Je me souviens de l'année 2010, quand
je passais plusieurs journées par mois à arpenter le pavé parisien
pour défendre une autre réforme des retraites. A cette époque, on
se félicitait de voir toute la gauche réunie pour combattre la
réforme du gouvernement, du NPA au PS en passant par Europe Ecologie
– Les Verts, tous les partis politiques de gauche étaient présents
aux côtés des syndicats SUD, CGT, FO, CFTC, CFDT et d'autres. A
l'époque, le PS n'était pourtant pas le bienvenu par tous les
syndicats et des critiques assez dures étaient déjà émises par
Sud ou la CGT.
En 2010, Martine Aubry et le PS défilaient non pas pour
dire qu'il était opposé à toute réforme des retraites mais pour
montrer qu'une autre réforme était possible. Cette réforme
proposait :
- une mise à contribution des revenus du capital,
- une hausse modérée et progressive des cotisations sociales et patronales,
- la prise en compte de l'allongement de l'espérance de vie avec une règle simple, pour chaque année d'espérance de vie supplémentaire, 6 mois de cotisation en plus et 6 mois de retraite en plus,
- une mise en place de bonus pour inciter ceux qui le souhaitent à partir plus tard,
- un plan pour l'emploi des seniors,
- le maintien de l'âge légal de départ à 60 ans.
Trois ans plus tard, le PS est au
pouvoir. Après être revenu dès les premiers jours sur l'âge légal
de départ à la retraite et après avoir mis en place des premières
mesures pour l'emploi des seniors (principalement grâce au contrat
de générations), il était temps d'entrer dans le vif du sujet avec
la mise en place d'une véritable réforme des retraites. Jean-MarcAyrault a donc annoncé ce soir les principales mesures de cette
réforme tant attendue.
Sans trop de surprise, il va être
demandé de travailler plus longtemps. En revanche finies les
réformes qui impactent ceux qui sont les plus proches de la
retraites. Les personnes nées avant 1973 ne travailleront pas un
trimestre de plus que ce qui a été prévue lors de la réforme de
2010. En revanche, ensuite il faudra cotiser 43 années pour avoir le
droit à une retraite pleine. Autre mesure annoncée, l'augmentation
des cotisations. Elles augmenteront de 0,15 point l'année prochaine
puis de 0,05 point jusqu'à la fin du quinquennat.
Ces deux mesures vont surement être
les plus emblématiques et les plus contestées. Elles sont pourtant
dans le programme du PS depuis 2010 et étaient donc quasi
inéluctables.
Il était nécessaire de prendre
réellement en compte la pénibilité. Sur ce point, je ne sais pas
si l'idée va fonctionner ou sera nécessaire mais le principe est
intéressant. Chaque employé aura un « compte personnel de
prévention de la pénibilité » sur lequel il pourra cumuler
des points par trimestre d'exposition à une activité reconnue comme
pénible. Ce compte permettra au salarié soit de financer une
formation afin de changer d'activité soit de travailler à temps
partiel sur la fin de sa carrière en utilisant ce compte pour
financer l'écart de salaire. Le financement de ce compte devrait
être réalisé par les entreprises.
Une des principales critiques du PS en
2010 et une des principales craintes cette année était le sort
réservé aux femmes. Traditionnellement, ce sont elles qui souffrent
le plus de chaque nouvelle réforme. Elles sont moins bien payées en
moyenne que les hommes, elles sont largement majoritaires dans les
postes à temps partiel et elles ont le plus souvent une maternité à
gérer. Pour cela, le nombre d'heures nécessaires pour acquérir un
trimestre va descendre de 200 à 150 heures. La maternité sera elle
aussi mieux prises en compte.
Enfin, dans un soucis de simplification
de l'information sur l'état des cotisations des employés, un compte
retraite unique va être créé pour connaître l'état de ses
cotisations sur toute sa carrière, quels que soient les secteurs
d'activités (ceux qui ont vu Mammuth
peuvent comprendre comment ce compte va être utile).
Tout ceci n'est bien sur qu'un projet
de reforme. Il restera aux parlementaires de débattre et d'amender
cette proposition. Personnellement, je trouve que le gouvernement
respecte assez bien les propositions du PS de 2010. Je ne doute pas
que ce sujet va revenir régulièrement dans ce blog dans les mois à
venir, mon avis évoluera peut être sur le sujet mais à chaud, pour
le moment, je suis sur la même longueur que la CFDT et heureux de
voir qu'une autre réforme des retraites est possible.
Comment voulez vous que notre système de retraite fonctionne si le chomage ne cesse de diminuer ?
RépondreSupprimerUn gouvernement de gauche doit créer un nouveau système, la il est en train de faire du réchauffer.
J'ai l'impression qu'on cherche à jouer sur plusieurs tableaux pour occulter le vrai problème.
Si les jeunes sont au chomage, notre système de retraite va avoir moins d'argent qui va rentrer .
Ca me semble simple pourtant on dirait qu'il ne souhaite pas le comprendre.
Le gouvernement s'occupe du chômage depuis plus d'un an (avec la désormais célèbre boite à outils). On ne va pas attendre d'avoir 0 chomeur pour s'inquiéter des retraites.
Supprimerbon billet et nuancé
RépondreSupprimerMerci
SupprimerOui, bon billet qui tranche avec le cortège de pleureuses qui défile sur le net.
RépondreSupprimerC'est vrai qu'entre la gauche pas contente et la droite pas contente, il n'y a plus grand monde
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