lundi 17 décembre 2012

Etats-Unis, fusillades et liberté

Charlton Heston parlant de liberté
Le 14 décembre dernier, une nouvelle fusillade a eu lieu aux Etats-Unis, cette fois-ci dans une école primaire. Lors de la tuerie d'Aurora cet été, le maire de New York s'était publiquement exprimé pour la tenue d'un véritable débat sur le port d'arme entre les candidats à l'élection présidentielle. Il n'en fut rien. Vendredi dernier, ce sont 20 enfants qui ont été tués par un adolescent. La jeunesse des victimes va-t-elle pousser Obama à se poser les bonnes questions ?

Le moment est idéalement choisi. Obama vient d'être réélu, et a donc les mains libres puisqu'il ne doit plus se soucier d'une possible réélection. Le jeune âge des victimes touche l'opinion publique. L'initiative pourrait donc être soutenue par une partie de la population. Mais cette population américaine est très fortement attachée à ce droit, inscrit en pleines lettres dans la Constitution mais pour des raisons qui datent d'un autre âge.

Connaissez-vous beaucoup de pays qui ont vécu entre 2007 et 2012 au moins 21 fusillades ? Sans parler des accidents domestiques, des règlements de compte ou des assassinats sous prétexte de légitime défense (comme le cas de Trayvon Martin tué dans la rue sans aucune autre raison que la peur qu'il a inspiré à une personne qui l'a vu au loin) ? Pour rappel, voici les 21 fusillades que j'ai recensées rapidement (liste surement non exhaustive) :
  • Virginia Tech (avril 2007) : 33 morts (dont tueur)
  • Omaha, Nebraska (décembre 2007) : 9 morts (dont tueur)
  • Northern Illinois University (février 2008) : 10 morts (dont tueur)
  • Detroit, école primaire (octobre 2008) : 1 mort
  • Conway, Arkansas (octobre 2008) : 2 morts
  • Covina, Californie (décembre 2008) : 10 morts (dont tueur)
  • Geneva County, Alabama (mars 2009) : 11 morts (dont tueur)
  • Carthage, Caroline du Nord (mars 2009) : 8 morts
  • Binghampton, New York (avril 2009) : 14 morts (dont tueur)
  • Fort Hood, Texas (novembre 2009) : 13 morts
  • Virginie (janvier 2010) : 8 morts 
  • Alabama (février 2010) : 3 morts 
  • Manchester, Connecticut / aout 2010 : 9 morts (dont tueur)
  • Tucson, Arizona (janvier 2011) : 6 morts  
  • Copley, Ohio (août 2011) : 8 morts (dont tueur)
  • Seal Beach, Californie (octobre 2011) : 8 morts   
  • Virginia Tech (décembre 2011) : 2 morts  
  • Université Oakland, Californie (avril 2012) : 7 morts
  • Aurora, Colorado (juillet 2012) : 12 morts
  • Oak Creek, Wisconsin (août 2012) : 7 morts 
  • Newton, Connecticut (décembre 2012) : 28 morts
Je précise que je ne demande pas à Obama d'appliquer le principe très sarkozyste, et largement décrié ici, "1 fait divers = 1 loi", mais de prendre en compte cette litanie d'actes pour s'attaquer réellement au port d'armes. Une réglementation stricte ne garantira pas à 100% la fin de ces événements tragiques mais permettra d'en réduire considérablement leur nombre. Comment les Américains peuvent continuer à se battre pour le droit à porter des armes quand celles-ci sont impliqués dans plus de 20 fusillades en 5 ans et quand ces fusillades ont fait plus de 200 morts ? Pensent-ils vraiment que ce bilan est synonyme de liberté ?

dimanche 16 décembre 2012

J'ai marché pour le #MariagePourTous

Ce dimanche après-midi, j'ai rejoint la Place de la Bastille où entre 60 000 et 150 000 personnes se sont rassemblés pour soutenir le projet de mariage et d'adoption pour tous. Cette foule incroyable et joyeuse a fait que le cortège a rempli les rues du 4ème et du 5ème arrondissement pendant près de 5 heures. Les premiers échos sont unanimes, cette manifestation est une grande réussite.

Voici quelques photos prises au début de la manifestation où l'on peut voir la présence de nombreux partis politiques et de quelques syndicats.

