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mardi 31 janvier 2017

Exercer son droit de retrait, vraiment ?

https://www.cairn.info/loadimg.php?FILE=JDJ/JDJ_289/JDJ_289_0033/fullJDJ_idPAS_D_ISBN_pu2009-09s_sa06_art06_img001.jpgBenoît Hamon est sorti victorieux et assez largement d’ailleurs de la primaire citoyenne. Primaire qui fut elle-même une belle victoire avec plus de 2 millions de participants lors du second tour. Comme il fallait s’y attendre les déçus du scrutin commence à regarder ailleurs, vers cette ligne d’horizon ni de gauche ni de droite que représente Macron. Quand il s’agit d’électeurs, on peut les comprendre. On peut être sûr que si l’inverse s’était produit, une partie de l’électorat de Benoit Hamon se serait tournée vers les offres plus à gauche que Manuel Valls et le PS. Il est donc normal de voir un report d’une partie de l’électorat de Manuel Valls se dire intéressé par Emmanuel Macron.

En tant que militant socialiste, j’ai un peu plus de mal avec les élus PS qui annoncent haut et fort leur ralliement à Macron. Ils critiquent un programme non viable de Benoît Hamon pour rejoindre un candidat qui ne cesse de repousser la date de présentation de son propre programme. Si le programme arrive à respecter les souhaits des déçus de la primaire LR et de celle du PS tout en faisant rêver une majorité de Français, alors je ne pourrais que m’incliner devant le talent de cet homme (sans pour autant le soutenir, faut pas déconner non plus).

Mais aujourd’hui c’est avec ma casquette de syndicaliste que je bouillonne. Deux députés PS se sont offert une tribune dans Le Monde pour expliquer qu’ils revendiquent « haut et fort un droit de retrait de la campagne présidentielle car les conditions de notre soutien à la candidature de Benoît Hamon ne sont pas réunies. » Dans leur argumentation, ces deux députés considèrent qu’un soutien au projet de Benoît Hamon « serait contraire à la culture socialiste qui, historiquement, s’est construite autour de l’amélioration des conditions de travail et du temps du travailleur. »

Léger problème, si l’on s’appuie sur les conditions de travail et la culture socialiste, peut-être est-il nécessaire de faire attention aux mots qu’on emploie. Le « droit de retrait » n’est pas une expression comme une autre pouvant être utilisée à la légère. C’est un véritable droit défini par la loi :

Lorsqu’un salarié non mandaté exerce son droit de retrait, la loi lui demande seulement d’avoir « un motif raisonnable de penser » que la situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé. Elle n’exige pas une cause réelle de danger, l’apparence et la bonne foi suffisent. Ainsi le juge contrôle uniquement le caractère raisonnable du motif et non la réalité du danger.

Pour ces députés, il y aurait donc un danger grave et imminent pour leur santé ou pour leur vie. Il va falloir détailler un peu plus que ce qui est écrit dans la tribune pour faire comprendre aux Français dans la globalité (ou a minima aux militants socialistes) en quoi Benoît Hamon ou son programme représenterait une telle menace. 

mardi 24 janvier 2017

Hamon président ?

Je n'ai pas écrit sur le premier tour de la primaire de la gauche, un peu par manque de temps, aussi par manque d'envie après le forfait de François Hollande. J'aurais pu écrire pour vanter les mérites de mon candidat de substitution, Vincent Peillon, qui m'a convaincu dans sa capacité de rassembler le PS et au delà car bien moins clivant que ses adversaires issus du PS. Son projet de New Deal européen, de relance écologique via l'UE, était intéressant et méritait d'être débattu dans une primaire pré-présidentielle. Ni son programme, ni ses propos ne comportaient de verrues repoussantes du genre "l'existence de 2 gauches irréconciliables" (au contraire même), "49-3 citoyen", ou "non respect des traités européens". Son ton apaisant (mais doctoral) le plaçait dans la droite ligne de François Hollande et de sa présidence apaisée (qui ne le fut pas tant que ça, notamment sur la fin, mais pas tant de sa faute que de celle d'agitateurs professionnels). Il a fini avec 6% quand on aurait pu espérer qu'il dépasse la barre des 10 pour peser sur le programme final.

Et maintenant, que vais-je faire (comme dirait la chanson) ? Étonnement, le choix fut plus simple. J'ai toujours encouragé une large union de la gauche à chaque élection. Je fus heureux de voir les communistes parisiens rejoindre la liste menée par Anne Hidalgo dès le premier tour des municipales 2014. Je ne me vois donc pas soutenir un candidat qui prône deux gauches irréconciliables. Il y a aussi une question de cohérence. On ne peux pas brandir le 49-3 avant même le début du débat parlementaire puis promettre quelques mois plus tard d'y mettre fin. On ne peut pas vouloir rassembler la gauche en promettant de défiscaliser de nouveau les heures supplémentaires, une des mesures phares du sarkozysme. De plus en écoutant le discours de Manuel Valls hier soir, j'ai été surpris par la violence des propos augurant mal un rassemblement post primaire.

Mon choix se tourne donc vers Benoît Hamon. Sa mesure phare du revenu universel permet de déplacer le débat loin des questions sur l'identité française ou sur la sécurité. Dans sa longue interview accordée à Libération, il revient longuement sur cette mesure et sur sa vision pour une mise en place progressive. Comme tout bon candidat socialiste, il est pour donner le droit de vote aux citoyens étrangers résidant en France pour les élections locales ou pour limiter le nombre de mandats dans le temps. Son discours écologiste proche de Yannick Jadot, le candidat écologiste, peut aussi permettre un rapprochement, voire un contrat de gouvernement qui pourrait être plus adapté à la politique du candidat socialiste que celui signé en 2011 entre le PS et EELV. Il peut aussi convaincre une partie des électeurs de Jean-Luc Bennahmias ou de François de Rugy. Enfin dernier point qui ne peut que me conforter dans ce choix, Benoît Hamon est pour la reconnaissance de la Palestine, comme il le dit dans son programme, "la coexistence de deux États est la seule solution qui permettra d’assurer la sécurité et l’intégration de l’État d’Israël dans la région et de réouvrir le processus de paix." Cerise sur le gâteau, les goûts musicaux du candidat présentés dans Rolling Stone. Quand on dit avoir été fan de Saxon, Motörhead, Status Quo et avoir pogoté sur PiL en boîte de nuit, on marque automatiquement des points chez moi.

J'espère donc que la dynamique qui a porté Benoît Hamon en tête de ce premier tour des primaires citoyennes continuera cette semaine et le mènera à être désigné candidat du Parti Socialiste pour cette élection présidentielle.