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mardi 18 août 2015

Allocation de rentrée, Edouard Courtial (LR) est de retour

Edouard Courtial prêt pour la rentrée
Chacun a ses petites habitudes. Chez Edouard Courtial, le jour du versement de l'ARS (Allocation de Rentrée Scolaire) est synonyme de rentrée des classes et de sortie médiatique. Edouard Courtial n'aime pas l'ARS et, contrairement à certains politiques au discours changeant, Edouard n'aime pas l'ARS depuis 2008 et le fait savoir tous les ans.

Août 2008, Edouard Courtial disait dans Le Parisien : "certains distributeurs d'électroménager enregistrent des pics de vente d'écrans plats au moment de la rentrée. J'ai entendu récemment quelqu'un dire : « On s'offrira une nouvelle télé quand on aura touché l'ARS ! »"

Décembre 2009, le même Edouard Courtial dépose une proposition de loi pour que l'ARS n'existe plus sous la forme d'un virement effectué par la Caisse d'Allocation Familiale mais uniquement sous forme de titres de paiement ou sous forme de cartes à puce. 

Janvier 2010, il ressort sa brève de comptoir pour expliquer sa motivation au Figaro : "C'est simple, j'étais dans un café, et j'ai entendu une conversation au comptoir. Un homme a demandé à un autre : ‘Alors, tu l'as eu ton écran plasma ?', et l'autre lui a répondu : ‘Non, j'attends l'ARS' "

Juin 2012, François Hollande est fraichement élu et veut de suite mettre en oeuvre une de ses promesses de campagne, la hausse de 25% de l'ARS. Edouard Courtial réagit sur sa page Facebook : "25% de plus d’ARS ne doit pas se traduire par un écran 25% plus grand !"






Août 2013, devinez qui vient parler de l'ARS au Figaro ? Edouard Courtial qui "constate que la fréquentation et le chiffre d'affaires des magasins d'électroménager ou des équipementiers automobiles, notamment, augmentent au moment du versement de l'ARS."

Août 2015, Edouard Courtial apparaît de nouveau. Il publie sur sa page Facebook un court texte rappelant son engagement de toujours :
"Alors que cette allocation est essentielle pour les familles et leur permet d’équiper correctement leurs enfants, certains foyers la détournent de son but premier.
Je ne mets en cause ni l’existence de cette aide, ni l’intégrité d’une grande majorité de familles, simplement son application. Chaque droit s’accompagne d’un devoir. Chaque enfant a le droit d’être scolarisé dans de bonnes conditions et bien équipé, mais les parents ont le devoir d’utiliser cette aide à bon escient. C’est absolument anormal de voir des télévisions 3D, et autres gadgets être financés en partie grâce cette allocation et ce au détriment de l’enfant."
Le pauvre homme doit être proche de la crise de nerfs puisque François Hollande le provoque depuis son élection. Pour la rentrée des classes de 2012, le Président de la République fraichement élu a demandé à son gouvernement d'augmenter de 25% le montant de l'Allocation. Ce montant a continué de grossir avec une hausse de 1,2% en 2013 et une hausse de 0,7% en 2014. Depuis l'an dernier, le gouvernement continue de provoquer Edouard Courtial en appliquant le choc de simplification également à la déclaration nécessaire pour l'obtention de l'ARS. Plus besoin de fournir de certificat de scolarité pour les étudiants et apprentis âgés de 16 à 18 ans, une attestation sur l'honneur suffit. Sous conditions de revenus, ce sont 3 millions de familles qui ont reçu aujourd'hui ce coup de pouce pour préparer la rentrée des classes.

mercredi 29 avril 2015

La réforme du collège n'est pas celle que l'on veut vous faire croire

Depuis 2012, le refrain est identique, quand le gouvernement propose une réforme, les plus réactionnaires de nos concitoyens hurlent à la fin de notre société. La réforme du mariage pour l'ouvrir aux couples de mêmes sexes devait être la fin de notre civilisation. Deux ans plus tard les 4% des couples mariés sont homosexuels et ils n'ont toujours pas mis la civilisation européenne sans dessus dessous. La réforme de la justice devait donner le top départ d'une ère de chaos où des voyous sans foi ni loi pourraient perpétrer leurs crimes en toute impunité et les prisons françaises devaient être vidées. Aujourd'hui, le taux d'occupation des prisons françaises est de 114%, ce qui est toujours non compatible avec une société respectueuse des droits humains. A présent, le gouvernement revoit les programmes du collège. C'est l'avenir de nos enfants qui s'écroule.

