mardi 30 avril 2013

Mon edito de la semaine sur Mediavox : "Tout le monde veut prendre sa place"


Alors que dans quelques jours nous allons fêter le premier anniversaire de l'élection du 6 mai puis ensuite le premier anniversaire du gouvernement actuel, nombreux sont ceux qui lorgnent sur les lieux de pouvoir de la république, et principalement Matignon, lieu le plus accessible puisque non soumis directement au vote des citoyens.

Jeudi sur France2, Jean-Luc Mélenchon expliquait qu'il ne lui faudrait que d'une paire d'heures à Matignon pour guérir tous les maux de la France. Sa vision et ses outils sont clairs et connus de tous. Il les a présenté durant toute la campagne présidentielle et celle des élections législatives. Les électeurs ont montré leur scepticisme sur ces solutions.

Dimanche dernier, l'UMP est, elle aussi, montée au créneau pour la mise en place d'un gouvernement d'union nationale avec la nomination d'un premier ministre issu de ses rangs. Benoit Apparu a expliqué sur BFM TV que cette union nationale serait une sorte de « super cohabitation ». Cette idée n'est pas surprenante. Pour la droite, elle seule est légitime pour gouverner le pays et les passages de la gauche au pouvoir ne furent que des moments volés. En 2011, François Baroin avait provoqué le scandale à l'Assemblée Nationale quand il avait annoncé que Lionel Jospin était entré à Matignon par effraction. Un an plus tard, quelques jours après la défaite de Nicolas Sarkozy, c'est le conseiller présidentiel Alain Minc qui expliquait la même chose : « [la gauche] ne peut gagner que par effraction : Chirac a fait perdre Giscard en 1981 ; la dissolution a fait perdre la droite en 1997 ; aujourd'hui, la gauche a gagné du fait de la crise. »

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lundi 29 avril 2013

Le déficit des intermittents n’existe pas - 1ère partie

Extrait de la vidéo "Riposte 1"
En 2003, une réforme du régime chômage était mise en place dans la douleur et contre l'avis de tous les principaux concernés. L'absence de dialogue autour de la mise en place de cette réforme a aboutit par l'annulation de l'historique festival d'Avignon. Déjà amateur de festival de musique à l'époque, le festival des Vieilles Charrues avait laissé les intermittents s'exprimer sur scène contre la garantie de la bonne tenue du festival. L'été 2003 fut donc le symbole que sans intermittent, le spectacle n'existe pas. Cet accord du régime chômage prend fin en 2013 et devra donc être de nouveau négocié. Ces négociations devraient partir sur de bonnes bases puisque d'ors et déjà Aurélie Filippetti et Michel Sapin ont annoncé à l'Assemblée Nationale que le régime était bon et non déficitaire mais qu'il fallait lutter contre la fraude dans certains milieux (comme dans l'audiovisuel par exemple).

Pour expliquer ce sujet, la coordination des intermittents et des précaires a mis en ligne deux vidéos de riposte contre l'idée reçue que le régime de l'assurance chômage des intermittents est déficitaire. Voici la première :

jeudi 25 avril 2013

Cahuzac toujours présent au Conseil des Ministres

Cahuzac au ban des ministres
Cahuzac est toujours au gouvernement. S’il n’est plus physiquement présent, il l’était surement par la pensée lors du dernier Conseil des Ministres. Au cours de ce conseil des ministres, deux grands projets de loi ont été évoqués, l’un sur la transparence de la vie publique, l’autre sur la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière.

Concernant la transparence de la vie publique, les principaux responsables politiques et administratifs devront transmettre à une nouvelle Haute autorité indépendante une déclaration de patrimoine et une déclaration d’intérêts.  La liste des « principaux responsables politiques et administratifs » est intéressante car assez large. En effet, elle contient :
  • Les membres du gouvernement
  • Les parlementaires nationaux et européens
  • Les principaux responsables exécutifs locaux (j’imagine les maires des grandes villes, les présidents de département et de région)
  • Les membres des autorités administratives indépendantes
  • Les collaborateurs des cabinets ministériels et du Président de la République
  • Les titulaires d’un emploi nommés par le gouvernement en conseil des ministres
  • Les responsables des entreprises publiques.
En cas de non transmission des informations ou en cas de mensonge, la sanction pourra s’élever jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000€ d’amende. Le poste de ministre sera considéré comme caractère aggravant et un ministre voyou risquera 5 ans de prison et 75 000 d’amende. De plus, si un élu est condamné pour corruption, trafic d’influence, fraude (électorale ou fiscale), il risquera une peine d’inéligibilité à vie !

