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mardi 10 mai 2016

Baupin deviendrait-il un sale crouton ?

La loi avance, mais les mentalités ?
Denis Baupin est accusé de harcèlement sexuel et d'agression sexuelle par des membres de son parti, des élues écologistes. Cette histoire est ignoble. Presque 5 ans jour pour jour après l'affaire DSK au Sofitel de New York, une nouvelle affaire éclabousse la classe politique française. Une nouvelle fois il semblerait que tout le monde savait mais personne ne parlait.

Le conditionnel est de mise. Ce lundi tout semble concorder contre l'un des anciens élus les plus influents d'Europe Ecologie - Les Verts, mais bien sur il ne faut pas lyncher l'accusé avant de l'avoir jugé. Dans ce genre d'affaire, on a un peu trop l'habitude que la parole des victimes soit dénigrée, diminuée voire non écoutée. Alors bien sur il faut s'en faire l'écho. Il faut s'en offusquer, et tant pis si cela vient d'un militant, camarade de gauche pluriel, dont les propos ont souvent fait sens chez moi. On critique aujourd'hui ses prises de position dans ses combats pour les droits des femmes, contre les violences sexuelles et les violences faites aux femmes. Il sera intéressant, lors d'une audience face à un juge et non face à un journaliste dans un talk show, d'essayer de comprendre jusqu'où il a agit, s'il avait conscience d'avoir franchi plusieurs fois la ligne rouge et sinon quelles ont été ses actes et sa propre ligne rouge. Pour le moment, rappelons qu'à l'heure de l'écriture de ce billet, Denis Baupin ne s'expliquera pas devant la justice puisqu'aucune plainte n'aurait été déposée contre lui. Ce silence devant la justice quand on parle à des médias, c'est aussi un peu dérangeant.

En attendant les éclaircissements sur cette affaire, ces accusations m'interpellent, principalement par le temps que ce silence aura duré. Ce lundi 8 femmes, élues d'EE-LV, ont parlé à Mediapart et à France Inter. Pourtant certains des faits reprochés remontent à plus de 5 ans. Ce silence ne met absolument pas en doute les accusations, mais ne relativise-t-il pas les campagnes qu'essayent de mener ces mêmes élues (et élus) quand ils parlent de violences faites aux femmes, d'agressions sexuelles ou de harcèlement sexuel ? Comment demander aux femmes mariées de venir porter plainte contre leur mari, comment demander aux plus jeunes de dénoncer les agissements d'un de leur proche (famille ou ami), comment demander aux employés de dénoncer le harcèlement sexuel quand on n'arrive pas à parler soi-même ? 

Ce silence assourdissant des victimes, mais aussi de tous ceux qui aujourd'hui disent savoir, ou avoir eu des échos montre la gravité du harcèlement sexuel ou de l'agression sexuel. Les femmes qui parlent aujourd'hui ont du attendre que Denis Baupin ne soit plus membre d'Europe Ecologie - Les Verts, c'est-à-dire qu'il ne soit plus un de leurs responsables. Les autres, hommes et femmes, qui corroborent les propos m'ont fait penser au départ à l'église catholique qui protège ses prêtres pédophiles. Sauf que dans l'affaire qui nous intéresse aujourd'hui, ce sont les petits qui protègent leur chef et non l'inverse. C'est ce silence qui fait penser que le puissant est toujours plus puissant. Que quoi qu'il fasse, rien ne pourra le toucher. 

Le gouvernement, son ministère du droits des femmes (qu'il soit ministère à part entière ou ministère mélangé à la famille), les propositions de loi des députés pourront inciter comme ils peuvent à la liberté de parole et à la protection des victimes, cette affaire rappelle tristement que lorsqu'on est victime, ce n'est pas si simple que cela. Pour rappel, voici ce que l'on peut lire sur le site consacré aux violences faites aux femmes mis en ligne par le gouvernement :

Le harcèlement sexuel est une violence fondée sur des rapports de domination et d’intimidation qui peut se produire sur le lieu de travail mais aussi dans d’autres milieux (associatif, sportif, universitaire, dans le cadre de démarches pour louer un appartement, etc.).
- Une personne vous impose à plusieurs reprises des propos sexistes et/ou obscènes.
- Vous êtes importunée quotidiennement par un collègue de travail qui adresse des messages à connotation sexuelle et ce malgré votre demande de cesser.
- Votre propriétaire de logement exige de vous une relation sexuelle en échange de la signature d’un contrat de bail. - Votre enseignant vous menace de ne pas valider votre formation si vous refusez une relation sexuelle.

Ces actes et ces attitudes sont INTERDITS ET PUNIS par la loi.

Par ces comportements et/ou ces paroles, l’auteur veut prendre le pouvoir et vous dominer. Les conséquences pour vous sont nombreuses et durables : insomnies, dépression, tentatives de suicide, angoisse, perte de confiance…
Vous êtes peut-être victime de harcèlement sexuel ou d’une autre violence sexuelle .

Que les faits soient anciens ou récents, IL FAUT EN PARLER à une personne en qui vous avez confiance, à un médecin, une assistante sociale ou adressez-vous à une association spécialisée dans la lutte contre les violences faites aux femmes qui vous accompagnera. Contactez le 3919 qui vous apportera écoute et conseil.