J'en profite aussi pour saluer celles et ceux qui étaient présents, mais que je n'ai pas réussi à croiser, et aussi les rares absent-e-s qui auraient nettement préféré se joindre à cette mobilisation:

A vos agendas, un nouveau défilé devrait avoir lieu le 27 janvier 2013, soit 2 jours avant l'examen du projet de loi à l'Assemblée Nationale.

vendredi 14 décembre 2012

Sortie littéraire : "Mes nuits avec Sarkozy"

Tout a débuté le 6 mai au soir par le texte du « discours de Nicolas Sarkozy au Congrès d’investiture de l’UMP le 14 janvier 2007 », billet suivi dès le lendemain par la liste des promesses de campagne du nouveau président, billet conclu par ce magnifique avertissement : « Pour ma part, je n'oublierai rien. » C’est ainsi qu’a commencé cette incroyable aventure de SarkoFrance.

Pour ma part, j’ai découvert ce blog assez tardivement, vers 2010, alors que je faisais mes premiers pas de blogueur. Immédiatement, la lecture de ses billets fut une de mes premières activités quotidiennes. Aussi incroyable que cela puisse paraître, tous les jours pendant 5 ans, il y a eu matière à écrire sur l’action gouvernementale. Il y avait même matière à faire des chroniques hebdomadaires qui me donnaient régulièrement la nausée. Enfin, le 7 mai 2012 au matin, le blogueur acharné livrait son premier billet de la France d’après. Durant 5 ans, Juan a tenu sa promesse, il n’a rien oublié, il n’a rien laissé passer.

Aujourd’hui, SarkoFrance vient de passer un nouveau cap. Une nouvelle page se tourne, mieux que ça même, 116 nouvelles pages sont appelées à être tournées. Juan nous livre une partie de ses secrets, nous raconte sa singulière expérience de blogueur antisarkozyste dans son livre « Mes nuits avec Sarkozy ». Je n’ai plus qu’une seule hâte, découvrir ce livre qui, obligatoirement, ne peut que bien se finir, tout en espérant qu’il n’y ait jamais de suite…

« Mes nuits avec Sarkozy » est disponible en version électronique ou papier sur les sites Morebooks et Amazon. A mon avis, c'est LE cadeau de noël pour blogueur militant.

jeudi 13 décembre 2012

Le Pacte territoire-santé de Marisol Touraine

C’était l’un des engagements de François Hollande pendant la campagne présidentielle. Le candidat socialiste promettait de s’attaquer aux « déserts médicaux ». Pour cela, il souhaitait créer des « pôles de santé de proximité ». Il évoquait également « un plan d'urgence pour l'installation des jeunes médecins », passant par des incitations financières, des aides « dans la construction » de leurs « projets médicaux », dans leurs « démarches administratives » et en « contractualisant les carrières et les parcours professionnels » (intentions tracées par L’Extansion en février 2012).

Ce 13 décembre, Marisol Touraine, ministre de la Santé, a présenté son plan pour lutter contre les « déserts médicaux », plan qui tient en 12 engagements regroupés en 3 catégories d’objectifs.


I. Changer la formation et faciliter l’installation des jeunes médecins.

Engagement 1- Un stage en médecine générale pour 100% des étudiants.
La ministre part du principe que seuls 50% des étudiants réalisent un stage en cabinet libéral (alors que ce stage devrait être obligatoire). Cette absence de stage serait une explication au fait que seuls 10% des étudiants en médecine s’installent en libéral à la fin de leurs études.

Engagement 2- 1500 bourses d’engagement de service public d’ici 2017.
Aujourd’hui, les étudiants peuvent avoir une bourse pour leurs études s’ils s’engagent à s’installer ensuite dans un « désert médical ». Le problème est que seules 351 bourses sur les 800 prévues annuellement trouvent preneur. Le dispositif sera donc simplifié et un dispositif dédié sera créer pour les chirurgiens-dentistes.

Engagement 3- 200 praticiens territoriaux de médecine générale dès 2013.
Afin d’aider l’installation de nouveaux médecins, un contrat apportant une garantie financière pour les 2 premières années va être mis en place. L’objectif est la signature de 200 contrats en 2013.

Engagement 4- Un « référent-installation » unique dans chaque région.
Chaque région devra avoir un dispositif clair informant les futurs diplômés de l’ensemble des mesures d’aides à l’installation. Afin d’avoir une meilleure visibilité, chaque région aura un « référent-installation » clairement défini dont la mission sera d’aller vers les futurs médecins et de répondre à leurs interrogations.


