Ce mardi la France retenait son souffle pour connaitre enfin les lauréats des Prix du Trombinoscope 2014. Qui serait l'homme politique de l'année, le ministre ou la révélation de l'année 2014 ? Qui a marqué l'année politique 2014 ? Un panel de journalistes se sont amusés à jouer aux Césars et ont remis leurs distinctions honorifiques comme tout blogueur aurait fait sa revue de l'année 2014.
Manuel Valls aura eu l'honneur de succéder à Christiane Taubira au titre de personnalité politique. Ségolène Royal a reçu le prix de la ministre de l'année, Emmanuel Macron du haut de ses 37 ans a reçu le prix de la révélation de l'année. Chez les parlementaires, Laurent Baumel, frondeur en chef, est le député de l'année alors que Gérard Larcher, récent patron du Sénat, est vu comme le sénateur de l'année. L'Européen de l'année est Matteo Renzi, chef du gouvernement italien et enfin Steve Briois s'est vu décerné le prix de l'élu local de l'année. Les socialistes semblent avoir marqué de leurs empreintes l'année 2014 en recevant 5 des 7 prix possibles.
Là où les journalistes se ridiculisent, c'est quand il a fallu donner le prix de l'élu local. Le jury, comme un seul homme, déclare Steve Briois élu local de l'année. Pour eux, il est l'incarnation du FN victorieux lors des dernières municipales. Pourtant, lors du discours annonçant le gagnant, Gilles Leclerc dit ne pas vouloir féliciter le FN. Personne ne remettra en main propre le diplôme représentant ce prix.
Dans ce cas, pourquoi vouloir remettre un prix à un élu FN ? Ces journalistes, quelques jours après avoir défendu la liberté de la presse ont décerné le prix de l'élu local à celui qui a expulsé de leurs locaux la Ligue des Droits de l'Homme à Hénin-Beaumont. On peut comprendre qu'ils soient gênés aux entournures. N'y avait-il pas d'autres élus locaux à féliciter ? Ils auraient pu penser à Anne Hidalgo pour avoir su gagner les municipales à Paris alors que les Français votaient majoritairement contre la gauche, pour avoir osé instaurer un budget participatif ou pour se battre contre la pollution des véhicules en ville. Le jury du Trombinoscope aurait pu penser à Eric Piolle, le nouveau maire de Grenoble, le premier maire écologiste d'une ville de plus de 100 000 habitants. Non, ils ont voulu récompenser un élu FN tout en ne l'assumant pas publiquement.
Ces journalistes se sont surement dit qu'il était impossible de ne pas récompenser une personne du FN. Marine Le Pen et Florian Philippot sont les personnalités politiques le plus souvent invités sur les plateaux des matinales en 2014. Ce sont ces journalistes qui gonflent leurs audiences en donnant une audience disproportionnée au FN. En mars 2014, le CSA s'inquiétait déjà de la disproportion du temps de parole donné au FN. Dans ces moments là, les journalistes ne sont pas gênés par la présence régulière du FN. Le FN qui insulte à longueur de temps les journalistes (Marion Maréchal Le Pen l'a prouvé une nouvelle fois lors de la cérémonie des prix du Trombinoscope en promettant de se venger de ces journalistes en temps voulu), est lui aussi bien heureux de se voir inviter sur tous les plateaux télé.
Doit-on s'étonner de ce choix et de ce comportement ? Pas tant que ça quand on regarde les faits politiques qui ont marqué les membres du jury en 2014. Pour Christophe Barbier (L'Express), c'est la publication du livre "Merci pour ce moment" de Valérie Trierweiler. Pas le FN, pas les municipales ou les européennes, pas le remaniement ministériel, non le torchon de Trierweiler. Dans le même état d'esprit, Arlette Chabot (Europe 1) et Bruno Dive (Sud Ouest) évoquent eux aussi l'irruption de la vie privée et la "peopolisation" de la vie politique. Avec la moitié du jury qui préfèrent les histoires de cul des hommes politiques à l'actu politique, pourquoi s'étonner de les voir plein de lacheté au moment de remettre un prix ?