La réforme des programmes du collège sera la fin de l'enseignement de l'allemand. Je l'ai déjà évoqué il y a quelques jours, je ne comprend pas comment en fermant des classes bilangues qui étaient l'exception et en généralisant l'apprentissage d'une LV2 dès la cinquième, on peut mettre à mort l'enseignement de l'allemand. Chaque élève aura plus d'heures au cours de sa scolarité au collège pour apprendre une deuxième langue. Il devrait donc avoir plus de facilités pour pouvoir utiliser cette langue dans sa vie d'adulte.

Dans les cours d'histoire, l'islam sera obligatoire et le christianisme une option facultative qui passera à la trappe. C'est l'intox du moment, disponible chez des blogueurs bas du front, chez les ultra-réacs du Sens Commun et à l'extrême-droite. Pourtant, quand on regarde les propositions de programme du Conseil Supérieur des Programmes (PDF à lire ici), que voit-on ?
En gras les sujets obligatoires

On y voit bien sur des cours sur l'islam, mais aussi un thème qui s'appelle "Société, Eglise et pouvoir politique dans l'Occident chrétien - XIe - XVe siècles". A toute fin utile, rappelons qu'en 6ème, les jeunes collégiens apprennent "les débuts du judaïsme" puis "les débuts du christianisme" (PDF disponible ici). Comme l'islam est une religion qui est apparue plus tardivement, il est normal qu'elle apparaisse dans les cours d'histoire un peu plus tard que les deux premières.

Cette réforme des programmes d'histoire est faite pour culpabiliser nos chérubins en leur apprenant la culpabilité de la traite des esclaves, de la colonisation et de tous les méfaits de la civilisation européenne. Tout d'abord, si on n'append aux enfants que les bons côtés de l'histoire, ils ne vont pas connaitre les guerres de religions ou les guerres mondiales. Ensuite, ce programme de mémoire n'est pas une nouveauté. Dans les programmes actuels de 4ème, on peut voir que "la question des traites négrières et de l’esclavage est aussi largement abordée.". En classe de 3ème aujourd'hui, on aborde la géopolitique mondiale d'après 1945 et "une attention particulière est portée à l’histoire politique de la France", je n'ai pas trouvé le détail mais j'espère qu'on y voit en détail la décolonisation.

Je ne sais pas si cette réforme des programmes était obligatoire pour assurer un meilleur avenir à notre jeune population. En revanche, je suis convaincu que faire apprendre à tous 2 langues dès la 5ème est une bonne chose, que cette deuxième langue soit l'allemand, l'espagnol ou le russe. Je trouve judicieux le principe de thèmes obligatoires et facultatifs en histoire car je me souviens qu'à ma lointaine époque, il était impossible de finir dans les temps les programmes d'histoire-géo. Enfin, quelle preuve de fermeture d'esprit que de s'offusquer de voir l'islam enseignée dans nos collèges. C'est en prodiguant un cours républicain sur l'islam, comme sur le judaïsme et le christianisme que l'on peut éduquer à tous les enfants le vivre ensemble et la meilleure connaissance de l'autre.

Allez, sur ces brefs rappels, je vous laisse, j'ai piscine, ou comme indiqué dans la proposition de programme, j'ai une séance de déplacement "de façon autonome, plus longtemps, plus vite, dans un milieu aquatique profond standardisé".

jeudi 23 avril 2015

Une réforme du collège contestée mais incontournable ?

Najat Sie gefickt bist, die Lehrer auf der Straße !
Futui Najat es, doctores in via !
Najat είστε πατήσαμε, οι εκπαιδευτικοί είναι στο δρόμο !

