mardi 13 mars 2012

Quel avenir pour l'enseignement supérieur et la recherche ?

Pendant que certains à droite ou plus à droite rivalisent de propositions pour retrouver une France forte dans ses propres frontières, d'autres cherchent des solutions pour élever le niveau de cette même France sur son territoire et dans son image à l'étranger. Un des axes est de réfléchir au rôle et surtout au fonctionnement de l'Université, de l'enseignement supérieur dans sa globalité et de la recherche.
Une des réformes majeures du quinquennat finissant aura été la loi LRU (Libertés et Responsabilités des Universités). Si l'accès à l'autonomie des universités françaises ne peut être que profitable, les moyens déployés et le premier bilan sont loin d'être acceptables.
En novembre 2011, 8 universités étaient placées sous tutelle pour être en déficit deux années consécutives. Pour d'autres universités, ce sont des plans d'austérité qui sont annoncés avec, comme pour les pays européens, gel de la masse salariale, diminution du nombre d'heures de cours dispensées, dans le but de satisfaire les exigences gouvernementales. Autonomes mais pas trop… La source du problème est claire, sur les 9 milliards d'euros promis sur 5 ans, seuls 4 milliards ont été distribués par l'état. En 2007, Nicolas Sarkozy promettait que 3% du PIB serait alloué aux dépenses de recherche. En 2010, seul 2,21% l'était…
Le Grand Emprunt devait débloquer 22 milliards d'euros pour l'enseignement supérieur et la recherche, à peine la moitié aura été versée. Dans ce domaine aussi le transfert de responsabilité n'aura pas été accompagné du transfert financier nécessaire, obligatoire et surtout prévu.
Autre résultante de la loi LRU, la création d'une compétition entre les universités françaises avec une partie du financement par appel à projet. Il est demandé aux chercheurs de sortir de leurs labos et de leurs amphis pour se vendre aux mécènes tout en essayant d'érafler l'image de son collègue d'université voisine.
Le blocage de la masse salariale dans les universités poussent aussi les universités à recruter plus de vacataires et autres CDD plutôt que d'ouvrir de véritables postes pérennes.


Autre point noir au tableau, la réussite des étudiants. En 2007 était lancé le Plan pour la Réussite en Licence. 730 millions d'euros sur 5 ans pour que les universités aient les moyens d'accompagner les jeunes étudiants et ainsi diminuer de moitié le taux d'échec en première année et rendre possible l'accession à un diplôme reconnu après 3 ans d'études.
En février 2012, la Cour des Comptes constate que « le supplément de dotation -allouée aux universités- a sans doute permis de consolider les efforts engagés par les universités (…) Mais celles ci n’ont pas assuré un suivi suffisant, la direction générale pour l’enseignement supérieur s’étant montrée trop peu regardante sur son usage ». 
De plus comment réussir dans ses études si les étudiants ont du mal à avoir un niveau de vie décent avec un accès au logement et aux soins ? Le Passeport Logement Etudiant que le gouvernement a essayé de mettre en place en 2011 ne concerne que des aides à l'accès au logement en essayant de résoudre 2 problèmes, la caution solidaire pour les parents ne pouvant se porter caution et un prêt étudiant pour le dépôt de garantie. Mais ce plan oublie la plus grosse difficultés qui est l'offre de logements !  A quoi peut servir une caution solidaire si l'étudiant ne trouve pas de loyers accessibles ?
L'état actuel sur l'accès aux soins chez les étudiants devient alarmant. D'après la LMDE (La Mutuelle Des Etudiants), 19% des étudiants (1 sur 5) n'est pas adhérent à une complémentaire santé pour raison financière. Si en 2008, 59% des étudiants bénéficiaient d'une visite médicale gratuite, seuls 32% ont eu le droit à une visite médicale gratuite durant l'année universitaire 2010-2011 ! 

Face à ce terrible constat, quelles sont les propositions de François Hollande ?

Affectation de 5 000 des 60 000 postes prévus pour l'éducation nationale à un plan de recrutement et de résorption de la précarité, et ces postes devront être affectés prioritairement au premier cycle.

Ouverture de pré-recrutements, en particulier pour ceux qui se destineront aux carrières de l'enseignement à travers les Ecoles supérieures du Professorat et de l'éducation qui seront créés dans le cadre des Universités.

➢ Lancement d'un programme de 40 000 nouveaux logements étudiants sur cinq ans, financés dans le cadre de la politique du logement.

Améliorer le service d’orientation, pour que les jeunes, quelque soit le niveau, puissent être orientés là ou l’économie en a le plus besoin, et là où ces jeunes pourront trouver un emploi.

➢ Création d'un service public de l'orientation, unifié du secondaire jusqu'au supérieur.

➢ La première année universitaire sera revue car c'est à son niveau que se joue la majorité des décrochages universitaires.

➢ Réaffirmer la place de l'unité mixte de recherche comme élément structurant de la recherche universitaire, en rééquilibrant les soutiens de base, les crédits récurrents, et les crédits sur projets.

Retour sur l'évaluation, et donc sur le fonctionnement de l'Agence d'Evaluation de la Recherche et de l'Enseignement supérieur

Valoriser nettement, dans les carrières des enseignants-chercheurs, les tâches et l'implication pédagogiques.

➢ Concertation pour l'extension du chèque santé que certains départements ont déjà mis en place (par exemple la Région Ile de France donne un chèque santé de 100€ aux étudiants boursiers)

➢ Création d'une allocation d'études supérieures et de formation sous condition de ressources, dont la montée en puissance devra conduire, par la remise à plat des aides existantes, à construire un parcours d'autonomie permettant aux étudiants issus de milieux modestes de se consacrer à leurs études dans le cadre d'un contrat de réussite qui les engagera

➢ Sur l'autonomie des universités, le principe de compensation devra être respecté : à transfert de charges, transfert de moyens. Il s'agit de donner les moyens à l'Université autonome d'élaborer sa politique scientifique et sa stratégie par la mise en cohérence des différents partenaires : écoles, organismes de recherche, acteurs socio-économiques, sur la base de contrats d'objectifs et de moyens négociés.

➢ Le doctorat doit rester un diplôme national et unique ; la place des écoles doctorales doit être réaffirmée et confortée ; mais surtout nous devons nous fixer comme objectif que tout doctorant doit avoir une thèse financée avec un contrat de travail, donc une protection sociale, et que cela doit compter pour ses annuités de retraite.

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