II. Transformer les conditions d’exercice des professionnels de santé.

Engagement 5- Développer le travail en équipe.
Des forfaits d’équipe seront versés en contrepartie de services tangibles réalisés en équipe (prévention, éducation thérapeutiques). Pour cela, une négociation conventionnelle sera lancée début 2013 sur le sujet de la rémunération des équipes de soins. Ces rémunérations « seront versées de manière forfaitaire aux équipes qui pourront ainsi financer les moyens nécessaires à la réalisation de ces services : équipements (notamment informatiques), secrétariats ou temps de coordination. »

Engagement 6- Rapprocher les maisons de santé des universités.
Le principe de rapprocher les maisons de santé des universités est de développer l’offre de stages mais aussi de développer les terrains de recherche et d’enseignement. Pour le moment cet engagement n’est qu’un souhait. La proposition de la ministre souligne que « cet engagement est soumis à la concertation, pour détecter les meilleures pratiques et les modalités qui permettront d’atteindre cet objectif. »

Engagement 7- Développer la télémédecine.
L’objectif est d’élaborer des protocoles sur la filière dermatologique dans un premier temps. L’idée est de réussir à libérer du temps pour les médecins spécialistes.

Engagement 8- Accélérer les transferts de compétences.
Certaines spécialités (principalement l’ophtalmologie) ont un temps d’accès très long pour les patients. L’idée est donc d’essayer de mieux répartir cette activité pour réussir à dégager plus de temps disponible. Pour cela, le début de l’année 2013 sera employé à la mise en place de nouveaux protocoles et modèles économiques entre ophtalmologues.


III. Investir dans les territoires isolés.

Engagement 9- Garantir un accès aux soins urgents en moins de 30 minutes d’ici 2015.
Trois axes de développement ont été définis suite à un diagnostique réalisé en 2012 :

  • mise en place de nouveaux services mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR) ou antennes de SMUR,
  • extension du statut de « médecins correspondants du SAMU », pour inciter des médecins généralistes à rejoindre le dispositif,
  • coopération entre services d’urgence pour conserver le maillage du territoire et la qualité des prises en charge

Engagement 10- Permettre aux professionnels hospitaliers et salariés d’appuyer les structures ambulatoires.
Aujourd’hui, il est impossible pour un médecin salarié de centres de santé, d’hôpitaux ou de centres mutualistes d’utiliser une partie de son temps pour exercer dans une zone démédicalisée. Une modification de la loi est en cours permettant la signature de conventions.

Engagement 11- Adapter les hôpitaux de proximité et responsabiliser les centres hospitaliers de niveau régional à l’égard de leur territoire.
Afin de garantir la présence des hôpitaux de proximité, une étude d’un nouveau modèle de financement sera lancée en 2013.

Engagement 12- Conforter les centres de santé.
Dans les territoires où l’offre de médecine libérale est insuffisante (principalement dans des quartiers défavorisés), des centres de santé devront être installés. Pour cela, une mission est déjà lancée pour définir un modèle économique spécifique et des négociations avec l’Assurance Maladie sera mise en place en 2013.


Les constats énoncés dans le « Pacte Territoire-Santé » montrent que de nombreuses mesures ont déjà été prises mais elles ont été rarement correctement appliquées. Espérons que la méthode de concertation utilisée pour la rédaction de ce pacte et pour la mise en place à venir des engagements soit plus efficace. J’espère que Gelule fera une analyse sur son blog puisqu’elle a déjà souvent parlé du problème.

mercredi 12 décembre 2012

Le déménagement de Gérard

Depardieu dans Mammuth
Gérard Depardieu a déménagé ce week-end ! Je pense que c’est la 1ère fois que je parle de la vie des « people » sur ce blog, c’est dire si l’information est importante ! J’avoue qu’au départ, je ne voulais pas traiter cette nouvelle. Les people, ce n’est pas mon truc sauf quand je tombe accidentellement sur un Closer / Voici / France Dimanche / Public.

Il semblerait que le problème soit que notre Gégé national aie fuit pour payer moins d’impôt. Car oui, Depardieu n’a pas déménagé à Lyon  ou à Nantes, mais en Belgique (surement pour se rapprocher de la Hollande). L’info a fait la une de Libé, j’ai lu 8 billets de blog sur le sujet, un député socialiste a même pété les plombs en demandant la déchéance de nationalité pour les exilés fiscaux ! Pourquoi cette non-information fait-elle tant parler ?