D'après GoogleTranslate, c'est ce que l'on risque d'entendre prochainement avec la réforme du collège que prévoit Najat Vallaud-Belkacem. La ministre de l'Education Nationale poursuit l'action du gouvernement en lançant une réforme du collège. Vincent Peillon a revu les rythmes scolaires au primaire, la voici qui se lance à l'assaut du collège. L'objectif annoncé, un collège plus égalitaire ayant pour but de donner le plus de chances à tous ses élèves de réussir les étapes suivantes de leur scolarité et de leur vie d'adulte.

Tout d'abord, la ministre souhaite que dès la rentrée 2016, des temps de travail en petits groupes seront réservés pour permettre plus de liens entre les professeurs et chacun de leurs élèves. Dans la même veine, des temps d'accompagnement personnalisés seront réservés. Trois heures par semaine en 6ème pour s'assurer que chaque élève débute bien cette nouvelle étape dans sa scolarité puis une heure par semaine jusqu'au brevet. L'objectif du ministère est de garantir l'acquisition de ces savoirs fondamentaux (français, mathématique et histoire). Le but, mettre fin à une baisse continue du niveau des jeunes Français d'après les études PISA entre 2000 et 2012.

Afin de  rendre plus concret les différentes leçons, des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires seront mis en place. A l'image des TPE du lycée, ces EPI devront permettre d'aborder une des 8 thématiques suivantes, souvent en lien avec la vie courante : développement durable ; sciences et société ; corps, santé et sécurité ; information, communication, citoyenneté ; culture et création artistiques ; monde économique et professionnel ; langues et cultures de l’Antiquité ; langues et cultures régionales et étrangères.

Pour être mieux armer pour partir à la découverte du monde qui les entoure, la réforme du collège veut aussi augmenter le nombre d'heures d'apprentissage des langues vivantes. Les élèves arriveront en 6ème avec un passif de 5 années d'apprentissage de l'anglais (ou d'une autre 1ère langue). Dès la 5ème, ils apprendront une deuxième langue vivante, soit un an plus tôt qu'actuellement.

Pour reprendre le discours gouvernemental, voici à quoi ressemblera l'agenda d'un collégien et d'un professeur au collège dès septembre 2016.
Le collégien demain
  • En 6e, le collégien est accompagné selon des modalités adaptées à ses besoins : apprentissage de méthodes, approfondissement, renforcement, entraînement, remise à niveau, etc.
  • 3 heures d’accompagnement personnalisé permettent à l’élève de 6e de devenir un collégien : il se voit proposer une démarche d’apprentissage appropriée pour soutenir sa capacité d’apprendre et de progresser, et améliorer ses performances.
  • En 5e, 4e et 3e, le collégien acquiert de nouvelles compétences (travail en équipe, expression orale, démarche active dans les apprentissages, etc.) dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires, qui le font accéder à :
    - une approche concrète des savoirs ;
    - des réalisations concrètes, individuelles ou collectives ;
    - de nouvelles situations d’apprentissage ;
  • Ces heures d’enseignements sont prises en charge par les enseignants de toutes les disciplines.
  • Le collégien acquiert les valeurs, les repères et l’esprit critique d’une nouvelle culture numérique.
  • Le collégien maîtrise les outils numériques.
  • Le collégien développe ses connaissances et ses compétences en algorithmique et en informatique.
  • Le collégien apprend deux langues vivantes dès la classe de 5e. L’apprentissage des langues vivantes se commence désormais plus tôt pour la première comme pour la seconde langue vivante : dès le CP pour la première langue, dès la 5e pour la seconde langue vivante.

L'enseignant demain
  • Un collectif de travail renforcé à travers la mise en place des enseignements pratiques interdisciplinaires et des temps d’accompagnement personnalisé, élaborés de manière collective par les équipes pédagogiques.
  • Des enseignants intervenant seuls ou en co-intervention dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires.

