Cliché emprunté sur le site de l’Élysée |
Hier matin, François Hollande était durant deux heures
invité à l’une des matinales radios les plus écoutées de France. Il n’était pas
là pour sortir de nouvelles annonces. Ça peut décevoir certains analystes
politiques ou éditorialistes encore accroc à l’ancien président et son rythme d’une
apparition = une loi. Principe sympathique quand il faut meubler des heures d’antennes
sur les chaines d’infos mais qui rend vite illisible l’action gouvernementale
puisque ce rythme ne permet pas de revenir sur ce qui a été fait, sur ce qui a
été voté ou sur ce qui entre en application. C’est pourtant sur ce dernier
point que le bas blesse. S’il est facile d’annoncer un projet de loi, si cela prend
un peu plus de temps pour en débattre, l’amender, le faire voter, cela peut
prendre énormément de temps avant de le rendre applicable. Il suffit de se
rappeler des portiques écotaxes, dont la mise en application a été déléguée au
gouvernement suivant avec la réussite que l’on connait.
Donc hier, François Hollande était là, énergique, pour
défendre l’action gouvernementale. Puisque le PS est à la limite de l’inaudible
pour faire la retape des mesures prises par le gouvernement, puisque les
ministres font le boulot mais ne peuvent pas être partout à la fois, c’est le
Président de la République lui-même qui a retroussé les manches et a fait le
boulot. Du coup, quand on lui demande ce qu’il pense de sa première moitié de
quinquennat, quand on le titille sur le fait que sa politique serait de droite
car 2 députés de l’UMP se sont ouvertement prononcés pour le projet de loi
Macron, François s’est défendu, à juste titre, en rappelant deux mesures de
gauche en vigueur depuis le début de l’année 2015.
En vigueur depuis le
1er janvier, « le compte pénibilité va permettre
à ceux qui travaillent la nuit, aux 3-8, d'avoir des formations supplémentaires
ou de partir plus tôt à la retraite ». « Il ne s'agit pas que ce soit
inapplicable. Il faut que ce soit simple. Et avec les partenaires sociaux, je m’y
engage. » Et il enchaîne, « depuis
le 1er janvier s'applique la réforme du compte personnel de
formation », « insister sur la formation professionnelle, c'est un choix de gauche. »
Voilà deux exemples qui se faisaient attendre. Une prise en
compte correcte de la pénibilité était attendue depuis la réforme des retraites
de 2003 (menée par François Fillon). Il aura fallu attendre 10 ans exactement
pour lui donner une existence légale et près de 12 ans pour la voir s’appliquer
réellement ! A partir de janvier 2015, gagneront des points de pénibilité
toutes personnes réalisant :
- plus de 120 nuits travaillées par an ou plus de 50 nuits en travaillant aux 3-8,
- plus de 900 heures de travail répétitif
- ou plus de 600 interventions sous-marines (minimum 1 200 hectopascals pour ceux qui contrairement à moi connaissent)
En 2016, seront également prises en compte la manutention de
charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques, les agents
chimiques, les températures extrêmes et le bruit.
Oui le MEDEF râle sur le sujet, oui les petites entreprises
craignent une surcharge de documents administratifs alors qu’en parallèle un
choc de simplification administrative est en cours, mais le compte pénibilité
est aujourd’hui en route et c’est un véritable progrès de gauche. Surtout que
ce compte pénibilité n’a pas pour vocation de partir plutôt à la retraite avec
un physique cassé de partout mais plutôt d’empêcher les carrières longues sur
ce genre de postes en obligeant qu’un minimum des points de pénibilité reçu
soit utilisé dans la formation.
La formation tout au long de la vie, autre mesure et autre
combat de gauche historique. L’accès à l’école pour tous est un acquis
historique indéniable, mais ce n’est pas une raison pour oublier ceux qui n’ont
pas réussi étant jeune ou qui n’ont pas eu la chance ou la réussite de trouver
leur voie du premier coup. Comme ce n’est pas une raison de laisser de côté
tous ceux dont le domaine d’activité n’est plus aussi porteur qu’avant (voire n’existe
plus). D’où l’importance de permettre l’accès à une formation décente et utile
tout au long de sa vie. C’est une revendication de gauche, c’est une
revendication syndicale (c’est un des combats historique de la CFDT). Depuis le
1er janvier, le compte personnel de formation (CPF) existe. Mieux,
depuis hier, lundi 5 janvier, chacun peut se rendre sur http://www.moncompteformation.gouv.fr
pour initialiser son propre compte, y renseigner son nombre d’heures de DIF
(droit individuel à la formation) potentiellement gagnées et regarder les
formations proposées. Gros avantage du
nouveau système par rapport au feu DIF, ce compte formation n’est plus lié à un
employeur mais est lié à nous, employé. Tant que l’on travaille, on économise
des heures de formations. Si l’on change d’employeur ou si l’on se retrouver au
chômage, même pour une très longue durée, on garde le nombre d’heures acquis.
Grande nouveauté pour les chômeurs, plus besoin de l’accord
de Pôle Emploi pour réaliser une formation à partir des heures de CPF. Pour le
salarié, si celui-ci trouve une formation en dehors de ses heures de travail,
il peut lui aussi utiliser ses heures de CPF sans l’accord de son employeur. En
résumé, si j’ai envie de suivre des cours du soir pour devenir apiculteur, je n’ai
pas à prévenir mon employeur. Du coup ce dernier ne peut n’y m’empêcher de
devenir restaurateur, ni me prendre en grippe car au courant que je veux me
réorienter.
Hier matin, au réveil, ça m’a mis de bonne humeur d’entendre
François Hollande rappeler aux frondeurs du PS, aux soi-disant dépositaires de
la vraie gauche, aux écologistes en mal de visibilité et surtout à tous les
auditeurs, que son gouvernement fait des choix de gauche en insistant sur ces
deux points. Certes tout n’est pas parfait, mais comme le disait François
Hollande à propose des critiques de l’opposition : « La droite dit qu'il faudrait aller plus loin
mais pourquoi ne l'ont-ils pas fait ? ». Prenons les progrès un par
un, ça nous fera toujours plus de progrès engrangés qu’avec les deux
gouvernements précédents.
merci beaucoup
RépondreSupprimerça nous change du hollande bashing