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L'Île de la Cité, un soir d'été |
Mardi soir, Bertrand Delanoë était à la Mairie du 4ème arrondissement pour son compte-rendu de mandat annuel. Chaque année et dans chaque arrondissement, un thème en particulier est mis à l'honneur. Le 2 octobre dans le 4ème arrondissement, le thème retenu était "
Paris la nuit". Alors que le
Woo Club, une future boite de nuit, anime les discussions dans l'arrondissement, que la Mécanique Ondulatoire rouvre après une fermeture due à des nouveaux
voisins difficiles, ou que le
ZéroZéro subit de nombreuses fermetures administratives, j'attendais, comme de nombreux Parisiens, cette réunion.
En introduction, Bertrand Delanoë, entouré de
Christophe Girard,
Anne Hidalgo, Luc Gwiazdzinski,
Mao Peninou,
Lyne Cohen Solal et
Isabelle Gachet, se félicite de la création du Noctilien au début de sa 1ère mandature. Le Noctilien a remplacé le Noctambus qui obligeait les Franciliens à passer par Chatelet. Aujourd'hui, possible de traverser l'Ile de France la nuit. Si le Noctilien a été conçu pour faciliter les retours de soirée des Parisiens et des Franciliens, ce sont les travailleurs de la nuit ou ceux débutant très tôt qui sont le plus satisfait du service.
- Pierrots de la nuit : 2 artistes et un médiateur social interviennent pour inciter les fêtards en extérieur à faire moins de bruit pour éviter de ne pas gêner le voisinage.
- BruitParif : une étude sur le bruit avec la mise en place de 5 stations de mesure de bruit sur des terrasses d'établissement rue Jean-Pierre Timbaud (11e).
S'en suit l'intervention de Luc Gwiazdzinski, géographe qui travaille sur la question de la ville, de l'innovation urbaine, des temps et des mobilités (d'après sa fiche
Wikipedia). Il dresse un état des lieux de l'activité urbaine la nuit. On apprend par exemple que 18% des actifs travaillent la nuit, ou que nos modes de vie évoluent avec une baisse globale du nombre d'heures de sommeil. En dehors de quartiers particulièrement festifs la nuit, les grandes villes internationales ont aussi des quartiers où l'activité économique fonctionne 24h/24. En résumé, les métropoles ne dorment jamais.
Pour Luc Gwiazdzinski, un des principaux axes d'innovation pour Paris, comme pour de nombreuses métropoles, est l'aménagement des horaires d'ouverture pour permettre d'avoir des lieux en "
décalage horaire" pour offrir des services à tous les types de population. Il évoque par exemple une évolution d'aborder la nuit à l'hôpital, une plus grande ouverture des parcs. Il encourage la ville à créer des "
oasis du temps continu". Enfin, le géographe déplore l'aménagement de la voie publique et souligne un manque de toilettes, de bancs et de points d'eau gratuits.
Il a tout de même souligné le fait qu'à Paris il y a un véritable travail sur la nuit, que ce soit avec les États Généraux de la Nuit depuis 2010 ou avec la mise en place d'une base de données chiffrées sur les activités nocturnes.
Avant de répondre aux questions du public, Bertrand Delanoë rappelle deux points.
Si les riverains se plaignent du bruit la nuit et si les noctambules se plaignent de la difficulté d'avoir une activité nocturne, il faut aussi penser aux travailleurs de la nuit et qui doivent donc dormir le jour, avec toutes les nuisances sonores que cela implique également. Il a donc annoncé qu'il allait mettre en place une action avec la Préfecture de Police pour travailler sur le problème du bruit en insistant sur 2 points principaux: le bruit anormalement fort provoqué par certains 2-roues et le bruit des sirènes des voitures de police (volume et emploi parfois abusif).
Le deuxième point concerne les SDF. Il a annoncé être en cours de discussion avec le gouvernement pour augmenter la solution d'hébergement pour l'hiver à venir. J'espère qu'il a également entendu la remarque de Luc Gwiazdzinski sur le manque d'offres d'accès aux toilettes, bancs et points d'eau sur la voie publique.
En résumé, la Nuit à Paris est un véritable enjeu de civilisation. Soit l'on veut une ville qui exclut, soit on veut une ville qui développe le vivre ensemble.
Les autres informations que je retiens issues des nombreuses questions du public.
L'expérimentation d'ouverture d'un centre d'animations tard la nuit dans le 19e étant un succès, elle va être reproduite dans le 12e à la
Maison des ensembles afin de proposer des activités pour les jeunes en soirée et durant une partie de la nuit. Le problème pour étendre le principe un peu partout dans Paris ne va pas être possible de suite, car une ouverture nocturne, ça se finance et le budget de la ville de Paris sera serré pour l'année 2013.
Il est pour une extension des horaires d'ouverture du métro la nuit ainsi que la mise en place de nouveaux Noctiliens. Pour le métro, c'est une question à aborder avec la RATP et l'Etat, et Delanoë a fait la remarque que l'Etat, depuis 2002, ne l'aidait pas trop. Voyons ce que cela donnera avec un gouvernement de gauche.
Sur les voies sur berge, on a appris que, pour le printemps 2013, il sera possible de profiter de projections de films en plein air, que des terrains de sports accessibles 24h/24 seront mis à disposition, qu'il y aura aussi des lieux où flâner et se poser tranquillement et qu'il sera même possible pour les familles de réserver gratuitement un espace constitué de tipis pour fêter les anniversaires de leurs bambins.
Il semble que le principe de Pierrots de la nuit soit contesté par certains Parisiens. Mao Peninou a rappelé que seuls, ils ne servaient à rien et qu'il fallait continuer à les inclure dans un projet plus global avec différentes actions. Il en a profité pour rappeler que 150 personnes étaient sur le pont les nuits d'été pour calmer les fêtards sur la voie publique. Une attention toute particulière est portée par la Mairie de Paris sur la rue Jean-Pierre Timbaud (11e) qui est la rue qui abrite le plus grand nombre de lieux nocturnes de la capitale. En plus des actions des Pierrots de la Nuit, la police est présente non stop 3 nuits par semaine pour garantir l'ordre dans la rue.
En dehors du sujet de la nuit parisienne, Bertrand Delanoë a rappelé son attachement à l'
Hôtel Dieu et sa volonté de garder au moins un service d'urgence dans ses murs. Il a expliqué qu'il le défendrait au près de la ministre de la Santé.
Enfin, j'ai pu constaté qu'un compte-rendu de mandat sur ce thème est une grande réussite et qu'il répondait à une véritable attente des Parisiens, qu'ils soient riverains cherchant à protéger leur tranquillité ou noctambules (travailleur du monde de la nuit ou consommateur) cherchant à protéger la vie nocturne. D'ailleurs les débats ont été parfois un peu agités. On a pu voir que Bertrand Delanoë ne se laissait pas marcher sur les pieds par ses concitoyens mais qu'il est souvent à la recherche du dialogue, cherchant souvent à mettre en contact ses adjoints avec les Parisiens demandeurs.
Pour l'anecdote, et contrairement à ce qu'annonçait un
blogueur du 4e, la réunion n'a pas été sous contrôle socialiste. Nous avons eu le droit à une belle soirée démocratique avec environ quinze interventions intéressantes et trouvant chacune des réponses, que ce soit de la part de Bertrand Delanoë ou de ses adjoints.
Pour les Parisiens souhaitant en savoir plus sur le mandat et les actions à venir de la Mairie de Paris, la liste des futurs compte-rendu de mandat est visible sur le site de la
ville de Paris.