jeudi 4 juillet 2013

Médias, où sont les femmes ?

En 2011, si vous avez écouté des programmes d'information ou d'actualité à la radio, alors vous aviez 8 chances sur 10 de tomber sur l'intervention d'un expert de sexe masculin. Dans le petit écran, c'est pire, la proportion de femmes qui s'expriment en tant qu'experte est réduite à 18 % des invités. Pour finir le panorama des médias, dans la presse hebdomadaire dite mixte, seules 15 % des experts sont des femmes !

Il faut excuser les différents médias tant il semble être difficile de trouver des expertes, il suffit de regarder les proportions de femmes dans les plus hautes sphères du pays. Par exemple dans la culture, si 41 % des centres chorégraphiques ont des femmes parmi leur direction, seuls 14 % d'établissements d'enseignement et 8 % des théâtres sont dirigés par des femmes ! Dans le monde du travail, seulement 17,6 % des entreprises sont dirigées par des femmes. Mais le summum arrive quand on regarde le fonctionnement des conseils d'administration. Au sein des exécutifs des conseils d'administration, on ne trouve que 3,3 % de femmes (et donc la modique proportion de 96,7 % d'hommes). 
Enfin, pour parler politique aussi, trouver des expertes n'est pas chose aisée, par exemple l'Assemblée Nationale ne compte que 26,9 % de femmes députés. Si quelqu'un veut interviewer une maire, il ne pourra interroger que 13,6 % des dirigeants de commune. Même les télévisions locales vont avoir du mal pour avoir comme experte les présidentes de conseil généraux puisque seuls 5 départements sont présidés par une femme.

Dans le sport, 87% des femmes pratiquent régulièrement un sport (presque autant que les hommes), et elles sont 37% à être licenciée dans une fédération sportive. Pourtant elles ne sont que très rarement diffusées à la télévision.

A la limite, si une émission veut laisser un large temps de parole aux femmes sans trop devoir une invité parmi les hommes comme une aiguille dans une botte de foin, il lui reste à parler violence. 12,9 % des femmes adultes ont été victimes d'attouchements au moins une fois dans leur vie contre 4,1 % des hommes. Plus le sujet de l'émission est grave, plus il sera facile de trouver des interlocutrices puisque si l'on évoque les tentatives de viols, 9 % des femmes ont été victime une fois, soit exactement le triple des hommes. Sur les viols, c'est le summum puisque 6,8 % des femmes ont subi un rapport forcé contre seulement 1,5 % des hommes. Elles ne pourront pas témoigner car décédées pourtant la proportion est intéressante également puisque 5 femmes meurent victimes de leur conjoint pour un seul homme.
Pourtant toutes ces émissions confirmeraient une autre différence entre femmes et hommes à la télévision. Quand un femme intervient à la télévision, dans 80 % des cas c'est pour un témoignage alors qu'un homme intervient dans 80 % des cas pour exprimer son savoir.

Pour lutter contre ces chiffres, et bien d'autres encore, ce mercredi, Najat Vallaud-Belkacem a présenté son projet de loi pour réduire les inégalités entre les femmes et les hommes. Son projet de loi veut assurer une égalité dans l'entreprise et au sein des ménages, veut construire une garantie contre les impayés de pensions alimentaires, veut protéger les femmes contre toutes les formes de violences et veut généraliser la parité. C'est un vaste programme, ambitieux, je n'ai pas encore regardé en détail le contenu de ce projet de loi et j'avoue avoir du mal à imaginer comment une loi pourra changer les mentalités. Pourtant, il n'y a surement qu'ainsi que nous réussirons à avancer puisqu'entre plafond de verre en entreprise, sectarisme dans les médias et misogynie dans le sport, les bonnes volontés ne semblent pas être en majorité. 

Tous les chiffres avancés ici et de nombreux autres sont dans le rapport "Les chiffres-clés de l'égalité entre les femmes et les hommes 2012" en ligne sur le site du ministère des droits des femmes.

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