lundi 30 décembre 2013

Abécédaire de l'année 2013 - suite et fin

La dernière page de ma rétrospective de l'année avant de se préparer à tourner la page de 2013 au profit de 2014. De la Syrie à Zlatan Ibrahimovic, voici les 8 dernières lettres d'une année 2013 riche d'actualités à commenter.



S comme Syrie : Cela va bientôt faire 3 ans que la Syrie est en guerre civile entre une partie de la population qui souhaite la fin du régime autoritaire de la famille El-Assad et les soutiens au pouvoir actuel. Pire d'année en année le conflit devient de plus en plus inhumain. L'année 2013 aura été marquée par l'utilisation avérée d'armes chimiques sur les populations civiles dans diverses villes du pays. On a longtemps cru à une internationalisation du conflit avec l'envoi de forces américaines et européennes en représailles mais une solution pacifique de recensement puis de destruction de ces armes chimiques a été trouvé. Pendant ce temps, ce sont toujours des dizaines de milliers de Syriens qui fuient leur pays et d'autres dizaines de milliers qui y meurent.

T comme Taubira : Comme une évidence, c'est ma personnalité de l'année. Ses interventions lors des débats sur le mariage pour tous furent toutes grandioses tout comme son travail et ses explications sur la réforme pénale tant attendue. Dès sa nomination au poste de Garde des Sceaux, elle fut dans le viseur de cette droite aux relents racistes, mais tout s'est amplifié avec les attaques du Printemps Français et de la Manif pour tous. Pour son comportement face à ses attaques, pour son utilité à faire tomber les masques racistes et pour tout le travail abattu et pour celui à venir, bravo madame Taubira !

U comme Ukraine : A deux reprises en cette fin d'année l'Ukraine aura réussi à se placer sous les feux des projecteurs. Tout d'abord en football avec une rencontre d'anthologie entre l'équipe de France et l'équipe d'Ukraine en match de barrage pour la qualification pour le mondial brésilien de l'année prochaine. Cette rencontre semble avoir remonté la côte de popularité des Bleus au près des Français, à eux de confirmer l'année prochaine. Autre grande actu ukrainienne, le mécontentement de dizaines de milliers d'habitants de Kiev contre leur président et sa politique pro-russe et pour une politique plus orientée vers l'Union Européenne. Alors qu'il y ait de forts risques que l'élection européenne de 2014 soit boudée par les Français, il est beau de voir que cette Union est encore attirante et représente l'avenir et l'espoir pour certains.

V comme Valls : La comparaison est fréquente avec Nicolas Sarkozy et la tentation de qualifier Manuel Valls d'omni-ministre en référence à l'omni-président est forte. Surtout que si le ministre de l'Intérieur avait assez bien réussi ses débuts dans un poste toujours difficile pour les sympathisants de gauche, il a cumulé les faux-pas cette année avec, entre autre, ses propos sur l'intégration des Roms et sa distance affichée avec la politique menée par la ministre de la Justice. Il reste tout de même que Manuel Valls est bien un social-démocrate et nous sommes encore loin des politiques menées par Hortefeux, Besson et Guéant.

W comme William : Indirectement, lui et sa femme auront marqué l'actualité mondiale avec la naissance du nouvel héritier à la couronne du Royaume Uni. Cette naissance aura montré la certaine inutilité ou le difficile métier (selon le point de vue) des chaines d'information en continue qui auront du meubler des heures et des heures de direct devant la maternité en attendant l'arrivée du royal enfant.

X comme Xi Jinping : C'est le nouvel homme fort chinois de puis le mois de mars. Il n'y avait pas de suspens à l'arrivée de Xi Jinping à la présidence de la république populaire de Chine puisqu'il était le précédent président de la commission militaire du Parti Communiste Chinois. Pour le moment, Xi Jinping est loin d'être le président réformateur et plus démocratique qu'appellent les différentes organisations de défense des droits de l'Homme. Le Prix Nobel de la Paix 2010 est toujours emprisonné et sa femme toujours assignée à résidence, les idées contraires au régimes sont toujours censurées, on a même vu une tentative de camouflage pour cacher un attentat qui a eu lieu sur la place Tiananmen.

Y comme Yvelines : Les Yvelines ont encore brulé cet été durant 3 nuits d'émeutes suite à une interpellation musclée d'une femme voilée. Même si la ville de Trappes a considérablement changé et bien évolué depuis les années 80, elle montre qu'il existe toujours une incroyable tension entre la population et la police. On attendait du gouvernement une politique qui permettrait de changer l'image des forces de l'ordre en rétablissant une police de proximité, en agissant réellement contre les contrôles au faciès et autres traces de racisme. Ces émeutes ont montré qu'il y a encore du chemin à parcourir.

Z comme Zlatan : Comment ne pas finir cet abécédaire sans saluer ce joueur hors norme qui a donné l'impression d'être le seul artisan du titre de champions de France du Paris-Saint-Germain. En quelque mois, il a réussi avec l'aide des Guignols de l'Info à avoir un verbe à son nom, « zlataner ». Le géant suédois semble survoler le championnat de France et les supporters parisiens peuvent remercier les pétro-dollars qataris pour un si beau cadeau.

dimanche 29 décembre 2013

L'abécédaire de 2013 - 2ème partie

La suite de la rétrospective de l'année 2013 va aujourd'hui de J comme Jérôme Cahuzac à R comme réforme. Rendez-vous demain pour le dernier épisode de l'abécédaire 2013.


J comme Jerôme Cahuzac : Il restera surement dans les annales de ce quinquennat comme la plus grosse trahison au socialisme. En moins d'un an de pouvoir, la République irréprochable voulue par François Hollande prenait un sacré coup par le ministre du budget empêtré dans ses mensonges et son évasion fiscale. S'il fallait décerner un prix du méchant de l'année, je le décernerais à Jérôme Cahuzac.

K comme Kalachnikov : Au delà du décès récent de son inventeur, c'est l'emblème de ce cycle de violences qui pourrissent la vie marseillaise. A quoi bon militer contre la vente libre d'armes aux USA et partout dans le monde si la moindre petite frappe marseillaise peut s'en fournir une et régler ses comptes avec. Politique de la ville, politiques de sécurité intérieure et politique des douanes sont à revoir pour que les rues de la cité phocéenne soient moins sanglantes en 2014.

L comme Lepaon : Après l'arrivée de Laurent Berger à la tête de la CFDT, c'est le deuxième grand changement en 2013 dans le paysage syndical. Après 14 années, Bernard Thibault laisse sa place de secrétaire général de la CGT à Thierry Lepaon. Entre la contestation de l'ANI et celle de la réforme des retraites, on peut dire qu'il est vite entré dans le bain. A première vue, ce n'est pas avec lui que la CGT va devenir plus flexible ou plus conciliante.

M comme Mariage Pour Tous : Le débat aura enflammé le début d'année 2013, le sujet aura permis à une droite décomplexée, souvent homophobe, toujours réactionnaire et rétrograde, de se retrouver quelques mois après la défaite de leur président. Les opposants au mariage pour tous nous ont promis une fin de civilisation que l'on ne voit toujours pas venir. En attendant, ce sont des milliers de couples de femmes et d'hommes qui ont eu l'honneur soit de se passer la bague au doigt soit de se poser légitimement la question. C'est tout autant de couples qui peuvent se poser la question sur leur volonté de fonder une famille et d'entreprendre les démarches pour pouvoir adopter en toute légalité et en toute sérénité. Le mariage pour tous aurait pu s'appeler l'égalité pour tous, et 2013 en a été le point de départ.

N comme Nelson Mandela : Comment ne pas citer un des pères de la construction de l'Afrique du Sud moderne ? Décédé en cette fin d'année, ses obsèques auront permis au monde entier de se souvenir des combats menés par cet homme pour que tous les sud africains soient égaux et puissent vivre ensemble. La nature n'aimant pas le vide, de nouveaux héros de lutte contre l'apartheid ou autres discriminations vont se révéler au grand public. Nelson Mandela, un autre symbole de cette égalité pour tous s'en est allé, nous ne l'oublierons pas de si tôt.