C’est que le déménagement de Gégé en est la preuve ! Pour le Figaro et les opposants de droite, il est la preuve qu'ils ont raison. Pour Libé, les soutiens de gauche et les opposants de gauche, il est aussi la preuve qu'ils ont raison.
A droite, ils pensent avoir raison. La politique belliqueuse de François Hollande envers les riches porte ses fruits. Les riches fuient la France et son harcèlement fiscal.
A gauche, ils pensent avoir raison, la preuve que les riches sont tous des salauds, ils sont là pour se faire mousser lors de galas et soirées caritatives mais dès qu’on leur demande de mettre un peu la main à la patte et de participer à l’effort commun pour redresser les finances du pays, ils se cassent.

Seulement, ils ont aussi tous torts… Des Français qui partent vivre à l’étranger pour les avantages du pays d’accueil, ça existe depuis la nuit des temps. J’ai toujours grandit avec l’idée que nos tennismen plus ou moins bons vivaient tous de l’autre côté du Léman. Alain Delon a répété cette semaine que cela faisait longtemps qu’il vivait à l’étranger. D’autres Français ont quitté la France depuis plusieurs années car il leur semblait plus facile de créer une entreprise et de réussir dans d’autres pays (rêve américain, réveil de l’Asie, autres explications…). Il y en a eu quand Mitterrand est arrivé au pouvoir, il y en a eu alors que Chirac tenait les rênes de la France, il y a même eu des Français qui se sont expatriés sous Sarkozy et son bouclier fiscal. En septembre 2005, Le Point faisait justement un article sur « ces riches qui quittent la France ». On y parle de Halley (Promodès-Carrefour), Mallart (Novalliance), Jaffré (ancien PDG d'Elf), Noah, Aznavour, et de nombreux autres.

Le départ de Gérard Depardieu est donc un non événement, ou plutôt ce n’est qu’un nouvel argument en faveur d’une harmonisation fiscale européenne, que ce soit sur la fiscalité des personnes ou des entreprises. C’était d’ailleurs le sujet au sein de la Commission Européenne qui s’inquiète de « l’évasion fiscale au sein et en dehors de l’UE ». Et si la fuite de certains « gros » contribuables est dommageable, il faut aussi et surtout s’inquiéter des entreprises fraudeuses, car comme le rappelait Libération dans son édition du 11 décembre :
« Seule certitude, les principaux fraudeurs et évadés fiscaux ne sont pas des people ou des sportifs, mais des multinationales. Londres, peu féroce en la matière, vient d’en apporter la preuve, estimant son manque à gagner fiscal à près de 5 milliards d’euros en 2012 (25 milliards sur les dernières années). Visant Google, Starbucks et Amazon. »

mardi 11 décembre 2012

Le mariage pour tous, tous dans la rue le 16 décembre

C’est le sujet d’actualité à la mode en ce moment. Que ce soit entre amis, au boulot, sur nos blogs ou dans la rue, tout le monde parle du mariage pour tous. Le sujet arrive tellement à mobiliser qu’à Paris une manifestation des « antis » est prévue le 13 décembre alors que la manifestation des « pros » est programmée pour le dimanche 16 décembre.
 
Je me suis déjà exprimé à plusieurs reprises sur mon blog, et j’ai l’impression de tourner un peu en rond. La droite réclame un véritable débat mais je n’arrive pas à entendre de critiques valables (à mon avis) pour réaliser un débat sérieux.

La contestation médiatique a commencé par les religions : que ce soit avec les responsables catholiques français, les responsables du Conseil Français du Culte Musulman ou le Grand Rabbin de France. Pour chacune de ces religions, l’opposition s’appuie sur les textes sacrés et sur une vision traditionnelle et religieuse de la famille. S’il est important que ces religions s’expriment car elles sont là pour guider leurs fidèles, je ne suis pas sur de leur pertinence dans le débat public. Prenons l’exemple des chrétiens catholiques puisqu’ils sont majoritaires en France.
D’après une étude du CSA en 2009, 51% des Français se déclaraient catholiques mais seuls 27% se disent réellement croyants (sans même descendre dans l’analyse de la pratique), les autres 24% ayant des doutes ou ne croyant pas à l’existence de Dieu). Eloignons-nous de la proportion de croyants pour regarder les chiffres du mariage puisque c’est le sujet qui nous intéresse plus précisément et que beaucoup de monde connaît des jeunes mariés qui vont à l’église pour le folklore. En 1990, l’église catholique française comptabilisait 147 146 mariages catholiques alors que 287 000 mariages civils étaient célébrés en mairie, soit 51% des mariages se déroulaient à l’église. En 2009, la proportion descendait en dessous des 31% (77 664 mariages religieux pour 251 478 mariages civils). Je ne chercherai pas ici les causes de cette chute, mais elle est un des exemples de l’éloignement progressif et régulier des Français de l’institution catholique.
Etant donné cet éloignement, le caractère laïc de notre état et la fait que le projet de loi ne va concerner que les mariages civils, devons-nous vraiment prendre en compte les remarques des institutions religieuses ?

