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mardi 18 novembre 2014

Triangle dans la ville ?

Ce mardi soir, dans la mairie du 4ème arrondissement se tiendra une réunion publique sur l'avenir de la Place de la Bastille. Pour des raisons professionnelles, je ne pourrais pas me rendre à cette réunion sur un sujet qui m'intéresse personnellement, mais vu l'ampleur du sujet, je suis sur que plusieurs billets viendront pour discuter du projet. Au delà de l'avenir de la Place de la Bastille, un grand projet urbain d'Anne Hidalgo vient de prendre un sérieux coup dans l'aile, la Tour Triangle.

La Tour Triangle, c'est un projet de construction d'une grande tour, osons même le nom de gratte-ciel au sud de Paris, prévu au niveau du Parc des Expositions. L'idée du projet est une tour de 180 mètres de haut (50 étages) mélangeant équipements publics, bureaux et logements "entassés" verticalement. Pour une fois, soyons francs, j'ai du mal à me faire une opinion sur le sujet. Voici donc mes arguments pour et contre le projet et laissons aux commentaires (fraichement ouverts à tous) l'espace du débat.

Le principe d'Immeubles de Grande Hauteur existe déjà aux alentours de Paris, principalement dans le quartier d'affaires de La Défense. Amoureux depuis mon plus jeune âge de la "skyline" de Manhattan, je ne cesse d'admirer la Défense, magnifique ilôt futuriste quand on l'observe depuis Paris intra-muros et centre constitué de magnifiques constructions défiant l'échelle humaine pour cotoyer les cieux souvent bas de l'Ile-De-France. A contrario, la Tour Montparnasse n'est surement pas mon immeuble préféré au sein de la ville de Paris, idem pour la tour de l'université de Jussieu. 

A voir vieillir certaines constructions parisiennes ou franciliennes, le scepticisme est de rigueur sur tout nouveau projet urbain. Pourtant, la majorité des gens entendus durant la campagne des municipales ne voulaient pas que Paris deviennent une ville musée. Cela pourrait donc impliquer l'accord de principe pour l'innovation architecturale au coeur de Paris. Car le problème semble se poser dans ces termes : êtes-vous pour ou contre la construction de tours au coeur de Paris. La banlieue, même proche, a déjà ses hauts immeubles, plus ou moins (souvent moins) réussis. Je vois quotidiennement les tours "nuages" de Le Corbusier à Nanterre, j'espère que leur construction avait l'aval des progressistes de l'époque car aujourd'hui elles ont, avouons-le, mal vieilli. Pas de problème pour la ville de Paris, si on fait un rapide sondage, la majorité ne pensera qu'à la Tour Montparnasse comme tour au delà des 100 mètres de hauteur. C'est oublié un peu rapidement l'hôtel Hyatt au dessus du Palais des Congrès de la Porte Maillot, la Tour Prélude (123 mètres de haut dans le 19ème), la tour Super-Italie (112 mètres de haut dans le 13ème), ainsi que toutes les tours du quartier des Olympiades (14 tours de 103 ou 104 mètres de haut dans le 13ème arrondissement).

Pourtant l'idée d'une nouvelle tour est séduisante pour la ville de Paris. Paris est en manque de logements. De nombreux salariés travaillant à Paris sont obligés de prendre leur voiture ou combiner véhicule individuel et transport en commun pour accéder à leur lieu de travail. En développant la verticalité au sein de Paris, on évite l'étalage horizontal qui force les "villes nouvelles" à manger du terrain aux dépens de l'espace naturel ou cultivable. En évitant cet étalement, on offre une nouvelle possibilité à des salariés de se rapprocher de leur emploi et ainsi économiser annuellement des kilogrammes de CO2 et surtout du temps de transports. De plus la Mairie de Paris sous la direction d'Anne Hidalgo cherche à verdir la production et la consommation d'énergie au sein de Paris en utilisant la puissance informatique pour chauffer des immeubles ou pour inciter à l'utilisation d'autres moyens innovants de production d'énergie.

