La loi avance, mais les mentalités ? |
Denis Baupin est accusé de harcèlement sexuel et d'agression sexuelle par des membres de son parti, des élues écologistes. Cette histoire est ignoble. Presque 5 ans jour pour jour après l'affaire DSK au Sofitel de New York, une nouvelle affaire éclabousse la classe politique française. Une nouvelle fois il semblerait que tout le monde savait mais personne ne parlait.
Le conditionnel est de mise. Ce lundi tout semble concorder contre l'un des anciens élus les plus influents d'Europe Ecologie - Les Verts, mais bien sur il ne faut pas lyncher l'accusé avant de l'avoir jugé. Dans ce genre d'affaire, on a un peu trop l'habitude que la parole des victimes soit dénigrée, diminuée voire non écoutée. Alors bien sur il faut s'en faire l'écho. Il faut s'en offusquer, et tant pis si cela vient d'un militant, camarade de gauche pluriel, dont les propos ont souvent fait sens chez moi. On critique aujourd'hui ses prises de position dans ses combats pour les droits des femmes, contre les violences sexuelles et les violences faites aux femmes. Il sera intéressant, lors d'une audience face à un juge et non face à un journaliste dans un talk show, d'essayer de comprendre jusqu'où il a agit, s'il avait conscience d'avoir franchi plusieurs fois la ligne rouge et sinon quelles ont été ses actes et sa propre ligne rouge. Pour le moment, rappelons qu'à l'heure de l'écriture de ce billet, Denis Baupin ne
s'expliquera pas devant la justice puisqu'aucune plainte n'aurait été
déposée contre lui. Ce silence devant la justice quand on parle à des
médias, c'est aussi un peu dérangeant.
En attendant les éclaircissements sur cette affaire, ces accusations m'interpellent, principalement par le temps que ce silence aura duré. Ce lundi 8 femmes, élues d'EE-LV, ont parlé à Mediapart et à France Inter. Pourtant certains des faits reprochés remontent à plus de 5 ans. Ce silence ne met absolument pas en doute les accusations, mais ne relativise-t-il pas les campagnes qu'essayent de mener ces mêmes élues (et élus) quand ils parlent de violences faites aux femmes, d'agressions sexuelles ou de harcèlement sexuel ? Comment demander aux femmes mariées de venir porter plainte contre leur mari, comment demander aux plus jeunes de dénoncer les agissements d'un de leur proche (famille ou ami), comment demander aux employés de dénoncer le harcèlement sexuel quand on n'arrive pas à parler soi-même ?
Ce silence assourdissant des victimes, mais aussi de tous ceux qui aujourd'hui disent savoir, ou avoir eu des échos montre la gravité du harcèlement sexuel ou de l'agression sexuel. Les femmes qui parlent aujourd'hui ont du attendre que Denis Baupin ne soit plus membre d'Europe Ecologie - Les Verts, c'est-à-dire qu'il ne soit plus un de leurs responsables. Les autres, hommes et femmes, qui corroborent les propos m'ont fait penser au départ à l'église catholique qui protège ses prêtres pédophiles. Sauf que dans l'affaire qui nous intéresse aujourd'hui, ce sont les petits qui protègent leur chef et non l'inverse. C'est ce silence qui fait penser que le puissant est toujours plus puissant. Que quoi qu'il fasse, rien ne pourra le toucher.
Le gouvernement, son ministère du droits des femmes (qu'il soit ministère à part entière ou ministère mélangé à la famille), les propositions de loi des députés pourront inciter comme ils peuvent à la liberté de parole et à la protection des victimes, cette affaire rappelle tristement que lorsqu'on est victime, ce n'est pas si simple que cela. Pour rappel, voici ce que l'on peut lire sur le site consacré aux violences faites aux femmes mis en ligne par le gouvernement :
Le harcèlement sexuel est une violence fondée sur des rapports de domination et d’intimidation qui peut se produire sur le lieu de travail mais aussi dans d’autres milieux (associatif, sportif, universitaire, dans le cadre de démarches pour louer un appartement, etc.).- Une personne vous impose à plusieurs reprises des propos sexistes et/ou obscènes.
- Vous êtes importunée quotidiennement par un collègue de travail qui adresse des messages à connotation sexuelle et ce malgré votre demande de cesser.
- Votre propriétaire de logement exige de vous une relation sexuelle en échange de la signature d’un contrat de bail. - Votre enseignant vous menace de ne pas valider votre formation si vous refusez une relation sexuelle.
Ces actes et ces attitudes sont INTERDITS ET PUNIS par la loi.
Par ces comportements et/ou ces paroles, l’auteur veut prendre le pouvoir et vous dominer. Les conséquences pour vous sont nombreuses et durables : insomnies, dépression, tentatives de suicide, angoisse, perte de confiance…Vous êtes peut-être victime de harcèlement sexuel ou d’une autre violence sexuelle .
Que les faits soient anciens ou récents, IL FAUT EN PARLER à une personne en qui vous avez confiance, à un médecin, une assistante sociale ou adressez-vous à une association spécialisée dans la lutte contre les violences faites aux femmes qui vous accompagnera. Contactez le 3919 qui vous apportera écoute et conseil.
SIGNALEZ ces faits à la police et à la gendarmerie. Vous ferez l’objet d’une attention particulière de la part des services de police ou des unités de gendarmerie qui ont mis en place des dispositifs d’accueil et d’aide aux victimes : intervenantes sociales, psychologues…
En cas d’urgence, appelez le 17 ou le 112.
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