SIGNALEZ ces faits à la police et à la gendarmerie. Vous ferez l’objet d’une attention particulière de la part des services de police ou des unités de gendarmerie qui ont mis en place des dispositifs d’accueil et d’aide aux victimes : intervenantes sociales, psychologues…

En cas d’urgence, appelez le 17 ou le 112.

mercredi 27 mai 2015

Aux grandes femmes, la patrie reconnaissante

Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle Anthonioz vont entrer au Panthéon, accompagnées par deux autres résistants Pierre Brossolette et Jean Zay. L'entrée de ces deux femmes est un symbole fort qui dépasse le simple fait que leur arrivée va doubler le nombre de femmes au Panthéon. Leur entrée est synonyme d'une grande avancée dans la vision de l'Histoire et du déroulement de la seconde guerre mondiale car leur entrée marque la reconnaissance du rôle des femmes dans la résistance.

Dans la représentation populaire, la résistance est une histoire d'hommes. Dans les livres, dans les films grand public, dans l'esprit collectif, les résistants sont des hommes qui se sont battus contre la barbarie nazi. On connait Jacques Bonsergent, auteur d'un des premiers actes de résistance à Paris, Guy Moquet, Jean Moulin. Le spectacle "Ami, entends-tu ?", qui a mis en scène cette année un groupe de jeunes hommes entrant en résistance dès la capitulation française, a agrémenté le déroulé par des lectures de lettres de résistants : 15 lettres de résistants, aucune de résistante. De la même façon, dans la représentation populaire, les camps de concentration sont peuplés d'hommes, jamais ou presque on ne représente les femmes dans le système concentrationnaire nazi.

Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle Anthonioz sont là pour rappeler que les femmes aussi ont joué un rôle non négligeable dans cette période. Dans un livre de souvenirs et surtout de dialogues, les deux femmes, qui se sont connues lors de leur internement à Ravensbrück, rappellent qu'en 1940, Germaine Tillion a participé à la création du réseau du musée de l'homme car la majorité des hommes étaient encore mobilisés. Tout au long de leurs souvenirs, les deux femmes se rappellent leurs actes de résistance, leur vie dans le camp de Ravensbrück jusqu'à leur libération. Germaine Tillion rappelle aussi son combat pour empêcher tout révisionnisme, volontaire ou non. Elle rappelle ainsi que dans les années 80, elle a du expliquer à des très sérieux historiens que les chambres à gaz n'étaient pas uniquement réservées aux Juifs mais visaient aussi les autres détenus dont les femmes détenues pour raison politique.

Après les célébrations des 70 ans du débarquement l'an dernier, après les célébrations des 70 ans de la libération du camp d'Auschwitz, cette panthéonisation célèbre la résistance et les résistantes. Ce mercredi, c'est la mémoire des 959 femmes du convoi des 27 000 (dont Geneviève de Gaulle Anthonioz), c'est aussi la mémoire de toutes les résistantes, qu'elles soient toujours avec nous physiquement (comme Anise Postel-Vinay, amie des deux panthéonisées) ou par la pensée (comme Gisèle Guillemot, elle aussi passée par Ravensbrück à la même époque).

mercredi 29 avril 2015

Il y a 70 ans, les femmes se rendaient aux urnes

Hubertine Auclert
Il y a 70 ans exactement, les femmes se rendaient pour la première fois dans un bureau de vote pour participer aux élections municipales de 1945. Ce droit de vote, elles l’avaient obtenu un an plus tôt suite à une ordonnance du Comité Français de la Libération Nationale, matérialisé par la signature du Général de Gaulle.

L’idée de donner le droit de vote aux femmes ne date pas de 1944 et elles auraient pu accéder à ce droit depuis le début du XXème siècle si elles n’avaient pas buté sur le conservatisme légendaire du Sénat. Hubertine Auclert milite depuis 1876 pour le droit de votes des femmes. En 1906, son militantisme est récompensé par une proposition de loi pour accorder aux femmes le droit de vote aux élections locales. En 1909, une commission de l’Assemblée Nationale est favorable à cette proposition de loi. 10 ans plus tard, en 1919, 344 députés votent pour le suffrage intégral des femmes, mais le Sénat qui aura laissé trainé jusqu’à la fin 1922 le sujet vote cotre avec 22 voix d’écart.

Rebelote en 1915, les députés sont 390 à voter pour le droit de vote des femmes aux élections municipales et cantonales. Deux ans plus tard, ces députés votent une résolution pour que le gouvernement fasse pression sur le Sénat pour qu’il daigne discuter du projet de loi. En 1928, 1929 et 1931, le Sénat refusera de mettre le sujet à l’ordre du jour, ce qui évite de devoir voter contre.

En 1936, 386 députés de gauche investissent l’Assemblée Nationale et le Front Populaire de Léon Blum arrive au pouvoir. Si 475 députés votent pour le droit de vote des femmes, le Sénat, encore une fois, n’inscrit pas le texte à l’ordre du jour. Si les femmes n’ont pas le droit de vote, elles sont tout de même 3 à faire leur entrée au gouvernement Suzanne Lacore, Irène Joliot-Curie et Cécile Brunschvicg.
 
Il y a 70 ans, les femmes votaient pour la première fois. Quelques semaines plus tard, Odette Roux devient la première maire d’une de plus de 10 000 habitants. Libération ressort 4 témoignages de femmes qui ont vécu se moment historique. A les lire, on peut voir le chemin parcourue depuis entre cette jeune adulte allant voter avec ses parents et dont la mère lui dit de passer son enveloppe à son père («A peine passé la porte du bureau de vote, ma mère se retourne vers moi et me tend sa main : "Tu donnes ton enveloppe à ton père ?" ») et cette femme qui a pris son droit de vote presque comme un devoir conjugal («Si je ne votais pas, je me faisais engueuler.»).
Pour l’anecdote, on y apprend que les femmes ne furent pas les derniers citoyens français à obtenir le droit de vote. En août 1945, ce sont les militaires qui ont obtenu le droit de vote!