La Haute Autorité indépendante qui aura la charge de collecter les informations et de les contrôler pourra être saisie par le Premier Ministre, les présidents de l’Assemblée Nationale et du Sénat mais également par les associations de lutte contre la corruption.

Pour combattre la fraude fiscale, un Office central de lutte contre la corruption et la fraude fiscale va être créé. Il accueillera l’actuelle Brigade nationale de répression de la délinquance fiscale, brigade qui aura pour mission supplémentaire de s’attaquer au blanchiment de fraude fiscale.
7 ans de prison et 2 millions d’euros d’amende, c’est ce que risquera un fraudeur fiscal s’il agit en bande organisée ou s’il a recours à des comptes bancaires détenus à l’étranger ! Pour obtenir ces informations les enquêteurs pourront maintenir en garde à vue les suspect pendant 4 jours (c’est la durée exceptionnelle prévue actuellement pour les délits de crimes, tortures, séquestrations). Une personne morale pourra être condamnée à la même peine qu’une personne physique. Si une personne morale est condamnée pour blanchiment risquera même de perdre l’intégralité de son patrimoine.

Enfin, nouveau droit pour les associations anti-corruption, elles pourront se porter partie civile.

Pour cela, des moyens supplémentaires seront fournis à la Justice (50 nouveaux magistrats), à la Police (50 nouveaux enquêteurs) et à l’Administration Fiscale (50 agents supplémentaires).

Au niveau européen, la les banques devront publier la liste de toutes leurs filiales, et pour chaque pays leurs résultats, les impôts payés et les aides publiques reçues.
Enfin, le gouvernement va revoir la « liste grise » des paradis fiscaux en fonction de la réalité de la mise en œuvre des conventions d’échanges d’informations.

A la sortie du Conseil des Ministres, les commissions de Jean-Marc Sauvé (prévention des conflits d’intérêts dans la vie publique) et de Lionel Jospin (rénovation et déontologie de la vie publique) ont été saluées. Il est un peu dommage d’avoir oublié Jérôme Cahuzac sans qui tout ceci n’aurait pas vu le jour (ou du moins pas si vite). C’est pourquoi j’espère que comme nous avons célébré la Loi Taubira mardi dernier, on pourra célébrer très prochainement la Loi Cahuzac.

Syndicalisme à la Une

Le syndicalisme n'a pas la côte en ce moment. Dans son billet du jour, Politeeks publie d'ailleurs une courbe assez éloquente sur le désintérêt des salariés pour les syndicats depuis 1949. Pourtant en ce moment on ne parle que d'eux entre :
  • l'Accord National Interprofessionnel signé entre le MEDEF, la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC et le parcours actuel de la proposition de loi au parlement,
  • la polémique du "Mur des cons" dans un local du syndicat de la magistrature
  • le traitement réservé à la proposition de loi d'amnistie des syndicalistes.

Je ne reviendrais pas une nouvelle fois sur l'ANI, la grande avancée qu'est cet accord et la preuve illustrée du respect du dialogue social par le gouvernement. Si je comprends et suis d'accord pour constater que le texte est imparfait (mais comment faire autrement dans le résultat d'une négociation), je suis en revanche loin d'être d'accord avec les manœuvres employées pour le discréditer (lire le billet de Sarkofrance pour en savoir plus). J'en profite tout de même pour citer le nouveau secrétaire de la CFDT, Laurent Berger, sur le sujet : "Il y a des syndicalistes qui mettent les mains dans le cambouis et d’autres qui demandent à l’État de faire à leur place. A la CFDT, nous avons fait le choix de l’emploi. Nous faisons notre travail. Le pays a besoin d’organisations patronales et syndicales fortes qui apportent des réponses."