O comme Otages : 2013 aura eu le bonheur de voir la libération de Thierry Dol, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Legrand après 3 ans de captivité au Mali. Cette année aura également eu la tristesse de voir l'assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes de RFI pris en otage puis exécutés au Niger et de Philippe Verdon, également détenu dans la région. Enfin en cette fin d'année 2013, 7 Français sont toujours retenus en otage : 4 journalistes en Syrie Edouard Elias, Didier François, Nicolas Hénin et Pierre Torres, 3 autres hommes en Afrique Serge Lazarevic, Gilbert Rodriguès et le prêtre Georges Vandenbeusch.

P comme Poutine : Entre son fidèle soutien à Bachar el-Assad, l'enfermement des perturbateurs, qu'ils s'agissent de personnalités politiques ou de militants d'ONG, et son chef d'oeuvre de l'année avec ses lois homophobes, il est certains que Vladimir Poutine aura encore une fois marqué l'année de son empreinte.

Q comme Quenelle : C'est le genre de gestes que l'on aimerait pas avoir à apprendre l'existence. Jusqu'à présent, je vivais assez bien mon quotidien en évitant d'écouter les blagues douteuses, les provocations à deux balles et les attaques antisémites de Dieudonné. Mais en 2013, l'infecte quenelle ( à ne pas confondre avec la délicieuse spécialité lyonnaise) a pullulé comme un sale virus, comme une course stupide à qui réussira à faire faire des saluts nazis déguisés aux plus d'ignorants possibles ou en guise d'insultes devant des lieux publics souvent symboliques. Ce geste ne peut être considéré comme de l'humour, d'ailleurs son inventeur, à trop collaborer avec Alain Soral et consort ne peut plus être considéré comme humoriste non plus.

R comme Réforme : Réforme des rythmes scolaires, réforme des retraites, comme souvent, il n'est pas facile de faire passer des réformes. Signe d'un changement de comportement au sommet de l'Etat, la première réforme ne se fait pas en force et a laissé aux communes le choix et le temps pour la mise en place. Certes tout n'est pas parfait du premier coup mais quand on voit que 83 % des maires ayant franchi le pas en sont satisfaits, c'est encourageant pour la suite, surtout que la généralisation de cette réforme pour la prochaine rentrée bénéficiera du retour d'expérience de ces mairies. La seconde réforme, celle des retraites, est dans la même veine que l'ANI. Elle est le fruit de la discussion entres partenaires sociaux avant d'être soumise aux deux assemblées. Tout comme l'ANI, le résultat ne peut satisfaire tout le monde mais comporte quelques belles avancées dont ce précieux compteur temps pour la prise en compte de la pénibilité au travail.

samedi 28 décembre 2013

L'abécédaire de 2013 - 1ère partie

Période de fin d'année oblige, c'est le temps des zappings de l'année, des best-of et autres rétrospectives. Je vais donc jouer le jeu également en proposant mon abécédaire de l'année 2013 en 3 parties.



A comme ANI : L'Accord National Interprofessionnel fut le premier grand marqueur de la nouvelle politique de dialogue social voulue par François Hollande. Le 11 janvier, 3 syndicats de travailleurs (CFDT, CFTC et CGC) ont signé cet accord avec le MEDEF. Cet accord a provoqué de nombreuses levées de boucliers à la gauche de la gauche, soit au Front de Gauche et chez les syndicats non signataires de l'accord (dont la puissante CGT). Certes, ce n'est pas l'accord parfait mais dans une négociation, il faut bien satisfaire toutes les parties négociantes. De l'ANI, j'en retiens principalement la surtaxation des CDD, la généralisation de la complémentaire santé pour tous les salariés, les améliorations sur la formation des employés tout au long de leur carrière ainsi qu'un meilleur encadrement des temps partiels.

B comme Berger : Laurent Berger est le nouveau secrétaire général de la CFDT. Il remplace François Chérèque qui a dirigé le syndicat de 2002 à 2012. A charge à Laurent Berger de réussir le pari de faire de la CFDT le premier syndicat représentant des salariés et aussi un interlocuteur privilégié du gouvernement pour réussir une politique du travail progressiste.

C comme Centrafrique : 2013 restera une année particulièrement belliqueuse pour la France. Cette année aura commencé avec les bombardements et l'envoi de troupes françaises au Mali, elle se termine avec des militaires français engagés dans des combats en Centrafrique. En Centrafrique, comme au Mali, on ne peut que regretter que la France soit toujours le seul pays à l'initiative du déploiement de troupes. C'est dans ces moments que l'on ne peut que regretter l'absence d'une politique militaire européenne qui aurait permis à l'Union Européenne, lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2012 de montrer sa puissance et sa maitrise pour garantir la sécurité des populations là où on fait appel à elle.

D comme Dimanche : Ce sont les magasins de bricolage qui ont relancé le débat. Faut-il autoriser toutes les entreprises à ouvrir le dimanche ? La question mérite d'être posée et a même fait l'objet d'une demande de rapport par le Premier Ministre. La conclusion de ce rapport prône le statu quo en préconisant de garder le statut exceptionnel du travail du dimanche. Dans cette période difficile pour l'emploi, il est nécessaire de maintenir ces gardes-fous empêchant le chantage à l'emploi permettant aux employeurs de « forcer » le volontariat des employés. Travail du dimanche comme le travail de nuit sont des risques pour la santé, pour la vie sociale. Les sacrifier, c'est aussi sacrifier les luttes passées pour garantir une vie meilleure à tous les salariés de France.

E comme Edward Snowden : Un agent de la NSA fuit les Etats-Unis pour dénoncer le fonctionnement de la NSA. Surveillance généralisée des communications et du web, le lanceur d'alertes a fait prendre conscience au monde entier que sous couvert de lutte contre le terrorisme, les Etats-Unis se permettent tout avec les libertés individuelles. Pire, il a aussi pointé du doigt les géants du net américains, déjà connus pour leur grand appétit pour la collecte de données, qui n'hésitent pas à transmettre aux agences de surveillance leurs informations collectées.

F comme François : Renoncer à être pape n'est pas un acte anodin ni une action courante. Avant la démission de Benoît XVI, le précédent Pape à avoir renoncé à son poste était Grégoire XII en 1415. Le successeur de Benoit XVI détonne dans le paysage catholique : premier Pape originaire d'Amérique du Sud, son passé sous la dictature militaire argentine est assez trouble. Depuis son élection, il ne cesse de surprendre, se montrant proche des gens, osant aborder des sujets sensibles de façon moderne comme sur l'homosexualité. Du coup, ce n'est pas étonnant que Time Magazine l'ait nommé personnalité de l'année.

G comme Grèce : La Grèce souffre depuis le début de la crise économique, la conséquence funeste d'années de politiques d'austérité menée pour en finir avec cette crise est l'arrivée des néo-nazis de l'Aube Dorée au parlement en 2012. Cette année l'Aube Dorée a montré son véritable visage haineux et violent, comme tout parti d'extrême-droite, en assassinant un rappeur grec militant anti-fasciste, Pavlos Fyssas. Suite à cet assassinat, l'immunité parlementaire des députés de l'Aube Dorée a été levée et le dirigeant du parti a été arrêté et entendu pour son implication dans l'assassinat. Cet assassinat grec ne peut que rappeler le meurtre de Clément Méric par des fachos français au mois de juin 2013. La lutte antifas tue encore aujourd'hui, raison de plus d'être vigilant envers toutes les idées nauséabondes d'extrême-droite.

H comme Hugo Chavez ou comme Stéphane Hessel : 2013 aura vu la disparition de nombreux Grands Hommes comme Hugo Chavez, le président vénézuélien, ou Stéphane Hessel, ancien résistant qui milita dans ses dernières années pour que la jeunesse s'indigne de nouveau et s'empare des sujets de société. H comme Hommage à ceux partis cette année, les meilleurs (Pierre Mauroy, Daniel Darc) comme les pires (Margaret Thatcher).

I comme Istanbul : La place Taksim à Istanbul a connu la révolte populaire comme la place Tahrir en Egypte. Cet été, 600 000 Turcs sont descendus dans la rue pour manifester contre le gouvernement conservateur d'Erdogan. La résistance pacifique des Stambouliotes a trouvé son symbole avec « l'homme immobile », debout, digne face aux forces militaires dépêchées sur place. 