A lire ces témoignages, je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec la situation des résidents français de nationalité non européenne qui attendent toujours le droit de s’exprimer sur la vie de leur cité.

jeudi 16 avril 2015

Une journée #plutotsympa dans les transports en commun

Illustration de Stop Harcèlement de Rue
Le printemps est bien arrivé, le soleil brille, les températures sont à la hausse, c’est une journée plutôt sympa qui s’annonce. La météo étant de notre côté, c’est l’occasion de mettre sa dernière tenue plutôt sympa acheté le week-end dernier. Bras nus, légèrement décolleté et jambes à l’air, c’est toujours un plaisir de voir arriver les premiers rayons de soleil post-hivernal.

C’est le printemps, pas encore l’été, alors il faut tout de même aller bosser. Heureusement que la tenue est printanière car la température est caniculaire dans le RER A bondé, un véritable « moment de grâce ». Plutôt sympa tout de même ces quelques regards de mâles amateurs de beauté féminine qui ne se détachent pas de moi de tout le trajet. Plutôt sympa également l’homme derrière moi qui a peur que je tombe à la renverse et qui me retient à chaque soubresaut du RER en posant délicatement sa main sur mes fesses. Une fois sortie du RER, la fin du trajet fut plutôt sympa, avec l’arrivée du printemps, plusieurs hommes sifflaient sur mon passage. Plutôt sympa également le conducteur de cette voiture qui m’a klaxonné. Sans lui, j’aurais surement pu me faire renverser si j’avais décidé subitement de me jeter sous ses roues.

Le soir, sur le trajet du retour, le RER était nettement moins rempli. Plutôt sympa l’homme qui m’a laissé passé en première dans le RER pour que je puisse choisir où m’asseoir. Il a du sentir que je ne suis jamais très rassurée le soir dans les transports en commun car, alors qu’il y avait de la place partout dans la rame, l’homme plutôt sympa s’est assis sur le siège à côté de moi, à un moment je me suis même demandé s’il n’était pas carrément sur mon siège. Me voila totalement rassurée. Plutôt sympa et bavard, il a voulu savoir mon numéro de téléphone pour que l’on puisse rentrer ensemble plus souvent, ou alors que je lui montre comment j’avais organisé la décoration de mon salon. Typiquement l’homme plutôt sympa de prime abord, dommage qu’il m’ait insulté quand je lui ai répondu non à toutes ses demandes.

Après cette journée plutôt sympa, mais tout de même je pense que demain j’irais au boulot en jean. J’essayerai de partir plus tôt, quitte à prendre du boulot à finir chez moi, on ne sait jamais si mon voisin de RER garde les mêmes horaires…

Non, je n’ai pas changé de sexe, je me suis juste imaginé Sophie de Menton vivre une journée plutôt sympa où sa beauté est appréciée à sa juste valeur. Quand je lis les résultats du premier rapport du  Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEFH), très égoïstement, je me dis que c’est tout de même plutôt sympa d’être un mec. Si ce n’avait pas été le cas, j’aurais fait parti des 100% de femmes victimes de harcèlement sexiste ou d’agression sexuelle dans les transports en commun.

jeudi 2 avril 2015

Départementales, la vague bleu masculine

Le troisième tour des départementales a eu lieu ce jeudi. Sans surprise, les départements gagnés par la droite sont dirigés par la droite et ceux gagnés par la gauche (Lozère comprise) ont un président de gauche. Pour la première fois, c'est un collège électoral parfaitement paritaire qui a élu les présidents de départements puisque ce nouveau scrutin a permis de faire passer la proportion de femmes siégeant dans les assemblées départementales de 12% à 50%. Pourtant cette carte montre bien que la parité s'est cognée violemment sur ce qu'on appelle le plafond de verre :


En rose, ce ne sont pas les départements gérés par la gauche mais les départements qui ont élu une femme présidente ! Et encore, j'ai triché un petit peu en coloriant Paris où Anne Hidalgo est à la tête du département de fait par son élection à la tête de la Mairie de Paris.

Aujourd'hui, ce qui donne comme répartition par couleur politique :
  • 33% des départements gérés par des divers gauche (soit 1 département)
  • 19% des départements tenus par le PS (5 départements)
  • 12,5% des départements divers droite (1 département)
  • 8% des départements gérés par l'UDI (1 département)
  • 4,5% des départements gérés par l'UMP
Il y a encore du boulot...

lundi 19 janvier 2015

Une semaine dans le rétro: la 1ère après Charlie

‎La semaine dernière se terminait sur une mobilisation populaire sans précédent dans les rues de France. Alors que tout le monde se demandait quelle serait l'étape suivante et regardait vers les politiques, une autre mobilisation incroyable est survenue dans la deuxième moitié de semaine avec l'achat de Charlie Hebdo. Quand l'hebdomadaire satyrique tirait habituellement à 50 000 exemplaires, c'est plus de 5 millions d'exemplaires qui ont été pris d'assaut dans tous les vendeurs de journaux de France. Au final la mobilisation populaire en soutien à Charlie Hebdo n'a pas faibli, elle a même continuer de croitre.