Ensuite, la droite parlementaire a pris le relais de la contestation du projet de loi. Pour le moment, j’ai entendu trois types d’arguments (parfois repris ou du moins en accord avec les arguments religieux) :
  • Les arguments sur la prochaine arrivée de mariages zoophiles, polygames et autres. C’est sur le blog d’Elooooody que j’y ai vu le débat le plus intense alors que l’explication initiale de la blogueuse est clair et simple. Si une pratique est illégale, il est impossible de légiférer sur un mariage approuvant cette pratique.
    Prenons l’exemple de la polygamie (mais on peut appliquer ça aux autres types de mariages craints). Celle-ci est interdite par la loi. Par conséquent, un mariage polygame sera toujours interdit tant que la pratique sera illégale. Le jour où cette pratique sera rendue légale, cela n’impliquera pas que le mariage sera ouvert aux polygames. Pour exemple de l’homosexualité, aucun mariage entre homosexuels n’était possible avant les années 80 puisque leur cas était considéré comme maladie mentale. Maintenant que l’homosexualité est considérée comme normale (hélas, pas par tous), rien ne devrait empêcher à ces couples normaux d’avoir accès à un mariage normal. 
  •  Les arguments sur la mise à mort des rôles de père et mère avec leur suppression du Code Civil et pire encore, leur suppression du sacro-saint livret de famille. Cette crainte pouvait potentiellement être valable avant la présentation du projet de loi en conseil des ministres. Depuis, il est officiel que les termes « père » et « mère » ne disparaîtront pas des textes législatifs. Ils seront parfois remplacés du Code Civil pour que les dispositions soient applicables à tous les couples. La future loi n’aura pas non plus le droit de modifier les libellés du Livret de Famille. L’argument des « parent A et parent B » ne peut donc plus être tenu. 
  •  Les arguments  sur le bien-être de l’enfant, de l’importance de la filiation et du besoin d’un enfant d’être entouré d’un homme et d’une femme. C’est peut être l’argument qui mérite le plus d’être débattu. Si importance de la filiation il y a, il faut surement remettre en cause l’adoption, non pas par des couples du même sexe, mais l’adoption en général. La nécessité pour un enfant d’avoir un père et une mère impose de remettre en cause le divorce, quoique dans ce cas l’enfant aurait encore ses 2 parents mais ne serait pas éduqués par les deux en même temps. Quid des enfants ayant eu le malheur de perdre un de leur parent ? Faut-il interdire au parent restant de s’occuper de son enfant ? Faut obliger une parité parfaite dans les orphelinats pour s’occuper des enfants ?

Sur ce sujet, je tourne volontairement à l’excès les cas de figure, mais il existe aujourd’hui de nombreux enfants élevés par deux personnes du même sexe. Ces enfants s’épanouissent autant que leurs petits camarades élevés par des parents hétérosexuels vivant ensemble ou non.

Jeudi 13 décembre, l’UMP appelle à manifester et rêve de retrouver l’affluence des manifestations de 1984 pour la sauvegarde de l’enseignement privé. Peut-être que ce jour là, nous aurons le droit à de nouveaux arguments ou à plus d’explications sur leurs arguments actuels. Dans ce cas, le débat continuera ici dans de nouveaux billets.

En ce qui me concerne, je participerai à la manifestation du dimanche 16 décembre pour le mariage pour tous. J’ai au moins 3 raisons de sortir dans le froid pour défendre ce projet et cet engagement présidentiel :
  1. J’y accompagnerai de nombreux amis qui attendent avec impatience d’être considéré comme des couples normaux ayant les mêmes droits que le couple qui partage leur palier.
  2. En tant que militant et élu CFDT dans mon entreprise, je me joindrai à mon syndicat pour qui « cet engagement sur l'égalité des droits est un combat constant dans l’histoire de notre organisation ».
  3. Enfin en tant que militant socialiste, je défilerai pour soutenir mon gouvernement et mes parlementaires, pour leur assurer que la direction prise est la bonne.

Pour cela, et quelles que soient les températures, dimanche 16 décembre, je marcherai de Bastille à Opéra avec tous les Parisiens et Franciliens qui sont attachés à ce projet de loi.