mardi 16 juillet 2013

Nicolas Dupont-Aignan et son nouveau cheval de bataille

Certains députés ont des combats nobles, d'autres plus farfelus. Le 26 juin dernier, le député-maire d'Yerres, Nicolas Dupont-Aignan, a déposé une proposition de loi d'une extrême importance puisqu'elle vise à modifier le statut juridique du cheval. En réalité, cette idée n'est pas neuve et déjà en 2010 des députés français avaient déposé un texte allant dans ce sens.

Que demande cette loi ? Aujourd'hui, le cheval est considéré comme un animal de rente et non comme un animal de compagnie. Cette distinction a des impacts aussi bien sur la fiscalité que sur la possible fin de vie du cheval. En tant qu'animal de rente, le cheval est actuellement soumis à la TVA agricole. Cela signifie que si un professionnel décide d'acheter un cheval, le taux de TVA à appliquer sera au taux de 5,5%. Mieux, si un particulier décide d'acquérir le même cheval, il ne devra payer une part de TVA ne s'élevant qu'à 2,1%. En devenant un animal de compagnie comme tout chat, chien ou poisson rouge, le taux de TVA lors d'échanges commerciaux passera à 19,6%. Alors Nicolas Dupont-Aignan aurait-il pour nouveau cheval de bataille d'aider le gouvernement socialiste à renflouer les caisses de l'Etat ?

A lire la proposition de loi de NDA, difficile de croire à l'excuse du taux de TVA puisqu'il n'y en a aucune mention... En revanche il semblerait que le combat se tourne plus vers l'interdiction de mener les chevaux à l'abattoir et par conséquent l'impossibilité de retrouver la viande équine sur les étals des boucheries. 

Si je peux comprendre que certaines personnes refusent de manger du cheval, comme d'autres refusent de manger du lapin ou toute forme de viande, ce n'est pas une raison d'en priver toute la population. Surtout qu'avec cette proposition de loi, Nicolas Dupont-Aignan attaque frontalement un secteur économique dont la santé est précaire.

La filière équine emploie 45 000 personnes en France et a peur pour son avenir. Il ne reste que 800 boucheries chevalines en France mais de nombreuses risquent la fermeture définitive faute de repreneur (et vu l'âge de nombreux bouchers, ce problème est d'actualité). Nicolas Dupont-Aignan souhaite-il donc la fin d'un secteur économique pour les beaux yeux d'un cheval ?

Pire encore, en voulant empêcher l'abattage des chevaux et la commercialisation de leur viande, il met aussi en péril l'avenir de certaines races et l'équilibre économique de certains éleveurs. En effet, maintenir en vie un vieux cheval de course coûte cher, environ 500€ par mois pendant toute la durée de sa retraite et près de 1500€ pour la fin de vie (piqûre et incinération). Dans ces conditions, autant arrêter les frais et même gagner un peu d'argent en vendant le cheval à un abattoir.
Certaines races ont également remis aux mains de la filière agro-alimentaire leur avenir. En 2010, un éleveur de poulains du Nord expliquait qu'il était obligé de vendre 60% de ses poulains tous les ans pour garantir la bonne santé de son élevage. En n'entravant pas la vente de cheval et même mieux en n'encourageant la vente de viande de poulains, tout le monde serait gagnant, le consommateur qui pourrait consommer français tout en diversifiant son alimentation (et aussi économiser quelques euros), les bouchers qui verraient leur métier valorisé et ainsi augmenter leur chance de trouver des repreneurs et enfin les éleveurs qui auraient des sources de revenus plus sures pour développer leurs activités.

Nicolas Dupont-Aignan, au lieu d'essayer de séduire les membres de la Fondation Brigitte Bardot, vous devriez sortir de votre ville et essayer de comprendre comment fonctionne le monde qui vous entoure. Le moindre morceau de steak de cheval proposé dans une boucherie implique de nombreuses entreprises françaises. Ce sont ces entreprises qui ont besoin de votre soutien, pas les fans de l'ex icône des années 70.

Pour finir, et comme le dit le grand dresseur de chevaux Bartabas : « Si vous aimez le cheval mangez en ! »

samedi 13 juillet 2013

L'étrange traitement de l'accident de Brétigny

L'actualité du week-end est étrange. Tout a commencé vendredi après-midi en gare de Brétigny. Un train déraille lors de son passage en gare. Ce cas rarissime en France a fait 6 morts, une dizaine de blessés graves et une vingtaine de blessés légers. 

L'actualité est étrange. En lisant les blogs aujourd'hui j'apprends que des actes scandaleux ont été réalisés par des jeunes de banlieues, ces "sauvageons", ces "racailles" qui ne respectent rien. Surpris par cette info, je me dirige rapidement par les sites d'infos pour avoir plus d'informations, pour avoir des témoignages sur ce qu'il s'est passé hier en gare de Brétigny.