La Une tant attendue fut signée par Luz et repris le personnage de Mahomet déjà apparue en une de Charlie pour leur fameux Charia Hebdo de 2011.‎ Si les chefs d'état furent nombreux sur le boulevard Voltaire, beau clin d’œil à un philosophe des Lumières et de la Tolérance, la une de Charlie a été la cause de nombreuses manifestations dans des pays dont la religion majoritaire est l'islam. Cette période aura aussi été la douloureuse expérience où des musulmans ont essayé d'imposer les contraintes de leur texte saint à des non croyants et où en parallèle des non croyants tentaient d'expliquer aux musulmans qu'ils ne comprenaient rien aux écrits du Coran. Cette première semaine de l'après Charlie ‎a commencé par de beaux exemples d'union nationale comme cette Marseillaise chantée à l'Assemblée Nationale ou le discours de Manuel Valls applaudit par tous les députés quelques minutes plus tard. Rapidement, et heureusement, l'actualité politique a commencé à reprendre du service. Tout d'abord avec l'humour autour d'un Nicolas Sarkozy qui n'a pas changé et qui ne supporte pas d'être relégué au 3eme rang de l'ordre protocolaire alors qu'une photo historique réunissant Hollande, Merkel, Netanyahu et Abbas se réalisait. Du coup l'ancien président a réussi à démontrer une nouvelle fois son absence d'élégance et de respect en jouant des coudes pour se retrouver quelques minutes en tête du cortège.  

L'après Charlie aura-t-il des conséquences dans la future action politique ? Il est encore trop tôt pour le savoir. Manuel Valls a promis au sein de l'Assemblée Nationale de ne pas tomber dans le piège des mesures d'exception et de continuer à s'appuyer sur les dernières lois anti-terroristes, annonçant juste vouloir augmenter le nombre de postes dans la surveillance anti-terroriste. Najat Vallaud-Belkacem a lancé une grande consultation, réunissant de nombreux acteurs du système éducatif dont tous les précédents ministres de l'éducation nationale. Elle aussi compte s'appuyer sur les bases de cette refondation de l'école voulue depuis le début du quinquennat. Christiane Taubira aura une nouvelle fois prononcé un discours de grande classe lors des obsèques de Tignous. Le parquet aura quant à lui été intransigeant envers de nombreuses personnes accusées d'apologie du terrorisme que ce soit en public ou sur les réseaux sociaux. Si cela peut faire entrer dans la tête de certains que la liberté d'expression ne peut accepter de se dissoudre dans la haine et les propos violents, alors le principe est louable. 

‎La politique reprend tout doucement ses droits. Les amendements de la loi Macron commencent à être débattus. L'union nationale ne tiendra pas l’écueil de ce projet de loi. La gauche de la gauche est toujours farouchement opposée à l'intégralité du texte sans chercher à comprendre quels seraient les points positifs dans la (trop) grande diversité des sujets abordés. Ce qui me fait dire comme l'a dit François Hollande que cette loi ne sera pas la loi du siècle. 
 
Justement, ce samedi 17 janvier, on célébrait une des lois du siècle dernier, la loi Veil sur l'avortement. A cette occasion de nombreux événements étaient organisés partout en France dont une manifestation pour le droit des femmes à Paris. Sans surprise la mobilisation aura été nettement moins forte que 6 jours plus tôt alors que les deux portaient sur des sujets que l'on pense acquis mais dont il faut toujours surveiller à ce qu'on ne les réduisent pas pour de fausses excuses et de sombres arrières pensées. A cette occasion, le gouvernement a continué de montrer son engagement pour la liberté des femmes et leur droit à disposer de leur corps. Depuis 2013, l'acte de l'interruption de grossesse est intégralement remboursé par la Sécu, quelle que soit la situation de la femme. A présent, Marisol Touraine a indiqué que les actes associés comme les échographies et les examens biologiques le seront également. La ministre a également précisé qu'elle souhaitait que les sages-femmes puissent réaliser des IVG médicamenteuses et que les médecins de centres de santé puissent réaliser des IVG instrumentales. Ainsi, le gouvernement souhaite faire que sa future loi "Santé" puisse garantir à toutes les femmes la possibilité d'avorter à proximité de chez elles. Ceci promet de futurs discours rétrogrades sur les bancs de l'Assemblée Nationale au cours de l'année 2015.

Vivement la semaine prochaine.

jeudi 13 novembre 2014

A Elne, on préfère le Canigou à Olympe de Gouges

Suite aux élections municipales de mars dernier et la victoire du FN dans plusieurs municipalités, plusieurs personnes, associations, blogueurs, journalistes ont décidé de suivre avec attention les mesures prises par les élus FN dans ces villes considérées comme nouveaux laboratoires du FN. Mais depuis de nombreuses années, on devrait commencer à comprendre que les plus grandes victoires du FN ne sont pas lors de campagnes électorales mais dans "l'entrisme" idéologique au sein de la population et plus précisément dans l'idéologie d'une certaine droite dite républicaine.

Il n'y a point besoin d'un Patrick Buisson pour faire infléchir une politique de droite vers son coté le plus extrême. Le dernier exemple en date nous vient de la petite ville d'Elne, cité d'Arts et de Culture en Terre Catalane d'après le site de la ville. En mars dernier, les Illibériens (ou les électeurs d'Elne) ont choisi une liste divers-droite d'union aux dépens de la liste d'union PCF-PS et aux dépens de la liste du candidat de l'Union pour une Majorité Populaire. Au soir du second tour, Yves Barniol bat le maire sortant communiste de 243 voix.

En février 2014, le conseil municipal dirigé à l'époque par Nicolas Garcia avait adopté à l'unanimité moins une voix une liste de noms de rues pour le nouveau quartier d'Elne. Toutes les rues doivent prendre le nom d'une femme célèbre qui s'est battue pour les autres, soit des résistantes, des figures des luttes pour les droits civiques, des figures du féminisme et même une femme de religion (comme quoi les communistes ne sont pas tous réfractaires aux religieux). Saluons ce choix unanime où tous les courants politiques se sont retrouvés sans polémiquer pour donner plus de places aux femmes quand on sait qu'à peine 6% des rues françaises portent un nom de femme.