Reste l'aspect humain, et ce n'est pas le moindre. De nombreuses familles choisissent volontairement la vie en lointaine banlieue pour un meilleur cadre de vie au détriment de nombreuses heures de transports quotidiennes. Ces familles ne souhaiteront pas investir des logements à 120 mètres de hauts, même si la fenêtre de leur salon leur offre une magnifique vue sur le sud ouest de Paris. 

Pour autant, peut-on légitimement demander que seuls les départements d'Ile de France (à l'exception de Paris) prennent en charge l'évolution démographique de la Région ? Peut-on vouloir à haute voix que les départements de la petite couronne aient le monopole des immeubles de grande hauteur, permettant ainsi aux Parisiens de jouir d'une "skyline" hausmanienne quand la banlieue aurait le droit à une "skyline" édentée ? La question de fond, dans cette période de construction du Grand Paris, est aussi de savoir si l'on veut un Grand Paris à l'image de Londres, où les habitations sont exclues du centre ville ? Pourtant à Londres le centre est doté de gratte-ciels récents, construits non pas sur le modèle de la Tour Triangle mais sur le modèle des dernières tours de la Défense, c'est à dire exclusivement réservées à un usage professionnel.

Ainsi exposé, j'aurais tendance à vouloir de cette Tour Triangle au sein de Paris, pour qu'ainsi la ville-département arrête de se défausser intégralement sur ses voisines de la petite couronne. Pour qu'ainsi on permette un peu de répit aux terres agricoles d'Ile de France. Mais sans avis ferme et définitif pour le moment, je suis vraiment curieux de vous lire. D'ailleurs, comment cela se passe-t-il à Lille, Lyon, Marseille, Bordeaux et autres grandes villes françaises ?

lundi 14 avril 2014

APL, AME : qui veut économiser sur la solidarité ?

En ces temps de rigueur, il est bon de rappeler un principe essentiel, légèrement couteux certes mais essentiel, la solidarité et l’entraide. François Hollande a décidé de trouver 50 milliards d’économie. La Cour des Comptes, jamais la dernière en termes d’idées d’économie, a justement un axe d’économie qu’elle met en avant depuis 2007, la suppression (ou la restriction) des APL (Aides Personnalisées au Logement). La Cour des Comptes a déjà tenté des approches avec Christine Boutin en 2008 et avec François Baroin en juillet 2010. Ceci n’est qu’une piste évoquée par la Cour des Comptes et non pas un projet de loi du gouvernement.

Cette piste aura au moins le mérite de reconcentrer tout le monde sur des questions politiques et non plus uniquement sur la nomination d’un tel ou d’une telle au ministère ou à un secrétariat d’état. Les syndicats étudiants ont tout de suite, et à juste titre, annoncé leur opposition à cette potentielle réforme. Christian Estrosi, oubliant un peu vite les propositions de ses camarades Boutin et Baroin, est lui aussi monté au créneau. Pour lui, il est hors de question de toucher aux APL, qui reviennent principalement aux locataires français. En revanche, quitte à faire des économies, autant il ressort son cheval de bataille préférer, la lutte contre l’AME et ces « profiteurs d’étrangers ». Oh la belle grosse ficelle xénophobe ! L’Etat voudrait empêcher sa jeunesse d’étudier pour pouvoir dilapider plus d’argent au près des sans-papiers. Belle comparaison entre deux éléments qui n’ont aucun rapport entre eux.

