jeudi 17 janvier 2013

Au Mali ma liberté

Cela fait 5 jours que l'armée française est en action dans le nord du Mali. Jusqu'à ce mercredi, il s'agissait de la seule force armée étrangère à se battre sur le territoire malien. Si le déclenchement des hostilités par la France a pu sembler être décidé à l'improviste, cela fait de nombreux mois que la situation inquiète la diplomatie française. Petit flashback :

Le 21 mars 2012, un putsch militaire destitue le président malien Amadou Toumani Touré. L'ONU et la Cédéao (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest) condamne ce coup d'état. Pendant que le capitaine de l'armée Amadou Sanogo prend le pouvoir, des touaregs aidés par des groupes islamistes, eux aussi en conflit avec l'état malien, prennent le contrôle de la moitié nord du Mali. L'ONG Human Rights Watch évoque des crimes de guerre perpétrés par les rebelles dans la région.

Le 10 avril, sous la pression de la Cédéao, le capitaine Sanogo cède son pouvoir au président de l'assemblée nationale malienne, Dioncounda Traoré.

En juillet, alors que la situation au Mali s'aggrave, une solution est recherchée sans la France mais avec les voisins africains pour essayer de remettre en ordre le sud du pays après les putschs ratés avant d'envisager une action contre le nord séparatiste. La discussion est prônée et une solution envisagée est la séparation entre le nord et le sud.

En septembre, Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, soutient la demande de résolution du Mali à l'ONU. En revanche, il est opposé à l'envoi de troupes françaises mais milite pour une intervention menée uniquement par les pays d'Afrique de l'Ouest.

En octobre, l'ONU a voté une résolution pour une action militaire au Mali. La ligne française est toujours de ne pas envoyer de troupes au sol mais d'aider les pays africains et surtout le Mali à renforcer le pouvoir démocratique.

Fin novembre, le premier ministre malien Cheick Modibo Diarra est à Paris pour présenter la feuille de route d'un processus pacifique. Il est prévu de mettre en avant les discussions au sein de l'assemblée nationale malienne et d'ouvrir en parallèle des discussions entre les touaregs et les représentants de l'état malien.

Le 17 décembre, Laurent Fabius a fait un point avec le ministre des Affaires étrangères malien. Toujours à l'ordre du jour une solution démocratique avec la constitution d'un nouveau gouvernement, l'ouverture de discussions avec les touaregs indépendantistes et le rappel du besoin d'avoir une armée contrôlée par le pouvoir civil (et non l'inverse).

Le 20 décembre, l'ONU vote une résolution "autorisant pour une période initiale d’un an" le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) "afin de rétablir la souveraineté malienne sur l’ensemble du territoire". Cette résolution demande la mise en place des négociations crédibles avec les séparatistes exceptés les 2 organisations terroristes (AQMI et MUJAO). Suite à cette résolution, le premier ministre malien Diango Cissoko a réalisé une tournée dans les pays d'Afrique de l'ouest afin de mettre en place le plus rapidement possible cette force armée africaine.

Le 10 janvier, alors que les combats s'intensifient dans le centre du Mali et donc élargissent la zone de rébellion jusque là confinée au nord du pays, le président malien appelle solennellement à l'aide la France.

Le 11 janvier, François Hollande s'adresse aux Français pour annoncer que l'armée française avait commencé à agir au Mali.

Depuis, une certaine unanimité s'est faite autour de cette décision à l'exception de quelques irréductibles, principalement à gauche du PS. Si la principale critique est un retour de l'impérialisme français, j'espère que ce résumé des précédents mois a pu montré que nous en sommes loin. Je n'ai pas l'impression que nous entrions dans une phase identique à la celle de la guerre en Afghanistan. Surtout qu'aujourd'hui François Hollande a rappelé que les militaires français n'avaient pas pour mission de rester plus de 4 mois. Si par malheur la mission française n'était pas terminée au bout de ces 4 mois, la suite des opérations sera débattu au parlement français. En attendant, on annonce l'arrivée de 2000 militaires africains d'ici 10 jours ainsi que l'aide des touaregs séparatistes pour combattre les terroristes islamistes.

