Depuis le début de l'année, le gouvernement a du affronter de nombreuses manifestations de mécontentement, très (trop ?) souvent de la part de personnes que l'on avait pas l'habitude de voir manifester et pour des raisons difficilement compréhensibles : familles catholiques traditionnelles contre le droit de se marier pour tous, patrons d'entreprises de transport routier contre l'écotaxe, propriétaires de centres équestres contre la suppression d'une niche fiscale, manifestation de céréaliers contre une répartition plus juste de l'aide et j'en oublie surement.
Ce lundi si c'est une population peu habituée aux manifestations qui s'est retrouvée à Denfert-Rochereau, les "Marisol, les sages-femmes en ont ras le col" ont été scandé par une population qui a de bonnes raisons de réclamer le changement. Le premier point soulevé par les sages femmes est la mauvaise considération de leur formation par l'hôpital public. Pour obtenir un diplôme de sage femme, il est nécessaire de suivre 5 années pourtant une fois en activité, ce métier est rémunéré autant qu'un boulot d'infirmier (c'est à dire bac +3).
Autre point, les sages femmes souhaitent être reconnus comme profession de premier recours. C'est à dire être reconnu pour le suivi gynécologique de toutes femmes, enceintes ou non. En résumé, les sages femmes ont toutes les capacités et les savoirs pour suivre des femmes le long de leur vie, les conseiller sur la contraception, les suivre tout le long de leur grossesse et même après.
Seul problème, les discussions avec le ministère de la Santé et les équipes de Marisol Touraine ne semblent pas se passer dans les meilleurs conditions possibles. Résultat, cela fait deux mois exactement que les sages femmes sont en grève avec la difficulté de rendre cette grève visible. En effet, comme toute profession médicale, il est impossible de stopper leurs activités sans engendrer des risques pour les patientes.
Je vais donc conclure en faisant l'écho de 5 des propositions de l'ONSSF (Organisation Nationale des Syndicats de Sages Femmes) :
- la consultation à tarif unique pour un acte donné, que cet acte soit réalisé par une sage femme, un médecin généraliste ou un gynécologue.
- Redéfinir le parcours de santé génésique et périnatal pour que chaque femme puisse pouvoir avoir accès à une sage-femme dès qu’elle est en âge de procréer. Cela implique la nécessité d’un renforcement de l’articulation des différents professionnels et d’une meilleure continuité entre le pré et le post-natal.
- Fiabiliser le parcours de santé en périnatalité qui consisterait à instaurer une consultation obligatoire avec une sage femme dès le 1er trimestre de grossesse, à améliorer la mise en place de l’Entretien Prénatal Précoce, et à améliorer la mise en place et la réalisation des Séances Postnatales.
- Offrir une prise en charge globale de la grossesse et la naissance en essayant de favoriser les échanges ville/hôpital/PMI avec la sage femme assurant la coordination entre les acteurs.
- Rendre visible la profession de sage femme par exemple en identifiant les sages-femmes comme acteur de dépistage pour les cancers gynécologiques ou en sensibilisant les autres acteurs de santé sur le champ de compétences des sages femmes, y compris le droit de prescription ou encore en informant les jeunes femmes dès 16 ans au moment de l’envoi des premières cartes vitales de l’offre de soin sage-femme pour le suivi gynécologique et la contraception.
Une sage femme m'a sauvée la vie face à un médecin qui n'était pas dans la réalité. Mais une autre m'a renvoyée chez moi alors que j'avais besoin d'une surveillance rapprochée qu'un médecin aurait prescrite immédiatement : car mon problème n'était pas strictement obstétrical mais dû à un autre facteur qui ne l'a pas effleurée.
RépondreSupprimerNous avons besoin de la complémentarité des compétences des sages femmes et des médecins, pas de substituer les unes aux autres en élargissant le droit des sages femmes à pratiquer certains actes médicaux.
Ce dilemne est le même pour les cadres hospitaliers : faut-il ériger l'infirmière-chef de bloc opératoire en anesthésiste ? Leur rivalité est légendaire, mais ma réponse est non.
J'ai le même sentiment pour les gynécos et les sages femmes : ils ne sont pas interchangeables. La difficulté médicale qui va dépasser la sage femme n'est pas marquée sur la figure de la parturiente, c'est toujours une surprise.
Je ne cherche pas à opposer les différents métiers, juste à donner plus de visibilité à une profession pas assez reconnue.
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