Je vais tout de même profiter de la sortie du maire de Nice pour rappeler que cette aide aux étrangers n’est qu’une mesure de santé publique. Comme son nom l’indique, une mesure de santé publique bénéficie à l’ensemble de la sphère publique et non uniquement à une minorité. Quitte à surprendre monsieur Estrosi, la maladie n’a pas de frontière et les microbes ne demandent pas les papiers de leurs futures victimes. Si une famille arrivée clandestinement en France est touchée par la tuberculose (du fait à tout hasard de conditions de vie extrêmes), cette maladie sera transmissible à tous. Il est donc utile et nécessaire de prévenir toute épidémie en permettant à tous d’être soignés de façon efficaces. Le dicton « il vaut mieux prévenir que guérir » s’applique aussi au financement des frais de santé.

Devons-nous nous interdire de toucher aux APL ? Si des économies doivent être réalisées, on peut étudier une nouvelle utilisation de ces APL. Il est bien sur hors de question de les réserver aux seuls étudiants boursiers. Beaucoup trop d’étudiants se retrouveraient lésés et forcés de choisir leurs études supérieures (et donc une bonne partie de leur avenir) selon la situation géographique de leurs parents.
En revanche,  pourquoi ne pas étudier la prise en compte des revenus des parents dans l’attribution de l’APL. Cette aide pourrait être inversement proportionnelle au revenu de l’étudiant cumulé aux revenus des parents, tout en prenant en compte la situation des jeunes adultes en rupture avec leurs parents et donc non sujets à bénéficier d’une aide de leur part. Car si délimiter l’attribution de l’APL uniquement sur bénéfice d’une bourse est injuste, la même somme à 2 étudiants, l’un issu famille avec revenus médians et l’autre issu famille 20% les plus riches n’est pas juste non plus.

Dans le cadre de la recherche d’économies, il faut préférer les nouvelles solutions aux simples coupes budgétaires. On attend depuis 2012 une remise à plat de la fiscalité. On pourrait imaginer une remise à plat des systèmes d’aides pour éviter tout systématisme. L’Etat ferait ainsi un geste fort pour encourager sa jeunesse la moins favorisée à suivre les mêmes formations que sa jeunesse la plus aisée. Les économies seront surement moins grandes et satisferont donc moins la Cour des Comptes mais elles laisseront moins de Français sur le côté.
De la même façon, la recherche d’économie ne doit pas être un prétexte pour s’exempter de solidarité. Dans les propos de Christian Estrosi, j’ai retrouvé tout ce pourquoi j’ai milité pour un gouvernement socialiste et contre un gouvernement de droite. Dans ces propos, on retrouve la stigmatisation des étrangers, le refus de solidarité même sur des questions de santé publique. Dans ces propos, on entend encore l’écho des attaques contre les chômeurs, ce cancer de l’assistanat, ou contre les étudiants étrangers. Quoi qu’en dise les mauvaises langues, ce gouvernement est bien loin de ces propos. Une dernière preuve ? Quelques réactions sur ce sujet de restriction de l’APL aux étudiants boursiers :

Geneviève Fioraso : "S'agissant de la suppression des APL pour les non boursiers, ce n'est pas à l'ordre du jour. Il n'est pas question que l'on touche à la qualité de vie des étudiants car ça conditionne leur réussite"
Najat Vallaud-Belkacem : "La suppression des APL pour les non boursiers n'a jamais été envisagée. Notre gouvernement a pour priorité d'investir sur la jeunesse et sûrement pas de la précariser."

vendredi 21 février 2014

Une loi sur le logement qui a de l'ALUR

Avec la loi ALUR (ALUR pour Accès au Logement et un Urbanisme Rénové), c'est une sacrée loi qui vient d'être votée par l'Assemblée Nationale. Tout d'abord sacrée loi pour l'importance de son contenu, avec 88 articles de loi qui couvrent 10 points concernant aussi bien les locataires ou les futurs locataires, les propriétaires et les agences immobilières. C'est aussi une sacrée loi au niveau symbolique puisque si cette nouvelle loi n'a pas pour but de révolutionner le monde de l'immobilier, elle a tout de même vocation de devenir une pierre angulaire dans la facilitation de l'accès au logement pour de nombreux Français.