Surprise, je ne trouve rien d'autre que des démentis sauf sur le site d'Europe1 qui même après une mise à jour en début d'après midi persiste à évoquer des vols sur le lieu du drame et des scènes de caillassage. Tous les autres sites d'informations évoquent l'arrestation d'une unique personne pour tentative de vol de téléphone portable et d'un camion de pompiers probablement visé mais non touché par des jets de pierres. Je cherchais des témoignages, la Croix-Rouge et les policiers présents sur place démentent tout acte de violence ou de vol sur les victimes de cet accident.

Au lieu d'un faits divers qui s'annonçait sordide avec des personnes commettant des actes inexcusables sur des personnes souffrantes et sans défense, on arrive à ce qu'il semble être un cas de manipulation de l'actualité. Chose étrange, toute la droite, des cadres de l'UMP à leurs blogueurs les plus réfléchis, a sauté sur ce fait divers. Que les grandes gueules de l'UMP l'ouvrent sans réfléchir dès la moindre suspicion pour accuser ces jeunes de banlieue, origine de tous les maux, je ne suis pas trop étonné. Ce fut leur boulot durant les 10 dernières années au pouvoir, sans jamais mettre en place ni proposer de solutions, et ils savent comme les habitudes sont difficiles à perdre. Je suis plus étonné du comportement de certains voisins de blogs qui, même sous l'ère sarkozyste, faisaient preuve d'un peu plus de discernement et de retenue avant de sauter sur une rumeur. Qu'il y ait eu un ou deux faits condamnables, c'est toujours possible et il semble qu'ils seront condamnés, mais y avait-il matière à généraliser et à accuser sans distinction ?

Est-ce un simple concours de circonstance avec une certaine difficulté à trouver un sujet de billet ? Est-ce une commande des réseaux de l'opposition pour essayer de relancer un nouveau procès en laxisme contre le gouvernement ? Ou est-ce une manœuvre pas très subtile pour détourner les regards de l'UMP où le retour en politique de Nicolas Sarkozy contrarie certains ambitieux qui commencent à en avoir marre d'avaler des couleuvres depuis 5 ans ?

mercredi 10 juillet 2013

La nouvelle bombe atomique de Boutin

L'annonce de la soirée devrait faire l'effet d'une bombe atomique, un des principaux partis politique français perd son leader emblématique. L'information est tombée juste à temps pour les 20h et pour les bouclages des quotidiens, d'ailleurs je suis persuadé que l'on ne parlera que de ça demain aux machines à café de toutes les entreprises et tous les Pôle Emploi de France et de Navarre. Aussi estomaqué que vous, chers lecteurs, je ne me remets pas de cette nouvelle. Christine Boutin a décidé de quitter la direction du Parti Chrétien Démocrate !!!

Contrairement à ce que je croyais, ce n'est pas après sa dernière sortie sur Twitter qu'elle quitte ses fonctions. Cette après-midi, elle avait pourtant osé comparé les militants de la manif pour tous aux parlementaires qui ont refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Il semblerait que ce jeudi Christine Boutin annonce sa volonté de se lancer dans un combat à la hauteur de sa réputation. Elle devrait donc laisser la politique française pour lancer un mouvement européen, rien de moins, avec une autre figure médiatique européenne, la mondialement connue Béatrice Bourges du Printemps Français ! Leur volonté ? "Partir sur un projet européen assez vaste autour de la défense de la famille et des valeurs morales". 

Tremble Union Européenne ! Pour les prochaines élections de ton parlement, un mouvement de grande ampleur se présentera pour défendre cette famille européenne en danger. Je ne doute pas que Christine Boutin et ses comparses trouvent des soutiens en Irlande ou en Pologne, pays où l'avortement, ce geste "eugéniste et inhumain" d'après Mme Boutin, est toujours illégal. Notre seul espoir devrait venir de l'UMP. Il n'y a pas de doute que l'UMP fera, comme en 2012, pression pour que Christine Boutin ne se présente pas, malgré les risques de bombe atomique.

mardi 9 juillet 2013

Cumul des mandats, qui fait le jeu du FN ?

Tableau de vote contre le cumul des mandats
A chaque nouveau scandale politique, à chaque refus de levée d'immunité parlementaire et à chaque levée d'immunité parlementaire, on entend les mêmes sons de cloche, "tout ça fait le jeu du FN". Presque toutes les nouvelles affaires montrent que la faune politique a besoin de renouvellement, principalement pour faire partir toutes les séquelles de ceux qui ont joué dans les eaux troubles des années 80 (Cahuzac, Dassault, Pasqua pour les plus récents). Si un comportement irréprochable est attendu de nos élus pour enlever des cartouches au FN, mais surtout pour garantir la confiance des Français dans la politique (toutes ces affaires font plus monter les taux d'abstention que les voix de l'extrême droite), des actes politiques forts de sens sont d'autant plus attendus.