Je ne crois pas à une guerre contre le terrorisme mais je crois à cette mission militaire ciblée contre des groupes terroristes. Je suis de nature pacifiste mais tant que nous maintiendrons une armée de métier dans notre pays, je préfère qu'elle soit utilisée pour venir en aide aux pays qui en ont besoin et qui le demandent expressément. Pour le moment donc, je soutiens pleinement cette action militaire française.

5 commentaires:

  1. Tu as oublié une date importante : le 6 avril 2012, le MNLA dont certains dénient qu'il soit un mouvement islamiste,a, de concert avec le groupe d'Ensar Dine, proclamé unilatéralement la partition du Nord du Mali qu'ils nomment "Azawad" et y ont instauré la charia.
    "L'Azawad" tel que revendiqué par le MNLA (voir la carte sur la bannière de leur site ) ne correspond à aucune réalité géographique,historique, sociologique ou institutionnelle :
    l'Azaouâd est un erg de dimension très modeste par rapport à l'Adrar Ifhôgas à l'Est de Tombouctou ou à la région El Khnâchîh située entre Araouane et les mines de sel de Taoundenni au nord d'Araouane. C'est aussi un "rituel" saisonnier : "faire" "l'azaouâd", c'est faire la route du sel = 1800km aller retour en méharée, avec la charge des plaques de sel à ramener à Tombouctou.
    La communauté internationale n'a pas reconnu le Nord du Mali comme un nouvel Etat. La population n'a pas non plus reconnu ni les islamistes déclarés ni le MNLA comme leur "gouvernement".
    Les exactions ont commencé immédiatement contre la population. La CPI entend poursuivre les auteurs.

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    1. Merci pour tes précisions.
      Sans évoquer la date précise (que je n'avais pas retrouvé au moment de l'écriture du billet), j'ai rapidement évoqué les touaregs aidés par des groupes islamistes.
      La scission du Nord-Mali n'est pas reconnu mais il est demandé officiellement via les résolutions de l'ONU que des négociations se mettent en place. Rien ne dit qu'un des résultats de ces discussions ne soit pas une indépendance ou une plus grande autonomie.

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  2. Voici un lien qui dit vrai : http://blogs.rue89.com/yeti-voyageur/2013/01/14/noam-chomsky-il-ny-pas-de-guerre-contre-le-terrorisme-229397 : "On ne combat pas le terrorisme avec des armes. On le prive de ce qui le nourrit : la misère, l’injustice, l’arrogance des puissants. On ne gagne pas une guerre contre soi-même ; plus qu’une guerre, un suicide."

    Et si au lieu de se battre, d'appeler à se battre, on arrêtait nos débats islamophobes, on arrêtait le soutien constant à Israël, on retirait les troupes occidentales de tous les coins du monde où elles n'ont pas lieu d'être... est-ce qu'on ne ferait pas déjà un pas pour enrayer le terrorisme?

    Mais non, il semble qu'on préfère mettre d'autres troupes ailleurs, bombarder de l'islamiste-terroriste... comme le dit l'article dont je donne le lien, la mort de Ben Laden a-t-elle éradiqué Al-Qaeda? Et cette intervention, y arrivera-t-elle? Malheureusement, nous connaissons déjà tous la réponse...


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    1. Merci pour ton commentaire et j'invite les lecteurs a lire ton blog, mais en vrai, tu n'as pas lu mon billet ?
      J'ecris expressement que je ne crois pas a une guerre contre le terrorisme, dans les archives tu trouveras un billet sur l'assassinat de Ben Laden, ca faisait un an que la France disait ne pas vouloirintervenir au Mali, on a un president qui a eu le courage de dire stop a notre presence en afghanistan.
      Faaut etre realiste, on avance et dans le bon sens !

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  3. Mais si je lis tes billets mais moi je ne suis pas une fan de Hollande et je persiste à dire que les armes n'ont jusqu'à aujourd'hui jamais résolu ces problèmes et je persiste aussi à dire que c'est étrange que la France (comme d'autres) apporte ce genre de soutien quand il y a des ressources et que les cibles sont musulmanes! :) Je crois que nous ne nous mettrons jamais d'accord frérot sur ce point!

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