Dans les grandes lignes, que va permettre ALUR ? 
  • Les loyers qui vont être encadrés par la loi, là où ils l'étaient par décret depuis l'élection de François Hollande. 
  • La création d'une garantie universelle des loyers qui va protéger les propriétaires des impayés et qui va accompagner les locataires en difficultés financières.
  • C'est plus de transparence. Plus de transparence dans les honoraires des syndics mais aussi plus de transparence dans l'obtention de logements sociaux. De plus pour les logements sociaux, la procédure va être simplifiée avec la création d'un dossier unique.
  • Les marchands de listes seront plus encadrés pour mettre fin à la pratique bien trop courante de vente de listes ne contenant que des logements déjà loués.
  • Une meilleure protection de l'environnement en donnant plus de pouvoirs aux intercommunalités pour la constitution de Plan Locaux d'Urbanisme avec pour objectif de limiter l'étalement urbain.
  • La création d'un véritable statut de la colocation

Pour plus d'infos sur le sujet, il y a le dossier de presse mis en ligne sur le site du ministère de l'égalité des territoires et du logement et surtout cette belle et complète infographie mise en ligne par les services de Cécile Duflot :

jeudi 4 avril 2013

Bedroom Tax, et si on taxait les chambres vides ?

En Angleterre, c'est aussi le temps de l'austérité. Le gouvernement de David Cameron cherche par tous les moyens de réduire la dépense publique et a donc visé en premier lieu, comme tout bon conservateur qui se respecte, les aides sociales. Dans les nombreuses mesures proposées, une a attiré plus particulièrement mon attention, la "bedroom tax", qui vise l'occupation des logements sociaux.

Le principe de cette "bedroom tax" est d'appliquer une taxe aux loyers des logements sociaux sous équipés. Pour cela, le gouvernement Cameron semble avoir une idée bien précise de comment doit être occupé un logement. Les enfants, garçon ou fille, sont censés être deux par chambre jusqu'à 10 ans. Puis, continuer à partager la pièce jusqu'à 16, s'ils sont du même sexe. En cas de divorce, le parent qui n'a pas la garde de son enfant, n'a même plus le droit de conserver une chambre pour l'accueillir lors de son droit de visite.Bien sur, je ne suis pas d'accord avec cette définition, et je me demande si la famille Cameron fait dormir ses enfants dans la même chambre aussi longtemps...

Pourtant l'idée est intéressante. Un des problèmes aujourd'hui dans le parc de logements sociaux est la mauvaise occupation des biens. Si une famille doit répondre à un certains nombre de critères pour accéder à un logement, plus rien ne lui est demandé par la suite. On arrive donc à des situations où un couple avec 3 enfants accède à un logement social de 4 pièces (3 chambres, un salon par exemple) et continue de l'occuper après le départ des 3 enfants, ce qui nous donne 2 chambres de disponible. A l'opposé, un couple sans enfant vivant dans un studio ou un 2 pièces voit leur famille s'agrandir. Ce couple risque de devoir patienter longtemps avant qu'un logement se libère pour accueillir la famille agrandie. On peut donc imaginer un système de taxe incitant les foyers occupant un logement trop grand pour leurs besoins quotidiens à faire les démarches pour déménager vers un logement à la taille plus adéquate. Ces déménagements provoqueraient un turnover plus important est permettrait donc de réduire légèrement les attentes de relogements.

On peut même imaginer aller plus loin et étendre ce principe aux propriétés privées. La taxe foncière pourrait dépendre de l'occupation réelle des habitations, surtout dans des zones tendues au niveau du logement. Dans certaines zones, il est difficile voire impossible de construire de nouveau. Une solution pour répondre à la demande de logement pourrait être d'inciter à occuper de manière juste les habitations. Un principe de bonus/malus pourrait voir le jour pour récompenser ou sanctionner les foyers. Prenons l'exemple d'un couple de retraités, parents de 3 enfants tous adultes et indépendants, propriétaire d'une maison avec 4 chambres et 2 autres pièces (une salle de séjour et un bureau par exemple). Ce couple serait surtaxé pour habiter dans un logement clairement trop grand pour leur besoin. En revanche, ils pourraient louer ce bien à une famille ayant 3 ou 4 enfants. Ils verraient ainsi leur taxe foncière diminuer sous l'effet du bonus.

