mercredi 4 décembre 2013

PISA : nous ne sommes pas tous égaux devant l'apprentissage

Le traditionnel classement PISA qui compare le savoir des jeunes de 15 ans dans les pays de l'OCDE est tombé. Sans grande surprise, la France a encore baissé dans ce classement. Depuis 2000, la France ne fait d'ailleurs que chuter. Le classement publié cette année étant issu des tests réalisés en 2012 sur des jeunes de 15 ans, il correspond à l'analyse de cette génération qui n'aura eu le droit que de subir des politiques d'éducation de droite. J'avais fait un billet en janvier 2011 sur ce sujet et mes propos sont toujours d'actualité.

J'écrivais à l'époque:
En France, le personnel dans l'éducation (public et privé réunis) est passé de 1 023 310 personnes en 2004 à 950 409 en 2008 d'après l'OCDE. Ce qui correspond à une baisse de 4%.
Dans le même laps de temps qu'ont fait nos voisins européens? L'Allemagne a augmenté ses effectifs de 4%, le Royaume-Uni de 8,9%, la Suède de 10% et la Norvège de 12%.
Les derniers chiffres de l'OCDE donnent 944 779 en 2011 après avoir atteint le seuil le plus bas en 2010 avec 935 640 personnes employées dans l'éducation. Bref, la courbe était toujours à la baisse en France et je ne peux que me féliciter que le gouvernement socialiste arrivé au pouvoir depuis a décidé d'augmenter annuellement le nombre d'enseignant ainsi que de réinstaurer des écoles de formations dédiées aux enseignants, les ESPE, ces successeurs des IUFM enterrées par Nicolas Sarkozy et François Fillon.

Si l'on regarde un peu plus en détail le rapport PISA-2012 pour la France, qu'apprenons-nous ?
  • En France, la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance est bien plus marquée que dans la plupart des autres pays de l’OCDE
  • L’augmentation d’une unité de l’indice PISA de statut économique, social et culturel entraîne une augmentation du score en mathématiques de 39 points, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, et de 57 points en France, soit l'augmentation la plus marquée de tous les pays de l’OCDE
  • Le système d’éducation français est plus inégalitaire en 2012 qu’il ne l’était 9 ans auparavant et les inégalités sociales se sont surtout aggravées entre 2003 et 2006 (43 points en 2003 contre 55 en 2006 et 57 points en 2012). En France, lorsque l’on appartient à un milieu défavorisé, on a clairement aujourd’hui moins de chances de réussir qu’en 2003.
  • En France, les élèves issus d’un milieu socio-économique défavorisé n’obtiennent pas seulement des résultats nettement inférieurs, ils sont aussi moins impliqués, attachés à leur école, persévérants, et beaucoup plus anxieux par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE.
J'écrivais en 2011 que "l'école de la République est égalitaire. Elle se doit d'offrir les mêmes chances à tous ses élèves. Pour que tous puissent réussir, il est nécessaire de mettre tous les moyens possibles pour aider ceux qui en ont le plus besoin". Les conclusions de la partie "Egalité des chances dans l'apprentissage" du dernier rapport PISA continuent hélas à aller dans ce sens. J'espère que ce constat s'inversera dans les années à venir, à condition encore et toujours que l'on donne les moyens à l'éducation nationale de réussir et aussi que l'on arrive à mieux impliquer et à donner envie aux jeunes les moins favorisés. C'est un sacré challenge à relever et s'il est réussi, c'est toute la France de 2025 qui en sortira grandie.

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