Cet abécédaire ne comporte pas les mots Bretagne, Bonnets rouges, Dieudonné, Imbécile, Gay et bien d'autres. Certains arriveront sous une autre forme dans les prochaines épisodes, d'autres ne méritent pas d'être dans ma rétrospective 2013. Rendez-vous demain pour 9 nouvelles lettres résumant l'année 2013.

mardi 17 décembre 2013

"Lutter contre le racisme, encore et toujours", mon édito pour Mediavox

Depuis qu’Harlem Désir est arrivé aux manettes du PS à la fin de l’année 2012, il anime le parti comme un grand centre de réflexion contre l’extrême-droite, laissant au gouvernement socialiste le soin de réfléchir aux idées pour faire avancer la France. Il suffit de voir les derniers forums et autres conventions qui ont eu lieu depuis le mois d’octobre 2013 pour s’en convaincre : « La République face aux extrémismes », « Le progrès face aux idéologies du déclin », « La République contre les extrémismes » (différent du premier cité), « le FN passé au crible » ou encore « la montée des populismes en Europe ».

Si le nombre d’événements organisé semble assez démesuré, il est tout de même symbolique du véritable problème que l’on vit quotidiennement en France qui est la banalisation des propos racistes. Sur ce sujet, les élus UMP n’ont pas grand-chose à contester aux rares élus FN. On le voit depuis la campagne présidentielle 2012 et la mise au grand jour de la ligne buissonienne à l’UMP. Sous couvert de « parler vrai », de classes moyennes, de lutte contre le politiquement correct, de plus en plus d’élus UMP dérapent et tiennent des propos racistes, à l’image des mensonges pouvant être tenus à la tête de leur parti. Comme quand Jean-François Copé reprend les arguments du FN sur l’AME (Aide Médicale aux Étrangers), stigmatisant les 200 000 clandestins bénéficiant de ce traitement alors que 4,5 millions de personnes en France ont le droit à la CMU (Couverture Mutuelle Universelle), CMU qui offre exactement les mêmes droits que l’AME, ou quand le même Jean-François Copé remet en cause les obligations d’un Etat européen dans des situations de demandes d’asile.

Certains imaginaient l’UMP comme une digue républicaine contre l’extrême-droite. Elle, et ses ancêtres UDF et RPR, ne le sont qu’en pointillés depuis les années 70 (lire ce récapitulatif écrit lors des dernières législatives)...

Vous pouvez lire la suite sur le site de Mediavox.fr

Marisol, les sages-femmes en ont ras le col

Depuis le début de l'année, le gouvernement a du affronter de nombreuses manifestations de mécontentement, très (trop ?) souvent de la part de personnes que l'on avait pas l'habitude de voir manifester et pour des raisons difficilement compréhensibles : familles catholiques traditionnelles contre le droit de se marier pour tous, patrons d'entreprises de transport routier contre l'écotaxe, propriétaires de centres équestres contre la suppression d'une niche fiscale, manifestation de céréaliers contre une répartition plus juste de l'aide et j'en oublie surement.

Ce lundi si c'est une population peu habituée aux manifestations qui s'est retrouvée à Denfert-Rochereau, les "Marisol, les sages-femmes en ont ras le col" ont été scandé par une population qui a de bonnes raisons de réclamer le changement. Le premier point soulevé par les sages femmes est la mauvaise considération de leur formation par l'hôpital public. Pour obtenir un diplôme de sage femme, il est nécessaire de suivre 5 années pourtant une fois en activité, ce métier est rémunéré autant qu'un boulot d'infirmier (c'est à dire bac +3).

Autre point, les sages femmes souhaitent être reconnus comme profession de premier recours. C'est à dire être reconnu pour le suivi gynécologique de toutes femmes, enceintes ou non. En résumé, les sages femmes ont toutes les capacités et les savoirs pour suivre des femmes le long de leur vie, les conseiller sur la contraception, les suivre tout le long de leur grossesse et même après.

Seul problème, les discussions avec le ministère de la Santé et les équipes de Marisol Touraine ne semblent pas se passer dans les meilleurs conditions possibles. Résultat, cela fait deux mois exactement que les sages femmes sont en grève avec la difficulté de rendre cette grève visible. En effet, comme toute profession médicale, il est impossible de stopper leurs activités sans engendrer des risques pour les patientes.

Je vais donc conclure en faisant l'écho de 5 des propositions de l'ONSSF (Organisation Nationale des Syndicats de Sages Femmes) :
  1. la consultation à tarif unique pour un acte donné, que cet acte soit réalisé par une sage femme, un médecin généraliste ou un gynécologue.
  2. Redéfinir le parcours de santé génésique et périnatal pour que chaque femme puisse pouvoir avoir accès à une sage-femme dès qu’elle est en âge de procréer. Cela implique la nécessité d’un renforcement de l’articulation des différents professionnels et d’une meilleure continuité entre le pré et le post-natal.
  3. Fiabiliser le parcours de santé en périnatalité qui consisterait à instaurer une consultation obligatoire avec une sage femme dès le 1er trimestre de grossesse, à améliorer la mise en place de l’Entretien Prénatal Précoce, et à améliorer la mise en place et la réalisation des Séances Postnatales.
  4. Offrir une prise en charge globale de la grossesse et la naissance en essayant de favoriser les échanges ville/hôpital/PMI avec la sage femme assurant la coordination entre les acteurs.
  5. Rendre visible la profession de sage femme par exemple en identifiant les sages-femmes comme acteur de dépistage pour les cancers gynécologiques ou en sensibilisant les autres acteurs de santé sur le champ de compétences des sages femmes, y compris le droit de prescription ou encore en informant les jeunes femmes dès 16 ans au moment de l’envoi des premières cartes vitales de l’offre de soin sage-femme pour le suivi gynécologique et la contraception.

samedi 14 décembre 2013

J-100 avant les municipales, pour les inscrits sur les listes

Ce vendredi 13, en plus d'être jour de chance pour la Française des Jeux, est le jour marquant le début du grand compte à rebours des municipales puisqu'il  marque les 100 derniers jours avant le 1er tour des municipales. Mais pour pouvoir faire partie de cette grande aventure, il faut d'abord être inscrit sur les listes électorales. 

Si tu as la chance d'avoir eu 18 ans récemment ou si tu auras 18 ans avant le 23 mars 2014, alors tu es théoriquement inscrit d'office sur les listes électorales de ta commune. Il est tout de même conseillé de vérifier au près de la commune de résidence si l'inscription a bien eu lieu. Ce serait tout de même dommage de s'apercevoir le dimanche 23 mars que son nom n'est pas sur les listes de son bureau de vote.

Si tu as déménagé depuis l'été 2012 (ou depuis ton dernier passage dans un bureau de vote), même si tu es resté dans la même commune ou dans le même arrondissement, alors il est obligatoire de s'inscrire de nouveau sur les listes électorales.

Enfin, si tu es majeur et que tu as la citoyenneté d'un pays de l'Union Européenne et tu vis dans une commune française, alors tu as également le droit de voter. Il est donc nécessaire, si ce n'est pas encore fait, de s'inscrire sur les listes électorales de ta commune.

Pour les Parisiennes et les Parisiens, si vous voulez vérifier que vous êtes bien inscrit sur les listes électorales de votre arrondissement, vous pouvez le faire à cette adresse : http://verification-listes-electorales.paris.fr/c04/jsp/site/Portal.jsp?page=amiregistered
Si tu habites Lyon, pas de problème, le même service est proposé sur http://www.teleservices.lyon.fr/listes_electorales/.

Ce billet t'a permis de t'apercevoir que tu n'as pas encore fait les démarches ou que tu n'es pas inscrit sur les listes électorales ? Tu as jusqu'au 31 décembre (donc moins de 20 jours) pour t'inscrire en mairie. Pour l'occasion, de nombreuses mairies sont ouvertes également le samedi afin de pouvoir répondre aux dernières demandes d'inscription. Je ne peux que conseiller de ne pas attendre le 31 décembre car si par malheur la constitution du dossier rencontre des difficultés (trop de monde à attendre, pièce obligatoire manquante, panne imprévue), il sera trop tard pour retenter sa chance. 