La polémique levée par la droite à propos du "Mur des cons" me fait plus sourire. Notre chère UMP s'indigne que certains magistrats syndicalistes aient osé se moquer de certaines figures du sarkozysme (mais surement d'autres personnes aussi) sur un mur d'un local de section syndicale. Eux qui critiquaient déjà la partialité des magistrats, les voila repartis de plus belle. Sauf que l'impartialité d'un magistrat dans sa façon de travailler ne peut pas être remise en cause par la décoration d'un local syndical. Si les syndicats doivent être neutre, on va avoir des problèmes. Je serais d'ailleurs assez curieux de voir les murs de certains syndicats de police... Pour certaines personnes, les magistrats n'auraient donc pas le droit à l'humour (gentillet qui plus est) alors que certains ministres en fonction n'hésitaient pas à la même époque à faire des blagues racistes. Une exemplarité à deux vitesses en quelque sorte...

Illustration issue du Cri du Peuple
à lire pour avoir un autre son de cloche
Mais le vrai sujet qui m'interpelle le plus est cette loi d'amnistie pour les syndicalistes condamnés au titre de leur action syndicale au cours des 5 dernières années. Je peux comprendre que quand une personne est poussée à bout par une direction qui se moque d'elle et des employés qu'elle représente, cette personne craque et réagit d'une façon que la loi interdit. Si j'avais été à la place des Contis, j'aurais pu accompagner Xavier Mathieu au pied de la sous-préfecture de Compiègne, ou participer au piquet de grève pendant que d'autres séquestraient des cadres de Caterpillar. Ces actions sont des actions de dernières chances, quand on voit la fin arriver et aucune discussion aboutir (ou pire se mettre en place), mais ces actions sont totalement illégales et donc doivent être réprimées. C'est ce qui les rend aussi intenses et fortes de sens. Bien sur on a pu voir durant les 5 dernières années des patrons se comporter comme des voyous, ne respecter aucune règle à l'exception de toujours plus de profits pour les actionnaires. Mais contrairement à Jean-Luc Mélenchon (1er défenseur de cette loi d'amnistie), je ne crois pas en la loi du talion, oeil pour oeil, dent pour dent, très peu pour moi. Il y a pourtant de quoi faire pour agir aux cotés des syndicats comme lutter plus efficacement contre la discrimination syndicale, empêcher par tous les moyens la suppression de l'activité en aidant les employés, en encourageant des repreneurs, ou en empêchant le démantèlement des outils.

L'avantage avec cette actualité, on parle de syndicalisme et pas uniquement pour dire qu'une dizaine de vacanciers ont été pris en otages par des grévistes. En revanche je ne suis pas sur que tout cela aide à redonner confiance aux syndicats et encourage les adhésions...

mardi 23 avril 2013

Merci mesdames et messieurs les députés !

Le 6 mai dernier, nous étions tous jeunes, nous étions tous beaux. Le 6 mai dernier, nous pensions que le chômage allait baisser, que les Roms ne seraient plus expulsés, que les entreprises en difficultés seraient soutenues par l'Etat, que la Justice serait réformée. Le 6 mai dernier, nous ne connaissions pas le patrimoine d'Hélène Conway-Mouret ni l'existence des comptes bancaires de Jérôme Cahuzac. Le 6 mai dernier, nous nous voyions déjà invités aux premiers mariages de couples homosexuels.

Depuis un an, tout n'est pas rose pourtant ce mardi 23 avril remet un peu de baume au cœur. 331 députés ont confirmé le vote du Sénat et ont donc autorisé le mariage pour tous les couples, qu'ils soient hétéros ou homos. Ces 331 députés ont mis fin à une inégalité qui avait trop duré. Merci mesdames et messieurs les députés d'avoir éclairer de la sorte ce printemps 2013 !


Merci à Gaël pour l'illustration.

Mon edito sur Mediavox : "Un gouvernement à l'écoute"

Le groupe Eiffel le chante depuis l’automne 2009, « à tout moment la rue peut aussi dire non ». C’est ce que font depuis 6 mois les opposants au mariage pour tous. Associations plus ou moins bien implantées, partis d’opposition (UMP, PCD, FN) et simples citoyens opposés au projet de loi pour le mariage et l’adoption pour tous les couples se retrouvent dans des manifestations, des sit-in et autres opérations plus ou moins pacifiques. Ces personnes, qui découvrent le monde de l’opposition après 10 ans passés avec un gouvernement bienveillant envers eux, se plaignent du traitement, du soit-disant mépris et du soit-disant silence dont ils sont victimes par le gouvernement actuel.

