe fait preuve d'un froid réalisme pour éliminer une intéressante équipe de France, elle effectue une véritable démonstration en humiliant le Brésil en demi-finale. En finale, la victoire contre l'Argentine est presque anecdotique après cette incroyable demi-finale.
L'Allemagne, pays de l'année 2014 également dans l'actualité politique. Si social-démocrate Martin Schultz n'a pas réussi à se faire élire à la tête de la Commission Européenne, les sociaux démocrates allemands entrent dans le gouvernement d'Angela Merkel dans une grande coalition CDU-SPD. Si Angela Merkel reste la chancelière du pays, la mise en place de cette singulière coalition pour nous Français permet aux Allemands de voir la mise en place du SMIC dans leur pays.
Si 2014 était une ville
Grenoble
En mars 2014, les municipales donnent une carte majoritairement bleue, avec quelques tâches brunes. Pendant ce temps là Grenoble devenait la première ville de plus de 100 000 habitants gérée par Europe Ecologie - Les Verts. Si les municipales 2014 semblent marquer le début de la fin de ce qu'on appelait le "communisme municipal", Grenoble pourrait bien devenir un exemple de "l'écologie municipale". Premier acte fort et visible du nouvel exécutif local, la fin du contrat avec JCDecaux sur l'affichage publicitaire. La ville va faire découvrir à ses habitants une vie sans grande campagne publicitaire, ce qui fera plus de places pour les communications associatives et culturelles.
Si 2014 était résumé en 3 lettres
ZAD
C’est l’acronyme en vogue pour l’extrême-gauche qui voit dans chaque projet d’aménagement du territoire un peu contesté un nouveau bastion de contestation. Le chantier de l'aéroport de Notre Dame des Landes a fait beaucoup parlé de lui depuis plus d'un an. Cette année, c'est le chantier d'un barrage à Sivens qui aura eu le droit à une tragique exposition. Rémi Fraisse, un militant écologiste est mort sur la ZAD de Sivens suite à des affrontements avec les forces de police. D'après l'Obs, on dénombre une douzaine de ZAD en France, allant de la lutte contre la création d'un nouveau stade à Lyon à l'opposition de la mise en place de ligne de train à grande vitesse.
Si 2014 était une personne
Les anciens otages français
Pour la première fois depuis longtemps, il n'y a pas de pensée à avoir pour des Français, qu'ils soient journalistes, randonneurs ou travailleurs, retenus en otages quelque part dans le monde. Le 9 décembre, c'est Serge Lazarevic qui retrouve la liberté après 3 années de captivité. Plus tôt dans l'année, c'étaient Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres qui quittés la Syrie après un an d'enfermement
Une pensée aussi pour ceux qui n'auront pas pu être libérés et qui sont morts cette année en captivité : Michel Germaneau tué par AQMI en juillet, Hervé Gourdel tué par des proches de Daesh et Gilberto Rodrigues Leal tué par des jihadistes au Mali.
Et 2015 par rapport à 2014 ?
L'avenir nous le dira. J'espère que la gauche retrouvera une unité pour les élections départementales et régionales afin de ne pas laisser le champ libre à la droite et à l'extrême-droite. J'attends que le PS retrouve une dynamique pour être plus audible dans son soutien au gouvernement et aussi plus inventif et innovant pour les prochaines échéances électorales. Le PS organise son congrès en juin, il y aura du sport, faisons tous en sorte qu'il ne soit pas aussi tragique que le Congrès de Rennes de 1990 ou celui de Reims en 2008.
2015 devra être vert, vert d'écologie et non plus d'espoir. La transition énergétique devrait commencer à être mise en oeuvre, Fessenheim devra commencer à montrer des signes tangibles de fermeture. Le point d'orgue sera la grande conférence internationale CAP21 qui se tiendra à Paris.
Début janvier 2014, j'écrivais sur ce que l'on pouvait attendre de 2014. Mes prévisions furent désastreuses, je vais donc m'arrêter là et me préparer à commenter une année 2015 qui s'annonce tout aussi haletante que l'année qui se termine.