Ce week-end aura lieu à Poitiers le Congrès du PS et durant
trois jours les socialistes débattront de l’orientation générale du parti pour
les trois prochaines années et un peu plus loin je l’espère. Ces débats vont
permettre de clarifier des positions, nuancer des avis et doivent permettre le
rassemblement autour d’une ligne directrice portée par Jean-Christophe
Cambadélis enfin élu démocratiquement Premier Secrétaire du PS après avoir
assuré pendant un an cette fonction en tant que remplaçant d’Harlem Désir.
Avant les débats du congrès, les militants ont déjà
réfléchi, débattu et tranché par un vote sur les motions. Par ce vote, c’est un
soutien clair et massif apporté au gouvernement puisqu’environ 60% des voix se
sont portées sur la motion de Cambadélis, motion soutenue par les ministres
socialistes du gouvernement. Ces 60% montrent aussi que ce n’est pas un
plébiscite soviétique et les 29% de la motion B montrent que les députés
frondeurs ne sont pas isolés et déconnectés de la base militante mais
simplement, et comme rappelé souvent ici, minoritaire au sein du PS et de la
population française.
Pendant que le congrès du PS permet de clarifier un peu la
situation au sein du PS, les mêmes interrogations sont visibles au sein d’autres
formations politiques. Chez Europe Ecologie – Les Verts, il y a aussi un
clivage entre soutiens au gouvernement et partisans d’une ligne plus radicale
et proche du Front de Gauche. Les détracteurs du gouvernement choisissent
souvent la facilité en réduisant l’aile
pro-gouvernementale à Jean-Vincent Placé, son goût du pouvoir et son ambition
ministérielle affichée. Il n’est pourtant pas seul dans son parti à vouloir
enrayer cette fuite vers la gauche de la gauche. Le 2 mai dernier écologistes
de divers partis et représentants du jeune Front Démocrate appelaient à une « Maison commune », parmi les signataires on retrouvait François-Michel
Lambert, député EELV, Jean-Marc Brûlé, conseiller Régional EELV
d’Ile-de-France, et Emmanuelle Bouchaud, vice-présidente EELV de la Région Pays-de-la-Loire. Cette
dernière vient de quitter EELV car elle se considère en désaccord avec la ligne
nationale du parti et appelle ses désormais anciens camarades à rejoindre la
ligne social-démocrate de l’équipe Hollande / Valls.
Pour exaucer le vœu d’Emmanuelle Bouchaud, il va falloir
travailler. Cambadélis a déjà retroussé ses manches et a proposé une organisation collective de la traditionnelle université d’été du PS en invitant tous les
partenaires du PS (EELV, PRG, MRC, FD et même PCF) à coorganiser l’événement. Si
Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale EELV, a décliné très rapidement la
proposition, elle a néanmoins proposé l’organisation de 4 ateliers qui peuvent servir de base à une réunion de famille dans cette
future maison commune :
- sur la loi de transition énergétique,
- sur « l’invention d’un nouveau modèle de développement
économique et social »,
- sur le bilan de l’accord de législature passé en 2011,
- enfin sur « les réponses institutionnelles à apporter à
la crise démocratique ».
Ces 4 thématiques sont très intéressantes, particulièrement
celle sur le bilan de l’accord passé en 2011. Il est important pour préparer
2017 de discuter de ce bilan. Ce sera l’occasion aux écologistes d’expliquer
leur départ du gouvernement pour ce qui m’apparaît toujours un délit de faciès
contre Manuel Valls. Ce sera également l’occasion de tirer les conclusions d’une
telle expérience afin d’améliorer le futur accord qui se doit d’exister pour
les années à venir.
A l’image du congrès socialiste qui a permis de clarifier le
rapport de force, Europe Ecologie Les Verts aussi doivent surement s’interroger
sur leur volonté de rapprochement. Il semble difficile de vouloir jouer le jeu
du rapprochement avec un PS qui est plus que jamais derrière son gouvernement
et en même temps vouloir se rapprocher d’un Front de Gauche qui croit encore
que « Jean-Luc Mélenchon est [leur] passerelle avec le monde de la
nouvelle gauche à construire » (dixit Alexis Corbière).