Hélas en mars 2014, Yves Barniol remplace Nicolas Garcia. Lors du conseil municipal du 2 octobre, le nouveau maire a fait voter, contre l'avis de 6 des 7 élus de l'opposition, que les rues du nouveau quartier d'Elne soient débaptisées au profit de noms du relief pyrénéen. Pour l'équipe divers droite, s'il n'y a pas de soucis à revenir sur une décision prise unanimement huit mois plus tôt, il n'y en a encore moins à rayer d'un simple trait la mémoire de 8 femmes. Pour cet élu d'une droite diverse et variée, la mémoire de résistantes n'a pas lieu d'être dans sa ville. Il semble favorable de remettre à plus tard, pour une nouvelle zone d'aménagement, la potentialité de piquer des noms dans cette liste même si d'après lui le précédent maire "a oublié des centaines de gens méritants". Il ajoute même que "les choix des noms seront toujours remis en causes par les pensées de chacun" (cf. les délibérations du conseil du 2 octobre). Sauf qu'aucun de ces 8 noms n'avait été remis en cause en février 2014.

Le maire précise bien que ces modifications relèvent d'un souhait personnel. Ce souhait personnel résulte-il d'une contestation de la célébration de la mémoire de femmes résistantes qui se sont battues contre l'extrême-droite française et allemande ? Est-ce plutôt une forme de machisme primaire qui lui fait préférer le pic du Canigou à Olympe de Gouges ? Difficile de savoir ce qu'il se passe dans la tête de cet élu d'une droite sans étiquette officielle, mais dont la couleur tend à pencher vers le bleu foncé.

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Liste des 8 anciens noms de rues et rapide description des personnes telle que publiée dans le compte-rendu du conseil municipal de la ville d'Elne :
Madeleine FILLOLSSage-femme qui de 1939 à 1944, au côté d’Elisabeth EIDENBENZ a aidé à l’accouchement des femmes enceintes de la Maternité Suisse d’Elne, assurant ainsi la survie de nombreux enfants juifs et espagnols en particulier.
Geneviève de GAULLE-ANTHONIOZ1920-2002
Résistante de la 2 ème guerre mondiale. Auteur de la « Traversée de la nuit » livre qui raconte sa vie en camp de concentration et l’entraide entre femmes. Nommée en 1988 au Conseil Economique et social, elle s’est battue pour la loi d’orientation contre la grande pauvreté votée en 1998.
Lucie AUBRAC1912 - 2007
Résistante française à l’occupation allemande et au régime de Vichy pendant la seconde guerre mondiale. Elle est l’épouse de Raymond AUBRAC. Elle reçut la distinction de grand officier de la légion d’honneur.
Rosa PARKS1913 - 2005
Couturière devenue célèbre en 1955 en refusant de céder sa place à un passager blanc dans un autobus, en Alabama. Elle devint une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats Unis, ce qui lui vaut le surnom de mère du mouvement des droits civiques de la part du Congrès américain.
Martha DESRUMAUX1897 - 1982
Militante française de la Confédération générale du travail, résistante dans le Nord, déportée au camp de concentration de Ravensbrück puis élue députée en 1945. Elle est la seule femme pr ésente lors des accords de Matignon en 1936.
Lise LONDON1916 - 2012
Militante communiste, résistante française, déportée aux camps de concentration de Ravensbrück et de Buchenwald. Elle a reçu le titre d’Officier de la Légion d’honneur.
Olympe de GOUGES1748 - 1793
Femme de lettres française, devenue femme politique et polémiste. Elle est considérée comme une des pionnières du féminisme. Auteur de la « déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ». Elle fut guillotinée à 45 ans.
Mère TERESA1910 - 1997
Religieuse catholique albanaise, de nationalité indienne, connue pour son action personnelle caritative et la fondation d’une congrégation de religieuses, les Missionnaires de la Charité qui l’accompagnent et suivent son exe mple. Elle consacra plus de 40 ans de sa vie aux pauvres, aux malades, aux laissés pour compte et aux mourants. Elle a été béatifiée le 19 octobre 2003 à Rome par le pape Jean Paul II.

mardi 23 septembre 2014

Justice laxiste ?

Xavier Dor est un vieux salaud. Ancien pédiatre, il a aujourd'hui 85 ans et occupe sa retraite à faire du lobbying anti-IVG. Saine occupation qui l'empêche de voir le temps passé (à croire qu'il se croit toujours en 1974). Il est le fondateur de l'association SOS tout-petits, spécialisée dans la désinformation au sujet de l'interruption volontaire de grossesse. Il occupe certaines de ses journées à organiser des prières de rue devant des permanences IVG comme en avril 2011 devant l'Hôpital St-Vicent-de-Paul. Quand il est seul, il s'amuse à se pointer dans des permanences du Planning Familial pour empêcher les femmes de se renseigner.

Xavier Dor est un vieux salaud mais n'est pas un vieillard sénile. Il reconnait et assume parfaitement les faits qui lui sont reprochés, tout comme il assume les 11 précédentes condamnations pour des actes similaires réalisés depuis 1994. Cet homme se défend en prenant le principe que la loi de ce pays n'est pas la sienne.Il se considère donc dans son bon droit quand il prie devant des maternités, quand il déploie des banderoles avec des fœtus ensanglantés, quand il entrave le bon fonctionnement du planning familial ou quand il distribue sa propagande nauséabonde aux jeunes filles à la sortie des collèges.

