mardi 6 mars 2012

Hypothèses de campagne

Indégivrables de Xavier Gorce du 05/02/12
A mon réveil lundi matin, j'ai entendu sur France Culture un fragment d'analyse qui m'a fait cogiter une bonne partie de mon trajet matinal. Une personne exprimait une hypothèse surprenante (surtout au réveil) sur le 21 avril à l'envers. Si depuis plusieurs mois on parle de l'hypothèse d'un 21 avril à l'envers pour représenter un duel PS - FN au second tour de l'élection présidentiel, l'intervenant voyait un 22 avril sans candidat FN présent au premier tour. Si Marine Le Pen n'avait pas ses 500 signatures dans 10 jours, que se passerait-il ?

J'imagine qu'à Gauche, on assisterait à un affaiblissement du vote utile. S'il ne faut plus faire barrage à l'extrême droite pour ne pas reproduire ce cauchemar d'avril 2002, les candidats d'Europe Ecologie - Les Verts et du Front de Gauche verrait sûrement leur score augmenter. Mais nous assisterions probablement au même phénomène à droite. Sans la menace FN, certains électeurs annoncés de Nicolas Sarkozy pourrait très bien se permettre de voter pour un candidat de droite moins clivant, plus nuancé, et donc donner leur voix à François Bayrou.
Nous aurions donc un premier tour sûrement beaucoup plus serré que ne semble l'annoncer les sondages actuellement. Rien n'empêcherait par exemple de voir Bayrou dépasser Sarkozy dans la dernière ligne droite ou Eva Joly rattraper son retard sur Jean-Luc Mélenchon.
 
Que l'on considère ou non qu'il ne serait pas démocratique de ne pas avoir d'extrême-droite au premier tour, les résultats du premier tour aurait en revanche une tout autre valeur. Nous aurions un véritable rapport de force entre partis de gouvernement (je m'excuse auprès des soutiens des 2 partis d'extrême gauche mais je ne les vois pas jouer les troubles fêtes de façon significatives). Les scores ne seraient pas faussés par ce soupçon de vote utile et le président élu pourrait composer un gouvernement sans sous estimer le poids de ses partenaires.

En vérité, je ne crois pas à l'absence de Marine Le Pen dans cette élection présidentielle. En revanche, je crois effectivement que le premier tour n'est pas joué d'avance. La campagne officielle n'est pas encore lancée et tous les candidats n'ont pas la même exposition médiatique (ni dans l'importance des émissions où ils sont invités ou ni dans leur temps de parole). Les médias se concentrent plus actuellement sur les petites phrases vouées à polluer le débat plutôt qu'à la comparaison des programmes. Sur ce point, ils ne sont pas les seuls fautifs puisque certains, comme le président sortant, n'ont toujours pas présenté leur projet en intégralité.
De plus si cette campagne garde le même rythme et le même niveau, je suis prêt à parier sur une baisse de l'UMP au profit du Modem, pour les mêmes raisons que celles exposées dans l'hypothèse de l'absence de Marine Le Pen. Dans ce cas, la progression de Bayrou serait encore plus remarquable et pourrait être la surprise de ce premier tour…

Quelque soit le cas de figure, il reste encore beaucoup d'incertitude et rien n'est encore acquis. Il ne va pas falloir s'endormir sur ses lauriers. Si François Hollande est toujours en tête dans les sondages, s'il est soutenu par de plus en plus de nombre (l'interview d'Emmanuel Todd dans le Nouvel Obs en est un bel exemple), beaucoup de Français sont indécis ou non convaincu par ce qu'ils ont entendu jusqu'à présent. Il reste donc encore 7 semaines pour convaincre les indécis de venir voter et motiver le plus de monde à venir voter pour Hollande dès le 22 avril. Et pour ça, une seule solution, diffuser le projet de François Hollande (accessoirement disponible gratuitement en livre numérique pour les amateurs).

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