Et si tu n'as pas envie de te déplacer en mairie ou ton emploi du temps ne te permet pas de trouver un créneau pour t'inscrire ? Pas de problème, l'administration propose un service d'inscription en ligne (mais ce service n'est pas possible pour 100% des communes françaises). Ce service est ouvert à tous les citoyens français et à tous les citoyens d'un pays membre de l'Union Européenne et habitant en France.

Enfin, voici un rappel des pièces nécessaires pour s'inscrire sur les listes électorales.
Pour les citoyens français :
  • Un titre d’identité en cours de validité
  • Un justificatif de domicile

Pour les autres citoyens de l’Union Européenne :
  • Un titre d’identité en cours de validité
  • Un justificatif de domicile
  • Une déclaration sur l'honneur mentionnant la nationalité, l'adresse en France et que tu n'es pas déchu du droit de voter dans l'Etat dont tu es citoyen.
Avec toutes ces informations, tu n'as normalement plus d'excuse pour ne pas être inscrit sur les listes électorales. Cette inscription est d'autant plus importante que l'on sera appeler à voter pour les élections municipales et pour les élections européennes, deux élections ouvertes à tous les citoyens français et à tous les citoyens d'un pays de l'Union Européenne résidant en France.

jeudi 12 décembre 2013

La mort de Mandela peut-elle faire de Barghouti un héros ?

Tag sur le mur israélien d'encerclement de la Cisjordanie
Si la mort de Mandela donnait vie à un nouveau héros ? Depuis la mort de Mandela, je vois de nombreux articles fleurir aussi bien dans les journaux traditionnels que sur le net au sujet d’un nouveau Mandela, Marwan Barghouti :
  • "Where is Palestine's Mandela ?" par Alan Hart
  • "Marwan Barghouti, le nouveau Mandela ?" dans Le Point
  • "De Nelson Mandela à Marwan Barghouti" sur AgoraVox
  • "Barghouti, le dalaï-lama : les autres Mandela" dans le JDD
  • "La lettre de Marwan Barghouti en hommage à Nelson Mandela" parue dans l'Humanité
  • "Is imprisoned Fatah leader Marwan Barghouti the Mandela of the Palestinians ?" par le Jewish Daily Forward
Je ne peux qu’aller dans ce sens. Je l’avais déjà évoqué dans un édito pour Mediavox alors qu’un confrère blogueur mais réactionnaire déplorait l’importance donnée à un ancien terroriste. La similitude entre les deux personnages est forte. Nelson Mandela fut condamné à perpétuité pour terrorisme pour ses actions au sein de la branche armée de l’ANC. Marwan Barghouti est actuellement 5 fois condamné à vie pour sa résistance face à l’occupation israélienne. Résistance à l’occupation israélienne car comment appeler une situation où un député élu peut être arrêté chez lui par une puissance armée étrangère ? Cette arrestation date d’il y a déjà 12 ans. Nelson Mandela avait du attendre 27 ans avant de retrouver la liberté.

Une fois libre, Nelson Mandela a appelé à la réconciliation et au pardon. Il a continué son combat politique et est devenu président de l’Afrique du Sud. C’est là où le lien avec Marwan Barghouti reste encore à construire et c’est expressément ici que nait l’espoir. Nelson Mandela est devenu cette figure de paix internationale grâce, entre autre, à l’action du gouvernement sud africain de l’époque qui a enfin mis fin à l’apartheid, permettant ainsi la libération des membres de l’ANC prisonniers politiques. Cela signifie que pour que la destinée héroïque de Marwan Barghouti aboutisse, il risque fort de devoir attendre une solution de paix acceptée par les états Israéliens et palestiniens. Autre solution, peut être plus réaliste, est la libération immédiate de Marwan Barghouti afin qu’il puisse se présenter à la présidence de la Palestine et qu’il puisse mener les discussions pour aboutir enfin à la paix entre les deux états.

Il reste un dernier point dans le jeu des différences entre Mandela et Barghouti, c’est le comportement des autres états. En 1990, pour arriver à la fin de l’apartheid et à la libération de Nelson Mandela, de nombreux pays ont participé au boycott et à l’isolement de l’Afrique du Sud. Aujourd’hui, nous sommes loin d’un embryon d’une telle action au niveau gouvernemental. D’ailleurs, en appelant au boycott de produits israéliens, des élus ont été poursuivis en 2009. Sans aller jusqu’à l’isolement complet du pays, comment espérer influer sur l’état d’Israel sans contrainte, sans sanction, avec uniquement des condamnations morales ?

La mort de Nelson Mandela aura permis de diriger les projecteurs vers la personnalité de Marwan Barghouti. Le plus bel héritage que pourrait léguer Nelson Mandela au monde serait de donner au monde un nouveau héros des droits civiques, un nouveau porte-parole des opprimés, un Marwan Barghouti libre.
(Au passage, si vous cherchez une idée de cadeau pour Noel, je ne peux que conseiller l'excellent recueil de texte de Marwan Barghouti : "La promesse, écrits de prison, 2002-2009" qui a servi à Alternatives Internationales en 2009 de déjà faire un parallèle avec Nelson Mandela).


François, la personnalité de l'année, pour le meilleur ou pour le pire

Le verdict de Time Magazine est tombé. La personnalité de l'année est François, non pas notre François, président de tous les Français, mais François, le pape de tous les catholiques. Il ne pourra pas se plaindre de son année écoulée puisque en moins d'un an, il a été nommé pape par ses pairs et personnalité de l'année. Il rejoint à ce titre d'illustres personnages tels que Pierre Laval (1931), Adolf Hitler (1938), Joseph Staline (1939 et 1942), Newt Gingrich (1995) ou encore George W. Bush (2000 et 2004).

Pour le magazine américain, c'est donc le nouveau pape qui aura "le plus marqué l'année écoulée, pour le meilleur ou pour le pire" (les exemples ci-dessus sont là pour le montrer). Pour être élu personnalité de l'année, la recette la plus simple reste d'être élu président des Etats-Unis ou Pape. En effet à 23 reprises un président américain fut personnalité de l'année, dont 3 fois Roosevelt, 2 fois Nixon, Bush Jr, Obama. Pour les deux derniers, ils ont simplement marqué l'année en étant élu puisqu'ils furent personnalité de l'année avant même d'avoir prêté serment.

Comme les autres personnalités de l'année sont également régulièrement des chefs d'Etat, on comprend un peu mieux qu'à seulement 8 reprises des femmes ont été désignées personnalité de l'année. Et encore... Dans ces 8 années, nous trouvons de nombreuses nominations collectives : 
  • Song Meiling, élue co-personnalité de l'année 1937 puisqu'élue avec son mari Tchang Kaï-Chek, 
  • les américaines à travers l'histoire (1975),
  • les lanceuses d'alertes (2002),
  • Melinda Gates, co-élue avec son mari Bill Gates et le chanteur Bono au titre de "bons samaritains" (2005).
La dernière femme nommée personnalité de l'année fut la première présidente des Philippines, Corazon Aquino !

Je ne sais pas si après tout cela, le Pape François va être heureux de se retrouver dans ce classement, même s'il faut avouer que la démission d'un pape puis l'élection d'un pape sud-américain reste un des faits majeurs de cette année. 

Quant à moi, je ne sais pas qui j'aurais élu personnalité de l'année 2013 mais j'ai déjà mon avis pour la personne qui aura le plus marqué cette année en France. Rendez-vous dans mes billets récapitulatifs de fin d'année pour connaître son identité.

mardi 10 décembre 2013

Lettre à ma maman

Chère maman,

je t'écris ce billet pour te demander de ne pas t'inquiéter. Comme tu t'en doutes je ne reste pas cloitrer chez moi. Matin et soir, je vis des moments de grâce dans le RER A avec de nombreux Franciliens. Pourtant ce n'est pas ce qui m'empêche de sortir le soir. Une soirée dansante au sud de la porte de la Chapelle, un verre entre amis qui s'éternise sur les hauteurs de Belleville, une séance de cinéma à 22h aux Halles, tu dois me prendre pour un inconscient qui met sa vie en péril tous les jours. Pourtant sache chère maman que contrairement à ce que tentent de faire croire certains candidats aux municipales parisiennes, Paris est une ville sure. J'ai même l'impression que cette ville l'est chaque année un peu plus depuis 2001. En 12 ans, j'en ai vu des quartiers peu rassurants s'assagir, s'embellir et devenir tout ce qu'il y a de plus fréquentables. Vue l'évolution que prend la capitale, ce n'est pas prêt de s'arrêter. 

