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mercredi 17 décembre 2014

Cuba, avant dernière étape avant la fin de la Guerre Froide

« Todos somos americanos » a déclaré dans le texte Barack Obama. Cette phrase peut résumer à elle seule la journée historique du 17 décembre 2014. Aujourd’hui, le régime castriste cubain a libérer le prisonnier américain Alan Gross, prisonnier depuis 2009 pour espionnage à Cuba. Cuba a également libéré 53 prisonniers politiques. Ces gestes ne sont que les prémices d’une révolution diplomatique. En parallèle, Gerardo Hernandez, Ramon Labañino et Antonio Guerrero, les trois derniers cubains du groupe des 5, emprisonnés aux USA depuis 1998 ont été libérés par les Américains et renvoyés sur le sol Cubain. Ces 3 prisonniers restant étaient la principale revendication cubaine visible dans toutes les villes et villages de Cuba et à l’ambassade cubaine à Paris. C’était aussi un des mots d’ordres récurrents des communistes français, notamment lors des Fêtes de l’Huma.

A 18h, Raul Castro s’est exprimé. A 18h, Barack Obama s’est exprimé. Le premier a confirmé le retour des trois cubains libérés mais surtout a confirmé cette folle rumeur d’un rétablissement des relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Le second a lui aussi annoncé le renouveau des relations entre Etats-Unis et Cuba. Une ambassade américaine va ouvrir ses portes à La Havane, une première depuis 53 ans ! Obama a considéré que la rigidité de la diplomatie américaine envers Cuba n’avait porté aucun résultat. Du coup, c’est plus qu’un dégel qui s’annonce. Les Américains pourront plus facilement fouler le sol cubain (même si environ 100 000 Américains visitent l’île tous les ans), les transferts de fonds vers l’île vont être autorisés et cerise sur le gâteau, Cuba sort de la liste américaine des pays soutenant le terrorisme.

Si le gouvernement cubain issu de la révolution menée par Fidel Castro est reconnu par les USA dès 1959, l’entente se terminera un an plus tard quand Eisenhower décide de tout faire pour renverser le gouvernement cubain. Le 7 février 1962, les Américains mettent en place un embargo économique, commercial et financier contre Cuba. Il ne sera que légèrement atténué sous l’administration Clinton après que Bush père ait tenté de durcir l’embargo pour faire plier un Cuba en extrême difficulté. En 2010, lors de mon passage sur l’île cubaine, les magasins cubains étaient encore loin d’être largement fourni et l’on pouvait y voir clairement plus les conséquences de l’embargo que de la politique castriste. Le réchauffement des relations americano-cubaines avait été salué lors des obsèques de Nelson Mandela (un soutien historique de Fidel Castro) quand Barack Obama et Raul Castro se sont chaudement salué. Il semblerait que le reste du travail fut fait en sous main avec l’aide du Canada et du Vatican sous l’impulsion du Pape François.

Même si aujourd’hui est un jour historique pour la diplomatie mondiale, ce ne sera pas la dernière étape à franchir. Malgré toutes les bonnes nouvelles annoncées, Barack Obama n’a toujours pas levé cet embargo condamné à plusieurs reprises par l’ONU. Lueur d’espoir, le président américain va soumettre au Congrès l’avenir de l’embargo cubain. Les démocrates n’étant plus majoritaires au Congrès, le résultat est encore loin d’être acquis.

Comme l’a dit le Président Obama, c’est une page d’une vision dépassée de la politique qui se tourne aujourd’hui. C’est un des derniers vestiges de la Guerre Froide qui s’écroule, c’est aussi une source d’espoir pour tous les cubains qui voient la politique intérieure s’adoucir et les relations avec un de leurs plus proches voisins s’améliorer également. Reste au Congrès américain de rentrer lui aussi dans l’histoire en mettant enfin un terme à l’embargo.

mardi 1 octobre 2013

Les Etats-Unis en vacances forcées

On connaissait la crise palestinienne avec ses fonctionnaires non payés pour cause de blocage des revenus de l’état par la puissance occupante. On connaissait la crise grecque avec ses fonctionnaires non payés pour cause de faillite de l’état. On découvre aujourd’hui la crise américaine pour cause d’absence d’accord sur le budget de l’état fédéral. Cette crise permet de découvrir sous un nouvel angle ce pays qui semble être le rêve incarné des ultras libéraux, qui semble être le paradis des entreprises privées et où la part des emplois publics était réputée pour être réduite à son minimum.

