mardi 27 janvier 2015

Le gouvernement est loin d'avoir perdu sa majorité absolue

Le décompte s’égrainait lentement, petit à petit la majorité absolue du PS s’émiettait. Doucement le PS était en train de perdre sa main mise sur l’Assemblée Nationale. C’est à présent chose faite. Lundi 26 janvier, un député PS des Bouches-du-Rhônes, Jean-Pierre Maggi a quitté le groupe PS pour rejoindre le groupe des radicaux de gauche. Drame au PS ? S’oriente-on vers une mise en défaut du gouvernement socialiste ? Risque-t-on la dissolution ?

Non, bien sur que non. Tout d’abord la majorité gouvernementale n’est pas celle du PS uniquement. Pour les élections de juin 2012, des accords électoraux ont été passés entre le PS, les écologistes et les radicaux. Du coup les rangs de la majorité à l’Assemblée Nationale ne se composent pas uniquement des sièges des députés socialistes mais également de leurs camarades écologistes et radicaux (dont le nouvel arrivé Jean-Pierre Maggi). Depuis juin, de nombreuses lois et votes de confiance sont passés avec le cumul des voix de cette majorité de gauche présidentielle.
De plus, cette majorité est composée des résultantes de ces accords. En juin 2012, les élus de la majorité présidentielle représentaient 331 députés, soit 331 circonscriptions gagnées. Pour plusieurs de ces circonscriptions, c’est le candidat de la majorité présidentielle qui a remporté l’élection, peu importe son étiquette EELV, PS ou PRG… La meilleure preuve est le parachutage de Cécile Duflot à Paris au détriment de la député socialiste sortante Danièle Hoffman-Rispal qui devient sa suppléante. Au début de la législature, Duflot est ministre du gouvernement donc Hoffman-Rispal est député. Cécile Duflot sort de son plein gré du gouvernement et retrouve son siège de député de la majorité présidentielle. C’est donc logiquement que Danièle Hoffman-Rispal perd son poste de député. Par la même occasion le PS perd un siège dans son décompte de la majorité absolue. Pourtant l’Assemblée Nationale compte toujours autant de députés élus sous l’étiquette de majorité présidentielle.

Certes le PS a perdu également des députés dans d’autres conditions. On peut d’ailleurs se féliciter de l’absence d’un Cahuzac sur les bancs de l’Assemblée Nationale ou qu’un Thévenoud ne soit plus compté dans les députés du groupe socialiste. Vouloir faire une politique propre, c’est aussi (et surtout) accepter de devoir se séparer des élus accusés de tricherie.

La politique du PS actuelle est-elle remise en cause avec la fin de la majorité absolue à l’Assemblée Nationale ? Toujours pas. Depuis le début du quinquennat, le gouvernement fait en sorte de travailler avec toutes les composantes de sa majorité. Les radicaux de gauche participent toujours au gouvernement et leurs députés sont toujours dans la majorité gouvernementale. La porte du gouvernement n’est pas fermée aux écologistes et leurs députés ne sont que très sporadiquement contre l’action gouvernementale. On peut toujours se poser la question pour une partie de ces derniers suite au rapprochement de plus en plus flagrant entre Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon, mais ce n’est plus le problème du PS mais d’Europe Ecologie – Les Verts.

Enfin, pour cette histoire de majorité absolue du PS, attendons les élections partielles à venir dans le Doubs. Pierre Moscovici sera-t-il remplacé par un élu socialiste, un élu UMP ou un élu FN ? Quel que soit le résultat, la majorité gouvernementale sera toujours assurée. Cette certitude ne va pas servir à motiver les citoyens à venir voter dimanche, surtout les sympathisants de gauche.

En attendant, les questions de majorité absolue ne se posent pas sauf si les alliés de 2012 retirent définitivement leurs soutiens au gouvernement.

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