Bien sur, tout n'est pas rose tous les jours. Je suis obligé de fermer ma porte à clef quand je sors de chez moi et malgré cette précaution, je ne suis pas à l’abri d'un cambriolage (enfin, je touche du bois). Quand je me déplace dans la rue, je veille toujours à avoir ma sacoche fermée pour que les pickpockets ne me prennent pas mon portefeuille. Je dois aussi être très prudent quand je sors dans la rue, c'est pourquoi je regarde toujours bien à gauche et à droite avant de traverser. J'espère que ça ne te parait pas trop hallucinant comme mode de vie, mais sache que l'on s'y habitue bien.

Malgré tout, il est vrai que dans certains endroits, une présence policière plus accrue ou au moins des rondes plus régulières pourraient sécuriser un peu plus certains quartier. Mais que veux-tu, entre la note de la France par Moody's et la sécurité dans la ville de Paris, il faut faire un choix et le précédent gouvernement a tranché. Il faut dire 1 500 postes de policiers, ça a un coût non négligeable tout de même...

Ma chère maman, ne t'inquiète pas. Je vis à Paris, pas dans le Bronx ou tout autre quartier new-yorkais dont le nom fait frémir dans les chaumières. D'ailleurs, même si je vivais dans le Bronx, je me sentirais surement en sécurité. Car ces gens qui essayent de t'effrayer en agitant leur traditionnel chiffon rouge de l'insécurité devraient savoir que le nombre d'homicides dans le Bronx est passé de 134 à 59 entre 2003 et 2011. 

Maman, ne t'inquiète pas, Paris n'est pas le Bronx aujourd'hui mais risque d'être dans 3 mois la Bérézina pour la député de l'Essonne et ses colistiers.

lundi 9 décembre 2013

Paris vaut bien un programme, le #ParisQuiOse

Anne Hidalgo au Quartier Général
Ce dimanche Anne Hidalgo avait réuni la presse, quelques blogueurs et twittos et de nombreux candidats parisiens pour présenter son programme pour Paris. La présentation a duré environ 45 minutes et fut dense ! Il faut dire que le programme de la candidate de gauche, qui a été construit avec des propositions issues de l'association Osez Paris, du Parti Socialiste, de Parti Communiste Français et du Parti Radical de Gauche, contient (d'après mon décompte) 501 propositions détaillées sur 196 pages ! Ces 501 propositions sont regroupées en 6 thèmes : le Grand Paris et les 7 priorités d'Anne Hidalgo, mais aussi des propositions pour une ville créative, pour une ville solidaire, pour une ville à vivre et pour une ville collaborative.

Je ne vais pas détailler toutes ces propositions car si la plupart ont été citées rapidement par Anne Hidalgo, peu ont eu le droit à une véritable explication de texte. Celle-ci viendra durant les 3 mois à venir. En revanche, je vais tout de même présenter quelques propositions évoquées ce matin et qui ont retenu mon attention.

Le logement. Anne Hidalgo a donné deux axes principaux pour la politique du logement : les logements sociaux et l'offre de logements intermédiaires. Pour les logements sociaux, la candidate a rappelé sa promesse d'atteindre les 30% de logements sociaux à Paris en 2020. Cette promesse n'est pas une surprise puisqu'elle fait parti des bases de l'accord entre les communistes et les socialistes. En parallèle de cette proposition nécessaire pour garantir une mixité sociale dans Paris intra-muros, Anne Hidalgo a également présenté ses propositions pour maintenir une offre abordable pour les logements intermédiaires. Une agence "multiloc" va être créée pour que les jeunes actifs et les familles de classe moyenne puisse se loger à Paris. Cette agence gérera la mise sur le marché des logements vacants, qui sécurisera la perception des loyers et qui facilitera la mise en place de colocation dans de grands appartements.

L'acte II de la municipalisation de l'eau. L'acte I fut donné par l'équipe municipale autour de Bertrand Delanoë qui a remunicipalisé la distribution de l'eau à Paris en 2009. Cette remunicipalisation a permis de faire diminuer la facture d'eau des Parisiens de 8%. Le nouvel acte voulu par Anne Hidalgo devrait voir la mise en place d'une tarification plus sociale de l'eau. Ainsi pour les familles les plus modestes, les premiers mètres cube quotidien serait gratuit afin que le minimum vital en eau potable ne soit pas un coût pour les plus défavorisés. Une autre idée de ce deuxième acte est d'encourager l'économie d'eau en encourageant l'utilisation de kits économiseurs d'eau. Enfin, toujours sur le sujet de l'eau, la candidate socialiste souhaite rendre plus présente l'eau dans la capitale en installant dans tous les arrondissements des fontaines à eau gazeuse pour que tous les Parisiens puissent profiter de ces opportunités comme le peuvent déjà les habitants du 12ème, du 13ème et du 15ème arrondissement.

La participation citoyenne dans le budget municipal. Anne Hidalgo s'engage à présenter et à débattre du budget avec les parisiens lors de chaque compte-rendu de mandat et a annoncer une belle idée, permettre aux Parisiens de voter sur l'utilisation de 5% du budget d'investissement de la Ville de Paris.

Le réaménagement des places parisiennes. Dans la continuité du très réussi réaménagement de la Place de la République, le projet pour Paris d'Anne Hidalgo envisage de réaménager les places de la Nation, de la Bastille, Denfert-Rochereau, Montparnasse et celle du Panthéon. Pour réaliser cet objectif, l'idée est de laisser plus de place aux circulations douces (principalement les vélos) et les piétons.

Erasmus des collèges. Dernière idée, assez minime pour la vie quotidienne des parisiens mais d'une belle symbolique pour la découverte de l'Europe, la mise en place d'un "erasmus des collèges". L'idée est de garantir à chaque jeune parisien de pouvoir partir au moins une fois durant sa scolarité dans une ville européenne. Ces voyages scolaires sont extraordinaires pour les enfants et il serait dommage de ne pas pouvoir partir à la découverte de nos voisins européens à cause de problèmes de finance.

Pour découvrir les autres propositions d'Anne Hidalgo et de son équipe, le projet est disponible en version numérique sur le site de campagne de la candidate. Par pur curiosité, n'hésitez pas à mettre en commentaires les propositions qui vous semblent les plus intéressantes ou innovantes.

jeudi 5 décembre 2013

Aussaresse est mort, pas la torture

Le général Aussaresse est mort à l'âge de 95 ans. Son principal fait d'arme pour le grand public fut de rendre public les actes de torture qu'il a réalisé lors de la guerre d'Algérie. Son plus gros défaut fut de ne jamais avoir montré ni remords ni de regrets pour ses agissements.

Quitte à surprendre, j'ai apprécié la prise de parole de ce général à l'aube des années 2000. Il a expliqué au Monde ses agissements, ses méthodes. Il expliqua les meurtres qu'il a commis ou commandité dont ceux de Larbi Ben M'Hidi et Ali Boumendjel alors que l'armée française persiste à évoquer le suicide de ces personnes. Ces propos sont d'autant plus utiles qu'ils illustrent une époque toujours floue de l'histoire française. Souvenons-nous que pour la France, ce qu'il s'est passé en Algérie de 1954 à 1962 n'était considéré que comme de simples événements jusqu'à la fin des années 90. Il aura fallu attendre 1999 pour que l'état français décide de parler officiellement de "Guerre d'Algérie". Les confessions de ce général à la retraite auront permis d'éclaircir par le biais d'un témoignage direct la zone d'ombre des actions menées par les militaires français en Algérie durant cette guerre.

Hélas, les déclarations de Paul Aussaresse n'ont pas servi à faire avancer plus le sujet puisque l'armée ne profitera pas de l'occasion pour faire son procès. En gardant le silence, l'armée continue de donner l'impression de refuser d'accepter sa participation à une guerre mais uniquement à une simple et légitime lutte contre des terroristes. Ce qui aggrave son cas puisqu'en gardant un tel comportement, elle tente de légitimer la torture en cas de combat contre le terrorisme. On retrouve là le même comportement que celui de l'armée américaine. Sous prétexte de lutte contre le terrorisme, l'armée américaine s'autorise à torturer toute personne suspecte, s'interdisant simplement la torture sur son propre territoire. Il y aurait donc pour ces militaires deux types d'individus, ceux qui ont le droit d'être traités humainement et ceux qui n'ont le droit à rien, bafouant de fait toutes les conventions de Genève.

