C’est le sujet d’actualité à la mode en ce moment. Que ce
soit entre amis, au boulot, sur nos blogs ou dans la rue, tout le monde parle
du mariage pour tous. Le sujet arrive tellement à mobiliser qu’à Paris une
manifestation des « antis » est prévue le 13 décembre alors que la
manifestation des « pros » est programmée pour le dimanche 16
décembre.
Je me suis déjà exprimé à plusieurs reprises sur mon blog,
et j’ai l’impression de tourner un peu en rond. La droite réclame un véritable
débat mais je n’arrive pas à entendre de critiques valables (à mon avis) pour
réaliser un débat sérieux.
La contestation médiatique a commencé par les religions :
que ce soit avec les responsables catholiques
français, les responsables du Conseil Français du Culte
Musulman ou le Grand
Rabbin de France. Pour chacune de ces religions, l’opposition s’appuie sur
les textes sacrés et sur une vision traditionnelle et religieuse de la famille.
S’il est important que ces religions s’expriment car elles sont là pour guider
leurs fidèles, je ne suis pas sur de leur pertinence dans le débat public. Prenons
l’exemple des chrétiens catholiques puisqu’ils sont majoritaires en France.
D’après une étude du CSA en 2009, 51%
des Français se déclaraient catholiques mais seuls 27% se disent réellement
croyants (sans même descendre dans l’analyse de la pratique), les autres 24%
ayant des doutes ou ne croyant pas à l’existence de Dieu). Eloignons-nous de la
proportion de croyants pour regarder les chiffres du mariage puisque c’est le
sujet qui nous intéresse plus précisément et que beaucoup de monde connaît des
jeunes mariés qui vont à l’église pour le folklore. En 1990, l’église
catholique française comptabilisait 147 146 mariages catholiques alors
que 287 000 mariages civils étaient célébrés en mairie, soit 51% des
mariages se déroulaient à l’église. En 2009, la proportion descendait en
dessous des 31% (77 664 mariages religieux pour 251 478 mariages
civils). Je ne chercherai pas ici les causes de cette chute, mais elle est un
des exemples de l’éloignement progressif et régulier des Français de l’institution
catholique.
Etant donné cet éloignement, le caractère laïc de notre état
et la fait que le projet de loi ne va concerner que les mariages civils,
devons-nous vraiment prendre en compte les remarques des institutions
religieuses ?
Ensuite, la droite parlementaire a pris le relais de la
contestation du projet de loi. Pour le moment, j’ai entendu trois types d’arguments
(parfois repris ou du moins en accord avec les arguments religieux) :
- Les arguments sur la prochaine arrivée de
mariages zoophiles, polygames et autres. C’est sur le blog d’Elooooody que j’y
ai vu le débat le plus intense alors que l’explication initiale de la blogueuse
est clair et simple. Si une pratique est illégale, il est impossible de
légiférer sur un mariage approuvant cette pratique.
Prenons l’exemple de la polygamie (mais on peut appliquer ça aux autres types de mariages craints). Celle-ci est interdite par la loi. Par conséquent, un mariage polygame sera toujours interdit tant que la pratique sera illégale. Le jour où cette pratique sera rendue légale, cela n’impliquera pas que le mariage sera ouvert aux polygames. Pour exemple de l’homosexualité, aucun mariage entre homosexuels n’était possible avant les années 80 puisque leur cas était considéré comme maladie mentale. Maintenant que l’homosexualité est considérée comme normale (hélas, pas par tous), rien ne devrait empêcher à ces couples normaux d’avoir accès à un mariage normal. - Les arguments sur la mise à mort des rôles de père et mère avec leur suppression du Code Civil et pire encore, leur suppression du sacro-saint livret de famille. Cette crainte pouvait potentiellement être valable avant la présentation du projet de loi en conseil des ministres. Depuis, il est officiel que les termes « père » et « mère » ne disparaîtront pas des textes législatifs. Ils seront parfois remplacés du Code Civil pour que les dispositions soient applicables à tous les couples. La future loi n’aura pas non plus le droit de modifier les libellés du Livret de Famille. L’argument des « parent A et parent B » ne peut donc plus être tenu.
- Les arguments sur le bien-être de l’enfant, de l’importance de la filiation et du besoin d’un enfant d’être entouré d’un homme et d’une femme. C’est peut être l’argument qui mérite le plus d’être débattu. Si importance de la filiation il y a, il faut surement remettre en cause l’adoption, non pas par des couples du même sexe, mais l’adoption en général. La nécessité pour un enfant d’avoir un père et une mère impose de remettre en cause le divorce, quoique dans ce cas l’enfant aurait encore ses 2 parents mais ne serait pas éduqués par les deux en même temps. Quid des enfants ayant eu le malheur de perdre un de leur parent ? Faut-il interdire au parent restant de s’occuper de son enfant ? Faut obliger une parité parfaite dans les orphelinats pour s’occuper des enfants ?
Sur ce sujet, je tourne volontairement à l’excès les cas de figure, mais il
existe aujourd’hui de nombreux enfants élevés par deux personnes du même sexe.
Ces enfants s’épanouissent autant que leurs petits camarades élevés par des
parents hétérosexuels vivant ensemble ou non.
Jeudi 13 décembre, l’UMP appelle à manifester et rêve de
retrouver l’affluence des manifestations de 1984 pour la sauvegarde de l’enseignement
privé. Peut-être que ce jour là, nous aurons le droit à de nouveaux arguments
ou à plus d’explications sur leurs arguments actuels. Dans ce cas, le débat
continuera ici dans de nouveaux billets.
En ce qui me concerne, je participerai à la manifestation du
dimanche 16 décembre pour le mariage pour tous. J’ai au moins 3 raisons de
sortir dans le froid pour défendre ce projet et cet engagement présidentiel :
- J’y accompagnerai de nombreux amis qui attendent avec impatience d’être considéré comme des couples normaux ayant les mêmes droits que le couple qui partage leur palier.
- En tant que militant et élu CFDT dans mon entreprise, je me joindrai à mon syndicat pour qui « cet engagement sur l'égalité des droits est un combat constant dans l’histoire de notre organisation ».
- Enfin en tant que militant socialiste, je défilerai pour soutenir mon gouvernement et mes parlementaires, pour leur assurer que la direction prise est la bonne.
Pour cela, et quelles que soient les températures, dimanche
16 décembre, je marcherai de Bastille à Opéra avec tous les Parisiens et
Franciliens qui sont attachés à ce projet de loi.
je reviendrai juste sur un point de ton billet, peut être pourras-tu m 'éclairer, que viennent foutre les syndicats dans cette histoire de mariage pour tous ?
RépondreSupprimerEntre autre car plus l'égalité est reelle dans la société civile (ici mariage pour tous), plus l'égalité et le respect est assuree en entreprise.
SupprimerC'est aussi pourquoi la CFDT participe pour le mariage et non pour la question de la pma, gpa et autres.