Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle Anthonioz vont entrer au Panthéon, accompagnées par deux autres résistants Pierre Brossolette et Jean Zay. L'entrée de ces deux femmes est un symbole fort qui dépasse le simple fait que leur arrivée va doubler le nombre de femmes au Panthéon. Leur entrée est synonyme d'une grande avancée dans la vision de l'Histoire et du déroulement de la seconde guerre mondiale car leur entrée marque la reconnaissance du rôle des femmes dans la résistance.
Dans la représentation populaire, la résistance est une histoire d'hommes. Dans les livres, dans les films grand public, dans l'esprit collectif, les résistants sont des hommes qui se sont battus contre la barbarie nazi. On connait Jacques Bonsergent, auteur d'un des premiers actes de résistance à Paris, Guy Moquet, Jean Moulin. Le spectacle "Ami, entends-tu ?", qui a mis en scène cette année un groupe de jeunes hommes entrant en résistance dès la capitulation française, a agrémenté le déroulé par des lectures de lettres de résistants : 15 lettres de résistants, aucune de résistante. De la même façon, dans la représentation populaire, les camps de concentration sont peuplés d'hommes, jamais ou presque on ne représente les femmes dans le système concentrationnaire nazi.
Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle Anthonioz sont là pour rappeler que les femmes aussi ont joué un rôle non négligeable dans cette période. Dans un livre de souvenirs et surtout de dialogues, les deux femmes, qui se sont connues lors de leur internement à Ravensbrück, rappellent qu'en 1940, Germaine Tillion a participé à la création du réseau du musée de l'homme car la majorité des hommes étaient encore mobilisés. Tout au long de leurs souvenirs, les deux femmes se rappellent leurs actes de résistance, leur vie dans le camp de Ravensbrück jusqu'à leur libération. Germaine Tillion rappelle aussi son combat pour empêcher tout révisionnisme, volontaire ou non. Elle rappelle ainsi que dans les années 80, elle a du expliquer à des très sérieux historiens que les chambres à gaz n'étaient pas uniquement réservées aux Juifs mais visaient aussi les autres détenus dont les femmes détenues pour raison politique.
Après les célébrations des 70 ans du débarquement l'an dernier, après les célébrations des 70 ans de la libération du camp d'Auschwitz, cette panthéonisation célèbre la résistance et les résistantes. Ce mercredi, c'est la mémoire des 959 femmes du convoi des 27 000 (dont Geneviève de Gaulle Anthonioz), c'est aussi la mémoire de toutes les résistantes, qu'elles soient toujours avec nous physiquement (comme Anise Postel-Vinay, amie des deux panthéonisées) ou par la pensée (comme Gisèle Guillemot, elle aussi passée par Ravensbrück à la même époque).
Gloire à elles.
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