Aussaresse a enfoncé une porte ouverte en évoquant la torture en Algérie mais les réactions de l'armée suite à ses propos ont montré que nombreux étaient ceux qui n'étaient pas prêts à affronter la vérité. Accompagnés des récits d'exactions en Syrie, en Irak, à Guantanamo, les propos d'Aussaresse restent hélas tristement d'actualité. Pour s'en souvenir, voici un film réalisé pour une campagne d'Amnesty International montrant les actes de torture du point de vue de la personne torturée :

mercredi 4 décembre 2013

PISA : nous ne sommes pas tous égaux devant l'apprentissage

Le traditionnel classement PISA qui compare le savoir des jeunes de 15 ans dans les pays de l'OCDE est tombé. Sans grande surprise, la France a encore baissé dans ce classement. Depuis 2000, la France ne fait d'ailleurs que chuter. Le classement publié cette année étant issu des tests réalisés en 2012 sur des jeunes de 15 ans, il correspond à l'analyse de cette génération qui n'aura eu le droit que de subir des politiques d'éducation de droite. J'avais fait un billet en janvier 2011 sur ce sujet et mes propos sont toujours d'actualité.

J'écrivais à l'époque:
En France, le personnel dans l'éducation (public et privé réunis) est passé de 1 023 310 personnes en 2004 à 950 409 en 2008 d'après l'OCDE. Ce qui correspond à une baisse de 4%.
Dans le même laps de temps qu'ont fait nos voisins européens? L'Allemagne a augmenté ses effectifs de 4%, le Royaume-Uni de 8,9%, la Suède de 10% et la Norvège de 12%.
Les derniers chiffres de l'OCDE donnent 944 779 en 2011 après avoir atteint le seuil le plus bas en 2010 avec 935 640 personnes employées dans l'éducation. Bref, la courbe était toujours à la baisse en France et je ne peux que me féliciter que le gouvernement socialiste arrivé au pouvoir depuis a décidé d'augmenter annuellement le nombre d'enseignant ainsi que de réinstaurer des écoles de formations dédiées aux enseignants, les ESPE, ces successeurs des IUFM enterrées par Nicolas Sarkozy et François Fillon.

Si l'on regarde un peu plus en détail le rapport PISA-2012 pour la France, qu'apprenons-nous ?
  • En France, la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance est bien plus marquée que dans la plupart des autres pays de l’OCDE
  • L’augmentation d’une unité de l’indice PISA de statut économique, social et culturel entraîne une augmentation du score en mathématiques de 39 points, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, et de 57 points en France, soit l'augmentation la plus marquée de tous les pays de l’OCDE
  • Le système d’éducation français est plus inégalitaire en 2012 qu’il ne l’était 9 ans auparavant et les inégalités sociales se sont surtout aggravées entre 2003 et 2006 (43 points en 2003 contre 55 en 2006 et 57 points en 2012). En France, lorsque l’on appartient à un milieu défavorisé, on a clairement aujourd’hui moins de chances de réussir qu’en 2003.
  • En France, les élèves issus d’un milieu socio-économique défavorisé n’obtiennent pas seulement des résultats nettement inférieurs, ils sont aussi moins impliqués, attachés à leur école, persévérants, et beaucoup plus anxieux par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE.
J'écrivais en 2011 que "l'école de la République est égalitaire. Elle se doit d'offrir les mêmes chances à tous ses élèves. Pour que tous puissent réussir, il est nécessaire de mettre tous les moyens possibles pour aider ceux qui en ont le plus besoin". Les conclusions de la partie "Egalité des chances dans l'apprentissage" du dernier rapport PISA continuent hélas à aller dans ce sens. J'espère que ce constat s'inversera dans les années à venir, à condition encore et toujours que l'on donne les moyens à l'éducation nationale de réussir et aussi que l'on arrive à mieux impliquer et à donner envie aux jeunes les moins favorisés. C'est un sacré challenge à relever et s'il est réussi, c'est toute la France de 2025 qui en sortira grandie.

lundi 25 novembre 2013

3919, 4 chiffres contre les violences faites aux femmes

Aujourd'hui, nous sommes le 25 novembre, et c'est aujourd'hui la journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes. Cette journée est importante quand on sait que
  • 400 000 femmes ont déclaré avoir été victimes de violences conjugales les 2 dernières années,
  • 154 000 femmes adultes qui ont déclaré avoir été violées entre 2010 et 2011,
  • 148 femmes qui sont décédées sous les coups de leur compagnon en 2012. 
Pour les grincheux qui pensent qu'il vaut mieux s'occuper de l'économie de notre pays que des problèmes sociétales, le coût annuel de ces violences pour la société est de 2,5 milliards d'euros.

De nombreuses mesures ont déjà été prises par les derniers gouvernements, de nouvelles l'ont été par le Ministère des Droits des Femmes. S'il y en a une seule et unique à retenir, c'est le 3919, numéro unique pour les femmes victimes de violences accessible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 car la violence ne s'arrête pas les week-ends et les jours fériés. Le 3919, le seul numéro à retenir et à diffuser.

Pour accompagner cette journée, voici une vidéo qui montre l'importance des professionnels dans la lutte contre les violences faites aux femmes :

Professionnels, un rôle essentiel dans la lutte... par droitsdesfemmes

vendredi 22 novembre 2013

Les 12 qui osent pour un 4ème à gauche

Anne Hidalgo entourée de ses têtes de liste
La campagne pour les municipales de 2014 vient de franchir une nouvelle étape à Paris, nous connaissons désormais les candidats de la Gauche rassemblée autour d’Anne Hidalgo. Pour le 4ème arrondissement, ça donne ce bel assemblage :
  1. Christophe Girard
  2. Karen Taïeb
  3. Ariel Weil
  4. Evelyne Zarka
  5. Julien Landel
  6. Marianne de Chambrun
  7. Pacôme Rupin
  8. Patrizia di Fiore
  9. Boris Jamet-Fournier
  10. Marion Devosse
  11. Xuân-Huy Lê
  12. Jennyfer Chrétien

Cette liste est belle à plus d’un titre. Tout d’abord car elle réussit le mélange de la continuité et du renouveau nécessaire pour insuffler un nouveau souffle dans l’équipe municipale. La continuité puisqu’en plus de Christophe Girard qui est l’actuel maire du 4ème depuis le départ de Dominique Bertinotti au Ministère de la Famille, on trouve 3 conseillers d’arrondissement déjà en poste (Evelyne Zarka notre camarade du PCF, Julien Landel et Marianne de Chambrun). A la charnière entre la continuité et le renouveau, arrive Karen Taïeb qui est actuellement élue dans le 12ème arrondissement et qui siège déjà au Conseil de Paris. Il y a donc 7 militants qui rejoignent la liste dont le passionnant Ariel Weil en 3ème position.

Autre point à souligner dans cette liste, la diversité des profils des candidats. De part leurs origines, leurs activités professionnelles, associatives et militantes, Christophe Girard pourra s’appuyer sur les richesses de leurs expériences pour faire du 4ème un arrondissement qui ose. Des entrepreneurs, des professeurs (dont une professeure de philosophie), des artistes et bien d’autres profils se cachent derrière ces 12 noms. Je pense que c’est avec plaisir que les habitants du 4ème vont apprendre à découvrir les personnes de ce groupe.

Bien sur, cette liste n’est pas parfaite. Personnellement, j’aurais aimé y voir l’ancien secrétaire de section, Nils Pedersen, ou Madeleine Houbart, la candidate à la primaire militante face à Christophe Girard. Est-ce du au nombre de places, aux rôles proposés, aux affinités et volonté de chacun que cela ne s’est pas fait ? Toujours est-il que le plus important pour Christophe Girard et surtout pour les habitants du 4ème, c’est d’avoir plus qu’une liste mais un collectif motivé pour réussir la prochaine mandature. Je leur souhaite bon courage pour cette campagne car à présent, l’avenir du 4ème est entre leurs mains.