Aujourd’hui, Le Monde nous explique les impacts du « shutdown » (car comme tout bon drama américain, un titre existe pour meubler les bandeaux des chaines d’infos en continue). D’après leurs explications, ce serait environ 800 000 Américains qui se sont retrouvés au chômage technique aujourd’hui 1er octobre, avec la répartition suivante :
 



Employés Nb mis en congés sans solde Pourcentage chômeurs
Pentagone  1 800 000 400 000 22,22%
Ministère de l’énergie  13 814 12 701 91,94%
Ministère du commerce 46 420 40 234 86,67%
Ministère des transports 55 568 18 481 33,26%
Smithonian Institution  4 202 3 514 83,63%
Parcs Nationaux  24 645 21 379 86,75%
Sécurité intérieure 231 117 31 295 13,54%
Ministère de la Justice 114 486 17 742 15,50%
Ministère de la santé  78 198 40 512 51,81%
Ministère de l’éducation 4 225 4 013 94,98%
Agence de protection environnementale  16 205 15 136 93,40%
Trésor Public (Internal Revenue Service) 95 000 86 000 90,53%
Maison Blanche 1 701 1 265 74,37%


Dans l’impact de la vie de tous les jours, les visiteurs du cimetière militaire américain en Normandie, les touristes voulant monter au sommet de la Statue de la Liberté ou visiter le parc de Yosemite vont devoir trouver une autre occupation. La campagne annuelle de vaccination de la grippe est fortement compromise. Je ne sais pas quelle est la mission quotidienne des employés du ministère de l’éducation mais c’est un des ministères les plus touchés puisque 95% des personnes sont appelées à rester chez elles.
Pour faire simple, seuls les militaires et les agents en charge de la sécurité intérieure vont continuer à travailler, tous les autres sont en congés sans soldes avec interdiction formelle de travailler.
Le dernier « shutdown » avait bloqué les Etats Unis durant 28 jours, heureusement pour les employés, le Congrès avait voté à l’époque le paiement rétro-actif des salaires. Un mois de vacances au frais des contribuables, j’en connais qui grinceraient des dents.

mercredi 18 septembre 2013

Frappes en Syrie, souvenons nous de la Serbie

Ancien ministère de la Défense détruit par l'OTAN
Début septembre, je suis parti durant deux semaines visiter la Serbie. Quand je quittais la France, les gouvernements français et américains réfléchissaient sérieusement à la réalisation de frappes aériennes contre la Syrie en représailles des attaques au gaz sarin probablement réalisées par l'armée syrienne.

En visitant la Serbie, j'ai souvent rencontré des traces des attaques de l'OTAN contre le régime autoritaire de Slobodan Milošević en 1999. A l'époque, l'armée serbe était en guerre au Kosovo contre les indépendantistes albanais. Après l'échec des différentes tentatives de négociation qui se sont tenues à Rambouillet, l'OTAN décide d'entamer des frappes aériennes sans l'accord de la Russie (alors partenaire de l'OTAN). L'objectif initial de ces frappes était de viser durant quelques jours la ville de Belgrade afin de forcer le gouvernement serbe à participer de nouveau à des négociations de sortie de conflit. Au final, l'OTAN aura bombardé la Serbie durant 2 mois (du 24 mars au 8 juin 1999), aura tué entre 488 personnes (d'après l'ONG Human Right Watch) et 5 700 (d'après l'état Yougoslave, donc Serbe) et aura causé de nombreux dommages matériels dans tout le pays.