Cette idée est très utopique mais me semble plus juste que ce qui est en train de se mettre en place en Angleterre. Qu'en pensez-vous ?

mardi 4 décembre 2012

La 14ème législature sera religieuse ou ne sera pas

Militants du collectif "Urgence un toit"
André Malraux aurait dit “le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas”. S’il est un peu tôt pour savoir si cela se vérifiera, Jean-Marc Ayrault semble lui bien placé pour annoncer “la 14ème législature sera religieuse ou ne sera pas”.

Depuis plusieurs mois, l’église catholique s’émeut et mobilise ses fidèles pour lutter contre le projet de mariage pour tous et de famille pour tous. La droite extrémiste, accueillant une large part de catholiques traditionnels et n’ayant rien contre faire preuve d’un peu de violence envers la communauté homo, prend un malin plaisir à se joindre aux cortèges. De son côté, la droite républicaine s’occupe de se faire l’écho des craintes épiscopales dans les medias en attendant le début des débats à l’Assemblée Nationale prévus pour début 2013.

Lundi 03 décembre, dans le cadre de recherches de solutions d’hébergements d’urgence, Cécile Duflot, la ministre du logement, a demandé à archevêché de Paris de mettre à disposition des bâtiments "quasi vides" lui appartenant. L’église rechigne, trouvant qu’elle en fait déjà assez pour les pauvres (drôle de conception de la charité chrétienne au passage), et encore une fois, elle trouve un appui politique dans les rangs de la droite républicaine (j’emploie droite républicaine ne sachant pas si les députés défendant les intérêts de l’église catholique sont UMP ou R-UMP).

Si je peux comprendre l’opposition de principe de l’église catholique sur le mariage pour tous puisque cette église a toujours du mal à accepter que l’homosexualité soit normale, j’ai plus de mal à comprendre l’opposition franche sur le sujet de l’hébergement d’urgence, et encore plus de mal à comprendre le comportement des parlementaires de droite comme Bruno Lemaire. En effet, Cécile Duflot ne cherche pas à se dédouaner sur le dos de l’église catholique. Elle cherche des solutions pour faire face à la crise annuelle des hébergements d’urgence en hiver. D’après un article de La Tribune, chaque soir le SAMU Social parisien reçoit 1200 appels et est obligé d’en laisser 400 sans réponse. En juillet 2011, Xavier Emmanuelli avait démissionné de la présidence du SAMU Social puisqu’on ne lui donnait pas les moyens d’agir correctement.

Pour trouver des solutions, tout le monde est déjà mobilisé. Jean-Marc Ayrault a demandé à Cécile Duflot “un inventaire des bâtiments disponibles, qui seront souvent des bâtiments appartenant à des institutions, des administrations, des grandes entreprises". La Mairie de Paris a prévu dans son budget une hausse des aides sociales de 2,1 milliards d’euros pour, entre autre, augmenter de 150 les places d’hébergement et de logements accessibles aux sans-abris. L’archevêché de Paris répond à Cécile Duflot qu’ils ont “accueilli 120 personnes, entre trois jours et quatre mois”. Mais Cécile Duflot n’a jamais voulu dire que l’église ne faisait rien, elle n’a jamais dit non plus qu’elle voulait réquisitionner tous les bâtiments de l’église catholique, elle cherche juste de nouvelles solutions puisque cet hiver encore il y aura pénurie d’hébergements.