Pourtant, et aussi étonnant que cela puisse paraître, ce gouvernement est bien plus à l’écoute des contestataires que le gouvernement précédent par exemple. Le collectif de La Manif Pour Tous et des élus UMP se plaignaient depuis le début de la mobilisation de l’absence de débat. C’était d’ailleurs pour cette raison que l’UMP décidait de grossir les rangs de cette manifestation pour tous. A la fin de la procédure parlementaire, ce projet de loi a passé 5 jours en commission des lois, 13 jours de débats au sein de l’Assemblée Nationale et 7 jours de discussions au Sénat. A titre comparatif, les députés ont débattu 2 jours pour abolir la peine de mort en 1981 et ils ont débattu seulement 4 jours pour légaliser l’IVG en 1974. Le gouvernement les a donc entendu et a agi dans leur sens.

Autre réclamation des opposants au mariage pour tous, le risque de « dénaturer » la parentalité en autorisant la PMA (Procréation Médicalement Assistée) et la GPA (Gestation Pour Autrui). Si certains députés et sénateurs de la majorité gouvernementale étaient tentés par l’introduction de la PMA dans les amendements du projet de loi initial, le gouvernement les en a dissuadé. La question de la PMA a été posée au Comité Consultatif National d’Ethique et leur avis, qui risque fort d’être négatif, sera pris en compte dans une future loi sur la famille. En ce qui concerne la GPA, le Président de la République le précise régulièrement, il n’en est pas question au cours de ce quinquennat. Encore une fois les craintes des opposants au mariage pour tous ont été écoutées.

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lundi 22 avril 2013

Mardi 23 avril 2013, journée historique

Mardi les députés vont voter selon toute vraisemblance pour le mariage et l’adoption pour tous les couples. Ce mardi, grâce au vote des députés, François Hollande va respecter son 31ème engagement :


L’affaire ne sera pas encore close. Les opposants vont continuer à s’opposer et vont aller pleurer au près du Conseil Constitutionnel en trouvant un prétexte quelconque. Ces jérémiades vont retarder mais en rien empêcher la célébration des futurs mariages de couples homosexuels. Toutes leurs critiques ont été écoutées. Certaines ont été entendues, par exemple le refus de voir figurer la PMA et la GPA dans ce projet de loi, d’autres ont été démenties, le code civil ne sera pas modifié plus que le strict nécessaire et il n’y aura pas de Parent 1 et Parent 2 dans les livrets de famille.

Mardi, c’est une loi incroyable qui sera votée. Bien sur, c’est une loi sociétale à une époque où la société a surtout besoin de mesures économiques pour sortir de la crise. Mais ce n’est pas parce que nous vivons une crise économique trop longue qu’il ne faut pas travailler à ce qu’il y ait toujours moins d’inégalités entre les citoyens. Ce n’est pas la faute de François Hollande ou du gouvernement s’il a fallu bloquer 10 jours de discussions l’Assemblée Nationale pour aboutir à un 1er vote sur ce texte de loi. Ce ne sont pas les parlementaires de la majorité qui ont essayé de retarder à coup de milliers d’amendements le vote de cette loi.

Mardi, la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples personnes de même sexe sera votée. Cette journée sera historique en France principalement car elle aura été trop attendue. 32 ans après la dépénalisation de l’homosexualité par le 1er gouvernement de François Mitterrand, 23 ans après la suppression de l’homosexualité de la liste des maladies mentales par l’OMS, 15 ans après la création du PACS par le gouvernement Jospin, les couples homosexuels auront enfin le droit de passer en mairie pour célébrer leur union. Ces couples auront enfin le droit d’être considéré comme n’importe quel autre couple. Ils auront enfin le droit d’adopter des enfants comme le font leurs voisins depuis des siècles.

Pour fêter cette journée historique, le maire du 4ème arrondissement Christophe Girard et les associations LGBT organisent un rassemblement festif devant la Mairie du 4ème arrondissement de Paris, place Baudoyer, dès 18h. Avant de célébrer les premiers mariages rendus possibles grâce à cette loi, retrouvons nous et considérons cette première célébration comme l’enterrement d’un système inégalitaire et suranné.

L'ANI, on y est !

Dans la nuit de samedi à dimanche, les sénateurs ont voté pour l'ANI, cet accord national interprofessionnel tant honni par l'opposition de gauche. Le vote fut compliqué, on pouvait s'y attendre. Si à l'Assemblée Nationale, le texte avait recueilli une très large majorité de voix (250 pour, 26 contre), le vote avait été marqué par la forte abstention dans les rangs de la majorité (36 abstentions). Connaissant le pouvoir contestataire des sénateurs de gauche, on pouvait donc craindre le pire.