Pourtant Xavier Dor, multi-récidiviste, risque fort de n'écoper que d'une amende de 10 000€ pour ses dernières interventions au planning familial. Dans les escaliers menant à la permanence, il s'est simplement amusé à remettre à une femme une image de la vierge et des chaussons de nourrisson, acte simple mais efficace de pression psychologique envers des femmes qui le plus souvent se tourne vers le Planning Familial pour y trouver une écoute et un accompagnement nécessaire dans ce moment de leur vie. Pourtant le droit français prévoit jusqu'à 30 000€ d'amendes et 2 ans de prison pour des actions d'entraves à l'IVG.

Xavier Dor n'est pourtant qu'un maillon de cette chaîne réactionnaire et passéiste. Lui, ses amis de la manif pour tous, de civitas et autres organismes de haine ne supportent pas que depuis 40 ans, des femmes puissent être maîtresses de leur corps et décider par elles-mêmes ce qui est bien ou non pour elles. Les femmes n'ont pas besoin de Xavier Dor pour savoir comment gérer leur vie. En revanche je pense que la société serait plus rassurée si l'on pouvait assurer que Xavier Dor et ses amis ne puissent ni faire de propagande en direction des plus jeunes, ni entraver l'action d'associations d'aide et d'accompagnement des femmes qui souhaitent avorter.

Pour finir et pour rappel, un seul site pour tout savoir sur l'IVG (aujourd'hui en tête des résultats sur les différents moteurs de recherche) : http://www.sante.gouv.fr/ivg.

samedi 8 mars 2014

8 mars, journée d'utilité mondiale

Le 8 mars, c'est la Journée Internationale des Droits des Femmes. Ce n'est ni la fête de la femme (comme j'ai pu le voir chez un fleuriste), ni la journée de la femme. Ces appellations volontairement réductrices sont là pour rabaisser cette journée au même rang qu'une fête des grand-mères ou une journée sans vaisselle. La journée internationale des droits des femmes est une date symbolique pour rappeler que partout dans le monde, les femmes doivent avoir les mêmes droits que les hommes. 

Elles doivent avoir le droit à leur propre sécurité, c'est à dire, par exemple, pouvoir aller dans la rue dans la tenue qu'elles souhaitent sans avoir peur d'être agressées. Par agression, il faut comprendre les viols bien sur mais aussi des attouchements, des insultes, des propos déplacés. Des exemples se trouvent partout, dans la vidéo "femme de la rue" filmée à Bruxelles, dans les agressions sexuelles à répétition en Inde, ou en Egypte comme démontré dans le film "les femmes du bus 678".

Elles doivent avoir le droit à la maîtrise de leur propre corps. Illustré récemment avec le slogan "Mon corps, mon choix, ma liberté", chaque femme dans le monde doit avoir le droit de choisir sa contraception, doit avoir le droit de choisir si elle veut garder cet embryon et veut porter pendant 9 mois son futur enfant. Elle ne doit pas être dépendante de la volonté d'un législateur, d'un médecin, de son mari. Tout ceci n'est qu'une marque supplémentaire d'infantilisation de la femme qui ne serait pas apte à décider par elle-même ce qu'elle doit faire. Il est important de le rappeler quand on voit ce qu'il se passe en Espagne ou quand on voit qu'au sein de l'Union Européenne, l'avortement est formellement interdit en Irlande et à Malte.

Elles doivent avoir le droit à l'égalité des chances. Il est anormal qu'en France aujourd'hui, les femmes soient encore payées 25% de moins que les hommes à expérience et à responsabilité égale. Il est anormal qu'en 2011, 30% des femmes sont en emploi à temps partiel contre uniquement 6% des hommes.

Pour en finir avec ces inégalités, il est nécessaire de faire changer les mentalités. Hélas, on le voit dans de nombreux autres domaines, comme la sécurité routière par exemple, pour changer les mentalités, il est nécessaire de passer par des contraintes législatives. Pour cela, il faut saluer le travail effectué depuis juin 2012 par Najat Vallaud-Belkacem au ministère des droits des femmes. Notons entre autre :
  • La réforme du congé parental pour accroitre le niveau d'emploi des femmes et mieux partager les responsabilités entre les parents,
  • Dans le cadre de la lutte contre le plafond de verre, un classement des entreprises du SBF 120, selon le degré de féminisation des instances de direction publié tous les ans,
  • Un contrôle symptomatiques et des sanctions pour les entreprises ne respectant pas l'égalité professionnelle,
  • L'augmentation, via l'ANI, du nombre d'heures minimales dans les emplois à temps partiel,
  • Le programme "ABCD de l'égalité" pour lutter contre les préjugés sexistes, sources de futures discriminations, dès l'école maternelle,
  • La lutte contre les violences faites aux femmes via la Mission Interministérielle contre les violences, 
  • L'amélioration des solutions d'accueil proposées aux femmes victimes de violence,
  • La contraception gratuites pour les jeunes femmes de 15 à 18 ans,
  • L'IVG remboursée à 100% pour toutes les femmes.
Avec Najat Vallaud-Belkacem, on a vraiment l'impression que le 8 mars, c'est toute l'année !

Parce qu'il est nécessaire de montrer son soutien à toutes les femmes qui souffrent encore ici en France comme partout ailleurs dans le monde, ce samedi 8 mars, si vous êtes à Paris ou à proximité, vous pouvez rejoindre la manifestation unitaire pour les droits des femmes qui part de Bastille à 14h30 en direction de Richelieu Drouot.

mardi 4 mars 2014

Les sages-femmes en ont ras le col, suite et fin ?