Cette réforme se veut universelle. Elle veut contribuer à la meilleure scolarité de tous les collégiens. Ca tombe bien, c'est justement ce que tout le monde réclame à l'Education Nationale, une véritable école républicaine qui donne sa chance à tous. Depuis le début des annonces de réformes, j'entends surtout ceux qui se plaignent de la fin des classes européennes qui permettaient aux meilleurs élèves d'apprendre deux langues dès la 6ème et de s'assurer un entre-soi durant les 4 années du collège. Comment peut-on réclamer un enseignement républicain qui donne les mêmes chances à tous ses élèves et ensuite se braquer sur la fin des classes d'élites au sein des collèges ?

Les professeurs d'allemand auraient peur pour leur matière quand la réforme veut permettre à chaque élève d'avoir 25% plus de temps d'apprentissage de leur deuxième langue étrangère sur la durée normale de leur présence au collège. Je n'y vois qu'un grand progrès. Cela se ferait au détriment du latin et du grec. A mon époque, nous étions une poignée à apprendre le grec ancien et à nous arracher les cheveux sur des verbes irréguliers d'une langue morte. A présent, ceux qui le voudront pourront toujours apprendre le grec via les EPI, ce qui devraient leur permettre de découvrir cette belle langue, la fabuleuse histoire et la merveilleuse mythologie grecque tout en ayant un angle d'attaque plus attractif qu'un vieil ouvrage qui semble avoir vu l'époque qu'il est sensé traiter.

Cette réforme promet plus de liberté aux professeurs, elle encourage donc l'emploi de nouvelles pédagogies dont je ne doute pas une seconde qu'elles raviront les professeurs qui auront choisi leur façon d'enseigner et par conséquence logique, raviront les élèves qui auront la chance d'avoir un prof enthousiaste. Ces élèves auront aussi la chance d'être mieux encadrés, par leurs professeurs mais aussi par l'arrivée de 4000 nouveaux postes pour mieux accompagner ces élèves.

Au final, cette réforme confirme l'engagement présidentiel pour la jeunesse. S'engager pour la jeunesse, c'est faire en sorte qu'ils aient les meilleurs cartes en main pour choisir et réussir leurs études. Ils devraient avoir aussi de meilleures connaissances sur le monde qui les entourent grâce aux nouvelles activités interdisciplinaires et grâce à un meilleur apprentissage des langues étrangères, idéal pour partir voyager, étudier, travailler chez nos voisins européens. Cette réforme peut marcher car elle semble mettre autant en avant l'indépendance des professeurs et le bien-être des élèves. Cette réforme peut marcher à condition de le vouloir. C'est aussi ce que pense Mara Goyet qui écrit sur son blog qu'elle "ose espérer qu'on pourrait parvenir à en faire quelque chose de bien. De vraiment bien. Si, du moins, on ne pense pas que tout est foutu (dans ce cas, c'est mieux de faire un autre métier, l'accompagnement en soins palliatifs est une meilleure voie professionnelle)."

jeudi 15 janvier 2015

Loin de l'école, point de salut ?

Après les événements de la semaine dernière, le temps devient celui de la réflexion, de l’analyse. Comme le rappelait Manuel Valls dans un très beau discours à l’Assemblée Nationale, la France est en guerre contre le terrorisme. Ce ne sont pas les terroristes français qui ont poussé la France dans cette guerre puisque nos militaires sont déjà au front depuis 2013 en intervenant au Mali, en Centrafrique et en Irak. Il a profité de l’occasion pour rappeler que si la France est en guerre contre le djihadisme et le terrorisme, elle "n’est pas en guerre contre l’islam et les Musulmans", contrairement ce qu’ont pu penser les extrémistes défilant contre l’islamisation de la France.

