Jusqu’à peu, la vision à droite des terroristes était assez
simpliste. Ils ne pouvaient être qu’étrangers, les Français, les vrais, les
bons, sont tous d’honnêtes citoyens qui ne feront jamais rien contre leur pays
ou leurs institutions. Du coup quand la droite, qu’elle soit dite extrême ou
républicaine, proposait des sanctions envers ce type d’individus, elle ne
jurait que par la déchéance de nationalité. Ces gens ne pouvaient pas être Français
puisque trop violent et haineux, supprimons leur nationalité française, ils
auront toujours leur autre passeport, surement celui de l’état de Barbarie.
Sans nationalité française, il sera plus simple de les renvoyer chez eux, en
Barbarie.
Le problème est qu’à force de se planter et de découvrir qu’il
y avait des Français Français, sans double nationalité barbare, leur schéma de
pensée s’est déboussolé. L’UMP, qui n’aime pas rester sans réponse devant l’adversité
(on peut leur reconnaitre ça au moins), a fait preuve d’inventivité pour
lutter, non pas contre le terrorisme, mais contre les terroristes. Dans un
premier temps, qui sont ces terroristes ? Nos services de renseignement,
le ministère de l’Intérieur, tous désignent comme premiers suspects les
personnes s’engageant pour faire le djihad. Je ne remets pas en cause ce
postulat et il est vrai que ceux qui reviendront vivants d’Alep, de Raqqa ou d’autres
lieux syriens ou irakiens auront reçu un sacré entrainement aux maniements des
armes et aux techniques de guerre et de guérilla. Ils auront surement aussi été
bien éduqués selon les préceptes islamistes pour qui le vrai musulman se doit
de se battre contre l’occident. Leur retour en France doit donc être synonyme d’alerte
et de surveillance par les services adéquats. Sauf si on les empêche de rentrer
en France ! Magnifique idée de l’UMP, Valérie Pécresse et Nicolas Sarkozy
en tête, interdire d’entrée sur le territoire des ressortissants Français. Ce n’est
techniquement pas une déchéance de nationalité, la personne garde son passeport
français et peut vivre sans problème comme tout Français autour du monde, sauf
chez lui, en France. Petit problème dans leur plan sans faille, il semblerait
que l’interdiction de territoire à ses propres ressortissants soit mal vue du
côté de la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Ce contretemps ne pose
pas de problème à Valérie Pécresse mais espérons que cela en pose aux autres
députés ou au Conseil Constitutionnel.
La déchéance de nationalité ne s’applique pas aux Français,
l’interdiction du territoire non plus, mais sont-ils au dessus des lois ?
Cette dictature laxiste, socialiste et droit-de-l-hommiste va-t-elle laisser impunément
les terroristes se promener en toute liberté sans être inquiétés ? NON,
parole d’UMP ! Pour cela, ils ont trouvé une nouvelle idée. Celle-ci
semble imbattable, elle a été mise en place en 1944 à la Libération. Si ces
Français doivent rester Français et peuvent vivre en France, alors rendons les
indignes d’être Français ! Pour faire simple, l’indignité nationale a été
mise en place pour punir toute personne ayant collaborée durant la Deuxième
Guerre Mondiale. Toute personne jugée indigne est punie de la peine de
dégradation nationale, c'est-à-dire que cette personne va perdre de nombreux
droits (merci wikipedia) :
- exclusion du droit de vote,
- inéligibilité,
- exclusion des fonctions publiques ou semi-publiques,
- perte du rang dans les forces armées et du droit à porter des décorations,
- exclusion des fonctions de direction dans les entreprises, les banques, la presse et la radio, de toutes fonctions dans des syndicats et organisations professionnelles, des professions juridiques, de l'enseignement, du journalisme, de l'Institut de France,
- interdiction de garder ou porter des armes.
Dans toutes ces sanctions, je pense que la seule qui
pourrait avoir un peu de sens est l’exclusion des fonctions publiques. Pensez-vous
réellement qu’un djihadiste, un ancien djihadiste se dise : « si je
rentre en France, je ne pourrais pas diriger une banque, autant rester à Alep » ?
Pensez-vous qu’un gamin de 16 ans hésitant à partir faire le djihad ou à lutter
contre l’état français va se dire : « si on me prend, je ne
pourrais plus voter ou être élu député. Je vais plutôt retourner à mes études
pour reprendre un grand organisme de presse. » ?
La mesure d’indignité nationale pouvait avoir un sens au
lendemain de la guerre, quand des personnes haut placées ont pu profiter du
système pendant et auraient voulu faire comme si de rien été ensuite. Elle n’aura
servie qu’à soulager des revanchards à une période historique précise et non
comparable à la notre aujourd’hui. Elle n’aura d’ailleurs duré que 7 ans, le temps
de l’apaisement.
Je suis choqué que l’on puisse ressortir cette mesure
aujourd’hui. A part montrer que l’on est sans réponse face aux problèmes
actuels, que notre logique de pensée est bloquée à la moitié du XXème siècle,
je ne vois pas ce que peut apporter une telle proposition. Cette réponse n'apporte rien à part vouloir mettre au ban de la société des personnes uniquement soupçonnées, sans le moindre début de preuve accablante. Que des personnes suspectées d'être dangereuses soient surveillées oui, qu'elles soient automatiquement punies non.
Je suis d’autant
plus choqué que si cette proposition est régulièrement déterrée par les
parlementaires UMP (et soutenu par le FN, comme lors de la séance du 26 novembre 2014),
aujourd’hui elle est reprise par Annick Lepetit, porte-parole du groupe
socialiste à l’Assemblée Nationale, soumise au débat par Manuel Valls, alors qu’heureusement,
François Hollande s’est montré opposé à ce projet. Il ne doit pas y avoir de
loi d’exception, souvenons-nous en.
Je préconise une solution à la fois simple et peu coûteuse : la bavure policière généralisée et, bien entendu, couverte par les autorités de tutelle.
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