Je ne peux pas conclure un billet sur l’actualité municipale sans évoquer le courage et la force dont a fait preuve Dominique Bertinotti cette année. L’ancienne maire, qui a réussi à faire pencher à gauche l’arrondissement en 2001, a révélé au quotidien Le Monde comment elle a mené son action ministérielle cette année tout en se battant contre un cancer du sein détecté en début d’année 2013. Je lui souhaite une bonne guérison et j’espère qu’elle aura toute sa force pour réussir sa loi Famille en cours de préparation.

mardi 19 novembre 2013

"Soutenons les Bleus", mon edito pour Mediavox

Ce soir l’équipe de France de football masculine joue son dernier match pouvant lui permettre d’aller au Brésil pour jouer le Mondial 2014. La tâche s’annonce ardue puisque les Bleus doivent gagner avec 3 buts d’écarts pour se qualifier (ou gagner une séance de tirs au but si le score est de 2-0 à la fin du match).

Depuis 2002 et leur catastrophique prestation du mondial au Japon et en Corée du Sud, les Bleus ne sont pas en odeur de sainteté. Même quand ils arrivent en finale de la Coupe du Monde en 2006, le coup de tête d’un des meilleurs joueurs du monde de l’époque arrive à faire de l’ombre au magnifique parcours de l’équipe. Et ce n’est pas un mondial 2010 aussi réussi que l’édition 2002 agrémenté en prime d’une incompréhensible grève qui les a réconcilié avec les Français. Les attaques sont continues et la plus récurrente est que vu le prix auquel ils sont payés, ils devraient gagner à tous les coups. Déjà que l’argent n’explique pas tout dans la vie quotidienne, il permet encore moins d’expliquer les résultats sportifs.

Les meilleurs joueurs français jouent tous dans les plus grands championnats européens (Italie, Espagne, Angleterre et Allemagne), ils sont donc très bien payés. Mais ils le sont tout autant que leurs coéquipiers de club qui viennent des quatre coins du globe. Par exemple l’équipe de Chelsea comme celle du Bayern de Munich a plus de 10 nationalités différentes dans son effectif. Avec cette explication, toutes les équipes nationales devraient se qualifier et faire un bon parcours durant le mondial.

Ce qu’à besoin cette équipe, comme toutes les autres équipes, c’est du soutien de leurs supporters. Comment réussir à trouver les forces pour rebondir si l’on a l’impression que quoi que l’on fasse, on se fera critiquer de la même façon ? Souvenons-nous que si la France joue sa qualification aux barrages, c’est qu’elle est tombée sur bien plus forte qu’elle en phase de qualification puisqu’elle a fini juste derrière l’Espagne (championne du monde et d’Europe en titre).


Rendez-vous sur Mediavox.fr pour la suite de cet article.

La France demande l'arrêt total et définitif de la colonisation

François Hollande devant la tombe de Yasser Arafat
François Hollande réalisait son premier voyage officiel en Israël et en Palestine. Si on ne peut pas dire que ce voyage était attendu de longue date, il fut suivi de près comme à chaque déplacement d'un chef d'état français. Il faut dire que les précédents, avec le célèbre "this is not a method, this is a provocation" de Jacques Chirac dans les rues de la vieille ville de Jerusalem ou le caillassage de Lionel Jospin qui avait eu le malheur de considérer le Hezbollah comme organisation terroriste, nous ont habitué à quelques images chocs.

Cette fois-ci, pas d'image choc mais des propos clairs, nets et précis, ce qui n'est pas si fréquent en langage diplomatique. Quel que soit le côté du Mur où il se trouvait, François Hollande a dit et répété que son souhait, que le souhait de la France, était que les deux peuples arrivent à trouver une solution à deux états. Il a été plus loin en précisant :
"Deux États pour deux peuples, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité avec Jérusalem comme capitale des deux États, des frontières sûres et reconnues sur la base de celles de 1967, oui, mais avec la possibilité d'échanges de territoires."
Le Président de la République a également donné son avis sur la façon d'arriver à ce que les négociations puissent avancer sur des bases sereines en saluant la libération de 26 prisonniers palestiniens et en demandant l'arrêt des colonisations. Il n'a pas demandé de ralentir le rythme, ni n'a fait d'exception pour les colonies déjà existantes, il a exprimé clairement :
"Pour parvenir à un accord, la France demande l'arrêt total et définitif de la colonisation" [...] "la colonisation complique les négociations et rend difficile la solution à deux États"
Bien sur, on pourra toujours objecter que ce ne sont que des discours, que ce sont sensiblement les mêmes propos depuis la venue de François Mitterrand en Israël en 1982 (1ère visite d'un chef d'état français sur le territoire israélien), mais que dans les faits rien ne bouge. Ou alors pas dans le bon sens. Après décompte, le temps des paroles a sonné pour passer au temps de l'action. Dans ce cas, faut-il arrêter les liens diplomatiques ? Faut-il arrêter de se rendre sur place pour discuter et rencontrer les différents leaders ? Rosaelle s'était posée la question avant le début de ce voyage officiel. Ses arguments sont justes. On peut réellement se poser la question de la volonté de Nethanyahu, du Likoud et de certains de leurs alliés  d'arriver à une issue du conflit respectable pour les Palestiniens comme pour les Israéliens. 

Pourtant ce sont avec des déplacements comme celui-ci que je garde un espoir pour un avenir meilleur pour les Palestiniens. Si François Hollande a tenu à rappeler que la France était l'ami d'Israël et de la Palestine, il a aussi rappeler qu'une des conditions primordiales pour obtenir la paix était d'arrêter définitivement la colonisation des territoires palestiniens. Cela signifie qu'il a clairement précisé que la balle était dans le cas d'Israël pour faire avancer le processus de paix et de création de deux états indépendants.

lundi 18 novembre 2013

Copé, Fillon et le ridicule, 1 an déjà

Un an déjà ! Il y a un an jour pour jour, l'UMP lançait un des plus beaux feuilletons politiques, un feuilleton qui allait tenir en haleine tous les français pendant 1 mois entier : le congrès de l'UMP. Le 18 novembre 2012, les militants UMP sont appelés à choisir entre Jean-François Copé et François Fillon pour désigner le nouveau patron du premier parti d'opposition. Le soir même, les deux candidats prendront la parole pour indiquer leur victoire. 

Entre le 18 novembre et le 17 décembre, la France va découvrir la COCOE, commission de l'UMP chargée de contrôler les résultats. Cette petite commission aura son heure de gloire en attendant l'arrivée d'une plus grosse commission, la CONARE. Cette dernière va réintégrer dans le décompte des voix les résultats de Mayotte et de Wallis et Futuna, résultats totalement ignorés lors des précédents décomptes. 

Durant ce feuilleton, nous aurons la chance de voir Jean-François Copé président de l'UMP simultanément avec François Fillon avant que l'ancien premier ministre propose un plus ancien premier ministre, Alain Juppé, à la présidence de l'UMP. Non écouté par Jean-François, François fait sécession et lance un groupe de parlementaires indépendants de l'UMP à l'Assemblée Nationale, le R-UMP (qui signifie fesse en anglais si une anecdote supplémentaire était nécessaire). Pour essayer d'apaiser son parti, Jean-François Copé ira jusqu'à proposer un vote des militants par référendum pour savoir s'il faut organiser ou non un nouveau vote des militants pour choisir le président de l'UMP. Le 17 décembre, tout le monde se retrouve d'accord pour organiser un nouveau vote avant le mois d'octobre 2013. Le R-UMP de Fillon rejoint l'UMP de Copé et Copé ne quitte pas son poste. Le nouveau vote des militants ne verra jamais le jour.

Un an après cet incroyable épisode politique, l'UMP semble s'être calmée. François Fillon fait du Copé en s'essayant à la drague de l'électorat FN. Copé fait du Fillon en essayant de casser son image de toutou sarkozyste. Et Nicolas Sarkozy se frotte les mains en regardant les deux construire malgré eux la voie royale au retour de l'ancien maître des lieux. 