On a d'ailleurs failli avoir le pire. Après avoir déposé 5 622 amendements à l'Assemblée Nationale, les sénateurs communistes avaient déposé plus de 400 amendements au Palais du Luxembourg. L'intention était simple, ralentir le plus possible l'adoption de cette loi sur le travail. Les gauchistes tendance Mélenchon et les syndicalistes tendance Bernard Thibault n'ont eu cesse de critiquer cette accord signé par le patronat et 3 organisations syndicales majoritaires, dont la CFDT. C'est d'ailleurs ce point qui a du dérangé le plus nos camarades opposants de gauche. Après avoir réussi à former une majorité parlementaire et gouvernementale sans eux, ils se sont également retrouvés à l'écart dans les accords interprofessionnels. François Hollande peut donc faire passer sa loi de sécurisation de l'emploi sans difficulté puisque soutenu par une majorité d'élus parlementaires et professionnels. Pire que tout, le dialogue social va à court terme se retrouver sacralisé dans la constitution, cet acte risque donc d'être le premier d'une longue série dans les 4 années à venir.

Étrangement, ce fonctionnement que je rapproche instinctivement à d'autres social-démocraties d'Europe du Nord, un camarade blogueur y trouve un goût de Tatcherisme... Donc pour certaines personnes, écouter les syndicats représentants des travailleurs, élus à l'issue d'élection professionnelle, équivaut à une politique de casse sociale et de destruction de l'action syndicale... J'y vois plutôt un encouragement de cette action syndicale. Si aujourd'hui les syndicats mobilisent un peu plus de 40% des salariés aux élections professionnelles, le nombre d'adhérents est inférieur à 10% des salariés. En mettant les syndicats au cœur du processus législatif, j'espère que les salariés comprendront qu'un syndicat n'est pas là uniquement pour organiser des barbecues en bloquant leur entreprise mais pour défendre les salariés, tous les salariés, les défendre quand ils sont en difficulté individuellement, les défendre collectivement quand leur entreprise est en difficulté mais aussi les défendre dans leur vie quotidienne, comme la réforme des retraites ou l'aménagement du temps de travail. Par exemple, dans de nombreuses entreprises, les syndicats ont été consultés mais pas écoutés dans l'aménagement des 35 heures car ils ne représentaient pas assez de salariés suite aux élections professionnelles.

L'ANI, et son pendant législatif signé par les deux assemblées, est le premier pas tant attendu vers une social-démocratie. Ce n'est pas, comme j'ai pu le lire, une perte de pouvoir des parlementaires puisqu'ils auront toujours leur mot à dire, ils pourront toujours débattre, amender et voter les textes de loi. C'est en revanche un progrès de négocier avant le contenu d'un texte plutôt que de mettre les syndicats et les patrons devant le fait accompli. Si ce processus avait été suivi il y a trois ans pour la réforme des retraites, cette réforme n'aurait pas du tout eu la même allure.

mardi 16 avril 2013

Mon édito sur Mediavox : "Confiance et Transparence"

Cahuzac a trahi le gouvernement, les parlementaires et, le plus important, les Français. Dans un réflexe quasi Sarkozyste du « 1 fait divers = 1 loi », le monde politique est sorti de sa torpeur et les députés verts ont lancé le principe de transparence à tout prix. Au bout d’une semaine, si pour certains il faut être transparent pour regagner la confiance des électeurs, d’autres s’indignent de ce strip-tease public.

La transparence pour la transparence, le déballage public qui tourne à la mise à nue médiatique ne sert à rien. En revanche que les ministres et les élus répondent à une obligation de déclarer leur patrimoine et leurs activités et intérêts me semble normal. A dire vrai, j’étais persuadé que c’était déjà le cas, sur le modèle de la déclaration de patrimoine des candidats à l’élection présidentielle. Cette déclaration ne doit pas être réalisée pour assouvir le côté voyeur des citoyens mais les informations qu’elle contient doivent être disséquées et examinées sous toutes les coutures dès leur annonce. Le résultat de cet examen pourrait rentrer dans le cadre de la validation d’une élection par le Conseil Constitutionnel, tout comme l’examen des comptes de campagne. Cette même opération doit être obligatoire à la fin de chaque mandat pour surveiller tout cas d’enrichissement personnel suspect ou toute autre anomalie (par exemple le cas d’un ancien 1er ministre au faible patrimoine alors qu’il a du touché près d’un million d’euros en 5 ans tout en vivant aux frais de l’Etat).