Manuel Valls, ex-premier flic de France et toujours accolé à cette image sécuritaire, n’a pas (pas encore ?) fait le faux-pas vers une dérive sécuritaire comme les Américains ou les Anglais ont pu le faire quand ils furent victime eux aussi du terrorisme. "A une situation exceptionnelle doivent répondre des mesures exceptionnelles. Mais je le dis aussi avec la même force : jamais des mesures d’exception qui dérogeraient aux principes du droit et des valeurs." 
Heureusement, aurions-nous envie de dire quand on se rappelle que la précédente loi anti-terroriste fut votée en fin d’année 2014 et prévoit déjà une lutte active contre le djihadisme. Le Premier Ministre l’a souligné mardi dernier :
"Le Parlement a déjà voté deux lois anti terroristes encore il y a quelques semaines à une très large majorité, les décrets d’application sont en cours de publication. Le Parlement s’est déjà saisi des questions relatives aux filières djihadistes."
Il a même souligné l’action du ministère de la Justice et implique celle-ci dans l’accompagnement du personnel qui doit gérer au jour le jour ces personnes attirées par le djihad, en premier lieu les personnes de la protection judiciaire de la jeunesse. Et quel symbole de finir son discours en mettant en avant l’importance de l’éducation. Pour Manuel Valls, la clef est l’apprentissage de la laïcité dans l’éducation nationale. Le même jour, Najat Vallaud-Belkacem rappelait que tous les enseignants stagiaires recevaient une formation sur la laïcité dans les nouvelles ESPE.

Il faut voir plus loin, plus grand que la question de la laïcité. La ministre précisait mardi que l’école "n’est ni la cause de tous les maux, ni le remède à toutes les difficultés de la société."  Elle ne peut pas être la cause car on n’apprend pas à l’école à détester son voisin, à se tourner vers l’extrémisme quel qu’il soit. Elle ne peut pas être non plus le remède à toutes les difficultés sinon cela signifierait que l’on laisse sur le côté tous ceux qui sont sortis du système scolaire. Pourtant l’école à une place prépondérante et peut expliquer beaucoup de maux non pas de la France mais de sa jeunesse.

Je suis intimement convaincu que c’est dans les cours de l’école que les plus jeunes découvrent l’attrait du radicalisme, radicalisme religieux, mais aussi radicalisme politique. Il suffit de regarder qui peuple les groupuscules d’extrême-droite comme le Bloc Identitaire ou ceux d’extrême-gauche comme les confédérations anarchistes. On retrouve la même chose dans le recrutement de postulant-e-s au djihad. Je suis aussi intimement convaincu que ce n’est pas en améliorant la formation de nos enseignants que l’on résoudra le problème. Certes ils seront mieux armés face à ces jeunes qu’ils ne comprennent pas tout le temps mais ce n’est pas ceci qui changera le résultat global. Si un jeune éduqué dans l’islam ou convertit dans son adolescence se tourne vers l’extrémisme, c’est en réaction à une injustice ressentie, souvent celle de l’abandon par rapport aux autres. Par exemple, élevé à Grigny, il comprend assez vite que s’il veut avoir autant de chance de réussir qu’un camarade étudiant en centre-ville calme, il devra trimer beaucoup plus. Même mécanisme avec un jeune en périphérie de grande ville ou en rase campagne qui va se tourner vers l’extrême-droite. Il aura ce sentiment d’abandon car pour lui tout sera fait pour les populations des banlieues dortoir, comme Grigny par exemple (oui là où l’autre jeune du même âge se sent abandonné par rapport au centre ville).

Le rôle de l’école, puis de l’enseignement supérieur, est de permettre une réelle égalité des chances. Aujourd’hui, cette égalité n’existe pas. C’est même cette inégalité qui fait que tout risque de dégénérer à un moment ou un autre. C’est ce sentiment d’abandon qui fait prospérer le vote FN à chaque élection mais surtout qui fait croitre l’abstention. Heureusement, personne ne m’a attendue pour faire ce constat, Najat Vallaud Belkacem le répétait mardi également :
"Évidemment, nous n’avons pas attendu les évènements dramatiques des derniers jours pour poser ces constats et y apporter des réponses : l’enjeu de la refondation de l’école est tout entier là, dans ce double défi de rétablir la performance du système éducatif, en assurant la réussite du plus grand nombre et en luttant contre le déterminisme social, et de rendre à l’école sa mission et sa place de vivier de citoyenneté, capable de former des citoyens éclairés, de transmettre et de faire partager les valeurs de la République. L’école est forte quand elle est capable de relever ces défis éducatifs, scolaires et citoyens."

