La bonne nouvelle du mois est arrivée hier, les chiffres du chômage sont en baisse pour la première fois depuis avril 2011. Pourtant d'après de nombreuses sources, dont L'Express, il est de plus en plus difficile de travailler en France aujourd'hui, principalement à cause de ces "nuls" de syndicats qui empêchent les personnes motivées de travailler.
Le dernier exemple en date est le cas de la boutique Sephora sur les Champs Elysées. Jusqu'à ce début de semaine, le magasin de parfums et cosmétiques fermait ses portes à minuit 5 jours sur 7 et poussait jusque 1h du matin les vendredi et samedi. Les syndicats ont pris en main le dossier et ont été entendus par la Cour d'Appel de Paris qui force la boutique Sephora à fermer à 21h. A présent, les défenseurs de la boutique essayent d'opposer les salariés, qui seraient tous très heureux de travailler tard, aux syndicats, uniquement bons à empêcher les gens d'aller travailler.
Je ne veux pas mettre en doute les propos des salariés heureux de travailler tard le soir, mais ces propos ne peuvent être l'excuse pour des patrons de violer les lois. Le code du travail précise clairement :
"Le recours au travail de nuit est en principe exceptionnel. Il doit prendre en compte les impératifs de protection de la sécurité et de la santé des travailleurs et doit être justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale. C’est pourquoi il doit être mis en place sous certaines conditions."
Assurer la continuité de l'activité permet aux usines de tourner 24h/24 et ne pas avoir à arrêter et redémarrer leurs outils de production. Les services d'utilité sociale permettent entre autre d'avoir accès aux soins à tout moment de la nuit. Ce sont les seules justifications possibles et j'ai du mal à voir comment réussir à faire entrer la vente de parfums dans l'une de ces deux cases.
La mise en place du travail de nuit doit prendre en compte la sécurité et la santé du travailleur. Sephora assure comment la sécurité de ses vendeuses qui doivent rejoindre après la fermeture du magasin leur ville de résidence ? Le dernier RER doit partir vers 0h30, ce qui ne laisse que peu de marge en semaine et est même impossible à utiliser quand le magasin ferme à 1h. En plus à cette heure là, les transports sont rarement pleins, certains quartiers sont peu fréquentables, on augmente donc sérieusement les risques d'agressions.
Pire encore et toujours, l'INSERM a publié les résultats d'une recherche qui indique que "le risque de cancer du sein était augmenté d’environ 30 % chez les femmes ayant travaillé de nuit par rapport aux autres femmes." Le risque serait accru si la femme travaille de nuit avant sa première grossesse.
La direction du magasin essaye l'argument économique. Ils réaliseraient 20% de son chiffre d'affaire dans la période 21h - minuit. Ce qui signifie que cette période n'est qu'une période banale et non pas un pic d'activité puisque cette période représente 20% du temps d'ouverture quotidien du magasin.
Mais le problème majeur, en ces temps de crise économique tout particulièrement, est le fort risque de chantage à l'emploi. On imagine bien le discours tenu au près de certains employés les menaçant de licenciement s'ils ne veulent pas faire leur part d'heures de nuit. La mère de famille peut-elle réellement refuser de travailler après 21h pour pouvoir passer un minimum de temps en famille sans craindre une sanction ? Sous prétexte d'un fort taux de chômage, on serait obligé d'accepter n'importe quoi, n'importe quand ?
Les Champs Elysées sont réputés pour être une des vitrines de la France. Ce ne doit pas devenir la vitrine de la casse sociale en se transformant en une zone de non droit où l'on pourrait exploiter des gens 24h/24 et 7j/7.