Aujourd'hui à l'Assemblée Nationale, nous avons eu un bel exemple de conservatisme, de refus de moderniser la vie politique française. Deux propositions de lois ont été votées à l'Assemblée Nationale cette après-midi sur le non cumul des mandats. Contre le cumul d'un mandat exécutif local avec un mandat de député ou sénateur et contre le cumul d'un mandat exécutif local avec un mandat de député européen, les députés ont donné une majorité absolue à ces 2 propositions. Même si le calendrier est discutable, même si les projets de loi peuvent être améliorés (avec la prise en compte d'un nombre maximum de mandats identiques dans le temps), l'acte est fort. La Gauche dans sa majorité est allée de l'avant pour favoriser le renouvellement de notre classe politique. 269 députés PS et MRC (sur 292), 17 écologistes (sur 17), 4 radicaux de gauche (sur 16) et 7 communistes (sur 15) ont voté pour l'interdiction de cumuler un mandat local avec un mandat de députés. 

Si l'analyse des votes à gauche montre une large majorité contre le cumul et par conséquent une légère déception que cette promesse de François Hollande ne réussisse pas à réunir l'intégralité des députés de gauche (proposition refusée par la moitié des députés communistes, monsieur le député-maire Carvalho, déjà opposant au mariage pour tous, si vous me lisez, bien heureux de ne plus avoir à voter pour vous), je ne peux m'empêcher d'avoir un haut le coeur en regardant comment se sont comportés les députés de l'autre moitié de l'hémicycle. 189 députés UMP (sur 199) et 20 députés UDI (sur 31) ont voté en coeur pour le maintien du cumul des mandats, pas un seul député de cette droite républicaine n'a voté contre le cumul des mandats. Laurent Wauquiez préfère donc se battre contre le cumul des minimas sociaux plutôt que contre le cumul des mandats, chacun sa vision de la politique...

Pire, à droite seuls 2 députés ont voté contre le cumul des mandats, il s'agit de Gilbert Collard et Marion Maréchal... L'arrivée de députés FN à l'Assemblée Nationale doit permettre de dénoncer leurs agissements, tout comme un des meilleurs arguments contre le vote FN aux élections européennes est de montrer la très faible présence de Marine Le Pen malgré les larges émoluments qu'elle reçoit. Aujourd'hui pourtant, c'est l'UMP et l'UDI qui donnent les meilleurs arguments pour le FN. Même si je suis contre leurs idées, les 2 députés FN ont pu montrer grâce à l'UMP et à l'UDI qu'il n'y avait qu'une seule force à droite qui veuille le changement et qui pratique la politique selon leurs convictions et non selon un clivage gauche/droite. 

Que ce soit par les affaires ou par les votes, c'est le comportement des élus qui fait le jeu du FN. Aujourd'hui les soldats de Jean-François Copé ont montré qu'il n'était pas la peine d'avoir les mains sales pour faire le jeu du FN, merci à eux.

jeudi 4 juillet 2013

Ivre, il se trompe dans ses comptes et démissionne

Toulon, la réunion irrégulière de trop
(photo piquée chez RomainB)
Le Conseil Constitutionnel a tranché. La Commission Nationale des comptes de campagne était dans son bon droit quand elle a rejeté les comptes de campagne du candidat Sarkozy. 

Le Conseil Constitutionnel a donc annoncé que:
  • Pour des "réunions électorales tenues par M. Guaino" et pour "le tirage exceptionnel d'un numéro spécial du « magazine de l'Union » destiné aux adhérents de l'Union pour un mouvement populaire (UMP)", auraient du être ajoutées aux compte de campagne les montants de 17 752 euros et de 71 957 euros.
  •  Le coût de la grande journée de Villepinte n'est pas partagé à 50-50 entre le meeting du candidat et la réunion du Conseil National de l'UMP mais aurait du être balancé à 80% pour le meeting. Du coup, il faut ajouté dans les comptes de campagnes la modique somme de 1 063 865 euros.
  • Pour le site de campagne du candidat Sarkozy, il faut également ajouter 175 453 euros dans les comptes de campagne.
  • Concernant les nombreuses cérémonies de voeux, le Conseil Constitutionnel refuse de croire que la cérémonie de Toulon n'était pas un meeting de campagne. Il manque donc la déclaration de 155 715 euros de dépenses supplémentaires.
Au final, les comptes de campagne du candidat sortant auraient du être majorés 1 669 930 euros, soit un dépassement de 7% du plafond autorisé. De plus le meeting de Toulon est considéré comme étant "financé irrégulièrement, en méconnaissance des dispositions de l'article L. 52-8 du code électoral". Enfin le Conseil Constitutionnelle calcule que les "dépenses électorales de M. SARKOZY excède de 466 118 euros, soit 2,1 %, le plafond autorisé.