Marisol Touraine et des sages-femmes
à la table des négociations
Depuis le mois d'octobre les sages-femmes étaient en grève pour une meilleure reconnaissance de leur profession. Pour résumer, elles souhaitaient que leur métier soit considéré comme une profession médicale à part entière ayant un rôle à part entière dans le suivi de la plus grande partie des femmes enceintes. Elles demandaient également que leur reconnaissance et leur rémunération soient à la hauteur de leurs études puisque pour exercer, elles ont une formation de 5 années après le bac mais considéré dans le milieu hospitalier au même niveau que d'autres professions accessibles avec un bac+3.

Leurs revendications n'étaient pas si évidentes que ça à faire passer. En effet, impossible pour elles de bloquer l'accès aux hôpitaux et impossible pour elles de stopper en nombre leur activité. Comme tout personnel médical, leur présence dans les maternités sont indispensables et il est compliqué de demander aux futures mères de revenir plus tard car le service est bloqué pour cause de mouvement social...

Après un peu plus de 4 mois de mobilisations et de discussions avec le ministère de la Santé, Marisol Touraine a présenté 5 solutions pour essayer de mettre enfin en valeur ce métier vital. Ce qui n'est pas gagné encore...
  1. Des compétences médicales valorisées : une importante communication va être mise en place pour expliquer aux femmes que le rôle des sages-femmes ne se limite pas aux accouchements mais que les sages-femmes peuvent effectuer un suivi gynécologique et peuvent être consultées pour des questions de contraception.
  2. Des responsabilités renouvelées : les sages-femmes seront partie prenante dans l'élaboration des projets médicaux des maternités. Les sages-femmes pourront de plus prendre la direction d'unités fonctionnelles pour travailler avec des gynécologues, des anesthésistes et des pédiatres.
  3. Une formation renforcée : les étudiants de 4ème et 5ème année verront leur statut amélioré et leur rémunération alignée sur les autres étudiants en médecine de même niveau.
  4. Une rémunération revalorisée : les salaires vont être prochainement revus à la hausse et seront associés au niveau de responsabilité des sages-femmes.
  5. Un statut de sages-femmes des hôpitaux créé : les sages-femmes auront leur propre statut dans la fonction publique hospitalière. Leur représentation au sein du comité médical d'établissement sera renforcé. 
C'est sur ce dernier point que des désaccords persistent, principalement entre les différents acteurs de la profession. D'un côté un collectif de sages-femmes souhaite obtenir un statut de praticien hospitalier copié sur le modèle des médecins. De l'autre côté l'intersyndicale souhaite un nouveau statut au sein de la fonction publique hospitalière afin que les sages-femmes ne perdent pas leur statut de fonctionnaire. C'est cette dernière position qui a reçu au final l'aval de Marisol Touraine, cela signifie donc que certaines sages-femmes devraient continuer à se mobiliser pour obtenir une entière satisfaction de leurs revendications. Si des sages-femmes me lisent, je veux bien avoir leur avis en commentaires car personnellement, j'ai l'impression que tout ce qui a été proposé représente une sacrée avancée pour la profession et que le statut de fonctionnaire préservé est une bonne chose.

jeudi 20 février 2014

Entre ici, grandes Femmes !

Il y a bientôt 50 ans, en décembre 1964, André Malraux prononçait ces mots en l'honneur du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon:
Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi — et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé. Avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses. Avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle — nos frères dans l'ordre de la Nuit…
Comme le disait Malraux, Jean Moulin entrait au Panthéon pour son action mais aussi pour que vive la mémoire de tous les résistants et les déportés victimes des nazis. En entrant au Panthéon, il rejoignait ces grands Hommes dont la Patrie est reconnaissante.

50 ans plus tard, ce vendredi, François Hollande devrait annoncer l'arrivée de 4 nouveaux "grands Hommes", tous ont eu à faire aux nazis ou à leurs alliés: Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay. 

Depuis quelques mois, de nombreuses associations féministes (mais pas uniquement) menaient un combat pour faire entrer plus de femmes au Panthéon. Leur collectif pour des femmes au Panthéon propose une liste de grandes Femmes où l'on retrouve Louise Michel, Olympe de Gouges, Simone de Beauvoir et aussi Germaine Tillion. On peut penser que leur lobby a porté ses fruits puisqu'avec ces nouvelles entrées, le nombre de femmes au Panthéon va doubler ! Autre grande nouveauté, les deux femmes qui entreront, entreront seules, sans leur époux, contrairement aux deux précédentes femmes, Marie Curie et Sophie Berthelot.

Je ne pense pas qu'il faille chercher à tout prix à atteindre une parité sous le dôme et dans la crypte du Panthéon, surtout que les premiers à y être entrés (Voltaire et Rousseau), l'ont fait respectivement en 1791 et 1794. Cela fait un sacré retard à rattraper. En revanche, j'aime l'idée que Bruno Nassim Aboudrar, professeur d'université, a développé dans une tribune pour Libération en janvier dernier. Pour ce professeur, il n'est pas obligatoire de chercher une "Grande Femme" à faire entrer au Panthéon mais une de ces femmes anonymes qui se sont battues pour leur pays. L'auteur de la tribune souligne que nombreux des 70 locataires du Panthéon sont d'illustres inconnus alors pourquoi ne pas rendre hommage à femmes dont le nom ne sont pas connus de la majorité des Français :
Jugées à l’aune de la majorité des hôtes de la sépulture, ce n’est pas Tillion ou Joséphine Baker qu’il y faudrait faire rentrer, mais telle infirmière dévouée, telle financière avisée (elle tiendrait compagnie à Jean-Frédéric Perregaux, directeur de la Banque de France), une magistrate. Mais, quand il suffit à un homme d’avoir été «grand», et souvent très petitement grand, il faut à une femme avoir été immense pour que sa dépouille prétende à la reconnaissance de la patrie.