Symbole des frappes de l'OTAN en centre-ville de Belgrade
Si le conflit a pris fin suite à l'arrêt des bombardements de l'OTAN et si le peuple serbe a dégagé Slobodan Milošević, aujourd'hui encore les bombardements de l'OTAN sont montrés dans tout le pays comme une injustice flagrante dont ont été victimes les Serbes. A Belgrade, l'ancien ministère de la guerre, situé en plein centre-ville et entouré de bâtiments sans le moindre accroc, est laissé dans l'état que l'on laissé les bombardements de l'OTAN. A Novi Sad, 2ème ville du pays et capitale de la Voïvodine, région riche par son agriculture et ses nombreuses industries, les piliers d'un pont détruit n'ont jamais été enlevés et une chronologie agrémentée de photos avant/après rappelle à tous les visiteurs de la forteresse Petrovaradin tous les dommages matériels et humains qu'ont provoqué les bombardements. A Niš, troisième ville du pays, on vous explique gentiment au détour d'une visite que tel endroit a réussi à être conservé tel quel jusqu'aux bombardements de l'OTAN et qu'il a fallu alors reconstruire.

L'enseignement de cet exercice de mémoire que nous imposent les serbes quand on visite leur pays est que malgré toutes les bonnes volontés pouvant accompagner une action militaire (en Serbie l'accélération du processus de paix, en Syrie la dissuasion d'emploi d'armes chimiques), les premières personnes qui en souffrent sont les civils. Ces civils n'ont rien demandé à personne pour la grande majeure partie d'entre eux, à Novi Sad et en Voïvodine la cohabitation entre les différentes minorités semble même extrêmement bien se passer. C'est d'ailleurs en ce sens que s'exprimait Novak Djokovic début septembre quand il appelait Barack Obama à ne pas reproduire les erreurs de ses prédécesseurs. En revanche, il reste ensuite dans l'esprit des habitants un sentiment d'injustice, parfois de revanche et souvent de défiance envers les pays voisins et les institutions responsables. 

Si la Serbie est profondément européenne (par la géographie comme par son histoire), ces ressentiments négatifs ne semblent pas les empêcher de se tourner vers l'Europe et l'Union Européenne, mais peut-on penser que cela se passera de la même façon en Syrie ? Bombarder un pays pour l'exemple et ne gagner que l'incompréhension des habitants sur place, n'est ce pas la meilleure des façons de provoquer un esprit de revanche et d'antagonisme vers l'occident et donc de nouveaux problèmes en perspectives ? 

Aujourd'hui, l'option militaire est pour le moment mise de côté. Il semble que nous ayons assisté à un bel exemple de l'adage romain "Si tu veux la paix, prépare la guerre". Espérons que ce soit effectivement le cas et que l'on ne reproduise pas les mêmes erreurs que dans le passé.

mardi 25 juin 2013

"L'utile monsieur Snowden", mon edito pour Mediavox

Dans le domaine de la confidentialité en entreprise, la première règle est que la plus grosse faille de sécurité se trouve entre le poste de travail et la chaise, c’est-à-dire que le plus grand risque de fuite est l’homme. On a beau sécurisé le plus possible l’accès aux bâtiments, les connexions informatiques avec l’extérieur ou le cryptage des données, les actes d’un employé ne pourront jamais être sécurisés à 100%. Quand il s’agit de la mouture du futur iPhone laissé dans un bar, ce n’est pas trop grave, ça l’est potentiellement plus quand on s’attaque au Secret Défense.

Julian Assange, fondateur de Wikileaks, l’a appris à ses dépens en 2011 quand il a osé publier les câbles diplomatiques tout droit sorti des archives américaines. Il est depuis cloîtré à l’ambassade de l’Equateur à Londres, se sachant condamné s’il met un pied à l’extérieur. C’est aussi ce que découvre Edward Snowden actuellement. Après avoir révélé la drôle de vision de la vie privée qu’à la NSA, cet ancien espion a le gouvernement américain aux basques. Avec Cette course poursuite digne d’un James Bond, recherché par les Etats-Unis, Snowden s’offre un tour du monde des nations résistantes à l’ordre américain. Tout d’abord Hong Kong, la plus occidentale des villes chinoises, avant de rejoindre Moscou. A l’heure qu’il est, est-il toujours à Moscou ? A-t-il rejoint la Havane, l’Equateur ? Toujours est-il qu’Edward Snowden nous montre que plus de 20 ans après la fin de la Guerre Froide, on retrouve encore les mêmes axes...