La ministre a rappelé que les réformes commencées dès l’arrivée de François Hollande au pouvoir en 2012 sont là pour redonner foi en l’éducation. Une meilleure formation des enseignants pour ne plus avoir l’impression que les enfants des quartiers défavorisés soient sacrifiés sur l’autel de l’apprentissage des jeunes professeurs, une réforme du financement des établissements pour être plus efficace dans le ciblage de ceux qui en ont réellement besoin, le choix de donner une place véritable à l’enseignement numérique pour ne plus laisser ces jeunes citoyens seuls face à leur PC et les risques d’un internet non maitrisé ou non compris, voila tant de points (et ils ne sont pas exhaustifs) qui donnent confiance en un avenir meilleur. Mais cet espoir est pourtant mince et s’assombrit rapidement. Pour qu’une politique éducative soit efficace, il faut la mener sur le long terme. Cinq années ne sont pas suffisantes pour mener à bien une refondation de l’école. Le double permettrait à peine de voir les résultats sur les premiers bacheliers ayant eu toutes les chances de leurs côtés. 

Comment avoir espoir dans l’avenir de notre école, dans sa refondation, quand on entend ce que l’opposition a fait ou prévoit de faire contre l’éducation. Refuser l’apprentissage de l’égalité des sexes dès le plus jeune âge, c’est donné des arguments aux futurs extrémistes méprisant les femmes. Réduire les moyens humains de l’éducation nationale comme ceux d’une vulgaire administration, c’est agrandir le gouffre qui sépare les milieux les plus favorisés de ceux qui ont le plus besoin d’être accompagnés. Critiquer ouvertement les capacités du corps enseignant, dénigrer systématiquement la charge de travail des personnels de l’éducation national aide à saper toute autorité et tout respect. Quand des jeunes n’ont ni respect, ni confiance dans le système éducatif, il ne faut pas s’étonner qu’ils finissent par se tourner vers le pire.

La santé de l’éducation nationale n’est pas sereine, elle est même balbutiante après tant d’années à recevoir des coups à sa base. Il faudra beaucoup d’efforts, il faudra beaucoup de temps, avant que la confiance ne revienne, à condition que l’on continue de croire dans cette magnifique fabrique à citoyens et que l’on continue de se donner les moyens pour sa guérison. 


A lire :

mardi 6 janvier 2015

Entendu sur Inter: Pénibilité et formation sont des choix de gauche

Cliché emprunté sur le site de l’Élysée
Hier matin, François Hollande était durant deux heures invité à l’une des matinales radios les plus écoutées de France. Il n’était pas là pour sortir de nouvelles annonces. Ça peut décevoir certains analystes politiques ou éditorialistes encore accroc à l’ancien président et son rythme d’une apparition = une loi. Principe sympathique quand il faut meubler des heures d’antennes sur les chaines d’infos mais qui rend vite illisible l’action gouvernementale puisque ce rythme ne permet pas de revenir sur ce qui a été fait, sur ce qui a été voté ou sur ce qui entre en application. C’est pourtant sur ce dernier point que le bas blesse. S’il est facile d’annoncer un projet de loi, si cela prend un peu plus de temps pour en débattre, l’amender, le faire voter, cela peut prendre énormément de temps avant de le rendre applicable. Il suffit de se rappeler des portiques écotaxes, dont la mise en application a été déléguée au gouvernement suivant avec la réussite que l’on connait.

Donc hier, François Hollande était là, énergique, pour défendre l’action gouvernementale. Puisque le PS est à la limite de l’inaudible pour faire la retape des mesures prises par le gouvernement, puisque les ministres font le boulot mais ne peuvent pas être partout à la fois, c’est le Président de la République lui-même qui a retroussé les manches et a fait le boulot. Du coup, quand on lui demande ce qu’il pense de sa première moitié de quinquennat, quand on le titille sur le fait que sa politique serait de droite car 2 députés de l’UMP se sont ouvertement prononcés pour le projet de loi Macron, François s’est défendu, à juste titre, en rappelant deux mesures de gauche en vigueur depuis le début de l’année 2015.