Première conséquence de toute cette histoire, le candidat Nicolas Sarkozy doit rembourser 363 615 euros au Trésor Public.

Deuxième conséquence, l'ancien Président de la République Nicolas Sarkozy a décidé d'assumer pleinement la responsabilité de cet échec et d'en tirer les conséquences en démissionnant du Conseil Constitutionnel !

Médias, où sont les femmes ?

En 2011, si vous avez écouté des programmes d'information ou d'actualité à la radio, alors vous aviez 8 chances sur 10 de tomber sur l'intervention d'un expert de sexe masculin. Dans le petit écran, c'est pire, la proportion de femmes qui s'expriment en tant qu'experte est réduite à 18 % des invités. Pour finir le panorama des médias, dans la presse hebdomadaire dite mixte, seules 15 % des experts sont des femmes !

Il faut excuser les différents médias tant il semble être difficile de trouver des expertes, il suffit de regarder les proportions de femmes dans les plus hautes sphères du pays. Par exemple dans la culture, si 41 % des centres chorégraphiques ont des femmes parmi leur direction, seuls 14 % d'établissements d'enseignement et 8 % des théâtres sont dirigés par des femmes ! Dans le monde du travail, seulement 17,6 % des entreprises sont dirigées par des femmes. Mais le summum arrive quand on regarde le fonctionnement des conseils d'administration. Au sein des exécutifs des conseils d'administration, on ne trouve que 3,3 % de femmes (et donc la modique proportion de 96,7 % d'hommes). 
Enfin, pour parler politique aussi, trouver des expertes n'est pas chose aisée, par exemple l'Assemblée Nationale ne compte que 26,9 % de femmes députés. Si quelqu'un veut interviewer une maire, il ne pourra interroger que 13,6 % des dirigeants de commune. Même les télévisions locales vont avoir du mal pour avoir comme experte les présidentes de conseil généraux puisque seuls 5 départements sont présidés par une femme.

Dans le sport, 87% des femmes pratiquent régulièrement un sport (presque autant que les hommes), et elles sont 37% à être licenciée dans une fédération sportive. Pourtant elles ne sont que très rarement diffusées à la télévision.

A la limite, si une émission veut laisser un large temps de parole aux femmes sans trop devoir une invité parmi les hommes comme une aiguille dans une botte de foin, il lui reste à parler violence. 12,9 % des femmes adultes ont été victimes d'attouchements au moins une fois dans leur vie contre 4,1 % des hommes. Plus le sujet de l'émission est grave, plus il sera facile de trouver des interlocutrices puisque si l'on évoque les tentatives de viols, 9 % des femmes ont été victime une fois, soit exactement le triple des hommes. Sur les viols, c'est le summum puisque 6,8 % des femmes ont subi un rapport forcé contre seulement 1,5 % des hommes. Elles ne pourront pas témoigner car décédées pourtant la proportion est intéressante également puisque 5 femmes meurent victimes de leur conjoint pour un seul homme.
Pourtant toutes ces émissions confirmeraient une autre différence entre femmes et hommes à la télévision. Quand un femme intervient à la télévision, dans 80 % des cas c'est pour un témoignage alors qu'un homme intervient dans 80 % des cas pour exprimer son savoir.

Pour lutter contre ces chiffres, et bien d'autres encore, ce mercredi, Najat Vallaud-Belkacem a présenté son projet de loi pour réduire les inégalités entre les femmes et les hommes. Son projet de loi veut assurer une égalité dans l'entreprise et au sein des ménages, veut construire une garantie contre les impayés de pensions alimentaires, veut protéger les femmes contre toutes les formes de violences et veut généraliser la parité. C'est un vaste programme, ambitieux, je n'ai pas encore regardé en détail le contenu de ce projet de loi et j'avoue avoir du mal à imaginer comment une loi pourra changer les mentalités. Pourtant, il n'y a surement qu'ainsi que nous réussirons à avancer puisqu'entre plafond de verre en entreprise, sectarisme dans les médias et misogynie dans le sport, les bonnes volontés ne semblent pas être en majorité. 

Tous les chiffres avancés ici et de nombreux autres sont dans le rapport "Les chiffres-clés de l'égalité entre les femmes et les hommes 2012" en ligne sur le site du ministère des droits des femmes.