mercredi 28 août 2013

Retraites, quand Ayrault écoute Aubry

Je me souviens de l'année 2010, quand je passais plusieurs journées par mois à arpenter le pavé parisien pour défendre une autre réforme des retraites. A cette époque, on se félicitait de voir toute la gauche réunie pour combattre la réforme du gouvernement, du NPA au PS en passant par Europe Ecologie – Les Verts, tous les partis politiques de gauche étaient présents aux côtés des syndicats SUD, CGT, FO, CFTC, CFDT et d'autres. A l'époque, le PS n'était pourtant pas le bienvenu par tous les syndicats et des critiques assez dures étaient déjà émises par Sud ou la CGT.

En 2010, Martine Aubry et le PS défilaient non pas pour dire qu'il était opposé à toute réforme des retraites mais pour montrer qu'une autre réforme était possible. Cette réforme proposait :
  • une mise à contribution des revenus du capital,
  • une hausse modérée et progressive des cotisations sociales et patronales,
  • la prise en compte de l'allongement de l'espérance de vie avec une règle simple, pour chaque année d'espérance de vie supplémentaire, 6 mois de cotisation en plus et 6 mois de retraite en plus,
  • une mise en place de bonus pour inciter ceux qui le souhaitent à partir plus tard,
  • un plan pour l'emploi des seniors,
  • le maintien de l'âge légal de départ à 60 ans.

Trois ans plus tard, le PS est au pouvoir. Après être revenu dès les premiers jours sur l'âge légal de départ à la retraite et après avoir mis en place des premières mesures pour l'emploi des seniors (principalement grâce au contrat de générations), il était temps d'entrer dans le vif du sujet avec la mise en place d'une véritable réforme des retraites. Jean-MarcAyrault a donc annoncé ce soir les principales mesures de cette réforme tant attendue.

Sans trop de surprise, il va être demandé de travailler plus longtemps. En revanche finies les réformes qui impactent ceux qui sont les plus proches de la retraites. Les personnes nées avant 1973 ne travailleront pas un trimestre de plus que ce qui a été prévue lors de la réforme de 2010. En revanche, ensuite il faudra cotiser 43 années pour avoir le droit à une retraite pleine. Autre mesure annoncée, l'augmentation des cotisations. Elles augmenteront de 0,15 point l'année prochaine puis de 0,05 point jusqu'à la fin du quinquennat.
Ces deux mesures vont surement être les plus emblématiques et les plus contestées. Elles sont pourtant dans le programme du PS depuis 2010 et étaient donc quasi inéluctables.

Il était nécessaire de prendre réellement en compte la pénibilité. Sur ce point, je ne sais pas si l'idée va fonctionner ou sera nécessaire mais le principe est intéressant. Chaque employé aura un « compte personnel de prévention de la pénibilité » sur lequel il pourra cumuler des points par trimestre d'exposition à une activité reconnue comme pénible. Ce compte permettra au salarié soit de financer une formation afin de changer d'activité soit de travailler à temps partiel sur la fin de sa carrière en utilisant ce compte pour financer l'écart de salaire. Le financement de ce compte devrait être réalisé par les entreprises.

Une des principales critiques du PS en 2010 et une des principales craintes cette année était le sort réservé aux femmes. Traditionnellement, ce sont elles qui souffrent le plus de chaque nouvelle réforme. Elles sont moins bien payées en moyenne que les hommes, elles sont largement majoritaires dans les postes à temps partiel et elles ont le plus souvent une maternité à gérer. Pour cela, le nombre d'heures nécessaires pour acquérir un trimestre va descendre de 200 à 150 heures. La maternité sera elle aussi mieux prises en compte.

Enfin, dans un soucis de simplification de l'information sur l'état des cotisations des employés, un compte retraite unique va être créé pour connaître l'état de ses cotisations sur toute sa carrière, quels que soient les secteurs d'activités (ceux qui ont vu Mammuth peuvent comprendre comment ce compte va être utile).

Tout ceci n'est bien sur qu'un projet de reforme. Il restera aux parlementaires de débattre et d'amender cette proposition. Personnellement, je trouve que le gouvernement respecte assez bien les propositions du PS de 2010. Je ne doute pas que ce sujet va revenir régulièrement dans ce blog dans les mois à venir, mon avis évoluera peut être sur le sujet mais à chaud, pour le moment, je suis sur la même longueur que la CFDT et heureux de voir qu'une autre réforme des retraites est possible.

6 commentaires:

  1. Comment voulez vous que notre système de retraite fonctionne si le chomage ne cesse de diminuer ?

    Un gouvernement de gauche doit créer un nouveau système, la il est en train de faire du réchauffer.
    J'ai l'impression qu'on cherche à jouer sur plusieurs tableaux pour occulter le vrai problème.

    Si les jeunes sont au chomage, notre système de retraite va avoir moins d'argent qui va rentrer .
    Ca me semble simple pourtant on dirait qu'il ne souhaite pas le comprendre.

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    1. Le gouvernement s'occupe du chômage depuis plus d'un an (avec la désormais célèbre boite à outils). On ne va pas attendre d'avoir 0 chomeur pour s'inquiéter des retraites.

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  2. Oui, bon billet qui tranche avec le cortège de pleureuses qui défile sur le net.

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    1. C'est vrai qu'entre la gauche pas contente et la droite pas contente, il n'y a plus grand monde

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