Mais la déclaration de patrimoine ne peut suffire. Si l’on veut la transparence, alors réalisons la totalement. Pour regagner la confiance des Français, pour réhabiliter la fonction politique, ouvrons les portes et les fenêtres, ou plutôt ouvrons l’accès aux données. Par exemple, le gouvernement pourrait présenter le détail de l’utilisation de la réserve ministérielle et donner les explications sur le comment de cette utilisation.

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lundi 15 avril 2013

Relançons l'Europe !

Les élus du groupe « Socialistes et Démocrates » au Parlement Européen organisent un tour d'Europe pour discuter de sujets de société avec les citoyens européens. Après Bruxelles, Florence, Nottingham et Trieste, Relaunching Europe (« Relançons l'Europe » en français) faisait ce week-end étape à Lyon pour parler d'intégration et d'immigration. Pour cela, deux personnages de marque étaient présents dans la métropole Lyonnaise : Sylvie Guillaume, député européenne, vice-présidente du groupe « Socialistes & Démocrates » et élue lyonnaise, et Hannes Swoboda, président du groupe S&D au parlement européen de nationalité autrichienne.

Assez étonnamment, cette rencontre n'a pas semblé passionner les médias, point positif pour moi, puisque ça m'a permis de partager un moment plus que privilégié avec Hannes Swoboda et Sylvie Guillaume avant le début officiel de la soirée. La soirée en elle-même était organisée sous la forme de deux tables-rondes avec des intervenants de différents pays animées par Angela de Santiago, créatrice du site Youphil.com.
La première table-ronde avait pour thème « Ce qui fonctionne et ce qui devrait être amélioré » et pour intervenants CécileKyenge Kashetu (député démocrate italienne et une des deux seuls députés issu de l'immigration au parlement italien), Clotilde Giner de France Terred'Asile et Philip Marcel de l'organisation Deutsch Plus qui intervient dans les écoles allemandes pour proposer des activités autour de la diversité. Cette table-ronde a aussi laissé la parole à Youcef Aouchiche du Front des Forces Socialistes algérien.
La seconde table-ronde parlait « Expériences locales dans des villes d'Europe » avec Catherine Fieschi, anglaise et directrice du think tank européen Counterpoint, LiviaTurco, ancienne ministre de l'immigration italienne et ThibaultRenaudin, qui représentait l'AFEV (Association de la Fondation Etudiante pour la Ville).

Que retenir de ces deux heures d'échange ?
Tout d'abord la volonté affichée de Hannes Swoboda pour une meilleure intégration des immigrés par l'élargissement de la citoyenneté européenne. Pour le président du groupe S&D européen, il est nécessaire d'accroitre les droits aux résidents d'origine extra-communautaire résidant depuis longtemps en Union Européenne et de leur donner le droit de vote aux élections locales, quel que soit leur pays de résidence.

Ensuite, il a été rappelé par de nombreux participants que les différents pays de l'Union Européenne devaient revoir et accorder leurs politiques en matières d'immigration. La quasi totalité des intervenants soulignaient la dureté des critères et donc la difficulté d'accès à la nationalité dans leur pays respectif. De plus des directives européennes sur l'intégration existent sans qu'elles ne soient mise en place dans toute l'Europe. Par exemple en Italie il faut résider depuis 10 ans sur le sol italien pour pouvoir entamer les démarches d'obtention de nationalité alors que l'Union Européenne ne demande que 5 ans de présence. Il a été aussi rappelé que les pays de l'Union Européenne devaient revoir sa politique en matière d'accueil de réfugiés. Les chiffres évoqués comparant la situation de la France et du Pakistan sont assez éloquents sur le sujet...