Pour l’hébergement d’urgence, le gouvernement recherche des solutions avec tout interlocuteur ayant des batiments semblant disponible pour permettre de proposer plus de solutions d’hébergements d’urgence. Pour le mariage pour tous, le gouvernement cherche à arriver à une situation plus égalitaire pour tous les couples, ceci sans jamais interférer dans le fonctionnement d’une institution religieuse. Hébergement d’urgence ou mariage pour tous, nous sommes donc bien loin d’une situation “catholiphobie” comme le dit Christine Boutin. En revanche, je reste perplexe sur la place que prend l’église catholique dans les débats actuellement...

dimanche 12 août 2012

2ans après Grenoble, les Roms occupent toujours l'été

Camp de Roms en Seine-St-Denis
L'actualité de la semaine a été animée par les démantèlement de camps de Roms. Avant de vous inviter à lire 3 excellents billets écrits par un expert de la question, je voudrais juste donner un rapide avis personnel sur la différence de situation entre aujourd'hui et il y a 2 ans après le discours de Grenoble.

Il y a 2 ans, le gouvernement ciblait ouvertement toute une catégorie de personnes (les gens du voyage) et se méprenait en les considérant tous comme des délinquants étrangers qu'il fallait renvoyer dans leur pays d'origine.
Aujourd'hui, il me semble que l'on démantèle des campements véritablement insalubres et donc dangereux pour la santé publique. De plus des tentatives de relogement pour les familles sont mises en place, hélas le nombre de solutions d'accueil n'est pas suffisant aujourd'hui. Malgré la promesse de François Hollande, tous ne seront donc pas relogés aujourd'hui, principalement du fait du manque de logements. Aurait-il fallu laisser ces camps en place le temps d'avoir construits de nouveaux logements, je n'en suis pas persuadé.

Comme dit en introduction, je vous recommande la lecture sur le blog de Romain de 3 billets écrits par Jules Praxis, spécialiste des politiques d'hébergement et de l'accès au logement dans la région lyonnaise :

lundi 23 juillet 2012

Agenda du changement non respecté pour le logement !

Slogan des Jeunes Socialistes en campagne
François Hollande ne respecte pas son agenda du changement ! Durant la campagne présidentielle, le candidat Hollande a mis en ligne un agenda de sa première année de mandat. Son agenda était décomposé en 3 périodes, une première avant les élections législatives (du 6 mai au 29 juin), une seconde pour la session parlementaire extraordinaire (du 3 juillet au 2 août) et enfin une dernière période pour les 270 jours restants.

Dans la première période, l'opposition a bien pointé du doigt que le gouvernement n'a pas eu le courage de bloquer les prix du carburant alors que ces derniers baissaient. Tous les autres points ont été respectés (sauf peut être la circulaire luttant contre les délits de faciès qui doit être encore en cours d'élaboration en concertation avec les syndicats policiers).

On pouvait donc penser que François Hollande avait réfléchi à son programme et à l'agenda de son application. Et catastrophe, le samedi 21 juillet, le gouvernement fait une sortie de route. Samedi dernier est paru au Journal Officiel le décret n° 2012-894 du 20 juillet 2012 relatif à l'évolution de certains loyers, pris en application de l'article 18 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989. Surprenant, l'opposition n'a presque pas enragé (peut être trop occupée à l'organisation de son congrès), mais pourtant le calendrier n'est pas suivi ! Ce point était le 5ème évoqué dans la rubrique "Répondre aux préoccupations quotidiennes des Français" pour la période d'août 2012 à juin 2013. Le gouvernement ne suit pas le calendrier pour lequel les Français ont élu François Hollande !

En dehors de ce petit raté dans l'agenda, en quoi consiste cet encadrement des loyers? Dans la presse, on a pu lire qu'étaient concernées 38 agglomérations de métropole et d'outre-mer dont les loyers ont été jugés trop élevés. Mais en lisant l'annexe du décret, j'ai eu l'agréable surprise d'y trouver 18 pages de communes qui seront soumises à ce décret pendant l'année à venir. Par exemple, l'agglomération parisienne regroupe une grande partie des communes d'Ile-de-France (de Versailles à Villiers le Bel et de Roissy à Orly).