Il reste la question du programme que l'UMP a à proposer aux Français. Cette question n'est pas si simple quand la France râle : 
  • contre une écotaxe mise en place par eux, 
  • contre une hausse de la TVA, hausse moindre que celle proposée quand ils étaient au pouvoir
  • contre la hausse du chômage quand ils ont quitté le pouvoir avec une hausse continue depuis avril 2011
  • contre les expulsions de Roms quand ils en ont fait leur fonds de commerce depuis 2007.
D'ailleurs, c'est peut-être le député UMP Franck Riester qui en parle le mieux du programme UMP. Voici ce qu'il disait samedi dernier à Claude Askolovitch sur iTélé :
"Il faut que l'on regarde ce que nous nous avons fait avec lucidité et humilité. Nous sommes dans l'opposition depuis 18 mois et aujourd'hui nous sommes pas prêts. Nous ne sommes pas prêts demain à prendre les responsabilités, parce que nous avons encore besoin de travailler sur notre projet politique. Nous avons besoin de travailler sur ce que serait demain un projet fort pour la France."

lundi 11 novembre 2013

Le 11 novembre et moi

Acte de décès de mon arrière-grand oncle,
mort pour la France
Le 11 novembre a toujours été une journée particulière pour moi. Ma jeune histoire a tout le temps été au contact de la Grande Guerre et au fil des ans, je continue de découvrir de nouveaux liens avec cette époque.

Je suis né dans le Nord comme toute ma famille. En plus du lien particulier entre Dunkerque et les Anglais au cours de la 2nde Guerre Mondiale, la région fut fortement touchée par les combats lors de la 1ère Guerre Mondiale. C'est presque sans surprise que j'ai lu une référence à Killem Lynde, petit hameau si proche de mes grands-parents dans "Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918". D'ailleurs ce livre excellent devrait être lu par de nombreuses personnes sans mémoire ni respect pour apprendre et comprendre se qu'ont vécu ces soldats venus des quatre coins de France pour se battre en Champagne, en Picardie et en Belgique.

J'ai grandi dans l'Oise, où les cimetières militaires de toutes les nationalités peuplent le paysage. J'ai vécu à l'ombre du wagon de l'Armistice à Rethondes où la fin de cette guerre qui devait être la dernière a été signée par le maréchal Foch, des représentants anglais et des ministres et gradés allemands. Et c'est récemment que j'ai appris que le village où j'ai vécu pendant plus de dix ans était décoré de la Croix de Guerre.

Même si cette guerre a débuté il y a bientôt 100 ans, même si aucun combattant français n'est encore vivant, il reste de nombreux pans de cette histoire a découvrir. C'est pourquoi le gouvernement vient de lancer une grande collecte pour fournir à l'état toutes les reliques de cette période. Un site a même été mis en place pour que tous les Français puissent partir à la recherche dans les bases de données de l'armée d'ancêtres qui sont morts pour la France lors des principaux conflits du XXème siècle. J'ai ainsi pu découvrir qu'un oncle de mon grand-père, Daniel Marcant, est mort le 23 novembre 1918 des suites d'une maladie contractée en service (comme le précise son acte de décès).

Pour toutes ces raisons personnelles, et pour de nombreuses raisons historiques, je suis très attaché aux cérémonies en mémoire du 11 novembre et en mémoire de tous ceux qui ont vécu de près ou de loin la 1ère Guerre Mondiale. C'est aussi pourquoi je suis profondément meurtri par les sifflets d'une trop grosse poignée d'abrutis (principalement des résidus de bonnets rouges et des membres du Front National) qui sont venus gâcher la cérémonie de mémoire qui s'est tenue sur la Place de l'Etoile aujourd'hui. Pour eux, je vais reprendre les mots de Charles de Gaulle : "les peuples qui n'ont pas de mémoire n'ont pas d'avenir".

dimanche 10 novembre 2013

Pourquoi faut-il continuer de célébrer le 11 novembre ?

En cette période de célébration de l'armistice de la 1ère Guerre Mondiale, je vais reprendre les mots de François Hollande prononcés lors du lancement des commémorations du centenaire 2014 qui expliquait jeudi dernier pourquoi les actes de commémoration sont importants, même pour une guerre qui débuta il y a bientôt 100 ans et dont aucun ancien combattant français n'est encore vivant.

Tout d'abord, l'acte de commémoration sert autant à se souvenir du passé que d'avoir foi en l'avenir.
"Commémorer, c’est rappeler que la République a traversé des épreuves terrifiantes et qu’elle a toujours su s’en relever. Et qu’elle ne doit avoir peur de rien."

"Commémorer, ce n’est pas seulement invoquer la passé ou le convoquer, c’est porter un message de confiance dans notre pays. « Vieille France, écrivait le général de GAULLE, accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, mais redressée de siècle en siècle par le génie du renouveau ! ». "

Les célébrations du 11 novembre, c'est le jour pour se souvenir de tous ceux qui se sont battus, ceux qui sont morts pour leur pays ou pour leur pays colonisateur. Si une grande partie des combats se sont concentrés dans le Nord et l'Est de la France, ce sont des combattants de partout qui se sont retrouvés dans les tranchées.
"Le souvenir de la Grande Guerre est présent dans chaque village, dans chaque ville, parce qu’il n’y a pas de commune en France où un monument aux morts n’ait été érigé, parce qu’il n’y a pas de commune en France où il n’y ait pas eu de victimes de la Première Guerre mondiale."

"Plus de 8 millions de Français – un cinquième de la population ! - furent appelés sous les drapeaux. 1 million quatre cent mille sont morts."

Mais ces 4 années de guerre n'ont pas touché que les 8 millions de combattants français ni uniquement les familles qui ont perdu au moins un membre de leur famille. Les commémoration de cette Grande Guerre sont aussi l'occasion de saluer toutes les personnes qui ont fait vivre le pays pendant que les hommes étaient au front. C'est donc l'occasion de saluer ces millions de femmes qui ont fait tourné le pays alors qu'elles étaient considérées comme citoyennes de seconde zone, sans droit de vote ou sans le droit d'exercer une profession sans autorisation de leur mari.
"C’est le peuple sans armes qui, en assurant le fonctionnement de l’économie, a permis la victoire. Et dans ce peuple, les femmes, par leur labeur, leur engagement, leur vaillance apportèrent une contribution essentielle à la conduite de la guerre. Sans elles, notre pays se serait peut-être effondré ; en tous cas, les écoles auraient été abandonnées ; les champs n’auraient pas été moissonnés ; les usines auraient fermé. "

Célébrer ce 11 novembre, c'est aussi se souvenir que la 2ème Guerre Mondiale est née des cendres encore fumantes de la 1ère Guerre Mondiale. Les sentiments de revanche, les besoins de faire porter par des boucs émissaires les problèmes économiques, le nationalisme malsain ont réussi à ce que l'Europe ait à revivre un long conflit sur son continent alors que nombreux étaient ceux qui pensaient que la guerre de 14 serait la dernière.
"On sait ce qui advint par la suite : cette guerre ne fut pas la « der des ders ». [...] C’était compter sans l’esprit de revanche, sans les ravages de la crise économique, sans le fléau des extrémismes, sans la faiblesse des organisations chargées de sanctionner les manquements au droit, et sans les gouvernements qui, préférant la honte à la guerre, acceptèrent l’une sans éviter l’autre. Et il fallut donc et nous aurons à le commémorer, hélas, un désastre encore plus ravageur, un déchaînement encore plus terrifiant, dont la Shoah fut le paroxysme."

"Mais qu’est-ce donc que le patriotisme aujourd’hui quand on se souvient de ce qu’il était dans la Première Guerre mondiale ? Qu’est-ce que le patriotisme ? C’est toujours l’amour des siens pour reprendre la formule de Romain GARY, qui n’a rien à voir avec le nationalisme qui est la haine des autres."

Continuer de se souvenir du 11 novembre 1918, c'est se souvenir du mois d'août 1914, c'est se souvenir des millions d'Européens, d'Africains, d'Asiatiques, d'Océaniens et d'Américains qui ont combattu sur le sol européen et qui ont, d'une certaine manière, contribué à construire l'Europe des peuples que l'on connaît aujourd'hui. C'est aussi perpétuer le souvenir des contemporains de cette époque qui sont de moins en moins nombreux. C'est aussi car les souvenirs de cette époque sont trop nombreux pour être résumés en une seule date commémorative que les 4 années à venir seront l'occasion de se souvenir de toute cette époque au travers de nombreuses manifestations partout en France.