Pour lire les différents points que nous remet en mémoire Edward Snowden, rendez-vous sur Mediavox.fr pour la suite de cet article.

lundi 17 décembre 2012

Etats-Unis, fusillades et liberté

Charlton Heston parlant de liberté
Le 14 décembre dernier, une nouvelle fusillade a eu lieu aux Etats-Unis, cette fois-ci dans une école primaire. Lors de la tuerie d'Aurora cet été, le maire de New York s'était publiquement exprimé pour la tenue d'un véritable débat sur le port d'arme entre les candidats à l'élection présidentielle. Il n'en fut rien. Vendredi dernier, ce sont 20 enfants qui ont été tués par un adolescent. La jeunesse des victimes va-t-elle pousser Obama à se poser les bonnes questions ?

Le moment est idéalement choisi. Obama vient d'être réélu, et a donc les mains libres puisqu'il ne doit plus se soucier d'une possible réélection. Le jeune âge des victimes touche l'opinion publique. L'initiative pourrait donc être soutenue par une partie de la population. Mais cette population américaine est très fortement attachée à ce droit, inscrit en pleines lettres dans la Constitution mais pour des raisons qui datent d'un autre âge.

Connaissez-vous beaucoup de pays qui ont vécu entre 2007 et 2012 au moins 21 fusillades ? Sans parler des accidents domestiques, des règlements de compte ou des assassinats sous prétexte de légitime défense (comme le cas de Trayvon Martin tué dans la rue sans aucune autre raison que la peur qu'il a inspiré à une personne qui l'a vu au loin) ? Pour rappel, voici les 21 fusillades que j'ai recensées rapidement (liste surement non exhaustive) :
  • Virginia Tech (avril 2007) : 33 morts (dont tueur)
  • Omaha, Nebraska (décembre 2007) : 9 morts (dont tueur)
  • Northern Illinois University (février 2008) : 10 morts (dont tueur)
  • Detroit, école primaire (octobre 2008) : 1 mort
  • Conway, Arkansas (octobre 2008) : 2 morts
  • Covina, Californie (décembre 2008) : 10 morts (dont tueur)
  • Geneva County, Alabama (mars 2009) : 11 morts (dont tueur)
  • Carthage, Caroline du Nord (mars 2009) : 8 morts
  • Binghampton, New York (avril 2009) : 14 morts (dont tueur)
  • Fort Hood, Texas (novembre 2009) : 13 morts
  • Virginie (janvier 2010) : 8 morts 
  • Alabama (février 2010) : 3 morts 
  • Manchester, Connecticut / aout 2010 : 9 morts (dont tueur)
  • Tucson, Arizona (janvier 2011) : 6 morts  
  • Copley, Ohio (août 2011) : 8 morts (dont tueur)
  • Seal Beach, Californie (octobre 2011) : 8 morts   
  • Virginia Tech (décembre 2011) : 2 morts  
  • Université Oakland, Californie (avril 2012) : 7 morts
  • Aurora, Colorado (juillet 2012) : 12 morts
  • Oak Creek, Wisconsin (août 2012) : 7 morts 
  • Newton, Connecticut (décembre 2012) : 28 morts
Je précise que je ne demande pas à Obama d'appliquer le principe très sarkozyste, et largement décrié ici, "1 fait divers = 1 loi", mais de prendre en compte cette litanie d'actes pour s'attaquer réellement au port d'armes. Une réglementation stricte ne garantira pas à 100% la fin de ces événements tragiques mais permettra d'en réduire considérablement leur nombre. Comment les Américains peuvent continuer à se battre pour le droit à porter des armes quand celles-ci sont impliqués dans plus de 20 fusillades en 5 ans et quand ces fusillades ont fait plus de 200 morts ? Pensent-ils vraiment que ce bilan est synonyme de liberté ?

mercredi 21 septembre 2011

La peine de mort tue

Cette nuit aux Etats-Unis seront exécutés Troy Davis (42 ans) et Lawrence Russel Brewer (44 ans). Leurs noms s'inscrira à la suite de ces 33 hommes exécutés aux Etats-Unis depuis le 1er janvier 2011:

Billy Don Alverson 39 ans, Jeffrey David Matthews 38 ans, Leroy White 51 ans, Emmanuel Hammond 45 ans, Martin Link 47 ans, Michael Wayne Hall 31 ans, Frank Spisak 59 ans, Timothy Wayne Adams 42 ans, Johnnie Baston 37 ans, Eric John King 47 ans, William Glen Boyd 45 ans, Clarence Carter 49 ans, Cary Kerr 46 ans, Jeffrey Motts 36 ans, Benny Joe Stevens 52 ans, Daniel Lee Bedford 63 ans, Rodney Gray 38 ans, Jason Oric Williams 42 ans, Donald Beaty 56 ans, Gayland Bradford 42 ans, Lee Andrew Taylor 32 ans, Eddie Duval Powell 41 ans, Milton Mathis 32 ans, Roy Willard Blankenship 55
ans, Richard Lynn Bible 49 ans, Humberto Leal Garcia 38 ans, Thomas Paul West 52 ans, Mark Stroman 41 ans, Andrew Grant DeYoung 37 ans, Robert Jackson 38 ans, Martin Robles 33 ans, Jerry Jackson 30 ans, Steven Michael Woods Jr 31 ans. 

A l'image de Troy Davis, certains ont été tués alors qu'il y avait de sérieux doutes sur leur culpabilité, d'autres ont été tués alors qu'ils étaient mentalement déficients, d'autres ont commis des crimes racistes ou ont tué leur propre enfant, mais aucun d'entre eux ne méritaient d'être tué au nom d'une quelconque justice.

"La peine de mort est vouée à disparaître, comme la torture, de toutes les justices dans le monde." Robert Badinter, le 20 septembre 2011.

lundi 2 mai 2011

Ben Laden mort sans que justice soit faite


BenLaden_mort.png 

"Ce soir, je suis en mesure d'annoncer aux Américains et au monde que les États-Unis ont mené une opération qui a tué Oussama ben Laden, le dirigeant d'Al-Qaida, un terroriste responsable du meurtre de milliers d'innocents." C'est par cette phrase que Barack Obama a commencé son discours annonçant la mort de Ben Laden par l'armée américaine.

Si l'on peut se réjouir de la fin de 10 ans de recherche de l'ennemi public n°1 aux USA et de la chute d'un des principaux responsables d'Al Qaida et donc des nombreux attentats revendiqués par l'organisation terroriste, la suite est moins glorieuse.

Le président américain conclut son discours par "Et en un soir comme celui-ci, nous pouvons dire aux familles qui ont perdu des êtres chers à cause du terrorisme d'Al-Qaeda: justice est faite.".
Répercussion immédiate en France, l’Élysée publie un communiqué reprenant les mots du président américain "Pour ces victimes, justice est faite." Alain Juppé, ministre des Affaires Étrangères, reprendra dans les médias la même expression.

Non la justice n'est pas faite! Tuer un homme n'est pas rendre la justice. Les États-Unis le pensent peut-être, mais en France la peine de mort est abolie depuis 1981. Et avant 1981, la mort était une peine pour des personnes reconnues coupables devant un tribunal suite à un procès équitable où les accusés avaient le droit de se défendre. Mort par balles à son domicile n'est pas un procès équitable. C'est pourquoi je suis choqué de lire que la justice est faite. Je suis choqué de voir tant de satisfaction autour de la mort d'un homme alors que son arrestation et son procès aurait pu permettre un nouvel éclairage sur l'organisation des différents attentats revendiqués par Oussama Ben Laden. Refuser un procès sous prétexte que les victimes des attentats n'ont rien demandé revient à dire qu'il est possible de tuer les violeurs d'enfants, les égorgeurs de grand-mères et autres barbares sans autres formes de procès que la loi du talion. Si certains actes sont incompréhensibles et impardonnables, ce n'est pas une raison pour agir de la même manière envers ceux qui les commettent. Les criminels nazis ont été jugés pour rendre justice à leurs victimes et leurs descendants. Sadam Hussein a eu le droit à un procès devant la justice de son pays pour ses actions contre le peuple irakien. Les victimes des attentats du 11 septembre 2001, comme celles des attentats de Madrid ou de Londres, n'auront jamais droit au procès du probable commanditaire de ces drames.

Si aujourd'hui, 2 mai 2011, Oussama Ben Laden est mort, Al Qaida vit toujours. AQMI (Al Qaida au Maghreb Islamique) détient toujours 4 français au Mali depuis septembre 2010, en Afghanistan, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier sont prisonniers des Talibans depuis plus de 16 mois (489 jours exactement), et rien n'indique que la mort d'un homme n'améliore cette situation.