Certains propriétaires risquent de lancer des appels de détresse, mais les locataires (11,7 millions de foyers en 2007) vont pouvoir (un peu) respirer. Pendant un an, les loyers, que ce soit à la relocation ou lors d'un renouvellement de bail, seront encadrés. Leur augmentation devra suivre soit le cours d'un indice de hausse des prix soit un seuil maximal en cas d'importants travaux. Les propriétaires, qui ne sont pas tous des dangereux spéculateurs, ne vont pas voir leur source de revenu diminuer. Ils la verront stagner ou augmenter au même rythme que la hausse des prix. Ce qui veut dire qu'ils ne perdront pas de pouvoir d'achat. En revanche, les locataires, qui ne sont pas tous d'affreux squatteurs, pourront continuer à vivre dans leur commune sans s'inquiéter d'une hausse insoutenable de leur loyer mensuel.

Tout compte fait, c'est peut être pas plus mal que ce décret soit arrivé un peu plus tôt que prévu. Par exemple, les nouveaux étudiants pourront en profiter quand ils chercheront un logement pour la prochaine rentrée scolaire.

mardi 13 mars 2012

Quel avenir pour l'enseignement supérieur et la recherche ?

Pendant que certains à droite ou plus à droite rivalisent de propositions pour retrouver une France forte dans ses propres frontières, d'autres cherchent des solutions pour élever le niveau de cette même France sur son territoire et dans son image à l'étranger. Un des axes est de réfléchir au rôle et surtout au fonctionnement de l'Université, de l'enseignement supérieur dans sa globalité et de la recherche.
Une des réformes majeures du quinquennat finissant aura été la loi LRU (Libertés et Responsabilités des Universités). Si l'accès à l'autonomie des universités françaises ne peut être que profitable, les moyens déployés et le premier bilan sont loin d'être acceptables.
En novembre 2011, 8 universités étaient placées sous tutelle pour être en déficit deux années consécutives. Pour d'autres universités, ce sont des plans d'austérité qui sont annoncés avec, comme pour les pays européens, gel de la masse salariale, diminution du nombre d'heures de cours dispensées, dans le but de satisfaire les exigences gouvernementales. Autonomes mais pas trop… La source du problème est claire, sur les 9 milliards d'euros promis sur 5 ans, seuls 4 milliards ont été distribués par l'état. En 2007, Nicolas Sarkozy promettait que 3% du PIB serait alloué aux dépenses de recherche. En 2010, seul 2,21% l'était…
Le Grand Emprunt devait débloquer 22 milliards d'euros pour l'enseignement supérieur et la recherche, à peine la moitié aura été versée. Dans ce domaine aussi le transfert de responsabilité n'aura pas été accompagné du transfert financier nécessaire, obligatoire et surtout prévu.
Autre résultante de la loi LRU, la création d'une compétition entre les universités françaises avec une partie du financement par appel à projet. Il est demandé aux chercheurs de sortir de leurs labos et de leurs amphis pour se vendre aux mécènes tout en essayant d'érafler l'image de son collègue d'université voisine.
Le blocage de la masse salariale dans les universités poussent aussi les universités à recruter plus de vacataires et autres CDD plutôt que d'ouvrir de véritables postes pérennes.


