En tant que militant socialiste, donc militant du PSE et
membre de l’Internationale Socialiste, je ne peux qu’être déçu de l’incroyable
défaite du PASOK. En tant que militant de gauche, je suis heureux que Syriza
finisse largement en tête et je leur souhaite beaucoup de courage et de
réussite dans leur entreprise. Au-delà de toutes ces considérations
personnelles, je ne peux que déplorer un carnage électoral largement attendu.
Un carnage pour la
coalition d’unité nationale regroupant conservateurs (Nouvelle Démocratie) et
socialistes (PASOK). Le principal parti de droite, formation dont été issu le
précédent 1er ministre, perd 53 sièges. Leurs alliés socialistes
réalisent leur plus mauvais score depuis le retour de la démocratie en Grèce
avec un petit 4,68% des voix (et uniquement 13 petits sièges au parlement).
Carnage électoral grec où le parti néo-nazi Aube Dorée
conserve son statut de 3ème force politique du pays avec un score
stable (ils ne perdent qu’un seul siège de député). Résultat assez incroyable
quand on sait que le leader du parti est actuellement en prison, accusé d’avoir
commandité l’assassinat d’un militant antifasciste grec.
Carnage électoral idéologique où le parti arrivé en tête,
Syriza, considéré comme étant de Gauche Radicale, proche idéologiquement du
Front de Gauche français, décide de faire alliance avec le parti des Grecs
indépendants, arrivé en 6ème position, et qui n’est rien d’autre que
l’aile droite dure et souverainiste qui a fait scission avec les conservateurs
de Nouvelle Démocratie. Pour faire le rapprochement en France, c’est un peu comme
si Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan formaient ensemble un
gouvernement.
Il faut dire que le programme de Syriza (du moins celui
accessible en langue anglaise) ne se base que sur la lutte contre l’austérité.
Dans ce programme, Syriza ne parle pas éducation, pas de culture, pas de
jeunesse. On n’y trouve aucune proposition sur l’armée, sur la politique
étrangère. Du coup, rien ne les retient de signer un accord avec les Grecs
Indépendants qui sont, semble-t-il, sur la même ligne économique. Sauf qu’eux
sont aussi ouvertement nationalistes, ont des opinions des plus réactionnaires
sur la société et les mœurs et ne portent pas dans leur cœur les immigrants.
Syriza a-t-il fait volontairement l’impasse sur toutes
questions de société afin de ratisser large, sans avoir peur de perdre du
terrain sur Aube Dorée ou sur les Grecs Indépendants ? Ces derniers
siègent au Parlement Européen (enfin leur seul député) dans le même groupe que
Bart de Wever du N-Va, parti nationaliste flamand.
En votant majoritairement pour Syriza, en désavouant encore
plus majoritairement le PASOK, les Grecs ont montré un ras-le-bol de leurs
élites politiques. Au final, les grecs se retrouvent avec un gouvernement des
extrêmes où gauche extrême et droite dure se retrouvent main dans la main pour
promettre des jours meilleurs à une population désabusée. Le progressisme social, l’humanisme intrinsèque
aux formations de gauche peut-il se dissoudre dans une politique uniquement
tournée contre l’austérité européenne ? Les aides sociales imaginées par Syriza
seront-elles les mêmes que celles voulues par les Grecs Indépendants ? Les
électeurs grecs ne vont-ils pas prendre comme une trahison le résultat de leur
vote ? Beaucoup de questions en ce début de législature.
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