A défaut de suivre ces conseils, soulignons le choix de François Hollande de vouloir faire entrer 2 grandes Femmes. Nous ne sommes pas obligés de faire du nombre en transférant de nombreuses femmes pour corriger les choix du passé. En revanche, il est un symbole de vouloir faire entrer à présent soit que des femmes, soit un nombre égal de femmes et d'hommes. Ainsi la mère Patrie pourra être reconnaissante de ses fils comme de ses filles.

samedi 8 février 2014

Sochi 2014, la parité à portée de main

Il y a 18 mois je m’interrogeais pour savoir si les JO de Londres étaient paritaires. Si la boxe avait permis à Londres de ne plus avoir de disciplines réservées aux hommes, le nombre d'épreuves penchaient encore du coté masculin. Qu’en est-il aujourd’hui en Russie alors que s’ouvrent les JO d’hiver à Sochi ?
 
Les épreuves vont toujours vers plus de parité et même vers plus de mixité. Vers plus de parité puisqu’un seul sport est réservé uniquement aux hommes, le combiné nordique. C'est toujours une discipline de trop, surtout quand on se souvient que les Jeux de Londres 2012 avaient été l'occasion d'avoir des épreuves masculines et féminines dans chacune des 26 disciplines olympiques. Le combiné nordique étant une discipline qui allie ski de fond et saut à ski, elle vit surement ses dernières olympiades unisexes puisqu’à Sochi, le saut à ski propose pour la première fois des épreuves de saut féminin. 
Notons aussi que toutes les nouvelles disciplines ajoutées au programme de ces olympiades l'ont été avec des épreuves dans une version féminine et une version masculine.
 
Le plus innovant, c’est l’arrivée de plus de mixité. L’époque où les hommes s’affrontaient entre eux un jour et les femmes un autre jour est révolue. Si les épreuves individuelles restent non mixtes, plusieurs disciplines s’ouvrent à des épreuves mixtes. On connaissait les épreuves de patinage artistique et de danse sur glace en couple. Cette année nous aurons également le droit à une épreuve de patinage par équipe. Pour monter sur le podium, l’équipe devra avoir remporté le plus grand nombre de points après le passage des hommes, des femmes et des couples.
Cette année les JO nous offre aussi des relais mixtes au biathlon. Sur un même parcours, sans discrimination, c’est le couple le plus rapide et le plus adroit au tir qui montera sur le podium. 
Dernière nouvelle épreuve mixte, la descente en luge proposera également une épreuve par équipe mixte. 
Cette année nous aurons donc 6 épreuves mixtes (en biathlon, patinage artistique et en luge) pour 98 épreuves, soit 6% des épreuves alors qu’à Londres il y avait 8 épreuves mixtes mais sur 302 épreuves (soit un ratio de 2,6% d'épreuves mixtes).
Grâce à cette mixité, les projecteurs seront braqués sur les athlètes de façon plus équitable, quel que soit leurs sexes. Si ces épreuves fonctionnent, on peut espérer voir dans les années à venir d’autres épreuves en relais mixte. J’imagine déjà des relais en athlétisme ou en natation où les épreuves reines du 4x100 mètres verraient les meilleures sprinteuses mondiales participer à l’établissement de records de vitesse aux cotés des meilleurs sprinteurs.

Au niveau de la répartition entre épreuves masculines et épreuves féminines, on approche également de la parité. Avec 43 épreuves féminines contre 49 masculines, il y aura presque autant de podiums féminins que masculins puisque nous avons 46,7% des épreuves non mixtes qui sont réservées aux femmes.

Ces avancées réalisées par le CIO (Comité International Olympique) sont louables et montrent une belle vision respectueuse de tous. Le hockey sur glace n’est plus un sport ultra viril réservé aux hommes, les femmes ont le droit de monter au sommet d’un tremplin à ski. A présent, les JO d’hiver ne seront plus ce rassemblement où, en étant volontairement réducteur, on salue les hommes skieurs d’un côté et les femmes patineuses de l’autre. Image encore tenace puisque le doodle du jour, salué pour son soutien malin aux couleurs du drapeau LGBTI, montre une majorité d'hommes avec 4 hommes pour 2 femmes (une patineuse et une joueuse de curling…)

Tous ces progrès mis en place par le CIO ne laveront pas les différentes tâches qui obscurcissent le déroulement de ces Jeux dans la station balnéaire russe. 

N’oublions pas que par mesure de sécurité,les personnes venant des territoires voisins de Daguestan, de Tchétchénie et d'Ingouchie sont interdits d’entrer dans la zone des JO pour encourager leurs athlètes favoris et vivre ce grand moment de sport.  Leur simple nationalité ferait d’eux des terroristes en puissance…

N’oublions pas que la Justice russe s’est spécialisée dans l’enfermement des opposants politiques de Vladimir Poutine. La Russie qui n’a toujours pas mis fin au principe des goulags (renommés en camps de travail) comme nous l’ont rappelé les Pussy Riots ces derniers mois.

N’oublions pas que ces Jeux se déroulent dans un pays qui a décidé de pénaliser l’homosexualité. Même si on imagine mal la police russe prendre le risque d’un scandale alors que le monde entier aura les yeux braqués sur eux, des sportifs ou des touristes risquent la prison s’ils montrent des signes extérieurs d’homosexualité. N’oublions pas que pour Poutine et son gouvernement, si deux femmes s’embrassent dans la rue, leur baiser est considéré comme de la "propagande homosexuelle".

Sur les JO de Sotchi, vous pouvez lire également les billets pas si tendres :