En vigueur depuis le 1er janvier, « le compte pénibilité va permettre à ceux qui travaillent la nuit, aux 3-8, d'avoir des formations supplémentaires ou de partir plus tôt à la retraite ». « Il ne s'agit pas que ce soit inapplicable. Il faut que ce soit simple. Et avec les partenaires sociaux, je m’y engage. » Et il enchaîne, « depuis le 1er janvier s'applique la réforme du compte personnel de formation », « insister sur la formation professionnelle, c'est un choix de gauche. »

Voilà deux exemples qui se faisaient attendre. Une prise en compte correcte de la pénibilité était attendue depuis la réforme des retraites de 2003 (menée par François Fillon). Il aura fallu attendre 10 ans exactement pour lui donner une existence légale et près de 12 ans pour la voir s’appliquer réellement ! A partir de janvier 2015, gagneront des points de pénibilité toutes personnes réalisant :

  • plus de 120 nuits travaillées par an ou plus de 50 nuits en travaillant aux 3-8,
  • plus de 900 heures de travail répétitif
  • ou plus de 600 interventions sous-marines (minimum 1 200 hectopascals pour ceux qui contrairement à moi connaissent)
En 2016, seront également prises en compte la manutention de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques, les agents chimiques, les températures extrêmes et le bruit.
Oui le MEDEF râle sur le sujet, oui les petites entreprises craignent une surcharge de documents administratifs alors qu’en parallèle un choc de simplification administrative est en cours, mais le compte pénibilité est aujourd’hui en route et c’est un véritable progrès de gauche. Surtout que ce compte pénibilité n’a pas pour vocation de partir plutôt à la retraite avec un physique cassé de partout mais plutôt d’empêcher les carrières longues sur ce genre de postes en obligeant qu’un minimum des points de pénibilité reçu soit utilisé dans la formation.

La formation tout au long de la vie, autre mesure et autre combat de gauche historique. L’accès à l’école pour tous est un acquis historique indéniable, mais ce n’est pas une raison pour oublier ceux qui n’ont pas réussi étant jeune ou qui n’ont pas eu la chance ou la réussite de trouver leur voie du premier coup. Comme ce n’est pas une raison de laisser de côté tous ceux dont le domaine d’activité n’est plus aussi porteur qu’avant (voire n’existe plus). D’où l’importance de permettre l’accès à une formation décente et utile tout au long de sa vie. C’est une revendication de gauche, c’est une revendication syndicale (c’est un des combats historique de la CFDT). Depuis le 1er janvier, le compte personnel de formation (CPF) existe. Mieux, depuis hier, lundi 5 janvier, chacun peut se rendre sur http://www.moncompteformation.gouv.fr pour initialiser son propre compte, y renseigner son nombre d’heures de DIF (droit individuel à la formation) potentiellement gagnées et regarder les formations proposées.  Gros avantage du nouveau système par rapport au feu DIF, ce compte formation n’est plus lié à un employeur mais est lié à nous, employé. Tant que l’on travaille, on économise des heures de formations. Si l’on change d’employeur ou si l’on se retrouver au chômage, même pour une très longue durée, on garde le nombre d’heures acquis.
Grande nouveauté pour les chômeurs, plus besoin de l’accord de Pôle Emploi pour réaliser une formation à partir des heures de CPF. Pour le salarié, si celui-ci trouve une formation en dehors de ses heures de travail, il peut lui aussi utiliser ses heures de CPF sans l’accord de son employeur. En résumé, si j’ai envie de suivre des cours du soir pour devenir apiculteur, je n’ai pas à prévenir mon employeur. Du coup ce dernier ne peut n’y m’empêcher de devenir restaurateur, ni me prendre en grippe car au courant que je veux me réorienter.

Hier matin, au réveil, ça m’a mis de bonne humeur d’entendre François Hollande rappeler aux frondeurs du PS, aux soi-disant dépositaires de la vraie gauche, aux écologistes en mal de visibilité et surtout à tous les auditeurs, que son gouvernement fait des choix de gauche en insistant sur ces deux points. Certes tout n’est pas parfait, mais comme le disait François Hollande à propose des critiques de l’opposition : « La droite dit qu'il faudrait aller plus loin mais pourquoi ne l'ont-ils pas fait ? ». Prenons les progrès un par un, ça nous fera toujours plus de progrès engrangés qu’avec les deux gouvernements précédents.