Sur l'immigration et l'intégration, il a été beaucoup question des Roms. Sylvie Guillaume a expliqué les actions réalisées par des associations sur le terrain pour aider quelques familles à s'intégrer, en les aidant à s'installer dans des logements au sein de petites structures pour faciliter leur intégration. Mais il a aussi été rappelé que cette question d'immigration de Roms doit aussi faire l'objet d'une attention toute particulière dans les politiques mises en place en Roumanie, Hongrie et en Bulgarie. Depuis plusieurs années, les socialistes européens luttent pour faire adopter une directive européenne contre les discriminations. Il est nécessaire et urgent que la Commission Européenne soit moins dans la posture et le discours et soit plus contraignante dans ses actions.
Hannes Swoboda
La crise économique actuelle était aussi présente dans les esprits. Si elle peut servir de terreau aux politiques populistes et xénophobes, les intervenants ont rappelé le pouvoir du dialogue. Pour tous les intervenants, le problème n'est pas dans les institutions européennes ni dans leurs politiques (même si tout n'est pas parfait), mais dans l'absence de confiance et de dialogue entre les communautés. Par exemple en France les entreprises sont trop souvent centrées sur les diplômes et les expériences françaises alors qu'elles auraient beaucoup à gagner en intégrant des personnes d'autres horizons avec leurs passés et leur expérience. Si les mouvements populistes progressent sur la défiance envers les institutions, il faut insister sur les réussites locales pour montrer que l'intégration fonctionne et que tout n'est pas qu'une question de textes législatifs. Sur le sujet, le principe de collocation solidaire mis en place par l'AFEV est assez remarquable. Afin de développer la mixité sociale et les rencontres entre les communautés d'une même ville, l'association aide à la mise en place de colocation entre étudiants dans certains quartiers en échange d'activités au sein d'associations ou de soutien scolaire dans le quartier.

En matière d'exemple d'intégration, quelques points très intéressants ont été soulignés. Tout d'abord qu'il n'existait pas de ville modèle en Europe dont il suffirait de copier le schéma pour garantir une bonne intégration des différentes communautés. Chaque pays, chaque région a ses propres spécificités et peut s'inspirer de certaines bonnes pratiques sans recopier un modèle précis. Ensuite en comparant le modèle français d'un centre-ville aisé et de banlieues synonymes d'exclusion et le modèle anglais où l'on peut retrouver toutes les minorités en centre-ville, le constat a été fait qu'aucune de ces deux solutions n'a empêché le développement de fortes inégalités. L'excellent Thibault Renaudin de l'AFEV a fortement insisté sur ces points. Pour lui, « c'est à nous de fracasser les politiques d'exclusion ». Quand on lui pose la question de ce que pourrait faire les politiques pour aider l'intégration des familles d'Afrique subsaharienne, il retourne la question en comment améliorer le « vivre-ensemble » et garantir l'égalité des droits.

A écouter les différents intervenants, la clé de l'intégration se trouve dans ce « vivre-ensemble », dans toutes les actions locales, politiques ou associatives, pour créer une véritable d'union entre les habitants et non de simples communautés repliées sur elles-mêmes.

Pour conclure, l'Union Européenne est déjà équipée d'une Charte des Droits Fondamentaux qui garantit une série de droits à toutes personnes vivant dans l'Union Européenne. Cette charte doit être la pierre angulaire des politiques d'immigration et d'intégration de tous les pays, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. Le Parlement Européen doit aussi réussir à faire rapidement aboutir cette directive anti-discrimination malgré les réticences des élus conservateurs.

La qualité et la diversité des interventions a fait de cette rencontre de « Relancer l'Europe » une véritable réussite. C'est assez incroyable de voir que si les problématiques sont similaires dans de nombreux pays, les solutions envisagées ou mises en place sont différentes mais tournent toutes autour des mêmes axes :
  • l'éducation : égalité de moyens pour les jeunes générations, mais aussi éducation des nouveaux arrivants,
  • la cohésion sociale : égalité dans l'accès au logement et à la santé par exemple, mais aussi dialogue et échanges entre tous,
  • la participation économique : non discrimination à l'accès à l'emploi, intégration des talents quel que soit leur origine,
  • la citoyenneté : droit de vote pour tous les résidents, fin de l'arbitraire pour l'accès à la nationalité mais aussi la représentation dans les médias et dans les différentes instances élues ou non.

Toute la soirée était retransmise en direct et dans une qualité incroyable sur le site relaunchingeurope.eu. Je vous donne donc rendez-vous le 29 avril pour la prochaine étape de l'événement qui aura lieu en Bulgarie sur l'accès à l'emploi de la jeunesse européenne.