Autre point noir au tableau, la réussite des étudiants. En 2007 était lancé le Plan pour la Réussite en Licence. 730 millions d'euros sur 5 ans pour que les universités aient les moyens d'accompagner les jeunes étudiants et ainsi diminuer de moitié le taux d'échec en première année et rendre possible l'accession à un diplôme reconnu après 3 ans d'études.
En février 2012, la Cour des Comptes constate que « le supplément de dotation -allouée aux universités- a sans doute permis de consolider les efforts engagés par les universités (…) Mais celles ci n’ont pas assuré un suivi suffisant, la direction générale pour l’enseignement supérieur s’étant montrée trop peu regardante sur son usage ». 
De plus comment réussir dans ses études si les étudiants ont du mal à avoir un niveau de vie décent avec un accès au logement et aux soins ? Le Passeport Logement Etudiant que le gouvernement a essayé de mettre en place en 2011 ne concerne que des aides à l'accès au logement en essayant de résoudre 2 problèmes, la caution solidaire pour les parents ne pouvant se porter caution et un prêt étudiant pour le dépôt de garantie. Mais ce plan oublie la plus grosse difficultés qui est l'offre de logements !  A quoi peut servir une caution solidaire si l'étudiant ne trouve pas de loyers accessibles ?
L'état actuel sur l'accès aux soins chez les étudiants devient alarmant. D'après la LMDE (La Mutuelle Des Etudiants), 19% des étudiants (1 sur 5) n'est pas adhérent à une complémentaire santé pour raison financière. Si en 2008, 59% des étudiants bénéficiaient d'une visite médicale gratuite, seuls 32% ont eu le droit à une visite médicale gratuite durant l'année universitaire 2010-2011 ! 

Face à ce terrible constat, quelles sont les propositions de François Hollande ?

Affectation de 5 000 des 60 000 postes prévus pour l'éducation nationale à un plan de recrutement et de résorption de la précarité, et ces postes devront être affectés prioritairement au premier cycle.

Ouverture de pré-recrutements, en particulier pour ceux qui se destineront aux carrières de l'enseignement à travers les Ecoles supérieures du Professorat et de l'éducation qui seront créés dans le cadre des Universités.

➢ Lancement d'un programme de 40 000 nouveaux logements étudiants sur cinq ans, financés dans le cadre de la politique du logement.

Améliorer le service d’orientation, pour que les jeunes, quelque soit le niveau, puissent être orientés là ou l’économie en a le plus besoin, et là où ces jeunes pourront trouver un emploi.

➢ Création d'un service public de l'orientation, unifié du secondaire jusqu'au supérieur.

➢ La première année universitaire sera revue car c'est à son niveau que se joue la majorité des décrochages universitaires.

➢ Réaffirmer la place de l'unité mixte de recherche comme élément structurant de la recherche universitaire, en rééquilibrant les soutiens de base, les crédits récurrents, et les crédits sur projets.

Retour sur l'évaluation, et donc sur le fonctionnement de l'Agence d'Evaluation de la Recherche et de l'Enseignement supérieur

Valoriser nettement, dans les carrières des enseignants-chercheurs, les tâches et l'implication pédagogiques.

➢ Concertation pour l'extension du chèque santé que certains départements ont déjà mis en place (par exemple la Région Ile de France donne un chèque santé de 100€ aux étudiants boursiers)

➢ Création d'une allocation d'études supérieures et de formation sous condition de ressources, dont la montée en puissance devra conduire, par la remise à plat des aides existantes, à construire un parcours d'autonomie permettant aux étudiants issus de milieux modestes de se consacrer à leurs études dans le cadre d'un contrat de réussite qui les engagera

➢ Sur l'autonomie des universités, le principe de compensation devra être respecté : à transfert de charges, transfert de moyens. Il s'agit de donner les moyens à l'Université autonome d'élaborer sa politique scientifique et sa stratégie par la mise en cohérence des différents partenaires : écoles, organismes de recherche, acteurs socio-économiques, sur la base de contrats d'objectifs et de moyens négociés.

➢ Le doctorat doit rester un diplôme national et unique ; la place des écoles doctorales doit être réaffirmée et confortée ; mais surtout nous devons nous fixer comme objectif que tout doctorant doit avoir une thèse financée avec un contrat de travail, donc une protection sociale, et que cela doit compter pour ses annuités de retraite.